La première partie de cette étude porte sur la doctrine du destin qu’Alexandre expose dans les chapitres 3-6 du De fato. Comme lui-même le dit explicitement, il ne s’agit que d’un résumé, une présentation des seules « têtes de chapitre1 ». Ces chapitres retiennent souvent moins l’attention des commentateurs que la partie critique du traité, il est vrai plus développée, plus dialectique, plus intéressante pour tout dire, comme si le début n’était qu’un préliminaire, rapidement expédié pour venir en découdre avec les partisans du “tout destin”. Pourtant, cette première partie est censée contenir ce qui fait l’essentiel de l’ouvrage : la doctrine d’Aristote et de son école sur le destin et sur la responsabilité humaine, l’accent étant mis plus particulièrement sur le destin2. Sur cette doctrine, la partie critique apportera des éclaircissements supplémentaires, en montrant que la thèse adverse aboutit à des absurdités que la position aristotélicienne, elle, sait éviter ; mais c’est dans ces premiers chapitres que l’on en trouve « les démonstrations principales3 ». L’entreprise mérite donc que l’on s’y attarde, en examinant en détail la définition du destin et la manière dont cette définition est progressivement construite.
1De fato 6, Bruns p. 171, 17 : ὡςἐπὶκεφαλαίωνεἰπεῖν.
2 Comme le suggère la reprise, à la fin du chapitre 6, de l’introduction, où seule la question du destin est réaffirmée comme thème de l’exposé qui vient d’être fait : « Et c’est là, pour parler en résumé, la doctrine des Péripatéticiens sur le destin », Bruns p. 171, 16-17.
3De fato 7, Bruns p. 171, 19 : ταῖςπροηγουμέναιςἀποδείξεσιν.