2 À ma femme, et à tous les miens, en excuse de ce qu'ils ont si longtemps subi...
Le poids du ciel est là sur leurs épaules avec son équilibre. La pluie, le vent, l'orage chantent à leurs oreilles les enseignements sacrés. Autour d'eux, l'enlacement des fleuves, des rivières et des ruisseaux mesure le rythme de leurs pas. La montagne leur apprend à respirer. L'arbre leur fait connaître la façon d'être debout, immobile dans le désert de la terre, l'herbe leur donne des lits, les fleurs, les oiseaux, les pauvres bêtes à poils fauves, la souple reptation des martres dans la nuit, le renard qui marche sur les pierrailles, le serpent qui glisse dans le cocon vert des buissons, l'hirondelle, le gros poisson qui dort couché sur le dos onduleux des eaux. Tout, tout l'enseigne, lui parle, le dirige, le fait ! le fait homme.
J. Giono, LEauVive, Pléiade, t. III, p. 102.