L’heuristique des galères La Bible du forçat Élie Neau
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue Bossuet Littérature, culture, religion
2018, n° 9. varia - Auteur : Whelan (Ruth)
- Pages : 59 à 73
- Revue : Revue Bossuet
L’heuristique des galères
La Bible du forçat Élie Neau
La condamnation aux galères, suivant la jurisprudence française de l’ancien régime, était « du nombre des peines infamantes et corporelles ou afflictives » ; c’était d’ailleurs « la plus rude des peines, si l’on excepte la mort », selon Jean-François de Rozel, commissaire général des galères au début du dix-huitième siècle, qui était bien placé pour le savoir1. Cette peine rendait infâme celui qui la subissait, puisqu’elle atteignait le condamné dans son honneur et sa réputation, faisant déroger le noble, interdisant à jamais de témoigner en justice, de prêter serment, ou d’occuper un office2. De plus, une condamnation aux galères perpétuelles, en tant que peine « capitale », entraînait la mort civile, produisant presque les mêmes effets que la mort naturelle dans la mesure où elle retranchait à jamais le condamné de la société. Peine afflictive ou corporelle, la condamnation aux galères privait le forçat de sa liberté ; ses chaînes, les travaux forcés de la rame et des campagnes le faisaient cruellement souffrir dans sa chair ; les terribles conditions de détention, y compris les privations multiples et diverses, le dégradaient tant physiquement que moralement.
Pour les quelques 2 000 hommes protestants qui connurent ce même sort la souffrance morale était encore plus vive3. La majorité d’entre eux étaient condamnés après la Révocation en 1685 « pour fait de religion », 60selon l’expression consacrée ; seule leur détermination à rester fidèles à leur foi réformée (refus d’abjuration, participation à des assemblées clandestines, tentative d’exil) les mettait hors la loi dans cette France qui se voulait toute catholique sous le règne de Louis XIV. Ajoutons à tout cela, l’incarcération à Marseille dans les différentes prisons du port des plus fortes têtes parmi les condamnés protestants – dont Élie Neau – dans des conditions telles que Jean Monnier, un de ses compagnons de cachot dans le Château d’If, disait qu’il lui faudrait « des volumes » pour décrire les mauvais traitements dont ils étaient victimes4. Or, l’objectif de cette étude consiste à déterminer dans quelle mesure cette souffrance tant morale que physique – qu’ils étaient unanimes à dénoncer comme injuste – constituait pour eux un outil heuristique qui servait à orienter la lecture de la Bible qu’ils faisaient en captivité.
Une telle étude rencontre pourtant des problèmes d’ordre conceptuel, méthodologique et relatif aux sources disponibles. Il convient tout d’abord de préciser en quoi consiste cette notion de « lecture » biblique, telle que pouvaient l’entreprendre ces hommes d’ancien régime, dont la plupart étaient issus de milieux populaires. Cette première génération de forçats protestants, condamnés à l’époque de la Révocation, avait une bonne culture religieuse, et surtout biblique, grâce au catéchisme, au prêche, et à l’ensemble des rites et cérémonies religieux, où la lecture publique des Écritures et le chant des psaumes tenaient une place importante. Par conséquent, même ceux qui ne savaient pas lire – et il y en avait parmi les forçats protestants, malgré le taux plus élevé à l’époque de l’alphabétisation des réformés par rapport aux catholiques – avaient une culture biblique importante forgée à partir de cette « Bible de l’oreille », que les forçats qui savaient lire (et c’était la majorité) approfondissaient par la « Bible des yeux5 ». On est donc confronté tant à « une mémoire culturelle acquise par l’audition, par tradition orale », pour emprunter une notion à Michel de Certeau, qu’à une lecture proprement dite de la Bible6. Et ce d’autant plus qu’entre eux, les protestants parlaient cette « langue de Canaan », un 61langage pétri de notions, d’images, de figures, et d’expressions bibliques, langage codé qui nourrissait une spiritualité, un consensus et une culture religieuse partagée, et que les catholiques trouvaient opaque.
Ainsi, sur le plan méthodologique, il est presque impossible de savoir si dans leurs écrits les forçats réformés citent la Bible de mémoire, par automatisme au retour d’une phrase, par un mimétisme langagier, ou bien ayant les textes sous les yeux, à moins que des signes typographiques (alinéa, guillemets, soulignement, italique, référence biblique dans les marges ou entre parenthèses) ne signalent des emprunts textuels, ce qui est parfois le cas, même dans les sources manuscrites (à l’exception des italiques). On ne peut pas non plus s’attendre à trouver de l’exégèse savante dans ces écrits émanant des galères. On est plutôt confronté à la « réalité empirique » de la lecture des Écritures, lecture au sens précédemment élucidé, qui implique celui qui s’y réfère dans la construction du sens (notion que j’emprunte à Anne-Marie Pelletier7) ; mais lecture aussi non en tant qu’acte, mais plutôt en tant que récit d’un acte préalablement entrepris, que ce soit de l’oreille ou des yeux. Enfin, il y a le problème des sources disponibles. Seule une partie des lettres et autres écrits que les forçats protestants réussissaient à produire et à faire parvenir aux correspondants de leurs réseaux de solidarité – et ce, malgré la surveillance tatillonne des autorités – est consultable sous forme d’imprimés8. Mais parmi ces sources imprimées, il n’y a aucune édition véritablement critique, ce qui fait qu’on perçoit à toutes les pages une parole rappelant la Bible, sans toutefois pouvoir identifier plus exactement ce à quoi les forçats font référence.
Pourtant, dans l’édition critique que je prépare de l’Histoire des souffrances du galérien Élie Neau (imprimée en 1701), je me suis astreinte à identifier, dans la mesure du possible, la source non seulement des citations, mais aussi des notions, images, figures, réminiscences et expressions bibliques qui émaillent les quelques lettres et extraits de ses lettres reproduits dans cette histoire, dans lesquels il relate son expérience de l’univers carcéral des galères9. Ce sont les résultats de ce 62travail de fourmi que je me propose d’analyser ici, non pas de manière exhaustive, mais plutôt sous forme d’un échantillon de quelques aspects significatifs de sa conception des Écritures, de la lecture qu’il en fait, et de l’imbrication de celle-ci dans son expérience de forçat.
Un mot d’abord sur ce volume compilé par Jean Morin, pasteur de Neau pendant sa jeunesse dans le village de Moëze sur la côte atlantique, qui avait entretenu une correspondance pastorale avec son ancien paroissien condamné aux galères. Le volume s’ouvre sur une « histoire abrégée » de l’infortune du marin poitevin, qui avait émigré outre atlantique ; mais ayant été pris dans la mer des Caraïbes par des corsaires français, qui sillonnaient les mers dans ce temps de guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), il avait été ramené à Saint-Malo, leur port d’origine. Son refus d’abjurer lui valut une condamnation aux galères perpétuelles, où il arriva au mois de mai 1693, ayant traversé la France avec la grande chaîne qui partit de Rennes pour arriver à Marseille quelques trente-sept jours plus tard. Affecté à la Magnanime, Neau n’y resta pas longtemps ; le 5 mai 1694, il fut incarcéré dans une cellule de la Citadelle Saint-Nicolas (une prison dans le port), parce qu’il chantait des psaumes de Marot sur sa galère et incitait les autres forçats protestants à faire de même. Après plus de deux ans en isolement cellulaire, il fut transféré vers le Château d’If, où on le jeta dans un cachot obscur et malsain, et de nouveau à l’isolement ; mais après quelques mois, on le mit dans une « fosse » (une cellule souterraine) avec trois autres protestants transférés à If quelques semaines avant lui. C’est depuis la prison, que ce soit dans la Citadelle ou le Château d’If, que Neau rédigea douze des treize lettres ou extraits de lettres repris par Morin dans son volume (une seule ayant été envoyée de la galère), ainsi que quatorze hymnes et une méditation en forme de prière, tous composés par le forçat. Or, à ma connaissance, il y a dans ces écrits quelques 400 allusions, réminiscences, images, locutions, expressions ou lieux communs, voire des citations plus ou moins exactes, tirés de la Bible, bien que d’autres aient pu m’échapper faute d’avoir su les reconnaître.
Des soixante-six livres des Écritures, quarante et un sont référencés, dont vingt des trente-neuf livres de l’Ancien Testament, et vingt et un des vingt-sept du Nouveau, bien qu’il soit difficile d’être tout à fait exact, étant donné les problèmes rencontrés dans une étude de ce genre, et que j’ai déjà résumés. À cela il faut ajouter la façon dont Neau se réfère à la 63Bible, qui est allusive et parfois oblique, ce qui rend souvent difficile l’identification précise de sa source, ou peut même rendre l’attribution douteuse. De plus, il avait réussi à garder en captivité (mais pas tout le temps) une version anglaise de l’Écriture, qu’un des forçats – probablement Isaac Le Fèbvre10 – lui avait fait glisser, avec comme résultat que l’on sent parfois un rythme ou une tournure bibliques inspirés de l’anglais, ce qui complique considérablement la tâche de l’attribution. Néanmoins, certaines tendances se dessinent sur la base de cette évaluation purement chiffrée. Le psautier est le livre de l’Ancien Testament le plus souvent cité par Neau, ce qui n’a rien d’étonnant pour un réformé de l’époque : plus d’une centaine d’allusions ou de citations tirées d’une cinquantaine de psaumes sur les cent cinquante possibles. Ce qui peut surprendre, pourtant, ce sont les vingt-huit références, sous forme d’allusions au Cantique des Cantiques (plus rarement des citations), livre jamais commenté par Calvin, et auquel ce-dernier ne se référait que rarement11. En troisième lieu vient le livre d’Isaïe, que Neau s’approprie plutôt sous forme d’allusions ou de réminiscences, ou de courtes citations de phrases bien connues ; quant aux autres livres de l’Ancien Testament, ils sont peu présents, voire totalement absents.
En ce qui concerne le Nouveau Testament, Neau donnait la préférence à l’Évangile de Matthieu (vingt-deux fois), aux épîtres pauliniennes, y compris celles attribuées par la tradition à l’apôtre (plus de soixante-dix fois), et à l’Apocalypse (vingt-trois fois) ; livres suivis de près par l’épître aux Hébreux et la première de Pierre dans les épîtres générales. Les autres évangiles, ainsi que les Actes des apôtres sont présents, mais les allusions sont proportionnellement moins nombreuses. Une tendance générale émerge de cette vue d’ensemble des références ou allusions bibliques mobilisées ; si on laisse de côté le psautier, c’est le Nouveau Testament qui est proportionnellement plus important pour Neau. On serait même tenté de penser que la « Bible » dont il disposait en captivité était en réalité un Nouveau 64Testament avec Psaumes, ce qui était souvent le cas parmi les galériens protestants, puisque son petit format le rendait facile à cacher au moment des perquisitions nombreuses auxquelles ils étaient condamnés.
D’ailleurs le mode des allusions à l’Ancien Testament (exception faite toujours des Psaumes) semblerait confirmer cette hypothèse. Neau peut évoquer un personnage de façon générale, reprendre une expression ou un élément textuel pour le réutiliser dans un contexte totalement différent, ou bien citer un verset sur lequel avait prêché son pasteur, Jean Morin, mais on n’a pas vraiment l’impression qu’il ait les textes du Premier Testament sous les yeux. Il semblerait bien s’agir dans ce cas d’une mémoire culturelle acquise par l’audition, par la tradition (prêche ou rites), ou par le biais de ses lectures anciennes ou récentes que ce soit de la Bible ou des sermons imprimés et autres livres de piété qui circulaient en sous-main parmi les forçats protestants. En revanche son rapport au Nouveau Testament semblerait être ancré dans des processus de lecture et d’élaboration déclenchés par des textes bibliques qu’il aurait pu bien sûr se rappeler, surtout quand il avait été plongé dans le noir et privé de livres, mais qu’il avait aussi à l’occasion sous les yeux, et qu’il lisait grâce à la lampe que les détenus étaient autorisés à tenir allumée dans leur cachot, pourvu qu’ils acceptent d’en assumer le coût. Néanmoins, dans l’un comme dans l’autre cas, sa pratique de lecture (que ce soit de l’oreille, de mémoire ou des yeux) indique que la Bible est pour lui autant un texte à interpréter qu’un texte interprétant.
Ce double aspect de l’Écriture est affirmé par Neau dans la lettre qu’il écrivit le 14 septembre 1696 à sa sœur Rachel qui avait abjuré, un acte qui constitue aux yeux de son frère « un crime énorme ». Car dans la pensée binaire du forçat condamné pour sa foi, et qui est celle de toute une époque, l’abjuration est une trahison tant de la « vraie foi » que du Dieu qui l’inspire et qui, dit-il, « veut tout le cœur sans division ». Et Neau de continuer :
Et cela est si vrai qu’il nous le répète par quatre fois dans un seul verset : Tu aimeras l’Éternel, le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, et de toutes tes forces. Vous voyez le miroir de la divine Loi qu’il met devant vos yeux. Mirez-vous là-dedans, et voyez si tout votre cœur est à Dieu ; c’est-à-dire, si vous l’aimez d’un amour sincère, humble et contrit12.
65La citation biblique est évidemment une mise en abîme, renvoyant simultanément aux deux Testaments dans la mesure où cette parole de Jésus est en réalité une reprise de sa part d’un verset du Deutéronome. Ainsi, par le biais de la synecdoque (« divine Loi »), ce n’est pas seulement ce verset mais aussi en filigrane les deux Testaments qui deviennent loi de Dieu pour celle à qui on les rappelle, ou d’ailleurs pour celui qui les lit (les ayant « devant » les yeux), puisque la remarque de Neau s’ouvre sur un « nous » inclusif. Et on remarque au passage que l’Écriture telle qu’elle est écrite, est conçue ici comme les ipsissima verba de Dieu (qui se répète quatre fois pour souligner l’importance du commandement rappelé), conception plus ou moins répandue à l’époque, surtout en dehors des milieux savants. Et le frère d’indiquer à sa sœur la double démarche à suivre face à cette Écriture, parole de Dieu : examen de soi-même dans ce miroir divin, suivi évidemment par l’obéissance, cette dernière étant implicite ici, mais exprimée de manière explicite ailleurs par Neau. C’est de cette façon plutôt imagée que le forçat exprime combien il avait fait sienne la notion calvinienne de l’Écriture comme règle de foi et de vie, notion lourde de conséquences, comme on sait, quand il s’était agi de sa propre vie.
La conception de l’Écriture comme loi ou règle divine lui confère une objectivité qui vient d’ailleurs et une autorité incontestable, mais elle est loin d’être statique pour autant. Comme l’injonction à sa sœur l’indique déjà, Neau, comme Calvin bien avant lui, ne fait pas la différence entre lire et écouter : Dieu se répète quatre fois dans un seul verset que l’on lit et s’applique. L’Écriture est donc pour ce galérien un lieu de parole, d’écoute, et de réponse réciproques, l’acte de lecture étant ainsi perçu « comme relation de personne à personne13 ». S’adressant à l’Éternel dans sa « Méditation en forme de prière », ce tutoyeur du Tout-Puissant remarque :
Ta voix me dit, ne crains point vermisseau de Jacob, car je suis ton salut et ton rempart pour te protéger contre tes ennemis. Et dans ce moment mon âme te répond, tu es mon Seigneur et mon Dieu, je veux te louer toute ma vie14.
Ce qui frappe ici ce n’est pas tant la présence des citations et allusions scripturaires qui font entendre au forçat la voix divine, mais leur 66dynamique. Car ces mêmes paroles d’Isaïe et du psalmiste sont reprises par celui qui les entend pour s’adresser au Dieu qui lui parle par leur moyen. Et sa réponse à cette voix qui lui arrive par l’intermédiaire des Écritures en est tirée elle aussi, puisque Neau emprunte les mots de Thomas le Jumeau, et de nouveau ceux du psalmiste pour exprimer sa fidélité et sa reconnaissance. Il s’agit évidemment d’une réception croyante de la Bible dont le mouvement centripète transforme les Écritures en un lieu d’apprentissage d’une langue : la personne qui lit y apprend une manière non seulement d’écouter cette Voix qui lui vient d’ailleurs, mais aussi de parler et de répondre à son divin Auteur. Et dans ce mouvement centripète, où la voix du destinateur et celle du destinataire se distinguent et se confondent, la personne croyante apprend à suivre l’orientation que cette Parole lui donne.
La Bible est donc pour Neau non seulement un ensemble de signifiés mais aussi de signifiants de l’Autre, ce qui fait d’elle un espace de rencontre, un lieu pour vivre, qui se crée à partir de scènes, de métaphores et d’images scripturaires. Réfléchissant sur la vie qu’il avait menée dans les Îles d’Amérique, il fit la remarque suivante dans sa lettre du 14 novembre 1695, qu’il adressa à son ancien pasteur depuis sa cellule de la Citadelle Saint-Nicolas à Marseille :
Dans ce temps-là, ce Dieu tout-puissant m’envoya une rude affliction. Ce fut là où il commença à me parler au cœur, il me donna son amour ; mais mon ignorance me rendait semblable à cet aveugle qui ne voyait les hommes que comme des arbres la première fois que mon adorable Sauveur lui toucha les yeux. […] mais depuis que je suis ici, le Dieu de mon cœur a remis ses mains non seulement sur mes yeux, mais aussi ses doigts en mes oreilles pour me les ouvrir15.
La présence de l’adjectif « semblable à » dans la première évocation d’une guérison effectuée par Jésus, tout comme son absence de la seconde, est significative ; elle pointe du doigt le processus qui transforme le texte scripturaire en présence réelle. Sans le savoir certainement, Neau reprend à son compte la théorie calvinienne de la lectio, ce sicut qui fait que l’on lit ces textes comme s’ils étaient la parole de Dieu ; et ensuite, grâce au mouvement centripète d’une lecture qui va toujours en s’approfondissant, 67ils deviennent communion ou rencontre avec l’Éternel – évidemment non sans la mystérieuse intervention du Saint-Esprit16. Rencontre d’ailleurs intime, d’où le recours si fréquent et inattendu de Neau au Cantique des cantiques, texte qui véhicule une parole dialogale et intime, et lui donne en même temps le moyen d’exprimer « cet amour mille fois plus fort que la mort » qui le relie à son Sauveur17. Par le biais du Cantique, évoqué très souvent en tandem avec les Psaumes, l’Écriture devient une affaire des cinq sens : c’est le lieu où la soif de l’absolu s’étanche ; où l’Éternel tout comme le croyant tendent l’oreille ; où leurs regards se croisent ; où le parfum de myrrhe, d’aloès et d’ambre émanant du divin amant réjouit l’âme fidèle, dont la prière monte au ciel comme de l’encens ; c’est le lieu enfin où s’échange un baiser de la bouche18. Ainsi la Bible devient-elle « semblable à » une demeure, où peut se construire un rapport d’amour entre l’humble forçat et celui qu’il appelle (suivant le psalmiste) le « Seigneur de la gloire19 », un rapport entre Je et Tu, et ce, en dépit de la différence tant de rang que d’essence qui les sépare.
La lecture des Écritures que Neau fait sur ces bases est évidemment une lecture croyante, ce qui veut dire qu’elle l’implique non seulement dans sa capacité à connaître ce qui est écrit, mais aussi à y croire, et enfin à agir20. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est (selon lui) sa condamnation aux galères qui lui apprit ce genre de lecture. « Ô qu’il m’est bon d’avoir été affligé, s’exclame-t-il dans une lettre à son pasteur, car hélas, avant que de l’être j’allais à travers champs21 ! » Cette explication plutôt simpliste de l’adversité comme un des effets possibles du péché (à laquelle les réformés avaient très souvent recours à cette époque pour s’expliquer leur anéantissement voulu par la monarchie) est moins intéressante que la manière dont Neau s’approprie les mots du psalmiste 68(dans la version de Genève de 1588) pour le dire. Grâce au parallélisme de la poétique psalmique, ces deux citations, toutes deux de la première partie du verset concerné, rappellent toutes les deux la deuxième partie du même verset, celle-ci passée sous silence, mais non moins présente à l’esprit tant de celui qui écrit que de celui qui le lit. Et dans les deux cas, il s’agit de l’adhésion du psalmiste à la loi de Dieu, attitude et acte d’obéissance qu’il apprit dans l’affliction. En reprenant ces deux bribes de versets à son compte, Neau se glisse dans la position énonciative du psalmiste, au point d’adopter, dans son propre acte de parole, le même positionnement, ce qui lui permet d’interpréter la peine corporelle et afflictive des galères comme un apprentissage de fidélité et d’obéissance à la Loi divine. C’est par ce transfert d’énonciations bibliques de leur contexte d’origine dans un autre, et leur ré-énonciation et appropriation par le sujet lisant dans son propre contexte, que l’Écriture, cette règle objective de foi et de vie, est actualisée de façon subjective dans toutes les dimensions de l’être et de l’existence de ses lecteurs.
Évidemment, le potentiel d’action des Écritures se réalise dans une temporalité singulière qui est celle de la contemporanéité du texte scripturaire à sa lecture. Ce phénomène est lié à l’idée que la Bible est parole de Dieu, comme l’affirme de nouveau Neau, en reprenant cette fois-ci de manière dialogale une constatation d’Isaïe : « Ta parole vit et dure éternellement22. » Dans la mesure où ces textes du passé sont appropriés en tant que parole divine dans le présent de cette relation de personne divine à personne humaine (qu’est la lecture biblique selon Neau), ils sont perçus et reçus comme ayant été fiables par le passé, l’étant toujours dans le présent, et comme une parole sur laquelle on pourra compter pour le futur. C’est surtout ce procédé de lecture qui permet à Neau de recadrer l’intolérable souffrance imposée par le système carcéral des galères, en s’appropriant de préférence certains propos de l’apôtre Paul, dont l’un revient à plusieurs reprises, tant dans ses lettres que dans tous les écrits émanant des galères. À un moment donné, Jean Morin résume ainsi la demande, que lui avait faite Neau dans une lettre, de prier non seulement pour lui, mais aussi pour ses compagnons de souffrance. Et le pasteur de continuer, en citant la remarque du forçat :
69[…] mais, ajoute-t’il, principalement pour moi, afin que Dieu achève en moi son ouvrage, l’ouvrage de son immense bonté, avec une charité infinie. Mes yeux, poursuit-il, sont toujours vers l’Éternel, c’est lui qui tirera mes pieds du piège23.
La reformulation par Neau de cette remarque faite par l’apôtre aux Philippiens indique combien il se l’était déjà appropriée, la partie manquante du verset restant implicite dans le vœu qu’il exprime. D’ailleurs, l’association de cette paraphrase avec le verset du psaume, cité probablement de mémoire étant donné la substitution de mots, souligne la temporalité qui est engendrée par cette lecture, qui est celle de l’espérance. Ainsi, la ré-énonciation de ces textes du passé dans le présent de l’affliction modifie l’angle de vue selon lequel Neau vivait la captivité. Le temps de l’avilissement devient celui d’une promesse. Cet espace de rencontre que sont les Écritures donne au forçat, renvoyé aux oubliettes, la possibilité d’être soutenu par une parole qu’il reconnaît être de l’Éternel, ce qui ouvre devant lui la perspective d’une délivrance encore à venir.
Paradoxalement, la notion de la Bible comme demeure de Dieu fait de la lecture croyante une pérégrination. Dans sa lettre du 14 novembre 1695, envoyée, rappelons-le, de sa cellule dans la Citadelle Saint-Nicolas, Neau résume ainsi une expérience qu’il y avait eue de l’amour divin :
Cette immense charité m’a fait sentir l’odeur de ses parfums avec tant de force, que la partie inférieure de mon âme sautait de joie en la présence de mon Dieu, comme David devant l’Arche de l’alliance24.
La rencontre intime véhiculée par le Cantique, mais aussi appropriée par son moyen, s’exprime ici sur fond de paysage, celui d’Israël, et plus précisément de Jérusalem, quand le roi David y fit revenir le coffre contenant les Tables de la Loi, coffre qui est envisagé dans les Écritures comme présence réelle de Dieu (donc lieu où le divin demeure, mais qui en même temps ne peut pas le contenir). Ici, comme ailleurs quand 70il s’approprie l’expérience ou les mots d’un personnage biblique, Neau fait de son propre acte de parole le corps de l’autre qui reste ainsi vivant et continue de s’exprimer hic et nunc à travers lui. Par ce biais David ou Jacob, Isaïe ou Abraham, Jésus ou l’apôtre Paul font irruption dans sa cellule tout comme le forçat devient voyageur pour circuler sur les terres de ces figures bibliques, ces précurseurs qui, dans la temporalité singulière de sa lecture, sont ses contemporains. Lire, c’est donc constituer un autre monde, un monde symbolique ; mais, lorsqu’il s’agit de l’Écriture, cet hétérocosme est ancré dans une géographie réelle que la lecture transforme en paysage intérieur où le forçat peut se déplacer à volonté. Mais contrairement à ce que cette scène de danse partagée peut suggérer, l’objectif de ce nomadisme de l’esprit n’est pas exclusivement jouissif ; cette constatation m’amène à ma troisième et dernière partie.
La substitution de mot faite par Neau quand il s’approprie l’expérience de David dansant devant « l’Arche de l’alliance » est significative ; dans la Bible l’alliance, qui trouve son origine en Dieu, traverse et structure toute l’histoire d’Israël. Ainsi, par le biais de sa lecture, Neau devient un voyageur non seulement dans l’espace mais aussi dans le temps, enchâssant son expérience dans l’histoire du cheminement de ce peuple qu’il reprend à sa manière. Il n’ignorait certainement pas que « le Seigneur de la gloire », vers qui s’élevait son chant d’amour, figurait dans ces mêmes versets du psaume comme « l’Éternel puissant en batailles » ou bien « l’Éternel des armées25 ». Dans le climat de confrontation inlassable des galères – cet univers carcéral – il était inévitable que ce fût sur le mode du combat, de l’affrontement, qu’il reprît l’histoire d’Israël, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’une structure d’interprétation qui est celle de toute la prédication réformée française à la même époque. Ayant résumé dans une lettre du 5 novembre 1696 le traitement cruel et dégradant qu’il subissait dans son cachot du château d’If, Neau continue ainsi :
[…] je me ris de tout ce qu’on me fait par le moyen de la puissance de la grâce qui fait voir sa vertu d’une puissance admirable dans mes infirmités. Et j’espère, comme David, de triompher des Philistins ; et d’entrer un jour dans la sainte Cité pour jouir de la présence de mon Souverain bien26.
71Comme ce faisceau de réminiscences bibliques l’indique, le réel et le symbolique sont imbriqués l’un dans l’autre, dans une lecture centripète qui part du réel pour aller au symbolique et vice versa. Par ce moyen se superposent et s’emboîtent ici, dans cette temporalité si singulière, l’expérience du forçat, de l’apôtre Paul, de David, et du fidèle (c’est-à-dire, Neau) entrant dans la nouvelle Jérusalem céleste, qui selon l’Apocalypse sera la demeure de Dieu et des élus à la fin des temps. Pourtant, il est évident que l’hétérocosme qui se constitue ainsi est tout sauf une fuite devant le réel. Par le biais de ces processus tant de rétrojection que de projection, le forçat inscrit sa propre expérience douloureuse dans une vision dramatique de l’histoire d’Israël, inspirée de l’Apocalypse. Et cette grille de lecture lui insuffle une confiance et une combativité telles que le jeu de pouvoir entre détenu et geôlier en est radicalement modifié : sa dégradation physique devient le signe d’un accomplissement triomphal qui se profile à l’avenir.
Comme on peut le voir, chez Neau la référence biblique (sous toutes ses formes) n’est pas une chose mais un acte. « Lire, disait Michel de Certeau, c’est être ailleurs, là où ils ne sont pas, dans un autre monde27 ». Mais quand il s’agit de lire la Bible, l’hétérocosme ainsi constitué n’est ni une échappatoire, ni une fin en soi ; c’est plutôt le lieu où le chaos de l’existence peut prendre un sens et devenir intelligible. C’est aussi le lieu où se construit une lecture centrifuge qui renvoie la personne qui lit vers le monde réel qu’elle peut ainsi contempler sous un autre angle, pour ensuite le mettre en question si besoin est28. Voici comment Neau met en œuvre ce processus dans une lettre destinée à circuler parmi les autres galériens protestants :
Et comment vous nommerai-je autrement que les perles de l’Éternel, vous qui êtes le mépris du monde ; que les sanctuaires du S. Esprit, vous qui êtes la proie des poux et des punaises ; que les joyaux de la main droite du Tout-puissant, vous qui êtes les objets de la haine et de la fureur du démon29 ?
72Ce tissage entre allusions bibliques et expérience réelle s’organise selon un principe de renversement : la peine infamante et afflictive des galères n’est pas édulcorée, mais elle prend une tout autre valeur. En fait, il s’agit d’un recadrage moral de l’infamie imposée par la loi qui, pour incontournable qu’elle soit sur le plan social, est mise en cause sur le plan métaphysique par la référence implicite au Jugement dernier, cette fin des temps quand, selon la parole du prophète Malachie évoquée ici, « l’Éternel des armées » mettra à part ses « plus précieux joyaux ». Par le biais de la référence biblique, justice divine et justice humaine se croisent et s’entrechoquent pour établir une ligne de partage renversée entre des condamnés réhabilités (aux yeux de l’Éternel) et un système judiciaire discrédité parce que trop soumis à la politique royale de conformité religieuse.
Quelles conclusions peuvent être tirées de cette pratique de lecture biblique ? Les galères constituent-elles en fin de compte une heuristique fondée sur l’expérience de ceux qui subissent cette peine ? Nul doute que la souffrance sert d’outil d’introspection pour Neau, ni d’ailleurs que les textes bibliques encadrent cet examen de soi auquel il se livre en captivité. Toutefois, ces actes de lecture, tels qu’il nous les transmet, indiquent qu’il traite l’Écriture non comme un ensemble de textes à expliciter dans le contexte qui leur est propre, mais plutôt comme une histoire dans laquelle il tient à se projeter afin de donner sens au présent qui est le sien, avec ses souffrances. Et comme on vient de le voir, sa grille de lecture de cette histoire du passé actualisée dans le présent est celle de l’Apocalypse, avec sa confrontation dramatique entre la vérité et le mensonge, les élus et les forces du mal. C’est une grille de lecture qui n’a évidemment rien d’original, puisqu’on la retrouve tant chez les prédicateurs que chez les fidèles réformés de l’époque ; ils avaient tous tendance à assimiler les Philistins ou bien les Amalécites aux oppresseurs de l’Israël selon l’esprit, en d’autres termes aux adversaires de la véritable Église, en l’occurrence, la leur. Néanmoins, il existe une différence capitale entre ce lieu commun de la spiritualité réformée et sa reprise par ce condamné aux galères.
Le sens tel que nous l’avons vu se former dans et par les lectures bibliques de Neau est une synthèse réglée à la fois par des éléments textuels et par la situation empirique de la lecture. Ce n’est donc pas 73du haut d’une chaire, mais du fond d’un cachot, faisant face à une mort pleinement acceptée, toutefois provoquée par les effets pervers de son incarcération, que Neau lit sa Bible, ou se la remémore pour donner sens au tragique de son existence30. C’est ce contexte, et non pas celui des livres bibliques, qui donne une résonnance particulière aux versets, notions, personnages ou bribes bibliques que le forçat s’approprie pour mettre en récit l’histoire de sa vie en captivité. Dans cette mesure, les galères lui servent d’heuristique et orientent sa lecture des Écritures. Lecture subjective, qui inscrit la personne qui lit dans une parole dialogale plutôt que dans la réception d’un discours, mais qui est loin d’être subjectiviste pour autant. Car, perçue et vécue comme loi de Dieu, la Bible façonne chez Neau un regard sur le monde qui est capable de mettre en cause, et ce à juste titre, le système politique responsable de sa condamnation. C’est ainsi que cet ensemble de textes qui donne l’illusion de fermeture peut devenir un énoncé qui ne cesse de s’ouvrir31.
Ruth Whelan
National University
of Ireland Maynooth
1 « Galère », Encyclopédie méthodique. Jurisprudence, Paris, Panckoucke, 1782-1789. 10 vol., IV, p. 691 ; et pour ce qui suit, p. 690 et 692.
2 Marc Vigié, « Justice et criminalité au xviie siècle : le cas de la peine des galères », Histoire, économie et société, vol. 4, 1985, p. 346-347 ; et du même auteur Les Galériens du roi 1661-1715, Paris, Fayard, 1985, p. 17, sur qui je m’appuie dans tout ce paragraphe.
3 Selon les estimations de Pierre Rolland, « Les galériens protestants (et condamnés pour aide aux protestants) 1680-1775 », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, vol. 158, 2012, p. 62 ; et p. 70 pour les motifs de condamnation, parmi lesquels le principal était celui de la participation à une assemblée religieuse clandestine : 39 % (y compris 7 % étant allés à Orange pour le faire) ; divers faits de religion : 12 % ; sortie du royaume : 17 %.
4 Jean Monnier à Jean-Baptiste Bancilhon, David Serres et François Sabatier, du Château d’If, au fond de la fosse, le 11 mars 1699, Bibliothèque de Genève Court 11, f. 263v (copie).
5 Cette distinction est de Jean François Gilmont, « Réformes protestantes et lecture », dans Histoire de la lecture dans le monde occidental, éd. Guglielmo Cavallo et Roger Chartier [1997], Paris, Seuil, 2001, p. 278-279.
6 Michel de Certeau, « Lire : un braconnage », L’invention du quotidien. Arts de faire, Paris, Union générale d’éditions, 1980, p. 284.
7 Anne-Marie Pelletier, Lectures du Cantique des cantiques : de l’énigme du sens aux figures du lecteur, Rome, Editrice Pontifico Istituto Biblico, 1989, p. xvii.
8 Voir la bibliographie dans Ruth Whelan, « Résistance et spiritualité dans les témoignages des galériens pour la foi », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, vol. 156, 2010, p. 231-246.
9 [Jean Morin], Histoire des souffrances du sieur Élie Neau sur les galères et dans les cachots de Marseille, Rotterdam, Abraham Acher, 1701.
10 Isaac Le Fèbvre (vers 1648-1702), d’une famille importante de Château-Chinon ; avocat au parlement de Paris ; arrêté le 4 février 1686 dans la région de Pontarlier, il fut condamné aux galères perpétuelles pour délit de fuite. Arrivé à Marseille le 30 août 1686, il fut placé sur la Grande Réale, puis sur la Magnifique, et de nouveau sur la Grande Réale, avant d’être incarcéré dans un cachot du fort Saint-Jean en avril 1687, où il finit par mourir quinze ans plus tard, le 11 ou le 12 juin 1702, selon une lettre envoyée des galères le 14 du même mois.
11 Voir Max Engammare, « Qu’il me baise des baisers de sa bouche » : le Cantique des cantiques à la Renaissance. Étude et bibliographie, Genève, Droz, 1993, p. 11, n. 48.
12 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 140 ; Mc 12, 30 ; Dt 6, 5.
13 Notion empruntée à A.-M. Pelletier, Lectures du Cantique des cantiques […], op. cit., p. 77.
14 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 17 ; et dans l’ordre des citations, allusions ou paraphrases : Is 41, 14 ; Ps 18, 3 ; Jn 20, 28 ; Ps 146, 2.
15 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 100 ; et dans l’ordre des allusions : Mc 8, 24 ; Mc 7, 33.
16 Voir Wesley A. Kort, “Take, read”. Scripture, Textuality and Cultural Practice, Pennsylvania, State University Press, 1996, p. 23 et 122.
17 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 15 ; allusion à Ct 8, 6.
18 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 29 et 277 (soif) ; p. 20, 262, 281 (oreille) ; p. 131, 263 (regard) ; p. 21, 74, 100 (parfum et encens) ; p. 21, 260 (baiser de la bouche).
19 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 16, allusion à Ps 24, 8 et 10.
20 Notion empruntée à A.-M. Pelletier, Lectures du Cantique des cantiques […], op. cit., p. 77.
21 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 193 ; dans l’ordre des citations, Ps 119, 71 et 67, avec des changements de temps et de mode des verbes ; dans la version de Genève (1588) : v. 67 : « Devant que je fusse affligé, j’allai à travers champs, mais maintenant j’observe ton dire » ; v. 71 : « Il m’est bon que j’aie été affligé, afin que j’apprenne tes statuts. »
22 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 16-17 ; dans la version de Genève (1588) : Is 40, 8 : « la parole de notre Dieu demeure éternellement », repris dans 1 P 1, 25 : « Mais la parole du Seigneur demeure éternellement. »
23 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 131 ; dans la version de Genève (1588) : Ph 1, 6 (pour « achève en moi son ouvrage ») : « celui qui a commencé cette bonne œuvre en vous la parfera jusqu’à la journée de Jésus-Christ » ; Ps 25, 15 : « continuellement » ; « du filet ».
24 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 100 ; Ct 1, 3 ; 4, 10 (odeur du parfum) ; 2 S 6, 14-15 (David devant l’Arche « de l’Éternel » ou « de Dieu » dans la version de Genève de 1588).
25 Ps 24, 8 et 10, dans la version de Genève de 1588.
26 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 158 ; 2 Co 12, 9 : « Il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma vertu s’accomplit en infirmité. Je me vanterai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la vertu de Christ habite en moi » ; 2S 5, 17-25 (victoires de David sur les Philistins), rappelons que David fit rapatrier l’Arche de l’Éternel à la suite de cette défaite définitive des Philistins ; pour la sainte cité, voir Ap 21 et 22.
27 M. de Certeau, « Lire : un braconnage », op. cit., p. 291.
28 Voir à ce sujet W.A. Kort, « Take, read » […], op. cit., p. 119.
29 [Morin], Histoire des souffrances […], op. cit., p. 90-91 ; Mt 13, 46 (perle de grand prix) ; Hé 10, 33 (opprobre du monde) ; 1 Co 6, 19 (temple du Saint-Esprit) ; Ps 118, 16 (main droite de l’Éternel) ; Ml 3, 17 : « Et ils seront miens, a dit l’Éternel des armées, lorsque je mettrai à part mes plus précieux joyaux… » (Bible de Genève de 1588).
30 C’est contre toute attente, et lorsqu’il se préparait à mourir, que le 3 juillet 1698, Neau fut gracié par Louis XIV à la suite d’une intervention diplomatique de la part de Guillaume III, roi d’Angleterre.
31 Notion empruntée à Henri Meschonnic, Pour la poétique II : épistémologie de l’écriture, poétique de la traduction, Paris, Gallimard, 1973, p. 255.
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- ISBN : 978-2-406-08785-4
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- ISSN : 2494-5102
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08785-4.p.0059
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 11/12/2018
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