Chronologie de Lamartine
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Méditations
- Pages : XCVII à CVIII
- Réimpression de l’édition de : 1980
- Collection : Classiques Jaunes, n° 520
- Série : Littératures francophones
XCVII
CHRONOLOGIE DE LAMARTINE
1550. — Un Benoît Alamartine (ce nom patronymique subsista jusqu'aux environs de 1680) est cordonnier à Cluny. 1651. — Un de ses petits-fils, Estienne, juge-mage et capitaine de l'abbaye de Cluny, achète une charge de secrétaire du roi, qui lui assure la noblesse ainsi qu'à sa descendance. Son fils cadet, Jean-Baptiste est le premier à se faire appeler de Lamartine (ou de La Martine) : conseiller au bailliage de Mâcon, il reçoit en dot de sa femme le domaine de Monceau. 1705. — Jean-Baptiste de Lamartine fait construire la maison de Milly, bénite par le curé de la paroisse, le 15 juillet, à six heures du soir. XVIIF siècle. — Le petit-fils de Jean-Baptiste, Louis- François, né en 1711, sert dans l'armée royale et trans- forme en noblesse d'épée la noblesse de robe dont il a hérité. Par son riche mariage en 1749 avec la fille d'un conseiller au Parlement de Besançon, il devient proprié- taire d'immenses domaines dans le Jura (dont celui de Pratz); il embellit Monceau et acquiert, près de Dijon, le château de Montculot, à Urcy; c'est un grand seigneur, qui rime agréablement. Il a trois fils : l'aîné François- Louis, célibataire, reste dans la famille craint et respecté (c'est « l'oncle terrible »); Jean-Baptiste, son cadet, entre dans les ordres sans vocation; au troisième, Pierre, chevalier de Pratz, né le 21 septembre 1751, est confié l'avenir de la race.
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1790. — Le 7 janvier, Pierre de Lamartine épouse Alix des Roys. Elle appartient à une famille de robe, vivant au Puy dès le xvi® siècle et installée plus tard à Lyon. Son père, Jean-Louis des Roys, est intendant des domaines de la maison d'Orléans : née en 1766, elle connaît au chapitre noble de Saint-Martin-de-Salles en Beaujolais, où elle est élevée, la sœur de son futur mari, ce qui amène sa rencontre avec celui-ci. 1790-1802. — De cette union heureuse, bien que troublée par la Révolution et gênée par la médiocrité de ses res- sources, sept enfants vont naître : Alphonse-Marie- Louis (Mâcon, 18, rue des Ursulines, 21 octobre 1790), — Cécile (1793-1862), — Eugénie (1796-1873), — Clémen- tine (1797-1798), — Césarine (1799-1824), — Suzanne (1800-1824), — Sophie (1802-1863). 1797. — Mort de Louis-François de Lamartine : l'aîné reçoit Monceau et l'hôtel de Mâcon; l'abbé de Lamartine recueille Montculot et la maison natale du futur poète; le chevalier de Pratz, malgré ses charges de famille, mais en tant que benjamin, hérite seulement de Milly et de ses vignes où il vient s'installer à l'automne avec les siens. Le petit Alphonse y mène une vie « paysannesque », recevant sa première éducation de sa mère, aimante et pieuse, puis suivant les leçons de l'abbé Dumont, curé du village voisin de Bussières, un prêtre dont la destinée, traversée par les orages révolutionnaires, sera par la suite la source principale de Jocelyn. 1801. — Alphonse entre comme pensionnaire à l'Institu- tion Puppier, de Lyon, le 2 mars. 1802. — S'ennuyant fort, il fait une fugue le 9 décembre pour rentrer à Milly; ramené par les gendarmes, il achève l'année scolaire. 1803-1808. — Afin qu'il poursuive sérieusement ses études, Alphonse est placé par ses parents au collège de Belley, tenu par les Pères de la Foi (ex-Jésuites); entré le 27 oc- tobre 1803, il en partira définitivement en janvier 1808, après avoir suivi d'une manière fort honorable les classes
105CHRONOLOGIE DE LAMARTINE xcix de troisième, seconde, rhétorique et philosophie. A Belley, où il compose ses premiers vers, il se lie d'amitié avec Prosper Guichard de Bienassis, Louis de Vignet et Aymon de Virieu. A la fin de 1808, il découvre l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau et des principaux auteurs du xviii® siècle. 1808-1811. — Revenu en Bourgogne, Alphonse mène une vie désœuvrée, lit beaucoup, versifie dans les lettres qu'il adresse à ses amis, joue et danse. Il fait deux séjours assez dissipés à Lyon, où il prétend étudier le Droit (janvier-mars 1809 et janvier-mai 1810); il est reçu membre de l'académie de Mâcon (mars 1811). Entre temps, il a eu une idylle avec la jeune fille qu'il nomme Lucy dans ses Confidences (fin 1809) et il songe très sérieu- sement à se marier avec Henriette Pommier, une petite bourgeoise mâconnaise rencontrée dans un bal de salon. 1811-1812. — Pour le détourner de projets matrimoniaux qui leur déplaisent, ses parents décident de le faire voyager. Ayant quitté Mâcon (juillet 1811) en compagnie de ses cousins Haste, Alphonse gagne l'Italie du Nord, s'arrête à Livourne, puis à Rome et enfin à Naples : il réside dans cette ville du 30 novembre jusqu'au 6 ou 7 avril suivant; au début de janvier, il rencontre Antonia laco- mino, dont il fera l'héroïne de Gra^iella\ vers la fin du même mois, il est rejoint par Aymon de Virieu. Retour en Bourgogne au commencement de mai 1812. 1812-1813. — Pour échapper à la conscription, Lamartine se fait élire maire de Milly. D'une liaison avec Nina de Pierreclau, il a un fils, Léon, né le i mars 1813. Il pro- jette d'écrire une épopée, Clavis, et compose la première version de Saûl, tragédie biblique. Séjour à Paris, (avril- septembre 1813). 1814. — Monarchiste comme tous les siens, Lamartine accueille favorablement la chute de Napoléon. Incorporé aux Gardes du Corps de Louis XVIII (15 juillet), il est envoyé en garnison à Beauvais, revient prendre du ser- vice aux Tuileries (septembre), puis demande un congé et rentre à Milly (novembre).
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1815. — Durant les Cent-Jours, il traverse le Jura et s'exile en Suisse, puis en Savoie (séjour à Nernier en juin-juillet et idylle avec la batelière Geneviève Favre). Il passe par Chambéry (visite à Vignet et à la famille de Maistre). — Reprise de service aux Gardes du Corps (i®^ août) : il démissionne de l'armée (novembre). Sans situation, il songe à grouper et à publier les nombreuses « élégies » qu'il a composées jusqu'alors. 1816. — Année capitale : malade et désoccupé, Alphonse vient faire une cure à Aix-les-Bains (5-26 octobre); il y rencontre Julie Charles, qui devient sa maîtresse et restera son amie : cette aventure passionnée sera romancée dans Raphaël. 1817. — Du début de janvier à celui de mai, séjour à Paris; visites presque quotidiennes à Mme Charles, nouvelles amitiés (M. de Bonald, Mounier, etc.), désir d'entrer dans la diplomatie, séparation qui doit être définitive le 6 mai. — Julie, épuisée par la maladie, ne peut venir au rende2-vous qu'ils se sont fixé en Savoie : nouveau séjour d'Alphonse à Aix (août-septembre et composition du Lac). — Mme Charles meurt le 18 décembre et Lamartine en apprend la nouvelle avec désespoir le jour de Noël. 1818-1820. — Années de travail et d'incertitude : en octo- bre 1817, Talma refuse de jouer Saul. Alphonse songe à se marier avec Miss Marianne-Elisa Birch, une Anglaise rencontrée en Savoie; mais des raisons d'intérêts et de religions font traîner ce projet; de février à juin, Lamar- tine a d'ailleurs une liaison très sensuelle avec Léna de Larche, « la princesse italienne », mais fréquente aussi la société aristocratique et bien pensante du duc de Rohan, où les futures Méditations commencent d'être célèbres avant d'être publiées. 1820. — Année de la gloire et du bonheur : au début de mars, Lamartine a la certitude qu'il va être nommé secrétaire d'ambassade à Naples; quelques jours plus tard paraît la première édition (anonyme) des Médita-
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tions poétiques, rapidement suivie de plusieurs autres; il épouse enfin Miss Birch, le 6 juin à Chambéry (rite catholique) et le 8 à Genève (rite protestant). — Instal- lation à Naples (juillet) et vacances à l'île d'Ischia (sep- tembre-octobre). 1821. — Sur sa demande de congé illimité, Lamartine quitte Naples (20 janvier) et conçoit dans une sorte d'illumination un vaste poème épique et cyclique. Les luisions. — Le 15 février lui naît à Rome un fils, Alphonse, qui vivra peu. — Retour en France, via Florence, Turin, Aix-les-Bains (mai-octobre). 1822. — Naissance à Mâcon, le 14 mai, de Julia de Lamar- tine. — Premier voyage en Angleterre (juillet-octobre) avec séjours à Richmond et à Londres. — Mort à Paris du petit Alphonse (fin d'octobre). — Neuvième édition des Méditations (28 décembre). 1823. — En mai, Lamartine s'installe au château de Saint- Point, acquis en 1801 par son père et qui lui reviendra à la mort de celui-ci. — Publication de La Mort de Socrate (20 septembre), puis des Nouvelles Méditations Poétiques (27 septembre) : ces œuvres n'obtiennent qu'un succès médiocre. 1824. — Année douloureuse : morts de Césarine de Lamartine (février), mariée à Xavier de Vignet, le frère de Louis, et de Suzanne de Lamartine (août), épouse de M. de Montherot. — Échec du poète dans sa canditadure à l'Académie française (4 décembre). 1825. — Lamartine est fait chevalier de la Légion d'Hon- neur, en même temps que Victor Hugo, au moment même où il fait paraître le Dernier Chant du Pèlerinage d'Harold (10 mai). Il publie aussitôt après, à l'occasion de l'intro- nisation de Charles X, Le Chant du Sacre ou la Veillée des Armes (28 mai), tiré à 20 000 exemplaires. — Nommé secrétaire de légation à Florence (3 juillet), il arrive en Toscane le 2 octobre. 1826-1828. — C'est le sommet de la carrière diplomatique de Lamartine et un des moments les plus heureux de sa
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vie : il compose en Italie des Psaumes, qui deviendront les Harmonies. Après un congé en France (mai-juillet 1826), il est nommé chargé d'affaires (15 octobre) et, en l'absence du ministre son chef, il gère pratiquement la légation de France jusqu'à ce qu'il obtienne un congé de disponibilité (août 1828). 1829. — En juin, séjour à Paris et rencontre avec Chateau- briand, Victor Hugo, Sainte-Beuve. Élu à l'Académie (5 novembre), il éprouve le second de ses plus grands deuils à la mort tragique de sa mère, ébouillantée dans un bain à Mâcon (16 novembre). 1830-1831. — Reçu à l'Académie par le savant Cuvier (i®^ avril 1830), il publie les Harmonies Poétiques et Reli- gieuses (15 juin); mais, à la suite de la Révolution de Juillet, il donne sa démission de diplomate avec l'inten- tion de se lancer dans la politique active. Son premier acte « engagé » est la publication de l'ode Contre la peine de mort (15 décembre). — Après un second voyage en Angleterre, où il espère recueillir l'héritage de sa belle- mère, récemment décédée (juin 1831), il essuie un triple échec aux élections législatives à Bergues, Toulon .et Mâcon (6 juillet). Il écrit alors diverses pièces de carac- tère politique : Réponse à Némésis (juillet). Politique rationnelle (octobre). Ode sur les Révolutions (décembre). 1832-1833. — En proie à l'anxiété religieuse et attiré par le mirage de l'Orient, Lamartine, avec sa femme et sa fille, s'embarque à Marseille sur le brick Alceste (10 juillet 1832), est déçu par la Grèce et arrive à Beyrouth (6 sep- tembre), se rend à Jérusalem et visite le Saint-Sépulcre (20 octobre). Mais la mort de sa petite Julia (7 décembre) l'épouvante et porte un coup mortel à sa foi. Au début de 1833, il visite encore Balbek et Damas, puis revient par Constantinople (7 juin), traverse la Bulgarie (où son souvenir est resté vivace), la Serbie, Vienne, Salzbourg, Munich, Stuttgart. Il est à Mâcon le 18 octobre. — Élu député de Bergues (Nord) grâce à l'appui de son beau- frère, M. de Coppens, mari d'Eugénie de Lamartine
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(7 janvier), il prend séance à la Chambre le 23 décembre 1833. Pendant quinze années, sa carrière politique passera à ses yeux avant ses activités d'écrivain. 1834. — Lamartine est élu au conseil général de Saône- et-Loire (qu'il présidera à partir de 1836). — Dans la Revue des Deux Mondes (15 mars), il publie son article Des Destinées de la Poésie. 1835. — Parution le 6 avril des Souvenirs, Impressions, Pensées et Paysages pendant un Noyage en Orient (4 volumes). 1836. — Parution le 20 février de Jocelyn, épisode. Journal trouvé che^ un curé de campagne. — Le 22 septembre, la Cour de Rome met à l'Index Jocelyn et le λ/oyage en Orient. 1837-1839. — Lamartine, qui s'impose de plus en plus comme orateur parlementaire, fait un discours en faveur des études classiques (24 mars 1837). — Mort de Louis de Vignet (octobre). — Il est élu simultanément député de Bergues et de Mâcon (4 novembre), et il opte pour cette dernière circonscription (12 janvier 1838), qu'il représentera presque jusqu'à ce qu'il renonce à la politique. — Il publie La Chute d^un Ange (9 mai) et cette épopée prédiluvienne est condamnée par Rome (27 août). — Avec les Recueillements Poétiques (mars 1839), il donne son dernier volume de vers; il travaille à une tragédie moderne. Les Noirs, première version de Toussaint Louverture (été-automne). 1840. — Le 26 mai, il prononce son Discours sur le retour des cendres de l'Empereur et, le 30 août, il a la douleur de voir mourir son père, Pierre de Lamartine. ·— Il est élu cette année-là membre du conseil municipal de Mâcon et le restera jusqu'en 1846. 1841-1843. — De nouveaux deuils le frappent dans les personnes d'Aymon de Virieu, son plus vieil ami (7 avril 1841), et de Léon de Pierreclau, son fils naturel devenu son neveu par mariage avec Allix de Cessiat, fille de Cécile de Lamartine (28 juillet). — Il publie La Marseille de la Paix (15 juin) et intervient souvent à la Chambre,
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mais ne peut en être élu président (28 décembre). — En juin 1842 il refuse d'être nommé ambassadeur de France à Londres. — Le 27 janvier 1843, il prononce un discours qui marque sa complète rupture avec le gouvernement de Louis-Philippe, envers lequel il n'avait jamais cessé de garder ses distances. — Dès cette époque, il commence à connaître de graves ennuis financiers qui empoison- neront littéralement le reste de son existence. Au cours de l'été, il entreprend la rédaction de VHistoire des Girondins. 1844-1847. — Parti de Marseille le 6 août 1844, avec sa femme et ses nièces de Cessiat, il passe un mois à Ischia (18 août-19 septembre) : il retrouve un renouveau d'ins- piration et se met à écrire Gra\iella. Retour par Rome, Ferrare, Venise, Genève; arrivée au château de Monceau le 28 octobre. — Dès lors son temps est accaparé par les Girondins (signature du contrat d'impression le II août 1845). — Il intervient devant les députés une dernière fois avant 1848 au mois de juin 1846. — Mais son activité ne se ralentit pas : la publication de VHis- toire des Girondins en huit volumes (17 mars-19 juin 1847) — qui aura un succès extraordinaire et plusieurs édi- tions — a la portée d'un acte politique en faveur de la République; au cours d'un banquet donné à Mâcon en son honneur le 18 juillet, il prophétise « la révolution du mépris ». — Cependant il emploie ses loisirs à la rédaction des Confidences et de leur « suite » Raphaël (un manuscrit de ce dernier est daté de novembre et décembre 1847). 1848. — La Révolution chasse Louis-Philippe et, le 24 février, Lamartine, chef du Gouvernement Provisoire, proclame la République à l'Hôtel de ViUe de Paris; en mars il devient en outre ministre des Affaires étrangères et apparaît comme le maître de la France : le 23 avril, il est élu député par dix départements avec i 600 000 suffrages. Mais comme ni lui ni son équipe n'ont pu résoudre les graves difficultés sociales et économiques du moment, la Commission exécutive dont il fait partie
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abdique ses pouvoirs entre les mains du général Cavaignac le 24 juin. Candidat à la Présidence de la République le 10 décembre, il échoue lamentablement avec 17 910 voix obtenues dans le pays tout entier ! 1849-1851. — Le 2 janvier, les Confidences avec Gra^iella commencent à paraître en feuilleton dans le journal La Presse et, le 20, est publié Raphaël. Pages de la vingtième année. — Rêvant d'éduquer la nouvelle République, il publie en avril le premier numéro du Conseiller du Peuple, qui vivra jusqu'au Coup d'État du 2 décembre 1851. — Battu aux législatives à Mâcon (15 mai 1849), il est élu péniblement dans le Loiret (8 juillet). — Le 14 juillet sort son Histoire de la Révolution de 1848, suivie du premier tome de l'Édition des Souscripteurs (7 novembre), qui comportera quatorze volumes (avec de rares inédits, telles les Troisièmes Méditations). — Le 6 avril 1850 Toussaint Louverture, drame en vers, est représenté au Théâtre de la Porte Saint-Martin. — Du 21 juin au 6 août, 11 fait un voyage en Turquie, où il voudrait s'installer en un immense domaine que lui a promis le Sultan de Constantinople... — Revenu en France, il publie Gene- viève, Histoire d'une Servante (été 1850), puis les Nouvelles Confidences, Le Tailleur de pierres de Saint-Point, le Nouveau Voyage en Orient (1851), ainsi que le premier volume de VHistoire de la Restauration (qui en aura huit et sera achevée en 1853). — Il parle une ultime fois à l'Assemblée le 15 mars 1851 et la brutale prise du pouvoir par le Prince- Président Bonaparte, devenu Napoléon III, met le point final à son rôle d'homme politique. 1852-1869. — Rendu complètement à la vie privée, Lamartine luttera perpétuellement contre d'inextricables difficultés financières : accablé de dettes qu'aggraveront sans cesse ses maladresses de propriétaire vigneron, son goût d'une existence fastueuse et son inépuisable générosité, il devra pour tenter de se libérer fournir un épuisant travail littéraire, écrivant d'innombrables volumes, généralement dédaignés, mais qui contiennent.
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à côté de fatras, des pages qui sont d'un grand prosateur. — Il partage alors son temps entre ses domaines de Bourgogne (Saint-Point, Monceau) et ses résidences parisiennes. 1852-1855. — Publication du Civilisateur ou Histoire de Γ Humanité par les Grands Hommes (3 volumes). — Histoire des Constituants (4 volumes). — Histoire de la Turquie (8 volumes). — Histoire de la Russie (2 volumes). — Vie des Grands Hommes (5 volumes, en majeure partie repris du Civilisateur^. 1856. — En mars, commence, sous forme d'« entretiens » mensuels, le Cours familier de Littérature y dont les vingt- huit volumes, publiés avec une régularité d'horloge, paraîtront jusqu'en 1869. — Il achève Le DésertipiOuX) et compose La Vigne et la Maison (octobre), ses deux der- nières œuvres en vers qui verront le jour respectivement dans les 12® et 15® entretiens du Cours. 1858-1860. — Une souscription nationale organisée pour secourir le poète obéré échoue presque totalement. — Milly est mis en vente et cédé le 18 décembre i860. 1860-1863. — Lamartine édite « Chez l'Auteur, Paris, rue de la Ville l'Évêque, 43 », une collection de ses Œuvres complètes... publiées et inédites en quarante volumes; dans cet important ensemble, on relève des variantes dont on ne peut jamais dire si elles sont le fait de l'écrivain ou de sa femme et de ses secrétaires. 1863. — Mort à Paris de Mme de Lamartine (21 mai). Lamartine désormais reste seul avec sa nièce Valentine de Cessiat, à qui il voue depuis longtemps une profonde affection et dont la sollicitude rendra supportables ses dernières années. — La question de leur mariage (sep- tembre 1867?) demeure mystérieuse. — Composition de Fior d'Alif^a, roman, qui en 1866 constituera le qua- rante et unième tome des Œuvres « Chez l'Auteur ».
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1864-1865. — Publication, par Louis Ulbach, de La France parlementaire (i8j4-i8ji). Œuvres oratoires et écrits politiques d'A. de Lamartine. 1866. — Tiré de Fior d'Ali^a, un drame lyrique de ce nom est créé à l'Opéra-Comique le 5 février. 1867. — Le Corps Législatif vote le 11 avril, à titre de récompense nationale, une pension viagère de 25 000 francs au poète appauvri qui s'en ressent humilié. — Publication Antoniella, roman peu cohérent qui témoi- gne de la sénilité du grand homme. 1869. — Amoindri par la maladie et la vieillesse, Alphonse de Lamartine vient contre son gré mourir à Paris le matin du 28 février et il est inhumé à Saint-Point le 4 mars. Destinée posthume — Malgré le relatif oubli dans lequel est tombé Lamartine à sa mort, Valentine de Cessiat, aidée d'amis fidèles comme Louis de Ronchaud ou Émile Ollivier, entretient son culte. Ainsi paraissent, posthumes, ses Mémoires inédits, iy^o-i8ij (1870), Fe Manuscrit de ma Mère (1871), les Poésies inédites (1873, rééditées en 1881), la Correspondance (très incomplète) (6 volumes, 1873-1874, repris en quatre, 1882). Une partie de ses manuscrits est déposée à la Bibliothèque nationale vers 1897. Par ailleurs la « Société des Œuvres de Lamartine », exploitant ses droits d'auteur, continue de donner de très nombreux tirages et réimpressions des plus connues de celles-ci. — Études et livres de souvenirs ne tardent pas à être donnés au public ; des documents inconnus sont révélés, d'une manière partielle et souvent assez tendancieuse : les travaux d'Anatole France, René Doumic, Léon Séché éclairent ainsi l'épisode amoureux de 1816-1817. On doit leur ajouter ceux de Gustave Lanson (édition des Méditations poétiques 1915), de Jean des Cognets (édition de Saiil, 1918), de Louis Barthou, etc. — Quand les œuvres de l'écrivain entrent dans le domaine public (1924), il en paraît de nombreux recueils choisis, procurés par J. des Cognets, R. Waltz, R. Canat,
114CVIII CHRONOLOGIE DE LAMARTINE G. Roth, M. Levaillant : ainsi Lamartine devient un véritable « classique ». — A partir de 1930, la critique la plus sérieuse s'empare de l'homme et de ses écrits, qui sont matière à thèses de doctorat : celle de M. Henri Guillemin sur Jocelyn (1936) marque une date capitale et un renouveau véritable des connaissance lamarti- niennes. En Bourgogne, la mémoire du poète est conser- vée au château de Saint-Point par son arrière-neveu, qui possède de précieuses archives, par la vieille académie de Mâcon et le Musée Lamartine, enfin par le Comité per- manent d'Études lamartiniennes : celui-ci a organisé en 1961 et 1965 d'importantes journées qui ont mis en relief l'actuelle renommée française et européenne de Lamartine comme poète, comme prosateur et comme penseur politique. F. L.
- Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
- ISBN : 978-2-8124-1454-1
- EAN : 9782812414541
- ISSN : 2417-6400
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1454-1.p.0103
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/04/2014
- Langue : Français