Présentation des auteurs et résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Jean-Jacques Rousseau et l’exigence d’authenticité. Une question pour notre temps
- Pages : 461 à 470
- Collection : Rencontres, n° 94
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 8
Présentation des auteurs
et résumés
Barbara Carnevali : « Rousseau et l’authenticité. »
Barbara Carnevali est maître de conférences en philosophie à l’École des hautes études en sciences sociales. Parmi ses publications figurent les livres Romantisme et reconnaissance. Figures de la conscience chez Rousseau (Genève, 2012), et Le apparenze sociali. Una filosofia del prestigio (Bologne, 2012).
Dans son étude « Rousseau et l’authenticité », Barbara Carnevali présente les termes d’un débat qui remonte au gnôthi seauton et se poursuit jusqu’à notre époque. Le concept d’authenticité et ses satellites : autonomie, aliénation, reconnaissance est un excellent intégrateur des axes de la pensée de la vérité chez Rousseau. À un second niveau, elle décline l’histoire du « rousseausime » comme ultime avatar d’une pratique de soi remontant aux exercices spirituels des écoles antiques.
Paul Audi : « Rousseau et la dénaturation de l’âme. »
Paul Audi est philosophe (PHILéPOL, université Paris-Descartes). Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages consacrés, pour la plupart, aux rapports de l’éthique et de l’esthétique en Occident au cours des Temps modernes. Il a publié trois ouvrages sur Rousseau et, récemment, Qui témoignera pour nous ? Albert Camus face à lui-même (Lagrasse, 2013), L’Affaire Nietzsche (Lagrasse, 2013) et Le Démon de l’appartenance (Paris, 2014).
Paul Audi montre dans son étude « Rousseau et la dénaturation de l’âme », que celui-ci place l’affectivité au centre de l’être comme immanence à soi de la subjectivité, cependant vouée à la duplicité du devenir civilisationnel ; l’inquiétude ontologique qu’elle suscite est examinée à travers le remords dont atteste Rousseau à l’égard de sa calomnie de jeunesse envers la servante Marion, et par une réévaluation de la perfectibilité selon l’antinomie de ses possibles.
Martin Rueff : « “La vérité que j’aime n’est pas tant métaphysique que morale”. Dire la vérité dans la correspondance avec Dom Deschamps. »
Martin Rueff est professeur à l’université de Genève où il occupe la chaire de littérature du xviiie siècle. Il étudie l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau et la poésie contemporaine. Il est corédacteur en chef de la revue Po&sie. Il est notamment l’auteur de Michel Deguy, situation d’un poète lyrique à l’apogée du capitalisme culturel, (Paris, 2012), Radical y separado, L’antropologia de J.-J. Rousseau y las teorias contemporáneas de la Justicia, (Buenos Aires, 2014) et de Grammaires de Rousseau (à paraître).
Dans sa contribution «“La vérité que j’aime n’est pas tant métaphysique que morale”, Dire la vérité dans la correspondance avec Dom Deschamps », Martin Rueff pointe chez Rousseau la tension de l’exigence d’un dire authentique de la vérité, avec l’impératif de savoir respecter ce qui doit en demeurer celé. Le dialogue épistolaire de 1761 avec Dom Deschamps constituerait la pierre de touche de cette approche de la vérité où l’assentiment prévaut sur l’évidence.
Jean-Hugues Déchaux : « L’individualisme de Rousseau : une analyse sociologique. »
Jean-Hugues Déchaux, professeur de sociologie à l’université Lumière – Lyon 2, est directeur du Centre Max-Weber et membre du comité de rédaction de la Revue française de sociologie. Sociologue de la famille et de la parenté, il s’intéresse aussi au traitement social de la mort et à la théorie de l’action. Il a notamment publié Sociologie de la famille (Paris, 2009), Les Familles face à la mort (Le Bouscat, 1998), et Le Souvenir des morts (Paris, 1997).
Dans son étude « L’individualisme de Rousseau : une analyse sociologique », Jean-Hugues Déchaux examine les concepts centraux, chez Rousseau, de liberté, d’intérêt et de rationalité. Adversaire de l’utilitarisme, celui-ci insiste sur la dimension proprement affective et morale de l’intérêt subjectif au plan intentionnel comme à celui de l’action, en faisant primer la relation d’être sur la relation d’avoir ; ce qui fonde la possibilité d’un vivre ensemble authentique.
Benoit Caudoux : « Quelle authenticité pour quelle modernité ? »
Benoit Caudoux, professeur agrégé de philosophie au lycée du Hainaut de Valenciennes, a soutenu en 2012 une thèse intitulée Écriture et Éthique chez Jean-Jacques Rousseau. Le Sentiment de l’extériorité, à paraître aux éditions H. Champion. Il a publié La Migration des gnous (Paris, 2004), Géographie (Paris, 2008), Sur Quatorze
façons d’aller dans le même café (Paris, 2010), Le Restaurant chinois (Blandain, 2007), La Vérité abstraite toute nue (Lille, 2012).
Dans sa contribution « Quelle authenticité pour quelle modernité ? », Benoît Caudoux tente de repenser la modernité de Rousseau en soutenant, contre Charles Taylor et dans la proximité de Lévinas, que l’authenticité de sa recherche de vérité procède d’une attitude profondément dialogique. Des Lettres à Malesherbes jusqu’aux Dialogues, Rousseau invente une « écriture éthique » liant la vie authentique à la parole juste dans la relation sensible à autrui.
Laurent Jaffro : « Comment produire le sentiment de l’existence ? »
Laurent Jaffro est professeur de philosophie morale à l’université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne. Il est l’auteur de travaux sur la philosophie britannique du xviiie siècle et sur la philosophie morale. Parmi ses publications les plus récentes : “John Toland and the Moral Teaching of the Gospel”, Philosophy and Religion in Enlightenment Britain (Oxford, 2012), « Language and Thought », Oxford Handbook of British Philosophy in the Eighteenth Century (Oxford, 2013).
Se demandant « Comment produire le sentiment de l’existence ? », Laurent Jaffro introduit les catégories d’« identité pratique » et d’« identité pathétique », la première engageant la liberté du sujet, la seconde sa visée du bonheur. Étudiant ce qu’il nomme « la stratégie de l’île Saint-Pierre » chez Rousseau, il montre que son entente de la liberté n’inclut pas celle de la volonté mais uniquement la sphère des actions. Alors peut s’expérimenter une authentique pratique de soi selon la Nature.
Franck Salaün : « La violence et la discipline. Rousseau martyr de la sincérité. »
Franck Salaün est professeur de littérature française au xviiie siècle à l’université Montpellier 3 et membre de l’Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières. Il fait partie du comité de publication des Œuvres complètes de Diderot (Paris, 23 volumes parus) et a publié Le Genou de Jacques (Paris, 2010), L’Autorité du discours (Paris, 2010), Les Lumières. Une introduction (Paris, 2011), et Besoin de fiction (Paris, 2013).
Selon Franck Salaün dans son étude « La violence et la discipline. Rousseau martyr de la sincérité », la question de l’authenticité ne procède pas de l’état de nature mais de la duplicité des rapports sociaux, c’est-à-dire aussi de leur violence. Il montre qu’incarner avec esprit de suite la figure de « martyr de la
sincérité » est la solution adoptée par Rousseau pour authentifier son témoignage dans les circonstances où il l’exprime.
Antoine Lilti : « Singe de Diogène ! Rousseau ou l’impossible authenticité de la critique. »
Antoine Lilti est directeur d’études à l’EHESS. Il est membre du comité de rédaction des Annales. Histoire, sciences sociales. Il a publié Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle (Paris, 2005).
Dans son étude « Singe de Diogène ! Rousseau martyr de la sincérité », Antoine Lilti souligne les contradictions de la posture publique de Rousseau. Si celui-ci engage sa « réforme » après le succès retentissant du Discours de Dijon, c’est une façon de « médiatiser » sa personne et son œuvre : il y a là un « courage de la vérité » qui a frappé son temps mais qui enclenche une logique du soupçon : un écart se creuse entre ce que l’original pense de lui-même et ce qu’en pensent les autres.
John C. O’Neal : « Rousseau à l’âge de facebook. L’authenticité et le défi de l’opinion publique dans les Dialogues. »
John C. O’Neal est professeur de littérature française à Hamilton College (Clinton, New York, USA) depuis 1984. Il a publié The Progressive Poetics of Confusion in the French Enlightenment (Newark, 2011), Changing Minds (Newark, 2002), The Authority of Experience (Penn State, 1996), et « Seeing and Observing : Rousseau’s Rhetoric of Perception », dans le volume 41 de Stanford French and Italian Studies (Stanford, 1985).
Selon John O’Neal, dans sa contribution : « Rousseau à l’âge de face book », c’est l’histoire de la pensée confrontée aux mass media qui s’inaugure dans les Dialogues de Rousseau : s’engage au xviiie siècle un processus d’aliénation généralisée des consciences dans la circulation de leur image médiatique, dont le caractère hégémonique ne laisse que peu d’espaces de résistance : l’œuvre de Rousseau en est un.
Saloua Adli : « Perfectibilité et authenticité : l’exigence naturelle du devenir. »
Saloua Adli est doctorante en philosophie de l’éducation à l’université Pierre-Mendès-France – Grenoble 2. La perfectibilité chez Rousseau, son mémoire de Master II,
est en ligne sur le catalogue DUMAS. Elle réalise des ateliers de philosophie en école primaire avec l’Hexagone, scène nationale de Meylan.
Dans son étude « Perfectibilité et authenticité : l’exigence naturelle du devenir », Saloua Adli interroge les antinomies du concept de perfectibilité : si la notion d’authenticité réfère à un absolu, la temporalité du devenir qu’engage la perfectibilité inclut la nécessité de l’altération de l’origine autant que l’impossibilité d’atteindre à une perfection. D’où il suit que si l’authenticité est bien une exigence, elle se dérobe à toute atteinte.
Claude Habib : « L’obstacle du style : remarques sur les contradictions. »
Claude Habib est ancienne élève de l’ENS de Fontenay-aux-Roses et spécialiste du xviiie siècle. Professeure de littérature à l’université Sorbonne nouvelle, elle a notamment écrit Le Consentement amoureux. Rousseau, les femmes et la Cité (Paris, 1998), Galanterie Française (Paris, 2006), Rousseau aux Charmettes (Paris, 2012). Elle a dirigé Éduquer selon la nature. Seize études sur Émile (Paris, 2012).
Dans son étude « L’obstacle du style : remarques sur les contradictions », Claude Habib part de la multiplicité de contresens auxquels donne lieu l’œuvre de Rousseau ; elle y voit une conséquence de sa netteté de formulation. S’il y a une authenticité de Rousseau comme écrivain, elle serait donc à lire dans ses contradictions ; pour autant, il ne faut pas négliger chez lui le rhéteur conscient de ses moyens et de ses effets : au lecteur d’opter.
Jacques Berchtold : « Peut-on remettre en question l’intention vertueuse des actions héroïques des Romains ? »
Jacques Berchtold, professeur à l’université Paris-Sorbonne et directeur de la Fondation Martin Bodmer (Cologny), a codirigé (1996-2014) les Annales Rousseau (Genève) et il codirige l’édition chronologique des Œuvres complètes de Rousseau (Paris, à paraître). Il a publié Rousseau, Calvin, Genève (Noyon, 2012) et codirigé les collectifs Lire la Correspondance de Rousseau (Genève, 2007) et L’amour dans La Nouvelle Héloïse (Genève, 2002).
« Peut-on remettre en question l’intention vertueuse des actions héroïques des Romains ? » se demande Jacques Berchtold, en admettant que Rousseau ait menti par omission sur la violence de son père. Reprenant les exemples classiques de brutalité meurtrière paternelle, il montre que leur assomption stoïcienne est contredite par la tradition chrétienne. Ce que Rousseau tait
peut-être dans Les Confessions serait donc lisible en d’autres endroits de son œuvre où se trouveraient discutée les vertus héroïques antiques.
Michael O’Dea : « “Le lien puissant et secret des passions avec les sons”. Questions d’authenticité musicale. »
Michael O’Dea est professeur émérite de lettres modernes à l’université Lyon 2 et membre de l’UMR LIRE (Lyon 2 / CNRS). Il est l’auteur de Jean-Jacques Rousseau. Music, Illusion and Desire (Londres et New York, 1995). Il a coordonné les volumes Rousseau et les philosophes (SVEC 2010 :12) et Jean-Jacques Rousseau en 2012 : « Puisqu’enfin mon nom doit vivre » (SVEC 2012 :1) ; il termine actuellement une édition de l’Essai sur l’origine des langues pour les Œuvres complètes de Rousseau paraissant chez Classiques Garnier. Il travaille également sur Diderot et sur l’Encyclopédie, ainsi que sur la presse au xviiie siècle (Journal de Paris).
Dans son étude « “Le lien puissant et secret des passions avec les sons”. Questions d’authenticité musicale », Michael O’Dea montre que la forme de l’authenticité chez Rousseau est recherchée dans le lien de l’expression à l’émotion ressentie. Si Les Confessions mettent en scène un partage émotif à l’occasion de l’œuvre, plutôt qu’une célébration de l’œuvre elle-même, les pages consacrées à la musique dans Rousseau juge de Jean-Jacques donnent l’authenticité comme intrinsèque à l’œuvre musicale, celle-ci s’avérant la pierre de touche de l’œuvre entière.
Amélie Tissoires : « La musique et l’expérience de l’authenticité. »
Amélie Tissoires est professeure agrégée de lettres modernes et membre associé de l’UMR LIRE à l’université Stendhal – Grenoble 3. Elle a soutenu une thèse intitulée « l’Opéra mental, formes et enjeux de l’écriture du spectacle chez Jean-Jacques Rousseau » sous la direction de J.-F. Perrin (à paraître). Elle est coauteur des Confessions, t. I à VI (Neuilly, 2012) et a publié plusieurs articles sur Rousseau.
Dans son étude « La musique et l’expérience de l’authenticité », Amélie Tissoires compare le premier préambule des Confessions avec la préface du Dictionnaire de musique. Suivent une analyse de l’émotion musicale partagée comme paradigme de l’authenticité selon le récit de la représentation du Devin du village, et une relecture de l’épisode de l’imposture du concert de Lausanne pointant l’inauthenticité virtuellement présente à l’art comme produit civilisationnel.
Dominique Hölzle : « Galanterie, confusion des sexes et spectacle authentique dans la Lettre à d’Alembert de Rousseau. »
Dominique Hölzle, membre associé de l’UMR LIRE à l’université Stendhal – Grenoble 3, a coédité les Lettres athéniennes de Crébillon (Paris, 2010), et publié Le Roman libertin au xviiie siècle (Oxford, 2012). Ses recherches portent sur la politique des sexes à l’âge classique, sur la poétique du roman galant et libertin, et sur la façon dont les questions esthétiques travaillent les théories de la sociabilité et la fiction romanesque.
Dans sa contribution « Galanterie, confusion des sexes et spectacle authentique dans la Lettre à d’Alembert », Dominique Hölzle étudie la place problématique du féminin dans l’antinomie qu’installe cette œuvre entre l’authenticité républicaine de la fête genevoise et les artifices théâtraux de la scène moderne. L’irruption des spectatrices dans le rituel militaire de Saint-Gervais paraît une alternative au confinement du féminin hors de l’espace public dans l’Antiquité.
Maria Leone : « “Je suis autre”, sur quelques figures de l’altérité dans les Confessions. De la diffraction du moi à la mise en scène de l’hétérogénéité textuelle. »
Maria Leone est enseignante en lettres en classes Préparatoires scientifiques à Lyon. Elle a publié sur La Nouvelle Héloïse, s’intéresse au théâtre de Rousseau (« Jean-Jacques Rousseau : De Lucrèce à Julie », RHLF, no 1, 2003), et participe à l’édition chronologique complète des œuvres de Rousseau chez Garnier.
Dans son étude « “Je suis autre”, sur quelques figures de l’altérité dans les Confessions : de la diffraction du moi à la mise en scène de l’hétérogénéité textuelle », Maria Leone étudie les enjeux du pseudonymat dans l’écriture de Rousseau (selon un jeu singulier avec les pratiques de Voltaire). S’ouvre la possibilité que les Confessions trompent leur lecteur, l’imposture de Lausanne comme les amours du timide Dudding attestant virtuosité picaresque et goût de la mystification, plus qu’un exact souci d’authenticité.
Laurence Mall : « Écriture de soi et “syntaxe générale” chez Bergounioux et Ernaux (sur fond rousseauiste). »
Laurence Mall est professeure de langue et de littérature françaises à l’université de l’Illinois (Urbana-Champaign). Elle a publié Origines et retraites dans La Nouvelle Héloïse (Bruxelles, 1997) et Émile ou les figures de la fiction (Oxford, 2002). Elle a publié plusieurs articles sur Diderot. Louis Sébastien Mercier et ses Tableau de Paris et Nouveau Paris font l’objet de ses plus récents travaux.
Dans sa contribution « Écriture de soi et “syntaxe générale” chez Bergounioux et Ernaux », Laurence Mall étudie les œuvres de ces deux écrivains contemporains comme méditation soupçonneuse de l’exigence moderne d’authenticité. Chez Ernaux, celle-ci apparaît comme une mystification de masse relevant de la sociologie des discours ; chez Bergounioux, l’enfance campagnarde inconsciente est scrutée selon la culture acquise à la faveur d’une rupture de l’Histoire. La généalogie critique d’une identité personnelle les relie à Roussseau.
Catherine Mariette-Clot : « Stendhal et Rousseau : La Nouvelle Héloïse comme leçon de vertu. »
Catherine Mariette-Clot est professeure en littérature française à l’université Stendhal – Grenoble 3. Elle a édité Simon pour les Œuvres complètes de George Sand (Paris, 2010) et participe à l’édition en cours des Journaux et papiers de Stendhal. Elle a dirigé La Tradition des romans de femmes xviiie-xixe siècles (Paris, 2012), et le numéro 5 de la revue Romanesques (Paris, 2013).
Catherine Mariette-Clot rappelle dans son étude « Stendhal et Rousseau : La Nouvelle Héloïse comme leçon de vertu », que le Stendhal de la Vie de Henri Brulard s’est découvert lui-même à l’adolescence, à la faveur de la lecture passionnée de La Nouvelle Héloïse. Elle y trouve confirmation des thèses de Martha Nussbaum ou Stanley Cavell sur la portée éthique de la littérature comme invention de soi au contact des fictions de l’Autre.
Martial Poirson : « Avatars de Rousseau. Ambivalences du “philosophe tardif” dans le roman du second xviiie siècle. »
Martial Poirson est professeur en lettres et arts à l’université Stendhal – Grenoble 3. Il a notamment publié Spectacle et économie à l’âge classique (Paris, 2011), Les Audiences de Thalie (Paris, 2013), Comédie et économie du classicisme aux Lumières (Paris, 2013), Politique de la représentation (Paris, 2013), Économie du spectacle vivant (Paris 2013).
Dans son étude « Avatars de Rousseau : ambivalences du “philosophe tardif” dans le roman du second xviiie siècle », Martial Poirson analyse La Jolie Femme, un roman à succès de la fin du xviiie siècle qui met en scène les charmes de la vie retirée à la campagne ; il y traque les signes d’une « authenticité niaiseuse » pseudo rousseauiste, qui court depuis le Crispin animalisé de la comédie de Palissot jusqu’aux cosmétiques « naturels » de nos publicités modernes.
Yannick Séité : « Point d’ironie. »
Yannick Séité est maître de conférences à l’université Paris Diderot. Spécialiste des Lumières, il a publié de nombreux travaux sur Jean-Jacques Rousseau, auquel il a consacré sa thèse et dont il codirige les Œuvres complètes (en cours de publication). Il s’intéresse également à l’histoire du livre, l’autobiographie, la théorie littéraire, le roman, et la musique, en particulier envisagée dans ses rapports avec le texte.
Dans son étude « Point d’ironie », Yannick Séité médite une note de l’Essai sur l’origine des langues qui déplore le défaut, dans la langue écrite, du « point d’ironie » pour qui se soucie de restituer la vie de la voix : une revendication qui bute sur l’équivocité inhérente à cette figure. Plus que l’ironie, la spécialité de Rousseau serait le sarcasme, dont témoigne une lettre au comte de Lastic qui servit à former les consciences républicaines dans les manuels scolaires de jadis.
Jean-François Perrin : « Surprendre l’authentique ? L’aveu qu’on ne voudrait dans les deux Surprise(s) de l’amour de Marivaux. »
Jean-François Perrin est professeur émérite de littérature française à l’université Stendhal – Grenoble 3. Il a publié Rousseau, Le chemin de ronde (Paris, 2014), Politique du renonçant, Le dernier Rousseau (Paris, 2011), Le Chant de l’origine, la mémoire et le temps dans les Confessions de Jean-Jacques Rousseau (Oxford, 1996). Il a également édité Rousseau, Lettres philosophiques (Paris, 2003) et prépare une édition critique de Rousseau juge de Jean-Jacques. Cofondateur de la revue Féeries, il a codirigé plusieurs ouvrages collectifs sur le conte littéraire de l’âge classique, édité les Contes d’Hamilton et La Reine Fantasque de Rousseau (Paris 2008), et dirigé l’édition critique des Contes de T.-S. Gueullette (Paris, 2010).
Dans sa contribution « Surprendre l’authentique ? L’aveu qu’on ne voudrait dans les deux Surprise(s) de l’amour de Marivaux », Jean-François Perrin rappelle que Rousseau a connu, lu et apprécié Marivaux, afin d’attirer l’attention sur les pièges que monte celui-ci pour surprendre la venue en dire de l’amour à l’insu des sujets : l’analyse de ces deux pièces suggère que c’est dans la défaillance à la parole que s’avère l’authenticité de l’être.
Yûji Sakakura : « Le soi se déguise-t-il à soi-même ? Ce que J.-J. Rousseau apprend dans la polémique théologique des xviie et xviiie siècles. »
Yûji Sakakura est professeur de pédagogie et de philosophie à l’université Waseda, Tokyo. Il a notamment publié La Pensée pédagogique de J.-J. Rousseau (Tokyo, 1998) « Essai sur “l’amour-propre” chez J.-J. Rousseau », dans le no 7 des Études J.-J. Rousseau,
(Montmorency, 1995), « Le soi dans le regard des autres : un essai sur le système philosophique de J.-J. Rousseau », dans Réflexivité et autoréférence dans les systèmes complexes (Paris, 2005).
Dans son étude « Le soi se déguise-t-il à soi-même ? Ce que J.-J. Rousseau apprend dans la polémique théologique des xviie et xviiie siècles », Yûji Sakakura étudie la filiation reliant la théorie de l’amour-propre et de l’amour de soi chez Rousseau avec les polémiques chrétiennes classiques sur l’amour-propre, l’amour de soi et la Charité, de François de Sales à Marie Huber.
Yves Citton : « Postface. Le souci d’authenticité : vie soutenable et soin de la médiation. »
Yves Citton, professeur de littérature française du xviiie siècle à l’université Stendhal – Grenoble 3, membre de l’UMR LIRE, codirige la revue Multitudes et collabore à la Revue des Livres. Il a notamment publié Gestes d’humanités (Paris, 2012), Renverser l’insoutenable (Seuil, 2012), Zazirocratie (Paris, 2011), L’Avenir des Humanités (Paris, 2010), Lire, interpréter, actualiser (Paris, 2007).
La postface d’Yves Citton : « Le souci d’authenticité : vie soutenable et soin de la médiation », réactualise pour demain la question de l’authenticité, selon une optique anti-tragique. La médiation est réfléchie comme travail de soi dans le soin d’autrui, afin de renouveler le tissu de relations spectacularisées de nos existences à l’ère de la médiatisation du monde : un engagement éthique vers une ingénuité consciente de sa visibilité est ainsi proposé, afin qu’une vie humaine digne de ce nom demeure en dépit de tout envisageable.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-3082-4
- EAN : 9782812430824
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3082-4.p.0461
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 24/09/2014
- Langue : Français