Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Le Parcours du comparant. Pour une histoire littéraire des métaphores
- Pages : 545 à 551
- Collection : Rencontres, n° 101
Résumés
Pascal Quignard, « En suivant un camion de déménagement sur les routes de Grèce »
Pascal Quignard voit dans la métaphore, au-delà d’un transfert ou d’une substitution de sens, un véritable déménagement, conformément à son origine grecque antique, où la demeure de chacun se réinvente sans cesse au gré des rêveries intimes dont nous hante et nous nourrit le langage.
French Writer Pascal Quignard considers the Metaphor, beyond a simple transfer or substitution of meaning, as a real removal, according to its ancient Greek origin, where everyone’s home is constantly updated and re-designed along with the most inner dreams by which Language haunts and breeds us.
Jacques Cheneau, « Parole de métaphore : “Tu vois ce que je veux dire” »
À la lumière de la clinique psychanalytique, Jacques Cheneau décrit les jeux de faux-semblants qu’exerce sans cesse la métaphore dès lors qu’elle réinvente et déforme une analogie familière apparemment banale pour lui faire dire et cacher tout à la fois la destinée spécifique du Sujet.
In light of his psychoanalytical practice, Jacques Cheneau describes the pretence and subtle deception which are lying in Metaphor as soon as it reinvents and distorts an apparently commonplace and familiar analogy, to make it both declare and hide, at the same time, the Subject’s specific fate.
Christophe Laudou, « La Catachrèse : habiter la parole (du Sens propre) »
En philosophe du langage, Christophe Laudou étudie l’étrange formule métaphorique « habiter la parole », pour décrire d’abord les liens entre théorie de l’écart et métaphysique, puis, surtout, le rôle décisif et matriciel d’une autre figure, la catachrèse, en relation dialectique avec la métaphore.
In the light of the philosophy of language, Christophe Laudou studies the strange phrase « to inhabit Speech », first to describe the close links between any « Deviation Theory » and metaphysics, then and above all to show the decisive role of another figure, the catachresis, very close to Metaphor.
Laurent Jenny, « La métaphorisation des émotions dans une œuvre de Nathalie Sarraute »
Laurent Jenny s’intéresse à l’apport cognitif de la métaphore, et, prenant pour terrain d’exercice le célèbre Martereau de Nathalie Sarraute, montre qu’il réside à la fois dans l’évocation analogique des postures physiques et dans l’extraordinaire plasticité métamorphique des sensations intimes.
Laurent Jenny takes great interest in the cognitive role of metaphors, and, taking the famous novel Martereau by Nathalie Sarraute as a training ground, shows that this role stands both in the analogical mention of physical positions and in the outstanding metamorphic plasticity of inner feelings.
Nathalie Dauvois, « Parler de poésie par métaphores : le modèle horatien »
Spécialiste de la réception d’Horace à la Renaissance, Nathalie Dauvois nous rappelle, et commente, le vif débat qui a alors opposé les praticiens de la métaphore dans un cadre théorique et métapoétique se réclamant de l’Epître aux Pisons et leurs détracteurs, gardiens autoproclamés du decorum.
Specialist in the reception of Horace’s Works in the Renaissance, Nathalie Dauvois recalls us, and comments, the lively debate in which scholars who used metaphors in theoretical works, availing themselves of « The Art of Poetry », fought against the self-proclaimed Guardians of decorum.
Georges Kliebenstein, « Métaphore vitale, terminologie générale : Roland Barthes et les secrets de l’Argo »
Dans une minutieuse et vaste enquête sur toute l’œuvre de Roland Barthes, Georges Kliebenstein étudie la métaphore suspecte du « vaisseau Argo », et met au jour, au-delà du « parcours du comparant » qui traverse les siècles, celui qui superpose et entrelace les déterminations destinales.
In a very thorough and exhaustive inquiry on the whole Works by Roland Barthes, Georges Kliebenstein studies the odd metaphor of « Ship Argo », and reveals, beyond the « analogical career » going through the centuries, the one which overlays and weaves the main factors of destiny.
Cathy Yandell, « Le corps nu au Nouveau Monde. Métaphore et cognition »
En confrontant les célèbres récits d’André Thevet et de Jean de Léry sur le Nouveau Monde, Cathy Yandell décèle dans la nudité corporelle des « Indiens » un marqueur aussi éthique qu’ethnique, qui alimente, aux limites de la métaphore et de la projection fantasmatique, deux discours inconciliables.
Comparing André Thevet’s and Jean de Léry’s travel reports back from the New World, Cathy Yandell finds in the Indians’ nudity both ethical and ethnical identifying marks, which engender, on the boundaries of metaphor and mental projection, two irreconcilable discourses.
Xavier Bonnier, « Esquisse d’un “parcours du comparant” : le “chant du cygne” »
Douteux en tant que phénomène zoologique, le « chant du cygne » ne l’a jamais été en tant que métaphore : Xavier Bonnier en retrace le long et parfois sinueux parcours, qui mène, depuis l’Antiquité grecque jusqu’à Mallarmé, d’une souriante promesse d’immortalité à la victimisation sacrificielle.
If the famous « Swan song » is pretty dubius as a zoological phenomenon, it has never been so as a metaphor : Xavier Bonnier recalls its very long and winding path, which leads, from Greek antiquity to Stéphane Mallarmé, from a nice promise of immortality to a sacrificial victimisation.
Catherine Langlois-Pézeret, « La métaphore de la vigne amoureuse de l’Antiquité
au xixe siècle »
De poètes latins aux Romantiques, en passant par le roman médiéval, Catherine Langlois-Pézeret étudie la double et a priori discordante fortune générique du comparant de la « vigne amoureuse » qui enlace son ormeau, fortune qui oscille de l’épithalame à l’éloge funèbre, et en explique l’ambivalence.
From latin poetry until Romanticism, including the Middle-Age Novels, Catherine Langlois-Pézeret studies the double and apparently contradictory fate of the metaphor of the « loving grapevine » embracing its young elm, a fate which varies between nuptial hymn and eulogy, and explains this ambivalence.
Hubert Heckmann, « Lumen de lumine : fortune d’un motif analogique »
Métaphore du don sans déperdition, le motif du « lumen de lumine », « lumière de la lumière », de prime abord exclusivement théologique, connaît également sa version profane voire libertine, comme le montre Hubert Heckmann, qui l’étudie de l’Antiquité aux poètes contemporains.
As a metaphor of a gift without loss, the theme of « lumen de lumine », « Light [born] of Light », which seems at first exclusively belonging to Theology, has also its secular, or even sensual and libertine side, explains Hubert Hecmann, who examines it from Antiquity to contemporary poets.
Sandra Provini, « La chasse amoureuse : métaphores de la biche et du cerf dans la poésie d’amour de l’Antiquité à la Renaissance »
Rappelant l’ambivalence de la métaphore de la biche et du cerf dans l’Antiquité classique, Sandra Provini en souligne la singulière complexification médiévale sur fond de sotériologie chrétienne et d’évolution des lois cynégétiques, puis le devenir inexorablement prosaïsant depuis la Renaissance.
Recalling the ambivalence of the metaphor of the deer (or the doe) in classical Antiquity, Sandra Provini points out its remarkable growing complexity in the Middle-Age, in relation with Christian soteriology and evolution of hunting rules, and then its inevitable prosaic fate since Renaissance.
Isabelle Gassino, « “Les paroles ailées” : quelques jalons pour l’histoire d’une métaphore, des ἔπεα πτερόεντα d’Homère aux flyers contemporains »
Isabelle Gassino s’interroge sur la provenance et la signification réelles de la métaphore des « paroles ailées », généralement conçue comme homérique et inspirée du vol des oiseaux : sa minutieuse étude diachronique montre l’envers surprenant de la stabilité de l’écrit et de la légèreté de l’oral.
Isabelle Gassino is seeking the origin an meaning of the metaphor of the « winged words », commonly attributed to Homer and seen as based on the birds flight : her accurate historical inquiry reveals the surprising hidden side of the opposition between « remaining» written and « flying » spoken words.
Daniel Ménager, « Les riantes prairies »
Intrigué par le glissement du « prata rident » éclatant des Anciens aux « riantes prairies » plus fades des siècles classiques, Daniel Ménager retrace l’émergence d’un signifié au fond assez flou, mais d’où peut se déduire le mérite paradoxal, en contexte moderne, de ce cas typique de « cliché ».
Puzzled by the shift from the shiny and triumphant « prata rident » of ancient poets to the rather dull « pleasant meadows » in the classic centuries, Daniel Ménager relates the birth of a pretty vague meaning, but nevertheless useful to understand the paradoxical value of this kind of « cliché ».
Caroline Andriot-Saillant, « Se dire végétal en son sol : l’être croissant du poète ou son déracinement (xvie-xxie siècles) »
Dans une enquête qui va de Marot à Bonnefoy, en passant par le Racan des Bergeries, Caroline Andriot-Saillant montre l’évolution de la métaphore végétale que les poètes s’appliquent à eux-mêmes, et les enjeux qu’elle recouvre, des questions de l’origine au désir d’universalité réticulaire.
In a study leading from Clément Marot to Yves Bonnefoy, including Racan’s Bergeries, Caroline Andriot-Saillant shows the evolution of vegetal metaphor that poets often apply to themselves, and the issues which lie behind it, from the question of the Origin to a wish of universal branching.
Francesca Romana Berno, « Cœur de pierre. La métaphore de l’insensibilité dans la littérature latine »
Sous la plume érudite de Francesca Romana Berno, et au fil de ses multiples références, la métaphore du « cœur de pierre », voire parfois « de fer », devient un objet littéraire tout à fait exemplaire, tant par sa souplesse originelle en matière d’assignations que par son ambiguïté appréciative.
With Francesca Romana Berno’s scholar investigation and throughout her many quotations, the metaphor of the « heart of stone », or even « iron heart », becomes a highly exemplary literary notion, both for its original flexibility in terms of application and for its ambiguity in personal assessment.
Isabelle Bétemps, « Le parcours du diamant, pierre d’amour(s) »
Du Moyen-Âge au xxe siècle, Isabelle Bétemps montre que la métaphore si usitée et si valorisante du « diamant » suit un parcours largement tributaire de l’histoire des mœurs et même des techniques, depuis sa confusion avec l’aimant jusqu’à la préséance du sème de la lumière sur celui de la dureté.
From the Middle-Age to the xxth century, Isabelle Bétemps shows that the usual and flattering metaphor of « diamond » follows a path which is widely resulting from the evolution of the mores and even of techniques, from the confusion with the lodestone to the primacy of brightness over hardness.
Alfredo Casamento, « L’homme, l’animal, la mort. Quelques emplois métaphoriques dans Bellum civile de Lucain »
Maintes références à l’appui, Alfredo Casamento montre comment peut se transformer l’orientation appréciative d’une même métaphore, en étudiant celle du lion, si classique et a priori laudative, mais qui prend chez Lucain, chez Sénèque et certains auteurs chrétiens une valeur critique étonnante.
With many references, Alfredo Casamento shows how deeply may change the value judgement implicitly contained in the same metaphor by studying the one of the lion, positive at first glance but which takes an amazingly critical meaning in Lucan, Seneca and some Christian early writers.
Christophe Imbert, « Spelunca latronis, spelunque de bestes farouches : Exploration de la profondeur d’un antre »
Une très ancienne métaphore intéresse Christophe Imbert : depuis la Jérusalem biblique et jusqu’au drame de la Commune, la « spelunque de bêtes farouches » sert la dénonciation virulente de toutes les corruptions, mais signale aussi, comme en sourdine, un lieu psychique qui menace l’humain.
Christophe Imbert is taking a keen interest in a very ancient metaphor : from the biblical Jerusalem until the Paris Commune, the « cave of wild beasts » or « den of thieves » helps sharp denounciations of all kinds of corruption and decline, but also indicates subtly a mental state threatening humanity.
Tony Gheeraert, « “Les nuées du fantasme”. Vapeurs et nuages d’Augustin à Port-Royal »
Partant de l’idée fort répandue que c’est le Romantisme qui a valorisé le nuage atmosphérique, Tony Gheerært suit de près ses emplois métaphoriques, depuis saint Augustin jusqu’à Port-Royal, et montre que les « nuées » sont au contraire un atout majeur et une précaution divine au service de la foi.
Working on the basic assumption that Romanticism has been the first cultural movement to give value to the cloud, Tony Gheerært closely follows its metaphorical uses, from Augustine to Port-Royal, showing that on the other hand, « clouds » are a major asset and a divine precaution toward believers.
Pascale Chiron, « Phébus par la verrière »
Les médiévaux usaient de la métaphore du soleil traversant le verre sans le briser pour signifier l’Incarnation : Pascale Chiron explique d’abord ce qui n’est désormais plus un prodige, puis suit les variantes nombreuses et fort diverses de ce motif, au fil d’une lente et inexorable désacralisation.
Middle-Age authors often used the metaphor of the sun passing through the glass without breaking it to signify the mystery of the Incarnation : Pascale Chiron first explains what isn’t a prodigy anymore, and then follows the many variations upon the theme, over a slow but inexorable desacralization.
Michèle Guéret-Laferté, « Le vol suspendu de la flèche. L’héritage métaphorique antique dans la littérature romanesque (1150-1230) »
Étudiant les reprises médiévales de la très antique métaphore de la flèche, Michèle Guéret-Laferté remarque chez les adaptateurs vernaculaires une étonnante liberté
de manœuvre, entre déplacements, additions gnomiques et morceaux de bravoure, ainsi qu’une irrésistible littéralisation du comparant.
Studying the medieval versions of the very old metaphor of the arrow, Michèle Guéret-Laferté points out in the vernacular adapters’ works a surprising freedom of action, sometimes by shifting, sometimes by adding a proverb or « piece of bravery », as well as an irresistible and increasing literality.
Hélène Casanova-Robin, « Couleur de neige : un topos antique revisité par les poètes néo-latins du Quattrocento »
Une métaphore aussi limpide que celle de la neige, qui disait l’éclatante blancheur de la peau chez les poètes de la Rome antique, s’est en réalité compliquée au fil des siècles, comme le montre Hélène Casanova-Robin, jusqu’à endosser sous les Médicis des signifiés insolites et parfois paradoxaux.
A very clear metaphor, like the one of the snow, which was used to celebrate the bright whiteness of the skin in ancient Rome poetry, has been in fact complicated over the centuries, as points out Hélène Casanova-Robin, so far as to carry, under the Medicis dynasty, some odd or paradoxical meanings.
John Nassichuk, « “Homo bulla est” : la métaphore de la bulle dans la littérature humaniste latine et française »
John Nassichuk montre comment la métaphore de la bulle d’air éphémère, appliquée dès les Anciens à la fragilité humaine, évolue au Moyen Âge, notamment dans la parénèse clunisienne qui la combine à d’autres comparants, avant que la Renaissance n’en fasse l’argument de récits métamorphiques orientés.
John Nassichuk shows how the metaphor of the short-lived air bubble, which was applied in the Antiquity to human weakness, changes over time in the Middle-Age, especially in the clunisian exhortative speech which mixes it with others, before giving metamorphosis tales in the Renaissance.
David Cowling, « “Mendier les langues étrangères”. Histoire d’une métaphore née de crises économiques (et autres) »
S’interrogeant sur la pérennité de la métaphore économique de l’« emprunt » en matière de langues, David Cowling montre que l’accompagne, de la Renaissance à nos jours, un imaginaire de la dépendance, de la dette et de la richesse exacerbé selon les époques par les crises économiques et religieuses.
Considering the durability of the metaphor of « borrowing » taken from economics and used in linguistic issues, David Cowling shows that, from the Renaissance to today, it has gone hand in hand with an imagination of dependency, debts, and wealth, increased according to economic and religious crisis.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-3374-0
- EAN : 9782812433740
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3374-0.p.0545
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 02/03/2015
- Langue : Français