Résumés
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Noé, un livre monstre, la modernité même
2018 – 3 - Pages : 245 à 247
- Revue : La Revue des lettres modernes
- Série : Jean Giono, n° 10
Article de revue : Précédent 14/14
Résumés/Abstracts
Michel Gramain, « Noé. Réception de l’œuvre »
La réception de Noé, à publication, présente deux caractéristiques. D’une part, l’opprobre qui a été injustement jeté sur l’auteur à la Libération peine à s’estomper. D’autre part, cette chronique (ou ce pseudo-essai) ne correspond pas à l’horizon d’attente des lecteurs de l’époque, fussent-ils experts. Un tour d’horizon des critiques parues dans la presse d’alors, journaux et revues, montre que l’intérêt pour la dimension narrative l’emporte sur l’analyse des véritables enjeux de l’ouvrage.
The reception of Noé at its publication was twofold. On the one hand, the unjust condemnation of the author after the Liberation of France had hardly diminished. On the other, this chronicle (or this pseudo-essay) did not chime with readers’ expectations at the time, even the experts. A review of the critiques that appeared in the contemporary press, both newspapers and reviews, shows how interest in the narrative dimension outweighed analysis of the real implications of the work.
Joëlle Gardes Tamine, « Noé ou à chacun sa réalité »
Qu’est-ce qui relève dans Noé de la réalité et de l’invention ? Jean Giono affirme que « le monde inventé » se superpose au « monde réel » et que ce qui est vrai est ce qui est imaginé. Le romancier est donc celui qui, avec sincérité, sait mentir. Les travaux d’Étienne Souriau permettent d’inscrire la création de Giono dans la réalité, celle-ci acceptant « différents modes d’existence ». Giono distinguait ainsi les champs de blé du paysan, du peintre, du promeneur, de l’économiste : à chacun sa réalité.
What parts of Noé are reality and what parts invention ? Jean Giono asserts that “the invented world” is superposed on the “real world” and that what is true is what is imagined. The novelist is therefore someone who knows how to lie sincerely. The work of Étienne Souriau allows us to insert Giono’s creation into reality, a reality 246that accepts “different modes of existence.” Giono distinguished between the wheat field of the farmer, the painter, the walker, and the economist : to each his or her reality.
Alain Romestaing, « L’exotisme du vivant dans la ville gionienne. Essai d’approche écopoétique de Noé »
Dans Noé, par exception, la ville, Marseille, trouve grâce aux yeux du contempteur de l’existence absurde des citadins qu’est Jean Giono. Même elle devient le lieu du surgissement d’une nature et d’une vie florissantes, jusqu’à recéler le locus amoenus de la pastorale. On montre que Noé résonne étrangement avec l’un des premiers textes écocritiques, The Machine in the Garden de Léo Marx. Néanmoins, Giono tord les perspectives pour faire de son éden urbain un chef-d’œuvre d’artifice et d’imagination.
In Noé, the city of Marseille finds exceptional favor with Jean Giono, normally a disdainful observer of the absurd existence of city-dwellers. It even becomes the scene of a flourishing surge of nature and life, containing even the locus amoenus of the pastoral. Noé can be shown to echo in odd ways with one of the first texts of ecocriticism, The Machine in the Garden by Leo Marx. Nevertheless, Giono twists the perspectives to turn his urban Eden into a masterpiece of artifice and imagination.
Jean-Paul Pilorget, « Noé ou les réécritures de Jean Giono. L’intertexte dans tous ses états »
Dans Noé, Jean Giono se met en scène dans l’espace de la fiction. Il y embarque aussi toute une cargaison d’intertextes pris à la littérature universelle. Ces multiples références ou allusions, intégrées, allègrement subverties, démesurent les espaces imaginaires qu’il échafaude et abandonne à mesure, comme engloutis par un déluge. L’entrecroisement vertigineux de ces intertextes permet enfin de tendre des passerelles sur le vide de la page blanche pour exprimer toute la richesse de son imaginaire.
In Noé, Jean Giono portrays himself in fictional space. He also brings with him a full cargo of intertexts taken from universal literature. These multiple references or allusions, integrated and quickly subverted, exceed the imaginary spaces he builds and abandons along the way, as if swallowed by a flood. The vertiginous interweaving of these intertexts allows links to form over the void of the white page and express the wealth of his imagination.
247Laurent Fourcaut, « Noé, arche diluvienne »
Noé : la solution après que l’Histoire a fermé le réel au désir de noces avec le Monde-Mère. Le livre est l’« arche » où goûter sans mourir au vertige de la perte – donc indirecte –, dotée à cette fin des attributs du vrai monde : labyrinthique, ouverte, diluvienne. L’écrivain est un « avare » par refus de la « pure perte » et mépris pour les leurres que la société offre au désir. Mais le seul vertige n’est-il pas celui de la page blanche, seul réel sur quoi donnerait donc l’arche-porche du livre ?
Noé: the solution after History shut off reality from the desire of marrying the World-Mother. The book is the “ark” where this vertiginous loss can be savored without dying—thus indirectly—and which is therefore given the attributes of the real world : labyrinthine, open, and diluvial. The writer is a “miser” by refusing “pure loss” and out of disdain for the lures that society proffers to desire. Yet isn’t the only vertigo found in the blank page, the only reality onto which the ark-porch of the book opens ?
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06813-6
- EAN : 9782406068136
- ISSN : 0035-2136
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06813-6.p.0245
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 26/04/2018
- Périodicité : Mensuelle
- Langue : Français