Abstracts
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: L’Ombre dans l’œuvre. La critique dans l’œuvre littéraire
- Pages: 305 to 310
- Collection: Encounters, n° 122
- Series: Twentieth and twenty-first century literature, n° 18
Résumés/abstracts
Robin Glinatsis, « L’autoreprésentation du genre dans les Satires d’Horace. La constitution d’une ars satirica »
Les Satires d’Horace ne cessent de s’interroger sur leur propre identité générique et déploient ainsi un art poétique fragmentaire mais cohérent. Ce dernier s’appuie non seulement sur des considérations explicites, mais aussi sur des passages ayant valeur d’exemples : on peut alors parler de théorie en acte.
The Satires by Horace constantly interrogate their own generic identity and thus deploy a poetic art which is fragmentary but coherent. This is supported not only by explicit considerations but by passages with exemplary value : we can thus talk about theory in action.
Jean-Claude Arnould, « Autopoétique d’un genre naissant. Les Histoires tragiques de Pierre Boaistuau et François de Belleforest »
En 1559, Boaistuau définit les Histoires tragiques dans les interstices de la narration ; son successeur Belleforest choisit la digression. Son usage immodéré traduit un changement radical dans la manière de concevoir la narration, le rôle du narrateur et les objectifs de cette forme nouvelle.
In 1559, Boaistuau defined the Histoires tragiques in the interstices of the narration ; his successor Belleforest opted instead for digression. His immoderate use of this represented a radical change in the way narration was conceived, the role of the narrator, and the aims of this new form.
Béatrice Brottier, « Le discours critique dans la poésie encomiastique du début du xviie siècle »
De la fin du xvie siècle au début du xviie siècle, période de forte production encomiastique, le discours critique dans les poésies d’éloge, d’abord
défensif et justificatif, devient un véritable métadiscours poétique, traduisant le questionnement des poètes sur leur rôle, leur art et l’écriture des éloges.
From the end of the sixteenth century to the beginning of the seventeenth century, a period of intense encomiastic production, critical discourse in panegyric poetry – at first defensive and justificatory – became a veritable poetic metadiscourse which translated the way poets questioned their role, art, and the writing of panegyric poetry.
Aude Leblond, « Expérimentation narrative et inscription du discours critique dans le roman-fleuve (Martin du Gard, Jules Romains, Duhamel) »
Cet article met en évidence la mise en intrigue d’une esthétique inscrite, invitant à la réflexion sur les limites du genre romanesque et ses interactions avec d’autres genres (théâtral, épique, épistolaire), dans le roman-fleuve de l’entre-deux-guerres, à partir des exemples de Jules Romains, Georges Duhamel et Roger Martin du Gard.
This article illuminates the establishment of an inscribed aesthetic which invites reflection on the limits of the novelistic genre and its interactions with other genres (theatrical, epic, epistolary) within the stream of novels appearing in the inter-war period, using examples from Jules Romains, Georges Duhamel, and Roger Martin du Gard.
Hubert Heckmann, « La critique dans l’œuvre lyrique des troubadours et ses prolongements narratifs »
Une activité critique est présente au sein même de l’œuvre lyrique des troubadours, comme en témoigne la métaphore du prix. D’autre part, certains genres littéraires pratiqués par les troubadours donnent leur forme aux toutes premières disputes critiques de la littérature française. Cette ombre critique portée par la poésie des troubadours s’autonomisera jusqu’à donner naissance, avec les vidas, à un nouvel art narratif.
Critical activity is present at the very heart of the troubadours lyrical œuvre, as the metaphor of the prize testifies to. And certain literary genres practised by the troubadours give form to the very first critical disputes in French literature. The critical shadow cast by the poetry of the troubadours autonomised itself until it gave birth, with the vidas, to a new narrative art.
Patrick Dandrey, « Une critique à l’impromptu. Molière et la comédie d’“auto-analyse” »
La querelle de L’École des femmes (1663) offre un champ d’expérience pour analyser le caractère métatextuel de La Critique de l’École des femmes et le statut hypertextuel des réponses composées par les adversaires de Molière. L’Impromptu de Versailles combine les deux modèles en pratiquant un jeu d’encadrement et de retournement ironique sur le mode de la réussite par le feint échec.
The quarrel of L’École des femmes (1663) provides a context in which to analyse the metatextual character of La Critique de l’École des femmes and the hypertextual status of the responses composed by Molière’s adversaries. L’Impromptu de Versailles combines both models, practising an ironic game of framing and reversing success by feigning failure.
Sylvain Ledda, « Musset, ou l’art de l’incrustation critique »
Si la production critique de Musset est assez mince, le poète distille constamment dans son œuvre un point de vue sur sa création et celle de son temps. Sous le masque de la fantaisie s’élabore tout un discours sur l’imagination créatrice, ses motivations, ses fins : la critique, omniprésente, peut prendre la forme de la parodie, du pastiche ou de la simple allusion intertextuelle.
If Musset’s critical production is relatively small, the poet nonetheless distils opinions on his own creations and those of his period throughout his œuvre. A rich discourse on the creative imagination, its motivations and its ends is elaborated under the mask of fantasy : criticism, omnipresent, can take the form of parody, pastiche or simple intertextual allusions.
Sandra Glatigny, « La critique dans Les Amours jaunes. Ruptures et continuité de l’œuvre lyrique »
Plurielle et protéiforme, la critique dans Les Amours jaunes contamine l’ensemble de l’œuvre lyrique jusqu’à la faire vaciller. Cependant, la dynamique métadiscursive renouvelle le genre en produisant un dédoublement réversible de la textualité lyrique qui réalise dans le même temps son texte et son métatexte.
Plural and protean, criticism in Les Amours jaunes infiltrates the entirety of the lyrical œuvre, until it destabilises it. Yet the metadiscursive dynamic also renews the genre by producing a reversible doubling of lyrical textuality which realises the text and its metatext at the same time.
Laurence Macé, « Un Œdipe mal réglé ? Réécriture et discours critique chez le premier Voltaire »
Avec les Lettres sur Œdipe et Œdipe (1718), son premier succès théâtral, Voltaire met en place un dispositif critique à la fois liminaire et second, remis sur le métier avec la nouvelle préface de la nouvelle édition de 1730. Avec son péritexte, le texte tragique – à l’intérieur duquel des voix critiques aussi se font entendre – manifeste l’extension du domaine de la critique dans le texte voltairien.
With Lettres sur Œdipe et Œdipe (1718), his first theatrical success, Voltaire established a critical perspective which was at once liminal and secondary, reoriented towards the craft with the new preface of the 1730 edition. With its peritext, the tragic text – in which critical voices can also be heard – represents the extension of the critical domain into the Voltairean text.
Josette Pintueles, « Prévenir la critique. L’Œuvre Poétique d’Aragon et la relation entre critique et invention »
L’Œuvre Poétique d’Aragon, dernière édition revue par lui, à la fois « grand recueil » de ses œuvres, ensemble hétérogène de documents qui éclaire leurs circonstances et labyrinthe de commentaires, est ici lu comme une manière de prévenir, au double sens du mot, la critique et la réception.
Aragon’s Œuvre Poétique, the last edition overseen by him, is at once a “great collection” of his works, a heterogeneous group of documents which illuminate their context, and a labyrinth of commentaries. It is read here as a manner of pre-empting, and instructing, future criticism and reception.
Caroline Andriot-Saillant, « Des “remarques” au sonnet. Expérimentations formelles du discours critique dans la poésie récente d’Yves Bonnefoy »
Dans le recueil de La longue Chaîne de l’encre (2008), Yves Bonnefoy expérimente la formule d’une empathie herméneutique à l’égard de Melville et du poète américain Hart Crane, par le choix de deux formes opposées quant à la contrainte, mais analogues quant à la brièveté : la remarque et le sonnet.
In the collection La longue Chaîne de l’encre (2008), Yves Bonnefoy experiments with a mode of hermeneutic empathy in relation to Melville and the American poet
Hart Crane through the choice of two forms which are opposed at the level of constraint, but analogous with regard to their brevity : the remark and the sonnet.
Marie-Albane Watine, « La transcription d’un texte critique dans le roman. Ambiguïté citationnelle et désengagement théorique dans Le Jardin des plantes de Claude Simon »
Dans Le Jardin des plantes (1998), Claude Simon retranscrit fidèlement (ou presque) une discussion animée du colloque de Cerisy de 1971. Les procédés linguistiques d’effacement énonciatif et d’hybridation polyphonique travaillent à un agencement complexe des points de vue, qui concourt in fine à un effet de sourdine critique.
In Le Jardin des plantes (1998), Claude Simon faithfully (or very nearly) re-transcribes an animated discussion from the 1971 colloque de Cerisy. Linguistic processes of enunciative effacement and polyphonic hybridisation work towards a complex arrangement of points of view which contribute in fine to an effect of critical muting.
Ariane Ferry, « Mettre en scène un discours critique. Portrait d’Olivier Py en “criticauteur” de Théâtres à Illusions comiques »
L’article examine dans deux pièces de Py les discours critiques portés par des personnages qui interrogent l’écriture et la pratique théâtrale, l’inscription du théâtre dans le champ politique et sa difficile relation aux institutions, comme le sens du théâtre dans une vie d’homme et dans la société du spectacle.
This article takes two plays by Py and examines the critical discourse which is communicated by characters who interrogate writing and theatrical practices, the inscription of theatre in the political field and its difficult relationship with institutions, related to the meaning of theatre in the life of the individual and in the society of spectacle.
Stéphanie Genand, « “Le charme des sentiments [et] l’analyse des idées”. De la littérature ou l’invention d’une critique éloquente »
L’œuvre de Germaine de Staël déplace les frontières qui séparent traditionnellement l’œuvre de la critique. Synonyme de « philosophie », à comprendre comme l’engagement nécessaire de l’œuvre dans la connaissance de l’homme et l’exploration des mystères de la cité, cette dernière devient littérature et exige de trouver une
langue à la hauteur de ces nouvelles ambitions : qu’est-ce qu’une littérature « critique » ? Comment réconcilier les lecteurs de l’après-Terreur avec la raison ?
Germaine de Staël’s œuvre upsets the borders which traditionally lie between work and criticism. A synonym for “philosophy” – understood as the necessary engagement of the work with knowledge about humanity and the exploration of the mysteries of society – the latter becomes literature and demands the discovery of a language which equals these new ambitions : what is a “critical” literature ? How can readers in the wake of the Terror be reconciled with reason ?
Thomas Vercruysse, « Investir les frontières, dissoudre les limites. Vers une pensée de la force chez Artaud et Valéry »
Cette étude dresse un parallèle entre deux auteurs qu’on ne rapprocherait pas de prime abord : Artaud, icône des avant-gardes, et Valéry, souvent présenté comme un néoclassique. Mais leur pensée commune de l’énergie, qui dépasse largement les frontières génériques, leur permet de se retrouver dans une « indiscipline » foncière visant à réveiller la force enfouie des signes à travers une articulation des profondeurs qui conjoint justement critique et création.
This study establishes a parallel between two authors who would not normally be considered together : Artaud, icon of the avant-garde, and Valéry, often presented as a neo-classicist. Yet their common conception of energy, which goes beyond generic boundaries, situates them in a deep-rooted “indiscipline” which seeks to awaken the buried strength of signs by articulating depths in which criticism and creation are joined.
Bruno Clément, « La critique et les autres genres »
Cet article entend mettre en évidence la présence d’une instance critique dans chacun des genres littéraires, et fait l’hypothèse que symétriquement, tout discours critique, toute œuvre spéculative est potentiellement romanesque ou théâtrale – que l’imagination est le matériau dont elle est tissée.
This article demonstrates the presence of a critical instance in each of the literary genres, and puts forward the hypothesis that, symmetrically, all critical discourse and all speculative work, is potentially novelistic or theatrical – and that the imagination is the material it is fabricated from.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-8124-3865-3
- EAN: 9782812438653
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-3865-3.p.0305
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 06-25-2015
- Language: French