Glossaire
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Le Lyrisme du Moyen Âge allemand. Choix de poèmes
- Pages : 191 à 194
- Collection : Moyen Âge en traduction, n° 11
Glossaire
Abgesang (la cauda de la canso) : il diffère par la mélodie et la structure des Stollen de l’Aufgesang.
Arbeitslieder : chansons accompagnant des opérations précises du travail.
aube (alba, moyen-haut-allemand tageliet) : a pour thème les adieux d’amants qui ont passé la nuit ensemble, mais qui doivent se séparer au point du jour avant d’être surpris.
Aufgesang (le frons de la canso) qui comprend deux Stollen (deux groupes égaux ou pieds : pedes), qui sont chantés sur la même phrase musicale, et de même structure métrique.
bas-allemand (niederdeutsch) : vieux-saxon, néerlandais, flamand. Le bas-allemand se distingue du haut-allemand par l’absence du phénomène linguistique appelé seconde mutation consonantique (zweite Lautverschiebung). On prend comme limite du haut-allemand l’isoglosse maken : machen (ligne Cologne-Berlin, appelée Benrather Linie)1.
Brauchtumslieder : chansons chantées d’habitude à des dates fixes de l’année.
Carmina Burana, chansonnier du xiiie siècle, nommé d’après le lieu où il est conservé, le monastère de Benediktbeuren en Bavière (1220-1230).
chansonniers : recueils où sont transcrites les chansons des Minnesänger
contre-chant, représenté par Neidhart et Tannhäuser au xiiie siècle : caractérisé par le distanciation sociale (Verfremdung), alliée au renversement de la distribution des rôles (c’est la jeune paysanne lubrique qui recherche l’amour du chevalier), cette poésie doit très certainement être considérée comme une parodie du Minnesang conventionnel, c’est de l’anti-Minnesang. Elle a le village pour cadre et les cours comme public ; et le villageois est dépeint sous des couleurs peu favorables, c’est-à-dire tel que le voit le membre d’une classe supérieure. Les garçons sont vaniteux et les filles lubriques. Mais pour le jeune chevalier qui écoute ces chansons, les compose et les chante, l’image de ce monde débridé est une réaction contre la vie de cour où il est tenu en bride. Ce sont, en partie, des chansons de danse ; et c’est le commencement d’un renouvellement de la forme du Minnesang.
doenediep : voleur de mélodie, qui a emprunté une mélodie à un autre
192poète qui considère la mélodie comme sa propriété.
dôn : la mélodie (en moyen-haut-allemand) ; elle doit être aussi originale que le texte (moyen-haut-allemand wort) : mélodie et texte doivent être la création du Minnesänger.
Erlebnislyrik : poésie vécue, par opposition à la Rollenlyrik, dans laquelle les poètes jouent un personnage.
Erzähllieder : ballades populaires, c’est-à-dire chansons ressortissant au genre narratif
geblümter Stil (style fleuri ou ornatus difficilis) : style riche en variations et en images, dont les représentants les plus éminents sont Konrad von Würzburg (1220/1230-1287) et Frauenlob (vers 1250-1318) ; correspond au „trobar clus“et „trobar ric“des troubadours2.
Gesellschaftslieder : chansons chantées en société.
Heldenballaden : ballades héroïques.
her, seigneur
Hohe Minne, terme qui correspond à l’expression française de fine amor. Et la période où a dominé ce qu’on peut appeler le maître-sujet est dénommé le Haut-Minnesang.
Leich (lai) : grande forme lyrique caractérisée par l’enchaînement de nombreuses strophes inégales. Le Leich allemand fut inspiré comme le descort provençal par la séquence d’église, poème destiné à fixer dans la mémoire les vocalises sur lesquelles se chantait l’alléluia.
Lied, (diu liet), la chanson, qui se composait de plusieurs strophes (daz liet) ; correspond à la canso occitane.
Liet (daz liet) : strophe. À l’intérieur d’une chanson les strophes ont toujours la même structure tripartite : elles sont articulées en un Aufgesang et un Abgesang (cauda), différent par la mélodie et la structure de l’Aufgesang.
maître-sujet : amour-passion d’un jeune homme – naturellement de classe aristocratique – pour une dame mariée de haute condition, de grande beauté, de hautes qualités personnelles et de haute culture. Espérer que cette passion puisse être satisfaite est évidemment chimérique. Les hautes qualités de la dame, qui contribuent à la rendre digne d’un amour passionné, sont une raison même pour le jeune soupirant de désespérer d’être jamais aimé d’elle. C’est la situation de l’amoureux sans espoir, pour qui l’objet de son amour est inaccessible – amour de loin –, la situation du « ver de terre amoureux d’une étoile ».
Meister, maître, un non-noble qui a fait des études, le plus souvent dans des écoles conventuelles.
Meistersang ou Meistergesang : poésie des maîtres chanteurs, artisans organisés en corporations. Les premières confréries de chant se trouvaient à Mayence, Strasbourg et Worms, mais c’est seulement au xve siècle que le Meistersang se constitua en un mouvement culturel de masse. Il connut son plein épanouissement au milieu de ce siècle 193avec l’émergence de la Singschule (école de chant) de Nüremberg, connue surtout par des maîtres chanteurs comme Hans Folz ou Hans Sachs. Vers 1558 elle compta plus de deux cent cinquante membres. De Nuremberg est originaire également la plus ancienne Tabulatur (publication des règles) parvenue jusqu’à nous, appelée Nürnberger Schulzettel (Réglementation de Nuremberg). Les Meistersinger et le Meistersang (ou -gesang) sont connus aujourd’hui essentiellement par l’opéra de Richard Wagner, Die Meistersinger von Nürnberg (Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg) (1868).
ministériaux (ministeriales) : catégorie sociale propre à l’Empire ; en font partie des hommes souvent d’origine servile, mais dont certains étaient de naissance libre. Ce sont des gens de service (Dienstleute), liés à la personne du maître par une dépendance personnelle ; ils participent à l’activité guerrière (ce sont des combattants à gage), tiennent entre leurs mains la plupart des rouages administratifs de l’Empire, et forment une véritable classe héréditaire dont les éléments supérieurs s’agrègent à la noblesse
Minne : amour (en moyen-haut-allemand)
Minnesang : terme employé pour désigner le lyrisme allemand au Moyen Âge classique. Il comprend des chansons d’amour correspondant au « grand chant courtois » des troubadours. Il s’agit d’une poésie chantée. Le poète est à la fois l’auteur du texte, le compositeur de la mélodie, et le chanteur. Souvent aussi il est l’instrumentiste. Au sens le plus étroit, Minnesang désigne poésie d’amour telle que les poètes occitans l’ont fixée dans sa forme et son contenu et qui vers 1170 conquiert l’Allemagne des Hohenstaufen, et y règne dès lors exclusivement. Cette poésie a pour objet exclusif l’amour, et un amour d’une qualité très particulière. C’est l’amour-passion d’un jeune homme – naturellement de classe aristocratique – pour une dame mariée de haute condition, de grande beauté, de hautes qualités personnelles et de haute culture. Espérer que cette passion puisse être satisfaite est évidemment chimérique. Le mot Minnesang est ancien – il est employé par Walther von der Vogelweide : Walther se présente comme un professionnel qui a fait des chansons d’amour pendant quarante ans et plus, pour servir le public aristocratique auquel il s’adresse : « mîn minnesanc der diene in gar » : « mon activité de poète soit à votre service ». Le terme de Minnesang a ainsi un contenu plus large, et il convient d’y inclure des chansons qui traitent de nombreuses situations amoureuses.
Minnesänger : équivalent allemand du troubadour occitan et du trouvère du nord de la France ; certains sont de naissance noble, princière ; parmi nos Minnesänger on trouve même un empereur, Henri VI, fils de Frédéric 1er Barberousse ; la plupart sont néanmoins des poètes professionnels, de quelque condition que ce soit, qui pratiquent leur art dans les cours seigneuriales et princières.
moyen-haut-allemand (mittelhochdeutsch) : ensemble de dialectes en usage dans le sud de l’espace linguistique allemand entre 1050 et 1350 : mha. précoce (1050-1170) ; mha. classique ou « mittelhochdeutsche Dichtersprache » (1180-1300 (ce qui correspond au Moyen-âge classique (en all. 194Hochmittelalter), désigne la langue d’une poésie destinée aux cours, période pendant laquelle il y eut une forme unifiée, suprarégionale. Pour se faire comprendre de leurs différents publics dans toute l’aire allemande, les poètes s’efforçaient dans la mesure du possible et surtout à la rime d’éviter les particularités dialectales trop accentuées.
Natureingang : sorte de prélude, qui comporte le plus souvent l’évocation du printemps revenu, c’est le début printanier ; mais on peut aussi décrire l’hiver et sa tristesse, c’est le début hivernal.
neumes adiastématiques : comme dans les Carmina Burana, ils n’indiquaient que le mouvement de la mélodie. Dans les textes pourvus de neumes, il n’y a aucune indication de rythme, de registre, de tempo ni d’expression.
neumes diastématiques : système de notation de la mélodie (quand celle-ci nous est transmise) ; ne donne pas la durée des notes, mais seulement l’intervalle musical d’une note à l’autre et la hauteur ; doivent fournir au chanteur, qui connaissait la mélodie, une aide mnémotechnique.
Novellenballaden, ballades de type novellistique.
Rollenlyrik : Les créateurs de ces chansons n’évoquent pas dans leurs textes des événements vraiment vécus, mais assument un rôle forgé par la tradition, leur comportement étant fixé à l’avance par un scénario préétabli. Il ne s’agit donc pas de poésie vécue, mais d’un lyrisme où les poètes jouent un personnage (Rollenlyrik par opposition à Erlebnislyrik).
Sangspruch (« discours chanté ») se rattache à la chanson ; comme elle c’est une poésie chantée. Il inclut des poèmes moralistes, religieux et politiques.
Sangspruch : forme de chanson à une strophe, qui traitait de sujets moraux, religieux ou politiques, qui excluent l’enthousiasme lyrique ; ce type de texte est couvert en occitan par le terme de sirventès.
trûtliet : chanson d’amie au féminin.
vagants : étudiants et clercs circulant à travers le pays, sans position sociale, et écrivant des chansons latines et des chansons mixtes, bilingues.
vieux-haut-allemand (althochdeutsch) : langue en usage dans le sud de l’espace linguistique allemand entre 750 et 1050. Comme le moyen-haut-allemand (mittelhochdeutsch), c’est un ensemble de dialectes, mais au contraire du moyen-haut-allemand (classique) il n’y eut pas de forme unifiée, suprarégionale.
Volkslied : chanson populaire
winileodos, c’est-à-dire littéralement des chansons d’ami (vieux-haut-allemand wini et leod, liot). Les winileodos devaient être destinés à une société indifférenciée comme la société germanique primitive ; cette société s’est conservée longtemps dans le Nord, en Islande par exemple.
Zeitgedichte ou historisch-politische Ereignislieder : chansons d’actualité ou chansons événementielles historico-politiques.
1 Voir pour la langue : Jean Fourquet avec la collaboration de Danielle Buschinger, Grammaire historique de l’allemand. Amiens, Presses du Centre d’Études Médiévales. Université de Picardie, 2000.
2 Voir Buschinger, Danielle, Kulturtransfer zwischen Romania und Germania im Hoch – und Spätmittelalter. Geburt der Übersetzung. Berlin, De Gruyter, 2019, p. 16-18.
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN : 978-2-406-12572-3
- EAN : 9782406125723
- ISSN : 2271-6963
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12572-3.p.0191
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/03/2022
- Langue : Français