La doctrine péripatéticienne du destin développée en De fato 6 semble conduire, sur son versant éthique, à ce que j’appellerai une naturalisation du caractère. Cela n’a rien d’étonnant puisque l’analyse du caractère, compris comme la forme éthico-pratique du destin individuel, est développée dans le cadre conceptuel d’une identification entre destin et nature. Cette naturalisation peut être précisée à partir du statut modal reconnu par Alexandre au destin. Le destin n’est pas une cause nécessaire, mais une cause qui produit « le plus fréquemment » tel ou tel effet. Alexandre y insiste beaucoup, puisque c’est sur ce point que se joue en partie son opposition aux Stoïciens. Or, la façon dont il défend ce statut présente certaines difficultés qui méritent examen, notamment concernant le rapport entre ce qui arrive conformément au destin, et ce qui fait exception à son cours régulier et prévisible (le παρὰτὴνεἱμαρμένην).