Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Formes historiques du cogito. xviie-xxe siècles
- Pages : 373 à 377
- Collection : Rencontres, n° 411
- Série : Études de philosophie, n° 11
Résumés
Kim Sang Ong-Van-Cung, « Introduction. Le Cogito cartésien et son historicité »
Kim Sang Ong-Van-Cung resitue la réception de l’argument cartésien dans l’histoire de la philosophie moderne et contemporaine et elle propose les éléments d’une lecture du Cogito cartésien qui se situerait au-delà de son interprétation et de sa critique comme acte de naissance du « sujet moderne ». L’introduction présente, à partir de là, les études qui composent l’ouvrage comme autant d’approches historiques, méthodologiques et philosophiques du Cogito dans son historicité.
Denis Kambouchner, « Le Cogito en perspective. Histoire, philologie, phénoménologie »
Cette étude reprend d’abord la question de la nouveauté historique du Cogito cartésien, qui apparaît, par rapport à certains précédents du xviie siècle, moins thématique que stylistique. Elle revient ensuite sur les interprétations modernes du Cogito, avec leur double objet formulaire (le Cogito, ergo sum) et textuel (la Méditation II), et met en relief la nécessité en même temps que la difficulté d’une phénoménologie exempte de surdéterminations théoriques.
Cigale d’Arthuys, « L’âme a-t-elle de quoi être contente ? Lectures croisées de Descartes et de Pascal »
Que faut-il de plus ou d’autre que le simple fait d’exister pour que l’existence devienne objet de contentement ? Pour Descartes, qui dote le sujet d’un ensemble de choses pour qu’il puisse jouir de lui, il faut quelque chose de plus que l’existence du sujet, à savoir l’expérience de sa propre valeur pour pouvoir être contenté ; alors que pour Pascal, qui dépossède le sujet de tout, il faudra quelque chose d’irrémédiablement autre que lui et qui nous obligera donc à sortir de la philosophie.
374Pascal Sévérac, « Cogito à plusieurs et pensée du corps. Spinoza avec Vygotski »
Comment expliquer la conscience ? Spinoza et Vygotski (1896-1934) remettent en question, chacun à sa manière, le paradigme cartésien du cogito ; pourtant, tous deux conservent vif le « problème de la conscience », dans la mesure où l’intériorité, si elle n’est pas première, demeure décisive pour comprendre le comportement humain. Tous deux parviennent à une définition proche de la conscience, comme « idée d’idée » ou « expérience vécue d’expériences vécues », laissant toute sa place au corps.
Mogens Lærke, « Leibniz sur le cogito »
Dans ses commentaires sur Descartes, Leibniz rajoute à la première vérité qu’est le cogito celle d’un varia a me cogitantur. Il insiste sur la diversité de la sensation face à un intellect cartésien envisagé à partir de la seule réflexion sur soi. On retrouve ce raisonnement très tôt chez Leibniz. Mais est-ce dire qu’il se positionne toujours de la même façon vis-à-vis du cogito ? Nous montrons ici qu’on peut en réalité détecter une évolution importante du sens même de cet argument chez Leibniz.
Martine Pécharman, « La critique du principe du Cogito dans The True Intellectual System of the Universe de Cudworth »
En dépit de son union avec une métaphysique immatérialiste, la philosophie naturelle des Principia philosophiae (1644) de Descartes constitue pour Ralph Cudworth dans The True Intellectual System of the Universe (1678) une cible majeure de la critique. L’antifinalisme cartésien révèle selon le théologien de Cambridge une doctrine imparfaite de la substance incorporelle, imputable en dernier recours au primat conféré au Cogito en tant que pensée consciente de son actualité.
Angélique Thébert, « Le moi ne tient-il qu’au fil de la conscience ? L’héritage cartésien de Locke et Reid sur l’identité personnelle »
Cherchant à préciser ce qui assure la continuité du Moi, l’approche cartésienne la fait résider dans une substance pensante. En reformulant la question sous l’angle de l’identification de soi par soi, Locke fait reposer l’identité de la personne sur la seule conscience. Mais à partir de l’examen critique d’objections de Reid, nous montrons que Locke n’évince pas totalement la substance de la personne et nous précisons le rôle qu’il attribue à la « même conscience » dans la constitution de soi.
375Christophe Litwin, « La philosophie première de Rousseau »
« Je pense, donc j’existe » écrit Rousseau, substituant discrètement l’existence à l’être dans l’énoncé cartésien. Selon Gouhier, Rousseau a transposé dans la philosophie morale les énoncés métaphysiques de Descartes. Cette transposition procède d’une décision philosophique plus profonde qui lie le cogito au sentiment de l’existence. Les propositions singulières de Rousseau concernant l’amour de soi et la bonté naturelle se rapportent ainsi à une phénoménologie des auto-affections d’un cogito.
Emmanuel Brigandat, « Le cogito biranien. De l’activité pure à la passivité relative »
Cet article met au jour le lien structurel et circulaire qui unit la passivité à l’activité au sein du cogito biranien. L’analyse de l’effort immanent, fondateur du fait primitif biranien, manifeste un entremêlement essentiel de l’effort et de la résistance du corps propre. La conscience, soumise aux intermittences de l’effort, accueille une passivité qui n’est pas le corrélat négatif de l’activité mais la condition de possibilité de sa phénoménalisation.
Jean-Marc Mouillie, « Le Cogito excédé. Sartre et la question des commencements de la pensée »
Sartre part de la signification « existée » du cogito : « je suis, j’existe » n’est pas l’énoncé du cogito, c’est le cogito qui énonce la présence à soi que signifie exister. Ce renversement de perspective permet d’éviter les distorsions d’une philosophie de la réflexion qui projette une scission entre la conscience et le monde. Source du sens dont j’ai à répondre, mais contingence ne pouvant répondre de son propre être, le cogito dévoile alors la fondation ontologique de la responsabilité.
Kim Sang Ong-Van-Cung, « Le cogito préréflexif et l’historicité du sujet chez Sartre. Variations sur un thème cartésien »
Sartre soutient que le cogito est resté pour lui une première vérité et un principe méthodologique. Cette déclaration se vérifie-t-elle déjà dans L’Être et le néant ? L’étude montre que c’est parce que la conscience préréflexive est la vérité du cogito que la subjectivité s’historicise. La pensée consciente est le 376vécu social, en tant qu’il détermine de façon irréfléchie la vie des individus. L’historicité ne s’adjoint pas extérieurement à l’ontologie phénoménologique.
Emmanuelle Tron, « Mode d’être du monde et mode d’existence de l’ego. Du cogito cartésien au cogito tacite »
L’ambition de cet article est de resituer l’élaboration du cogito tacite merleau-pontien dans une critique du cogito parlé, c’est-à-dire fixé par le langage. En prenant acte de l’exigence performative du cogito cartésien, deux directions se dessinent : soit le sujet cartésien supporte la double perspective husserlienne, à la fois sujet mondain et ego pur, soit nous devons mettre à l’épreuve ce réquisit au plus près de l’existence incarnée, et questionner la possibilité d’un cogito silencieux.
Daniele Lorenzini, « Cogito et discours philosophique. Foucault lecteur de Descartes »
Ce chapitre reconstitue les traits saillants de la lecture que Foucault offre de la philosophie de Descartes dans les cours (à ce jour encore inédits) qu’il donne à l’université de Tunis entre 1966 et 1968. Il se concentre ensuite sur les déplacements très significatifs qui s’opèrent dans la pensée de Foucault entre la fin des années 1960 et le début des années 1970 et qui lui ouvrent, dix ans plus tard, la possibilité d’élaborer une nouvelle interprétation des Méditations et du Cogito.
Jean Terrel, « D’Althusser à Foucault. Le sujet entre idéologie et vérité »
En associant les deux sens du mot « sujet » – être libre, être assujetti – Althusser et Foucault aboutissent au même paradoxe de la liberté du sujet comme condition de l’assujettissement. Prenant appui sur les textes d’Althusser sur les appareils idéologiques d’État, Foucault entreprend de penser, dans un rapport critique aux premières formulations d’Althusser opposant la science et l’idéologie, la prise de conscience, la résistance et l’invention de formes subjectives nouvelles.
Kohei Sakurai, « La philosophie du sujet et ses dehors. La question du cogito cartésien chez Foucault et chez Lacan »
Dans leurs parcours intellectuels, Michel Foucault et Jacques Lacan revisitent le cogito cartésien afin de repenser la question du sujet. En étudiant leurs textes consacrés à la question du cogito, à savoir « Propos sur la causalité psychique » 377et Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse de Lacan et l’Histoire de la folie et L’herméneutique du sujet de Foucault, cet article analyse la convergence et la divergence entre ces deux penseurs concernant la problématique du sujet.
Jean-Philippe Narboux, « Pensées en première personne et cogitationes cartésiennes »
La critique par Wittgenstein de l’argumentaire cartésien du Cogito va de pair avec une critique du concept de « pensée » (cogitatio) qui en est le corollaire. Cette contribution montre que le concept cartésien de cogitatio procède de la mutilation d’un concept superficiellement proche auquel il emprunte sa crédibilité, mais dont il déforme aussi bien l’intension que l’extension, à savoir le concept de « pensée en première personne » circonscrit par Wittgenstein.
Cédric Brun, « Descartes et le Syndrome de Cotard. Neuropsychiatrie cognitive et philosophie »
Avec le cogito, Descartes élabore une preuve performative de l’existence du sujet. Le « délire des négations », identifié par le psychiatre Jules Cotard en 1880, fait exception à cette preuve performative puisque les patients déclarent parfois « être morts » ou « ne pas exister ». Nous présentons le syndrome de Cotard et les explications de neuropsychiatrie cognitive proposées avant d’indiquer les pistes de mise à l’épreuve du cogito qu’ouvre le syndrome de Cotard sur des bases empiriques.
- Thème CLIL : 3916 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Histoire de la philosophie
- ISBN : 978-2-406-08524-9
- EAN : 9782406085249
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08524-9.p.0373
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/09/2019
- Langue : Français