![Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (XIIIe-XVIe siècle) - Vie de saint Jacques le Majeur](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/MciMS09b.png)
Vie de saint Jacques le Majeur
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (xiiie-xvie siècle)
- Author: Crosio (Martina)
- Pages: 361 to 364
- Collection: Literary Texts of the Middle Ages, n° 75
- Series: Mises en prose, n° 11
Vie de saint Jacques le Majeur
(Martina Crosio)
(A) la prose
– auteur : anonyme
– dédicataire : non mentionné
– datation : la date de composition correspond approximativement à celle de sa première (et unique) attestation manuscrite, à savoir le deuxième tiers du xiiie siècle (ante 1267).
– manuscrit unique :
Paris, B. Arsenal, 3516, f. 60vd-63vd (Gallica). Parchemin, 356 f. numérotés (deux foliotations, l’une ancienne et l’autre moderne, se superposent parfois sans correspondance ; nous nous référons toujours à la foliotation moderne) ; 328 x 245 mm. Textesur quatre colonnes de 50 lignes chacune. Incipit à l’encre rouge, lettrine « A » filigranée en rouge et bleu. La mutilation du f. 63ra-b en raison de la présence d’une miniature provoque deux lacunes dans le texte d’environ 28 lignes par colonne.
Ce célèbre et imposant recueil hagiographique a été confectionné dans l’Artois vers 1267, vraisemblablement à la demande d’un riche bourgeois de Saint-Omer (Guggenbühl 1998, p. 324-333) ; il regroupe 68 textes de nature hétérogène et se compose d’une partie en prose et d’une autre en vers. La section en prose contient le Légendier apostolique anglo-normand, à savoir une petite anthologie transmise par quelques manuscrits copiés en Angleterre, une vie de sainte Madeleine et la légende de Jacques le Majeur. D’après P. Meyer 1902 (p. 252), cette dernière mise en prose se différencie des vies en prose qui suivent (Jean l’Évangéliste, Jean-Baptiste, Pierre et Paul), toutes dérivées de modèles latins, de par son origine : la Vie de saintJacques le Majeur a été en fait rédigée à partir 362d’un poème français dont il conserve l’empreinte des vers (voir infra). Perrot 1992 par contre, malgré l’origine différente, refuse d’isoler la Vie desaintJacques de l’ensemble : en se tenant au témoignage du ms unique, il la compte parmi les textes hagiographiques qui forment le Légendier anglo-normand.
La légende de Jacques le Majeur se situe entre la Vie de saint Jean l’Évangéliste (f. 58ra-60vd) et la Vie de saint Jean-Baptiste (f. 64ra-65rd). Richement enluminé, ce manuscrit a subi la perte de nombreuses miniatures et de quelques feuillets. À cause d’une enluminure qui se trouvait au verso du f. 63, le texte sur saint Jacques est aujourd’hui mutilé (voir infra).
incipit : « Or orés de saint Jake. Al tans Herode, estoit uns grans maistres et molt fu il sages ; si essauça la foy et la loy nostre Segnor Jhesu Crist, si fu només Jakes… » (f. 60vd-61ra).
explicit : « …et issi com vos avés oï defina li sains apostles saint Jakes en l’onor nostre segnor Jhesu Crist, à qui soit gloire et honors el siecle des siecle[s]. Amen. Explicit de saint Jaque » (f. 63vd).
H. Martin 1887, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal, Paris, Plon, t. 3, p. 395-405
C. Guggenbühl 1998, Recherches sur la composition et la structure du ms. Arsenal 3516, Basel – Tübingen, Francke
Collet – Messerli 2008, p. 51-52
Notices en ligne : Archives et manuscrits ; Jonas
– organisation du texte
Titre : Saint Jake (f. 60vd). La légende de Jacques le Majeur s’ouvre par une assez longue digression généalogique ; suit le récit de la vie avec la narration de sa prédication, ses conversions et ses prodiges entre Espagne et Judée. Après le martyre, le corps de Jacques est translaté en Galice par ses disciples. Là, une dame païenne nommé Lupare se convertit grâce aux miracles post mortem accomplis par le saint.
L’édition Meyer 1902 présente au moins deux lacunes, peut-être dues à des sauts du même au même :
(f. 61va) : « …quant ce fu aprés l’acencion, que s’esperites descendi en terre si se demonstra à ses apostles, si lor rova aler par le terres preechier sa loy… » ;
363(f. 63ra) : « Et saciés de voir que molt y ot grant noise et grant quas et grant cri al point que li pont fist le quas en l’aighe atot ceax qui sus lui furent… ».
Prologue :
Or orés de saint Jake. Al tans Herode, estoit uns grans maistres et molt fu il sages ; si essauça la foy et la loy nostre Segnor Jhesu Crist, si fu només Jakes, et si fu apostles et cousin germain à nostre segnor Jhesu Crist ; si preechoit le pople en la terre de Ybere : or le noment li gent Espaigne. Mais saciés [de] voir que li apostles i converti molt de gent en Espaigne et en Galisce à la loi Jhesu Crist. Dont il fist molt dolant Herode, que tant afebloia sa loi ; si en fu molt irés sor saint Jake le bon apostle. Et saciés de voir que il furent .ii. Jakes : si furent cosins ambedui et ensement cosin à nostre segnor Jhesu Crist. Et je vos ferai entendre proprement del quel Jake je vos voeil conter (f. 60vd-61ra).
Épilogue :
Or nos raconte chi et dist saint Lucas, li bons evangelistes, en un livre des sains apostles qui pas ne ment, que saint Pieres, que Dex l’ama tant que il l’asist en sa chaiere à Rome ; si nos raconte de saint Jake, le saint apostle, que il prist martyrre devant Paskes, par Herode le roi, qui adonc ert sire des Judeus et des Pharyseus, por la dolor qu’il ot de Jherusalem et de Betleem por la grant famine qui adont ert en la contree. En cel tans et en cel termine estoit li sains apostles decolés, et dont estoit Claudius emperrere de Rome et tot ert en sa subjection. Et saciés que Agabus, .i. molt grant maistres de la loy as Juïs, il prophetisa molt lonc tans devant le roi Herode le grant destruction et le grant martyrre que il feroit sor la sainte gent en son tempoire ; et issi com vos avés oï, defina li sains apostles saint Jakes en l’onor nostre Segnor Jhesu Crist, à qui soit gloire et honors el siecle des siecle[s]. Amen. Explicit de saint Jaque (f. 63vc-d).
(B) la source
Le modèle versifié est un poème français en octosyllabes perdu datant d’environ la première moitié du xiiie siècle. Meyer 1902 (p. 253-255) a identifié la probable source latine, à savoir le Liber sancti Jacobi ou Codex Calixtinus, un recueil de textes consacrés à Jacques le Majeur et à son culte compostellan longtemps attribué à un clerc nommé Aimeri Picaud. Si les écrits réunis dans ce manuscrit sont de diverses dates et origines, la rédaction du codex remonte au milieu du xiie siècle, en tous cas avant 1173. Pour ce qui concerne les renseignements généalogiques 364sur saint Jacques, toujours d’après Meyer 1902 (p. 255), le versificateur français aurait utilisé un traité médiéval sur les rapports de parenté des trois Maries.
(C) histoire de la prose
La Vie de saint Jacques le Majeur n’a connu aucune diffusion ultérieure.
(D) bibliographie
(1) édition
P. Meyer 1902, « La vie et la translation de saint Jacques le Majeur. Mise en prose d’un poème perdu », in Romania, 31, p. 252-273
(2) bibliographie critique
J.-P. Perrot 1992, Le passionnaire français au Moyen Âge, Genève, Droz, p. 23-25
B. Ferrari 2014, « Réécritures en prose de poèmes hagiographiques français. Premier recensement », in Pour un nouveau répertoire des mises en prose. Roman, chanson de geste, autres genres, Paris, Classiques Garnier, p. 151-163
B. Ferrari 2020, « Qualche osservazione sulla prima circolazione manoscritta delle più antiche mises en prose agiografiche francesi », in La prosa medievale. Produzione e circolazione, Roma, « L’ERMA » di BRETSCHNEIDER, p. 103-113
- CLIL theme: 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN: 978-2-406-15796-0
- EAN: 9782406157960
- ISSN: 2261-0804
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15796-0.p.0361
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-30-2024
- Language: French