Bulletin bibliographique
- Type de publication : Article de revue
- Revue : La Lettre clandestine
2020, n° 28. Pensées secrètes des académiciens. Fontenelle et ses confrères - Pages : 433 à 466
- Revue : La Lettre clandestine
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Éditions
Cardano (Girolamo), De consolatione. A cura di Marialuisa Baldi. Revisione filologica a cura di Elisabetta Tonello, Firenze, Olschki, « Hyperchen. Testi e studi per la storia della cultura del Rinascimento » (no 6), 2019, VI-284 p.
« Rédigé à la fin des années 1530, publié en 1542 puis en 1544 dans une nouvelle édition, le De consolatione marque le début (contrasté) de la fortune éditoriale de Cardan. Celui-ci y propose une nouvelle interprétation du genre classique de la “consolation”. Sur la base d’un extraordinaire entrelacement de la philosophie, de la médecine et de l’érudition humaniste, sont esquissés les contours d’un art de se protéger des adversités de la vie civile et de l’angoisse d’une existence incertaine sous ses divers aspects. Le texte offre en même temps un témoignage significatif sur les tensions politiques et religieuses qui ont traversé la culture de l’époque, encore imprégnée du projet érasmien de renouveau moral et civil du christianisme. »
Diderot, Éléments de physiologie. Édition critique par Motoichi Terada, Paris, Éditions Matériologiques, coll. « Histoire du matérialisme », mai 2019, 622 p.
« Œuvre inachevée, les Éléments de physiologie peuvent être considérés comme le testament philosophique de Diderot. Le philosophe y construit une philosophie matérialiste du vivant et de l’homme dont la force et la richesse n’ont cessé de frapper les lecteurs. Moment essentiel du matérialisme des Lumières, les Éléments sont aussi un texte complexe. La présente édition critique offre les outils nécessaires à sa compréhension et à son étude. Le texte, soigneusement établi, est complété d’un riche apparat critique. De précieuses notes de sources permettent de mieux voir comment Diderot construit sa propre réflexion à partir des textes des savants de son temps. L’introduction fait le point sur la genèse du texte et sa place dans l’œuvre du philosophe, tout en éclairant les principales questions philosophiques et scientifiques soulevées par Diderot. »
434Doutes des pyrrhoniens / Dudas de los pirrónicos. Traduction à l’espagnol, introduction et notes par Fernando Bahr, Buenos Aires, El cuenco de plata, coll. « El libertino erudito », 2018.
Ce manuscrit de 114 pages, inédit jusqu’à présent, est divisé en huit chapitre ou « Doutes », dont le dernier est de loin le plus long. La seule copie connue à ce jour est conservée à la Bibliothèque Royale de Belgique (ms. 15191) sous le titre Doutes des Pirroniens. Premierement si la Religion est formée, où vient de Dieu ; où bien si c’est un artifice des Hommes Politiques. Secondement, en suposant que Dieu en soit l’auteur ; savoir, qu’elle est la Veritable, et celle qu’il faut choisir, d’entre le grand nombre des Religions differentes qui sont répandües par toute la Terre. Cette copie est postérieure à 1721, mais, d’après Gianni Paganini, si l’on tient compte des sources citées et, surtout, de celles qui ne le sont pas (les Lettres persanes de Montesquieu, par exemple), on peut supposer que le texte a été écrit dans la deuxième décennie du xviiie siècle. Quant à son auteur, car tout indique qu’il est unique, aucun élément ne permet de l’identifier.
Giannone (Pietro), Vita di Piero Giannone scritta da lui medesimo / Vie de Pietro Giannone, écrite par lui-même (1736-1740) ; Professione di fide contro il Padre Sanfelice / Profession de foi (1729) et Abiura di Pietro Giannone / Abjuration(1738) : textes publiés par Gisela Schlüter et Giuseppe Ricuperati dans L’Affaire Giannone face à l’Europe, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2019, 360 p.
Pietro Giannone (1676-1748), avocat napolitain, érudit hétérodoxe et historien, “martyr de la vérité” (Voltaire) nous est ici présenté à travers sa vie et ses projets intellectuels, religieux et politiques. L’ouvrage rend accessible sa pensée à travers son autobiographie (extraits en italien et en français), écrite en prison dans les années 1736-1740, et le procès-verbal de son abjuration en l’année 1738 (publié intégralement et traduit en français pour la première fois). « Ce dernier document est confronté à une Profession de foi hautement ironique et quasi voltairienne rédigée par Giannone en 1729 : l’autobiographie et la Profession de foi semblent démentir l’abjuration, dont l’Église soupçonnait l’insincérité, de sorte qu’elle en empêcha la publication ». « Cette Affaire Giannone a eu des répercussions dans toute l’Europe. »
– Introduction par G. Ricuperati et G. Schlüter : « Pietro Giannone, un Européen radical des Lumières ».
I. Contextes de l’Abjuration. 1. Vita di Pietro Giannone scritta da lui medesimo / Vie de Pietro Giannone écrite par lui-même : l’autobiographie de Giannone. Introduction par G. Ricuperati.
2. Giannone, Professione di fede contro il Padre Sanfelice : Profession de foi. Introduction par G. Ricuperati : « La Profession de foi et son contexte ».
435II. Abjuration. 1. Giannone, Abiura di Pietro Giannone. Abjuration. Introduction par G. Ricuperati et G. Schlüter. 2. Giovan Battista Prever, Rapport sincère sur les opinions et sentiments du défunt avocat Giannone de Naples.
III. Approfondissements. 1. « L’ironie et son au-delà : stratégies discursives et performatives dans les écrits de Giannone », par G. Schlüter. 2. « La présence de Giannone dans l’Europe des Lumières », par G. Schlüter et G. Ricuperati.
– Bibliographie. Index des noms propres.
La Peyrère (Isaac), Praeadamitae – Systema theologicum(1655). Herausgegeben von Herbert Jaumann und Reimund B. Sdzuj, Stuttgart, Frommann-Holzboog, coll. « Freidenker der europäischen Aufklärung », 2019, 1096 p. et 7 ill.
« Cette édition bilingue contient les principaux ouvrages écrits du libre-penseur français Isaac La Peyrère (1598-1676), une annexe avec des commentaires sur les textes, des documents sur les origines et la réception des textes ainsi qu’une introduction historique sur le sujet abordé. La thèse des préadamites (Prae-Adamitae) occupa une place-clé dans la critique hérétique de la Bible au xviie siècle, puisqu’elle affirmait qu’il devait y avoir des êtres humains avant Adam et que la Bible ne raconte pas l’histoire de l’humanité en général, mais seulement du peuple élu d’Israël. »
Priestley (Joseph), Recherches sur la Matière et l’Esprit [1777]. Traduction et notes par Antoine Grandjean. Présentation par Pascal Taranto, Paris, Honoré Champion, coll. « L’Âge des Lumières », 2018, 386 p.
Les Recherches sur la Matière et l’Esprit (1777) constituent l’ouvrage métaphysique fondamental de Pristley, qualifié par ses contemporains de « furieux libre penseur ». « Il y défend un matérialisme dynamique dont il assume les implications mortalistes et nécessitaristes radicales. Son discours s’alimente à l’histoire – de la philosophie et des sciences – et appelle une herméneutique des textes religieux soutenue. Ce texte esquisse l’un des possibles saisissants de cette métaphysique post-newtonienne qui constituait, pour beaucoup, le destin de la philosophie au xviiie siècle. »
Raynal, Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, t. III, sous la direction de Cecil Courtney, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du xviiie siècle (c18), 2020, XXII-660 p.
Principes de l’édition. Table des indications. Livre X. Établissement des nations européennes dans le grand archipel de l’Amérique, éd. Jenny Mander. Livre XI. Les Européens vont acheter en Afrique des cultivateurs pour les Antilles. Manière dont 436se fait ce commerce. Productions dues aux travaux des esclaves, éd. Ann Thomson. Livre XII. Établissemens des Espagnols, des Hollandois & des Danois dans les isles de l’Amérique, éd. Cecil Courtney et Reinier Salverda. Livre XIII. Établissemens des François dans les isles de l’Amérique, éd. Muriel Brot. Livre XIV. Établissemens des Anglois dans les isles de l’Amérique, éd. †Peter Jimack. Index de Raynal. Variantes. Gianluigi Goggi : « Les contributions de Diderot aux livres X-XIV ».
Seidel (Martin), Origo et fundamenta religionis christianae : Un tratado clandestino del siglo xvii. Edicón, traducción y estudio Francisco Socas Gavilán y Pablo Toribio Pérez, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, coll. « Nueva Roma », 2017, 532 p.
« Ce livre présente, pour la première fois, une édition critique du traité clandestin Origo et fundamenta religionis christianae (vers 1600), basé sur tous les témoignages manuscrits et imprimés à notre disposition. Son auteur, Martin Seidel [né en Pologne vers 1545, inscrit en 1564 à l’Université de Heidelberg], apparaît dans l’Allemagne réformée comme le premier critique radical de la religion chrétienne qui, en plus de nier tout caractère surnaturel à l’Ancien Testament, démantèle le lien présumé du Nouveau avec les écrits historiques et prophétiques de la tradition juive, également réduits à leur substrat naturel. Seidel assume, défend et, dans la mesure de ses possibilités, diffuse une sorte de religiosité minimale de caractère déiste. Son œuvre représente l’un des premiers traités libres et critiques de la religion dominante en Europe qui nous ait été transmis sous le nom d’un auteur connu, dans une certaine mesure. »
Sorel (Charles), Les Récréations galantes. Suite de “La Maison des Jeux”. Édition critique avec l’analyse des variantes des trois éditions par Marcella Leopizzi. Préface de Giovanni Dotoli, Paris, Honoré Champion, 2020, 300 p.
« Ce travail constitue la première édition critique des Récréations Galantes. Grâce à cette publication, le lecteur peut lire une œuvre dont les exemplaires (datant de 1671, 1672, 1673) sont très rares et communiqués exceptionnellement aux lecteurs des bibliothèques, en raison de leur état de conservation. Notre étude permet en outre de parcourir les variations apportées par Sorel au fil des éditions. Le lecteur peut ainsi connaître la “suite” de La Maison des Jeux (1642) et l’évolution de l’iter narratif sorélien dans les sections des Récréations Galantes reliées à La Maison des Jeux, lesquelles, à la différence de l’ouvrage de 1642, ne présentent pas une voix plurielle, mais un discours à une seule voix narrative.
Recueil de pièces galantes qui ne découlent pas toutes de la même plume, cet ouvrage donne matière à réflexion sur la sociologie du jeu et conserve dans la mémoire culturelle les gaietés et galanteries de la vie intellectuelle mondaine du Grand Siècle, lesquelles cachent entre les lignes une veine dénonciatrice. »
437Voltaire, Lettres philosophiques. Édition d’Olivier Ferret et Antony McKenna [1re éd. 2010], Paris, Classiques Garnier, coll. « Classiques Jaunes », 2019, 604 p.
Voltaire, Lettre sur la nature de l’âme / [Lettre] Sur Mr. Locke / [Lettre] Sur l’âme : trois version successives publiées par Miguel Benítez : voir son Voltaire lit Locke répertorié infra parmi les « Études critiques ».
Voltaire, Lettres sur les Anglais (III) : Lettre sur M. Locke. Édition critique par Antony McKenna et Gianluca Mori, dans Œuvres complètes de Voltaire, 6C, Oxford, Voltaire Foundation, 2020, XIV + 000 p.
– Liste des abréviations. L’apparat critique. Les descriptions bibliographiques. Introduction.
I. Lettre sur Locke, manuscrit clandestin. 1. Un titre, deux textes : à la recherche de la Lettre sur Locke. 2. L’édition La Varenne (1736) et la première circulation manuscrite. 3. L’édition « Poppy » (1738) : Piron et Voltaire. 4. L’histoire matérielle du recueil Poppy. 5. De Paris à Berlin : Frédéric II et l’édition Reinbeck (1739). 6. Les amis-ennemis de Voltaire.
II. Voltaire philosophe : matière à penser. 1. Entre Locke et Lucrèce. 2. À l’origine de la « matière pensante » : Mersenne et Bayle. 3. « La montre qu’on appelle homme ». 4. Matière et organisation.
III. Manuscrits et éditions. 1. Manuscrits : Exemplaires complets ; Fragments et extraits ; Manuscrits perdus. 2. Éditions : La Varenne ; Recueil « Poppy » ; La Barre de Beaumarchais ; Reinbeck ; Cuenz ; Éditions collectives des œuvres de Voltaire.
IV. Histoire du texte et stemma codicum. Principes de l’édition.
– Lettre sur M. Locke (version modernisée de ms. 2557 avec annotation).
– Lettre sur Mr. Locke (transcription diplomatique de ms. 2557 avec variantes).
– Appendices. 1. Brevet accordé par Momus à l’auteur de la lettre sur Lok, puis : Nouveau trantran sur l’air de l’ancien. 2. Lettres du marquis de La Chétardie à Thiriot. 3. Lettre de Manteuffel à Reinbeck du 17 juin 1736. 4. Lettres du Président Jean Bouhier et de Gaspard Cuenz.
– Bibliographie. Liste des ouvrages cités. Index.
438Études critiques
Agnesina (Jacopo), The Philosophy of Anthony Collins. Free-thought and Atheism, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2018, 218 p.
« Anthony Collins (1676-1729) est le plus souvent évoqué pour son Discourse of Free-Thinking (1713), alors que ses positions philosophiques sont également audacieuses et largement novatrices : négation de l’intelligence divine et de tout dessein divin, rejet de l’existence d’une âme immatérielle, affirmation d’une conception déterministe de la nature, représentation de l’homme comme une machine proche de l’animal, nantie des mêmes impulsions hédonistes. Cependant, bien que ces principes constituent le noyau de ses travaux philosophiques, Collins était plus attaché à l’idéal de la liberté intellectuelle qu’à ses propres convictions. C’est pourquoi, tout au long de sa vie, depuis ses échanges avec Locke jusqu’aux débats qui se tinrent dans sa bibliothèque privée, il a continuellement poursuivi la confrontation ouverte, rejetant avec une ironie cinglante toute limitation de la liberté de pensée. »
– Introduction : Anthony Collins, free-thinker. 1. Foreword. 2. Atheism and schizophrenia. 3. Collins, uneasy Protestant, deist or atheist ? 4. Collins’s role and some unresolved questions. 5. Collins’s library. 6. Biographical notes : early years and his relationship with Locke. 7. Collins’s later life and his relationship with Des Maizeaux. 8. His works.
– Chapter 1. Reason and Above Reason. 1. Reason. 2. The polemic against mysteries, above and contrary to reason.
– Chapter 2. The debate with Samuel Clarke. 1. Consciousness, thought, personal identity, materialism. 2. Immaterial soul and material soul, the emergence of thought. 3. Personal identity and the individuation principle. 4. Materialism versus dualism, a proof of atheism ?
– Chapter 3. Collins’s anticlericalism. 1. Priestcraft in Perfection : “pious fraud” in England and Jerusalem. 2. The Independent Whig : practical atheism in the High Church. 3. The Independent Whig : Collins’s other articles.
– Chapter 4. God and his attributes. 1. Introduction. 2. The attributes of God according to William King. 3. Collins’s reply.
– Chapter 5 : Collins and free-thinking. 1. Introduction. 2. A Discourse of Free-thinking. 3. Collins’s reply to Bénédict. 4. The defence of Whiston’s freedom in Grounds and Reasons. 5. Free-thinking and free communication. 6. The defence of « scheme of liberty » against the Reverend Dr. Rogers. 7. Tolerance, and « scheme of liberty ».
439– Chapter 6. Collins and logical determinism. 1. Causal determinism and logical determinism. 2. Hobbes, Locke and Collins. 3. The debate with Clarke. 4. Bayle and the freedom of indifference. 5. The anti-necessitarian model of Bayle and Leibniz. 6. Determinism and necessitarianism : the case of Spinoza. 7. Traces of Spinoza and of « Spinosism » in Collins’s texts. 8. Collins a necessitarian ? Some conclusions. 9. A Dissertation on Liverty and Necessity and its debated attribution.
– Chapter 7. Collins’s Biblical criticism. 1. Introduction. 2. Spinoza and the Theological-Political Treatise. 3. Richard Simon, the “father of Biblical criticism”. 4. Locke and The Reasonableness of Christianity. 5. Toland and Collins : the rejection of “above reason”. 6. The Bible and knowledge : revelation as a source of information. 7. A philosophical crusade : the Boyle Lectures. 8. William Whiston : prophecy and the restoration of the Holy Scriptures. 9. Behind the scenes : Newton, Whiston, and the role of prophecy for the new science. 10. Collins, critic of Whiston. 11. Collins and the allegorical symbolic solution : Surenhusius’s way. 12. Reason or rhetoric ? The true significance of Collins’s criticism.
– Chapter 8. Irony and ridicule : persecution and the art of writing. 1. Question of attribution. 2. The case of Thomas Woolston and A Discourse on Ridicule : is there a link ? 3. A Discourse on Irony : why was it written, when was it published ? 4. A Discourse on Ridicule and Irony in Writing.
– Conclusion. Collins : a systematic atheism. 1. Some conclusions. 2. The crisis of dualism : criticism of Clarke and the affirmation of a materialist ontology. 3. The attributes of God and atheism : God as first cause with no design. 4. Determinism and logical necessity. 5. Criticism of the literal reality of the Scriptures : an attack on Newton. 6. Public morality and freedom : the conclusions of Collins’s philosophical system.
– Appendix : Collins translator of Cicero. 1. A translation never published ? 2. Posthumous publication ? 3. Why De natura deorum ? 4. A possible attribution ? 5. Conclusions.
– Bibliography. Anthony Collins’s works. Further primary bibliography. Secondary bibliography on Anthony Collins. Monographs. Articles and Essays. Further secondary bibliography.
– Index.
Andrault (Raphaële), « Leibniz, Cyrano et le meilleur des corps possibles », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 167-188.
« Cet article s’attache à l’usage des romans de Cyrano de Bergerac dans la philosophie de Leibniz. À plusieurs reprises, Leibniz convoque un même passage des États et empires du soleil, celui où “l’imaginatif Cyrano” décrit les aptitudes singulières de créatures solaires qui ne connaissent pas la douleur, et dont les corps peuvent se régénérer à loisir. Une telle fiction est utilisée par Leibniz pour montrer que le corps humain n’est pas le meilleur des corps possibles. »
440Argaud (Élodie), Épicurisme et augustinisme dans la pensée de Pierre Bayle. Une affinité paradoxale, Paris, Honoré Champion, coll. « Vie des Huguenots », 2019, 676 p.
« Que signifie, sous la plume de Bayle, l’adjectif “épicurien”, lorsqu’il se trouve appliqué, tour à tour, à des penseurs aussi différents que Pascal ou Malebranche ? Comment comprendre que l’augustinisme extrême puisse rejoindre, aux yeux de Bayle, l’épicurisme ? […]. Cette affinité repose sur la notion de plaisir, dont Bayle montre qu’elle est au cœur des anthropologies augustinienne et épicurienne. Il en décline tour à tour les conséquences morale, théologique, spirituelle, politique et épistémologique, jusqu’à récrire ce que l’on peut considérer comme un dialogue entre Augustin et Épicure, dialogue qui n’a pas été véritablement institué à ses yeux. Il en résulte que les idées d’Épicure lui paraissent beaucoup plus “proportionnées” à l’état de l’homme tel qu’il est. »
– I. Anthropologies du plaisir. Chap. 1 : « Tout plaisir est un bien » : problèmes d’un principe anthropologique. Chap. 2 : « Comme si » le plaisir était un mal. Tout plaisir est un bien, mais tout plaisir n’est pas à choisir : les traités augustiniens de dévotion, arrière-plan de la querelle sur le plaisir ?
– II. Plaisir et morale. Chap. 3 : « Trahit sua quemque voluptas » : la volonté est-elle une volupté ? La mémoire de Virgile dans les Pensées diverses sur la comète. Chap. 4 : La seconde vie des Pensées diverses. Chap. 5 : Intérêt, amour-propre et capacité : Bayle, lecteur du pari de Pascal.
– III. Spiritualité du plaisir. Chap. 6 : « Quels travers d’esprit ! » : zèle et discernement entre les plaisirs chez Pierre Jurieu et Élie Saurin. Le contexte « épicurien » de la rédaction du Commentaire philosophique. Chap. 7 : Le plaisir et le zèle : la cohérence d’une anthropologie du plaisir pour relire le Commentaire philosophique. Chap. 8 : L’honnêteté, envers du zèle. Plaisir et évidence.
– IV. Plaisir et métaphysique. Chap. 9 : Confronter deux pensées déterministes : le sens philosophique d’une controverse augustinienne sur la prédestination– le cas du § 102 de la Continuation des Pensées diverses.
– Conclusion : « Un phantôme dont on veut faire peur au monde ».
– Annexes. I. Le « panhédonisme », une catégorie fénelonienne pour l’histoire littéraire ? L’Histoire littéraire du sentiment religieux de H. Bremond et le procès de tendance épicurienne. II. « Ceux qui savent Virgile » : histoire d’une cellule Idéelle. III : Économie épicurienne des plaisirs et aliénation augustinienne aux plaisirs : la lecture de Fénelon. IV : Zèle et évidence chez Nicole : le cas du divertissement.
– Bibliographie. Index nominum.
[Table complète sur https://www.honorechampion.com/fr/champion/11012-book-08535047-9782745350473.html : Fiche technique, Extraits]
Voir infra le compte rendu par Gianluca Mori.
441Azerhad (Annick), Le Dialogue philosophique dans les contes de Voltaire, Paris, Honoré Champion, coll. « Les dix-huitièmes siècles », 2019, 444 p.
« L’étude du dialogue philosophique en tant que procédé dans les contes de Voltaire, et non en tant que genre autonome et codifié, ouvre une perspective nouvelle de recherche sur son utilisation dans le genre narratif. Elle permet, en l’occurrence, de dégager des constantes sur le plan philosophique : méfiance par rapport au langage, nécessité de redéfinir une parole concise, juste et efficace dans le cadre des relations sociales, dans le domaine moral et dans celui de la recherche scientifique. L’ouverture d’esprit et l’honnêteté intellectuelle des locuteurs sont indispensables. L’esthétique des dialogues rend compte de ces conceptions : parti pris de la brièveté, dialogue prenant la forme de parabole, d’apologue ou de prophétie pour exprimer des intuitions qui ne sauraient être démontrées, traitement original du topos de la conversation. L’interaction entre le dialogue philosophique et la forme du conte donne une épaisseur supplémentaire aux propos échangés. Au cours de leurs aventures, les personnages sont confrontés aux faits. Ils vivent des expériences sur le plan social, politique, scientifique ou philosophique qui confirment ou infirment la pertinence de leurs assertions. La souplesse du genre du conte favorise l’émergence de la satire, au sens étymologique du terme et dans son acception plus moderne. Le dialogue acquiert une spécificité qui consiste en la parodie de son principe ou qui donne naissance, entre autres, à une écriture narrativo-théâtrale inédite. »
Introduction. I. Le conte, lieu privilégié du procès de la parole – instrument essentiel du dialogue philosophique. II. Les conditions et les limites d’un dialogue philosophique. III. L’esthétique des dialogues philosophiques dans les contes de voltaire. IV. L’interaction entre le dialogue philosophique et le genre du conte. Bibliographie. Index des œuvres. Index des noms de personnes.
Bah-Ostrowiecki (Hélène), « Les fantômes de la rationalité antireligieuse. Fabula et figmentum dans le Theophrastus redivivus », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 87-108.
« Matérialiste et athée, le Theophrastus redivivus attaque la religion en tant qu’invention humaine extérieure à la nature. La condamnation de tout ce qui dépasse la rationalité naturelle fondée sur les sens le conduit à une critique de l’imagination, faculté productrice de forme selon deux axes : herméneutique (fabula, création langagière) et pratique (figmentum, fabrication). Mais cette critique naturaliste exploite des arguments similaires à ceux de la religion, qui la hantent comme des fantômes. »
442Banderier (Gilles), « Une allusion à Théophile de Viaudans un pamphlet contemporain », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019, [« Notes et documents »], p. 363-365.
Allusion précaire contenue dans un pamphlet de Jacques Leschassier (1550-1625), initialement paru en 1613, réédité posthume en 1626 sous le titre Pour la seureté de la vie et de l’estat des Roys contre les impietez de ceux qui ont escrit contre leurs puissances Souveraines.
Benítez (Miguel), Voltaire lit Locke. Une étude critique de la “Lettre sur l’âme”, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2019, 486 p.
« L’ouvrage suit le parcours de la pensée de Voltaire sur la nature et sur la destinée de l’âme, inspirée par l’idée d’une matière pensante, sommairement avancée par Locke dans son Essay concerning Human Understanding et affinée dans sa dispute avec l’évêque Stillingfleet. Il s’articule autour des trois versions différentes que Voltaire a données successivement de la lettre Sur Mr. Locke, faisant partie de ses lettres sur les Anglais. La nature du sujet abordé fait que Voltaire se cache derrière Locke ; il n’entend pas le résumer, mais le repenser à sa manière, expliciter ce qu’il n’aurait pas osé dire. Poussé par le besoin de garantir par la raison l’immortalité d’une âme matérielle, il a d’abord “obscurci” dans la version publiée dans les Lettres philosophiques un premier discours “sur la nature de l’âme” qu’il fait circuler parmi ses amis. Sitôt publiée cette deuxième version, Voltaire, alerté par ses proches, pense à modifier son texte. Au cours des discussions avec Formont et le père Tournemine, il a mûri lentement la solution, qu’il a ébauchée en partie dans le Traité de métaphysique et dans les Eléments de la philosophie de Newton. La troisième version de la lettre sur Locke ne verra la lumière qu’en 1748, dans les Mélanges de philosophie et de littérature, où l’âme matérielle est réduite à la condition d’un atome dont les parties sont physiquement insécables, indestructibles par conséquent. »
– Ce que Locke a vraiment dit sur la matière pensante. L’âme matérielle dans l’essay concerning human understanding (L’âme est le propre de l’homme. La nature matérielle de l’âme n’est qu’une conjecture). La discussion avec l’évêque Stillingfleet.
– Trois versions de la lettre de Voltaire Sur Mr. Locke.
(1) La version originale : « Lettre sur la nature de l’âme ». Les documents : la circulation manuscrite et les éditions. Le choix d’un document. Principes de l’édition. Lettre sur Mr. Locke [Édition]. Sources de la Lettre. Examen de la Lettre (Voltaire, interprète de Locke ; le malebranchisme comme adversaire complice ; une démonstration maladroite ; Voltaire sceptique ? une immortalité en tout point impossible ; un goût de la provocation ?). Des traces de la Lettre sur la nature de l’âme (A. Ame dissertation. B. Lettre de Voltaire Sur le traité de 443l’ame par mr Lock philosophe anglois du mois de juin 1736. Extrait. C. Lettre d’un Anonime Sur Mr. Locke. D. Sur la nature de l’ame).
(2) Une version obscurcie dans les Lettres philosophiques. Édition de la lettre Sur mr. Locke. Examen de cette lettre : Locke, ou la découverte d’un nouveau continent en philosophie (les Opinions des philosophes sur la nature de l’âme ; l’opposition aux cartésiens ; la rupture de Locke). Après Locke, Voltaire (la matière organisée dans le corps peut penser ; Dieu peut donner la pensée à la matière organisée dans le corps ; l’immortalité de l’âme, une question de foi).
– Une longue et complexe transition : en quête d’un texte définitif. 1. La relecture proposée à Formont : un soupçon d’athéisme. 2. Le Traité de métaphysique : la philosophie d’un être pensant venant de l’espace (Ce qu’un tel philosophe peut croire sur l’âme. Probablement rien ne survit au corps après sa désagrégation). 3. La discussion avec le père Tournemine : les liaisons impossibles (1re lettre : dans le doute, Voltaire parie pour la matière pensante. 2e lettre : Newton, à la rescousse de Voltaire et de Locke. 3e lettre : la volte-face, l’âme faite de matière : Dieu peut communiquer la pensée à la matière. Dieu a probablement communiqué la pensée à la matière. L’immortalité de l’âme matérielle). 4. Tournemine comme prétexte : Locke encore revisité dans la correspondance avec Formont. 5. Un « petit ouvrage » sur la philosophie de newton, ou l’ouverture d’une troisième voie (Newton métaphysicien. Les péripéties de la métaphysique de newton)
(3) Une dernière version profondément remaniée dans les Mélanges de littérature et de philosophie : sur l’âme.
Édition de la lettre Sur l’âme. Examen de la lettre sur l’âme (Locke, ou la rupture avec le passé en philosophie. Le discours des bons philosophes sur l’âme : la vie est un don que dieu fait à la matière ; l’âme des bêtes ; l’âme humaine).
– Conclusions : dieu donne la faculté de penser à la matière.
– Bibliographie. Table analytique de matières. Index des noms.
Voir infra le compte rendu par Geneviève Artigas-Menant.
Bombart (Mathilde), « Libertinage, socialisme et bibliophilie : l’éditeur Jules Gay », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xix esiècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 299-309.
« Jules Gay fut un éditeur prolifique d’œuvres licencieuses de l’Ancien Régime. Il fut aussiun socialiste engagé. Cette étude s’interroge sur les liens entre ces deux aspects de sa carrière, traités séparément par l’historiographie. Ses écrits socialistes revendiquent la liberté sexuelleet dénoncent l’hypocrisie du traitement juridique et politique de l’obscénité, dont le commercede la bibliophilie que pratique Gay est lui-même victime en même temps qu’il enprofite. Son cas révèle l’ambiguïté idéologique et sociale de la publication des écrits licencieuxsous le Second Empire et dans les premières années de la iiieRépublique, à la foissupport d’un discours émancipateur et pourvoyeuse des plaisirs d’une élite collectionneuse. »
444Brunet (Serge) et Suire (Éric), (dir.), Les Dévots de France, de la Sainte Ligue aux Lumières. Militance et réseaux, Bordeaux, P.U. de Bordeaux, coll. « Identités religieuses », 2019, 295 p.
Fruit de rencontres organisées à l’Université Paul-Valéry Montpellier III, ce livre aborde ces « perdants de l’Histoire » que sont les dévots sous l’angle de treize contributions qui « reconstituent, tout d’abord, les affinités et les modes d’association des dévots, dans l’orbite de l’Oratoire, de Saint-Sulpice et de la Compagnie de Jésus », « approfondissent, ensuite, la question de leur engagement politique, à travers leur implication dans la querelle janséniste, leurs activités dans les provinces françaises, leurs liens avec l’Espagne, leur positionnement à l’égard de la monarchie absolue » et « restituent, pour finir, leurs œuvres spirituelles et charitables, en s’attachant à refléter la diversité de ces dernières : dons de reliques, missions rurales, assistance aux pauvres, évangélisation de la Chine. »
On trouvera le sommaire sur http://www.lcdpu.fr/
Burson (Jeffrey D.), Matytsin (Anton M.), (dir.), The Skeptical Enlightenment. Doubt and Certainty in the Age of Reason, dir., Liverpool University Press / Oxford, Voltaire Foundation, coll. « Oxford University Studies in the Enlightenment », 2019, 235 p.
« Ce recueil remet en question l’idée que le xviiie siècle n’était qu’un “âge de raison” et dépeint une culture plus complexe dans laquelle le scepticisme philosophique était plus central qu’on ne l’a dit. »
Anton M. Matytsin and Jeffrey D. Burson : Introduction : « From an “age Of skepticism” to an “age Of reason” » ; Jeffrey D. Burson : « Healing the skeptical crisis and rectifying Cartesianisms : the notion of the Jesuit synthesis revisited » ; Elena Rapetti : « “A man who sticks only to his own sentiments” : Pierre-Daniel Huet’s Traité philosophique de la foiblesse de l’esprit humain » ; Martin Mulsow and John Christian Laursen : « Georg Michael Heber on legal and (possibly) religious skepticism in early Enlightenment Germany » ; Sébastien Charles : « George Berkeley, or the skeptic in spite of himself » ; Rodrigo Brandão : « Voltaire and modern skeptical doubt » ; John P. Wright : « Skepticism and incomprehensibility in Bayle and Hume » ; Anton M. Matytsin : « Taming thought with practice : philosophical skepticism in the Encyclopédie » ; Alan Charles Kors : « Political skepticism in Holbach’s circle ». Summaries. Bibliography. Index.
Charreire (Magali), « Paul Lacroix et les “libertins érudits” du xviie siècle : enjeux d’un inventaire romantique au xixe siècle », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixe siècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 285-298.
445« L’inventaire des libertins érudits du xviie siècle dressé dès la première moitié duxixe siècle par Paul Lacroix (1806-1884), romancier et bibliophile, pose la question desenjeux de leur exhumation. Entre aspirations politiques et sociales d’un écrivain marginal, se dessine la réhabilitation instrumentalisée de ce groupe antérieur également marginalisé, réuni par une même culture de la transgression. Les libertins érudits du xviie siècle représententainsi un vivier bibliographique et romanesque dans lequel l’érudit puise abondamment, entre éditions critiques, roman-feuilleton (Le Singe, histoire du temps de Louis xiv, 1666, 1842) et filon bibliophilique. »
Chukurian (Aurélien), Descartes et le christianisme. L’approche philosophique de l’eucharistie, Paris, Classiques Garnier, coll. « Les Anciens et les Modernes – Études de philosophie », 2019, 345 p.
« Présentant Descartes comme un penseur cherchant à établir un accord entre ses principes philosophiques et le christianisme, l’ouvrage détermine le sens de cet accord à l’aune des explications eucharistiques, de sorte à dégager les modalités d’articulation entre sa philosophie et le champ théologique. »
– Étape propédeutique. Contextualisation. L’eucharistie dans la tradition catholique. Rapport du concile à Thomas.
– La genèse de la théorie eucharistique cartésienne. Étonnement du lecteur. L’apparition de l’eucharistie dans la Lettre au Père Mersenne de 1630.
– L’explication du sort des espèces. Les Quatrièmes Objections. La réception de l’explication cartésienne : satisfaction et objections. Difficultés de l’explication cartésienne.
– L’explication du mode de présence. Préambule. Première partie de l’explication cartésienne. Seconde partie de l’explication cartésienne. La réception du Jésuite et prolongement de l’explication.
– Conclusion. Bibliographie. Index nominum. Index rerum.
Dix-septième siècle [xviie siècle], no 283, LXXI-2, avril-juin 2019 : Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixesiècle : voir sous Rosellini (Michèle).
Donné (Boris), Vanini, portrait au noir. Documents choisis, établis & présentés par B.D., Paris, Allia, 2019, 144 p.
Ce livre « s’attache à faire découvrir ce philosophe à travers une anthologie de ces documents d’époque qui ont marqué les esprits. Ils composent un portrait fascinant du personnage, et un abrégé de ses idées les plus audacieuses : Dieu se confond avec la nature, véritable “déesse” de l’univers ; cet univers est infini ; il n’y a ni diable ni Enfer ; l’âme meurt en même temps que le corps ; les religions sont des impostures destinées à rendre les hommes plus dociles à gouverner, etc. Ces documents donnent aussi à lire la haine 446des fanatiques contre tous ceux qui, comme Vanini, osaient alors penser en dehors des “vérités” permises. L’anthologie de documents est assortie d’une longue présentation qui retrace de manière historique et objective le parcours de Vanini, présente les grandes lignes de sa pensée, et évoque son influence. »
Ducrocq (Myriam-Isabelle) et Ghermani (Laïla), (dir.), Le Prince, le despote, le tyran : figures du souverain en Europe, de la Renaissance aux Lumières, Paris, Honoré Champion, coll. « Les dix-huitièmes siècles », 2019, 334 p.
« Née dans un contexte de profondes mutations politico-religieuses engendrées notamment par la naissance de monarchies territoriales centralisées et autonomes, par la Réforme protestante et par les guerres de religion, la notion de souveraineté est à la fois le lieu d’innovations juridiques et philosophiques et le lieu de nombreuses tensions. Au moment même où la doctrine de la souveraineté prend son essor, les figures-types du bon prince, du despote et du tyran, héritées de l’Antiquité et du Moyen Âge, ressurgissent en effet avec une nouvelle acuité. Devant les dangers qui peuvent naître de la rencontre entre une puissance souveraine et une volonté humaine déréglée par les passions, les écrits philosophiques, politiques et littéraires témoignent tous de la nécessité à la fois de remettre en jeu et de réinterpréter ces trois modèles de gouvernants pour tenter de limiter ou de réguler le pouvoir absolu du monarque. Par ailleurs, la réalité du règne des reines vient confronter la théorie de la souveraineté avec la représentation des sexes chez des penseurs majoritairement attachés au système patriarcal. C’est donc à un difficile exercice d’équilibre et d’adaptation que s’adonnent Bodin, Buchanan, Shakespeare, Samuel Daniel, Hobbes ou encore Montesquieu, durant cette période clé. L’image qu’ils nous donnent du souverain n’est ni cohérente ni stable, mais fissurée par les contradictions. »
– Introduction par Myriam-Isabelle Ducrocq et Laïla Ghermani.
I. Le prince, le despote, le tyran dans l’Europe de la Réforme. Mario Turchetti : « La leçon de Jean Bodin (1530-1596) sur la distinction “vitale”, oubliée, entre despotisme et tyrannie » ; Armel Dubois-Nayt : « Marie de Guise : femme prince ou “tyranne” ? » ; Teresa Malinowski : « L’expérience polonaise d’Henri iii dans les écrits de la ligue : un réquisitoire contre le valois tyran » ; Christine sukic : « “we have made a god of our owne bloud” : alexander the great as hero and tyrant on the early modern stage » ; Gilles Bertheau : « King James and “pontificiall tyrannie” ».
II. Déconstruire et repenser la tyrannie à l’heure des Révolutions anglaises. Blandine kriegel : « Le prince, le tyran, le despote, figures du souverain chez Bodin, Hobbes, Spinoza ou le prince moderne, de la souveraineté absolue à la séparation des pouvoirs » ; Raffaella Santi : « “unus tyrannus” ? Aristotle’s mistake and the dissolution of tyranny in Hobbes’s Leviathans » ; Mary Nyquist : « Hobbes on despotic power, tyranny, and resistance » ; Claire Gheeraert-Graffeuille : 447« formes et figures de la tyrannie dans les memoirs of the life of colonelHutchinson de Lucy Hutchinson ».
III. Reflets du despote et du tyran dans l’Europe des Lumières et de la Révolution. Monique Cottret : « Damiens et l’image de Louis xv, les faux-semblants du tyrannicide au tournant des Lumières » ; Carine Lounissi : « “A sovereignty to will and a sovereignty to act” : du tyran monarchique au souverain républicain chez Thomas Paine » ; Susan Levin : « From king log to despot : the turning point of Varennes in the republican press. » ; Felix Mangano : « tyrannicide et politique linguistique : la langue mise au service du peuple souverain par Henri Grégoire ».
–Bibliographie. Index nominum. Index rerum.
Ferraro (Angela), La Réception de Malebranche en France au xviiie siècle. Métaphysique et épistémologie, Paris, Classiques Garnier, coll. « Constitution de la modernité », 2019, 410 p.
« Cet ouvrage met en valeur la contribution que la philosophie de Malebranche a donnée au développement des Lumières. On montre que la réflexion de l’oratorien a alimenté des courants de pensée différents, voire opposés, et qu’elle a joué un rôle crucial dans des processus capitaux de l’époque moderne. »
– Introduction.
– La physiologie de l’esprit (« Et surtout une mécanique du corps humain si admirable… » ; « La Réception de la physiologie malebranchiste de l’esprit », (I) et II)).
– L’obscurité de l’âme à elle-même (Malebranche ou Locke ? Des « grandes leçons d’humilité ». La réception de la thèse malebranchiste de l’obscurité de l’âme à elle-même depuis la diffusion des idées de Locke sur le continent).
– L’essence divine représentative de tous les êtres (Sous le signe de la trahison et de l’hostilité. Une juste crainte ? La définition malebranchiste de Dieu altérée et radicalisée. L’appel à l’ignorance).
– Le statut problématique des corps (Malebranche spinoziste spirituel ? Entre matérialisme et scepticisme. Lectures hétérodoxes de l’étendue intelligible dans la première moitié du xviiie siècle. Le doute malebranchiste sur l’existence des corps dans les textes parus après 1740 : sous le signe de la polémique).
Folliard (Melaine), « Un libertinage qui ne pense pas ? Théophile de Viau au xixe siècle », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixe siècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 223-235.
Si longtemps victime de son image libertine, Théophile de Viau fait l’objet d’une réhabilitation ambiguë au xixe siècle. Les différentes lectures de son œuvre montrent que lanotion de système empêche que puisse être restituée la cohérence de sa production. Paradoxalement, en cherchant à absoudre l’écrivain, on lui a refusé toute valeur de pensée : sonœuvre est présentée 448comme un faux système reflétant une immoralité contingente, soumiseaux aléas de l’histoire. Toutefois, cette incomplétude critique a permis d’esquisser un aspectessentiel de l’œuvre : un système poétique où la pensée agit sans recourir à quelque principequi la transcende.
Frajese (Vittorio), Dal libertinismo ai Lumi, Roma 1690 - Torino 1727, Roma, Viella, 2016, 216 p.
« Les résumés conservés aux Archives du Saint-Office romain permettent de reconstituer le vaste tissu d’idées et de relations qui se sont développées à Rome entre les enseignants de la Sapienza, les membres du Congrès médical, les nobles et les bibliothécaires dans les années 1680. L’analyse de la documentation procédurale révèle que, parallèlement au procès napolitain contre les “athées”, deux procès eurent lieu à Rome, impliquant des personnes beaucoup plus importantes [jusqu’aux familles Colonna et Mancini] et nombreuses qu’à Naples, pour aboutir à une conclusion beaucoup plus dramatique et sanglante. » L’affaire alarma les congrégations romaines de l’Index et du Saint-Office et, au-delà, marqua profondément l’Italie de l’époque.
Introduzione. 1. I processi romani del 1690 (I Bianchi. I medici. I discorsi di Antonio Oliva. Le difese. Le pene). 2. Chi insabbiò il processo a Lancisi ? (Tra i Colonna e i Mancini. Nel convento dei Santissimi Apostoli). 3. Aspettando Spinoza (Il Cimento. Regredendo. Naturalismo e magia. Il machiavellismo. Il controvangelo ebraico. Spinoza in Italia). 4. Il ruolo di “Arcadia” (I primi tempi di Arcadia. La Grecia di Gravina. L’attacco di Sergardi). 5. La scelta civile (Giambattista Spinola. La proibizione delle Satire. La riforma dell’istruzione romana. La scuola giurisdizionalistica). Conclusioni. Indice dei nomi.
Friche (François,), Entre ciel et terre. Romans comiques et mystère de l’Incarnation (1620-1660), Paris, Hermann, 2017, 548 p.
L’auteur entend montrer la prégnance du récit de l’Incarnation dans les romans de Théophile, de Sorel, de Tristan, de Scarron, de Cyrano et de quelques autres, et « qu’existent entre eux des analogies diverses et profondes » (compte rendu de Frédéric Charbonneau dans xviie siècle, no 283, LXXI-2, 2019, p. 373-374).
Galland (Sébastien), « Survivances, hantises et attractions du merveilleux chez Giordano Bruno », dans Dominique de Courcelles (dir.), La Raison du merveilleux à la fin du Moyen Âge et dans la première modernité. Textes et images, Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 95-106.
« Le matérialisme lucrétien de Giordano Bruno fait de la nature une puissance active produisant aussi bien les formes corporelles que les formes incorporelles, une puissance matérielle dont la cause et le principe se trouvent dans 449la substance divine infinie, en tant que Dieu est cette matière naturelle qui ne cesse de se déployer dans son uni-diversité. Telle est la raison du merveilleux qui joue des associations naturelles ou artistiques. Un éros cosmique unit les êtres. »
Gengoux (Nicole), « De l’imagination illusoire à l’imagination créative. Le Theophrastus redivivus et Cyrano de Bergerac », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 109-132.
« L’analyse comparée du traité anonyme Theophrastus redivivus et des romans de Cyrano de Bergerac permet de mettre en évidence un double usage de l’imagination : en tant qu’illusoire, elle permet de critiquer les superstitions et la religion, mais son enracinement naturel et matériel lui permet aussi d’avoir un rôle éthique dans le Theophrastus et même, chez Cyrano, scientifique grâce à la physique cartésienne : l’imagination serait-elle un outil du matérialisme et, plus particulièrement, du mécanisme ? »
Giavarini (Laurence), « L’imagination à Loudun, conjoncture libertine », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 67-85.
« La question de l’imagination est envisagée non pas dans l’histoire longue des idées libertines, mais dans le cadre de ce que nous appelons une “conjoncture libertine”. Une controverse, lisible dans trois écrits pendant “la possession de Loudun” (1634-1635), montre que le discours en faveur de l’imagination des possédées a pu être mis du côté du libertinage dans le cadre d’une stratégie politique, autour de Richelieu, de définition des idées médicales et d’affirmation de la liberté des auteurs. »
Giocanti (Sylvia), « Penser librement la religion au moyen de l’imagination. L’exemple sceptique de la parabole des trois anneaux dans le Décaméron (1350) de Boccace et Nathan le Sage (1779) de Lessing », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 223-243.
« Quelle est la fonction philosophique de la parabole des trois anneaux dans le Décaméron de Boccace et Nathan le Sage de Lessing ? Cet article montre que la suspension de l’administration de la preuve concernant les vérités religieuses autorise une réorganisation sceptique du discours par l’imagination qui, en humanisant notre rapport à Dieu, favorise la modération dans le partage des affects et la tolérance entre les communautés religieuses. »
450Hacques (Romain), « Philosopher avec les nymphes. L’imagination dans le Comte de Gabalis de Montfaucon de Villars », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 149-166.
« Dans ce dialogue parodique qui expose les théories fantasques du comte de Gabalis, lequel peuple le monde de créatures imaginaires, visibles aux seuls philosophes, s’élabore une conception de l’imagination débridée comme fonction critique et matrice de l’œuvre littéraire. En nouant, sans les exclure, les folies de l’imagination au champ du rationnel, ce texte entend se réapproprier les problématiques philosophiques et scientifiques et les traiter par l’imagination. »
Julia (Aurélie), Frédéric Lachèvre (1855-1943). Un érudit à la découverte du xviie siècle libertin, Paris, Honoré Champion, 2019, 230 p.
« Les Bibliographies des recueils collectifs de poésie du xviie siècle valurent à Frédéric Lachèvre (1855-1943) la réputation de “bibliographe-bénédictin”. Promis à une belle carrière financière, c’est seulement à l’âge de quarante-cinq ans que l’autodidacte publie ses premières études : Jacques Vallée Des Barreaux, Théophile de Viau, Saint-Pavin, Claude de Chouvigny… Sous sa plume, c’est tout l’univers libertin d’un siècle alors mal connu, voire méconnu, qui renaît. L’analyse livre parfois des commentaires personnels qui peuvent prêter à sourire : la vision engagée du chercheur témoigne d’une sensibilité propre à un certain milieu. D’un style souple et léger, quelquefois sarcastique et incisif, l’œuvre de Frédéric Lachèvre invite à se plonger dans le monde des petits poètes et des libres penseurs du xviie siècle.
Rappeler les travaux scientifiques de Frédéric Lachèvre conduit à évoquer des notions aussi diverses que bibliophilie, bibliographie, censure. Avec elles réapparaissent des personnalités érudites comme Charles Nodier, Jacques-Charles Brunet, Pierre Louÿs, Fernand Vandérem, Georges Mongrédien. »
–Avant-propos : Tout s’achève-t-il en Sorbonne ?
– Introduction : « La plus belle vie du monde ».
– I. Frédéric Lachèvre, un esprit en clair-obscur. Du financier à l’homme de lettres. Présentation d’une œuvre érudite (Une enquête sur le libertinage. Des découvertes au service de l’histoire littéraire). L’édition des textes. L’histoire contemporaine vue par Frédéric Lachèvre.
– II. Bibliophiles, bibliographes : des fervents du livre. Des collectionneurs (Repères chronologiques. Différentes perceptions du bibliophile. La bibliothèque de Frédéric Lachèvre. Ex-libris). La bibliographie (Approche et statuts. Travail bibliographique de Frédéric Lachèvre. Les défauts du bibliographe, avertissements de Frédéric Lachèvre). Pierre Louÿs et Frédéric Lachèvre (Rencontre entre deux bibliographes. Quelques études de Pierre Louÿs publiées par Frédéric Lachèvre).
451–III. Un xviie siècle sous le sceau de la vertu et du libertinage. L’histoire littéraire : naissance d’un concept. Une curiosité naissante (Le xviie siècle : origine nationale du romantisme. Source d’inspiration poétique). Nouvelles perspectives (Définir les écrivains mineurs. Un miroir aux alouettes). Dévoiler le libertinage (Sources. La charte du libertinage selon Frédéric Lachèvre. Les racines du libertinage. La production libertine. La lutte contre le libertinage « Triomphe du libertinage au xviiiesiècle »). Critiques et polémiques.
– Conclusion. Bibliographie. Index.
Julia (Aurélie), « Frédéric Lachèvre à la poursuite des libertins », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixesiècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 329-341.
« Curieux personnage que ce Frédéric Lachèvre (1855-1943) qui passa quarante années deson existence à tirer de l’oubli les libertins du xviie siècle, non pour les remettre à l’honneur mais pour les enterrer une seconde fois. La vision intransigeante de l’autodidacte prêteaujourd’hui à sourire. Ses propos se mettent néanmoins à parler un tout autre langage s’ilssont resitués dans leur époque, celle de la iiie République. Ils deviennent alors un jalondans l’histoire des idées. »
Le Ru (Véronique), Émilie du Châtelet philosophe, Paris, Classiques Garnier, coll. « Les Anciens et les Modernes », 2019, 206 p.
« Rarement une scientifique de renommée internationale a été aussi décriée de son vivant et de manière posthume. Aujourd’hui Émilie du Châtelet est toujours peu ou mal connue, d’où l’urgence de dresser le portrait de la Marquise du Châtelet en philosophe à part entière, et non pas en simple traductrice d’un grand savant, New-ton, ou en simple compagne d’un grand écrivain philosophe, Voltaire. La Marquise mérite mieux que cela, elle mérite qu’on la découvre sous toutes ses facettes de scientifique, de philosophe, de femme libre et engagée dans la cause de l’éducation des femmes. Il est temps de lire Émilie du Châtelet pour elle-même. »
– Le modèle de la légalité naturelle (Malebranche vs Newton. « C’est sa volonté qui cause, c’est sa sagesse qui règle ». Autour de l’action divine dans le monde selon Malebranche. Premiers débats : lois générales et causes occasionnelles. Les applications pratiques. Le paradigme malebranchiste de la légalité naturelle face à la révélation).
– Conclusion. Bibliographie. Index.
Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019, 254 p. : Les Libertins et l’imagination [dir. Nicole Gengoux, Pierre Girard, Mogens Lærke].
452« L’imagination est traditionnellement dévalorisée au profit de la raison. Mais, ancrée dans la nature sensible de l’homme n’a-t-elle pas un rôle à jouer ? Un rôle double : d’un côté, étant source d’illusion, elle permet la critique des illusions religieuses en s’appuyant, en particulier, sur la médecine. D’un autre côté, elle acquiert un pouvoir capable de transformer l’homme lui-même. Son importance grandissante est-elle la marque du progrès de l’empirisme, voire du matérialisme ? »
– Introduction par Nicole Gengoux, Pierre Girard et Mogens Lærke.
– Didier Ottaviani : « La fantaisie comme fonction cognitive chez Montaigne » ; Anna Lisa Schino : « Les maladies de l’imagination. Sorcellerie, génie, ravissement extatique et songe prophétique » ; Michèle Rosellini : « Imagination et éros libertin. Théophile imitateur paradoxal de Lucrèce » ; Laurence Giavarini : « L’imagination à Loudun, conjoncture libertine » ; Hélène Bah-Ostrowiecki : « Les fantômes de la rationalité antireligieuse. Fabula et figmentum dans le Theophrastus redivivus » ; Nicole Gengoux : « De l’imaginationillusoire à l’imaginationcréative. Le Theophrastus redivivus et Cyrano de Bergerac » ; Bruno Roche : « Cocus en imagination chez Molière. Arguments pour une lecture épicurienne de la dramaturgie du dépit amoureux » ; Romain Hacques : « Philosopher avec les nymphes. L’imagination dans le Comte de Gabalis de Montfaucon de Villars » ; Raphaële Andrault : « Leibniz, Cyrano et le meilleur des corps possibles » ; Julien Técher : « Fontenelle, le “pourquoi non ?” et l’expérience de pensée » ; Paolo Quintili : « Rêve, imagination et philosophie chez Diderot. Bijoux indiscrets, Le Rêve de d’Alembert, Jacques le fataliste » ; Sylvia Giocanti : « Penser librement la religion au moyen de l’imagination. L’exemple sceptique de la parabole des trois anneaux dans le Décaméron (1350) de Boccace et Nathan le Sage (1779) de Lessing ».
– Les résumés figurent dans le présent bulletin sous les noms des auteurs.
Machuca (Diego E.) et Marchand (Stéphane), (dir.), Les Raisons du doute. Études sur le scepticisme antique, Paris, Classiques Garnier, 2019, 332 p.
– Introduction par Diego E. Machuca et Stéphane Marchand.
– I. Scepticisme et théorie de l’action. Svavar Hrafn Svavarsson : « Les actions du sceptique selon Sextus Empiricus (PH I 21-24) » ; Diego E. Machuca : « Scepticisme, apraxia et rationalité ». II. Jusqu’où défendre le scepticisme ? Voula Tsouna : « Le scepticisme pyrrhonien et le concept de raison » ; Casey Perin : « Scepticisme et détachement de soi » ; Richard Bett : « Le scepticisme ancien est-il viable aujourd’hui ? ». III. La pratique sceptique de la nouvelle académie. Thomas Bénatouïl : « Entre sophistique, scepticisme et platonisme. Le discours de Philus et de Carnéade sur la justice dans le De re publica » ; Christophe Grellard : « Le rite et la raison. Scepticisme, droit et religion selon le Cotta de Cicéron ». IV. Scepticisme, phénomène et empirisme. Stéphane Marchand : « Énésidème et le phénomène commun. Relativisme, empirisme 453et scepticisme » ; Lorenzo Perilli : « La “crise des fondements” dans la médecine empirique entre Alexandrie et Rome. Expérience, raison et causalité ».
– Index des passages d’auteurs antiques ; des noms anciens ; des noms modernes ; des notions.
Manea (Ioana), Politics and Scepticism in La Mothe Le Vayer. The Two-Faced Philosopher ? Tübingen, Gunter Narr, coll. « Biblio 17 », 2019, 203 p.
« Le présent livre vise à apporter une contribution significative à l’étude d’une figure prestigieuse du xviie siècle français qui, grâce à ses réalisations intellectuelles, fut en lien avec les principaux hommes politiques de l’époque, parmi lesquels le cardinal de Richelieu et le futur Louis xiv. Contrairement aux précédentes études critiques concernant Le Vayer, celle-cin’étudie pas exclusivement les œuvres dans lesquelles il semble saper l’ordre politique, mais prend également en compte la série de traités pédagogiques qu’il écrivit pour le prince entre 1640 et 1658. Adoptant une approche interdisciplinaire, mettant en action concepts philosophiques et littéraires, le livre aborde une question qui ne pourrait être plus pertinente de nos jours : à savoir, si un intellectuel qui perçoit les défaillances de l’ordre politique doit se replier dans la solitude de sa bibliothèque ou s’engager en politique pour tenter de l’améliorer. »
I. The Philosopher La Mothe Le Vayer : Incurable Sceptic. II. La Mothe Le Vayer against Political Power and its Pratices. III. The Political Science Taughy by La Mothe Le Vayer. IV. La Mothe Le Vayer’s Attitude towards Politics : Irreductible.
Martin (Christophe), Norci Cagiano (Letizia) et Plazenet (Laurence), (dir.), La Fable orientale. Regards sur le Moyen-Orient à l’âge classique (1630-1780), Paris, Hermann, coll. « Fictions pensantes », 2019, 304 p.
« Orient et fabulation sont indissolublement liés pour la conscience occidentale à l’âge classique. Ce rapport du Moyen-Orient à la fable est exploré dans ces contributions qui examinent les raisons pour lesquelles l’invention des mythes et des fables originaires a été ainsi imputée aux orientaux, mais aussi les manières dont l’imaginaire de l’Occident n’a cessé de fabuler autour du Moyen-Orient. »
Introduction par Christophe Martin.
– I. Usages de la fable orientale à l’Âge classique. Aurelio Principato : « “De Turc à More” : à la recherche de la diversité orientale avant l’orientalisme » ; Federico Corradi : « Un exemple d’assimilation culturelle : la fable orientale dans le Traité de l’origine des romans de Pierre-Daniel Huet » ; Patrick Dandrey : « La Fontaine et ses fables “orientales” : une fiction d’altérité ? » ; Camille Esmein-Sarrazin : « Zayde, une fable orientale ? » ; Laurence Plazenet : « L’Orient des moralistes ».
454– II. Aux frontières du conte oriental. Benedetta Papasogli : « Histoire d’Alibée, persan : Fénelon à l’épreuve du conte oriental » ; Gianni Iotti : « Frêle raison : la raison et l’Orient dans les Lettres persanes » ; Christophe Martin : « La nouvelle Constantinople, la fontaine de Salmacis et La Reine fantasque : trois fables orientales chez Rousseau » ; Jean-Christophe Abramovici : « Cultiver les “talents agréables” comme au “harem d’Ispahan” : le harem nucléaire chez Rousseau » ; Letizia Norci Cagiano : « Ex Oriente lux ? Lumière et mystère dans les contes orientaux de Voltaire ».
– III. La fable orientale, sur la scène et dans les arts. Rachel Lauthelier-Mourier : « Comment des représentations historiques peuvent-elles rendre aveugle à la réalité du temps ? » ; Daniela Dalla Valle : « Osman de Tristan l’Hermite : un modèle de tragédie ottomane » ; Valeria Pompejano : « Le costume oriental sur la scène et dans les romans baroques » ; Maria Ines Aliverti : « Le charme de l’habit à la turque au tournant de la réforme du costume de théâtre » ; Pierre Frantz : « Le Fanatisme ou Mahomet le prophète : le théâtre du despotisme oriental » ; Sylvain Menant : « De Piron à Favart, la convention orientale ».
Mercier (Franck) et Rosé (Isabelle) (dir.), Aux marges de l’hérésie. Inventions, formes et usages polémiques de l’accusation d’hérésie au Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, 384 p.
« Si l’histoire traditionnelle de l’hérésie au Moyen Âge s’est longtemps confondue avec celle des exclus de la société, l’approche récente se focalise davantage sur les diverses autorités qui, au cœur du pouvoir, élaborent l’orthodoxie : l’hérésie n’existe que parce que l’orthodoxie en a d’abord décidé. Cette enquête repose sur la conviction que c’est encore en se situant aux marges de l’hérésie, au contact d’activités répréhensibles voisines, telles que l’usure, la sorcellerie ou encore la rébellion politique, que l’on peut le mieux saisir les principes et les mécanismes de la fabrique de l’hérésie. »
– Introduction par Franck Mercier et Isabelle Rosé.
– I. Dire la dissidence : genèse des stéréotypes antihérétiques. Valentina Toneatto : « Aux marges de la foi, aux confins de l’humanité. Bestialité, hérésie et judaïsme de l’Antiquité au début du Moyen Âge » ; Emmanuel Bain : « Aux sources du discours antihérétique ? Exégèse et hérésie au xiie siècle » ; Uwe Brunn : « Dialectique, dualité christologique et monisme institutionnel. La construction d’un monde sans division… avec les “manichéens” en marge (de Grégoire VII à Innocent III) » ; Clément Lenoble : « L’économie des hérétiques. Note sur le rapprochement entre usure et hérésie » ; Martine Ostorero : « Des papes face à la sorcellerie démoniaque (1409-1459) : une dilatation du champ de l’hérésie ? ».
– II. Extension du domaine de l’hérésie : l’accusation en actes. Bruno Dumézil : « La chasse aux Bonosiens dans la Burgondie, ve-viie siècles : une affaire d’hérésie ? » ; Isabelle Rosé : « Simon le Magicien hérésiarque ? L’invention de la simoniaca heresis par Grégoire le Grand » ; Alessia Trivellone : « Le Mont-Cassin, une 455fabrique de l’hérésie au xie siècle » ; Florian Mazel : « Entre ordre ecclésial et consensus civique : l’instrumentalisation de l’hérésie dans la Passio sancti Petri Parentii martiris (Orvieto, vers 1199-1212/1216) » ; Sylvain Parent : « Entre extorsion de fonds et procès truqués. Le contrôle de l’activité des inquisiteurs en Italie au xive siècle » ; Franck Mercier : « “Un homme plein du diable”. Astrologie, magie et sorcellerie dans le procès pour crime de lèse-majesté de Jean II d’Alençon (1456-1458) ».
– Conclusion, par Franck Mercier et Isabelle Rosé : « Vers une marginalisation de l’hérésie ».
– Index.
Miglietta (Deborah), Anatomie d’un homme-dieu. Éléments de la christologie et de la physiologie de Tommaso Campanella, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque d’études des mondes chrétiens », 2019, 232 p.
« Figure dissimulant le secret du vivant, le corps suscite à la Renaissance, où l’anatomie est en plein renouveau, un intérêt sans égal. Tommaso Campanella (1568-1639) partage ce regard anatomique et l’applique au corps du Christ. En quoi la connaissance du fonctionnement du corps de l’Homme-Dieu peut-elle faire progresser l’expertise médicale et philosophique sur l’homme en général ? »
Voir https://www.honorechampion.com/fr/11186-book-08535228-
9782745352286.html
Moreau (Pierre-François) « Relire Perrens. Sur la construction des catégories », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixesiècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 343-361.
« Le livre de Perrens contribue à la fondation de la recherche sur les libertins. Il reconnaîtla continuité et la cohérence logique de cette forme de libre pensée, se défie des accusationsd’athéisme, admire les personnages persécutés et adopte une position nuancée sur la questiondu libertinage moral. Il esquisse une sociologie de la diffusion des idées et réfléchit surleur insertion dans l’histoire. Il participe ainsi à la construction d’une catégorie historiquecomplexe, qu’il enrichit plus que les autres fondateurs de cette recherche. »
Mothu (Alain), « De la légende noire à l’assomption romantique. Le Cymbalum mundi entre xviie et xixe siècles », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixesiècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 211-222.
« De son interdiction (1538) jusqu’à sa redécouverte et sa réédition (1711), le Cymbalum mundi connaît une occultation presque totale. Au xviie siècle les “esprits forts” qui l’ont connu n’en ont pas perçu le caractère antichrétien (à la 456différence de Mersenne jugeant son auteur “un fripon d’une impiété achevée”). Au xviiie siècle la curiosité est vive mais l’incompréhension demeure. Ce n’est qu’au xixe siècle, quand Éloi Johanneau s’avise de déchiffrer la dédicace de “Thomas Du Clevier à Pierre Tryocan” (Thomas incrédule à Pierre croyant), que le Cymbalum prend une importance historique au titre de monument de la “libre pensée” ; mais aussi, par la grâce à Nodier, de chef d’œuvre littéraire conçu par un génie singulier. »
Muchnik (Natalia), Les Prisons de la foi. L’enfermement des minorités, xvie-xviiie siècle, Paris, PUF, 2019, 349 p.
« Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les prisons ont été des espaces d’autonomie, voire de liberté, pour les minorités religieuses clandestines des xvie-xviiie siècles. Récusants catholiques dans l’Angleterre protestante, crypto-protestants français après la révocation de l’édit de Nantes, morisques et marranes qui pratiquaient l’islam ou le judaïsme dans l’Espagne inquisitoriale, en ont fait des lieux de résistance, de culte et de sociabilité. Ils y ont laissé des graffiti, rédigé des lettres ou des livres, propagé des rumeurs et dissimulé des objets. L’expérience de l’incarcération et la figure du détenu ont alors acquis une fonction centrale dans la construction de ces communautés, dont la résistance à la répression passait par le sentiment du sacré et l’usage du secret. »
Sommaire sur https://www.puf.com/content/Les_prisons_de_la_foi
Mulsow (Martin) et Asaph Ben-Tov (dir.), Knowledge and Profanation : Transgressing the Boundaries of Religion in Premodern Scholarship, Leyde, Brill, 2019, X-366 p.
– Introductionpar Martin Mulsow et Asaph Ben-Tov.
– The Sacred and the Profane in Art, Literature and Parody. Wolfgang Spickermann : « Lucian of Samosata on Magic and Superstition » ; Holger Zellentin : « Rabbi Lazarus and the Rich Man : A Talmudic Parody of the Late Roman Hell (Yerushalmi Hagigah 2.2, 77d and Sanhedrin 6.9, 23c) » ; Karl F. Morrison : « Cardinal Gabriele Paleotti’s Call for Reform of Christian Art » ; Andreas Mahler : « The Sacred Becomes Profane – The Profane Becomes Sacred : Observations on the Desubstantialisation of Religious Discourse in the Early Modern Age ».
– Early Modern European Knowledge about Pagan Religion. Martin Mulsow : « The Seventeenth Century Confronts the Gods : Bishop Huet, Moses, and the Dangers of Comparison » ; Asaph Ben-Tov : « The Eleusinian Mysteries in the Age of Reason ».
– Crossing the Boundaries in Biblical Scholarship : Ancient Preconditions and Early Modern ConflictAzzan Yadin-Israel : « Athens and Jerusalem ? Early Jewish Biblical Scholarship and the Pagan World » ; John Woodbridge : « Richard 457Simon and the Charenton Bible Project : The Quest for “Perfect Neutrality” in Interpreting Scripture » ; Ulrich Groetsch : « The Devil in the Details : The Case of Hermann Samuel Reimarus (1694-1768) »
– Scientific Knowledge and Religion. Anthony Ossa-Richardson : « Cry Me a Relic : The Holy Tear of Vendôme and Early Modern Lipsanomachy » ; Riccarda Suitner : « The Powerlessness of the Devil : Scientific Knowledge and Demonology in Clemente Baroni Cavalcabò (1726-1796) ».
– Index Nominum.
Nijenhuis-Bescher (Andreas), Berthier-Foglar (Susanne), Bertrand (Gilles) et Meyer (Frédéric), (dir.), Frontières et altérité religieuse. La religion dans le récit de voyage, xvie-xxe siècle, Rennes, P.U.R, coll. « Religion et société. Histoire », 2019, 321 p.
« Ce livre explore l’altérité religieuse au prisme du voyage, à travers les incursions en terre d’islam, la différence religieuse et ethnique, les religiosités ibérique et italienne modernes, le rôle de l’altérité religieuse comme marqueur d’exotisme, et une réflexion sur les liens entre modernité politique et religion. Le corpus analysé embrasse toutes formes d’écrits liés au déplacement de la fin du Moyen Âge à l’époque contemporaine : journaux, mémoires, textes épistolaires ou encore romancés, voire une pièce de théâtre, intégrant des réminiscences du voyage. »
– 1. Voyages en terres d’Islam, xve-xixe siècles. 2. Néerlandais et Français face à l’altérité religieuse et ethnique, xviie siècle. 3. Regards croisés sur les religiosités des mondes ibérique et italien, xvie-xixe siècle. 4. Le fait religieux et les exotismes européens, xviie-xixe siècle. 5. Modernité politique et questionnements religieux, xxe siècle.
– Signalons notamment : Gianfranco Bria et Maurizio Busca : « La vie de Mahomet dans l’Ephemeris de Georgius Gemnicensis (1507-1508) » ; Ferenc Tóth : « Les religions de l’Empire ottoman vues par un voyageur européen. Les Mémoires de François de Tott (1733-1793) » ; Willem Frijhoff : « Perceptions néerlandaises de la religion des Amérindiens dans la première moitié du xviiesiècle » ; Yann Lignereux : « “Comme s’il n’avait ni Patrie ni Religion”. Religion des Indiens, cléricalisme des Français dans les Nouveaux voyages du baron de Lahontan (1703) » ; Hitomi Omata Rappo : « Un voyage dans les terres païennes du Japon imaginaire. La cérémonie dédiée à “Cami” et à “Fotoqué” dans Chivanus, Bungi rex, pièce de théâtre jésuite de Carlo Bovio (1614-1705) » ; Grégoire Besson : « L’exotisme religieux des confins européens entre Lumières et romantisme » ; Alessandra Orlandini Carcreff : « Le chamanisme nordique dans les récits de voyage français et italiens (xviie-xixe siècle) ».
458O’Brien (John) et Schachter (Marc), (dir.), La Première circulation de la Servitude volontaire en France et au-delà, Paris, Honoré Champion, 2019, 462 p.
« À partir de découvertes et de la réévaluation des traditions manuscrites et imprimées, les meilleurs spécialistes reprennent ici sur nouveaux frais le dossier de la circulation de la Servitude volontaire de La Boétie. Les sept études ici recueillies mettent en scène toute une série de possesseurs, de lecteurs et de producteurs réunis autour d’un texte dont la circulation n’implique pourtant pas simplement la réception. Il s’agit de rendre compte de la mouvance d’un texte facilement adaptable à la recontextualisation, au regard de la tyrannie de Marie Stuart ou de la cause des Malcontents en France. Ainsi la primauté autrefois accordée à un seul manuscrit (BnF Fonds français 839) cède-t-elle le pas à une pluralité de traditions, soulignant la souplesse de la Servitude volontaire à l’échelle européenne. »
– Introduction par John O’Brien et Marc Schachter. Annexe par Marc Schachter : « Brouillons pour une réfutation de la Servitude volontaire : les notes de Henri de Mesmes dans BnF Fonds francais 839 »
I. Études. John O’Brien : « Robert Beale, collectionneur et lecteur de La Boetie : un nouveau manuscrit de la Servitude volontaire » ; Marc Schachter : « La copie Folger de la Servitude volontaire : implications textuelles, contextes politiques, première provenance » ; Renzo Ragghianti : « Les livres de raison de Jehan Piochet de Salinset le manuscrit savoyard de la Servitude volontaire » ; Jean-Eudes Girot : « Le Discours de la servitude volontaire et le manuscritde la Bibliotheca Veneranda Ambrosiana » ; Michel Magnien : « Le ms. Bordeaux 2199 : copie tronquée ou premier étatdu Discours de la servitude volontaire ? » ; Jean-Raymond Fanlo : « La premiere édition partielle du Discours de la servitude volontairedans le Reveille-matin des Francois et de leurs voisins » ; Jean Balsamo : « La Servitude volontaire a l’usage des “Malcontens” : la Vive description de la tyrannie (Reims, 1577) » ; Cecile Huchard : « “Mis en lumiere, et a mauvaise fin” : le Discours de la servitudevolontaire de La Boetie dans les Memoires de l’estat de Francede Simon Goulart » ; John O’Brien : Conclusion.
– II. Transcriptions. John O’Brien : British Library, Londres, add. MS. 48043 (manuscrit Beale), et collation. Marc Schachter : Folger Shakespeare Library, Washington, D.C., Ms V.b.49 (manuscrit Folger). Renzo Ragghianti : archives departementales de la Savoie, Chambery, Ms. 1J279-10 (manuscrit Piochet). Jean-Eudes Girot : Bibliotheca Veneranda ambrosiana, Milan, Ms a 70 inf (manuscrit Pinelli). Alain Legros : Mediatheque Meriadeck, Bordeaux, Ms. 2199 (manuscrit Meriadeck).
–Index. Table des illustrations.
Ottaviani (Didier) « La fantaisie comme fonction cognitive chez Montaigne », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 17-31.
459« Critiquant la place réservée à la raison dans la pensée classique, Montaigne procède à une revalorisation de l’imagination, fonction cognitive que l’homme partage avec les animaux. Refusant la rationalité abstraite, il propose ainsi une nouvelle théorie de la connaissance, conçue comme une digestion interprétative du réel. Cependant, cette puissante “fantaisie” pouvant parfois errer, il est nécessaire de la former, sa gnoséologie impliquant nécessairement une nouvelle conception de l’éducation. »
Paganini (Gianni), Jacob (Margaret C.), Laursen (John Christian), (dir.), Clandestine Philosophy : New Studies on Subversive Manuscripts in Early Modern Europe, 1620-1823, Toronto, University of Toronto Press, « The UCLA Clark Memorial Library Series », 2020, 432 p.
« Clandestine Philosophy examine la circulation et le retentissement des “manuscrits philosophiques clandestins”, genre qui prospéra au xviiie siècle et qui comprenait des ouvrages interdits tels que des textes érotiques, des pamphlets politiques, des satires de la vie de cour et de la noblesse, des textes religieux interdits et des livres sur l’alchimie et l’occultisme. Les éditeurs ont réuni des experts de premier plan de l’histoire de la philosophie européenne pour étudier la circulation des idées radicales au xviiie siècle et l’impact social, politique et culturel qu’elles ont eu sur la société du xviiie siècle. »
Ce livre ayant été sélectionné par l’initiative « Knowledge Unlatched », qui favorise la diffusion de la recherche en libre accès, il est téléchargeable librement à l’adresse :
http://oapen.org/search?identifier=1007705
– Preface par Margaret C. Jacob. Introduction par Gianni Paganini : « What Is a Clandestine Philosophical Manuscript ? ».
– I. Clandestinity, the Renaissance and Early Modern Philosophy. Winfried Schröder : « Why, and to What End, should Historians of Philosophy study Early Modern Clandestine Texts ? » ; Gianni Paganini : « The First Philosophical Atheistic Treatise : Theophrastus redivivus (1659) ».
– II. Politics, Religion, and Clandestinity in Northern Europe. Frederik Stjernfelt : « Danish Clandestina from the Early Seventeenth Century ? Two Secret Manuscripts and the Destiny of the Mathematician Christoffer Dybvad » ; Wiep Van Bunge : « “Qui toujours servent d’instruction” : Socinian Manuscripts in the Dutch Republic » ; Rienk Vermij : « “The political theory of the libertines” : Manuscripts and Heterodox Movements in the Early-Eighteenth-Century Dutch Republic ».
– III. Gender, Sexuality, and New Morals. Inger Leemans : « The Science of Sex : Passions and Desires in Dutch Clandestine Circles, 1670–1720 » ; Karen Hollewand : « Expert of the Obscene : The Sexual Manuscripts of Dutch Scholar Hadriaan Beverland (1650–1716) ».
460– IV. Clandestinity and the Enlightenment. Whitney Mannies : « The Style and Form of Heterodoxy : John Toland’s Nazarenus and Pantheisticon » ; Susana Seguin : « Philosophical Clandestine Literature and Academic Circles in France » ; Martin Mulsow : « Joseph as the Natural Father of Christ : an Unknown, Clandestine Manuscript of the Early Eighteenth Century » ; Antony Mckenna and Fabienne Vial-Bonacci : « Clandestine Philosophical Manuscripts in the Catalogue of Marc-Michel Rey ».
V. Toleration, Criticism, and Innovation in Religion. John Marshall : « The Treatise of the Three Impostors, Islam, the Enlightenment, and Toleration » ; Jeffrey D. Burson : « The Polyvalence of Heterodox Sources and Eighteenth-Century Religious Change ».
VI. Spanish Developments. Jonathan Israel : « The Spanish Revolution of 1820–1823 and the Clandestine Philosophical Literature ». John Christian Laursen : « A Clandestine Manuscript in the Vernacular : an 1822 Spanish Translation of the Examen critique of 1733 ».
– John Christian Laursen : Afterword.
– Contributors. Index.
Quignard (Marie-Francoise), Seckel (Raymond-Josué) et al. (dir.), L’Enfer de la Bibliothèque. Eros au secret, Paris, Bibliothèque nationale de France, coll. « Beaux livres », 2019, 320 p.
Il s’agit apparemment de la réédition – non mise à jour, devine-t-on, mais la BnF aurait pu le préciser – dans un format différent et plus luxueux, de l’ouvrage paru en 2007 (celui-ci comptait 464 p.).
« Cet ouvrage richement illustré présente les collections érotiques jugées “contraires aux bonnes mœurs” de la BnF, connues sous le nom d’Enfer. On y trouvera les grandes figures littéraires (Sade, Apollinaire, Louÿs, Bataille…), les maîtres de la gravure érotique, ainsi que des acteurs anonymes de la célébration de l’érotisme du xvie au xxe siècle.
C’est dans les années 1830 que les ouvrages imprimés réputés “contraires aux bonnes mœurs” et publiés sous le manteau sont séparés du reste des collections de la Bibliothèque royale. Ils furent ainsi rassemblés afin de constituer une section à part intitulée “Enfer”. Il en alla de même des estampes.
Territoire majeur de l’interdit, l’Enfer alimente en retour tous les fantasmes. Y pénétrer, c’est accéder aux textes et aux images que la morale réprouve et que les institutions ont longtemps condamnés. C’est entrer dans le monde clandestin des couvents, des boudoirs, des bordels, des prisons mais aussi des bibliothèques. C’est, en un mot, investir un lieu obéissant à toutes les fantaisies du désir.
Ni histoire de l’érotisme proprement dite, ni histoire de la censure, cet ouvrage présente les collections rassemblées par la Bibliothèque nationale au fil des saisies policières, des dons, des acquisitions et plus récemment du dépôt légal.
461Quels sont les livres, les documents et les images relégués dans les franges de ce monde obscur ? Comment d’une cote “mal famée”, l’Enfer s’est-il mué en objet d’étude et de dévotion ? Autant de questions que pose ce volume richement illustré pour éclairer ce territoire de l’interdit et du désir que l’Enfer demeure aujourd’hui. »
Quintili (Paolo), « Rêve, imagination et philosophie chez Diderot. Bijoux indiscrets, Le Rêve de d’Alembert, Jacques le fataliste », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 209-221.
« La spécificité de Diderot est dans l’alliance entre la philosophie (le matérialisme) et la littérature, l’utilisation de l’analogie, de la métaphore et du symbole pour expliquer ce que la raison postule mais que les yeux ne peuvent “voir” : elle fait appel à l’imaginable, au rêve, même au “délire de l’imagination”, pour expliquer l’origine matérielle de la vie, par exemple. À travers trois grands ouvrages, nous verrons comment l’imagination créatrice fonde une nouvelle vision du monde. »
Roche (Bruno), « Cocus en imagination chez Molière. Arguments pour une lecture épicurienne de la dramaturgie du dépit amoureux », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 133-148.
« Dans les pièces de Molière Sganarelle ou le Cocu imaginaire et Dom Garcie de Navarre, la dramaturgie du dépit amoureux s’avère compatible avec la phénoménologie épicurienne de la perception. Les jaloux sont de grands imaginatifs, et le dramaturge excelle à mettre en scène les erreurs et les quiproquos causés par les opinions douteuses qui troublent leur esprit. Le diagnostic épicurien est pertinent, mais Molière finit par inventer un remède inspiré de Montaigne plutôt que de Lucrèce. »
Roche (Bruno), « Les Dialogues de La Mothe Le Vayer au xixe siècle ou les paradoxes d’une critique moralisatrice », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixe siècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 237-250.
« Au siècle de la fabrique patrimoniale du classicisme, Le Vayer apparaît comme un compilateur de Pyrrhon et de Sextus Empiricus sans originalité de pensée. La plupart des critiques n’ont pas voulu voir la puissance dévastatrice de son argumentation antichrétienne. Celle-ci relève à leurs yeux des inconséquences d’un philosophe “honnête homme” qui use du scepticisme comme d’une propédeutique de la foi. Mais alors que s’impose cette représentation 462anodine du discours philosophique de Le Vayer, émerge une autre vision, plus hétérodoxe, dans les considérations inquiètes des premiers historiographes du libertinage (Étienne, Kerviler) ou dans les intuitions de leurs successeurs immédiats (Denis, Perrens). »
Pédrono (Laure), Métaphysique et religion chez Leibniz et Berkeley, Paris, Classiques Garnier, coll. « Les Anciens et les Modernes », 2019, 466 p.
L’ouvrage étudie la manière dont la métaphysique et la religion s’entremêlent dans les systèmes de Leibniz et de Berkeley afin de savoir si l’on peut croire en raison, si le rationalisme peut être une propédeutique à la foi chrétienne ou s’il n’atteint jamais que la cause première des déistes.
I. Montrer la vérité de la religion. 2. Rendre la religion aimable. 3. Philosophie ou théologie ? Sommaire complet sur https://classiques-garnier.com/
Rosellini (Michèle), « Imagination et Éros libertin. Théophile imitateur paradoxal de Lucrèce », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 49-65.
« Théophile de Viau s’inspire de Lucrèce, qui prescrit au sage épicurien d’éradiquer l’amour. Mais il introduit l’imagination dont la physique épicurienne se passait pour expliquer la formation du désir. Sa poétique est donc doublement transgressive : à l’égard de l’idéalisation pétrarquiste par l’expression du désir sexuel, à l’égard de la sagesse épicurienne par l’expression des tourments amoureux. Cet usage paradoxal de la source lucrétienne fonde la poésie libertine du xviiesiècle. »
Rosellini (Michèle) et Zékian (Stéphane), (dir.), Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixe siècle : revue xviie siècle, no 283, LXXI-2, avril-juin 2019.
Michèle Rosellini et Stéphane Zékian : « Introduction. Les libertins à l’épreuve de l’histoire » ; Alain Mothu : « De la légende noire à l’assomption romantique. Le Cymbalum mundi entre xviie et xixe siècles » ; Melaine Folliard : « Un libertinage qui ne pense pas ? Théophile de Viau au xixe siècle » ; Bruno Roche : « Les Dialogues de La Mothe Le Vayer au xixe siècle ou les paradoxes d’une critique moralisatrice » ; Charles-Olivier Stiker-Métral : « Saint-Évremond, un auteur pour happy few ? » ; Stéphane Zékian : « Contenir les “libertins”. L’usage académique de Saint-Évremond au xixe siècle » ; Magali Charreire : « Paul Lacroix et les “libertins érudits” du xviie siècle : enjeux d’un inventaire romantique au xixe siècle » ; Mathilde Bombart : « Libertinage, socialisme et bibliophilie : l’éditeur Jules Gay » ; Michèle Rosellini : « Une littérature “curieuse” : la fabrique éditoriale du libertinage érotique » ; Aurélie Julia : 463« Frédéric Lachèvre, un érudit à la poursuite des libertins » ; Pierre-François Moreau : « Relire Perrens. Sur la construction des catégories ».
On trouvera les résumés sous les noms des auteurs.
Rosellini (Michèle), « Une littérature “curieuse” : la fabrique éditoriale du libertinage érotique », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixesiècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 311-328.
« L’invention à la fin du xixe siècle de la catégorie des curiosa a permis la redécouverte detextes licencieux d’Ancien Régime et favorisé la constitution d’un corpus “libertin” spécifiqueau xviie siècle. L’analyse des enjeux commerciaux et idéologiques de ce phénomène éditorial permet de prendre conscience du caractère historiquement construit des qualitésde transgression et d’émancipation que la critique actuelle attribue à un corpus fondamentalementcomposite, et invite à un travail de recontextualisation de chacun des ouvrages qui s’y sont trouvés plus ou moins arbitrairement inclus. »
Schino (Anna Lisa), « Les maladies de l’imagination. Sorcellerie, génie, ravissement extatique et songe prophétique », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 33-48.
« Chez trois auteurs liés au libertinage érudit, l’imagination apparaît comme une puissance qui nous rend capables de nous modifier nous-mêmes, soit de façon positive (guérison et renforcement des facultés intellectuelles) ou négative (autosuggestion) quand elle est “malade” (excès d’humeur mélancolique pour Naudé). Un schéma repris par Cyrano sur le mode ironico-grotesque, par La Mothe Le Vayer au sujet des rêves et qui servira à Hobbes à critiquer les rêves prophétiques comme parole de Dieu. »
Schlüter (Gisela) et Ricuperati (Giuseppe), L’Affaire Giannone face à l’Europe : voir « Giannone (Pietro) » au chapitre « Éditions ».
Severac (Pascal), Qu’y a-t-il de matérialiste chez Spinoza ?, Paris, Éditions H. Diffusion, 2020, 130 p.
Peut-on véritablement ranger Spinoza parmi les philosophes matérialistes ? La question n’est pas simple, car Spinoza jamais ne réduit la pensée à la matière, l’esprit au cerveau. Et pourtant, il donne toute sa place au corps pour appréhender à la fois la puissance cognitive du psychisme, mais aussi sa conquête de la liberté. On distinguera trois sens du matérialisme – empirique, ontologique et méthodologique – pour saisir ce qu’il peut bien y avoir de matérialiste chez Spinoza.
464Simonutti (Luisa), (dir.), John Locke, les idées et les choses. Avec le manuscrit inédit Notes upon Mr John Lock’s essay concerning human understanding de William Whiston fils, Milan, Éditions Mimésis, coll. « Philosophie », 2019, 160 p.
Voir http://www.editionsmimesis.fr/
Ont collaboré : Peter Alexander, Geneviève Brykman, Jean-Pierre Cléro, Gabriela Dragnea Horvath, Paul Schuurman, Luisa Simonutti, Jean-Michel Vienne.
Simonutti (Luisa), (dir.), Locke and Biblical Hermeneutics. Conscience and Scripture, Berlin-Heidelberg, Springer, 2019, VI-266 p.
Les essais réunis ici « abordent les contextes théoriques et historiques de la méthodologie analytique de Locke » et mettent notamment son herméneutique biblique « en relation avec sa pensée philosophique, historique et politique, et avec la culture philologique et doctrinale de son époque. »
Introduction, par Simonutti, Luisa. Henning Graf Reventlow : « The Religious Way of John Locke from the Essay to the Paraphrase (1690-1704) » ; Agostino Lupoli : « Boyle’s Influence on Locke’s “Study of the Way to Salvation” » ; Luisa Simonutti : « Locke’s Biblical Hermeneutics on Bodily Resurrection » ; Victor Nuovo : « Locke’s Hermeneutics of Existence and His Representation of Christianity » ; Jean-Michel Vienne : « Hermeneutics and the Reasonableness of Belief » ; Raffaele Russo : « The Thread of Discourse : Primary and Secondary Paraphrase in Locke’s Hermeneutics » ; Justin Champion : « “An Intent and Careful Reading.” How John Locke Read His Bible » ; Kim Ian Parker : « Spinoza, Locke, and Biblical Interpretation » ; Arthur W Wainwright : « Locke’s Influence on the Exegesis of Peirce, Hallett, and Benson » ; Giambattista Gori : « St. Paul’s Epistles from Covenants to Order in a Lockean Context » ; Gian Mario Cazzaniga : « Figures of Jesus from Locke to the Enlightenment » ; Maria-Cristina Pitassi : « Locke’s Pauline Hermeneutics. A Critical Review ».
Stiker-Métral (Charles-Olivier), « Saint-Évremond : un auteur pour happy few ? », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixesiècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 251-263.
« Au xixe siècle paraissent de nombreuses études sur l’œuvre de Saint-Évremond, ce qui contredit le lieu commun d’un oubli de l’auteur. Il intéresse en tant que penseur critique précurseur des Lumières. Toutefois l’expression modérée de son hétérodoxie permet de l’ériger en figure consensuelle, et de l’extraire du corpus des “libertins” alors en cours de constitution. Considéré comme un amateur et un dilettante, éloigné de la perfection attribuée aux écrivains majeurs, il offre un exemple d’écriture élégante tournée vers la 465sociabilité, représentatif du mythe de “l’esprit français” qui s’élabore à l’époque et d’une forme de continuité entre l’Ancien Régime et la France d’après la Révolution. »
Strosetzki (Christoph), « Rationalisme et fantastique des miracles dans la France de la première modernité », dans Dominique de Courcelles (dir.), La Raison du merveilleux à la fin du Moyen Âge et dans la première modernité. Texte et images, Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 321-331.
« L’article évoque les tentatives de rationalisation des miracles dans la France de la première modernité : il y a une dualité dans la conception des miracles. »
Suire (Éric), Les Vies de Jésus avant Renan. Éditions, réécritures, circulations entre la France et l’Europe (fin xve-début xixe siècle), Genève, Droz, 2017, 316 p.
Voir le compte rendu par Julien Ferrant dans xviie siècle, no 283, LXXI-2, 2019, p. 378-379.
Techer (Julien), « Fontenelle, le “pourquoi non ?” et l’expérience de pensée », Libertinage et philosophie à l’âge classique (xvie-xviiie siècles), no 16, 2019 (Les Libertins et l’imagination, dir. N. Gengoux, P. Girard, M. Lærke), p. 189-208.
« Formule emblématique des Entretiens sur la pluralité des mondes, le “pourquoi non ?” est la condition nécessaire à la redéfinition de l’exercice de la pensée et confère à l’imagination une valeur heuristique. Comment faire pour imaginer ce que nous n’avons jamais vu, ce qui ne ressemblerait à rien de perçu ? Comment, à partir d’exercices sur le point de vue, pourrait-on parvenir à un usage heuristique de l’imagination, ne visant pas tant à résoudre les problèmes qu’à les poser autrement ? »
Wolfe (Charles), La Philosophie de la biologie avant la biologie. Une histoire du vitalisme, Paris, Classiques Garnier, coll. « Histoire et philosophie des sciences », 2019, 514 p.
« Ce travail présente le matérialisme des xviie-xviiie siècles comme l’opposé d’une métaphysique des forces vitales imaginée par la suite. Tant le matérialisme que le vitalisme cherchent à saisir les déplacements scientifiques postérieurs à la révolution scientifique, qui aboutissent à la “biologie” à la fin du xviiie siècle. »
– Introduction.
– I. Le vivant et la révolution scientifique (ontologie du vivant ou biologie ? Le cas de la révolution scientifique. Le mécanique face au vivant. Un matérialisme vital ?).
466– II. Matérialismes et vie (déterminisme mental et naturalisation de l’esprit, de Locke à Diderot. La Mettrie. Des molécules « intelligentes » à l’organisation émergente. Une biologie clandestine ? Le projet d’un spinozisme biologique chez Diderot).
– III. Vitalisme (organisation ou organisme ? L’individuation organique selon le vitalisme montpelliérain. Les analogies newtoniennes dans les sciences de la vie au xviiie siècle. Vitalisme et vivisection. Le charme discret du vitalisme sans métaphysique, xviiie-xxe siècles).
– IV. Organisme et biophilosophie (l’organisme, concept hybride et polémique. Le retour du vitalisme. Holisme, organicisme et biochauvinisme).
– Conclusion générale : la philosophie de la biologie avant la biologie. Bibliographie. Index des noms. Index des thèmes.
Zékian (Stéphane), « Contenir les “libertins”. L’usage académique de Saint-Évremond au xixe siècle », xviie siècle, LXXI-2, no 283, 2019 (Un xviie siècle hors Panthéon. Les libertins au xixe siècle, dir. M. Rosellini et S. Zékian), p. 265-284.
« L’étude du concours d’éloquence organisé par l’Académie française de 1864 à 1866 permet de cerner le statut de Saint-Évremond dans le paysage mémoriel du xixe siècle. À toutes ses étapes (du choix du sujet jusqu’à la sélection des lauréats), le concours révèle la mission assignée à l’écrivain d’être le représentant acceptable d’un xviie siècle mal famé. Inclassable, Saint-Évremond cristallise de nombreux conflits d’interprétation mais se prête aussi à tous les compromis. Sa mise en valeur obéit à une double logique de révélation et de diversion : à travers lui l’Académie reconnaît un pan méprisé du xviie siècle, mais ce geste d’ouverture relève aussi d’une stratégie de contournement que l’article s’attache à mettre en lumière. »
- Thème CLIL : 3129 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie moderne
- ISBN : 978-2-406-10651-7
- EAN : 9782406106517
- ISSN : 2271-720X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10651-7.p.0433
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 27/05/2020
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français