Bibliographie de la néologie
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Neologica
2018, n° 12. Lexique : nouveauté et productivité - Auteur : Humbley (John)
- Pages : 245 à 257
- Revue : Neologica
Bibliographie de la nÉologie
La présente édition de la bibliographie de la néologie est marquée par la parution de plusieurs ouvrages collectifs issus de colloques ou autres manifestations similaires qui comportent de nombreux articles qui touchent de près ou de loin la question de l’innovation lexicale. Les contributions les plus directement liées à notre thématique font l’objet d’une notice ci-dessous, mais il est conseillé de consulter la table des matières des recueils cités pour d’autres études apparentées.
Il convient de signaler par ailleurs l’inclusion de quelques ouvrages de vulgarisation, qui, normalement, ne figurent pas dans cette rubrique : il s’agit dans le cas présent d’exemples de valorisation de la recherche effectués par des linguistes, et qui témoignent du rayonnement des études de néologie.
Les bibliographies de la néologie ont été conçues par Jean-Claude Boulanger, qui vient de nous quitter (voir ci-dessus). Celle-ci est dédiée à sa mémoire.
Adelstein, Andreína, Suarez de la Torre, Mercedes, Pozzi, María, Luna, Rosa, Gerding, Constanza et Freixa, Judit (dir.) (2017), Antiedad, pansexual, fracking y otras palabras recientes del español de América y España, Ediciones UNGS Universidad Nacional de General Sarmiento, Los Polvorinos, Argentine, 197 p.
Ce recueil est le fruit des travaux menés par Les Antennes néologiques, réseau universitaire d’observatoires de la néologie de langue espagnole, crée en 2002 à l’initiative de Teresa Cabré et coordonné par l’IULA (voir la notice Backup). Le réseau responsable de ce volume comporte des équipes argentine, chilienne, mexicaine, péruvienne en plus de la coordinatrice espagnole. Il contient 60 textes destinés à un large public, publiés entre 2012 et 2016 et révisés entretemps pour tenir compte de l’évolution de la langue et de la société. Les néologismes sont relevés dans la presse des pays concernés ; ceux qui sont constatés dans les différents pays hispanophones sont comparés aux entrées consignées dans la banque de néologie BOBNEO de Barcelone. 246Les soixante études, qui comportent chacune deux ou trois pages, concernent des néologismes de tous ordres (néologismes sémantiques, néologismes par affixation, emprunts adaptés ou non…, souvent très différents selon le pays où ils sont relevés) et sont systématiquement illustrées par des attestations tirées de la presse et analysées par les linguistes.
Arndt-Lappe, Sabine, Braun, Angelika, Moulin, Claudine et Winter-Froemel, Esme (dir.) (2018), Expanding the Lexicon : Linguistic Innovation, Morphological Productivity, and the Role of Discourse-Related Factors, Berlin. De Gruyter, 303 p.
Ce recueil important aborde la question de l’innovation linguistique, définie ici de façon plus large que la néologie car englobant d’autres niveaux que le lexical, étudiée dans différentes langues, principalement l’allemand, l’anglais et le français. Il est divisé en trois parties : l’innovation linguistique, la productivité morphologique et la ludicité. De la première partie, signalons la mise en perspective théorique de Natalia Filatkina (Expanding the lexicon through formulaic patterns) ainsi que l’étude de la réutilisation de mots qui ne se trouvent que dans des expressions fixes en allemand de Sören Stumpf (Free usage of German unique compounds), qui pourrait être appliquée à d’autres langues. De la deuxième section, deux chapitres portent sur l’apport de l’oral dans la productivité morphologique : Ingo Plag et Sonia Ben Hedia (The phonetics of newly derived words) et celui de Marcel Schlechtweg (How stress reflects meansing). Le troisième chapitre de cette section aborde la question de la troncation : Sabine Arndt-Lappe (Expanding the lexicon through truncation : Variability, recoverability and productivity). La troisième partie porte sur la ludicité comme facteur d’innovation linguistique. Le premier chapitre d’Angelika Braun (Approaching word play from the angle of phonology and phonetics : examples from German), le deuxième et troisième portent sur le français et sont développés plus bas, ainsi qu’un quatrième sur l’allemand.
Balnat, Vincent (2018), L’appellativation du prénom. Étude contrastive allemand-français. Tübinger Beiträge zur Linguistik (TBL), Vol. 565.
Ce livre est consacré à l’étude d’une matrice néologique méconnue, à savoir le passage du prénom au nom commun, cas particulier de 247déononomastique, comme marie salope pour désigner un chaland dragueur ou Pierre Paul Jacques pour parler d’untel et les autres. L’auteur compare l’évolution de cette matrice en français et en allemand. L’étude est diachronique, couvrant la période du xiie siècle à nos jours. Après une mise au point des études de déonomastiques en France et en Allemagne, l’auteur examine les facteurs linguistiques et extralinguistiques qui favorisent l’émergence d’une signification lexicale et propose une classification de ce type de déonomastique.
Candel, Danielle et Humbley, John (2017), Les anglicismes, entre réalité linguistique et fait culturel, Petits guides de la langue française, no 22, Paris, Garnier et Le Monde. 94 p.
Cet ouvrage de vulgarisation a l’ambition d’exposer de manière neutre l’historique de l’influence que l’anglais a exercé sur le lexique du français, de caractériser à grands traits la situation actuelle et de donner un aperçu des actions entreprises par les pouvoirs publics pour promouvoir une politique dynamique de création terminologique en vue de contrecarrer le monopole de l’anglais dans la créativité lexicale du français. Le livre comporte plusieurs études de cas, qui illustrent les différents aspects de l’interférence et de l’implantation de termes officiels.
Cartier, Emmanuel et Viaux, Julie (2018), Étude de la pénétration des anglicismes de type N ou ADJ(-)Ving à partir d’un corpus contemporain journalistique : les exemples de bashing et shaming en français contemporain, Folia Litteraria Romanica, Emprunts néologiques et équivalents autochtones : mesure de leurs circulation respectives, Łódź. p. 12-34 http://lipn.univ-paris13.fr/neoveille/docs/cartier_viaux_20052017.pdf
L’apparition et la circulation dans la presse française des emprunts à l’anglais bashing et shaming ainsi que de leurs composés. La méthodologie d’analyse des néologismes s’appuie sur l’utilisation de corpus volumineux, d’un moteur de recherche à fonctionnalités étendues, de mesures statistiques croisées avec des paramètres diastratiques et diatopiques et de modules de visualisation facilitant l’interprétation. L’analyse linguistique des emprunts en N/ADJ(-)Ving amène à faire l’hypothèse de l’existence d’un moule emprunté potentiellement très productif.
248Dal, Georgette et Namer, Fiammetta (2018), Playful nonce-formations in French : creativity and productivity, dans Arndt-Lappe et al. p. 203-228.
Les auteures reprennent le cas des occasionnalismes (développé par ailleurs dans ce même volume) pour montrer qu’ils sont produits certes pour combler momentanément un besoin de désignation, mais aussi dans le cadre de formules rhétoriques identifiables, en particulier dans les parallélismes et dans les chiasmes. Elles montrent aussi comment les secrétions sont volontiers créées par séries, sur le modèle du ou des premiers éléments. Toutes ces situations peuvent concourir à un effet ludique, thématique de la collection dans laquelle cet article paraît. Les auteures établissent une gradation d’occasionalismes selon le degré de l’implication explicite du locuteur / scripteur et positionnant les occasionnalismes entre productivité et créativité lexicales.
García Palacios, Joaquín, De Sterck, Goedele, Linder, Daniel, Maroto, Nava, Sánchez Ibáñez, Miguel et Torres del Rey, Jesús (2016), La neología en las lenguas románicas. Recursos, estrategias y nuevas orientaciones. Frankfort-sur-le-Main, Peter Lang Verlag. Series : Studien zur romanischen Sprachwissenschaft und interkulturellen Kommunikation. 384 p.
Ce volume représente les actes du congrès CINEO 3, annoncé dans Neologica 10, tenu en 2015 à Salamanque. Il ne s’agit pas de la totalité des communications présentées, mais plutôt d’une sélection faisant ressortir, outre les réflexions théoriques et les résultats de recherches concrètes, le caractère de plus en plus plurilingue du phénomène néologique. Les contributions de ce volume font l’objet d’une brève notice ci-dessous :
Adamo, Giovanni et Montané, Amor, Lenguas y globalización. « La difusión de internacionalismos », dans García Palacios et al. 2016, p. 101-133.
Les auteurs définissent l’internationalisme, forme de néologisme typique de la mondialisation, comme un nouveau mot qui apparaît simultanément dans plusieurs langues sous une forme symétrique, résultat de la communication internationale, l’anglais jouant le rôle de langue véhiculaire mondiale. Le calque est la forme privilégiée de l’adaptation et les formants classiques sont relativement rares. Des exemples trilingues sont fournis, en italien, en espagnol et en catalan.
249Adelstein, Andreína et Straccia, Julieta, « Neología y delimitación de subclases nominales abstractas », dans García Palacios et al. 2016, p. 217-236.
Cet article théorique, faisant appel au lexique génératif, examine les possibilités de classification de substantifs abstraits par rapport à leurs manifestations néologiques, en tenant compte de leurs arguments. Les auteurs comparent les arguments de sens non néologique et de sens néologique dans le but d’expliquer le phénomène néologique.
África Vidal Claramonte, M. Carmen, « Las palabras y el desierto de lo real », dans García Palacios et al. 2016, p. 15-25.
Cette réflexion épistémologique situe les questions de la néologie dans un contexte plus vaste, comprenant la philosophie, la sémiologie – voire la poétique – aussi bien que la linguistique, et examine, à la lumière de ces réflexions, la portée d’innovations lexicales comme conflit armé par rapport au mot établi, ici guerre.
Boutmgharine-Idyassner, Najet et Humbley, John, « Adaptation de la “class action” américaine en Espagne et dans la francophonie », dans García Palacios et al. 2016, p. 135-153.
L’adaptation linguistique de la dénomination d’une pratique issue d’un contexte juridique particulier pose des problèmes de plusieurs ordres, surtout en ce qui concerne l’extension et la restriction de sens. Il s’ensuit que les dénominations retenues pour désigner une pratique adaptée reflètent les points de vue variés des différents types de locuteurs. On constate que les termes désignant l’équivalent de la class action diffèrent fortement d’un pays à l’autre et que le législateur, le juriste, le journaliste ont chacun leur usage.
Cabré i Castellvi, M. Teresa, « Principios y parámetros en una teoría sobre los neologismos », dans García Palacios et al. 2016, p. 27-42.
Constatant que les études de néologie se bornent généralement à des descriptions et à des applications pratiques, l’auteure se demande s’il est possible de mettre au point une théorie de la néologie, à l’instar de celle de la terminologie. Elle en pose les principes : la théorie serait orientée sur l’objet, lequel serait étudié dans toute sa plénitude (non seulement linguistique), précisant les 250dimensions de cet objet. Il en résulterait un modèle polyhédrique, comme celui postulé pour la terminologie.
De la Fuente, Beatriz, « El fenómeno crowd- y la “masiva” variación denominativa en español », dans García Palacios et al. 2016, p. 317-338.
Constatant que les différents composés en crowd- (crowdsourcing, crowdfunding….) relevés dans des textes espagnols figurent soit sous forme d’emprunt direct, soit sous forme de calque le plus souvent glosé par l’anglicisme, l’auteure étudie les différents équivalents proposés (et utilisés), afin d’expliquer la persistance de l’anglicisme.
Doménech Bagaria, Ona, « Neologia y redes sociales : el uso de Twitter como fuente de vaciado de neologia », dans García Palacios et al. 2016, p. 303-316.
Constatant que le support principal de la néologie n’est plus la presse papier, mais bien le web 2, surtout sous la forme des réseaux sociaux, l’auteure entreprend l’étude de la néologie sur Twitter. Après des réflexions méthodologiques portant sur la manière de capter les néologismes sur ce nouveau support, l’auteure analyse un petit ensemble de néologismes catalans repérés sur Twitter et fournit des statistiques qui indiqueraient des changements de fréquence.
Dury, Pascaline, Picton, Aurélie, « La néologie “officielle” en français et sa capacité à concurrencer les emprunts à l’anglais : analyse descriptive en diachronie courte », dans García Palacios et al. 2016, p. 69-84.
Les auteures étudient l’implantation de termes officiels par rapport à la fréquence constatée des anglicismes qu’ils sont censés remplacer et remarquent l’importance de la connotation dans le processus d’adoption : les termes connotés péjorativement ne sont pas utilisés. D’autres termes officiels ne sont pas employés parce que le concept véhiculé par l’anglicisme est plus complexe que celui du substitut. Le troisième critère de succès est d’officialiser une expression déjà employée par les locuteurs plutôt que d’en créer une de toutes pièces.
García Palacios, Joaquin, G. Adamo, I. Alves, T. Cabré, X. Gómez Clemente, J. Humbley, C. Sánchez Manzanares 251et C. Varga, « ¿Es posible una actuación coordinada sobre la neología en las lenguas románicas ? », dans García Palacios et al. 2016, p. 357-384.
Cet article est issu de la table ronde de Cineo lors de laquelle les participants présentent un portrait des activités de néologie dans leur pays ou région, activités universitaires, institutionnelles ou autres selon le cas. Ils envisagent les moyens d’accroître la coopération.
Gérard, Christophe, Bernhard D., Bruneau, L, Falk, I. et Rosio A-L., « Le Logoscope : observatoire des innovations lexicales en français contemporain », dans García Palacios et al. 2016, p. 339-355.
Cette contribution est une présentation de l’outil de veille néologique francophone Logoscope qui documente en flux continu les nouveaux mots issus de la presse. Il permet notamment l’interrogation du contexte thématique des néologismes relevés permettant une étude quantitative et qualitative des items identifiés. Voir le site : logoscope.unistra.fr/
Guerrero Ramos, Gloria, « Nuevas orientaciones en la percepción de los neologismos : neologismos de emisor y neologismos de receptor o neologismos de receptor », dans García Palacios et al. 2016, p. 57-68.
L’auteure commence par une étude historique des études de néologie, surtout en espagnol, et souligne la nécessité de réviser les méthodes de dépouillement, en questionnant le mode d’utilisation des corpus d’exclusion et du bon emploi du sentiment néologique. Elle préconise une démarche plutôt qualitative que quantitative à partir d’une théorie de la néologie dont elle esquisse les grands traits.
Hoyos, Carlos de, « Empresa y empresario como nociones económicas a finales del s. XVIII y principios del XIX : vías de consolidación neológica », dans García Palacios et al. 2016, p. 155-176.
Cette contribution se situe dans le domaine de la néologie spécialisée diachronique, et rend compte de la réception des théories modernes de l’économie en Espagne à partir du début du dix-neuvième siècle. C’est la théorie de Jean-Baptiste Say qui a été traduite en espagnol et qui a marqué la constitution d’une 252nouvelle terminologie pour exprimer la nouvelle appréhension de l’économie. L’auteur suit l’adoption de ce nouveau vocabulaire dans des sources primaires et secondaires (dictionnaires monolingues et bilingues).
Lorente Casafont, Mercè, « Els verbs neològics formats per conversió », dans García Palacios et al. 2016, p. 237-258.
Cette analyse des verbes néologiques obtenus par conversion en catalan et en castillan est fondée sur les données de la base BOBNEO pour la période 2010 à 2015. Trois modèles font l’objet d’un traitement approfondi : les verbes dérivés de noms en cio, de bases préfixés ou d’autres types de bases. L’auteure vérifie alors des hypothèses sur l’origine des conversions : qu’il s’agisse de verbes transitifs ; que les classes sémantiques concernées soient relativement limitées (actions, états, changements d’état, etc.) et qu’elles participent de la constitution de paradigmes ou qu’elles comblent une lacune lexicale.
Morales Moreno, Albert, « Neonimia sintagmàtica en el discurso normativo », dans García Palacios et al. 2016, p. 177-199.
Le linguiste analyse les néologismes contenus dans des textes de loi du parlement catalan à différentes étapes de leur rédaction, tout en tenant compte des manuels de rédaction qui existent pour ce genre textuel. Il en fait la typologie (les créations lexicales syntagmatiques représentent plus de 80 % des néologismes relevés) et se penche plus particulièrement sur ceux qui font l’objet d’une définition. Celle-ci, d’ordre stipulatif plutôt que descriptif, s’insère naturellement dans le discours législatif.
Roche, Mathieu, Verine Bertrand, Lopez Cedric et Panckhurst Rachel, « La néographie dans un grand corpus de SMS français : 88milSMS », dans García Palacios et al. 2016, p. 279-302.
Les auteurs font une distinction entre néologie et néographie, cette dernière ne concernant que le niveau graphique. Elle est particulièrement pertinente pour l’analyse des SMS, contenus dans la base 88milSMS. Les analyses se font d’après la typologie établie par une des auteurs (R. Panckhurst), qui figure en annexe. Elle comporte la substitution, l’ajout, la suppression (surtout les accents) et les réductions. L’exploitation de la base nécessite l’identification de la langue, tâche difficile car les mots les plus 253fréquents d’une langue ne sont pas orthographiés de la manière traditionnelle. Le classement par filtrage des néographes retenus permet une interrogation sur les motivations des scripteurs.
Rossi, Micaela, « Les néonymies métaphoriques dans les langues de spécialité : critères de création et politiques linguistiques », dans García Palacios et al. 2016, p. 201-216.
L’auteure postule trois types de néologie terminologique par métaphores : paradigmatique, structurel et analogique. Elle constate que les équivalents dans un autre langue se font pour le premier cas par traduction directe, pour le deuxième en appliquant une modulation, et pour les cas isolés du troisième l’équivalent est le plus souvent divergent, relevant d’une autre métaphore. Elle applique ce schéma à un corpus de termes officiels métaphoriques répertoriés sur FranceTerme, et constate la conservation de la plupart des interactions conceptuelles.
Sablayrolles, Jean-François, « Néologismes et idées reçues », dans García Palacios et al. 2016, p. 43-55.
Dans cet article l’auteur démystifie un certain nombre d’idées reçues : que tout mot a une origine néologique dans une langue, qu’il existe des néologismes de nécessité (voire catachrestiques) et des néologismes de luxe, que la préfixation ne change jamais la catégorie grammaticale, la question de lexies à la fois préfixées et suffixées, la troncation des emprunts (parking, dancing…) et que les procédés de néologie ne varient pas dans une langue.
Varo Varo, Carmen. « “Aproximación neurosemántica a la neología”. La neología en las lenguas románicas : recursos, estrategias y nuevas orientaciones », dans García Palacios et al. 2016, p. 85-99.
L’auteure plaide pour une analyse neuropsychologique des néologismes afin de mettre en lumière les mécanismes mentaux qui sous-tendent les processus concernés. On dispose déjà de connaissances sur l’organisation mentale du lexique impulsées en partie par les études du langage pathologique. L’accent devra être mis sur la dimension sémantique de toute néologie explorée dans une optique dynamique plutôt que statique et typologique.
254Villar Díaz, María Belén, « Neología y variación : reflexiones en torno al léxico de las pandemias », dans García Palacios 2016, et al. p. 259-278.
Cette étude de terminologie néologique diachronique analyse les dénominations surtout en espagnol des épidémies de grippe, à commencer par la grippe espagnole de 1918-1919, ainsi nommée à cause du rôle qu’a joué la presse espagnole dans la diffusion des informations la concernant. L’évolution des dénominations est un exemple de terminologisation, les choix reflétant la saillance perceptuelle des traits pertinents dans un contexte donné. Elle est caractérisée par une technification, l’uniformisation (voir Adamo et Montané ici) et la neutralisation, illustrées par la dénomination grippe HIN1 préconisée par les autorités de l’Union européenne.
Lejeune, Gaël, Cartier, Emmanuel (2017), “Character Based Pattern Mining for Neology Detection”, Proceedings of the First Workshop on Subword and Character Level Models in NLP, EMNLP 2017, Copenhague, p. 25-30.
Le dépouillement néologique est considéré ici comme une tâche de classification : un item lexical donné est-il un néologisme ? La méthode proposée consiste à utiliser la structure interne des mots (les ngrams >2 constitutifs) et les contextes droit et gauche pour tenter de discriminer les formes néologiques des autres mots du vocabulaire et des erreurs typographiques à partir d’un corpus de référence d’environ 50 000 mots en français (20 000 néologismes, 20 000 mots du vocabulaire, 10 000 erreurs typographiques) et d’environ 1 000 en russe, construit et validé par les experts intervenant dans la plateforme Néoveille. Différents systèmes d’apprentissage automatique supervisé ont été testés, parmi lesquels le SVM à noyau linéaire obtient les meilleurs résultats, avec une F-Mesure de près de 85 %, contre 60 % pour les méthodes habituelles par dictionnaire d’exclusion.
Ní Ghallchobhair, Fidelma, Roche, Christophe (2017), « Term formation and conceptualization : an ontology for chess terminology », TOTh 2012, Actes de la conférence TOTh 2012, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, p. 39-68.
La néologie présentée dans cette contribution est réalisée “in vitro”, s’agissant de la création de la terminologie des échecs en langue gaélique irlandaise. Les auteurs soulignent la nécessité d’une démarche systématique de la conceptualisation de cette nouvelle terminologie, 255et la parenté avec les ontologies. La méthode est exemplifiée par la recherche d’une dénomination motivée pour le fou, pièce du jeu d’échecs.
Observatori de Neologia (2017-2018), Backup, butlletí de l’Observatori de Neologia, Obneo, Iulaterm, Institut de Lingüística Aplicada, Université Pompeu Fabra, Barcelone. https://www.upf.edu/web/obneo/backup
Ce bulletin mensuel présente à un large public quelques résultats des activités de l’Observatoire de néologie du catalan de l’IULA de Barcelone. Douze numéros sont parus depuis janvier 2017 et sont disponibles sur le site de l’institut. Les rubriques sont : Neolosfera et Martes neológico (Néolosphère et Mardi néologique), où sont présentés les néologismes marquants recueillis par l’Observatoire, Antenes Neológicas, où sont affichées les nouvelles des antennes de néologie des langues ibériques (sur inscription), une rubrique où sont détaillées les activités de l’Observatoire, ainsi qu’une citation sur la néologie.
Petit, Gérard (2017), « La standardisation terminologique dans la perspective de la dénomination : un rêve adamique ? », TOTh 2012, Actes de la conférence TOTh 2012, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, p. 245-280.
L’auteur compare les différents types de normes associés à la politique linguistique appliquée aux emprunts : d’un côté la norme de facto de l’usage (emprunt plus ou moins adapté), de l’autre un terme officiel, qui, souvent, peine à se faire accepter. Le résultat peut être contraire au souhait d’harmonisation. Il est à signaler que standardisation ici ne concerne pas le versant linguistique de la normalisation industrielle, comme celle pratiquée par l’AFNor. L’article se termine sur une réflexion sur les questions de légitimité liées à la normalisation linguistique.
Sablayrolles, Jean-François (2017), « Créativité lexicale en discours liée à l’existence de paradigmes », Signata, 7/2, p. 37-50.
L’auteur examine la néologie, considérée de manière large et scalaire, par rapport à la notion de paradigme en commençant par la néologie flexionnelle (créations accidentelles, délibérées, conscientes ou inconscientes) en passant par les néologismes dérivationnels produits dans le discours, pour arriver à la notion de néologie par famille de mots. Cette dernière est illustrée par les paradigmes dérivationnels 256et compositionnels très riche de l’emprunt récent tweet/twit. L’auteur envisage ensuite la prise en compte des jugements épilinguistiques, émis par des locuteurs natifs de ces manifestations néologiques, surtout par rapport aux créations produites par des règles ou par des analogies.
Sablayrolles, Jean-François (2017), « Les néologismes de la Grande Guerre d’après les datations du Petit Robert, actes du colloque La première guerre et la langue », Odile Roynette, Gilles Siouffi et Agnès Steuckardt (dir.), Paris-Sorbonne et Centre d’Histoire de Sciences-Po, 12 et 13 juin 2014, La langue sous le feu, PUR, p. 145-157.
Le corpus de cette étude est constitué des mots datés entre 1914 et 1918 dans le Petit Robert. Ceux-ci, au nombre de 272 mots (soit en diminution par rapport à la période précédente), se répartissent en mots militaires et mots indirectement liés au conflit (techniques, médicaux, ainsi que les mots désignant les répercussions sociales). D’un point de vue linguistique, on relève des transcatégorisations, des accourcissements et des emprunts, et par ailleurs de nombreux mots non conventionnels (argotiques, familiers, populaires…).
Sablayrolles, Jean-François (2017), « Néologie et dénomination », dans La dénomination : lexique et discours, Gérard Petit, Patrick Haillet et Xavier-Laurent Salvador éd., coll. Lexica no 33, Honoré Champion, p. 67-76.
L’auteur examine les relations complexes entre néologie et dénomination. Après avoir envisagé le cas de l’échec de l’imposition d’un nom ou sa non-reconnaissance (nomination qui n’implique pas la néologie), il postule le cas plus général du passage de l’acte de nomination, manifesté dans les textes par un hapax, au statut de dénomination (foisonnement initiale de dénominations, suivi d’une phase de stabilisation), autrement dit le processus de néologisation. De même, dans de nombreux cas, les évolutions de sens ne se traduisent ni par une nouvelle dénomination, ni par une manifestation de néologie. Le cas de renomination comporte quelques sous-catégories, dont la néologie à rebrousse-temps et les nouvelles dénominations euphémiques.
Sablayrolles, Jean-François (2017), Les néologismes. Créer des mots français aujourd’hui, Petits guides de la langue française, no 29, Paris, Garnier et Le Monde. 94 p.
Cet ouvrage de vulgarisation peut être considéré comme un premier manuel de néologie française. Une introduction historique présente 257les premières appréhensions du phénomène (généralement négatives). Ensuite sont passées en revue les différentes définitions et les critères habituellement invoqués ainsi que les motivations qui expliquent leur apparition. La partie la plus importante est consacrée aux procédés de formation néologique examinés de plusieurs points de vue. La dernière partie examine les conditions d’énonciation et de diffusion des néologismes, dont un paragraphe sur les recommandations officielles françaises.
Vanoudheusden, Romain (2017), « Étude parallèle de deux terminologies dans le sport », TOTh 2012, Actes de la conférence TOTh 2012, Chambéry, Université Savoie Mont Blanc, p. 141-162.
Cette étude de la néologie historique dans le domaine sportif se focalise sur le français et les domaines riches en emprunts (football, rugby, etc.) et ceux qui le sont moins (escrime). Dans une partie contemporaine l’auteur examine les emprunts à l’anglais relevés dans les commentaires sportifs en français.
Winter-Froemel, Esme (2018), « Ludicity in lexical innovation (1) French », dans Arndt-Lappe et al. (2018), p. 229-259.
Cet article sur le lien entre ludicité et innovation lexicale s’inscrit dans le cadre d’une étude plus vaste sur le rôle linguistique de la ludicité dans plusieurs langues. Il prend la forme d’une exploration de sources lexicographiques, dont le Petit Robert (2016) et les différentes éditions du Dictionnaire de l’Académie française, en vue de déterminer comment la ludicité fonctionne comme facteur qui déclenche la néologie structurelle, sémantique et pragmatique. L’attitude des locuteurs et les manières d’en tenir compte font également partie des buts de cette étude. La prise en compte de la dimension diachronique permet de suivre l’évolution des effets de ce facteur et porte à croire que le caractère marqué des éléments joue un rôle fondamental dans l’innovation ludique.
John Humbley
- Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
- ISBN : 978-2-406-08196-8
- EAN : 9782406081968
- ISSN : 2262-0354
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08196-8.p.0245
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/07/2018
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français