Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Se promener au xviiie siècle. Rituels et sociabilités
- Pages: 303 to 307
- Collection: Encounters, n° 426
- Series: The eighteenth century, n° 32
Résumés
Michel Delon, « S’asseoir. Des bancs et des paysages »
À travers trois domaines littéraires – traités et descriptions de jardins, récits romanesques et mémoires, opéras-comiques –, cet article s’intéresse au geste consistant à s’asseoir dans un paysage. Refus des cadences et des hiérarchies qu’impose une société d’ordre, le fait de s’asseoir constitue une discrète affirmation de liberté. Le banc, instrument de cette libération, permet tour à tour la délimitation d’un point de vue, la protection d’un échange, le déploiement d’un paysage intérieur.
Aurélia Gaillard, « La promenade en labyrinthe (xviie-xviiie siècles). Usages et sociabilités »
Le labyrinthe de verdure, à la fois ornement de jardin et lieu de promenade, programme une relation particulière à l’espace, façonnant un mode de sociabilité spécifique. On s’intéresse ici, à partir de sources variées, écrits ou estampes, à l’évolution des usages et modèles de sociabilité de ces bosquets au cours des xviie et xviiie siècles. D’abord réservés aux palais, ceux-ci tendent à se démocratiser jusqu’à devenir parfois des lieux touristiques ou de promenade urbaine.
Gilles Montègre, « De l’art de se promener dans les jardins anglo-chinois. La traduction française des Observations on Modern Gardening de Thomas Whately »
Sont étudiées la genèse et la réception de la traduction française en 1771 des Observations on Modern Gardening de Thomas Whately par François de Paule Latapie. Les ajouts du traducteur éclairent la manière de concevoir les jardins modernes, ainsi que l’art de s’y promener. Cette traduction est analysée au prisme des transferts culturels franco-anglais, grâce à deux sources documentaires inédites : le journal du voyage en Angleterre de Latapie, et sa correspondance personnelle.
304Jean-Pierre Vittu, « “Cette récréation des yeux”. Promenade et étude au jardin de botanique d’Orléans, 1781-1834 »
La municipalité d’Orléans confia le jardin de la ville en 1781 à la Société de physique pour y établir un jardin de botanique, à condition d’y maintenir la promenade publique. Conçu pour développer le goût de la botanique chez ses visiteurs, mais répondant aussi à la curiosité des botanophiles pour les espèces provenant des voyages lointains, ce jardin devait conjuguer l’agrément avec la science.
Pauline Valade, « Se promener pour se réjouir ? Le cas des réjouissances à Paris au xviiie siècle »
Pour chaque événement heureux de la Couronne, l’étude des manifestations de joie ordonnées dans l’espace public de la capitale permet de rendre compte des déplacements des Parisiens vers les lieux de réjouissances. Destinées à voir et à être vu ou à goûter aux plaisirs de la déambulation, les promenades occasionnent aussi de nombreux accidents. Se promener pour se réjouir fut une pratique permettant de s’approprier l’espace de la ville autant que l’événement politique célébré.
Juan Manuel Ibeas et Lydia Vázquez, « La promenade nationale »
Les romans de la deuxième moitié du xviiie siècle montrent un intérêt croissant pour le thème national. Cette production romanesque de « goût national » vise moins à critiquer les défauts des différents peuples de notre continent qu’à les signaler pour les corriger. Un des éléments qui apparaît de manière récurrente est la promenade. Faisant partie des coutumes communes aux nations européennes, elle peut s’avérer salutaire ou, au contraire, pernicieuse, selon sa nature…
Gwénael Murphy, « Promenades coupables. Le spectacle des désordres conjugaux au xviiie siècle »
Certains promeneurs du xviiie siècle s’affranchissent des codes sociaux qui régissent cette activité. L’étude des désordres conjugaux, qui s’exposent publiquement, permet une analyse de ces « promenades coupables ». Leurs représentations dans l’iconographie et la littérature sont confrontées à leurs évocations dans les archives judiciaires. Le procès retentissant de Victoire de La Pagerie, de 1769 à 1786, offre l’exemple, rare, d’une correspondance troublante entre représentations et pratiques.
305Rotraud von Kulessa, « La promenade pédagogique dans les littératures d’éducation des Lumières »
Sont analysées la mise en récit et la fonction de la promenade éducative ou pédagogique dans les textes de trois femmes éducatrices : Marie Leprince de Beaumont (Magasin des enfants, 1756), Louise d’Épinay (Conversations d’Émilie, 1773) et le roman épistolaire de Félicité de Genlis (Adèle et Théodore, 1782). Permettant l’appropriation de l’espace parcouru, la promenade favorise l’approche de la nature, des réflexions fondées sur l’expérience et des rencontres avec le monde des pauvres.
Timothée Léchot, « L’herborisation comme pratique sociale. Jean-Jacques Rousseau sous la loupe de François-Louis d’Escherny »
Si Jean-Jacques Rousseau a laissé de lui l’image d’un promeneur solitaire, contribuant au processus d’individualisation de la promenade au xviiie siècle, les témoignages (souvenirs d’un ancien compagnon, François-Louis d’Escherny, 1733-1815) qui restent de ses herborisations collectives corrigent cette représentation et permettent d’envisager la botanique comme une pratique sociale codifiée.
Laurent Turcot, « La commercialisation des loisirs dans les promenades parisiennes au xviiie siècle »
Cet article analyse les transformations qu’induit dans la promenade le rôle non pas des édiles parisiens mais des entrepreneurs privés, qui se lancent dans la commercialisation des loisirs. Manifestant la sortie du modèle monopolistique de l’Ancien Régime, ces divertissements payants permettent de redéfinir la promenade, qui participe dès lors d’une dynamique commerciale nouvelle dans les quartiers de loisirs que sont les boulevards et les Champs Élysées mais aussi dans les Vauxhalls.
Morgane Muscat, « Structure spatiale, structure narrative. La promenade dans Les Illustres Françaises »
On se promène beaucoup dans Les Illustres Françaises. Les rendez-vous des amants de Challe, sur le boulevard entre autres, marquent leur appartenance à la bonne société parisienne. Cet article étudie la promenade, 306non comme simple élément de vraisemblance, mais en tant que motif romanesque qui structure et nourrit le récit, à la fois mise en fiction de l’espace urbain, centre de la topique amoureuse et principe dynamique d’échanges et de hasards.
Gabriele Vickermann-Ribémont, « La mise en scène de la promenade dans The Clandestine Marriage (1766) de Colman et Garrick. Entre parodie et rituel de reconnaissance »
Est analysée la scène de la promenade au jardin de The Clandestine Marriage de Colman et Garrick dans le contexte historique du passage du jardin à la française au jardin paysager anglais. Celui-ci sert d’horizon pour des allusions parodiques qui permettent in fine la caractérisation des deux groupes sociaux réunis par un projet de mariage – car les rituels de la promenade sont pervertis par le vieil aristocrate et inconnus au marchand Sterling qui pratique d’autres rituels de reconnaissance.
Juliette Fabre, « Folie du jour, Folie de la nuit. La promenade des boulevards »
L’article porte sur un nouvel espace et une nouvelle façon de se promener au milieu du xviiie siècle, la promenade des boulevards. Adulée ou décriée chez quelques plumitifs du xviiie siècle, cette pratique correspond à une évolution des goûts et des modes de représentation de l’espace urbain. Considérant un corpus de textes assez peu connus, cet article vise à montrer la circulation du boulevard, circulation littéraire et mondaine, qui pose la vitesse au centre des principes de la modernité.
Odile Richard-Pauchet, « Diderot et la promenade philosophique. Paris, Langres, Bourbonne, La Haye »
Diderot, philosophe connu pour sa sédentarité au rebours d’un Rousseau « globe-trotter », manifeste en réalité une perception originale de l’espace depuis La Promenade du sceptique (1747) jusqu’à d’authentiques récits de promenade (dans sa correspondance avec Sophie Volland, 1759-1774), au sein d’une nature de plus en plus sauvage, capable de féconder une pensée en perpétuel mouvement.
307Nicole Masson, « Promenades perverties chez Rétif de La Bretonne »
Véritable rituel pour Rétif de La Bretonne, la promenade est dans son œuvre l’occasion d’aventures toujours renouvelées et par là un ressort narratif de premier plan. Plusieurs modèles de promenades se distinguent : bucolique et diurne, collective dans la ville de province, parisienne et nocturne. En fait Rétif, loin de poursuivre ces schémas, choisit de les subvertir en les mêlant et d’introduire les plaisirs du sentiment et de l’innocence au cœur même de ses excursions les plus libertines.
Arlette Kosch, « “Spaziergang” vs “wanderung”. Deux modes d’ambulation dans les pays germanophones entre 1770 et 1840 »
Dans les pays germanophones, la mode de la promenade (Spaziergang) dans un parc à l’anglaise, qui débute vers 1764, va être concurrencée à partir de 1770 par celle de la Wanderung, une randonnée pédestre en pleine nature, calquée sur le Tour des Compagnons et présentant un caractère politiquement contestataire, tout autant que pédagogique, culturel et thérapeutique.
Takumi Taguchi, « Diderot et Rousseau. La promenade, le public et la postérité »
Dans ses fictions, avec la promenade, Diderot jauge la distance intellectuelle vis-à-vis du public dont il devrait lui-même être une des composantes. Rousseau se représente comme le premier individu qui se réorganise en tant que « source de résistance » à la bonne société grâce à une promenade atomisée. À travers la promenade, les deux philosophes critiquent les codes de civilité des cercles de sociabilité contemporains : ce que révèle l’analyse de leur idée de la postérité.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-08766-3
- EAN: 9782406087663
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-08766-3.p.0303
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 11-05-2019
- Language: French