Résumés
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Parade Sauvage
2015, n° 26. Revue d’études rimbaldiennes - Pages : 245 à 249
- Revue : Parade sauvage
Article de revue : Précédent 19/19
Résumés
Alain Vaillant, « Rimbaud, poète-pitre »
Cette étude du « Cœur du pitre » propose d’y voir bien davantage qu’une blague scato-onano-poétique, bien plus qu’une parodie obscène envoyée à Izambard accompagnée du caveat « Ne vous fâchez pas ». Nous tentons plutôt de prendre très au sérieux l’hypothèse selon laquelle une poétique cohérente de révolte chez Rimbaud – pratique qui passe par une pratique polyphonique de parasitisme textuel – se donne à lire dans ce texte.
This article proposes a study of Rimbaud’s “Le cœur du pitre”–a text long considered as little more than a sort of provocatively scatological joke, an obscene parody in ‘poor taste’ that Rimbaud sends to Georges Izambard with the warning: “Ne vous fâchez pas”. Vaillant examines and catalogues Rimbaud’s poetics of revolt in both political (e.g., the poet’s relation to the Commune) and esthetic terms (cf., the poeisis of corporeal dejection/abjection in the “Cœur du pitre”), ultimately suggesting that the polyphonic and creative negativity involved in parody is a key element in a coherent artistic project for Rimbaud.
Michel Masson, « “Le cœur supplicié” : “ça ne veut pas rien dire” »
Cette étude propose une interprétation nouvelle du poème de Rimbaud intitulé « Le cœur supplicié ». Elle est présentée sous forme d’un commentaire linéaire classique, strophe par strophe et mot à mot et vise à n’envisager que le texte lui-même avec, comme ligne directrice, pour l’interprétation de chaque mot ou de chaque tournure, la recommandation de Rimbaud lui-même : « Ça ne veut pas rien dire ». Il en ressort que ce poème constitue une œuvre majeure, bien plus profonde, bien plus émouvante mais aussi bien plus drôle qu’on a pu le penser.
This study proposes a new reading of Rimbaud’s “Le cœur supplicié”. Taking Rimbaud at his word when he writes that the poem “doesn’t mean nothing”, the author offers a careful, line-by-line commentary of the poem, ultimately claiming that it not
only consitutes one of Rimbaud’s more moving and profound major works, but that it is also much more humourous than previously understood.
Lionel Cuillé, « L’enfant et la toupie. Esthétique de la giration »
L’étude des mouvements giratoires met en évidence dans l’œuvre d’Arthur Rimbaud un archétype dont l’anthropologie identifie les sources chez Virgile et les rituels Bambaras. Omniprésente, la giration rimbaldienne convoque cet archétype dont les Derviches Mevlevis sont l’une des fascinantes incarnations au milieu du xixe siècle, afin de penser les liens rêvés entre l’Orient et l’Occident. Et d’articuler les deux constantes de la condition humaine, l’harmonie et le chaos, sans jamais y parvenir.
The study of gyratory and vertiginous movement in Rimbaud’s work suggests the presence of a cultural and epistemic archetype the source of which cultural anthropology traces back to the work of Virgil and certain Bambaras rituals. In the guise of Mevlevis Dervishes, a poetics of gyration is legible in Rimbaud’s work that allows us to perceive links between the West and the Orient, and to detect a poetic vision in which two symbolic and historical constants of the human condition (i.e., harmony and chaos) are articulated without ever being reconciled.
Bridget Behrmann, « “Le temps d’un langage universel”. Rimbaud et la poétique télégraphique »
Cet article propose une lecture télégraphique du « Bateau ivre » et « Fêtes de la faim ». L’image frappante du poète devenu lui-même télégraphique, dans « Ce qu’on dit au Poète à propos de fleurs », suggère l’intérêt que cette figure aura chez Rimbaud. En l’inscrivant d’abord dans une filiation romantique, l’article considère la notion d’universalité dans le cadre de la problématique télégraphique rimbaldienne, qui relie un langage universel, un imaginaire géographique, et une expérimentation rythmique.
The following article offers a telegraphic reading of Rimbaud’s “Ce qu’on dit au poète à propos de fleurs”, “Le Bateau ivre” and “Fêtes de la faim”. We consider the question of (linguistic) universality first from the point of view of a romantic legacy in French letters in order to better position it within the technologico-semiotic frame of a distinctly rimbaldian telegraphic language–one that explores the poetic and epistemic intersections of language, the geographic imaginary of the 19th-century, and rhythmic experimentation.
Alain Chevrier, « Le “Paris” zutique de Rimbaud est-il la parodie d’un poème de Valade ? »
L’hypothèse selon laquelle le poème de Rimbaud « Paris » pourrait être un pastiche d’un poème de Léon Valade, « Réclames gratuites », est soulevée. Si ce poème est paru ultérieurement dans La Renaissance littéraire et artistique (1872), il aurait pu avoir été écrit et communiqué à la même époque par son auteur aux zutistes. Un commentaire en est donné, et les similitudes thématiques et formelles entre les deux sont relevées. La signification satirique des vers de Rimbaud s’en trouve renforcée.
This article explores the hypothesis that Rimbaud’s “Paris” is intertextually legible as a pastiche of Léon Valade’s “Réclames gratuities”. Though Valade’s poem is first published (in 1872) after Rimbaud’s contributions to the Album zutique, our reading focuses on thematic and formal similarities between the two texts and ultimately argues that the satirical dimension of Rimbaud’s “Paris” is perhaps more coherent than previously suspected.
Neal Allar, « Rimbaud à la lumière de Glissant »
Cet article propose une lecture des Illuminations du point de vue de l’écrivain martiniquais Édouard Glissant. Ce dernier, qui écrit contre les inégalités persistantes au moment « postcolonial », s’inspire de Rimbaud pour sa révolte contre les formes poético-politiques dominantes, développant plutôt une poétique qui résiste à la rationalité occidentale. Pour Glissant, c’est « l’opacité » et « l’errance » de l’œuvre rimbaldienne qui présagent la « décolonisation » de la poésie francophone.
This article proposes a reading of Illuminations by positioning Rimbaud’s prose poems in relation with the poetic œuvre of Edouard Glissant–the Martiniquais poet who took Rimbaud as an inspiration for conjoining poetic and political revolt against occidentocentric forms and frames of domination in the era of postcolonialism. For Glissant, the semiotic and hermeneutic “opacity” and “errance” of Rimbaud’s corpus prefigures nothing less than the decolonialisation of francophone poetry.
Frédéric Thomas, « “Quelle mémoire aurons-nous des révoltes ?” Rimbaud au miroir des Révoltes logiques (1975-1981) »
À l’hiver 1975, naît, autour de Jacques Rancière, une revue au titre rimbaldien : Les Révoltes logiques. Ses treize numéros cherchent à s’opposer à
l’essoufflement du gauchisme, à partir de l’éclatement des formes de la révolte, dont la trace est repérée dans « Démocratie » de Rimbaud, à l’origine du titre. Les inflexions dans la lecture renouvelée du poème doivent aussi se lire au miroir du parcours d’une revue de l’entre-deux-mai, de l’évolution théorique de Rancière et des enjeux de mémoire.
In the winter of 1975, Jacques Rancière helps co-found a journal with a distinctly rimbaldian title: Les Révoltes logiques. The thirteen issues of this journal sought in various ways to reinvigorate the left by exploring both the loss of viable forms of revolt and the various forms of possible micro-revolts which are contained in trace form in Rimbaud’s prose poem “Démocratie”. This article proposes a re-reading of Rimbaud’s poem in the light of the fate, logic, and evolution of both Les Révoltes logiques and Rancière’s larger critical corpus.
Jean-Baptiste Fanouillère, « De “Ville” à Liberté grande. Présences de Rimbaud chez Julien Gracq »
Cette étude propose d’envisager l’influence d’Arthur Rimbaud sur l’œuvre de Julien Gracq, en examinant notamment le prologue du recueil de poésie Liberté grande. L’exergue rimbaldien témoigne en effet d’un véritable phénomène de réappropriation de l’œuvre du « conducteur intermittent de la foudre », trop souvent occulté par l’étiquette surréaliste habituellement apposée à Julien Gracq.
This article proposes to study Rimbaud’s influence on the poetic corpus of Julien Gracq, with particularly sustained attention to the prologue of Liberté grande. Read in the right light, Gracq’s work operates a veritable reappropriation of Rimbaud’s œuvre, one which is frequently passed over by the attention by critics more attentive to Gracq’s intertextual and historical relations to surrealism.
Adrien Cavallaro, « Les hauteurs d’“Angoisse” »
Cette étude d’« Angoisse » entend discuter, autant qu’une des lignes de force de l’interprétation importante qu’Albert Henry, en son temps, a donnée du poème, un réflexe critique de traduction et de transposition conceptuelle du sens des Illuminations. Plutôt que d’en définir le thème, elle s’attache ainsi à cerner de près la diffusion d’une atmosphère affective dans chaque alinéa, nourrie par les différences de hauteurs – au sens spatial et musical – qui les séparent.
The following exegesis of “Angoisse” discusses both the early reception of the text, focusing on the two-fold spatial and musical polysemia of the term hauteurs (heights), as well as problems in translating and/or conceptually transposing the word “Illumination”. Rather than a thematic account of these problems, we trace the emergence of a textuality of affect maintaining an irresolvable tension between time and space, melos and logos running through Rimbaud’s poem.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-05793-2
- EAN : 9782406057932
- ISSN : 2262-2268
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05793-2.p.0245
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 21/04/2016
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français