Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Séditions et Révoltes dans la réflexion politique de l’Europe moderne
- Pages : 459 à 465
- Collection : Constitution de la modernité, n° 32
Résumés
Alexandra Merle, « Introduction »
Après avoir situé l’ouvrage dans l’ensemble des travaux récemment consacrés à l’étude des révoltes dans l’Europe moderne, l’introduction met en valeur sa spécificité : l’analyse des interactions entre certaines de ces révoltes et la réflexion politique menée dans des écrits de nature variée, débattant de leurs causes, des moyens d’y remédier et de les prévenir, de leurs effets néfastes ou régénérateurs. Les 21 contributions, articulées en quatre parties, sont ensuite présentées en détail.
Angela Ballone, « Informar y ocultar en el Atlántico ibérico. El caso del Tumulto de México de 1624 »
À partir de l’exemple du tumulte mexicain de 1624, et en mettant l’accent sur certaines sources tardives et peu connues, cet article cherche à démontrer que les révoltes étaient traitées de manière similaire quel que soit le lieu où elles se produisaient. Ainsi, le tumulte mexicain de 1624 représente un exemple précoce du lent développement des stratégies de négociation autour des tumultes et des révoltes successifs que connut la monarchie espagnole.
Javier Revilla Canora, « La huella de un asesinato en la Dissertación de Rafael de Vilosa »
Ce travail cherche à analyser la Dissertación ivridica y política sobre si el que mata al Lvgarteniente General de sv Magestad de alguno de los reynos de la Corona de Aragón cometa crimen de Lesa Magestad in primo capite, publiée en 1670 par le juriste catalan Rafael de Vilosa suite à l’assassinat du vice-roi de Sardaigne, pour souligner le rapport de cet événement historique avec les problèmes internes de la Monarchie Hispanique et l’environnement politique international de l’époque.
460Marina Torres Arce, « Los discursos de fidelidad de Sicilia a Felipe V. Comunicación política en tiempos de guerra entre dinastías y gobierno extraordinario »
Ce travail met en lumière le fonctionnement des discours que la ville de Palerme composa pour proclamer la loyauté des sujets siciliens au roi Bourbon non seulement comme des instruments de propagande mais aussi comme des canaux de communication politique du royaume avec la Monarchie espagnole et des vecteurs essentiels de l’expression des valeurs, des principes politiques et de la perception que leurs promoteurs avaient de la situation politique toute particulière de ce début du xviiie siècle.
Lisa Kattenberg, « Experience, Conscience, Necessity. Reason of State and the Dutch Revolt »
Cet essai explore l’influence de la révolte hollandaise sur les débats espagnols sur l’opportunité de signer la paix ou une trêve avec les rebelles pendant la seconde moitié de la guerre de Quatre-vingts ans. Face à la tension entre les principes de souveraineté et de religion et les considérations pragmatiques, cet essai montre comment l’expérience de la sédition a influencé la raison d’État, et comment ce discours a contribué à son tour à façonner le cours de la guerre elle-même.
Alberto Scigliano, « Antimonarchical Uses of Jewish Sources in the XVIIth century Political Literature of Holland and England »
Cet essai analyse l’emploi des sources et de la rhétorique bibliques dans le discours politique antimonarchique néerlandais et anglais du xviie siècle. Par la médiation des protestants, les sources juives contribuent à la formation de modèles politiques alternatifs au modèle monarchique : la prétendue république des Juifs a justifié l’opposition et le régicide de Charles Ier en Angleterre, tandis qu’elle a contribué à jeter les bases de la mythopoïèse nationale des Provinces-Unies.
Éric Durot, « L’Écosse révoltée. Un laboratoire politique pour le royaume de France au tournant des guerres de Religion »
Entre 1559 et 1560, une Reformation Rebellion éclata en Écosse. Elle fut menée victorieusement par des Lords et le réformateur calviniste John Knox qui luttèrent contre le catholicisme et contre l’autorité envahissante du roi 461de France Henri II qui souhaitait intégrer le royaume de Marie Stuart à celui des Valois. Rétrospectivement, cette révolte constitue un véritable laboratoire politique en France, dès 1559 jusqu’à la prise d’armes nobiliaire menée par le prince de Condé en 1562-1563.
Camille Desenclos, « Devoir d’obéissance ou raison d’État. L’ambivalence de la littérature politique française face à la révolte de Bohème (1618-1623) »
La révolte de Bohême constitue une véritable onde de choc politique et informationnelle à l’échelle de l’Europe. Dans le royaume de France surgissent nombre d’occasionnels qui relatent la nouvelle et exposent les arguments des deux partis. S’ils affirment avec force le devoir d’obéissance au souverain légitime, ils tendent progressivement à se parer de la même ambiguïté que la politique extérieure française et redéfinissent devoir d’obéissance et droit d’assistance à l’aune de la raison d’État.
Giuseppe Mrozek Eliszezynski, « Napoli nelle Turbolenze di Europa. Riflessioni sulla rivolta del 1647-1648 e sul “tradimento” dell’arcivescovo »
Tout au long du xviie siècle, la révolte napolitaine de 1647-1648 a été la source d’une vaste littérature d’historiographie et de mémoires. Ce travail analyse les réflexions des auteurs qui ont mis en rapport la révolte napolitaine avec les révolutions qui touchaient d’autres régions d’Europe à la même époque. Certains thèmes reviennent également dans les mémoires qui conformaient la longue bataille politique entre le cardinal et archevêque de Naples, Ascanio Filomarino, et les vice-rois espagnols.
Giovanni Florio, « “Acciocché i popoli tutti maggiormente si sdegnino e si sollevino contro il Prencipe”. Una prospettiva sull’Interdetto veneziano del 1606-1607 »
Cet article considère les corps sujets de la Sérénissime comme un troisième pôle dialectique dans la guerre des écritures qui opposait Venise et la papauté en 1606-1607. La suspension des sacrements était destinée à susciter le mécontentement des sujets, que l’excommunication du doge et du sénat légitimait, même sous la forme d’une sédition ouverte. Face au risque d’effondrement interne, Venise a dû s’engager dans un dialogue asymétrique avec les dominions afin de (re)légitimer sa souveraineté.
462Vincent Challet, « “Selon miséricorde qui vault plus aucune fois que ne fait rigueur”. De l’influence des rébellions dans quelques miroirs politiques français de la fin du xive siècle »
À travers l’analyse de textes politiques majeurs – Le Songe du Vergier d’Evrart de Trémaugon, L’Arbre des Batailles d’Honorat Bovet et Le Songe du Viel Pèlerin de Philippe de Mézières – tous trois composés à la toute fin du xive siècle, cet article entend mettre en exergue l’influence des rébellions sur l’élaboration progressive d’une nouvelle réflexion politique qui place désormais la miséricorde au centre des vertus princières et en fait le nécessaire contrepoids de la rigueur de justice.
Fabrice Micallef, « Les puissances étrangères au secours des rebelles ? Un problème politique et juridique européen (xvie-xviie siècles) »
Cette contribution interroge la réflexion des Européens des xvie et xviie siècles sur une pratique alors fort répandue : les rebelles font fréquemment appel à des puissances étrangères pour les secourir. Il s’agit de présenter ici un panorama non-exhaustif des doctrines élaborées autour de cette question et d’étudier la manière dont ces idées sont utilisées dans la communication politique des différents acteurs pendant les crises. On constate ainsi la grande fluidité et plasticité des arguments.
Vincent Grégoire, « La doctrine coloniale de John Locke et la rébellion de Nathaniel Bacon en Virginie »
Nous interrogeons le lien entre la rébellion menée par Nathaniel Bacon en 1776 en Virginie et l’évolution de la doctrine politique de John Locke entre la Constitution de Caroline et le Second traité. La diversité de ses acteurs (propriétaires, petits blancs, libres de couleurs, esclaves) et la nature de ses revendications (reconnaissance d’une assemblée, droit de faire la guerre aux Indiens et de s’approprier les terres par le travail) trouvent écho dans les thèses majeures du Second traité.
Francesco Toto, « Il Behemoth e la sedizione »
Cet article est consacré au traitement que le Béhémoth de Hobbes réserve au problème de la sédition. Se concentrant autant sur ses causes passionnelles, 463institutionnelles et cognitives que sur ses possibles remèdes, il démontre non seulement la primauté attribuée par Hobbes aux facteurs de nature « idéologique » de l’érosion et la consolidation de l’ordre légitime, et notamment le rôle central attribué aux universités, mais aussi les implications démocratiques du lien entre pouvoir et consentement.
Jacques-Louis Lantoine, « Spinoza et la sédition généralisée »
L’analyse spinoziste des causes, de la matière et de la forme des séditions relève d’une anthropologie politique structuraliste. Elle met en évidence les mécanismes qui les produisent et cherche à dégager ceux qui les empêchent. Les passions naturelles des hommes font que le vulgaire comme les « élites » sont tous spontanément disposés à faire sédition. Néanmoins, les causes des séditions sont à rechercher dans les institutions politiques.
Isabelle Brancourt, « De Pascal (après la Fronde) à d’Aguesseau (sous la Régence), séditions et révoltes comme mal “absolu”. Aux origines du conservatisme »
Dès Pascal s’exprime une haine de la sédition. Le contexte explique ce postulat partagé. Une pensée entrée en relation avec les contrecoups des guerres de religion et de la Fronde. D’où une conceptualisation de l’ordre comme antithèse du/des désordre(s). Autour des notions de Lois fondamentales et d’État, se développe une proto-constitutionnalisation qui contribue et au renforcement de la monarchie absolue, et à l’émergence de sa critique. Naissance, ambigüe, de ce qu’on appelle le conservatisme.
Adrian Guyot, « Prévention et répression des révoltes dans les Empresas políticas de Saavedra Fajardo »
Dans son Idea de un Príncipe político cristiano (1640), Diego Saavedra Fajardo aborde nombre de questions relatives au pouvoir princier et à son exercice, en particulier dans des contextes de crise. La 73e empresa est consacrée à l’étude des révoltes, et aux meilleurs moyens pour le détenteur de l’autorité d’y faire face. Il en ressort que penser la révolte et sa gestion pour le pouvoir, c’est assumer le paradoxe de rationnaliser un phénomène spontané, insaisissable, et variable à l’extrême.
464Sara Decoster, « L’écriture et l’action. La raison d’État chez Guez de Balzac et Gabriel Naudé »
Cet article consiste à rapprocher Le Prince (1631) de Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654) et les Considérations politiques sur les coups d’État (ca. 1639-1642) de Gabriel Naudé (1600-1653). Il s’agit de montrer comment les lettrés se posent en conseillers philosophes contribuant à la théorisation de la Raison d’État. Un équilibre précaire s’installe entre le soutien, un pouvoir fort qui l’emporte irrémédiablement sur le bien-être particulier d’une part, et la volonté de prévenir la tyrannie d’autre part.
Gaëlle Demelemestre, « Droit de résistance versus tolérance ? La théorisation althusienne du droit de résistance au regard du conflit entre Lubbertus et Grotius sur le ius circa sacra »
La présente contribution propose d’expliciter les fondements et les implications des deux thèses alternatives du droit de résistance et de la tolérance développées dans le contexte de la controverse, dans les Provinces-Unies du début du xviie siècle, entre le gomariste Sibrandus Lubbertus et Hugo Grotius, défenseur des arminiens.
Romain Descendre, « Révolte, sédition, rébellion dans la pensée politique de “l’âge baroque”. Les formes ambiguës d’un héritage juridique »
À partir de l’examen des œuvres de plusieurs penseurs politiques italiens parmi les plus représentatifs de l’âge dit « baroque » (Botero, Ammirato, Frachetta, Boccalini), cet article remet en question l’idée selon laquelle le « discrédit de la rébellion » conduirait ces auteurs à ôter toute valeur au principe de « résistance à l’oppression et à la tyrannie » (Rosario Villari) pour montrer qu’ils ménagent, au contraire, un espace de légitimité possible, pour la résistance comme pour la révolte.
Jean-Louis Fournel, « Empire et révoltes chez Campanella. Les raisons de se révolter »
Tommaso Campanella développe, d’un côté, une vision en partie providentialiste et fatale que l’on pourrait qualifier d’« impériale » ; de l’autre, pointe l’émergence d’événements singuliers, « libres » qui sapent toute prétention 465unitaire de l’histoire et du gouvernement du monde. L’auteur pense ainsi ces événements que sont les « révoltes » ou « séditions », comme un instrument et un levier pour aider à penser une autre rationalité du gouvernement juste et la permanence de la liberté humaine.
Pierre Girard, « Le récit de la révolution dans la Partenope liberata de Giuseppe Donzelli »
Cette étude propose de revenir sur la Partenope liberata (1647) du médecin napolitain Giuseppe Donzelli, qui fait le récit de la « révolution » de Masaniello au cœur des événements mêmes. Il s’agit de montrer quelle est la spécificité rhétorique et politique de ce texte, en mettant en avant sa dimension républicaine, mais aussi en montrant qu’il a pu inspirer le rôle du conflit dans le dispositif mis en place par Vico au sein de sa Scienza nuova.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-12793-2
- EAN : 9782406127932
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12793-2.p.0459
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 06/07/2022
- Langue : Français