![Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (XIIIe-XVIe siècle) - Vie de saint François d’Assise](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/MciMS09b.png)
Vie de saint François d’Assise
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Nouveau Répertoire de mises en prose (suite). Récits brefs et autres genres (xiiie-xvie siècle)
- Auteur : Boriosi (Marc)
- Pages : 355 à 359
- Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 75
- Série : Mises en prose, n° 11
Vie de saint François d ’ Assise
(Marc Boriosi)
(A) la prose
– auteur : inconnu
– dédicataire : non mentionné
– datation : seconde moitié du xive siècle
– manuscrit unique :
Paris, BnF, fr. 9762 (Suppl. fr. 540,6) (Gallica), f. 1r-49v.Reliure en carton recouverte de peau rouge portant le titre « Vie de S-Fr » de la seconde moitié du xive siècle, et enveloppée aujourd’hui dans du papier kraft bleu. Il est composé de 4 cahiers (respectivement de 12, 14, 12, 12 f.) d’environ 315 x 240 mm, au total 50 feuillets en parchemin d’une bonne qualité, parfois poreux au toucher. Un premier feuillet isolé précède cette structure. Ce manuscrit homogène d’assez grand format présente un texte aéré écrit d’une seule main d’une écriture cursive, distribué sur 35 longues lignes dont subsistent les réglures tracées en rouge. Les rubriques sont en rouge ; chaque initiale de paragraphe présente une lettrine (environ 10 x 10 mm) dorée habillée de mauve et de bleu (en alternance pour les contours et les parties pleines). La décoration est complétée par une superbe enluminure au f. 1r. Dans une fenêtre ouverte en haut à gauche de 55 x 55 mm, une miniature propose une représentation de l’impression des stigmates à François par le séraphin, dans une version classique. Le récit débute quant à lui par une riche lettrine (25 x 20 mm) bleue avec des arabesques mauves et un habillage de dorure. La page présente enfin un magnifique décor coloré mêlant feuillage, fleurs et arabesques peint sur les marges extérieures. Il n’y a aucune mention portée en regard du texte si ce n’est la numérotation 356qui semble contemporaine de la confection du manuscrit. Les seules mentions annexes figurent sur le premier feuillet isolé où l’on peut lire en haut à droite « La vie de saint François » d’une main moderne, accompagné de la mention « Volume de 49 feuillets, 19 décembre 1892 ». Si l’origine du manuscrit n’est pas connue (nous savons simplement qu’il a intégré les collections de la Bibliothèque Nationale vers 1682), la qualité du décor ne laisse aucun doute quant à son appartenance à la bibliothèque d’un personnage de haut rang, ces laïcs instruits, homme ou femme, principaux promoteurs et possesseurs de ces œuvres mises en prose. Ce manuscrit contient uniquement la vie de saint François d’Assise sous le titre : La vie et miracles du glorieux saint et ami de Dieu monseigneur saint Françoiz (f. 1r).
incipit :« Cy commence la vie et miracles du glorieux saint et ami de Dieu monseigneur saint Françoiz. Un homs qui avoit nom François dont la memoire est bieneuree et benoite fust en la cité d’Assise que Dieu ramplist de sa doulceur, de ses benois dons treslargement, et des perilz de ce monde le delivra parfaictement, car ja fust il nourry en sa jeunesse es vanitez de ce monde perilleusement » (f. 1r).
explicit : « Or prions au glorieux confesseur qu’il nous vueille aidier a la croix porter, honnorer et amer. En telle maniere que nous qui sommes foibles et non poissans que par la vertu de la Croix soyons enforciez contre la puissance du deable, si que par sa force ne nous puist surmonter. Et aussi nous, qui sommes aveugles, par la clerté de la Croix soions enluminez a congnoistre les fellasses et les decepcions du deable qu’il ne nous puist decevoir ne a mal encliner. Aussi nous qui sommes desarmez, povres et nuz et mendians, des armes de la Croix soyons vestuz et armez contre les armeures du deable ; si ques par ses saietes ne de ses dars tranchans ne nous puist trespercier ne grever. Saint Françoiz, qui en son precieux corps porta les signes des plaies que Dieu souffrist, tout ce nous vueille octroier le benoit filz de Dieu Jhesucrist qui avec le Pere et le Saint Esperit en une parfaicte Trinité est un Dieu tout puissant sans fin et sans commencement pardurablement. In secula seculorum, Amen » (f. 49v).
Notices en ligne : Archives et manuscrits ; Jonas
357– organisation du texte
La structure de la source en vers perce sous la prose dans certains passages, comme par exemple :
François nul conseil d’omne ne demanda ne quist, fors l’enseignement de Jhesu Crist qui, par sa grace, l’enlumina parfaitement, car il avoit en lui tout son entendement. (f. 2v)
François nul enseignement quist/ Fors l’enseignement Jhesu Crist,/ Ne conseil d’hom ne demanda./ La grace Dieu l’enlumina/ L’instruisit parfaitement :/ En lui eust son entendement. (probable modèle versifié : Thomas 1942, p. 104)
Parfois, la détection des rimes ne demande même pas un effort de reconstruction tant le poème apparaît avec évidence sous le récit en prose :
Saint Françoiz par amour de charité les deliz espirituelz tant desiroit que nul desir terrien n’en sentoit. Mais pource que corporelment a Dieu qu’il amoit conjoindre ne se pouoit, par fauveur d’oroisons son esperit presentoit à Dieu et par amour conjoingnoit, toute sa consolacion en oroison queroit, de lui mesmes rien ne tenoit mais du tout en Dieu se fioit, ouquel toute s’entencion et sa fiance estoit et mectoit… (f. 27r)
Cette légende en vers constituait sans doute une vulgarisation de la Legenda major Sancti Francisci écrite par saint Bonaventure (Doctoris Seraphici S. Bonaventurae Legenda Major S. Francisci, in Analecta Franciscana, 10, 1941, p. 578-579).
Le récit en prose (qui correspond à la version E) ne propose pas le prologue habituel, tout en conservant l’organisation en quinze chapitres pour la partie « légende » auxquels s’ajoutent dix chapitres de miracles conformément au texte en latin. La structure interne de chacun des chapitres n’est toutefois pas reprise.
(B) la source
La source versifiée est une Vie de saint François d’Assise perdue, sans doute en octosyllabes à rimes plates, qui devaient totaliser à l’origine entre 7500 et 8000 vers sur la base de la mise en prose que nous conservons.
Il s’agissait d’un poème sans doute composé par un clerc dans le quatrième quart du xiiie siècle puisque s’appuyant sur une version transitoire de la Legenda Major Sancti Francisci,comme l’atteste la reprise partielle des additions textuelles effectuées par le ministre général Jérôme d’Ascoli (1274-1279), 358connu par la suite comme le pape Nicolas IV (1288-1292). Les passages consacrés aux stigmates attestent par ailleurs un contexte d’apaisement autour de cette question qui restait très controversée au cœur du xiiie siècle.
L’auteur de la versification française de l’œuvre latine, qui s’adressait, comme souvent pour ces textes, à un public populaire, ce que confirment les dernières lignes du manuscrit, a fortement résumé le propos en supprimant notamment la plupart des localisations d’épisodes ou la plupart des personnages secondaires, comme certains passages entiers qui présentaient peu d’intérêt pour le public ciblé (développements théologiques ou rhétoriques que saint Bonaventure affectionnait), afin de se concentrer uniquement sur la figure de saint François. Par ailleurs, le texte propose de nombreuses erreurs et approximations qu’il est toutefois difficile d’imputer avec certitude : elles peuvent relever effectivement du vulgarisateur, de l’auteur de la mise en prose ou des différents copistes.
En tenant compte des limites que pose le remaniement en prose sur le plan linguistique, on peut formuler l’hypothèse d’une composition du poème dans l’aire picarde, dans le Beauvaisis, comme semble par ailleurs le suggérer l’insertion d’un miracle supplémentaire concernant l’évêché de Beauvais.
(C) histoire de la prose
Aucune diffusion ultérieure.
(D) bibliographie
(1) édition
Aucune.
(2) bibliographie critique
A. Groeteken 1912, Die goldene Legende : Franziskus von Assisi in der Poesie der Völker, Müchengladbach, B. Kühlen
M. Thomas 1942, Recherches sur les légendes françaises de saint François d’Assise, Thèse dactylographiée, École nationale des chartes, partie 1, p. 100-113 [version E]
359M. Boriosi 1997, « Traduire le franciscanisme. Introduction aux premières ‘vulgarisations’ des légendes de saint François d’Assise (France – Italie, xiiie-xve siècles) », in Collectanea Franciscana, 67, p. 389-430
M. Boriosi 2010, « Légendes en langues vulgaires », in François d’Assise. Écrits, vies, témoignages, Paris, Éditions du Cerf – Éditions franciscaines, p. 3363-3372 (p. 3366)
B. Ferrari 2014, « Réécritures en prose de poèmes hagiographiques français. Premier recensement », in Pour un nouveau répertoire des mises en prose. Roman, chanson de geste, autres genres, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 150-163
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN : 978-2-406-15796-0
- EAN : 9782406157960
- ISSN : 2261-0804
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15796-0.p.0355
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 30/04/2024
- Langue : Français