Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Lumières, l’esclavage et l’idéologie coloniale. xviiie-xxe siècles
- Pages : 551 à 556
- Collection : Rencontres, n° 432
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 33
Résumés
Pascale Pellerin, « Introduction générale »
Cette contribution tente de saisir la problématique de l’esclavage et de la colonisation dans toutes ses dimensions, politique, anthropologique, littéraire, iconographique, artistique. Il s’agit de comprendre ici l’articulation entre les anciennes colonies sucrières de l’Ancien régime et la nouvelle colonisation qui s’est mise en place après la Révolution française puis la conquête de l’Algérie. Quel rôle les textes des Lumières ont-ils joué dans l’évolution de l’empire colonial ?
Michelle Ruivo Coppin, « Lutte contre les pratiques des esclavagistes. Un combat contre l’usage d’un déterminisme linguistique et social dans Candide de Voltaire »
Avant d’abolir l’immoralité, encore faudrait-il la reconnaître. Au xviiie siècle, l’esclavagisme et la maltraitance vont de soi. « C’est l’usage » nous apprend le Nègre dans Candide : analyser les différentes occurrences de ces « usages » dans le conte conduit à discerner chez Voltaire une volonté de lutter contre un déterminisme social et linguistique.
Ezster Kovács, « Des faits contestés à la polémique. La réflexion sur les missions jésuites de Paraguay de Montesquieu à Diderot »
Le présent article examine l’éloge équivoque de Montesquieu sur les missions jésuites de Paraguay, le compromis proposé par Jaucourt dans l’Encyclopédie, la critique sarcastique de Voltaire sur le gouvernement exercé par les missionnaires et la dénonciation d’un ordre théocratique chez Diderot.
552Damien Tricoire, « Les Lumières, l’idéologie coloniale et Madagascar. Aux origines de la mission civilisatrice »
Cet article a pour but de contribuer à l’exploration de l’apport des Lumières à l’idéologie coloniale, sans affirmer cependant que le colonialisme de l’époque contemporaine est fondamentalement un produit des Lumières. Il tente de retracer la naissance de l’idée de mission civilisatrice en France.
Moulay-Badreddine Jaouik, « Anquetil-Duperron ou comment détruire les “fantômes”. Des récits de voyage destinés à préparer l’impérialisme occidental sur l’Orient »
Abraham-Hyacinthe Anquetil-Duperron, membre de l’Académie royale des inscriptions et belles lettres, publie en 1778, un ouvrage Législation orientale. Très cultivé, il réhabilite la civilisation musulmane et dénonce le caractère partial de nombreuses relations écrites par des voyageurs européens.
Rachida Saidi, « Le Maroc dans les récits de captivité barbaresque. Regard idéologique et littéraire de l’Orient des Lumières »
L’étude de trois récits, La relation de captivité du sieur Mouette (1683), L’annotation ponctuelle de Maria Ter Meetelen (1748), Les esclaves de Méquinez de George Nancy (1925), permet de saisir l’idée coloniale : un Arabe violent, une femme cloitrée à libérer et une terre en friche à cultiver.
Fayçal Falaky, « D’un déisme à l’autre. Le wahhabisme au temps des Lumières »
Cet article porte sur la lecture que certains auteurs de la fin du xviiie siècle tels que Niebuhr, Volney ou Corancez firent des wahhabites. Malgré les massacres commis par ces derniers, ces écrivains présentent les wahhabites comme des partenaires engagés dans le combat des Lumières.
Anaïs Cécile Pédron, « Olympe de Gouges, anti-esclavagiste et anticolonialiste ? »
Cet article explore les idées abolitionnistes d’Olympe de Gouges à travers ses pièces et pamphlets. Opposée à la traite négrière et l’esclavage, Gouges écrivit la première pièce ayant pour personnages principaux des noirs en France. Cet article démontre aussi la limite de la pensée de Gouges.
553María-José Villaverde, « Le premier abolitionnisme espagnol. Zinda de María Rosa Gálvez »
Malgré l’absence apparente de conscience abolitionniste en Espagne au xviiie siècle, contrairement au xvie et xviie siècle, la pièce Zinda de María Rosa Gálvez, publiée en 1804, prouve que les sentiments abolitionnistes ont joué un rôle important dans l’Espagne de la fin du xviiie siècle.
Izabella Zatorska, « Esclave baroque, éclairé et romantique. Aphra Behn et Saint-Lambert contre Mérimée et Hugo ? »
Oroonoko et Ziméo vs Tamango et Bug-Jargal, ou comment les politiques du xviie au xixe siècles rejaillissent sur la figure du révolté, Spartacus noir promu par Diderot. Esclave baroque, éclairé et romantique, trois styles assignés a priori, à vérifier dans leur transcription et leur lecture.
Emese Egyed, « Le modèle dramatique ou l’Histoire critiquée. Les Espagnols au Mexique – un drame de Domokos Teleki (1794) »
Les Espagnols au Mexique, un drame de Domokos Teleki écrit en 1794, et resté à l’état de manuscrit, constitue une leçon d’histoire, de philosophie et de sciences politiques. La pièce relate la confrontation entre les Indiens et l’Espagnol Cortés et souligne les dangers de l’oppression politique.
Laurine Quetin, « Dénonciation de M. l’abbé Grégoire (1791). Jean-Charles Michel de Chabanon des Salines. Un colon esclavagiste à Saint-Domingue »
Dans son ouvrage, Dénonciation de l’abbé Grégoire, Jean-Charles de Chabanon des Salines né à Saint-Domingue et frère de l’écrivain et musicien Michel Paul Guy de Chabanon, exprime clairement son refus d’abolir l’esclavage dans cette colonie française afin de préserver la richesse des planteurs.
Luc-André Biarnais, « Images et représentations raciales de l’administration. La délivrance des passeports à Nantes et La Rochelle durant la Révolution française »
L’étude exhaustive des registres de passeports à Nantes et La Rochelle entre 1789 et 1796 révèle la présence de personnes de couleur dans ces ports. 554Elle montre comment évolue la perception qu’en ont les administrations concernées.
Pascale Pellerin, « Colonialisme et esclavage dans les journaux du Directoire »
La révolte de Saint-Domingue constitue l’essentiel du débat sur les colonies dans la presse du Directoire. Les contre-révolutionnaires critiquent la politique coloniale française mais l’approuvent dans la possibilité d’un dédommagement de la perte des colonies sucrières par la conquête de l’Égypte.
Jean-Claude Halpern, « Les enjeux d’une nouvelle colonisation, de la condamnation de l’esclavage moderne à l’aventure égyptienne »
La majorité des anti-esclavagistes préconisent à la fin du xviiie siècle un travail libre très théorique, dans des « colonies nouvelles », qui prendraient la relève des « colonies modernes ». La France de la fin de la Révolution trouve dans l’expédition d’Égypte des possibilités prometteuses.
Abdelhak Zerrad, « L’orientalisme. Une idéologie coloniale ? »
L’orientalisme, pour faciliter l’expansion coloniale européenne, a établi une jonction entre le savoir et le pouvoir. Parallèlement un vaste mouvement littéraire va accompagner l’orientalisme académique et faire preuve d’un rapprochement qui conforte le dialogue interculturel.
María Luisa Sanchez-Mejía, « Benjamin Constant et les colonies. Perfectibilité, progrès et abolitionnisme »
La stabilité politique de la Restauration offre à Benjamin Constant une nouvelle tribune pour agir en politique. Il participera, par quelques rares contributions, au processus de l’abolition du commerce d’esclaves sans en demander la nette interdiction. Il ne dit quasiment rien de la question coloniale.
555Jonathan Arriola, « Les Lumières radicales au Rio de la Plata. La Révolution orientale et le caudillismo éclairé de José Artigas »
La Revolución Oriental, qui a eu lieu entre 1811 et 1820 au Río de la Plata propulsée par le caudillo uruguayen José Artigas, a puisé dans les œuvres de Jean-Jacques Rousseau et de Thomas Paine, une véritable volonté égalitariste et libertaire, qui a consacré une grande attention à l’éducation du peuple.
Amélie GregÓrio, « L’Arabe colonisé sur les scènes françaises. Des discours des Lumières à l’idéologie coloniale (xixe-xxe siècles) »
Les représentations théâtrales de l’Arabe au xixe siècle révèlent une lecture racialisante héritée de l’anthropologie des Lumières, qui constitue une légitimation de la conquête. L’Arabe, figure de « barbare » ou, plus tard, de subalterne, est stigmatisé et infériorisé.
Ahlème Charfeddine, « Maupassant et l’idéologie coloniale »
Dans les nombreux textes de Guy de Maupassant sur l’Algérie, article de journaux, nouvelles, récits de voyage, on trouve une idéalisation et une dépréciation des mœurs orientales. Critique à l’égard de la politique coloniale, Maupassant opte pour le maintien de la France en Algérie.
Sandrine Lemaire, « Lumières vs Ténèbres. L’esclavage et les Lumières dans l’iconographie coloniale »
L’iconographie coloniale, tous supports confondus, est productrice d’un imaginaire sur l’Autre. Elle a servi à la justification de la conquête soutenue par de nombreuses images qui la présentent comme une croisade contre l’esclavage et pour la civilisation de peuples aux pratiques sanguinaires.
Pascal Blanchard et Nicolas Bancel, « Le passage de l’esclave à l’indigène. Régime juridique, discours politique et idéologie coloniale »
Cette contribution explore le passage du statut d’esclave à celui d’indigène, dans le processus qui voit la colonisation succéder au régime de la plantation. Il éclaire ensuite la construction de la figure de l’indigène, sur les plans politique, juridique et culturel.
556Alain Ruscio, « Dominants et dominés, maîtres et “indigènes” dans la chanson française de l’ère coloniale »
La chanson est un moyen d’expression très populaire. Aussi ne faut-il pas s’étonner que, dès les origines de l’expansion européenne outre-mer, des chants (patriotiques, romantiques, humoristiques…) ont accompagné les événements, la plupart du temps pour exalter notre « œuvre civilisatrice ».
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09553-8
- EAN : 9782406095538
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09553-8.p.0551
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 18/03/2020
- Langue : Français