Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Sainte Union des catholiques de France et la fin des guerres de Religion (1585-1629)
- Pages : 515 à 519
- Collection : Rencontres, n° 276
Résumés
Michel Cassan, « La fragilité des ligues provinciales. Poitou, Périgord, Limousin, Velay »
L’article traite des pratiques politiques mises en œuvre par les ligueurs de provinces de l’intérieur, éloignées de la capitale et des puissances limitrophes du royaume enclines à intervenir dans la Sainte Union. Trois moments sont privilégiés : le basculement dans la Ligue, son organisation et son fonctionnement, sa disparition. Les revers de la Ligue en province résultent de facteurs externes et endogènes. Le cadre provincial démontre l’échec répété du projet de la constitution d’un État mayenniste.
Nicolas Le Roux, « Rivalités nobiliaires, solidarités urbaines et mobilisation catholique. La Ligue dans le centre du royaume (Berry, Orléanais, Touraine) »
Dans le centre du royaume, la Ligue s’est construite sur une mémoire longue des traumatismes des premières guerres de Religion. Néanmoins, les mouvements catholiques n’avaient guère d’unité et les formes de l’engagement varièrent en fonction des rapports de force locaux. Certaines villes basculèrent dans la sédition très vite (Orléans), tandis que d’autres attendaient le choix de leur gouverneur (Bourges). Tours fut en revanche étroitement surveillée par les autorités royales.
Olivia Carpi, « L’union des villes catholiques de Picardie »
Cet article analyse le comportement de huit villes de Picardie pendant la Ligue, afin de mettre en exergue ses caractéristiques communes et en posant la question d’une éventuelle spécificité de cette expérience politique. Il montre que celle-ci se signale par la modération et l’autonomie, aux antipodes d’un pseudo-modèle révolutionnaire, dans lequel ces cités ne se reconnaissent pas, même si elles se posent comme d’authentiques républiques catholiques.
516Philippe Hamon, « Chronique d’une mort annoncée. Le destin de Jean Meneust et la Ligue en Haute-Bretagne (août 1589) »
Le sénéchal de Fougères, Jean Meneust, est condamné à mort par le parlement de Rennes, en août 1589, pour avoir annoncé une nouvelle jugée fausse : la mort du roi Henri III. Ce dossier spécifique constitue un outil exceptionnel pour comprendre les modalités de la rupture ligueuse en Bretagne. Il montre, en particulier, l’impossibilité croissante d’un non-engagement, mais aussi les limites des succès – réels – des ligueurs, dans une province trop vite réputée acquise à leur cause.
Mark Greengrass, « Rumeur et bien public dans les Ligues provinciales. L’exemple de Laon »
Nous observons les réseaux latéraux de communication entre les villes ligueuses dans le contexte de la rhétorique urbaine. La rumeur et la désinformation fracturent les solidarités urbaines et servent à les transformer en angoisses corporatistes. Le cas de Laon nous permet de comprendre la manipulation de l’information pendant la Ligue, et la raison pour laquelle, présentant le paradoxe de l’apparence d’un mouvement national, celle-ci rassemble, en fait, une série de phénomènes locaux.
Marco Penzi, « La Ligue et la papauté, dans l’expérience de Filippo Sega, légat en France »
Filippo Sega, évêque de Plaisance, séjourne continuellement en France entre 1590 et 1594. Arrivé à Paris avec la légation Caetani, il y reste après le départ de ce dernier et, à partir de 1592, en tant que légat. De ce fait, il est le seul représentant de la papauté à vivre la parabole de la Ligue. Ses lettres et sa connaissance des affaires de la Ligue donnent un aperçu important de l’activité du parti, de l’action de ses chefs et des raisons et divisions qui ont conduit à l’échec du mouvement.
Stéphane Gal, « Entre union et désunions. La Savoie et les ligues provinciales ou les ambiguïtés d’une collaboration avec Charles-Emmanuel Ier »
À la faveur des troubles de la Ligue, le duc de Savoie mena une active politique en direction de la France. Celle-ci, faite de pressions et de pénétrations, 517de soutien et de fragmentation, fut moins brouillonne que ce qu’en a généralement retenu l’historiographie. Son étude prouve au contraire sa cohérence et sa complexité, qui multiplia les modes d’action tout en s’appuyant sur les faiblesses internes des ligueurs, donnant au prince, directement impliqué, d’exercer ses plus hautes vertus politiques.
Fabrice Micallef, « Les processus politiques de l’intervention savoyarde en Provence. Prise de décision et entrée en communication (1589-1590) »
Les relations entre les ligues catholiques et leurs alliés étrangers posent la question de l’internationalisation des guerres de Religion, et de l’impact de cette internationalisation sur les pratiques politiques. Ce travail étudie donc les processus de négociation et de prise de décision qui conduisirent à l’intervention du duc Charles-Emmanuel de Savoie en Provence en 1589-1590, par une approche comparative entre les assemblées provençales et la sphère politique savoyarde.
Serge Brunet, « La Ligue campanère (Pyrénées centrales) et la fin des Ligues hispanophiles de Guyenne et de Languedoc (1585-1596) »
La Ligue campanère, armée de rustres des frontières, est redécouverte grâce aux archives espagnoles, révélant l’histoire oubliée de la Sainte Union en Guyenne et Haut-Languedoc. Très dangereuse pour Henri IV, surtout en 1593, son hispanophilie précoce étonne. L’attente répétée de l’armée d’Aragon par les Pyrénées, terrible non-événement, n’en conditionne pas moins le jeu des acteurs, dont le soulèvement des humbles, instrumentalisés, qui tarderont à reconnaître le Béarnais sur le trône de France.
José Javier Ruiz Ibáñez, « La monarchie espagnole et les Ligues »
L’implication de la monarchie espagnole dans la Ligue se place dans le contexte d’une politique confessionnelle très agressive. Elle s’exerce au niveau national, régional et local, contribuant grandement au processus centrifuge qui affaiblit le parti avant de provoquer sa désintégration. La compréhension de ces dynamiques, et de ses effets, nécessite de prendre en compte les logiques d’intervention, les moyens mobilisés, autant que les espoirs et les frustrations des alliés du Roi Catholique.
518Thierry Amalou, « Le bannissement d’un chef ligueur. Gilbert Génébrard, archevêque d’Aix, devant le parlement de Provence »
Le procès de Gilbert Génébrard vise l’un des chefs jusqu’au-boutiste de la Ligue. Il répond à la nécessité politique de neutraliser une forme de zèle catholique qui s’appuie sur un réseau relationnel connecté à la dorsale catholique (de la cour de Sixte Quint à celle de Philippe II), un imaginaire de guerre sainte, un idéal théocratique et un droit de résistance au tyran promus par la prédication et l’imprimé. Autant d’éléments qui nuisent à la réduction en l’obéissance du royaume par Henri IV.
Elizabeth Tingle, « La Sainte Ligue et les origines de la Réforme catholique en France, à partir de l’exemple de Nantes »
Nantes permet d’examiner la Ligue en tant que catalyseur de la Réforme catholique. Si l’intensification des manifestations de la piété publique commence dès les premiers affrontements religieux, elle s’accentue après 1589. La fusion de la religion avec la politique remet de l’ordre dans une société politique voulue en harmonie avec les intentions divines. L’effort se poursuit après la paix de religion, démontrant que les fondements de la Contre-Réforme sont bien établis durant la Ligue.
Ariane Boltanski, « La haute noblesse catholique et la Ligue. Actions religieuses, fondations pieuses et engagements partisans »
Cet article présente les rapports entre les choix de familles de la haute noblesse en matière de fondations pieuses (en faveur d’ordres militants de la Réforme catholique : jésuites, capucins, récollets, minimes, carmélites) et leurs engagements partisans durant la Ligue. Ils manifestent des pratiques divergentes entre ligueurs et royaux. Même si les lignes de fracture sont loin d’être simples et univoques, elles portent, au-delà du politique, sur les modalités mêmes de l’action pastorale et évangélisatrice.
Serge Brunet, « Une religiosité influencée par l’Espagne chez les ligueurs puis dévots ? Position du problème »
De la Ligue à la paix des Pyrénées, le Roi Très Chrétien est en guerre couverte ou ouverte avec le Roi Catholique. La France n’en subit pas moins 519l’influence de la Réforme catholique espagnole, mais cachée voire entravée. Les Gascons, culturellement « espagnolisés », constituent une interface, d’autant plus que les ligueurs y jouissent d’un pardon oublieux. Nous proposons alors des pistes de recherches pour estimer ce que l’extension de la Contre-Réforme pourrait révéler d’hispanique.
- Thème CLIL : 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
- ISBN : 978-2-406-06413-8
- EAN : 9782406064138
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06413-8.p.0515
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 02/01/2017
- Langue : Français