Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Histoires tragiques du xvie siècle. Pierre Boaistuau et ses émules
- Pages : 355 à 360
- Collection : Rencontres, n° 324
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 96
Résumés
Jean-Claude Arnould, « Les premières éditions des Histoires tragiques de Pierre Boaistuau (1559-1566) »
Dans la suite de plusieurs études préexistantes, cette contribution retrace l’histoire du premier volume de la collection. L’examen de toutes les éditions qui auraient pu être contrôlées par Pierre Boaistuau – jusqu’en 1566 – confirme la stabilité d’un texte originel quasi immuable et permet d’identifier quelques nouveaux exemplaires ou éditions ainsi que de préciser ou de rectifier le lien reconnu entre certaines éditions du recueil qui, dès son apparition, s’est mué en un produit de librairie.
Stephen Bamforth, « Boaistuau, ses Histoires tragiques et l’Angleterre »
Jusqu’ici on ne connaissait qu’un seul exemplaire (celui de la Folger Library de Washington) de l’édition de 1559 dédiée à Elisabeth d’Angleterre. La découverte d’un deuxième, conservé à Trinity Hall Cambridge est au centre de cette contribution. La confrontation des deux exemplaires confirme que Pierre Boaistuau n’a guère soigné la toilette de son texte avant de l’envoyer vers la reine. La reliure de Cambridge par contre est tout à fait remarquable et cet exemplaire mérite un commentaire détaillé.
Rosanna Gorris Camos, « Les éditions turinoises des Histoires tragiques. La famille Farina et son secret »
Cette étude présente de nouveaux éléments concernant des livres de la bibliothèque de Marguerite de France en éclairant les circonstances de publication de la collection des Histoires tragiques par les Farina. Il est en effet difficile de penser que Marguerite ne soit pas impliquée dans les circonstances de leur publication, à Turin, entre 1569 et 1571. L’histoire de ces éditions turinoises et de leurs enjeux éditoriaux, religieux et historiques permet de dévoiler le secret de leurs éditeurs.
356Anne Réach-Ngô, « Le Thresor des histoires tragiques (1581). De l’ambivalence morale du récit à l’univocité exemplaire du discours »
L’article met en valeur le transfert générique de la narration au manuel d’écriture qui s’opère avec la publication du Thresor des histoires tragiques. Apparenté au Thresor des Amadis, l’ouvrage s’inscrit dans la vogue éditoriale des trésors imprimés en langue française qui voit le jour au xvie siècle. Les histoires tragiques y sont réduites à un ensemble de discours édulcorés destinés à un large public, notamment féminin, à des fins pédagogiques aussi bien que moralisantes.
Nora Viet, « Réinventer la nouvelle en 1559. Boaistuau lecteur de Boccace »
Cette contribution propose une réflexion sur l’inscription de l’histoire tragique dans le paysage du récit bref français en 1559. À l’époque où le Décaméron jouit en France d’un succès inentamé, l’histoire tragique vient développer et promouvoir l’une des potentialités génériques de l’œuvre matrice de Boccace. En offrant un pendant à la nouvelle facétieuse, l’histoire tragique vient à la fois sceller l’éclatement de la novella boccacienne et rééquilibrer le répertoire générique du récit bref.
Magda Campanini, « “Remettre en nouvelle forme”. Métamorphoses et recréation du modèle dans les Histoires tragiques de Pierre Boaistuau »
Cet article étudie les stratégies de traduction et d’adaptation dans la deuxième des Histoires tragiques de Pierre Boaistuau. L’analyse comparative avec la nouvelle de Matteo Bandello qui en est la source permet de dégager des stratégies, notamment discursives, définissant une « prose tragique » dont l’originalité naît du projet de « remettre en nouvelle forme » le modèle. La traduction se fait ici réécriture, dans un processus de refondation du style et d’appropriation d’une identité littéraire originale.
Hervé-Thomas Campangne, « Des “histoires toutes veritables”. François de Belleforest et la conception du Septiesme tome des Histoires tragiques »
Publié quelques mois avant la mort de François de Belleforest, le Septiesme tome des Histoires tragiques est un florilège de nouvelles historiques, d’histoires orientales, mais aussi de récits judiciaires qui évoquent les factums rédigés 357autour de procès et de causes célèbres. Conçu pour assurer le rayonnement de la langue et de la culture française, ce volume se présente comme une encyclopédie des passions observées sur la scène d’un theatrum mundi dont les frontières semblent sans cesse repoussées.
Thibault Catel, « Du présage à la merveille. L’exemplarité contrariée dans les Histoires prodigieuses de Boaistuau »
Cet article examine les liens qu’entretiennent la merveille et l’exemplarité dans les Histoires prodigieuses. Si Pierre Boaistuau ne rompt pas avec la vocation édifiante des prodiges, il en fait cependant un usage élargi (comme en atteste la place importante des prodiges moraux) qui en brouille la lisibilité exemplaire. Le conteur s’intéresse moins aux prodiges comme signes que comme des cas singuliers, étranges, dont la valeur réside avant tout dans l’étonnement qu’ils suscitent.
Valerio Cordiner, « Se sauver de la fortune en “courant le monde”. L’“Éloge des voyageurs” dans la quatrième histoire de Poissenot »
L’« Éloge des voyageurs », au début de la quatrième histoire, est à plus d’un titre remarquable, notamment parce qu’il est nourri des expériences personnelles de l’auteur. L’étude démontre que la dissonance de ce passage avec le traitement habituel du thème du voyage dans les histoires tragiques, n’est qu’apparente. En fait, il y est considéré comme une source d’expériences susceptibles d’épargner aux voyageurs, une fois rentrés chez eux, les erreurs auxquelles sont exposés les sédentaires.
Philippe de Lajarte, « Observations sur le tragique. La passion et la morale dans les Histoires tragiques de Pierre Boaistuau »
Les rapports entre le tragique, la passion et la morale distinguent deux logiques dramatiques auxquelles répondent deux types de tragique, deux codes moraux et deux types de personnages : une logique de l’action criminelle liée à un tragique du mal, à une morale fondée sur l’opposition tranchée entre bien et mal et entre les méchants et leurs victimes ; et une logique de la fortune liée à un tragique du malheur, une morale ambivalente et des personnages ni totalement bons ni totalement mauvais.
358Ullrich Langer, « De l’équité douce à la loi âpre. De la nouvelle aux histoires tragiques »
Se séparant du modèle boccacien, avec son récit-cadre faisant de la nouvelle un cas particulier infléchissant une loi trop rigoureuse et invitant à exercer l’équité, l’histoire tragique met en scène une application extrême de la lettre de la loi et marginalise la clémence. L’étude résume ce parcours de la nouvelle équitable (Marguerite de Navarre et, en partie, Pierre Boaistuau) à F. de Belleforest, V. Habanc, et J.-P. Camus, où la clémence devient un instrument déplacé du pouvoir politique et familial.
Maroua Eudes-Feki, « La femme guerrière dans les Histoires tragiques de François de Belleforest »
Trois histoires tragiques de François de Belleforest illustrent l’image de la femme guerrière : celle de Lagertha, héroïne norvégienne, celle de Boadicée, reine de Grande-Bretagne et celle de Valasque, héroïne bohémienne. À travers ces histoires, l’auteur rend hommage aux femmes qui se sont illustrées par le courage et soulève plusieurs problématiques telles que la hiérarchie des sexes ou l’éducation des femmes.
Ines Ben Zaied, « Femmes soumises, femmes héroïques dans les Nouvelles Histoires tragiques de Bénigne Poissenot (1586) »
Les Nouvelles Histoires tragiques de Bénigne Poissenot mettent en scène des femmes braves et vertueuses, représentant des modèles pour le lecteur. Victimes de la passion, certaines d’entre elles expriment leur souffrance en optant pour un discours qui témoigne d’une sensibilité nouvelle. Cette étude étudie les dilemmes auxquels sont confrontées ces héroïnes, puis les qualités dont elles sont dotées et enfin le rôle de ces figures féminines dans le projet de l’auteur, dont on observe l’ambiguïté morale.
Tamara Valčić Bulić, « Turcs et chrétiens dans les Balkans, de Pierre Boaistuau à Bénigne Poissenot »
Le principal objectif de la représentation des Turcs et des chrétiens des Balkans dans les histoires tragiques du xvie siècle demeure celui de mettre à nu les passions destructrices qui rongent le monde des humains. Cependant 359apparaissent également d’autres visées idéologiques, celle de noircir « l’infidèle » barbare, pourtant guerrier digne d’admiration, puis d’affirmer la supériorité morale de l’Occident par rapport aux chrétiens de religion grecque, moralement pervertis.
Gérard Milhe Poutingon, « Les histoires tragiques de Belleforest. L’exemplarité “devant les yeulx” »
L’étude porte sur l’importance du paradigme visuel dans la poétique des histoires tragiques, dont la vocation est d’offrir des exemples de vices et de vertus. Les auteurs définissent fréquemment l’exemplarité comme une force, dont ils interrogent la nature mystérieuse. Il s’agit de montrer que cette « force cachée », cet « instinct secret », repose sur la complémentarité entre lire et voir, la vision abstraite de l’entendement et le regard concret s’avérant solidaires dans la compréhension de l’exemple.
Bruno Méniel, « Le tragique et la rhétorique judiciaire dans les Histoires tragiques de Belleforest »
Les histoires tragiques comme celles de François de Belleforest empruntent à la rhétorique judiciaire certaines de ses structures formelles : un récit bref, clair et plausible, fondé sur enquêtes et témoignages et donnant lieu à débats, est encadré par un discours ample et orné, suscitant les passions. En retour, ces structures influent sur la matière des récits car elles véhiculent certaines valeurs telles que l’amour assimilé à un instinct naturel ou la fides comme facteur de cohésion sociale.
Véronique Duché et Gregoria Manzin, « Traduire les passions dans la sixième des Histoires Tragiques de Pierre Boaistuau »
Relisant les histoires tragiques à la lumière des études actuelles sur l’histoire des émotions, cet article montre combien les liens entre le corps et les émotions peuvent varier selon les cultures. S’attachant plus particulièrement à la sixième des Histoires tragiques traduite par Pierre Boaistuau, il analyse les enjeux que comporte la représentation des passions et montre à la fois comment les émotions se traduisent dans le texte et comment elles sont traduites d’une langue à l’autre.
360Justyna Giernatowska, « La mutilation du corps et les enjeux de sa représentation dans les histoires tragiques (1559-1586) »
Les histoires tragiques du xvie siècle recourent à un large éventail de procédés narratifs, pour mettre en scène diverses formes de mutilation du corps. Les représentations de ces actes cruels, riches en valeurs symboliques et accompagnées de commentaires auctoriaux, usent de leur potentiel émotif et persuasif afin de rendre le lecteur sensible aux contenus sociaux, politiques, idéologiques qu’elles véhiculent.
Pascale Mounier, « Humour et récit noir. Interventions comiques du conteur chez Poissenot (Nouvelles Histoires tragiques, iv) »
Le rattachement des six récits de Bénigne Poissenot constituant les Nouvelles Histoires tragiques au genre de l’histoire tragique paraît problématique au plan stylistique. Dans la relation des amours du clerc et de la fille du conseiller d’Aix-en-Provence (NHT, iv), le conteur manifeste en particulier un goût pour le mot facétieux. Il importe de déceler la nature, la fréquence et la portée de ces prises de parole humoristiques pour voir comment s’instaure une tension entre humour et récit noir.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06834-1
- EAN : 9782406068341
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06834-1.p.0355
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 12/01/2018
- Langue : Français