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« Quand la mort n’est pas une fin… young adult et fantômes »


RÉSUMÉS DES ARTICLES

Anne Besson, « Forever young ? »

Une idée reçue voudrait que la fantasy, genre du merveilleux contemporain et littérature d’évasion, invite ses lecteurs à une régression, au repli vers le refuge d’une jeunesse éternisée ; le présent article a objectif de prendre à rebours cette doxa appuyée sur une observation trop superficielle de textes qui, bien souvent, délivrent le message inverse – réaffirmant ce qui fonde l’humanité des héros.

Lucie Groetzinger, « Bébé veut manger maman »

La survie à l’apocalypse-zombie dans la bande dessinée a une écriture particulière, des spécificités, mais elle met par ailleurs en scène des structures relationnelles classiques, notamment en ce qui concerne l’organisation de ses groupes de survivants ; l’eschatologie humaine, vers un futur monstrueux, consolide alors souvent une ordonnance familiale aux réflexes patrimoniaux.

Apolline Lehmann, « Dis, quand on est mort, c’est pour la vie ? »

L’omniprésence de la mort est une des conditions de la survie du récit ; aussi l’analyse des classiques Disney sélectionnés rend-elle compte de l’inscription du phénomène dans chaque composante du schéma narratif, à commencer par la situation initiale – la perte de l’un ou des deux parents – qui introduit bien souvent l’histoire et place alors les héros dans un environnement hostile, à la source d’un désir d’émancipation et de construction identitaire.

Hélène Weis, « Être ou ne pas être un fantôme »

À travers une histoire pleine de nostalgie, Tom’s Midnight Garden, Philippa Pearce évoque la littérature pour la jeunesse victorienne, avec ses grandes maisons, ses enfants esseulés dans des jardins magnifiques et donne à la traditionnelle difficulté à sortir de la nursery et à grandir, une issue originale, propre au développement d’une littérature réaliste après la seconde guerre mondiale.

Luce Roudier, « L’immortalité, “grain de sable dans l’univers” »

Parfait exemple de fantasy, Ji fait pénétrer son lecteur dans un univers qui correspondrait, du point de vue technique et technologique, à une sorte de Moyen Âge idéalisé, où la magie comme les événements surnaturels sont immédiatement vraisemblables (le surnaturel n’est pas attesté aux yeux de tous, mais s’insère avec naturel dans l’ordre du monde).

Valérie Tritter, « Vertiges et fantasmes d’immortalité. L’Ève future, première intelligence artificielle »

Un jour, la mort ne sera plus une fin… Repousser, vaincre la mort, n’est-ce pas le rêve du commun des mortels ? Or le paradoxe est actuellement le suivant : vaincre la mort pourrait bien signifier la mort de l’humanité. Ce paradoxe sera d’autant plus inquiétant qu’il acquerra la dimension du dilemme ; enfant née d’un miracle technique, l’Éve future symbolise ce déchirement

Mathieu Pierre, « “La mort est ton cadeau”. Des fantômes et des esprits dans la série télévisée fantastique »

L’apparition fantomatique prend en défaut notre connaissance empirique du monde : si l’on ne peut plus faire confiance à nos sens, c’est que nous 188sommes entrés dans l’aliénation. Or, dans les séries fantastiques young adult, le fantôme est bien là à hanter le monde ; plus encore, le spectre, dans sa fonction d’épouvante, est dorénavant capable de toucher le réel qui l’entoure.

Thierry Jandrok, « Thaumaturges, golems et autres automates »

Les romans pour la jeunesse, chez Ransom Riggs et Seanan McGuire, proposent des personnages singuliers et frappants ; ces adolescents entretiennent, en effet, des relations intimes avec les limites de la vie et de la mort. Sous leurs mains expertes, animaux, humains, poupées, marionnettes, golems et cadavres s’animent. Ils sont à la fois enfants et magiciens, tendus entre vies et morts, ombres et lumières, hybris et désolation.

Guillaume Sioly, « Orphée et les reflets. Chagrin et chimères »

La Maison des reflets n’a rien d’une dystopie développant les conséquences désastreuses d’une technologie utilisée sans discernement ; la science n’y est pas perçue comme une menace. Le roman invite néanmoins à ne pas la considérer comme un moyen de vaincre la mort… qui, malgré les fantômes réconfortants offerts aux endeuillés, demeure irréversible.

Isabelle Rachel Casta, « Kieren, Victor, Jill, Lily… “sans” les autres. “Dans les Jardins d’Israël il ne faisait jamais nuit” »

Complètement sur-naturels ou seulement victimes collatérales d’événements fantastiques, les enfants et adolescents présentés ici se singularisent par leur interaction complexe et dangereuse avec le reste du monde ; chacun(e) à sa façon illustre l’angoisse générée par nos sociétés en quête de sens – fût-il post-apocalyptique.


* Référence ouvrage : Quand la mort n’est pas une fin… young adult et fantômes 2019 – 2, La Revue des lettres modernes, sous la direction d'Isabelle Rachel Casta