Notice
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Solution du problème social et autres textes (mars-juillet 1848)
- Pages : 475 à 478
- Collection : Écrits sur l'économie, n° 16
- Série : 1, n° 8
Notice
Barrot, Hyacinthe Camille Odilon : (1791-1873), Homme d’État français, président du Conseil en 1848-1849 sous la présidence de Louis Napoléon Bonaparte. Prend une part active à la Révolution de 1830, Il soutient toutefois l’idée d’une monarchie constitutionnelle en faveur du duc d’Orléans (le futur Louis Philippe), contre les Républicains. Entre 1830 et 1848, à l’exception des deux ministères Thiers de 1836 et de 1840, il fait partie de l’opposition. Depuis 1836, il est l’un des principaux actionnaires du journal Le Siècle, le plus gros tirage de la presse de l’époque. Il est le représentant par excellence, de l’opposition dynastique. En 1847-1848, il est l’un des organisateurs de la « campagne des banquets » et donc, même si c’est de manière involontaire, l’un des initiateurs de la Révolution de 1848. Louis Napoléon Bonaparte, à peine élu président de la République, le nomme chef du gouvernement et ministre de la Justice le 20 décembre 1848.
Commission du Luxembourg : Le 28 février 1848, création de la Commission dite du Luxembourg, sous la Présidence de Louis Blanc. L’idée centrale de Louis Blanc est d’en faire un véritable Parlement du Travail. La Commission du Luxembourg n’a pas de budget propre et malgré tout, par son biais, des milliers d’associations ouvrières de production sont créées, et promeuvent l’utilisation de papier-monnaie spécifiques. Ces papier-monnaies seront non seulement utilisé pour les échanges entre les associations participantes, mais aussi dans certains commerces. Il est à noter que Pierre-Joseph Proudhon présentera son projet de Banque du Peuple à cette commission, avec des adaptations conformes à ses attentes1, projet qui débouchera sur la mise en œuvre de sa Banque du Peuple en janvier 1849. L’objectif de la Commission est de promouvoir des structures (les Ateliers Sociaux) qui permettraient aux travailleurs de trouver du travail en fonction de leurs qualifications par l’association.
France : Le pays, défini fondamentalement par sa culture, son âme, quelquefois la Nation (plutôt dans le sens que Jean Bodin élaborait au xvie siècle, c’est à dire, à partir d’une dotation factorielle initiale, une culture, des mœurs, et la capacité à légiférer). Le terme n’est pas utilisé dans le sens d’un Royaume ou de l’Empire.
476Guizot, François (1787-1874) : Plusieurs fois ministre sous le Règne de Louis Philippe. Il a été nommé Président du Conseil en 1847. C’est donc sous son gouvernement que la Révolution de Février a commencé. Adversaire résolu de la Démocratie Universelle et du Suffrage Direct.
Hôtel-de-Ville : Lieu emblématique de la Révolution de 1848, c’est sur le perron de l’Hôtel-de-Ville de Paris qu’Alphonse de Lamartine proclame la République le 25 Février (et repousse le Drapeau Rouge).
Invalides : La référence, en dehors de sa dénomination symbolique, n’est pas celle de l’Hôtel des Invalides, mais réside dans le fait que, suite aux émeutes de Février 1848 et à ses nombreux blessés, le Gouvernement Provisoire prend la décision de les accueillir et les faire soigner au « palais des Tuileries, qu’on transforma en Hôtel des invalides civils2 ». Le dernier blessé quittera les Tuileries le 15 août 1848.
Louis Philippe (1773-1850) : Roi des Français (1830-1848). Issu de la branche cadette des Bourbons, il fut Duc d’Orléans de 1793 à 1830. Il ne sera pas sacré Roi de France, mais intronisé Roi des Français. Sous son règne, d’un point de vue politique, c’est la naissance d’un régime parlementaire, d’un point de vue économique c’est l’accession de la bourgeoisie aux affaires manufacturières et financières. C’est à dire la montée en puissance de la Révolution Industrielle. Pendant son règne, il sera de plus en plus sous l’influence du ministre conservateur François Guizot, adversaire résolu du suffrage universel. Et sur le plan économique et sociale, on observe un creusement des écarts sociaux.
Louis XVIII (1755-1824) : Frère cadet de Louis XVI, il sera Roi de France du 6 avril 1814 au 20 mars 1815, puis du 8 juillet 1815 à sa mort. Lorsqu’il accède au pouvoir en 1814, cela faisait 23 ans qu’il était en exil.
Monts-de-Piété : Organisme de prêt sur gage. Particulièrement à partir du Premier Empire sa fonction est de rendre l’accès au crédit possible aux classes populaires, de lutter contre la misère en ne passant plus par les usuriers.
Napoléon Ier : Le souverain absolu issu de la Révolution Française que Pierre-Joseph Proudhon rejette (« L’or est à l’échange ce que Napoléon était à la liberté. Quand la liberté fut dispensée aux citoyens par cette main impériale, la liberté n’exista plus ») au même titre qu’il rejette la tyrannie de l’or (voir p. 157) : « L’or joue à l’égard de la circulation précisément le même rôle. C’est une sentinelle placée à l’entrée du débouché, et dont la consigne est : On ne passe pas ! » (suite de le citation précédente, p. 166).
Phalanstère : Cellule sociale de base du monde pensé par Charles Fourier, mais aussi forme architecturale que celle-ci prend, très inspiré du Palais-Royal à Paris. Le 477Phalanstère joue un rôle tout à fait spécifique dans la pensée de Charles Fourier, souvent mal compris par ses contemporains qu’ils y soient opposés, qu’ils en soient partisans. Il est à la fois proposition concrète d’élaboration d’essais de réalisation (Charles Fourier, convaincu de la pertinence de ses analyses, juge nécessaires qu’elles soient validées scientifiquement par l’expérience), mais il est aussi l’outil critique à partir duquel il fait, par exemple, valoir les quatre vices du commerce civilisé (banqueroute, accaparement, agiotage, déperditions commerciales). Le Phalanstère est en même temps l’origine du discours, sa finalité et le moyen expérimental d’en prouver la pertinence scientifique.
Saint-Simon, Claude-Henri de Rouvroy, comte de (1760-1825) : Il participe d’abord, aux coté de Lafayette, aux guerres d’Amériques qui conduiront à l’indépendance des États-Unis. Durant la Révolution Française il fait fortune en spéculant sur les Biens Nationaux. Sa pensée philosophique ne débute véritablement qu’à partir de 1803 et s’articule autour d’un véritable culte dédié à la science et aux progrès industriels qui doivent en découler (Catéchisme des industriels-1823-1824 ; Le Nouveau Christianisme-1825). Fondamentalement, extrêmement conscient des conséquences politiques, économiques et sociales des techniques industrielles qui se répandent, il soumet tous les aspects politiques et sociaux aux impératifs issus de la nécessaire mise en œuvre de la technique (d’où la place prise par le thème de l’organisation du travail). S’il meurt à peu près inconnu du grand public, son influence sur l’histoire politique et économique de la France sera, et reste, considérable : c’est à des Saints-Simoniens que l’on doit, par exemple, la création de la première compagnie de chemin de fer et des grandes banques comme la Société Générale, le Crédit Lyonnais ou la BNP-Paribas. L’ouvrage du futur Napoléon III, l’Extinction du paupérisme (1844) s’en inspire largement : politique sociale, développement du chemin de fer… Le conseiller économique de Napoléon III sera Michel Chevalier, Saint-Simonien notoire qui est à l’origine du traité de libre-échange entre la France et l’Angleterre connu sous le nom de traité Cobden-Chevalier (1860-1892).
Say, Jean Baptiste (1767-1832) : Contrairement à ce qui est souvent affirmé à propos de Pierre-Joseph Proudhon, il n’est pas vraiment un autodidacte en matière d’économie. Il a, par exemple, suivi, certes en auditeur libre, les cours d’Adolphe Blanqui ou de Pellegrino Rossi, tous deux appartenant à l’école libérale française issue des travaux de Jean Batiste Say. Cette culture initiale est reconnue. Le Système des Contradictions Économiques est publié chez Guillaumin, l’éditeur de cette école. Lui-même affirme que ses connaissances en économie viennent de Jean Baptiste Say et ses successeurs.
Terreur : Période révolutionnaire qui démarre avec l’exécution de Louis XVI (21/01/1793), mais surtout à partir de l’établissement des Tribunaux Révolutionnaire (2/06/1793), ou la promulgation, par Robespierre, de la loi portant sur la levée en masse (23/08/1793) voire de la loi des suspects (17/09/1793). C’est durant cette période qu’est instauré le Calendrier Républicain. La période de la Terreur s’achève avec l’arrestation, puis l’exécution de Robespierre (9 Thermidor, an II, 27/07/1794).
478Thiers, Adolphe (1797-1877) : Homme politique et homme d’État, il est resté dans l’histoire comme étant l’ordonnateur des massacres de la commune (1871) et le premier Président de la IIIe République (1871-1873). Mais, bien sûr, ces évènements n’ont aucun lien avec ce que rapporte Pierre-Joseph Proudhon. En 1830, Adolphe Thiers poussera Louis Philippe à accepter le Trône. Il deviendra Ministre de l’Intérieur du 11 octobre 1832 au 31 décembre de la même année pour devenir immédiatement Ministre du Commerce Extérieur, du 31 décembre 1832 au 4 avril 1834 où il retrouve son poste de Ministre de l’Intérieur jusqu’au 10 novembre 1834. Pendant ce ministère, il mate, déjà, dans le sang la seconde Révolte des Canuts3 (avril). Il quitte pour très peu de temps ce ministère et y sera à nouveau nommé 8 jours plus tard (jusqu’au 22 février 1836). À cette date, il est nommé Président du Conseil et le restera jusqu’au 6 septembre de la même année. Il sera, dans le même temps, Ministre des Affaires Extérieures. Lorsqu’il perd son poste de Président du Conseil, il reste, jusqu’au 6 octobre 1836 Ministre des Affaires Extérieures. Il redevient Président du Conseil le 1 mars 1840, jusqu’au 29 octobre 1840, là encore, durant la même période, il est aussi Ministre des Affaires Extérieures. Pour des raisons liées à la politiques extérieures (vis-à-vis de l’Espagne), il se brouille avec Louis Philippe et lui fait savoir qu’en temps que représentant du Peuple, sa légitimité est plus grande et qu’en conséquence, il reviendra. Il rejoint alors l’aile gauche de la Chambre. Il sera l’un des initiateurs de la Campagnes des Banquets et, devant les révoltes ouvrières, Louis Philippe le nomme à nouveau Président du Conseil, le 24 février 1848. Mais la IIe République est proclamée. C’est donc à cette carrière politique que fait référence Pierre-Joseph Proudhon. Une dernière remarque significative peut être faite. Bien sûr, à cause de son histoire ministérielle, Adolphe Thiers ne peut pas faire partie du Gouvernement Provisoire. Il ne sera, dans un premier temps même pas élu à l’Assemblée Nationale et ne le deviendra que lors des élections du 4 juin 1848, où il siègera avec le Parti de l’Ordre. Le 28 juin, après la répression féroce des émeutes, le Général Cavaignac est nommé Président du Conseil des Ministres. Le 6 juillet, le journal de Pierre-Joseph Proudhon (Le Représentant du Peuple) prend fait et cause pour les émeutiers et se retrouve interdit. Pierre-Joseph Proudhon dépose sur le bureau de l’Assemblée Nationale un projet de loi visant à une réorganisation totale de l’ensemble de la vie économique. Le 31 juillet, c’est Adolphe Thiers qui monte à la tribune afin de défendre la position de l’Ordre. La réponse que Pierre-Joseph Proudhon lui fera lui vaudra la réputation d’Homme-Terreur. Plus tard, en 1865, à propos de ce débat, Karl Marx, pour le moins peu susceptible de sympathie avec Pierre-Joseph Proudhon, écrira : « …son attitude devant l’Assemblée Nationale ne mérite que des éloges, bien qu’elle prouve son peu d’intelligence de la situation. Après l’insurrection de juin cette attitude était un acte de grand courage. Elle eut de plus cette conséquence heureuse que M. Thiers, dans sa réponse aux propositions de Proudhon, publiée par la suite sous forme de livre, a dévoilé le piètre piédestal d’enfant sur lequel se dressait ce pilier intellectuel de la bourgeoisie française. Opposé à Thiers, Proudhon prit en effet les proportions d’un colosse antédiluvien » (in Misère de la Philosophie, Paris, Costes 1950, p. 221).
1 En ajoutant à son projet initial un syndicat général de la production, un syndicat général de la consommation. Deux points contre lesquels il proteste véhémentement dans son projet initial, les jugeant contre-productifs, contradictoires avec l’objectif recherché. Pour Pierre-Joseph Proudhon, en effet, ces deux domaines relèvent de la liberté individuelle.
2 Denys, Augustin : Le Palais des Tuileries en 1848 : épisode de la Révolution de février, Paris, J. Albanel, 1869.
3 Sans oublier le massacre de la rue Transnonain du 14 avril 1834.
- Thème CLIL : 3341 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique -- Histoire de la pensée économique
- ISBN : 978-2-406-11398-0
- EAN : 9782406113980
- ISSN : 2261-0995
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11398-0.p.0475
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/09/2021
- Langue : Français