Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Les Petites Nations. Culture, politique et universalité
- Pages: 405 to 409
- Collection: Encounters, n° 461
- Series: Political science, n° 5
Résumés
Jean-François Laniel et Joseph Yvon Thériault, « Introduction. La question des petites nations »
Quelles sont certaines des grandes questions que posent les petites nations à la connaissance et au politique ? Au premier chef celle de la diversité irréductible des nations en modernité. C’est ce que permet de retracer l’histoire du questionnement sur les petites nations ainsi que les expériences sociétales qui l’alimentent, tous deux soulignant l’actualité et le potentiel heuristique du point de vue des petites nations.
Julius Friend, « Quelques réflexions sur les petites nations »
La question de la définition des petites nations est récurrente. Pour y répondre, il importe de passer en revue les diverses mesures quantifiables de la taille des nations, dont la démographie, la superficie et l’économie. Ce tour d’horizon conduit à la conclusion que la taille ne détermine pas la culture et les préoccupations des nations même petites. L’histoire politique y contribue davantage, car nombre des petites nations n’ont pas un État établi de longue date.
Uriel Abulof, « Les mouches de l’humanité. La vocation existentielle des petites nations »
La fragilité existentielle des petites nations permet de mieux comprendre ce que celles-ci partagent avec toutes les sociétés humaines. Les petites nations mettent au jour ce qui distingue les sociétés humaines et rassemble les êtres humains, soit la conscience de la mortalité, la quête de moralité et d’authenticité, et l’adhésion à, ou la fuite de, la liberté.
406Michel Maslowski, « Comportements et identité en Europe centrale »
La construction sociale-historique des petites nations balise le rapport au monde qui continue d’être le leur. Modélisées dans les années quatre-vingt grâce aux écrivains et historiens, les petites nations devenues membres de l’Union européenne représentent une « modernité antimoderne », bien qu’elles vivent maintenant une modernisation accélérée.
Geneviève Zubrzycki, « Petitesse nationale et religion en Pologne et au Québec »
La dimension culturelle des petites nations est liée à la religion et aux institutions religieuses, ce que souligne la comparaison du Québec et de la Pologne. La disparition de l’État polonais et la conquête de la Nouvelle-France ont instillé des sentiments d’insécurité politique et de fragilité culturelle au sein de ces nations. Ces conditions structurelles ont tissé des liens durables entre l’identité nationale et la religion, entre la société civile et l’Église.
Jacques Beauchemin, « Un “déclinisme” de petite nation. Le cas du Québec »
Les intellectuels jouent un rôle spécifique au sein des petites nations, qui témoigne d’un trope courant, celui de l’autocritique nationale, qui vise à instiller une ressaisie ou une renaissance collective. En cela, si le déclinisme français a pour cible des causes et des solutions politiques, le déclinisme québécois cible la culture nationale elle-même, à la fois sujet et objet de l’évolution collective.
Anne Legaré, « Société et nation. Du culturel au politique »
Quels sont les effets de la territorialisation, de l’étatisation et de la démocratie libérale sur la définition du Québec comme « petite nation » ? Est ici en jeu le rapport conflictuel, dialogique, entre la « petite nation »et la société démocratique libérale. La modernisation, entendue comme édification d’un État libéral, pourrait favoriser la « sortie » d’une conception culturelle de la nation, voire de la petitesse elle-même.
407Stéphanie Chouinard, « L’étude des petites nations par la lunette juridique. Un exercice périlleux »
La condition de « petite nation » mérite d’être étudiée au prisme du droit national et international. Quels sont les aléas du recours au droit pour la reconnaissance et l’autodétermination des petites nations, et tout particulièrement les petites nations sans État, notamment dans le droit européen ? Nombreux sont en effet les enjeux auxquelles font face ces minorités dans le cadre du partage d’un ordre légal-constitutionnel avec une majorité qui en dicte les normes et les valeurs.
Michael Keating, « Les nations doivent-elles se constituer en États ? En quête d’une furtive “troisième voie” »
Nombre de nations évoluent dans un cadre plurinational. Ce constat suggère de reconsidérer la relation jugée étroite entre la nation, l’État et le territoire. En effet, les nations sont désormais reconnues comme socialement construites, tandis que l’État se transforme et que le territoire lui-même est reconceptualisé. Les questions de nationalité peuvent alors être négociées dans le cadre de réclamations politiques plutôt que de demandes de souveraineté.
Hubert X. Rioux, « Nationalisme minoritaire, politiques économiques et asymétries. Une approche sectorielle appliquée au Québec »
Quels sont les enjeux politico-économiques de la mondialisation pour les petites nations ? Une « nouvelle économie politique comparée des petites nations » est née au cours des années 1990 ; or, peu nombreuses ont été les études détaillant les effets du nationalisme minoritaire quant à l’élaboration de politiques économiques particulières. L’analyse du financement corporatif au Québec permettra de pallier ce déficit.
Jean-François Laniel, « Remarques sur le “nouveau nationalisme” des petites nations en contexte de mondialisation néolibérale. Québec/Écosse »
Quelle est l’heuristicité du paradigme des « nouveaux nationalismes » dans l’étude des petites nations ? Sa grille d’analyse universaliste est celle que porte la mondialisation, notamment par le biais des théories de l’individualisme méthodologique et du nationalisme civique. L’analyse comparée souligne 408plutôt les particularités historiques et culturelles qui définissent les contours de sociétés globales, irréductibles les unes aux autres, dont celles qui distinguent l’Écosse du Québec.
Alain G. Gagnon et Félix Mathieu, « La richesse des (petites) nations et l’agir hospitalier »
Des enseignements éthico-politiques peuvent être tirés de l’analyse des petites nations. Les petites nations offrent en effet un contexte sociopolitique fécond pour redynamiser une grandeur éthique du politique. Souvent conscientes de leur caractère particulier, elles sont en bonne posture pour penser l’universel et l’agir hospitalier, qui vise la construction de modèles de cohabitation plus justes pour les États caractérisés par la diversité nationale.
Chantal Delsol, « La conscience de la faiblesse et la pensée de la mesure »
L’expérience des petites nations donne à voir l’existence d’une mesure humaine, pour la nation comme pour l’individu. Car, si la perversion typique de l’Européen est l’hubris, il lui faut toujours revenir à l’éloge de la proportion, qui signifie accepter une anthropologie, et finalement, aimer le monde. En cela, la petitesse n’est meilleure que parce que l’homme est petit.
Stéphane Vibert, « La petite nation au miroir de l’Empire »
Les petites nations contribuent au savoir socioanthropologique. L’une des façons de rendre compte de l’expérience des petites nations relativement à la condition politique moderne consiste à la contraster avec l’idéal-type de l’Empire, qui perpétue le rêve cosmopolite d’une gouvernance étendue à l’humanité. à rebours de cette perspective d’une « démocratie sans dèmos », l’analyse des petites nations suggère de revenir à une « théorie sociologique de la nation » telle que proposée par Marcel Mauss.
Joseph Yvon Thériault, « Que veut dire “société” dans “petite société” ? »
Que veut dire « société » ou « nation » dans « petite société » ? Si le vocable « petit » renvoie à la fragilité, celui de « société » renvoie à l’idée moderne et démocratique de gouvernement de soi par un groupement humain particulier. 409À la différence du paradigme postmoderne, le postulat des « petites sociétés » ne vise pas à rompre avec l’idée moderne de la société comme groupement humain significatif et porteur principal de l’historicité en modernité.
Svetla Koleva, « Les sciences sociales aux prises avec le (fait) national »
Les sciences sociales semblent avoir du mal à donner des réponses scientifiquement défendables, socialement efficaces et humainement respectueuses face à la hausse des intolérances nationalistes. Il importe d’exposer les failles des sciences sociales dans l’analyse du fait national ainsi que leurs conséquences sur le plan pratico-politique. Car ce dont témoigne la fragilité des petites nations, c’est bien qu’aucune nation n’est une essence immortelle et intemporelle.
- CLIL theme: 3284 -- SCIENCES POLITIQUES -- Histoire des idées politiques
- ISBN: 978-2-406-10173-4
- EAN: 9782406101734
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10173-4.p.0405
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-01-2020
- Language: French