Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Synesthésies sonores. Du son au(x) sens
- Pages: 225 to 227
- Collection: Encounters, n° 342
- Series: Convergences in literature, n° 2
Résumés
Jean-François Bordron, « Synesthésie des paysages »
Cet article part d’une conception sémiotique de la perception et montre que la synesthésie suppose la communauté des sensations. Celle-ci repose sur une syntagmatique et une paradigmatique descriptibles selon trois plans (dynamique, mélodique, harmonique). Elles sont l’effet d’une réduction portant sur une troisième dimension : la profondeur sans limite. Elles trouvent leur unité dans une forme sémiotique idéale qui a pour fonction d’expliquer le lien entre les composants de notre expérience.
Audrey Moutat, « Les commentaires sonores des vins ou la dégustation par l’écoute »
Ce travail vise à mesurer le rôle des qualités sonores dans l’appréhension des propriétés olfacto-gustatives des vins permise par une pratique encore peu répandue dans le milieu vinicole : la dégustation auditive. Il étudie ainsi les phénomènes de connexion intersensorielle entre impressions sonores et impressions gustatives dans le but de mettre au jour le socle configurationnel commun en vertu duquel les commentaires sonores peuvent être réalisés.
Denis Bertrand, « La ligne et le son »
Postulant une homologie entre la ligne et le son et assumant du même coup leur rétroaction réciproque, nous prenons appui sur l’expérience d’artistes-théoriciens (Valéry, Kandinsky, Matisse) pour redéfinir le concept de ligne d’un point de vue sémio-phénoménologique. Cette démarche conduit à dépasser l’approche cognitiviste de la ligne (F. Edeline) pour comprendre comment, au-delà de la trans-sensorialité, les affects et les passions prennent attache sur la ligne comme ils le font sur le son.
226Marion Colas-Blaise et Verónica Estay Stange, « “Ouïe par tous les sens” »
En considérant la synesthésie comme une syntaxe complexe plutôt que comme un rapport terme à terme, on s’attache à identifier, à travers l’exemple du tableau En rythme de Paul Klee, des configurations transversales susceptibles de modeler le sonore et le visible, tant du point de vue du déploiement syntagmatique de la forme que de celui de sa genèse. Deux types de structures transversales sont alors identifiées, fondées respectivement sur la densité et sur l’aspectualité.
Herman Parret, « Scriabine, synesthète ou chromesthète »
Il s’agit dans cet article de distinguer la vraie synesthésie comme perception polysensorielle et la pseudo-synesthésie. L’étude conclut que Scriabine n’est pas synesthète mais chromesthète, analyste fantastique de sons et couleurs en corrélation métaphorique ou symbolique. La partition de Prométhée montre que les ressemblances, équivalences ou analogies entre visible et audible ne sont pas produites par une perception polysensorielle mais ajoutées par un geste discursif et passionnel du compositeur.
Bernard Vouilloux, « Voir la musique »
En explorant la problématique des contenus qui, de manière intrinsèque ou extrinsèque, sont associés à la musique, cet article analyse les positions formaliste et expressionniste afin de mettre en évidence l’importance, dans tous les cas, de la verbalisation de la part de l’auditeur. À partir des commentaires interprétatifs de certaines pièces de Sibelius, il interroge ainsi le rôle médiateur de la langue, seul système capable de développer une fonction méta-discursive.
Martine Groccia, « Regards croisés. Les apports de l’analyse musicologique à l’élaboration d’une sémiotique des sons »
Cet article présente une approche croisée entre la recherche sur la musique électroacoustique et la sémiotique du son, afin de mesurer l’apport de la démarche musicologique à la théorie sémiotique. La mise en regard de l’analyse musicologique par F. Delalande de la pièce « Sommeil » de Pierre Henry d’une part, et des propositions sémiotiques de J.-F. Bordron et J. Fontanille d’autre part, permet de discuter notamment les questions d’ajustement et de figures sonores, de structure d’objet et de syntaxe sensorielle.
227Sébastian Thiltges, « Les silences synesthésiques du roman naturaliste »
Dans la double perspective d’une microlecture sémiologique et de la contextualisation des textes dans l’histoire des poétiques, cet article propose une étude comparée de la description du silence et de la synesthésie dans le roman naturaliste. Il postule une double signification de ces séquences descriptives qui soit acquièrent une fonction symbolique, soit évoquent un environnement perçu grâce à des indices incertains, auquel cas le naturalisme met en place une réflexion heuristique, voire épistémologique.
Anne Beyaert-Geslin, « Synesthésies et immersion. Le sonore et le visuel dans les vidéos de Bill Viola »
L’article précise les relations entre l’image et le son dans les œuvres du vidéaste Bill Viola. Il relie tout d’abord la figurativité sonore à la figurativité visuelle et met au jour une syntaxe commune calquée sur la grille de lecture du monde naturel. Il observe ensuite la fusion des deux espaces. L’isomorphisme du visuel et du sonore allié à ce syncrétisme sensoriel permet à une modalité sensible de s’affranchir de l’autre et, finalement, de signifier à sa place.
Odile Le Guern, « Sonorité et silence du noir »
Le noir, signe de quelque chose, fonctionne sur le mode de la transitivité ou de l’indicialité. Il peut dire la nuit, en faisant du bavardage. Lorsqu’il s’affranchit du figuratif, il signifie par réflexivité ou iconicité et tend vers le silence. Mais il redevient bruyant lorsqu’il pratique, à la manière de Soulages, le jeu des contrastes plastiques où des zones toujours noires, mais brillantes ou mates, lisses ou striées, se désignent les unes les autres dans une relation de réciprocité.
Christian Doumet, « “Ce qu’a vu le vent d’ouest” »
À partir de l’énoncé du titre d’un des Préludes de Claude Debussy, Ce qu’a vu le vent d’Ouest, cet article réfléchit à la possibilité d’une poésie de la théorie, c’est-à-dire aux manières dont l’énonciation poétique peut engager à son service une théorie esthétique. Il s’appuie sur quelques expériences musicales et picturales qui mettent en jeu des croisements perceptifs.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07330-7
- EAN: 9782406073307
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07330-7.p.0225
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 07-27-2018
- Language: French