Bibliographie de la néologie
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Neologica
2020, n° 14. Perception, réception et jugement des néologismes - Auteur : Humbley (John)
- Pages : 235 à 257
- Revue : Neologica
Bibliographie
de la néologie
Ouvrages collectifs
Alves, Ieda Maria, Mejri, Salah et Sablayrolles, Jean-François (éd.), (2019), Léxico. Sémantica lexical, neologia, empréstimo. Lexique. Sémantique lexicale, néologie, emprunt. São Paulo : FFLCH Humanitas. ISBN 978-85-7732-37-4.
Les trois grandes parties qui structurent l’ouvrage relèvent directement de la néologie et deux d’entre elles y sont plus spécifiquement consacrées, que ce soit pour aborder des problèmes théoriques de la définition du concept ou des études de cas (partie en portugais pilotée par Ieda Maria Alvès), ou bien pour se focaliser sur le type particulier de néologismes que sont les emprunts, avec la prise en compte des éventuels néologismes autochtones qu’ils suscitent dans les langues cibles. Cette partie, dirigée par Jean-François Sablayrolles et rédigée en français, porte sur quatre langues du projet EmpNéo « Emprunts néologiques et équivalents autochtones » (français, grec, polonais et tchèque), programme qu’il a lancé en 2008 et qui a été soutenu par l’obtention d’un financement PHC (Projet Hubert Curien) Barrande entre la France (Université Paris 13) et la République tchèque (Universités Masaryk de Brno et Palacki d’Olomouc), puis par l’obtention d’un PICS (projet International de Coopération scientifique) du CNRS, entre la France (laboratoire LDI) et la Pologne (Universités de Lodz et Jagellonne de Cracovie). Les notices qui suivent relèvent de cette partie consacrée à l’étude contrastive des emprunts.
236Hildenbrand, Zuzana et Jean-François Sablayrolles (2019), « Présentation : emprunts et équivalents dans quatre langues européennes : objectifs et protocole de la recherche », dans Alveset al. (éd.), p. 233-254.
Cet article sert d’introduction à la section du livre sur les emprunts et leurs équivalents. En plus de présenter les différents articles, il situe l’emprunt dans son cadre linguistique, en particulier par rapport à la filiation lexicale et il passe en revue les méthodes de constitution de corpus comparables de la période 2010.
Bobinska, Anna, Alicja Kacprzak et Jean-François Sablayrolles (2019), « Emprunts et équivalents non nominaux nouveaux ou récents : verbes, adjectifs et interjections en français et en polonais », dans Alveset al. (éd.), p. 255-279.
Les substantifs constituent la grande majorité des emprunts, mais on constate dans les deux langues étudiées la présence affirmée d’interjections (véhiculées par les médias), d’adverbes, d’adjectifs et de verbes. Si le polonais avec sa morphologie plus complexe privilégie la suffixation dans le cas des verbes, le français préfère la conversion. La langue source est presque toujours l’anglais et les domaines de prédilection sont les nouvelles technologies (Facebook a sa cohorte d’emprunts) et les changements de comportement sociétaux. Les emprunts analysés ici sont rarement présents dans les dictionnaires classiques, mais mieux représentés dans les participatifs (Wikipédia, etc.).
Hildenbrand, Zuzana et Christine Jacquet-Pfau (2019), « Nouvelles sociétés, nouveaux modes alimentaires : quelles réalités le français et le tchèque empruntent-ils aux pratiques anglo-saxonnes ? », dans Alveset al. (éd.), p. 281-304.
Les sous-domaines retenus pour cette étude contrastive sont la restauration rapide (fast food, junk food, etc.), les nouvelles formes de commercialisation (street food, food truck, etc.), l’écologie et l’alimentation (slow food, locavore…) ainsi que l’éthique et le bien-être (tout ce qui concerne le véganisme). La comparaison des deux langues fait ressortir la mondialisation des pratiques alimentaires reflétée dans la néologie d’emprunt.
237Anastassiadis-Syméonidis, Anna et Georgia Nikolaou (2019), « Emprunts sociétaux de la langue anglo-américaine en grec moderne », dans Alveset al. (éd.), p. 305-314.
Tout comme le polonais et le tchèque, le grec connaît la forte influence de la langue anglaise, véhiculée par les nouveaux médias et ayant trait aux changements de comportements sociétaux. Les auteures examinent en particulier le degré d’assimilation de ces emprunts, généralement très imparfait.
Sablayrolles, Jean-François (2019), « Néologismes par emprunt et par équivalence en français dans le domaine sociétal », dans Alveset al. (éd.), p. 315-325.
L’auteur examine les secteurs où les emprunts se concentrent : nouvelles pratiques de consommation (participative entre autres), nouveaux rapports au politique (fact checking, lanceur d’alerte…), nouveaux loisirs (airbnb…). Il amorce une réflexion sur les équivalents de ces emprunts (équivalents non néologiques, hyponymes, cas d’antonomase…).
Podhorná-Polická, Alena et Julie Viaux (2019), « Lexique des réseaux sociaux ; étude franco-tchèque des emprunts à l’anglais et de leurs équivalents autochtones », dans Alveset al. (éd.), p. 327-343.
L’importance des réseaux sociaux dans la diffusion de néologismes d’emprunt n’est plus à démontrer. Les auteures analysent l’apport de Facebook et de Twitter, en isolant le lexique propre de ces deux réseaux, le lexique additionnel (downloader, stalking…) et le lexique proprement néologique (selfie, etc.). Elles abordent plus particulièrement les équivalents proposés par les réseaux ou par les utilisateurs eux-mêmes, ou encore, pour le français, par le dispositif d’enrichissement de la langue française. Une étude approfondie est proposée pour selfie, fake, liker, wall et hashtag.
Balnat, Vincent et Christophe Gérard (éd.) (2018), Néologie et noms propres, Cahiers de lexicologie, 113, Paris, Classiques Garnier. https://classiques-garnier.com/cahiers-de-lexicologie-2018-2-n-113-neologie-et-noms-propres.html
Compte rendu prévu dans Neologica 15.
238Bernhard, Delphine, Maryvonne Boisseau, Christophe Gérard, Thierry Grass et Amalia Todirascu (éd.) (2018), La néologie en contexte. Cultures, situations, textes, actes du colloque LTT de Strasbourg, 2-4 septembre 2015, La Lexicothèque, Lambert Lucas, ISBN/EAN 978-2-35935-262-7
Gérard, Christophe (2018), « Le contexte, méconnu célèbre des études de néologie », dans Bernhardet al. (éd.), p. 9-21.
Cet article introductif du recueil en question situe les différentes contributions par rapport aux contextes multiples (linguistiques et pragmatiques) et montre en particulier l’importance de l’analyse discursive par genres textuels, genres qui peuvent être plus ou moins néologènes (qui favorisent la formation de nouveaux mots) ou néolophores (qui favorisent la diffusion de néologismes). La question de la détection automatique ou semi-automatique des néologismes est également approfondie.
Sablayrolles, Jean-François (2018), « Les néologismes ne naissent pas dans les choux », dans Bernhardet al. (éd.), p. 23-38.
L’auteur souligne ici l’importance du cotexte dans lequel le néologisme apparaît qui peut être tout aussi important que le contexte extralinguistique. Cette remarque vaut également pour la néologie terminologique officielle (in vitro), dont le contexte d’élaboration est également déterminant.
Sader Feghali, Lina (2018), « Dans les coulisses de la traduction lexicale en traductologie », dans Bernhardet al. (éd.), p. 41-53.
La traduction en arabe du lexique de la Fédération internationale de la traduction, Terminologie de la traduction, nécessite la création de nombreux néologismes. L’auteure s’interroge sur les critères qui doivent présider à l’analyse des termes à traduire (qui sont loin d’être complètement harmonisés) et sur les créations lexicales susceptibles de refléter l’organisation terminologique de la traductologie.
Bricmaan, Corinne (2018), « Traduire les néologismes des discours officiels chinois : entre skopos et soft power. Étude de cas », dans Bernhardet al. (éd.), p. 55-66.
L’auteure examine la création d’équivalents de néologismes dans le contexte politique chinois, aussi bien les mots-clés conçus en 239anglais (comme soft power) ou en chinois (comme les différents équivalents de rêve chinois ou routes de la soie). La place du français, qui passe souvent sous silence/trop souvent passé sous silence, est également problématisée dans cet article.
Veleanu, Corina (2018), « L’entrée des termes anglais en -ing dans le vocabulaire juridique des langues romanes », dans Bernhardet al. (éd.), p. 67-81.
Douze anglicismes dans les cinq principales langues romanes tirés de domaines juridiques sont étudiés par rapport à leur éventuelle adaptation. Sont examinés plus particulièrement les phénomènes de divergences sémantiques (peu fréquents) ou de classe grammaticale, de remplacement par des termes autochtones et d’incorporation dans des phraséologismes. L’italien et le roumain seraient les langues les plus ouvertes aux emprunts directs.
Boutmgharine, Najet et John Humbley (2018), « Adapter la “class action” aux sociétés francophones : enjeux juridiques et linguistiques », dans Bernhardet al. (éd.), p. 83-96.
Le concept connu aux États-Unis sous le nom de class action a fait l’objet d’adaptations juridiques et linguistiques très différentes selon le pays d’accueil. La France et la Belgique ont opté pour une adaptation restrictive, qui dans le cas de la première, s’est accompagnée de multiples formulations et reformulations linguistiques. Le Québec a rapidement trouvé une solution juridique satisfaisante ainsi qu’un terme pour la désigner qui a longtemps fait l’unanimité.
Jacquet-Pfau, Christine (2018), « À propos des emprunts néologiques dans le discours journalistique : marquage et commentaire », dans Bernhardet al. (éd.), p. 97-109.
Cet article illustre l’importance du contexte de l’apparition des néologismes de la langue générale dans la presse : présence (ou absence) de gloses, de définitions, d’informations étymologiques ou morphologiques et plus généralement de marqueurs de néologicité (formels, position dans l’article…). La question des équivalents éventuels dans le cas des emprunts est ensuite évoquée pour terminer sur l’analyse du point de vue du journaliste.
240Balga, Jean-Paul (2018), « La création lexicale en situation de contact de langues : la morphologie lexicale du français parlé au Nord-Cameroun », dans Bernhardet al. (éd.), p. 111-143.
L’article porte sur le français dialectal parlé au nord du Cameroun et de l’influence qu’exerce le contact avec les autres langues présentes dans cette aire géographique. En plus des emprunts directs, l’auteur signale de très nombreux cas de dérivation impropre et régressive, d’affixation et de composition, et il met l’accent sur des conglomérés, composés graphiquement soudés ou non, ainsi que sur les très nombreux types de troncation. Il parle d’un « français décomplexé ».
Selosse, Philippe (2018), « “L’Ordonnance de Soissons” ; la latinisation des phytonymes vernaculaires français », dans Bernhardet al. (éd.), p. 129-143.
L’auteur analyse la première nomenclature vernaculaire française des plantes, composée à la Renaissance, et présentée sous une forme latinisée, car le livre dans lequel elle figure est rédigé en néolatin. Les formes sont des emprunts latinisés ou des calques. Lorsqu’un équivalent français n’existe pas, l’auteur n’invente rien. Cette nomenclature a été reprise dans des livres de référence qui ont suivi, dont des dictionnaires de Robert Estienne, ce qui a abouti à institutionnaliser ce vocabulaire.
Dufour, Françoise et Fanny Rinck (2018), « Castorin, maltolé, ozonique : la créativité lexicale dans les descriptions d’odeurs par des experts », dans Bernhardet al. (éd.), p. 145-166.
Les auteures analysent les stratégies employées par des spécialistes de la parfumerie pour remplir le vide dénominatif et pour nommer des odeurs. Les résultats sont très diversifiés. Les stratégies comportent des emprunts à l’anglais (souvent de mots dont l’équivalent français est également utilisé) et l’emploi, voire la création d’adjectifs dérivés par famille lexicale (animal, fruit, épice…). On note aussi le recours aux autres domaines sensoriels. Les auteurs, tout en s’interrogeant sur l’emploi privilégié d’adjectifs, constatent de la part des experts le désir de relier les sensations aux composantes chimiques qui interviennent dans la composition du parfum.
241Sablayrolles, Jean-François (2018), « Interprétation de néologismes en co(n)textes », dans Bernhardet al. (éd.), p. 159-166.
L’auteur illustre l’importance du cotexte (phrase, paragraphe) et du contexte (situation énonciative) lorsqu’il s’agit de rendre compte d’emplois néologiques. Ce sont les contraintes du cotexte qui souvent expliquent la dérogation aux règles qui produit le néologisme. Ce sont d’ailleurs le cotexte et le contexte qui permettent d’identifier la matrice lexicogénique qui est en jeu.
Rosio, Ann-lise (2018), « Comparaison de contextes d’emploi de néologismes nominaux en -eux désignant les humains », dans Bernhardet al. (éd.), p. 167-180.
Les dérivés en -eux désignant les humains sont généralement considérés comme plutôt péjoratifs et d’un registre peu formel. L’étude porte sur un petit nombre d’exemples, relevés dans la presse spécialisée aussi bien que généraliste. La lexicalisation de l’échantillon est très variable, mais il n’est pas encore possible de mettre en relation une modalité d’appréciation négative et le contexte d’emploi.
Desmet, Isabel et Sandra de Caldas (2018), « Création lexicale et variation en portugais et en français contemporains : contextes, textes et discours dans les sciences sociales, économiques et financières », dans Bernhardet al. (éd.), p. 185-200.
Les auteurs étudient des termes composés comportant l’élément yield dans la presse généraliste française et portugaise. Dans la presse française, ces termes sont généralement accompagnés d’une glose, tandis qu’en portugais ils paraissent plus souvent seuls. En outre, le corpus français contient de nombreux exemples de créations lexicales opérées à partir de yield et de ses équivalents, impliquant souvent la réduction (siglaison), contrairement au portugais.
Ledouble, Hélène (2018), « Problématiques liées à la diffusion de créations lexicales “complexes” : divergences interprétatives autour de l’unité sociodiversité dans les discours scientifiques », dans Bernhardet al. (éd.), p. 201-211.
L’auteur examine le cas de la propagation irrégulière d’un néologisme relatif (sociodiversité), qui se caractérise par une très grande hétérogénéité sémantique, qui peut varier selon les disciplines 242et à l’intérieur d’une même discipline, et qui expliquerait, en même temps que le foisonnement d’autres néologismes proches, appartenant à la famille diversité, la résistance à son intégration en langue. Une démonstration de la complexité de la lexicalisation de termes complexes.
Condamines, Anne (2018), « La transitivité des compléments circonstanciels dans le sport et les loisirs, en situation d’implication affective : néologie sémantique ou simple variation argumentale ? » dans Bernhard et al. (éd.), p. 217-229.
La néologie peut prendre une forme syntaxique qui trahit des modifications à d’autres niveaux, sémantiques et affectives en particulier. L’auteure démontre que l’emploi transitif de verbes comme pêcher et chasser est plus fréquent lorsque le locuteur manifeste une implication personnelle forte dans l’activité pratiquée. Pour d’autres verbes, toutefois, la situation est plus compliquée, car il conviendrait de tenir également compte de principes d’économie linguistique et cognitive.
Altmanova, Jana (2018), « Les dérivés de l’onomastique commerciale entre brandsverbing et créativité des locuteurs », dans Bernhardet al. (éd.), p. 231-244.
Les noms de marques connaissent de nombreux dérivés verbaux et adjectivaux aussi bien que nominaux de différents types (dérivés en -age, -ion, -ien, -iste et autres), avec ou sans troncation. Le sémantisme de ces dérivés peut également varier, restant relativement terminologique et spécialisé pour certains et plus expressif pour d’autres, plus connotés. L’approche contextuelle reste primordiale dans l’interprétation de ces nouvelles unités.
Erlos, Frédéric (2018), « Sur la houle des données textuelles : enjeux du pilotage d’un dispositif textométrique dédié au repérage des néologismes d’un sociolecte », dans Bernhardet al. (éd.), p. 247-264.
Les méthodes de la textométrie sont utilisées pour identifier les néologismes dans des corpus ouverts, organisés chronologiquement (séries textuelles chronologiques produites par les mêmes sources). La comparaison porte sur les variations de fréquence des mots, qui permettent d’identifier les néologismes dans les sociolectes. La notion de « topique de la nouveauté » sert à rendre compte des 243différentes modalités de traitement de la création lexicale d’un genre de discours.
Korenchuk, Yulya (2018), « Identification automatique de familles morphologiques et de néologismes », dans Bernhardet al. (éd.), p. 265-279.
L’auteure vise à identifier des candidats termes (dont les néologismes) constitués de racines grecques (surtout) et latines en français (familles morphologiques endogènes), en anglais et en allemand. Elle illustre la pertinence néologique de la démarche en comparant les familles obtenues d’une extraction d’un corpus des années 1980 avec celui des années 2000.
Todirascu, Amalia (2018), « Néologie et genres textuels : comment caractériser les genres journalistiques pour la classification numérique », dans Bernhardet al. (éd.), p. 281-297.
Le but de la recherche dont l’article rend compte est l’automatisation de l’identification du genre textuel dans lequel figure un néologisme. Cette opération compléterait les fonctionnalités du détecteur de néologismes, le Logoscope, et s’inscrit dans le contexte des relevés de néologismes dans la presse périodique. La prise en compte des propriétés lexicales, morpho-syntaxiques (dont les pronoms) et syntaxiques (nécessitant le recours à un corpus annoté) permet de caractériser dans un premier temps les genres textuels riches en néologismes.
Jacquet-Pfau, Christine, Andrzej Napieralski et Jean-François Sablayrolles (éd.) (2018), Emprunts néologiqueset équivalents autochtones : études interlangues, Université de Lodz. ISBN : 978-83-8088-785-5.
https://wydawnictwo.uni.lodz.pl/produkt/emprunts-neologiques-et-equivalents-autochtones-etudes-interlangues/
Ce volume représente le résultat d’une partie des travaux du groupe EmpNeo (Emprunts Néologiques) présenté dans le cadre du colloque Emprunts néologiques et équivalents autochtones organisé à Łódź du 10 au 12 octobre 2016. Il vise à mesurer l’impact linguistique des phénomènes de mondialisation et de contacts sur les emprunts lexicaux adoptés pour une durée plus ou moins pérenne par différentes langues et sur leurs conséquences sur le lexique de la langue courante, surtout dans les domaines sociétaux, les manières de vivre et de penser.
244Cartier, Emmanuel et Julie Viaux (2018), « Étude de la pénétration des anglicismes de type N ou ADJ (-) Ving à partir d’un corpus contemporain journalistique : les exemples de bashing et shaming en français contemporain », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 11-34.
À l’aide de l’outil de repérage et d’analyse des néologismes Néoveille, les auteurs ont observé l’apparition et la circulation des emprunts à l’anglais bashing et shaming ainsi que celles de leurs composés. La méthodologie d’analyse des néologismes s’appuie sur l’utilisation de corpus volumineux, d’un moteur de recherche à fonctionnalités étendues, de mesures statistiques croisées avec des paramètres diastratiques et diatopiques et de modules de visualisation facilitant l’interprétation. L’analyse linguistique des emprunts en N-ADJ-Ving amène à faire l’hypothèse de l’existence d’un moule emprunté potentiellement très productif.
Humbley, John (2018), « Class action all’italiana : raisons d’un double échec », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 35-47.
Conçue dans le cadre de la common law américaine, l’action de groupe (class action) a fait l’objet d’importantes adaptations aussi bien linguistiques que juridiques lors de son adoption dans les pays de droit civil. Dans le cas de l’Italie, l’examen des ressources lexicographiques et encyclopédiques disponibles, du corpus national et des archives de trois grands quotidiens de la presse nationale révèle la nette prépondérance de l’emprunt direct, même dans un contexte purement italien, aux dépens d’une formulation existante, mais rejetée aux cours des débats au parlement, qui pourtant résume bien l’ambition du dispositif adopté. Ce dernier se révèle inefficace dans la pratique, ce qui aboutit à un échec à la fois juridique et linguistique.
Lazar, Jan, Andrzej Napieralski et Jean-François Sablayrolles (2018), « Le selfie et ses différentes formes : l’amour de soi et le corps en morceaux », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 49-72.
Les auteurs examinent le phénomène de l’« égoportrait » et de sa famille lexicale par rapport aux critères retenus pour la dénomination (partie du corps concernée, attitude ou occupation au moment de la photo, nombre de personnes figurant sur le cliché). Parallèlement, des évolutions se sont manifestées dans la dénomination du selfie, qui, outre cette forme complète, est représentée par les fractolexèmes -elfie, -lfie, -fie, et même seulement -ie, ce qui 245peut donner lieu à l’apparition de dénominations opaques sans contexte et sans photo (helfie) et aussi de synonymes (legsie, lelfie).
Renwick, Adam (2018), « Les mots des réseaux sociaux », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 73-87.
Il existe en français comme en anglais un vocabulaire des réseaux sociaux construit à partir de multiples familles morphologiques : tweet, twit, follow et hashtag s’emploient dans les deux langues. Abonné est l’unique cas d’une forme française qui rivalise avec un emprunt. Bien que les mots des réseaux et médias sociaux qui circulent en français témoignent d’une forte influence de l’anglais, il s’avère que twitto est bien un équivalent autochtone, non-existant en anglais, qui circule en français.
Maali, Fouad (2018), « Une étude comparée de l’utilisation des emprunts et de leurs équivalents arabes dans la terminologie des réseaux sociaux », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 89-102.
Cette étude révèle une concurrence accrue entre emprunts et équivalents arabes des néologismes du domaine des réseaux sociaux. L’auteur constate que l’usage des emprunts est plutôt fréquent dans les échanges sur les forums de discussion (où le discours était mixte, littéral et dialectal) ou dans les revues en ligne destinées à la vulgarisation des connaissances. Ces textes ont été collationnés automatiquement grâce au logiciel Bootcat. Par contre, l’analyse du corpus de presse collecté manuellement a démontré que les emprunts coexistent avec les équivalents autochtones, pouvant parfois prendre la relève.
Zollo, Silvia Domenica (2018), « Les emprunts néologiques dans le lexique de la cosmétique et leurs équivalents en français et en italien », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 103-115.
L’auteure étudie quelques cas de prolifération néologique se traduisant par des emprunts récents dans le domaine de la cosmétique en français et en italien, à partir d’exemples extraits de la presse. Elle se focalise sur les termes empruntés à l’anglais ou qui ont suscité des équivalents dans les deux langues en question en faisant ressortir les nuances dans les emplois par rapport au contexte pragmatico-communicatif ainsi que les procédés de lexicalisation mis en œuvre dans la création de ces nouveaux mots, qu’il soit question de créations spontanées implantées dans la 246langue d’arrivée ou éventuellement d’équivalents officiels destinés à remplacer des emprunts.
Banksowska, Marcelina(2018), « Les emprunts récents dans la terminologie de la mode vestimentaire », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 117-130.
Il est bien connu que la mode vestimentaire a fréquemment recours à la néologie, en particulier à la néologie d’emprunt. Dans cet article, l’analyse d’un corpus de magazines de la mode féminine de langue française permet de comparer les emprunts et les équivalents autochtones en français et en polonais. Dans de nombreux cas, il s’avère que les prétendus équivalents sont en réalité des concepts différents, importés en même temps que leur référent.
Mudrohova, Radka et Jan Lazar (2018), « Hipster, preppy, girly… À propos des néologismes liés à la mode et de leur circulation en français et en tchèque », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 131-144.
De nouveaux mots liés à la mode, tels que hipster, preppy, girly, se propagent rapidement dans la culture anglo-américaine et par la suite en français et en tchèque. Sur la base d’un corpus constitué de dépouillements personnels et d’un lexique trouvé dans la presse, les auteurs décrivent les lexèmes choisis dans les deux langues et comparent leur existence dans les différents types de documents, leur diffusion ainsi que leur nature et leur place dans les deux langues étudiées.
Podhorna_Policka, Alena et Anne-Caroline Fiévet (2018), « La circulation du néologisme swag : résultats d’une enquête par questionnaires auprès de jeunes de la région parisienne et de Nice », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 145-156.
L’anglicisme swag s’est propagé très rapidement dans le parler des jeunes Français et des jeunes Tchèques ou Polonais. Sa diffusion dans l’espace médiatique français et auprès de jeunes étudiants interrogés pour cette recherche a pourtant ses spécificités. Celles-ci reflètent non seulement la diversité géographique et socioculturelle de la France contemporaine, mais également les résultats obtenus grâce à des méthodes appliquées à la recherche sur les néologismes (EmpNeo ainsi qu’un projet tchéco-français sur les néologismes identitaires pour les jeunes, Sociolex). Le présent article cible la 247polysémie dans la langue de départ et dans la langue cible de l’emprunt (anglais/français), ainsi que l’histoire récente de la dictionnarisation du néologisme. Il présente également quelques résultats d’une autre étude effectuée entre 2013 et 2015 en région parisienne et à Nice.
Jean-Pierre Goudailler (2018), « Emprunts en Français Contemporain des Cités (FCC) : plusieurs décennies d’un turnover permanent », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 157-163.
Le Français Contemporain des Cités (FCC) est caractérisé par un nombre relativement important d’emprunts, essentiellement aux langues pratiquées par des ressortissant(e)s de communautés issues de l’immigration. De tels emprunts, récents pour la plupart, s’inscrivent dans un processus permanent de renouvellement et/ou de remplacement de lexèmes employés plus particulièrement par des locuteurs des quartiers dits défavorisés. De ce fait, en synchronie dynamique, des termes autochtones et allochtones se concurrencent les uns avec les autres et un turnover permanent s’instaure entre des lexèmes empruntés et des lexèmes du français standard. Cela témoigne de la dynamique actuelle existant entre deux positions antagonistes, à savoir une acceptation des emprunts tels quels et une assimilation plus ou moins importante de ceux-ci.
Woch, Agnieszka(2018), « Autour du Brexit : de la créativité lexicale des twitteurs polonais et français dans les commentaires politiques », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 165-174.
Cet article étudie les néologismes créés autour de Brexit dans les commentaires politiques proliférants sur Twitter. L’analyse d’un corpus de tweets examine la créativité lexicale des internautes français et polonais en matière d’emprunts et d’adaptations des anglicismes qui thématisent les problèmes auxquels l’Union européenne est confrontée ?). Certains termes forgés restent nationaux et servent à décrire la situation politique locale, comme c’est le cas des néologismes qui exploitent les patronymes des hommes politiques (Hollandexit, Vallsexit, Dudaexit).
Jacquet-Pfau, Christine (2018), « Des emprunts néologiques pour exprimer le partage », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 175-198.
L’auteure examine comment et dans quelles limites la réorganisation du travail et du partage s’exprime, en français, par des 248emprunts néologiques venus du monde anglo-américain. Ces emprunts néologiques (coffice, open space, coworking, gamping, crowdfunding, etc.) sont intéressants essentiellement de deux points de vue : ils s’appliquent à des domaines sociétaux variés (le monde du travail, les mouvements participatifs, les rapports humains…) et se manifestent morphologiquement par le développement d’affixes ou d’éléments de formation devenus très productifs (co-, crowd-, sharing…). L’auteure examine en outre comment ils se sont implantés dans la langue d’accueil, en l’occurrence le français, et dans quelle mesure ils sont concurrencés par des équivalents autochtones, spontanés ou officiels.
Paquet-Gautier, Myriam (2018), « Changements sémantiques sous l’influence de l’anglais : le cas de quatre “emprunts de sens” en français au Québec (1992–2012) », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 199-226.
L’article porte sur l’emploi de quatre mots (alternative, opportunité, supporter, versatile) dont certaines acceptions dans le français parlé au Québec sont considérées comme des emprunts de sens à l’anglais ; et qui ont pour caractéristique commune d’entrer en conflit, sur le plan axiologique, avec les acceptions françaises des mêmes mots. L’analyse comparative d’un corpus lexicographique (1880–2013) et de deux corpus québécois du français écrit (1992–2012) permet de montrer que les sens marqués comme influencés par l’anglais constituent les usages les plus fréquents de trois de ces mots. L’adéquation des « équivalents » intralinguaux solution, occasion, appuyer et polyvalent est réévaluée au regard des résultats de l’analyse.
Boukherrouf, Ramdane et Rabah Tabti (2018), « Néologismes et calques dans le kabyle moderne : le cas du code de la route et des journaux d’information », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 227-237.
Cet article part d’une analyse lexico-sémantique et syntaxique de la terminologie du Code de la route d’Ali Khalfa (2005) et des journaux d’information en berbère (kabyle) et met en exergue les procédés utilisés lors de la création des néologismes et les caractéristiques syntaxiques de la langue utilisée. Pour ce faire, une comparaison est effectuée entre la langue utilisée dans ces publications et celle de l’usage afin de déterminer 249le degré du respect des règles du kabyle de l’usage moderne. L’hypothèse est que les textes de l’usage moderne du kabyle sont caractérisés par des structures calquées sur le français, tant sur le plan de la création néologique qu’au niveau syntaxique. En effet, certaines créations néologiques par calque génèrent de nouvelles structures non attestées et incompréhensibles dans l’usage quotidien.
Montané, Amor et Teresa Cabré (2018), « Les emprunts dans le processus de normalisation terminologique du catalan », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 239-253.
Dans le contexte du catalan, la normalisation terminologique est menée à bien de manière planifiée : c’est un organisme institutionnel, le Consell Supervisor du Termcat, qui s’en charge. Son objectif est d’élaborer des guides de création et d’adaptation de la terminologie, et d’approuver et de diffuser des termes officiels. Cet organisme suit un ensemble de critères pour la normalisation de la terminologie (Termcat 2006) et a une politique spécifique concernant l’introduction d’emprunts (Termcat 2005). En cas d’insuccès, il s’agit de vérifier que la terminologie catalane officielle suit bien les critères établis pour les emprunts dans sa politique de normalisation et de veiller à ce que l’application de ces critères contribue effectivement à l’utilisation des termes officiels.
Boutmgharine Idyassner, Najet (2018), « Les emprunts néologiques et les stratégies de glose : essai de catégorisation », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 255-268.
L’article illustre une classification de différents types de glose portant sur les emprunts néologiques dans le discours de la presse française relevés par Néoveille. On part de l’hypothèse que les journalistes ont recours à différentes stratégies visant à faciliter la compréhension du mot étranger utilisé. On s’attend également à observer une certaine variation des gloses en fonction de la nature du mot étranger. Les mots désignant des réalités étrangères non importées, appelés communément xénismes, seraient ainsi accompagnés d’explications développées tandis que l’emploi d’un emprunt impliquerait celui d’un équivalent français.
250Tallarico, Giovanni (2018), « “Cinquante nuances de board” : anglicismes néologiques et équivalents autochtones dans le domaine des sports de glisse », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 269-286.
Cette étude concerne un échantillon d’une cinquantaine de termes officiels relevant des sports de glisse, dont les relations sémantiques seront analysées. Après avoir analysé la présence des emprunts et de leurs équivalents autochtones dans quelques dictionnaires contemporains, généraux et de spécialité, l’auteur mesure la circulation de ces termes à l’aide de la base de données Neoveille, au site L’Equipe.fr et au web francophone. Il s’avère que pour des raisons historiques, géographiques et socioculturelles, les emprunts sont beaucoup plus fréquents que leurs équivalents français. Pour finir, on peut remarquer que la variation affecte le vocabulaire des sports de glisse à plusieurs niveaux et que l’équivalence sémantique entre termes officiels et emprunts s’avère parfois problématique.
Bochnakowa, Anna (2018), « Les anglicismes avec food en polonais actuel » (2018), dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 287-300.
L’article est consacré aux anglicismes composés avec food en polonais contemporain. Les exemplesproviennent de la presse quotidienne et de l’Observatoire linguistique de l’Université de Varsovie (Obserwatorium Językowe UW). Pour pouvoir dater l’entrée des néologismes cités en polonais, une vérification dans le Corpus national de la langue polonaise (NKJP) a été effectuée. Les mots répertoriés sont présentés dans leurs contextes (traduits en français) et accompagnés d’un commentaire concernant l’assimilation morphologique et sémantique en polonais. Les équivalents polonais, souvent des néologismes récents eux aussi, figurent à côté de certains anglicismes.
Kacprzak, Alicja (2018), « Les termes basés sur coach et coaching en polonais », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 302-314.
Compte tenu de l’apparition ces dernières années en polonais d’une vague de termes construits autour du noyau coach et coaching, il est opportun de rendre compte de ce phénomène. Sont prises en considération les adaptations au système grammatical et la circulation en polonais de ces néologismes, reueillis dans différents types de documents traditionnels et publiés sur Internet.
251Lajus, Dorota (2018), « Le fonctionnement de néologismes d’origine française dans la presse polonaise », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 315-329.
L’article étudie des emprunts néologiques de termes français employés dans les médias polonais, termes qui sont eux-mêmes assez récents en français et qui sont la manifestation des évolutions de la société, résultat de l’apparition de nouvelles réalités, mais aussi la manifestation d’une modification des manières de voir certains phénomènes ou encore l’effet du principe d’économie dans le langage. Sont étudiés des emprunts de noms et de sigles, ainsi que des néologismes par traduction et plus particulièrement le niveau d’intégration morphologique des emprunts et leurs traits sémantiques. Les effets stylistiques de l’emploi des emprunts sont également évalués ainsi que l’impact de l’actualité sur la circulation de ces lexies.
Sorbet, Piotr (2018), « Autour des gallicismes contemporains dans le monde hispanophone », dans Jacquet-Pfauet al. (éd.), p. 331-346.
Malgré l’influence croissante de l’anglais, le français ne cesse d’enrichir la langue espagnole au moyen de nombreux processus linguistiques. Ces derniers n’ont pas toujours le même caractère selon les pays hispanophones. À la lumière des dictionnaires contemporains édités dans différents pays hispanophones, une analyse est menée sur les gallicismes qu’ils comportent, faisant ressortir de nombreuses différences dialectales en espagnol, tant au niveau de la prosodie, de l’orthographe, de la morphologie que de la sémantique.
Kacprzak, Alicja, Radka Mudrochová et Jean-François Sablayrolles (éd.) (2019), L’emprunt en question(s), Limoges, Lambert Lucas. ISBN/EAN 978-2-35935-230-6.
Ce volume est issu des travaux du groupe d’études Empnéo, décrit dans les notices précédentes.
Sablayrolles, Jean-François (2019), « Les emprunts face aux xénismes, pérégrinismes, internationalismes, statalismes », Kacprzaket al. (éd.), p. 19-32.
L’auteur constate une grande disparité dans la définition de certaines sous-catégories d’emprunt, en particulier de xénisme et de 252pérégrinisme, généralement définies en opposition l’une par rapport à l’autre, sans pour autant invoquer strictement les mêmes critères. Ces différences s’expliquent en partie par des conceptions différentes de ce qu’est la catégorie de base, à savoir l’emprunt linguistique. Il propose des critères susceptibles de mieux distinguer ces phénomènes.
Humbley, John (2019), « Requiem pour le xénisme terminologique », Kacprzaket al. (éd.), p. 33-46.
Si l’on adopte comme trait distinctif du xénisme le caractère étranger du référent, sa pertinence dans des spécialités globalisées comme la finance ou le marketing peut être remise en question, ainsi que dans des domaines autrefois réputés spécifiques à une culture comme le droit. Il n’en reste pas moins que le concept reste pertinent dans plusieurs contextes, notamment en lexicographie descriptive et en néologie de la langue générale.
Kacprzak, Alicja (2019), « Les linguistes polonais face à l’emprunt. Cadre théorique », Kacprzaket al. (éd.), p. 47-55.
L’article met en lumière la perception de l’emprunt par les linguistes polonais, qui, dans un premier temps, a été très influencée par la philologie allemande. Il passe alors en revue les différentes vagues d’influence d’autres langues et évoque la question de l’intégration des emprunts en polonais. Celle-ci s’effectue de manière moins régulière à l’époque moderne. L’article se termine par une comparaison des différentes typologies.
Bobinska, Anna et Andrzej Napieralski (2019), « Les linguistes polonais face à l’emprunt au français : quelques approches méthodologiques », Kacprzaket al. (éd.), p. 57-72.
Les linguistes mentionnés dans le titre sont le poloniste prolifique Bogdan Walczak et la romaniste (et co-auteure de ce volume) Anna Bochnova dont les approches sont analysées et comparées, à orientation socio-historique pour le premier, diachronique et évocatrice de l’évolution de la signification pour la seconde.
Mudrochova, Radka (2019), « À la recherche de la typologie et de la définition de l’emprunt dans le milieu linguistique tchèque », Kacprzaket al. (éd.), p. 73-86.
L’auteure compare les mots tchèques susceptibles de désigner l’emprunt relevés dans les dictionnaires et dans les ouvrages de 253linguistique. Il s’avère que trois mots peuvent être considérés comme équivalents du concept, mots qui, selon les auteurs, peuvent être considérés comme des synonymes ou non. Les typologies se fondent généralement sur le degré d’intégration constaté. La question de savoir comment l’emprunt se situe par rapport à la néologie en général reste sans réponse effective, ce dernier concept étant essentiellement absent de la réflexion linguistique tchèque.
Tallarico, Giovanni (2019), « Emprunts et gallicismes dans la langue italienne : trois siècles de postures idéologiques », Kacprzaket al. (éd.), p. 89-101.
Le nombre de gallicismes en italien varie en fonction de la prise en compte ou non des emprunts anciens et complètement assimilés. L’article comporte un panorama de l’influence qu’a exercé le français sur l’italien au cours des siècles (la gallomanie du xviiie siècle en particulier) ainsi qu’une analyse des différentes attitudes adoptées et des débats suscités.
Pierens, Matthieu (2019), « L’emprunt et le néerlandais : réalité et perception », Kacprzaket al. (éd.), p. 103-120.
Le néerlandais a fait l’objet de recherches approfondies sur les emprunts qu’il comporte, mais qui sont peu connus compte tenu de la faible diffusion de cette langue. Après cet exposé, l’auteur considère les attitudes des néerlandophones par rapport aux emprunts et surtout par rapport au purisme. La typologie des emprunts est fortement inspirée de la linguistique allemande, mais l’auteur en propose une autre, qui sépare mots indigènes et exogènes, ces derniers comportant les « mots bâtards » et les mots étrangers.
Lazar, Jan (2019), « La perception du phénomène d’emprunt dans le milieu linguistique tchèque et ses possibles classements », Kacprzaket al. (éd.), p. 121-131.
L’auteur décrit les grandes typologies des emprunts qui figurent dans les études de la langue tchèque et en distingue trois types : celui qui se focalise sur les degrés d’adaptation des emprunts au système tchèque, sur les différents niveaux d’analyse (phonologique, syntaxique, sémantique, phraséologique, pragmatique…) ou encore sur l’origine des mots. L’auteur s’appuie sur cette dernière typologie pour analyser les vagues d’emprunts au français, 254à l’anglais et à l’allemand. Après une étude socio-historique, l’auteur se penche sur l’assimilation de ces emprunts selon les critères énumérés plus haut.
Bochnakova, Anna (2019), « Les lexicographes polonais du xixe au xxie siècle face à l’emprunt », Kacprzaket al. (éd.), p. 135-143.
La première partie de l’article analyse la politique de réception des mots d’emprunt dans les dictionnaires du polonais du xixe, xxe et xxie siècles, caractérisée par une absence de purisme. La seconde partie est consacrée à une catégorie lexicographique que les langues slaves partagent avec la tradition allemande, à savoir le dictionnaire de mots étrangers : une douzaine de dictionnaires de ce type, datant pour le plus ancien du xixe siècle, sont analysés du point de vue de leur finalité.
Cartier, Emmanuel (2019), « Emprunts en français contemporain : étude linguistique et statistique à partir de la plateforme Néoveille », Kacprzaket al. (éd.), p. 145-185.
L’article présente l’architecture et le fonctionnement de la plateforme de repérage et de traitement de néologie plurilingue, Néoveille. Sont mis en lumière les moyens de repérage semi-automatique dont trois étapes sont postulées : émergence, diffusion, lexicalisation. Pour caractériser ces trois moments, l’auteur propose de combiner trois points de vue : linguistique (modes de formation, profils combinatoires et distributionnels), socio-pragmatique (lieux d’occurrence) et cognitif (jouant sur les effets de répétition). Ces derniers sont formalisés selon le principe d’entrenchment, dont la pertinence est discutée puis affirmée. L’article se termine sur la présentation d’emprunts de patrons lexicosémantiques extrêmement productifs.
Monographies
Kacprzak, Alicja (2019), La néologie de l’adjectif en français actuel, Łódz, Wydawnictwo Uniwersytetu Łódzkiego. ISBN 978-83-8142-611-4.
L’ouvrage présente l’état de la néologie adjectivale en français contemporain. La recherche s’appuie sur un corpus d’unités adjectivales recueillies à partir de 2014/2015 au sein des observatoires de repérage semi-automatique des néologismes, le Logoscope et Néoveille. 255L’ensemble des adjectifs a été soumis à une étude détaillée selon trois points de vue : formel, sémantique et pragmatique. Les unités nouvelles sont obtenues essentiellement grâce à des procédés lexicogéniques traditionnels, mais certaines particularités se manifestent aussi, soit par la sélection inhabituelle de certains morphèmes dérivatifs, soit par le recours à des instruments de formation originaux. Les modèles sémantiques de contraste, d’intensité et d’approximation, qui apparaissent comme particulièrement puissants dans le corpus étudié, sous-tendent dans une large mesure la créativité adjectivale contemporaine, tout en correspondant à des fonctions auxquelles les adjectifs nouvellement créés sont dévolus.
Kalifa, Dominique (éd.) (2020), Les noms d’époque. De « Restauration » à « années de plomb », Paris, NRF, Éditions Gallimard. Coll. Bibliothèque des histoires. ISBN 978-2-07-276383-0.
Ce livre, rédigé entièrement par des historiens, propose une étude de cas de quatorze chrononymes ainsi qu’une réflexion sur les enjeux disciplinaires, mais aussi linguistiques lorsqu’il s’agit de donner un nom à une période de temps. Le rédacteur principal, qui signe une introduction et un « épilogue » qui intéresseront les linguistes, connaît bien les études de Sarah Leroy, de l’équipe de Mots et de Gerhard Bauer, pour ne nommer que les références principales en matière de linguistique. Les époques traitées par une équipe internationale couvrent une longue période et embrassent plusieurs langues. Il s’agit de : Restauration, risorgimento, ère victorienne, the gilded age, fin de siècle, transición/movida, années de plomb, printemps des peuples, âge d’argent, années folles/rugissantes/dorées, l’entre-deux-guerres, années noires, Stunde Null et trente glorieuses. Il représente une fertilisation prometteuse entre histoire et linguistique, particulièrement pertinente pour la néologie rétrospective.
Sablayrolles, Jean-François (2019), Comprendre la néologie. Conceptions, analyses, emplois,Limoges, Lambert Lucas. ISBN/EAN 978-2-35935-286-3.
La néologie, phénomène universel des langues vivantes, touche pratiquement tous les domaines des sciences du langage et son traitement varie selon les modèles linguistiques empruntés (saussurien, martinetien, chomskyen, etc.). Ce livre a pour objectif de proposer un tour d’horizon aussi complet que possible de ces questions et des réponses qui y sont apportées. Trois grandes parties exposent successivement : (1o) les concepts clefs des créations lexicales avec leurs évolutions, leurs définitions et leurs 256rapports avec les dictionnaires ; (2o) les différentes typologies qui en ont été proposées et, après distinction entre configuration et matrice, un tableau raisonné des matrices suivi de l’examen de cas délicats ; (3o) les utilisations et les utilisateurs de la néologie considérés dans ses aspects énonciatifs, de politique linguistique et de relations sociales.
Articles
De Gioia, Michele (2019), « Médiation et anglicismes en français et en italien », Écho des études romanes, Université de Bohême du Sud, České Budějovice XV, p. 53-66.
Selon la conception nord-américaine, la médiation est un mode alternatif de résolution de conflit conçu pour éviter de porter un conflit devant la justice. En France, une autre conception, centrée sur les individus libres et indépendants, est courante depuis plus de trente ans. Une étude de la constitution des terminologies française et italienne de la médiation met en lumière la prégnance de la conception nord-américaine, véhiculée en particulier par l’intermédiaire canadienne, dans le vocabulaire des deux langues, surtout sous la forme d’anglicismes, emprunts directs et indirects. Seul le français possède une autre néologie, qui reflète la vision autonome de la démarche de la médiation.
Lino, Maria Teresa Rijo da Fonseca (2019), « Neologia e neonímia em língua portuguesa critérios de identificação », Linea d’agua, 32/3, p. 9-23.
L’article vise à mettre en lumière les critères d’identification et de délimitation de néologismes de la langue générale et de néonymes (néologismes scientifiques et techniques). Les néologismes sont une manifestation de l’évolution de la langue et en même temps le reflet de l’accroissement des connaissances qui se poursuit de manière extrêmement rapide. Le concept de sentiment néologique se révèle aujourd’hui comme fondamental en tant que critère d’identification des néologismes et néonymes. Il convient de souligner toutefois l’importance des méthodologies de la linguistique de corpus et des hypertextes dans le traitement des corpus en vue d’une extraction semi-automatique de néologismes. Dans ce cadre-là, l’auteur souligne l’importance de la création d’observatoires de néologie pour permettre la comparaison des phénomènes de néologie en langue portugaise dans le monde lusophone.
257Martí Solano, Ramón (2018), « Le brunch et son réseau d’anglicismes : étude sur un corpus spécifique », Revista de lenguas para fines específicos 24/1, p. 123-141. https://ojsspdc.ulpgc.es/ojs/index.php/LFE/article/view/968
Cet article vise à connaître l’environnement contextuel de brunch (dont la première attestation, dans Le Monde, date, selon l’auteur, de 1975), en exploitant un double corpus : le premier est constitué d’articles de type « style de vie » contenant brunch, le second, des archives du Monde. On relève à droite de brunch, dans le premier corpus, de nombreux néologismes, dont des désignations de mets typiquement américains et des adjectifs empruntés à l’anglais (dont 18 qui se terminent en -y). Food, foody, street food, etc. constituent également des cooccurrents fréquents de brunch ainsi qu’un réseau lexical autonome. Le corpus du Monde permet pour sa part de se faire une idée de la fréquence relative de ces nombreux emprunts, et de fournir des indications de datation.
- Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
- ISBN : 978-2-406-10571-8
- EAN : 9782406105718
- ISSN : 2262-0354
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10571-8.p.0235
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/07/2020
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français