![Voyage et Scandale - Résumés](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/PamMS01b.png)
Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Voyage et Scandale
- Pages : 329 à 334
- Collection : Géographies du monde, n° 34
Résumés
Juan Manuel Ibeas-Altamira, « Les voyages prérévolutionnaires du « gouverneur » des Orléans : les scandaleuses expéditions de Madame de Genlis »
Peu de femmes ont maîtrisé l’art du scandale comme Félicité de Genlis (1746-1830), chacun de ses gestes inspire une nouvelle épigramme satirique ou un libelle politique. C’est grâce à de multiples scandales (parfois fruits du hasard, mais le plus souvent cherchés) qu’elle se fraie un chemin dans un monde hostile. Ses nombreux voyages ne furent pas moins tapageurs. Genlis se sert de ces périples « extraordinaires » pour façonner son personnage en fonction de l’air du temps.
Ema Galifi, « Isabelle Eberhardt, du scandale au pro-vocare »
Cet article s’intéresse au motif du scandale dans la vie et les écrits viatiques d’Isabelle Eberhardt (1877-1904), qui tourne le dos à l’Europe pour nomadiser en Algérie, et cela, au moment même où l’administration coloniale cherche à sédentariser les peuples nomades. Insoumise, cette jeune femme se joue des codes sociaux. Nous évaluerons dans quelle mesure Isabelle Eberhardt provoque les esprits sédentaires et appelle au dehors pour décloisonner les pensées.
Laure Demougin, « Voyage d’une Parisienne ou journal d’une bagnarde ? Le scandale fantôme de Mme Giovanni »
En 1855 paraît Marie Giovanni. Journal de voyage d’une Parisienne rédigé par Alexandre Dumas. Dans le récit, plusieurs traces mettent sur la piste d’un scandale biographique fantôme, qui n’a jamais éclaté, car on sait maintenant que Marie Giovanni était une bagnarde ; subsiste en revanche le scandale revendiqué d’une femme à l’éthos d’aventurière. Par les approches du pseudonyme, du discours d’escorte, de l’éthos et du double sens, c’est ce scandale polymorphe que cet article vise à éclairer.
330Gábor Gelléri, « Le silence du scandale. La mission des étudiantes françaises en Indochine, 1924 »
En 1924, des groupes d’étudiants sont envoyés dans les colonies pour devenir les chantres de la colonisation. Des scandales accompagnent la visite d’un groupe d’étudiantes en Indochine : on critique la sélection des participantes et la direction du groupe, et les réactions locales sont très mitigées. On suggère que ces scandales reflètent les contradictions du projet même, les ambigüités dans la réception de la colonisation, ainsi que la place contestée des femmes dans les milieux intellectuels.
Thierry Poyet, « Le voyageur arrogant ou l’exemple disruptif de Flaubert et Colet en postromantiques »
Coup d’éclat du romantique égocentré vs courtoisie du voyageur ? Quand Flaubert ou Louise Colet voyagent, rien ne se passe comme prévu. Dans une mise en scène de soi au sein du récit épistolaire ou viatique, l’arrogance clame le sentiment de la différence d’avec l’autochtone dès lors que s’impose un nouvel ethos de l’écrivain. L’étude de quatre anecdotes entre provocation et scandale offre une approche de l’individuation de l’artiste marchant de pair avec le rejet de l’Autre en bourgeois.
Johanna Cappi, « Albert Londres, grand reporter et photographe en Terre d’ébène. Sur le colonialisme, la traite humaine et la construction du chemin de fer Congo-Océan » (Le Petit Parisien, 1928)
Dès 1927, divers journaux étrangers discriminent l’administration coloniale en Afrique Noire française et dénoncent « un nombre effroyable de morts » le long de la ligne ferroviaire dirigée par la Société des Batignolles. Mandaté par la rédaction de son journal et muni d’un appareil photographique portatif, l’éminent journaliste mène une enquête retentissante, durant quatre mois, de Brazzaville à Pointe-Noire.
Betty Zeghdani, « Belles infidèles. La chronique scandaleuse du récit de voyage au xixe siècle »
Au xixe siècle, les récits de voyage en Orient sont traversés par une même obsession de l’adultère féminin. Les voyageurs sont confrontés à des scandales 331conjugaux qui donnent à leurs textes tous les airs d’une chronique scandaleuse. Ces anecdotes permettent aux voyageurs de valoriser leurs propres modèles sociaux et moraux en s’imposant comme censeurs d’une pratique étrangère. La distance culturelle et les effets de reprise textuelle ont néanmoins tendance à exotiser ces épisodes sulfureux.
Dorine Rouiller, « “Un cosmopolite n’est pas un bon citoyen”. Le scandale d’être partout chez soi »
Cette contribution part de l’hypothèse que la dimension scandaleuse du cosmopolitisme cynique originel n’est pas absente de certaines expressions d’une citoyenneté du monde à l’Âge classique. Elle a pour but de montrer que l’œuvre du libertin érudit François de La Mothe Le Vayer est révélatrice de l’existence d’un anticosmopolitisme au xviie siècle à travers ses allusions à une opinion commune patriotique que l’auteur cherche à ébranler.
Nicolas Cambon, « Expériences et écritures du cannibalisme dans le premier voyage de Cook »
Lors de son voyage en Nouvelle-Zélande entre 1769 et 1770, James Cook et son équipage perçoivent des signes d’anthropophagie chez les autochtones, les Maoris. Dès lors, ils enquêtent sur cette pratique qu’ils jugent choquante. Cette recherche est poursuivie, en Grande-Bretagne, par John Hawkesworth, l’écrivain du récit de voyage de cette expédition. Une question le taraude : comment traiter d’une pratique si horrible ? C’est à la restitution de toutes ces réflexions qu’est consacré cet article.
Odile Gannier, « Reportages féminins avant-guerre, Titaÿna la scandaleuse »
Le scandale peut venir du voyageur même : Titaÿna, aviatrice, navigatrice, choque dans les années 1930 par son mode de vie, ses reportages en solitaire, ses sujets scabreux, son absence de scrupules. Sa famille apprécie l’usage d’un pseudonyme ! En 1945, on l’accuse de collaboration : le scandale, cause de son succès, la condamne, montrant la difficulté de ce métier pour les femmes : souvent réputées excentriques car sortant des domaines prescrits, elles paient cher l’audace et la transgression.
332Robert Sayre, « Le voyage au cœur des ténèbres de Conrad. Scandale du colonialisme, scandale de la critique postcoloniale »
L’article analyse le dévoilement de la face cachée, scandaleuse, du colonialisme belge (et au-delà, européen) au Congo, dans Au cœur des ténèbres (1899), récit de voyage fictif par Joseph Conrad. Puis il aborde un deuxième scandale d’une autre nature : la mise en question de ce roman, d’abord par l’écrivain nigérien Chinua Achebe, qui en 1975 a accusé l’ouvrage de véhiculer une perspective européenne « raciste », ensuite par la critique « postcoloniale » qui a poursuivi dans une veine similaire.
Qingya Meng, « Le voyage en Chine du cinéaste Michelangelo Antonioni (1972) à l’origine d’un scandale diplomatique »
En 1972, le cinéaste Michelangelo Antonioni est invité à réaliser un documentaire filmique sur la Chine de Mao. Le film, projeté à Rome, puis en Europe et aux États-Unis, attire des critiques de la part du gouvernement chinois qui le considère comme « une provocation contre le peuple chinois ». Notre étude vise à comprendre en quoi le réel chinois traduit par ce film peut déclencher un scandale politique entre la Chine et l’Europe.
Mickaël Mesierz, « Gracq contre Rome, ou comment dérouter la critique »
Julien Gracq, à travers Autour des sept collines, suscite un scandale éditorial, par l’image burlesque et négative qu’il donne de Rome. L’auteur souhaite s’opposer à la tradition viatique. D’après lui, Rome fige le temps, refusant le renouvellement urbain et culturel. Toutefois, cette déconvenue est réversible : Gracq parvient à faire de Rome le lieu d’une vision poétique subjective. Ainsi pratique-t-il, lui aussi, la méditation sur le temps et le retour réflexif sur son voyage.
Sandra Delage, « Voyage en terres amazones. Le traitement comique du scandale dans le théâtre du xviiie siècle »
Au xviiie siècle, les dramaturges s’inspirent de la littérature viatique pour renouveler leur répertoire. Parmi leurs diverses représentations de l’Altérité, une figure émerge : celle de l’Amazone. Cependant, ce personnage mythique se voit transformé et sa société subversive tournée en dérision dans les trois pièces méconnues que sont L’Isle des Amazones de Lesage et d’Orneval, Les 333Amazones modernes de Fuzelier et Legrand et Les Amazones révoltées de Le Maingre de Bouciquault.
Anne Garric, « Itinéraires obscènes de Georges Bataille »
Au moyen de l’obscénité latente de l’écriture, Histoire de l’œil et du Bleu du ciel racontent les états-limites recherchés par la philosophie bataillienne dans deux voyages fictionnels qui évacuent l’intérêt des realia et occultent l’éveil du désir sexuel. La langue de Georges Bataille tisse une cohérence obscène indépendante de toute géographie et trace ces itinéraires conceptuels où la corporéité s’exhibe, dans les déchéances londoniennes et allemandes ou sous le soleil urinaire de l’Espagne.
Nina Bigot, « Pouvoirs du scandale. Le saisissement dans la photolittérature viatique selon Antoine d’Agata »
La photolittérature d’Antoine d’Agata, viatique et autobiographique, donne lieu à une esthétique nuisible, subversive, en filiation directe avec le scandale en tant que désordre bruyant qui pose problème à la conscience. L’étude d’Ice et de son Codex met au jour l’expérience esthétique du saisissement qui s’y déploie : synonyme d’épreuve visuelle, elle nous saisit pour mieux nous faire trébucher. Nous analyserons ici ses caractéristiques ainsi que son potentiel heuristique.
Marine Bastide De Sousa, « Le poids du paratexte ou l’art du scandale. Exemple du Diable amoureux de Jacques Cazotte »
Paru en 1772, le Diable amoureux de Jacques Cazotte est un récit de voyage écrit à la première personne. Publié en 1776 dans une version plus consensuelle, il sera toutefois dès la mort de l’auteur déformé par des lectures qui le transformeront en œuvre de scandale. L’article propose à travers trois éditions d’étudier l’instrumentalisation de l’ouvrage aux xixe et xxe siècles qui feront du récit un ouvrage engagé malgré lui.
Nadezhda Washington, « L’Île de Sakhaline de Tchekhov. Le viatique du rire »
En 1890, Anton Tchekhov entreprend une mission à l’île de Sakhaline, colonie pénitentiaire russe, pour ensuite publier son scandaleux témoignage, 334sous-titré Notes de voyage. Le présent article aborde le scandale en tant que cause et conséquence de la parution de cet ouvrage, à travers une analyse du mélange des genres. Une attention particulière est portée à l’humour tchekhovien, qui déconstruit l’image de « l’île maudite » et atténue l’effet scandaleux du texte.
Marco Menin, « Sade et Juliette en Italie. La construction du scandale entre récit du voyage et récit romanesque »
L’article propose de lire le Voyage d’Italie de Sade – ouvrage de jeunesse longtemps négligé par la critique – à la lumière de la technique de la « double vérité » typique de la tradition libertine et du thème historiographique de la « lecture entre les lignes ». Cette hypothèse, qui renforce l’idée d’une continuité entre le récit de voyage et les romans libertins de la maturité, notamment l’Histoire de Juliette, permet d’éclairer davantage le lien intime qui, selon Sade, lie voyage et scandale.
Patrick Mathieu, « Céline, Voyage au bout du vomi »
Le vomi est dégoûtant. Il ferait même vomir si l’on ingère celui des autres, ce à quoi nous convie Louis-Ferdinand Céline, dans un grand banquet à ciel ouvert, lors d’une traversée vers l’Angleterre dans Mort à crédit. Nouvelle Cène, cette oblation dont l’ironie relève de l’énantiologie est scandaleuse car, défiant codes culturels et genres littéraires, elle présente un nouveau pan du scatologique, donnant ouvertement à lire le rejet de la famille, dans une régression savante et toute fantasmée.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12685-0
- EAN : 9782406126850
- ISSN : 1775-3503
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12685-0.p.0329
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 20/04/2022
- Langue : Français