![Représentations et voix de femmes face à la guerre sainte au Moyen Âge. Lyrique de croisade et littérature narrative (XIIe-XVe siècle) - Résumés](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/NhdMS01b.png)
Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Représentations et voix de femmes face à la guerre sainte au Moyen Âge. Lyrique de croisade et littérature narrative (xiie-xve siècle)
- Pages: 413 to 418
- Collection: Encounters, n° 575
- Series: Medieval civilization, n° 53
RÉSUMÉS
Marjolaine Raguin et Nadine Henrard, « Introduction »
Regroupant des travaux de philologues, critiques littéraires et musicologues, spécialistes des littératures médiévales en langues française, occitane et allemande, ce volume entend interroger la place des femmes, de leurs voix et de leurs représentations dans la littérature lyrique de croisade et la littérature narrative du xiie au xve siècles.
Luca Gatti, « Les interférences attributives “du genre” dans la tradition des chansons lyriques à voix féminine en langue d’oïl »
Cet essai propose un premier aperçu de la réception de l’auctorialité des chansons en ancien français à voix féminines d’après la tradition manuscrite. En effet, certaines familles textuelles de chansonniers semblent particulièrement réceptives à une paternité féminine, tandis que d’autres, au contraire, présentent des phénomènes de censure ou de réécriture.
Roy Rosenstein, « La chanson de croisade / chanson de femme RS 21 attribuée à Guiot de Dijon et à la Dame de Fayel »
Quel que soit son auteur, homme ou femme, ce que nous ne saurons jamais, la chanson de femme RS 21 n’est pas une chanson de croisade : bien au contraire, elle exprime non pas la séparation et l’adieu, mais l’abandon et l’absence, non pas le départ de l’homme mais le dépit de la femme. Chanterai por mon corage en tant que chanson de femme refuse tout ce qui définit la chanson de croisade, y compris la nécessité d’être l’œuvre d’un auteur mâle.
414Marjolaine Raguin, « Que disent-elles ? Le “je” féminin dans les chansons lyriques de croisade françaises et occitanes, un discours direct écho de la prédication »
La parole des femmes exprimée au discours direct, en « je » lyrique donc, dans les chansons lyriques de croisade françaises et occitanes constitue une parole de femme, à la fois singulière et écho de la prédication. Cette contribution explore cette parole pour chacun des textes français et occitans, afin d’en mettre en lumière les modes d’expression, la teneur et les effets.
Anne Ibos-Augé, « La lyrique de la croisade possède-t-elle une “voix musicale féminine” propre ? »
On distingue trois types de chansons de croisade, qui convient différemment la dame pour la mettre en scène, la dire ou s’adresser à elle. En analysant certaines occurrences musicales, cette étude place en regard la lyrique de la croisade et le répertoire chanté des trouvères. Convoquer contrafacta et formules poético-musicales permet de cerner quelques-uns des enjeux de la departie et d’une tradition mélodique mobilisant un réseau subtil d’évocations multiples liant la séparation et son objet.
Valeria Russo, « La femme présente. Images, espaces et sens d’un discours amoureux »
La descriptio puellae détient un statut topique et une valeur signifiante. Si l’expédient rhétorique réduit la présence de l’auteur, celui-ci peut intervenir sur l’emplacement du lieu commun et défiger un autre sens de la figure de style. La portée de la description élogieuse peut donc varier selon le contexte et manifester des caractéristiques propres. Ce postulat permet d’entreprendre l’interprétation du statut de la corporalité féminine dans la chanson de croisade.
Rachel May Golden, « Feminine Sexuality and Subversion in a Crusade Lament, Chanterai por mon corage (RS 21) »
Cet essai examine Chanterai por mon corage et utilise les notions queer de Carolyn Dinshaw pour lire les mouvements géographiques et mélodiques subversifs de la Dame comme exprimant des aspects de son désir, de sa résistance et de son réconfort. Il montre comment Chanterai s’engage dans la répétition, 415le recueillement et la recréation, l’encodage de réponses individuelles et collectives à des moments traumatisants dans le contexte de la croisade.
Angelica Rieger, « Conon de Béthune entre oc et oïl. Une lecture subversive »
La lecture féministe – donc subversive – des deux chansons lyriques de croisade conservées de Conon de Béthune permet de faire la lumière sur la misogynie du poète à travers l’analyse d’une série d’exemples, en tenant compte des relations intertextuelles de l’œuvre du trouvère avec celle du troubadour Raimbaut de Vaqueiras, avec lequel Conon partage cette perspective.
Sophie Albert, « Hélène à la croisée des genres dans le manuscrit de Turin, Biblioteca Nazionale Universitaria, L.II.14 (1311) »
Le ms. de Turin allie textes hagiographiques et épiques. Entre ces genres se tissent des liens multiples que le personnage d’Hélène, dans la Venjance Nostre Seigneur, incarne en cristallisant des enjeux littéraires, socio-historiques et anthropologiques. Construit à la jonction de plusieurs matières narratives, il prend sens au sein d’un discours idéologique singulier et fait vaciller les frontières du masculin et du féminin, se révélant comme une figure originale.
Julien Maudoux, « Représentations et rôles des femmes dans les chansons lyriques de croisade »
L’étude montre comment, par le réinvestissement d’un lexique attendu, l’évocation de la femme dans la lyrique de croisade se place au centre des enjeux du discours et rend manifestes les tensions parfois exacerbées qui le parcourent, en utilisant les ressorts de l’idéologie courtoise comme pour mieux tempérer celle-ci. Dans ce contexte, qui n’exclut pas la possibilité de jeux littéraires, l’utilisation de la figure féminine rebat les cartes et infléchit certains motifs de façon inattendue.
Wendy Pfeffer, « L’anneau en question. Trois textes et une image en commun »
L’article explore trois textes qui ont une image en commun, celle de l’anneau. Deux de ces pièces sont en ancien français (Lasse, pour quoy, Mestre de Rodes ! et Osteis lou moi, l’anelet dou doi !) ; la troisième est en occitan (Cant 416me donet l’anel daurat ?)Toutes les trois font référence à un anneau et à vrai dire, le motif de la croisade n’est présent que dans l’une des trois. Pourtant, ces trois compositions, bien qu’anonymes, nous permettent d’entendre la voix féminine médiévale, exprimée par des femmes.
Danielle Buschinger, « Amour de la Dame et amour de Dieu dans la chanson de croisade des pays de langue allemande »
Cet article propose une exploration du thème de l’amour dans les chansons lyriques de croisade de langue allemande, car « la chanson de Croisade réunit finalement les thèmes sacrés et les motifs séculiers, le cœur et le corps, la religion et l’amour » (A. Moret). Un parcours à travers les textes de sept poètes permet d’explorer les différentes modalités selon lesquelles ces auteurs modulent les motifs de l’amour de Dieu et de l’amour de la dame dans le contexte de la croisade outre-mer.
Francesco Saverio Annunziata, « L’amour et la propagande pour la croisade. Interférences registrales dans les chansons des troubadours concernant Frédéric II de Souabe »
Dans la lyrique occitane, la figure de Frédéric II de Souabe apparaît plusieurs fois dans des compositions exhortant à la croisade ou faisant état de la situation en Terre sainte. La réflexion se focalise ici sur ceux des textes adressés à l’empereur pour le convaincre de partir en Orient où le thème central de l’amour survient en connexion avec le thème de la croisade. L’étude clarifie le contexte historique et culturel dans lequel apparaissent ces pièces.
Elena Muzzolon, « “Conment vivra cors seus ?”. La femme proche et lointaine dans les chansons lyriques de croisade »
Cette étude réévalue d’abord l’idée d’une modification « profonde » des rapports entre la dame et le poète dans le passage de la chanson d’amour traditionnelle à la chanson de croisade pour montrer ensuite comment le motif du cœur séparé joue un rôle fondamental à l’intérieur d’une spatio-temporalité renouvelée. Le rapport entre la dame et le poète s’inscrit dans une véritable « histoire du cœur et du corps », évoluant de l’érotique occitane au roman en langue d’oïl.
417Patricia Harris Stablein Gillies, « La croisade n’aura pas lieu. Les femmes qui barrent le chemin dans la poésie lyrique de croisade de Bertran de Born »
Dans ses chansons, Bertran de Born met en relief la dimension héroïque de l’appel à partir en croisade. Si lui-même ne se croisera pas pour des raisons restées obscures, ce sont surtout, selon lui, les infortunes de l’amour qui empêchent le départ des souverains qui ont pris la croix. L’étude se propose de cerner le rôle des femmes dans cet empêchement des rois, selon la rhétorique du poète qui mêle les thèmes politiques et moraux du sirventès à l’émotivité de la canso.
Juan-Manuel López-Muñoz, « La femme et l’espace dans les chansons de croisade. L’exemple de Por joie avoir perfite en Paradis (RS 1582) »
L’article propose une étude discursive de Por joie avoir perfite en Paradis selon une approche géocentrée et s’intéresse à la présence des noms référencés sur la carte des croisades, et à leur emploi comme indices du genre de la chanson de croisade. Les noms propres féminins inscrits dans l’espace de la croisade ajoutent à la valeur événementielle de la chanson une dimension ludico-poétique mais surtout axiologique par l’alliance des codes de l’amour courtois et de la religion chrétienne.
Marie Guérin, « Et chascuns dit : “ma fame, que fera ?”. Regards croisés sur la participation des femmes à la quatrième croisade »
L’étude s’interroge sur la place des femmes croisées dans la lyrique, en particulier dans les chansons de la quatrième croisade, déviée vers Constantinople. Pour répondre à la question, il s’agit de cerner, dans les pièces lyriques, les chansons de geste et les chroniques médiévales, l’engagement des dames lors de cette expédition, puis de déterminer, à travers l’étude des droits, des usages et de l’évolution du concept de croisade, les causes de leur absence dans les textes des trouvères.
Meritxell Simó, « Les femmes et les chansons de croisade chez les romanciers du xiiie siècle »
L’article explore l’imaginaire associé aux chansons de croisade insérées dans quatre romans du xiiie siècle. L’analyse des motifs littéraires et de 418l’interférence des registres stylistiques dans ces épisodes donne à opérer un point sur la représentation des femmes dans l’univers du roman, ainsi que sur les différentes questions métalittéraires que pose le procédé de la citation lyrique ; elle montre le rôle essentiel que jouent les chansons de croisade dans la construction des fictions romanesques.
Earl Jeffrey Richards, « Pallas et Minerve est une mesmes chose. La figure hétéroclite de la guerrière chez Christine de Pizan ou la féminisation de la croisade et ses implications »
L’image dédoublée d’Athéna dans l’Epistre Othea souligne la liaison étroite entre sagesse et « chevalerie » dans la personnalité de cette déesse. Christine de Pizan anticipe ici sur son Livre de fais d’armes et son Ditié de Jeanne d’Arc, où la chevalerie et l’idée de croisade se féminisent. Ces textes montrent la popularité du topique fortitudo et sapientia dans la littérature du temps. On a en outre affaire à la vraie voix historique d’une femme-auteur qui s’occupe explicitement de la croisade.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-14608-7
- EAN: 9782406146087
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-14608-7.p.0413
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 07-19-2023
- Language: French