La mythologie classique fit l'objet, aux XVe et XVIe siècles, deux types de métamorphoses. Dans les traductions moralisée d'Ovide ou d'Apulée, comme dans le mythographies des années 1550-1600, s'instaure un mode de lecture et de réécriture qui tend surtout à retrouver dans la fabula les origines d'un pensée philosophique, éthique et scientifique. Les auteurs de ces ouvrages veulent détourner le lecteur du plaisir associé aux mythes; ils dénoncent leurs ornements trompeurs et séduisants en s'appuyant sur une démarche moralisatrice et rationaliste. Chez d'autres écrivains en revanche, lire et réécrire la fabula ne revient pas seulement à lever le voile de l'énigme, mais aussi à découvrir un rhétorique de la métamorphose qu'il s'agira de réactiver afin de produire de «nouveaux» textes: livres d'emblèmes, œuvres comme la Concorde des deux Langages ou les Illustrations de Gaule et Singularitez de Troye de Jean Lemaire de Belges. En examinant les techniques et les procédés rhétoriques associés à ces deux formes de réécriture, la présente étude s'attache à montrer comment la pensée renaissante telle qu'elle se définit dans un corpus qui va du Traité de science poétique de Jéhan Thénaud au Recuéil Stéganographique de Béroalde de Verville, relève d'une constante oscillation entre le savoir et la delectatio, entre l'herméneutique et l'imagination poétique.
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