Résumés et présentations des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Voix de Péguy, échos, résonances
- Pages : 371 à 379
- Collection : Colloques de Cerisy - Littérature, n° 1
résumés et présentations
des auteurs
Jérôme Roger : « “Parlez-moi de comment vous le dites”, une éthique de la voix »
Jérôme Roger, professeur à l’université Bordeaux Montaigne, membre du laboratoire TELEM et du groupe Polart, a publié La Critique littéraire (Paris, 2009, 2e édition, 2016) et Henri Michaux (Lyon, 2002). Il a participé à l’édition des Œuvres poétiques et dramatiques de Charles Péguy (Paris, 2014) et coordonné le no 1024-1025 de la revue Europe (Paris, 2014). Il a dirigé Sens de la langue, sens du langage (Bordeaux, 2011).
Cet article évoque le rapport toujours conflictuel entre le corps sonore de la voix et l’écrit littéraire. Cette voix implique une éthique intempestive, dont le répondant est une éthique de la lecture qui nous rapporte à l’infini du sujet du langage, seul problème, à la vérité, que Péguy tenait pour sérieux. Ces grands lecteurs que furent A. Gide, J. Rivière, L. Spitzer, M. Jousse, R. Queneau, R. Rolland, H. Meschonnic, ont témoigné de ce que les musiciens appellent la dynamique profonde d’un style.
Alexandre de Vitry : « Péguy au kaléidoscope »
Alexandre de Vitry, ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon, agrégé de lettres modernes et docteur en littérature française de l’université Paris-Sorbonne, est attaché temporaire de recherche au Collège de France. Il est l’auteur de Conspirations d’un solitaire. L’individualisme civique de Péguy (Paris, 2015) et a publié neuf essais de Charles Péguy sous le titre Mystique et Politique (Paris, 2015).
Charles Péguy s’est réparti diversement au gré des confidences, dispersant son identité en même temps qu’il se permettait, par cette pulvérisation, de constituer le « centre » d’une communauté par-delà sa disparition. En se morcelant, Péguy s’est effacé en même temps qu’il a occupé tout le terrain des futures lectures de son œuvre.
Charles Coustille : « Procès de Péguy »
Charles Coustille est doctorant en lettres à l’EHESS, en cotutelle avec l’université Northwestern, et ATER à l’université Paris Est – Créteil – Val-de-Marne. Dans sa thèse, « Les antithèses : thèses d’écrivains de Charles Péguy à nos jours », il s’intéresse aux rapports entre écritures universitaire et littéraire
Charles Péguy a énoncé les bases d’une très solide théorie de la justice reposant sur la conviction. Mieux encore, cette théorie est mise en application, notamment lors du procès de Jeanne d’Arc, dans le drame de 1897. Mais, lorsque Péguy cherche à se faire justice, le mécanisme s’enraye : la pratique révèle les failles de la théorie et la voix de l’auteur tend vers l’injustice.
Aude Bonord : « Échos de Péguy, un antimoderne pour la modernité ».
Aude Bonord, maître de conférences en littérature française xxe-xxie siècles à l’université d’Orléans (laboratoire POLEN, équipe CEPOC, EA 4710). Elle a publié de nombreux articles sur les rapports entre littérature et spiritualité dans la littérature contemporaine non confessionnelle, sur la forme légendaire et sur les mythologies d’écrivain. Elle est l’auteur de Les « Hagiographes de la main gauche » (Paris, 2011).
Le rapprochement entre la critique du monde moderne de Péguy et celle des années 1920 et 1930 a été bien mise en évidence. Cette filiation a souvent été ébauchée par les intellectuels catholiques. À la fin du siècle, le groupe des écrivains catholiques n’existe plus. Pourtant, des écrivains qui s’intéressent à la spiritualité chrétienne déclarent encore admirer ce grand aîné. Cet article analyse quels échos de Péguy sont présents dans leurs textes et quelle communauté de sensibilités se dégage dans ces résonances.
Robert Scholtus : « La lettre et la voix. Péguy l’évangéliste »
Robert Scholtus, prêtre du diocèse de Metz, ancien supérieur du séminaire de l’Institut catholique de Paris, est membre de l’Observatoire foi et culture de la conférence des évêques de France. Théologien et écrivain, il est l’auteur, entre autres, de Le monde commence à tout instant (Paris, 1998), Une saison dans les limbes (Montrouge, 2010), Promesse d’une ville (Paris, 2012).
Péguy donne de la voix. Mais à oublier son « geste scripteur » et son écriture en travail incessant, on sera toujours tenté de faire de lui le vulgaire porte-voix de nos causes perdues. Or la voix de Péguy se donne à entendre dans des
procédés littéraires qui font l’admiration de sa Clio, dans une écriture qu’on a pu qualifier d’« évangélique » en ce qu’elle fait retentir la « voix de mémoire engloutie » comme bonne nouvelle d’un éternel commencement.
Maud Gouttefangeas : « Penser en chœur : le modèle choral des Cahiers de la quinzaine »
Maud Gouttefangeas, docteur en littérature française, agrégée de lettres modernes, est l’auteur de diverses études sur Charles Péguy, Antonin Artaud, Paul Valéry et Henri Michaux, ainsi que sur la question de la théâtralité.
Les Cahiers de la quinzaine résonnent comme un chœur. La résonance des voix n’y est pas aplatie, uniforme, mais laisse toujours affleurer la multiplicité. Le chœur est un « peuple de voix » dont Péguy cherche à restituer les échos divers. Sur d’autres plans, politique et métaphysique, le chœur participe de la relation qui unit Péguy à la communauté de ses lecteurs, comme il éclaire la manière dont il entend l’histoire de l’humanité.
Violaine Anger : « La parole et ses modalités : le rapport au sonore dans les Mystères »
Violaine Anger, maître de conférences HDR en musicologie et esthétique musicale à l’université d’Évry et à l’École polytechnique, s’intéresse aux relations entre langage, langue et musique. Elle est membre du groupe de recherche Polart (poétique de l’art), chercheur au Centre d’études et de recherches comparées sur la création (CERCC, équipe d’accueil 1633). Elle est l’auteur de Le Sens de la musique (Paris, 2006).
Dans les Mystères Péguy fait l’anthropologie d’une parole qui passe par le travail notionnel du cri, de la clameur et du hurlement. L’articulation entre le signe et le référent, le signe et la cause du signe, mène à une poétique de la résonance et de la subjectivité extrêmement précise : parole chantée sans implication subjective et chœur issu du cœur sont vus comme deux extrêmes de l’activité d’énonciation. Les notions d’emplissage et de « point de répondance » achèvent cette élaboration du sujet parlant.
Éric Benoit : « Polyphonie des trois Mystères (l’émotion spirituelle) »
Éric Benoit est professeur de littérature française à l’université Bordeaux Montaigne. Il dirige l’équipe TELEM et le centre de recherches Modernités. Il étudie notamment
la poésie des xixe et xxe siècles, et les relations entre littérature et religion. Il a notamment publié De la crise du sens à la quête du sens (Paris, 2000), La Bible en clair (Paris, 2009), Bernanos. Littérature et théologie (Paris, 2013).
Quels échos les trois Mystères de Péguy peuvent-ils avoir pour un lecteur athée ou qui se déclarerait athée ? La réponse passe par le cœur, par la production d’une empathie, par la création d’une émotion spirituelle au cœur du lecteur grâce aux effets de voix et au dispositif polyphonique de l’œuvre. L’émotion : le mouvement de l’espérance comme « vertu » c’est-à-dire comme force, énergie.
Alessandra Marangoni : « La voix collective des Tapisseries »
Alessandra Marangoni enseigne la littérature française à l’université de Padoue. Elle a étudié le surréalisme et le Grand Jeu, la fable en vers du xvie siècle, la poésie des xixe et xxe siècles. Elle a coédité les écrits de jeunesse de René Daumal, dans Se dégager du scorpion imposé (Bastia, 2014) et publié « Le Mystère et la Tapisserie », dans le no 38-39 de la revue Le Porche (Avignon, 2013).
Cet article étudie, dans les derniers poèmes de Péguy, la voix chorale de la prière, la voie collective du poème épique, et la tradition de la tapisserie poétique, genre du Moyen Âge. La trame ordonnée des Tapisseries invite à tenir compte de la technique de fabrication des tapis, pour expliquer cette abondance d’alexandrins à une époque où la mode est au vers libre. Reste que ces poèmes en vers réguliers et rimés, ostensiblement tournés vers le passé, sont bien des fois à l’unisson avec les pratiques d’avant-garde.
Makiko Nakazato : « La voix et le silence de Jeanne d’Arc “écoutée par Péguy” »
Makiko Nakazato, maître de conférences à l’université Iwate (Japon), a soutenu sa thèse sur l’œuvre romanesque de Raymond Queneau à l’université de Toulouse – Jean-Jaurès en 2004. Elle notamment publié « Jeanne d’Arc dans la littérature du xxe siècle en France et au Japon », dans Jeanne d’Arc. Histoire et mythes (Rennes, 2014). Elle a édité Le Deuil et le Traumatisme dans la littérature (Tokyo, 2014).
Les deux figures de Jeanne d’Arc, l’une éloquente, l’autre taciturne, sont dans l’œuvre de Péguy. Après l’étude de la lignée de la Jeanne d’Arc éloquente, cet article examine le « mot d’enfant », que Péguy décrit dans Le Mystère des saints innocents, et que Jeanne symbolise avec sa tendance au silence dans les
deux derniers Mystères. Il étudie enfin comment Bernanos a approfondi la notion de « mot d’enfant » dans ses textes sur Jeanne d’Arc, afin de saisir la portée de cette notion dans la littérature du xxe siècle.
Charles Coutel : « L’oraison chez Charles Péguy »
Charles Coutel est professeur émérite à l’université d’Artois. Ses travaux portent sur l’idée de laïcité et sur le siècle des Lumières. Il dirige l’Institut d’étude des faits religieux (IEFR). Il a publié Hospitalité de Péguy (Paris, 2011) et Petite vie de Charles Péguy (Paris, 2013).
Cet article insiste sur l’analyse de la prière chez Péguy dans ses divers sens et figures. Peu à peu le poète s’avise que les prières mécaniques de certains croyants risquent de méconnaître la « jeune oraison » par laquelle Péguy revient vers la prière de Jésus tout en l’inscrivant dans le temps : cette jeune oraison trouve sa résidence dans les rosaces de la cathédrale ; enfin cette oraison conjure le temps dans la litanie et l’acrostiche. On peut ainsi parler d’une voix originale de Péguy orant.
Denis Labouret : « L’humour polémique de Péguy : un effet de voix »
Denis Labouret, maître de conférences HDR à l’université Paris-Sorbonne, est spécialiste de Jean Giono. Il a édité L’Enfant (Paris, 2000) et Les Victimes du livre (Jaignes, 2001) de Jules Vallès. Auteur d’études sur les littératures polémiques des xixe et xxe siècles, il a coorganisé le colloque « Le statut de l’écrivain catholique au xxe siècle » et publié Littérature française du xxe siècle (Paris, 2013).
Péguy revendique un comique « sérieux », « tragique », qu’il oppose à la pratique de la blague creuse, de la dérision agressive ou de l’ironie. L’humour prend appui sur le discours d’autrui et s’accomplit dans une verve qui libère le verbe et emporte l’adhésion du lecteur. Il est aussi humour sur soi, renvoyant à l’expérience et à la mémoire. Cet humour, loin d’affaiblir le discours polémique, le leste au contraire d’une profondeur spirituelle et d’une saveur poétique qui assurent son ton propre, sa singulière vigueur.
Pauline Bruley : « Actio et voix chez Péguy : dans les “interstices du sens” »
Pauline Bruley est maître de conférences en langue et littérature françaises à l’université d’Angers et membre du CERIEC (UPRES-EA 922). Elle a publié Rhétorique et style
dans la prose de Charles Péguy (Paris, 2010), et participé à l’édition des Œuvres poétiques et dramatiques de Charles Péguy (Paris, 2014).
Pour Péguy, la voix est un affleurement sensible de l’être dans le présent, l’indice d’un sens surabondant, l’origine et le couronnement mystérieux du discours. À la fin du xixe siècle, l’actio, la diction théâtrale, encore largement codifiés, évoluent. Dans ce contexte, on peut cerner un imaginaire vocal de Péguy, comprendre certains emplois des termes « voix », « ton », « style » et proposer les modalités d’une écoute de la voix dans le texte.
Valérie Aubert et Samir Siad : « Mettre Clio en voix »
Valérie Aubert est comédienne, metteur en scène, et fondatrice, avec Samir Siad, de la compagnie Théâtre en Partance. Ils ont ensemble réalisé de nombreuses mises en scène, parmi lesquelles La Jérusalem délivrée, d’après Le Tasse, Lucrèce Borgia d’après Victor Hugo, Enfance de Nathalie Sarraute, Le Naufragé de Thomas Bernhard, une adaptation des Écrits de Combat de Georges Bernanos, et Clio de Charles Péguy.
Samir Siad est comédien, metteur en scène, et fondateur, avec Valérie Aubert, de la compagnie Théâtre en Partance. Ils ont ensemble réalisé de nombreuses mises en scène, parmi lesquelles La Jérusalem délivrée, d’après Le Tasse, Lucrèce Borgia d’après Victor Hugo, Enfance de Nathalie Sarraute, Le Naufragé de Thomas Bernhard, une adaptation des Écrits de combat de Georges Bernanos, et Clio de Charles Péguy.
Pour le comédien, Charles Péguy est un précieux guide capable d’aider à l’élucidation des mystères de la création théâtrale. L’auteur est constamment à ses côtés pour l’inspirer et lui permettre de faire une bonne lecture, qui est à ses yeux « comme une fleur, comme un fruit venu d’une fleur » car « elle n’est pas moins que le vrai, que le véritable et même et surtout que le réel achèvement du texte, que le réel achèvement de l’œuvre ».
Marie Hasse : « Dire Péguy »
Marie Hasse intègre en 2007 la classe professionnelle de l’école Charles-Dullin. Fin 2012, elle a joué Elektra, de Hugo von Hofmannsthal, et, en 2013 et 2014, a donné deux après-midi de lecture publique au Théâtre du Nord-Ouest du Porche du Mystère de la deuxième vertu de Charles Péguy. Elle a coorganisé une lecture intégrale du Soulier de satin dans la nuit du 3 au 4 janvier 2014, avec près de 40 acteurs au plateau.
On dit au comédien : ne vous mettez pas devant le texte, ouvrez-vous afin de vous laisser traverser par lui. Quittez votre carapace, laissez-vous transpercer, laissez des jours, des ajours, que le texte puisse rayonner. Tout le monde en est d’accord, et ces mots sont parlants, mais les comprendre, non intellectuellement, mais organiquement, c’est autre chose. Il y faut des années. Il y faut une vie.
Tatiana Victoroff : « Consonances russes : le Mystère “par la voix”. Charles Péguy et Joseph Brodsky »
Tatiana Victoroff, maître de conférences en littérature comparée à l’université de Strasbourg, est spécialiste du genre du mystère dans la modernité. Secrétaire de rédaction de la revue Vestnik, elle a également publié des travaux sur le dialogue des poètes russes et européens, et les écrivains en exil. Elle est coauteur du catalogue d’exposition 1914. La Mort des poètes : Péguy, Stadler, Owen (Strasbourg, 2014).
Là où la parole est dévoyée et manipulée, c’est par la voix elle-même que Péguy et Brodsky créent un théâtre de la vérité. Brisée ou tonitruante, humble ou assurée, celle-ci protège des faux-semblants et en dit plus au spectateur contemporain que le costume, le décor ou la manière de jouer comme le montrent indépendamment Jean Cocteau, D. L. Sayers, W. Benjamin ou Paul Claudel dans leurs pièces radiophoniques.
Jennifer Kilgore-Caradec : « Charles Péguy et Dorothy Day : quand Péguy inspire le pacifisme catholique aux États-Unis »
Jennifer Kilgore-Caradec, enseignant-chercheur à l’université de Caen, est coéditrice de la revue Arts of War and Peace. Elle a codirigé La poésie de Geoffrey Hill et la modernité (Paris, 2007), Selected Poems from Modernism to Now (Newcastle, 2012), Poetry & Religion (Berne, 2013). Vice-présidente de l’association L’Amitié Charles-Péguy, elle a coordonné le no 142 du bulletin Péguy Alive (Paris, 2013).
Le mouvement des Catholic Workers fondé par Dorothy Day et Peter Maurin à New York en 1933 s’inspire de Charles Péguy. La lecture de La Pensée de Charles Péguy de Mounier par Maurin les influence considérablement. Jacques Maritain rend visite aux Catholic Workers en 1934, et dit avoir trouvé « un peu de l’atmosphère de la boutique de Péguy ». Day a entendu parler de Péguy par Maurin et Maritain, devient elle-même lectrice de son œuvre traduite en anglais, laissant sa voix parfois influencer et insuffler la sienne.
Nicolas Faguer : « “La voix du Père” : Hans Urs von Balthasar à l’écoute de Charles Péguy »
Nicolas Faguer, docteur en littérature comparée, a publié sa thèse : Un constant approfondissement du cœur. L’unité de l’œuvre de Péguy selon Hans Urs von Balthasar (Berlin, 2013), et s’est chargé de la publication en français de l’anthologie de textes en prose de Péguy choisis par Balthasar (Wir stehen alle an der Front) : Nous sommes tous à la frontière (Fribourg, 2014).
Hans Urs von Balthasar s’est fait le principal écho de la voix de Péguy dans les pays de langue allemande, d’une part à travers ses traductions (Le Porche en 1943, Wir stehen alle an der Front en 1953), d’autre part par une monographie magistrale qui conclut le deuxième tome de son esthétique théologique. Dans cette étude, Balthasar suit le « constant approfondissement du cœur » qui a conduit Péguy du cœur du socialisme au cœur du christianisme, et montre constamment ce qu’il a de proche et de nouveau.
Julie Higaki : « “La Lettre et l’Esprit” dans les deux dernières Notes de Péguy : de la lecture Pascal vers la symphonie des voix »
Julie Higaki, docteur ès lettres, spécialiste de littérature, religion et philosophie, est maître de conférences à l’université Waseda (Tokyo), et membre associée au Laboratoire d’études sur les monothéismes. Elle a publié Péguy et Pascal (Lyon, 2005) ; « Pascal et saint Paul », dans Pascal théologien et auteur spirituel (Paris, 2006) ; « Péguy, athée de quels dieux ? », dans Péguy, Les cahiers du Cerf (Paris, 2014).
Péguy opère une profonde révolution dans le débat séculaire sur la liberté et la grâce. L’affirmation péguyenne de la cité charnelle comme l’image et le commencement de la cité de Dieu est fondée sur la christologie dont le centre est l’Incarnation conçue comme achèvement de la Création. Le monde y apparaît comme une symphonie des voix où chaque voix unique se fait retentir dans son maximum. Sa création littéraire actualise sans cesse cette vision pluridimensionnelle en faisant résonner pleinement des voix humaines.
Michaël de Saint-Cheron : « Péguy et Céline : deux mondes – deux voix »
Michaël de Saint-Cheron, philosophe des religions, écrivains, chercheur rattaché à l’équipe Histara de l’EPHE, est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages. Il est spécialiste de la philosophie éthique de Levinas, Ricœur et Rosenzweig.
Péguy et Céline sont trop rarement analysés ou lus ensemble dans une tentative de mieux les relier pour mieux les séparer. Ils partagent une même détestation de la bourgeoisie, mais aussi d’un certain socialisme et de l’injustice faite aux « gens sans défense ». Mais Céline transforme son combat en haine pathologique contre les juifs et tous les autres, quand Péguy voit clair avant tout le monde – ou peu s’en faut. Son combat pour Dreyfus, pour la chose juive, fait partie de ses plus nobles combats.
Claire Daudin : « Postface »
Claire Daudin, normalienne, agrégée de lettres modernes, a soutenu une thèse sur Péguy et Bernanos. Elle a publié Le Sourire (Paris, 2009), Mon roman juif (Paris, 2011), Rendez-vous de Moissac (Arles, 2011) et Dernières nouvelles du Christ (2013). Présidente de l’Amitié Charles Péguy, Claire Daudin a dirigé la nouvelle édition des Œuvres poétiques et dramatiques de Péguy (Paris, 2014).
Le colloque qui s’est tenu à Cerisy ne fut pas seulement un moyen de transmettre des savoirs neufs, mais fut aussi un temps d’échanges irremplaçable destiné à résonner longtemps.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-5974-0
- EAN : 9782812459740
- ISSN : 2495-2788
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5974-0.p.0371
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 19/05/2016
- Langue : Français