![La Coquette. Naissance et fortune d’un type sociolittéraire (XVIIe-XVIIIe siècles) - Introduction à la cinquième partie](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/LszMS01b.png)
Introduction à la cinquième partie
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : La Coquette. Naissance et fortune d’un type sociolittéraire (xviie-xviiie siècles)
- Pages : 635 à 636
- Collection : L'Europe des Lumières, n° 90
Introduction
à la cinquième partie
Le type de la coquette connaît donc une fortune indéniable au xviiie siècle tant à la ville qu’à la scène, tant au théâtre que dans le roman et dans la littérature d’idées comme nous allons le voir dans cette dernière partie où traités moraux, philosophiques et pédagogiques appuieront notre enquête. La coquette a trouvé son plus bel écrin dans l’œuvre de Marivaux qui, plus que tout autre auteur, a restitué l’inquiétude du personnage. Ses réflexions sur la coquette et sur la coquetterie trouvent écho dans les analyses de ses contemporains qu’il s’agisse de mesdames de Lambert, d’Épinay et de Genlis mais aussi de Montesquieu, Helvétius, Kant, d’Holbach, Rousseau, Thomas.
Au cours de cette étude polygénérique sur la coquette des questions récurrentes ont été soulevées et cette dernière partie s’attachera à approfondir le questionnement sur la coquetterie et non plus seulement sur le type de la coquette. Les problématiques soulevées au cours des quatre parties précédentes que nous nous proposons de traiter sont d’ordre psychologique, sociologique, idéologique, économique et même politique. Nous nous interrogerons sur l’innéisme et la naturalité de la coquetterie, sur son essentialisme et sur son essence. Nous verrons ainsi qu’elle est confortée par l’éducation des filles et par les schèmes socio-culturels. Nous nous demanderons ensuite si la coquetterie comme norme et genre du féminin ne serait pas le produit d’un regard masculin (male gaze). Nous verrons que la coquetterie n’est pas une exclusivité féminine et qu’elle partagée par les petits-maîtres qui ont tôt fait d’être la cible de critiques, épinglant leur effémination. Enfin nous questionnerons les raisons socio-économiques qui ont favorisé le succès du type de la coquette au xviiie siècle. En effet, le contexte économique ainsi que l’exemple d’égéries illustres, telles la Marquise de Pompadour, Jeanne du Barry et la « reine des coquettes », Marie-Antoinette, ont certainement 636contribué à la fortune du type de la coquette qui s’exporta dans l’Europe des Lumières, notamment dans les délicieuses comédies de Goldoni. La Révolution française et sa bascule idéologique et politique mirent un frein au rayonnement du type avant son regain au début du xixe siècle chez Balzac.