Résumés et présentations des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Lorand Gaspar, archives et genèse de l’œuvre
- Pages : 395 à 402
- Collection : Rencontres, n° 299
Résumés
et présentation des auteurs
Michel Collot, « Genèse d’une Genèse »
Michel Collot est professeur émérite à l’université Sorbonne nouvelle. Poète, critique et théoricien, il a publié plusieurs ouvrages sur la poésie moderne et contemporaine, notamment, La Poésie moderne et la structure d’horizon (Paris, 1989), La Matière-émotion (Paris, 1995) – avec un chapitre sur Gaspar – et sur les représentations de l’espace et du paysage, Paysage et Poésie (Paris, 2005), La Pensée-paysage (Arles, 2011).
La question de l’origine est au cœur de la pensée et de la poésie de Lorand Gaspar, qui associent étroitement la naissance de la vie sur la terre et celle de la parole dans le poème. La suite de poèmes intitulée Genèse constitue à cet égard un corpus emblématique. Ce titre, récurrent dans l’œuvre de Lorand Gaspar, manifeste l’importance de ce thème et du projet qu’il a inspiré au poète. Cet article propose une étude génétique des documents conservés à l’IMEC.
Marie Joqueviel-Bourjea, « “Amandiers”, “Fragments d’une béatitude”. Lorand Gaspar : viv(r)écrire »
Marie Joqueviel-Bourjea est maîtresse de conférences HDR en littérature française des xxe et xxie siècles à l’université Paul-Valéry – Montpellier III. Elle est spécialiste de poésie contemporaine. Elle a publié « “Votre désert touche au mien”. Lorand Gaspar, Georges Perros : correspondances » dans Alkémie (Paris, 2009) ; « Lorand Gaspar : Patmos ou la poésie faite île » dans la revue Europe (Paris, 2005).
L’étude des archives du poème « Amandiers » interroge ce qui s’y révèle d’une approche de l’écriture (de la poésie) qui tend à indifférencier ce qu’en un mot-valise conciliant existence, écriture et récritures, on appelle viv(r) écrire. Les différentes « versions d’approche » du poème apparaissent moins, en effet, comme des états du texte que comme des états du monde; et l’on peut aller jusqu’à affirmer qu’« Amandiers » n’est pas (plus) un texte ou est plus qu’un texte.
396Anne Gourio, « Judée à la lumière de Qoumrân. Archéologie du recueil, enjeux d’une recomposition »
Anne Gourio est maître de conférences en littérature française du xxe siècle à l’université de Caen. Spécialiste de poésie moderne, elle s’attache à l’étude du minéral dans les diverses poétiques du xxe siècle. Elle travaille sur les relations entre la poésie et l’élémentaire, le langage et le sensible. Elle a publié Chants de pierres (Grenoble, 2005) et La Poésie, au défaut des langues (Caen, 2013).
Le dossier génétique de Judée laisse apparaître plusieurs modèles concurrents d’organisation du recueil, qui sont autant d’essais de clarification. Ceux-ci visent à dégager une forme d’accord entre la lumière naturelle du site judéen et sa destinée historique tragique. L’étude s’emploie à élucider ces trois modèles, qui entrent en relation avec le site archéologique de Qoumrân et les manuscrits de la communauté essénienne, et à en éclairer les enjeux.
Dominique Combe, « Parole, langue, langage. Lorand Gaspar contre le textualisme »
Dominique Combe est professeur à l’École normale supérieure, où il est directeur des relations internationales. Ses travaux portent sur la théorie littéraire et la poétique, la poésie moderne et les littératures francophones. Il est l’auteur de Poésie et récit, une rhétorique des genres (Paris, 1989), Les Genres littéraires (Paris, 1993), Poétiques francophones (Paris, 1995), Littératures francophones (Paris, 2010).
Dans les années 1960-1970, marquées par la domination de la « Théorie d’ensemble » et du mouvement textualiste et structuraliste, Lorand Gaspar élabore une pensée de la langue et du langage qui s’oppose à l’idée d’une « clôture des signes ». De Quatrième état de la matière (1966) et Sol absolu (1972) jusqu’à Apprentissage (1994), en passant par Approche de la parole (1978), Lorand Gaspar fait ainsi entendre une autre conception de la parole poétique, qui privilégie l’expérience et la vie.
Laure Himy-Piéry, « “Témoin certes, mais comment revenir”. Pratique de la parole dans Corps corrosifs »
Laure Himy-Piéri est maître de conférence HDR en stylistique à l’université de Caen – Normandie. Ses travaux portent essentiellement sur les formes du poétique contemporain, comme en atteste le titre de son dernier ouvrage, Pierre Jean Jouve. La modernité et ses possibles (Paris, 2014).
397L’étude des manuscrits de Corps corrosifs permet de dégager trois points majeurs de modifications : l’ordre des strophes, les modalités de mise en place de l’instance énonciative et certains choix lexicaux. Les effets suscités font de l’écriture la forme langagière du phénoménal, de la structure narrative sous-jacente l’espace invariant d’une communauté, de l’ellipse et de la phrase nominale des formes d’expression de l’humain.
Olivier Belin, « La poésie en feuilles de Lorand Gaspar. Autour de “Feuilles d’hôpital” »
Olivier Belin est maître de conférences en littérature française à l’université de Cergy-Pontoise et membre de l’UMR « Lexiques, dictionnaires », informatique. Ses travaux portent sur la poésie moderne et contemporaine, l’écriture amateur et les archives de la littérature et des sciences humaines. Il a publié René Char et le surréalisme (Paris, 2011) et Le Coin des poètes (2014).
Dans l’œuvre de Lorand Gaspar, les « Feuilles d’hôpital » constituent un work in progress dont certains états ont paru de manière éparse dans des revues ou des volumes collectifs, de 1993 à 2005. À travers ces fragments se joue une poétique de la note que l’article rattache à des écritures contemporaines tout en soulignant, à travers l’étude d’un dossier conservé à l’IMEC, la singularité d’un cheminement qui ne sépare pas l’éthique médicale et la morale de l’écriture.
Daniel Lançon, « Pour une archéologie des écritures viatiques dans l’œuvre de Lorand Gaspar »
Daniel Lançon, professeur de littératures française et francophones à l’université Grenoble – Alpes, mène des recherches sur la poésie française des xxe et xxie siècles, la littérature du voyage en Orient, les francophonies proches-orientales. Il a publié Les Français en Égypte (Vincennes, 2015), Yves Bonnefoy. Histoire des œuvres et naissance de l’auteur (Paris, 2014) et dirigé deux collectifs consacrés à L. Gaspar : le no 17 de la revue Nu(e) (Nice, 2002) ; Lorand Gaspar (Bazas, 2004).
Écrits de voyage et « poèmes viatiques » forment aujourd’hui une archive de l’œuvre eu égard à leur dispersion et à leurs nombreux remaniements. L’étude met l’accent sur ces textes aux destins éditoriaux divers en les resituant en miroir des écrits du corpus principal. L’enjeu est de comprendre l’itinéraire du sujet existentiel et poétique en revisitant l’assimilation métaphorique du poète au nomade et en s’interrogeant sur la possibilité d’une poétique du « séjour ».
398Catherine Mayaux, « Lorand Gaspar et Saint-John Perse, lectures médiatrices »
Catherine Mayaux, professeur à l’université de Cergy-Pontoise, spécialiste de littérature française et francophone des xxe-xxie siècles, travaille sur les liens entre littérature et Extrême-Orient. Elle a publié et dirigé plusieurs ouvrages sur Saint-John Perse, Claudel, Michaux et a participé à la refonte des œuvres théâtrales de Paul Claudel dans « La Pléiade ».
L’œuvre de Saint-John Perse a été pour Gaspar le paradigme de la création poétique. Les trois textes écrits sur le poète de 1976 à 1981 filent la réflexion qu’il mène sur cette œuvre et sur la conception Tch’an de l’art en Chine. Cette confrontation l’a conduit à clarifier sa propre conception de la parole poétique construite au filtre conjoint de la pensée chinoise et de Spinoza. La conférence de Brangues exemplarifie cette conception dans son écriture même.
Danièle Leclair, « Lorand Gaspar et Georges Séféris. Une amitié décisive »
Danièle Leclair, maître de conférences à l’université Paris Descartes et membre de l’UMR Thalim, est spécialiste de poésie du xxe siècle. Ses travaux portent sur la genèse des textes, le dialogue des œuvres et les affinités poétiques, et sur le rapport des écrivains avec la Grèce. Elle a publié René Char. Là où brûle la poésie (Croissy-Beaubourg, 2007) et codirigé le Dictionnaire René Char (Paris, 2015).
L’amitié de L. Gaspar et de G. Séféris fait ici l’objet d’une étude détaillée. Leur correspondance, les manuscrits et les poèmes de La Maison près de la mer, d’Égée et de Patmos montrent combien la voix de Séféris circule en filigrane dans les poèmes de L. Gaspar. Cette imprégnation profonde infléchit souvent sa propre voix, qui mêle alors sa sensibilité au « jaillissement » à la perception historique et tragique des Grecs.
Ridha Boulaâbi, « Les langues d’Orient dans Sol absolu, pour une lecture actualisante »
Ridha Boulaâbi est maître de conférences en littératures francophones à l’université Grenoble – Alpes. Ses recherches portent sur l’altérité linguistique et culturelle ainsi que sur les récits de voyage en Occident des écrivains arabes du xixe siècle. Il a publié L’Orient des langues au xxe siècle (Paris, 2011), Nedjma de Kateb Yacine (Paris, 2015) et a dirigé Les Orientaux face aux « orientalismes » (Paris, 2013).
399Daech a choisi comme territoire une partie du Moyen-Orient, avec l’objectif de couper la terre d’Islam de ses racines, et la terreur comme arme de guerre. Il est donc nécessaire de rappeler l’histoire de ce territoire, lue à partir de Sol absolu, publié en 1972 par Gaspar et dont le message est plus que jamais actuel. Cette étude suit les promenades du poète dans les couches profondes du sol oriental et montre comment la langue arabe, dans Sol absolu, révèle son hybridité.
Maxime Del Fiol, « Le rôle fondateur du dialogue avec Philippe Rebeyrol dans la découverte et l’apprentissage par Lorand Gaspar de la philosophie de Spinoza »
Maxime Del Fiol est maître de conférences à l’université Paul Valéry – Montpellier III et membre du laboratoire RIRRA 21 (EA 4209). Ses travaux portent sur la poésie française contemporaine, les littératures francophones postcoloniales et l’Islam arabe. Auteur de nombreux articles, il a dirigé plusieurs volumes collectifs et publié Salah Stétié. Figures et infigurable (Paris, 2009) et Lorand Gaspar. Approches de l’immanence (Paris, 2013).
Philippe Rebeyrol, agrégé d’histoire et diplomate, devenu un des amis intimes de Lorand Gaspar, a également été l’un de ses principaux interlocuteurs dans sa traversée passionnée de la philosophie de Spinoza, qui a représenté pour lui une découverte intellectuelle majeure pour sa propre pensée de l’immanence. Cette amitié fait l’objet d’une étude qui s’appuie sur leur correspondance déposée à l’IMEC et permet de comprendre les modalités et les enjeux de leurs échanges.
Patrick Née, « Le travail de l’essai. Approche de la parole »
Patrick Née, professeur de littérature française à l’université de Poitiers, est l’auteur de nombreux articles et essais sur des poètes majeurs du xxe et xxie siècles et il a dirigé ou codirigé plusieurs ouvrages collectifs. Il a publié notamment Yves Bonnefoy penseur de l’image (Paris, 2006), Philippe Jaccottet, à la lumière d’ici (Paris, 2008), L’Ailleurs en question (Paris, 2009) et doit publier prochainement un ouvrage sur L. Gaspar.
Saisir le « travail de l’essai » dans Approche de la parole à partir des manuscrits, c’est constater l’énorme surplus de feuilles préparatoires par rapport à l’ouvrage édité : n’ont pas été retenues les argumentations sur une science survalorisée au détriment de la poésie dévaluée, sur l’idéologie linguistique dénoncée, sur l’opposition de la poésie au totalitarisme. Le fragmentaire apparaît alors comme le matériau de l’essai, ce qui fait de celui-ci un anti-traité.
400Jihen Souki, « De “Clinique” au Corpus hippocratique. Approche d’une poésie scientifique à travers ses archives »
Jihen Souki est assistante de littérature française et de traduction à la faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse, en Tunisie. Après des travaux sur la poésie de Pierre-Albert Jourdan et d’Édouard Glissant, elle a soutenu une thèse intitulée « Poétique et géo-poétique de Lorand Gaspar ». Elle a publié sur cet auteur « Soleil noir de Lorand Gaspar : le clair-obscur du poème » (Paris, 2015).
Avec une étude à la fois stylistique et génétique, synthétique et analytique des textes de « Clinique » (Égée Judée), nés de la fréquentation passionnée d’un texte fondateur dans l’histoire de la médecine, le Corpus hippocratique, cet article examine la spécificité du travail poétique de L. Gaspar en montrant comment la réécriture du texte génère une poétique de la réécriture qui fonde la poésie scientifique de Gaspar.
Serge Linarès, « Lorand Gaspar / Zao Wou-ki. Partage de l’étendue »
Serge Linarès est professeur de littérature française du xxe siècle à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Spécialiste de Jean Cocteau, il s’intéresse plus généralement aux rapports entre la littérature et les arts (peinture et sculpture), ainsi qu’à la spatialisation des textes poétiques. Il a publié Écrivains artistes. La tentation plastique (xviiie-xxie siècle) (Paris, 2010) et Picasso et les écrivains (Paris, 2013).
L’amitié avec Zao Wou-Ki nourrit la fascination de L. Gaspar pour la culture chinoise. C’est ainsi que la notion de souffle ouvre au poète la possibilité d’expérimenter cette articulation de la nature naturante avec la nature naturée dont il regrette l’inaccessibilité existentielle chez Spinoza. Au contact de l’œuvre de Zao Wou-Ki, Gaspar multiplie les occasions d’entraîner sa poésie dans un processus de création ininterrompue.
Martine Créac’h, « Sefar, Szenes. Préhistoire de la peinture »
Martine Créac’h, maître de conférences à l’université Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis, étudie la poésie moderne et contemporaine et les relations entre littérature et arts visuels. Elle a écrit de nombreux articles sur ces sujets et un essai, Poussin pour mémoire (Vincennes, 2004). Elle a aussi publié deux collectifs, Traduire Claude Simon (Rennes, 2015) et Écrire en contrepoint (Paris, 2015).
401Cette étude rapproche les textes de Gaspar consacrés au peintre Arpad Szenes et les poèmes de Sefar qui évoquent les peintures rupestres du Tassili. Ce rapprochement s’appuie sur une coïncidence de dates entre la publication de ces différents textes et sur un choix d’illustrations, les vingt premiers exemplaires de Sefar étant illustrés par deux œuvres de Szenes.
Jean-Baptiste Bernard, « Énoncer, montrer, inviter. Vue et plasticité dans Sol absolu et La Maison près de la mer »
Jean-Baptiste Bernard a enseigné à l’université Grenoble – Alpes et à l’université hébraïque de Jérusalem (2013-2015). Il a soutenu une thèse sur «Une poétique de la relation éthique et des altérités culturelles : l’œuvre de Lorand Gaspar » et a notamment publié : « Le langage et ses autres : silence et verbe dans l’œuvre poétique de Lorand Gaspar » dans la revue Initiales (no 23, Halifax, 2013).
Avec la lecture d’extraits de Sol absolu et des différentes versions de La Maison près de la mer, cet article propose une réflexion autour du rôle de la vue et des arts plastiques dans la poésie de L. Gaspar. Sont ensuite étudiés la relation entre procès énonciatif et plasticité du texte dans Sol absolu, puis le rôle de l’image poétique à dimension visuelle, dans La Maison près de la mer, et l’importance de la relation entre objet-livre et acte énonciatif.
Danièle Leclair, « Les archives photographiques de Lorand Gaspar. Après la projection de Loran Bonnardot, “Une autre façon de dire” »
Loran Bonnardot est médecin ORL urgentiste. C’est par la photographie qu’en 1996, il a rencontré Lorand Gaspar, au retour d’un long séjour sur l’île de Tristan da Cunha. Depuis, le dialogue continue.
L. Bonnardot a présenté à l’IMEC un diaporama de photographies inédites de L. Gaspar, qui a fait découvrir un pan méconnu de son œuvre. L’article de D. Leclair étudie le travail photographique de L. Gaspar à partir de ses diapositives du Yémen, de son projet d’album « Désert » – qui expérimente un dialogue métaphorique original – et de sa collaboration poétique avec Koïchiro Kurita.
402Thanassis Hatzopoulos, « Traduction en grec de “Connaissance de la lumière” dans Le Quatrième État de la matière »
Thanassis Hatzopoulos, pédopsychiatre et psychanalyste à Athènes, est l’auteur d’une œuvre poétique importante dont un recueil est traduit en français, Cellule (Devesset, 2012). En 2013, il a reçu le prix de poésie de l’Académie d’Athènes et, en France, le prix Max Jacob. Il a aussi traduit en grec nombre de poètes français du xxe siècle : Valéry, Claudel, Jouve, Bonnefoy, Jaccottet, Char.
Son choix de traduire, dans l’œuvre de L. Gaspar, les poèmes de « Connaissance de la lumière » rejoint sa propre réflexion sur ce thème, publiée dans Ζήτημα φωτός (Athènes, 2007), en introduction à une anthologie de Μέρες de Georges Séféris.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06912-6
- EAN : 9782406069126
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06912-6.p.0395
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 07/04/2017
- Langue : Français