Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Vertiges de la vitesse
- Pages : 285 à 289
- Collection : Rencontres, n° 346
Résumés
Marie-Laure Freyburger-Galland, « Les mots pour dire la vitesse »
Du vélocipède à la tachycardie, il n’y a qu’un tour de roue que l’on peut parcourir avec célérité. L’article fait très rapidement – et tout simplement – le tour des mots utilisés pour exprimer la vitesse en français, en remontant prestement jusqu’à leurs origines grecques et latines…
Bernard Heizmann, « La vitesse, objet impossible et solution d’écriture »
Il s’agira d’interroger la notion de vitesse à travers plusieurs œuvres littéraires dans lesquelles elle est présente, ou thématiquement et diégétiquement, ou narrativement ; elle est aussi chez certains des auteurs considérés l’objet d’une réflexion spécifique, en matière d’écriture notamment. La question est d’envisager la vitesse comme objet littéraire, comme effet et comme principe d’expérimentation et d’écriture.
Anthony Saudrais, « Les machines dans la tragédie en musique de Quinault et Lully. Une esthétique de la vitesse sur la scène de l’Académie royale de musique »
Bien avant l’arrivée du cinéma, la France découvre, au temps de Mazarin, l’opéra italien et son univers de machines avec la venue de Giacomo Torelli. Genre spectaculaire à la pointe des progrès techniques, la France intègre progressivement ce monde de la vitesse à l’image d’un pouvoir absolutiste en voie de mécanisation. De Cadmus et Hermione (1673) à Armide (1686), l’opéra exhibe un monde merveilleux où les machines n’ont de sens, de vraisemblance esthétique, que dans la réalisation de la vitesse.
286Claire McKeown, « “Rapidité et action”. Techniques impressionnistes chez Henry James et Herman Bang »
En 1889, Henry James exprima dans ses carnets sa difficulté à composer l’histoire de La Muse tragique sans qu’elle devienne excessivement longue, et conclut que la solution était de l’écrire en mettant l’accent sur « la rapidité et l’action ». L’année d’après, Herman Bang définissait une littérature impressionniste en insistant sur la nécessité de représenter le mouvement et la vitalité. L’article montre en quoi les choix des deux auteurs participent d’une esthétique impressionniste fondée sur la vitesse.
Augustin Voegele, « Vitesse psychique et lenteur romanesque chez Jules Romains »
Jules Romains accorde à la vitesse le pouvoir de faire du sujet qui se déplace le centre ontologique du monde. Dans Les Hommes de bonne volonté, immense roman simultanéiste, il pratique une narration à vitesse absolue. Pourtant, le roman-fleuve semble interminable au lecteur. C’est précisément cette impression de lenteur et de longueur que doit souffrir celui qui veut connaître l’ultra-vitesse.
Thomas Zenetti, « “Qui ne sait ce qu’est le temps ne pourra jamais comprendre la moindre image”. Le roman La Découverte de la lenteur de Sten Nadolny »
En apparence un roman biographique, La Découverte de la lenteur relate la vie de l’explorateur John Franklin (1786-1847). Le lecteur découvre successivement toutes les facettes de la lenteur du protagoniste et les stratégies de ce dernier pour y parer. Mais la découverte de la lenteur se mue en découvertes grâce à la lenteur. Ce livre peut être compris comme un regard critique sur notre ère dromocratique – ce qui expliquerait également son succès auprès du grand public.
Gabriella Bandura, « La force cognitive de la vitesse dans l’écriture-hérisson à la Chevillard »
Cet article propose d’interroger les effets de la vitesse qui travaille les fragments répétitifs en série du roman Du hérisson d’Éric Chevillard à travers les acquis des sciences cognitives. Pour ce faire, l’article étudie le concept 287d’autopoïèse rendant compte de l’auto-organisation du vivant, toujours en mouvement. Ce modèle est susceptible de servir comme cadre de pensée pour suivre le rythme vertigineux de la dynamique de l’écriture-hérisson.
Abdelhak Bouazza, « Abdelwahab Meddeb ou l’écriture du non-lieu. Le cas de Talismano et Phantasia »
Cette communication vise essentiellement l’étude de l’effet de vitesse à travers l’écriture. Elle avance sans grand risque que la marque de fabrique des deux romans Talismano et Phantasia est la déambulation sous le signe du mouvement. Comme s’il avait une caméra à la main, le narrateur passe par tous les lieux et capte des scènes ; mais ces mêmes lieux convoquent d’autres espaces pour que des souvenirs lointains resurgissent soudainement à la manière de la madeleine de Proust.
Hélène Parveau, « L’acte créateur comme contrepoint à l’accélération de la société »
Dans une société où la tristesse et l’ennui tendent à croître, cet article pose la question de la création de l’œuvre d’art comme contrepoint à l’accélération. Il s’agira d’interroger l’acte créateur, de le décortiquer, pour comprendre la qualité et le potentiel de re-liaison au monde, qu’il est susceptible de réserver.
Aurélie Choné, « Le voyage en Inde à l’épreuve de la vitesse. Quelques réflexions d’écrivains-voyageurs depuis la fin du xixe siècle »
À travers quelques récits de voyageurs germanophones parus de 1875 à aujourd’hui, l’article montre comment les contradictions du voyageur, tiraillé entre le désir de tout voir et celui de se ressourcer, se reflètent dans la forme de l’écriture viatique, dans la narration, le style, la typographie et la matière du livre. Cette écriture témoigne-t-elle, par son existence même au sein du monde moderne et contemporain, de la permanence d’un espace qui permet de se jouer des vertiges de la vitesse ?
288Nathalie Solomon, « Vitesse et altérité. L’angoisse du voyage impossible
au xixe siècle »
Chez certains écrivains de la génération romantique, la tendance à assimiler modernité et inexistence pure et simple de l’altérité s’étend à partir des années 1840 aux modes modernes de transport qui suppriment la possibilité même du voyage, par exemple parce que la vitesse des trains floute le paysage. Cette contribution propose une réflexion sur l’angoisse qui saisit les voyageurs romantiques à partir des années 1840 devant cet effacement de l’altérité du monde.
Tommaso Meldolesi, « Les vertiges de la vitesse à travers l’expérience du rail dans quelques pages de littératures entre les xixe et xxe siècles »
Les vertiges de la vitesse, au xixe siècle, sont strictement liés au renouvellement de la société, causé par la Révolution industrielle. Il s’agit d’un phénomène transversal qui touche plusieurs cultures et des auteurs de plusieurs langues. Des écrivains français comme Gérard de Nerval, Victor Hugo, Benjamin Gastineau, Guy de Maupassant, Marcel Schwob, des auteurs italiens comme Italo Svevo, Luigi Pirandello ou Achille Bizzoni, aussi bien qu’espagnols, tel Azorín, seront concernés par cette analyse.
Étienne Faugier, « Historiciser la vitesse. L’exemple de l’automobilisme »
Avec une démarche historienne et en prenant l’exemple de l’automobilisme (Mathieu Flonneau), l’article montre dans quelle mesure les individus ont été mentalement préparés à faire usage de la vitesse motorisée de manière démocratique. Cet article s’appuie principalement sur les littératures automobiles, soit les revues des clubs, les guides touristiques, l’iconographie et les textes législatifs.
Marc Courtieu, « Vitesse et frontier dans la fiction américaine »
Selon Hartmut Rosa, dans nos sociétés modernes, « le temps a tué l’espace ». Dans la civilisation américaine, cela se traduit par la poursuite d’une ligne d’horizon toujours repoussée. C’est ce caractère qu’on mettra en évidence dans la fiction américaine moderne, en montrant les figures que cela peut prendre du point de vue de la conduite de la narration (quête éperdue de la frontier, multiplication des péripéties).
289Pavel Del Angel Montiel, « Prenons un temps pour en parler sinon elles vont disparaître. La mort des langues dans le temps de la vitesse »
L’intérêt pour la diversité linguistique fait de plus en plus partie des discussions dans les cercles scientifiques, notamment chez les linguistes, car toutes les deux semaines une langue disparaît. Ce phénomène s’accélérant, nous pouvons déjà prédire qu’à grande vitesse, nous allons perdre une bonne partie du patrimoine linguistique et culturel de l’humanité. Il s’agit ici précisément de prendre le temps de parler de la mort des langues.
Elżbieta Biardzka, « Les vertiges de la vitesse. À propos des mèmes internet »
Cette étude s’intéresse à la communication par internet pour en décrire les techniques et les effets éventuels sur les pratiques de la construction du sens. Il montre comment la création continue des « mèmes », dans le contexte du web participatif, contribue à faire circuler à grande vitesse l’ensemble des éléments d’une culture.
Mathieu Jung, « “On va tout de même commencer à danser”. Joë Bousquet ou la vitesse »
L’œuvre de Joë Bousquet est un ensemble hirsute, placé sous le signe de l’ouvert, de l’in-fini et de la brisure. L’article aborde cette œuvre comme un traité sur la vitesse. Vitesse implacable des images et des mots, qui confine à la transparence, mais aussi, peut-être, aux limites du lisible sinon du dicible.
Marc Weisser, « Éloge de la vitesse lente de l’étude »
Communiquer ou transmettre ? Telle est l’alternative devant laquelle nous place Régis Debray. La prééminence actuelle des médias, des réseaux sur l’école, le goût prononcé de l’époque pour le scoop plutôt que pour l’héritage amènent à s’interroger sur les relations difficiles entre vitesse et étude, entre rapport au temps et rapport au savoir.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-07084-9
- EAN : 9782406070849
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07084-9.p.0285
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 29/06/2018
- Langue : Français