Repères historiques et biographiques
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Lettres argotiques de Bibi Chopin (dans La Lanterne de Bruant, 1897-1899)
- Pages : 33 à 38
- Collection : Classiques de l'argot et du jargon, n° 10
REPÈRES HISTORIQUES
ET BIOGRAPHIQUES
1851 |
Naissance à Courtenay (Loiret) d’Aristide Bruant. |
1857 |
Naissance le 10 décembre à Belleville de Léon Drouin de Bercy qui, dans Montmartre et ses chansons (1902), parlera ainsi de sa jeunesse et de sa carrière : […] pourquoi l’auteur que les notes précédentes désignent tour à tour en qualité de poète, de journaliste, de chansonnier, de conférencier, d’auteur dramatique, de régisseur et de bonimenteur, n’a pas établi pour lui-même une biographie suivie et complète ? […] Sache pourtant que je suis né à Belleville, le 10 décembre de l’an 1857, alors que l’auteur de mes jours était lieutenant aux cuirassiers de la Garde impériale. Apprends aussi qu’à dix-sept ans je débutai dans l’enseignement ; qu’à dix-huit, je m’engageai pour faire ma carrière militaire ; qu’à vingt-trois, je rentrai dans la vie civile couvert des malédictions paternelles ; et que, enfin, j’ai sali beaucoup de papier et usé beaucoup de salive pour n’obtenir, en somme, que de piètres résultats. J’ajouterai que, faisant un tri parmi les douze cents chansons sorties de ma plume, je publierai très prochainement deux volumes de vers : Les Chansons Noires, musique de Jean Cerneuil, et Chansons pour Elles (Ondet, édit.). |
1870 |
Guerre franco-allemande. Napoléon III capitule le 2 septembre à Sedan. Un Gouvernement de la Défense nationale, composé de députés républicains (Léon Gambetta, Jules Favre, Jules Ferry, etc.), est formé à Paris le 4 septembre et la République est proclamée à l’Hôtel de ville. À partir du 18 septembre, siège de Paris par les troupes de Prusse et d’Allemagne. |
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1871 |
Signature de l’armistice franco-allemand le 26 janvier. Par le traité de Francfort le 10 mai, l’Alsace et la Lorraine sont cédées à l’Empire allemand dirigé par Guillaume Ier (1797-1888) et Otto von Bismarck (1815-1898). |
Du 18 mars au 28 mai : Commune de Paris. Des milliers de Communards sont massacrés ou déportés au bagne en Nouvelle-Calédonie sous la présidence d’Adolphe Thiers. |
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1880 |
Vote de l’amnistie des Communards, ce qui permet aux déportés de revenir de Nouvelle-Calédonie, comme Louise Michel (1830-1905) qui reprend son combat anarchiste. |
1882 |
Premiers vers imprimés de Léon de Bercy, Le rameneur, écrits dans le même argot, déjà, que celui de Bibi Chopin plus tard ; ils ont été publiés dans le no 36 du 16 septembre du Chat noir, organe hebdomadaire du cabaret du même nom (84, boulevard de Rochechouart ; dirigé par Rodolphe Salis), grâce au rédacteur en chef Émile Goudeau, fondateur en 1878 du club des Hydropathes, dont fait partie Léon de Bercy. |
1885 |
Aristide Bruant, dont la notoriété est grandissante, fonde le cabaret Le Mirliton et le journal du même nom à l’emplacement du Chat noir, qui a déménagé. |
1887 |
Sous le pseudonyme Carmagnole partagé avec trois autres auteurs (Robert Yve-Plessis, Eugène Lermercier et Edmond Char), plusieurs textes de Léon de Bercy sont publiés dans le Cri du Peuple dirigé par Séverine. À ce même journal, sous son nom et sous le pseudonyme de Trublot, collabore l’écrivain proche d’Émile Zola, Paul Alexis, qui participera au lancement de La Lanterne de Bruant. |
1889 |
Février : parution d’un premier volume de chansons et monologues d’Aristide Bruant, intitulé Dans la rue. |
De 1889 à 1894, Léon de Bercy publie chaque matin, dans le journal républicain radical La Nation, des vers sur l’actualité de la veille. |
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1891 |
Le 1er mai, lors d’une manifestation à Fourmies dans le département du Nord, la troupe réprime dans le sang la manifestation des ouvriers qui réclamaient notamment la journée de huit heures. Bilan : neuf morts et trente-cinq blessés. |
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1893 |
Le 9 décembre, l’anarchiste Auguste Vaillant lance une bombe au Palais Bourbon, faisant ainsi plusieurs dizaines de blessés légers. |
1894 |
Vaillant est guillotiné le 5 février, le président de la République Sadi Carnot ayant refusé de le gracier. Le 21 mai, l’anarchiste Émile Henry est guillotiné à 21 ans pour avoir commis un attentat en février à l’hôtel Terminus à Paris. Le président de la République Sadi Carnot est assassiné fin juin à Lyon par l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio, qui sera guillotiné le 16 août. |
Septembre-décembre 1894 : début de l’affaire Dreyfus, dans un contexte de haine des Allemands et d’antisémitisme grandissant : Alfred Dreyfus, officier français né en Alsace et d’origine juive, est accusé à tort d’avoir trahi au bénéfice de l’Allemagne ; il est traduit fin décembre devant le Conseil de guerre qui le condamne à la destitution de son grade et à la déportation au bagne de Guyane. |
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1895 |
Dreyfus est dégradé le 5 janvier dans la cour d’honneur de l’École militaire près du Champ de Mars, devant une foule de manifestants patriotes et antisémites. En février-mars, il est déporté en Guyane. |
Février : Aristide Bruant et Blédort, alias Léon de Bercy, participent à un spectacle pour la fête du quartier Saint-Fargeau (voir L’Intransigeant du 12 février). |
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En mars, Bruant fait paraître un deuxième volume de chansons et monologues, intitulé Dans la rue comme le premier. Léon de Bercy, plus connu sous le pseudonyme de Blédort, ouvre boulevard de Clichy le cabaret Le Coup de Gueule (voir Les Chansonniers et les cabarets artistiques par Horace Valbel, chez Dentu, 1895, p. 315), aussitôt fermé administrativement pour exhibition d’un drapeau rouge (voir L’Intransigeant du 16 avril). |
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Après avoir confié à un ami la gérance de son cabaret du Mirliton, Bruant quitte Paris pour une tournée dans toute la France. |
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1896 |
Bruant achète à Courtenay un château où il va séjourner souvent. À partir de février, il envoie ses chansons à L’Écho de Paris, jusqu’en avril 1897. |
Revue des troupes à Châlons par le président Félix Faure (Félisque dans les « lettres argotiques ») et le tsar Nicolas II, le 9 octobre. |
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1897 |
Léon de Bercy, régisseur du cabaret La Boîte à musique boulevard de Clichy, y fait passer de nombreux chansonniers (Georges Oblé, Odette Dulac, etc.). |
En juin, Bruant publie un troisième volume de chansons et monologues intitulé Sur la route et fait paraître un hebdomadaire appelé La Lanterne de Bruant, à laquelle, entre autres, l’écrivain proche d’Émile Zola, Paul Alexis, sous le pseudonyme de Trublot, et Léon de Bercy, sous le pseudonyme de Bibi Chopin, commencent à collaborer, le premier dans quelques numéros du début, le second seulement dans le no 2 avant de revenir en mars 1898 dans le no 41. |
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En novembre, le frère d’Alfred Dreyfus écrit au ministre de la Guerre pour dénoncer l’officier Esterhazy comme auteur de la trahison contre la France. |
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Collaboration de Léon de Bercy au journal Les Quat’-z-Arts, dirigé par Émile Goudeau et associé au cabaret du même nom dirigé par François Trombert depuis 1893. Voir par exemple le poème Franche Ribaude, « chanson xvie siècle » parue dans le no 5 du 5 décembre. |
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Fin décembre : premières représentations de la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, qui connaît un succès considérable. |
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1898 |
Esterhazy comparaît le 10 janvier devant le Conseil de guerre qui l’acquitte. Émile Zola, convaincu de l’innocence de Dreyfus, proteste alors dans le quotidien L’Aurore en publiant le 13 janvier son article devenu célèbre « J’accuse… ! », lettre ouverte au Président de la République Félix Faure. Zola est alors poursuivi en diffamation et violemment injurié par les antidreyfusards de tous bords, de l’extrême-gauche anticapitaliste à l’extrême-droite nationaliste, contre lesquels les dreyfusards vont peu à peu s’affirmer de plus en plus fermement. |
37 |
En mars, Léon de Bercy reprend sa collaboration à La Lanterne de Bruant à partir du no 41. |
En mai, élections législatives remportées par les républicains modérés (dits « opportunistes ») au détriment des monarchistes à droite, des radicaux et des socialistes à gauche. Aristide Bruant, qui a présenté une candidature « nettement républicaine, socialiste et patriote » en tant qu’ennemi « de la féodalité capitaliste et de la juiverie cosmopolite » à Belleville-Saint-Fargeau, n’est pas élu, malgré une soirée de soutien organisée à Saint-Fargeau le 6 mai, avec une conférence de Léon de Bercy en présence (et en l’honneur) du candidat. Le socialiste Jean Jaurès, qui était redevenu député du Tarn depuis 1893 et avait fini par rallier le camp des dreyfusards, n’est pas réélu ; il prend la direction du journal La Petite République où il publiera, en août, une série d’articles en faveur de Dreyfus. |
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Fin mai, Aristide Bruant et Léon de Bercy participent à la kermesse de Saint-Fargeau organisée par leur ami Oscar Archain, conseiller municipal de Paris. |
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Le 30 juillet, mort d’Otto von Bismarck, vainqueur de la France en 1870-1871 et ex-chancelier impérial d’Allemagne limogé en 1890 par l’empereur Guillaume II. |
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En août, le comte Mouraviev, ministre des affaires étrangères de la Russie, sur l’ordre du tsar Nicolas II, remet aux représentants étrangers une note proposant la réunion d’une Conférence pour la paix et le désarmement. |
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Fin août, le colonel Henry se reconnaît auteur du faux ayant permis de condamner Dreyfus et se suicide. |
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Le 10 septembre, l’impératrice Élisabeth d’Autriche (« Sissi ») est assassinée à Genève par l’anarchiste Luigi Lucheni. |
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Fin octobre, la Cour de cassation déclare recevable la demande de révision du procès Dreyfus. |
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1899 |
Janvier : engagé dans la reprise du Concert de l’Époque, Aristide Bruant décide d’arrêter la publication de sa Lanterne. |
16 février : mort du président Félix Faure à l’Élysée, en présence de sa maîtresse Marguerite Steinheil. |
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38 |
En août 1899, et non 1889 comme cela sera imprimé par erreur dans La Vie étrange de l’argot (1931 : p. 16-17) d’Émile Chautard, Léon de Bercy écrit à ce dernier à propos de la préparation d’un dictionnaire d’argot : Je consacre tous mes instants au dictionnaire d’argot dont je t’ai parlé et qui paraîtra sous la signature de Bruant, mais dont la préface dira au lecteur quelle aura été ma part de collaboration. |
1901 |
Parution du dictionnaire français-argot L’Argot au xxe siècle sous la signature de Bruant, mais sans mention de la collaboration de Léon de Bercy, qui, pour cet ouvrage, a compilé plusieurs dictionnaires d’argot, fait appel à quelques témoignages et repris ou réuni un grand nombre de citations et d’exemples, dont certaines et certains proviennent de La Lanterne de Bruant. |
1902 |
Parution de l’anthologie Montmartre et ses chansons : Poètes et Chansonniers, par Léon de Bercy, chez Daragon. À la toute fin du volume (p. 277), l’auteur mentionne sa femme : Enfin, pro domo, et pour clore la liste, ma femme, Anne de Bercy, talent naissant, dont les compositions musicales, très joliment interprétées aux Quat’-z-Arts et aux Noctambules par Mlle Raphaëlle de Villers, artiste de grande valeur, obtiennent chaque soir un très mérité succès. |
1903 |
Léon de Bercy prend jusqu’en 1905 la direction du Cabaret de l’Âne rouge, qui avait été fondé en 1889 par Claude Salis, le frère de Rodophe Salis, et rallié depuis par de nombreux artistes dissidents du Chat noir. |
1906 |
Réhabilitation d’Alfred Dreyfus par la Cour de cassation le 12 juillet 1906. |
1915 |
Décès de Léon Drouin de Bercy le 31 juillet. Sa femme, Anne de Bercy, née en 1877 sous le nom d’état-civil d’Eugénie Anna Henriette Laborie, vivra jusqu’en 1954, poursuivant sa carrière d’auteure de chansons et collaborant avec Armand Ziwès pour l’écriture des livres À Montmartre le soir, cabarets et chansonniers d’hier (1951, chez Grasset) et Le Jargon de Me François Villon (1954, chez Puget, rééd. 1960), qui s’appuient sur les travaux et dossiers de Léon de Bercy. |
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09577-4
- EAN : 9782406095774
- ISSN : 2264-4199
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09577-4.p.0033
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/10/2020
- Langue : Français