Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : L’Amérique au tournant. La place des États-Unis dans la littérature française (1890-1920)
- Pages : 275 à 278
- Collection : Rencontres, n° 456
- Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 38
Résumés
Fabien Dubosson et Philippe Geinoz, « Introduction. Redécouvrir l’Amérique »
De l’écran de projection qu’ils étaient au xixe siècle, les États-Unis deviennent au tournant du siècle une nation bien « réelle », dont il s’agit désormais de prendre la mesure. Le pays se trouve désormais à la portée de nombreux écrivains-voyageurs français. Les « relations » qu’ils publient à leur retour en France nous disent beaucoup de cette « Amérique au tournant », où cristallisent parfois d’anciennes antipathies, mais aussi une fascination nouvelle pour ce continent de l’ « énergie ».
Julien Schuh, « Le “vrai décor du siècle américanisé”. Les États-Unis des Symbolistes »
Alors que l’Amérique incarne traditionnellement à la fin du siècle le matérialisme et le mercantilisme, sa représentation est moins négative qu’on pourrait le croire chez les Symbolistes, qu’on classe pourtant du côté d’un idéalisme très critique de ces valeurs. Ce paradoxe apparent s’explique par les réseaux de revues entre France et Amérique et par la fascination des Symbolistes pour le Barnum médiatique et l’imaginaire du primitivisme des terres vierges de l’Ouest.
Luca Di Gregorio, « Wild West France. L’évolution de la réception française du western d’une tournée de Buffalo Bill à l’autre (1889-1910) »
Les deux tournées du Wild West Show de Buffalo Bill (1889-1891 ; 1905-1906) ont présenté à l’Europe un imaginaire américain qui lui était foncièrement exogène. L’article saisit ces deux moments comme deux « carottages culturels » : la réception de 1889-1890, encore conditionnée, faite de malentendus et d’amalgames ; puis celle de 1905-1910, début d’appropriation, permis par l’amplification médiatique et par l’émergence de premiers passeurs indigènes de l’Amérique de Buffalo Bill.
276Philippe Roger, « L’antiaméricanisme à 4 sous. La Conspiration des milliardaires »
La Conspiration des milliardaires de Gustave Guitton et Gustave Le Rouge marque un tournant dans les représentations françaises des États-Unis. Paru en feuilleton en 1899-1900, au lendemain de la guerre hispano-américaine, ce roman a pour thème l’invasion militaire de la France projetée par les « Yankees », dont le « type odieux » devient l’antagoniste-né des valeurs européennes. Il marque l’émergence d’un discours antiaméricain qui s’adresse désormais au public populaire des romans « à 4 sous ».
Nicolas Di Méo, « Le cosmopolitisme américain, miroir ou antithèse du cosmopolitisme européen ? Réflexions sur Outre-mer de Paul Bourget »
Paul Bourget, dans Outre-mer (1895), distingue trois types de cosmopolitisme caractérisant la société américaine : celui des élites, celui des pionniers de l’ouest et celui des masses issues de l’immigration. Alors que les deux premiers, grâce à la vigueur des populations, ne présentent pas de risque de décadence, le dernier, selon lui, contient un danger de « guerre des races » qui n’est pas sans rappeler l’antagonisme franco-allemand / latin-germain menaçant également le continent européen.
Charles Plet, « La “jeune fille” américaine. Une menace pour les Françaises ? »
À partir de trois récits de voyage des années 1890 (La Femme aux États-Unis de Charles de Varigny ; Outre-Mer de Paul Bourget ; La Société américaine de Marie Dugard), cet article examine la vision ambivalente des mœurs de la jeune fille américaine propagée par les voyageurs français à une époque où l’on craint la disparition de la « vraie » jeune fille française. Dans un tel climat, la jeune américaine constitue un réservoir fantasmatique partagé à la fois par réformateurs et conservateurs.
Sophie Pelletier, « L’apparition du flirt. Une Américaine à Paris ? »
L’étude du personnage de la jeune fille et du processus menant à son mariage dans le roman Flirt (1890) de Paul Hervieu met en lumière une opposition entre des jeux de séduction réputés américains et un système matrimonial traditionnel français. Cette dichotomie renvoie à des enjeux économiques, ce 277qui indique, plus largement, que la thématique du flirt pointe vers tout un appareil axiologique, celui de la modernité cosmopolite, paradigme nouveau dans le Paris de la Belle Époque.
Virginia Ricard, « Edith Wharton au tournant »
En 1907, la traduction en français du premier grand roman d’Edith Wharton, Chez les heureux du monde, donne l’impression qu’elle est acquise à l’antiaméricanisme, puisque, en présentant des personnages riches, brutaux et insensibles, elle contribue à diffuser une image négative des États-Unis en France. Après août 1914, elle parle même d’un « retard » des Américains. Mais l’entrée en guerre des États-Unis conduit Wharton à regarder d’un autre œil la contribution de l’Amérique à l’histoire humaine.
Anne Reynes-Delobel, « La littérature américaine face au mythe de l’américanisation. 1916-1925 »
Au tournant des années vingt, le mythe de l’américanisation est l’objet aux États-Unis d’un intense débat parmi les écrivains, les artistes et les intellectuels, dont l’enjeu est une forme de « nationalisation culturelle » qui ne peut s’envisager que dans une perspective internationale et selon une logique du réseau faisant la part belle à la circulation transatlantique des idées, des textes et des hommes, notamment par le biais des petites revues.
Philippe Geinoz, « “La vérité sera toujours nouvelle”. Picasso, Apollinaire et le renversement pragmatiste »
Dans l’histoire de l’émergence, en France, d’un modernisme artistique et littéraire, on a peu tenu compte de l’importance des discussions relatives à la pensée pragmatiste venue des États-Unis. Or certains aspects des « méditations » d’Apollinaire sur l’art s’éclairent une fois qu’on les envisage à la lumière du renversement de perspective qu’opère le pragmatisme. Comme s’éclairent, en amont, les changements qu’on observe dans la peinture de Picasso, à l’occasion de son Portrait de Gertrude Stein.
278Annick Ettlin, « Paul Valéry lecteur de William James ? Réflexions sur le fiduciaire »
L’article, qui étudie la pensée de Paul Valéry de 1892 à 1912, double décennie pendant laquelle le poète renonce à publier des vers, interroge en particulier la manière dont il récupère la valeur de la poésie, notamment dans les Cahiers de 1910-1914, peu avant de s’adonner à nouveau et bien plus massivement qu’auparavant à l’art de publier. À cette reprise s’articule peut-être sa réception des textes du philosophe pragmatiste américain William James, qui circulent en France à la même période.
Amélie Auzoux, « La “vulgate antiaméricaine” de Valery Larbaud »
Cette étude entend démontrer comment l’écrivain, critique et traducteur Valery Larbaud (1881-1957) hérite de la « vulgate antiaméricaine » des Romantiques, de sa création du personnage milliardaire de Barnabooth à son introduction de la littérature américaine dans la France de la première moitié du xxe siècle.
Christine Le Quellec Cottier, « “Les poètes d’aujourd’hui ont pavé le trottoir”. Blaise Cendrars et Walt Whitman, une passion moderne »
L’univers poétique de Blaise Cendrars a souvent été associé, par ses contemporains comme par la critique d’aujourd’hui, à celui de Walt Whitman : ce lien à explorer permet d’interroger la réception de la littérature nord-américaine par Cendrars au début du siècle, alors que lui-même débarquait à New York en 1911. L’auteur de Feuilles d’herbe ne l’a pas laissé indifférent et Feuilles de route, en 1924, est peut-être l’ultime salut à celui qui reconnaissait aux poètes le pouvoir de « paver les trottoirs ».
Alexis Buffet, « L’américanisme, marqueur générationnel ou le tournant moderniste. 1917-1920 »
L’entrée en guerre des États-Unis en 1917 marque une révolution culturelle dans l’imaginaire français. Cette première vague d’américanisation témoigne d’une disponibilité des avant-gardes pour la culture américaine et la modernité venue d’outre-Atlantique. Pour une nouvelle génération d’écrivains, l’américanisme littéraire devient un composant essentiel du renouvellement poétique, en même temps qu’un indispensable critère de la modernité littéraire.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-10156-7
- EAN : 9782406101567
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10156-7.p.0275
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 10/06/2020
- Langue : Français