Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Jules Siegfried (1837-1922). Négociant international, républicain libéral, réformateur social
- Pages: 501 to 508
- Collection: Encounters, n° 615
- Series: History, n° 12
RÉSUMÉS
Carole Christen, « Introduction. Les vies de Jules Siegfried : éclairage sur un “moment républicain” de la société française et ouverture transnationale »
Le parcours de Jules Siegfried du Second Empire aux premières décennies de la IIIe République est au croisement de plusieurs champs historiographiques et le corpus de sources pour le reconstituer sont nombreuses – ego-documents comme son journal intime, archives publiques, imprimées, etc. Les regards interdisciplinaires portés sur cette personnalité et sa famille, en particulier son épouse Julie Puaux, permettent d’appréhender le réformisme social et son expression politique.
Carole Christen, « Les voyages de jeunesse de Jules et Jacques Siegfried (années 1860) »
Les « impressions et souvenirs » de voyages consignés par Jules Siegfried dans son journal et l’ouvrage publié en 1869 par Jacques Siegfried, Seize mois autour du monde, 1867-1869, ainsi que sa collection photographique, permettent de saisir leurs pratiques du voyage dans les années 1860. Le voyage éducatif et le voyage d’agréments sont inextricablement liés au voyage d’affaires. Ces voyages de jeunesse ont joué un rôle essentiel dans le parcours et l’œuvre des frères Siegfried.
Jean-François Klein, « Faire face, s’ouvrir au monde et faire fortune. La stratégie indienne de Jules Siegfried (1862-1865) »
De 1861 à 1865, la Guerre de Sécession ravage le principal producteur du « roi-coton », provoquant une réduction drastique de ses exportations jusqu’à menacer les fabriques européennes. Jules Siegfried, qui venait au Havre importer du coton américain pour approvisionner les industries mulhousiennes, fait le pari du marché anglo-indien. Après prospection il importe massivement du coton du British Raj. Un coup de poker qui établit sa fortune et sa réputation politique dans la Cité Océane.
502Claude Malon, « Le réseau Siegfried, entre affaires de place et monde ultramarin (1870-1920) »
Jules Siegfried, grand négociant cotonnier, est emblématique de la puissance havraise dans l’économie maritime des années 1870-1920. En termes de réseaux d’affaires, l’influence des frères Siegfried est encore plus significative. Contrairement à ce qu’il laissait parfois entendre, Siegfried est demeuré présent dans les affaires négociantes, industrielles et bancaires. Il fut un grand prosélyte de l’aventure coloniale, du système concessionnaire en Afrique, et l’inventeur du concept de « La plus grande France ».
Lucie Prohin, « Jules Siegfried aux expositions. Un acteur au cœur des circulations transnationales dans le domaine de l’habitat ouvrier »
Des années 1870 à l’aube de la Grande Guerre, Jules Siegfried s’est investi dans près d’une dizaine d’expositions universelles, en tant qu’exposant, organisateur, ou encore congressiste. Tout en éclairant l’évolution du rôle qu’il a joué dans le cadre de ces événements, cette contribution se propose de resituer son action dans le contexte plus large des échanges transnationaux qui marquent le domaine de l’habitat ouvrier à cette époque – et pour lesquels les expositions constituent un vecteur privilégié.
Christian Chevandier, « “Augmenter les garanties d’ordre, de moralité, de modération politique et sociale”. Jules Siegfried et la loi de 1894 sur les habitations à bon marché »
Hors de Mulhouse et du Havre, Jules Siegfried est passé à la postérité pour la loi de 1894 « relative aux habitations à bon marché » et semble un des promoteurs de ce que l’on nomme le logement social. Or, cette loi voulait surtout encourager la propriété foncière individuelle. Néanmoins, sa mise en perspective avec les écrits et réalisations de Jules Siegfried en ce domaine montre que, sur le moment et in fine, son intérêt pour le logement des milieux populaires relevait de la réforme sociale.
Matthieu de Oliveira, « Les frères Siegfried et les institutions du commerce »
Le nom de Jules Siegfried renvoie à ses activités de négociant, maire et député, temps forts de sa carrière. Cette présentation commode occulte pourtant 503l’engagement de ses frères, complémentaire du sien. Jules, Jacques et Ernest œuvrent au sein des institutions économiques (Société industrielle, Chambre de commerce) et bancaires (Banque de France, Comptoir national d’Escompte, Crédit foncier colonial) et Jules, parlementaire puis ministre, demeure attentif aux enjeux sociaux de la République « sociale ».
Éric Saunier, « “Les Frères ne me reconnaissent plus comme tel !” Jules Siegfried et la franc-maçonnerie havraise »
Si l’exploitation des sources maçonniques montre qu’il ne fut pas initié à la franc-maçonnerie, Jules Siegfried entretint cependant avec les francs-maçons du Havre des relations étroites, qui évoluèrent au fil du temps. Regardé par ces derniers comme « maçon sans tablier » au moment de la création du cercle Franklin en 1875, Jules Siegfried devint à leurs yeux, en 1894, en raison de leurs liens croissants avec les radicaux, un homme politique qui était hostile à la franc-maçonnerie.
John Barzman, « Jules Siegfried et Jules Durand »
La relation de Jules Siegfried aux ouvriers s’est durcie au fil années. De 1910 à 1922, interpellé par l’affaire Durand, sorte de nouvelle affaire Dreyfus dirigée cette fois contre un dirigeant ouvrier syndicaliste révolutionnaire, il a cherché à concilier son attachement à la justice et son hostilité à la lutte des classes. Malgré la « loi Siegfried » déposée en 1914, l’alternance de ses silences, prises de positions ambigües et réprobations claires de l’injustice, illustre cette difficulté.
Nicolas Stoskopf, « Les racines mulhousiennes de l’action sociale de Jules Siegfried »
Jules Siegfried prend à Mulhouse deux initiatives, la création d’un cercle ouvrier et d’une école de commerce. Sa démarche est conforme à une méthode mulhousienne : au départ, le constat d’un dysfonctionnement, la conviction d’un devoir moral et une approche rationnelle ; les solutions s’appuient sur l’enquête, des références étrangères, l’action collective à l’échelle de la cité, l’expérimentation et l’évaluation ; l’objectif de moralisation passe ici par la prévention, l’éducation et l’émancipation.
504Yannick Marec, « Jules Siegfried et la lutte contre la misère au tournant des xixe et xxe siècles »
Jules Siegfried se préoccupe très tôt des questions sociales. En témoigne particulièrement son ouvrage de 1877 : Quelques mots sur la Misère, son histoire, ses causes, ses remèdes. Plusieurs de ses orientations futures y transparaissent, en particulier son intérêt pour l’habitat social et les questions d’hygiène ainsi que son souci de combattre la misère aussi bien au niveau local que dans une perspective nationale. Il a cependant évolué dans sa manière d’envisager la résolution de la question sociale.
Antoine Savoye, « Jules Siegfried au sein du microcosme des réformateurs sociaux. Une figure originale »
Simultanément à son activité de négociant international et d’homme politique, Jules Siegfried a été un réformateur social, engagé dans des changements pratiques. Cette contribution brosse un tableau d’ensemble de son action réformatrice et met en lumière ses lignes de force : l’habitat, l’hygiène publique et l’éducation. Elle dégage la logique d’action qui lui est propre, comparée à celles de trois de ses confrères en réformisme : Charles Robert, Émile Cheysson et Georges Picot.
Michel Dreyfus, « Jules Siegfried, président du Musée social »
Un des fondateurs du Musée social en 1894, Jules Siegfried est son premier président jusqu’à sa mort en 1922. Jusqu’à la Grande Guerre, le Musée social est « l’antichambre de la Chambre », le lieu où sont élaborées des lois sociales importantes. Jules Siegfried associe le Musée social aux composantes de la coopération – agricole, de consommation et de production – ainsi qu’à la mutualité : tous ces mouvements se développent alors rapidement.
Pierre Allorant et Walter Badier, « Georges Picot, compagnon de route du réformateur social Jules Siegfried »
Cette contribution s’attache à souligner les points de convergence des deux réformateurs sociaux que sont Jules Siegfried et Georges Picot : leurs références idéologiques et intellectuelles forgées au sein des cercles où s’élaborent les réformes sociales des débuts de la Troisième république, leurs engagements associatifs, philanthropiques et politiques communs au sein de la « nébuleuse réformatrice ».
505Victoria Afanasyeva et Didier Nourrisson, « Les Siegfried combattent le “dragon Alcool” »
La famille Siegfried a adhéré au mouvement antialcoolique français dès que celui-ci s’est formé en France à la fin du xixe siècle. Après une réflexion sur le Havre et sur son statut de ville où l’on buvait le plus, cette contribution passe en revue les démarches de Jules Siegfried au niveau municipal, ainsi que l’activité prolifique du Comité antialcoolique des dames du Havre. Elle se termine par l’analyse du concours de Jules et Julie Siegfried à la lutte antialcoolique au niveau national.
Marie Gaimard, « Un levier à la réforme sociale ? Jules Siegfried et l’architecture »
L’article tend à considérer l’action de Jules Siegfried et son influence dans le champ de l’architecture et la fabrication de la ville, plus particulièrement dans le logement social et l’hygiène urbaine. Dès le début de sa carrière politique, Jules Siegfried entend l’architecture comme un outil puissant et concret pour la transformation du cadre de vie. Ses actions trouvent d’ailleurs un fort retentissement parmi les architectes soucieux de répondre aux enjeux de la ville moderne.
Marianne Thivend, « L’école professionnelle de filles au Havre, témoin des engagements éducatifs et féministes de Jules Siegfried (1871-1900) »
Le 12 septembre 1880 au Havre, une École d’apprentissage de filles est inaugurée par Jules Siegfried, maire de la ville depuis 1878. Si l’école incarne bien ce que fut le mouvement d’institutionnalisation de l’enseignement technique lors du dernier tiers du xixe siècle, elle témoigne aussi de l’engagement de Jules Siegfried en faveur de l’enseignement professionnel des filles, à un moment où la question du travail des femmes est débattue et que se développent des cours et des écoles visant à les y préparer.
Stéphane Lembré, « Un havre ouvert au monde ? Jacques et Jules Siegfried, observateurs et passeurs de l’enseignement technique (années 1860-1910) »
Le Havre devient au cours de la IIIe République un foyer d’enseignement technique dynamique. L’engagement de Jacques et Jules Siegfried en faveur 506des écoles supérieures de commerce, des écoles professionnelles ou d’une loi sur l’enseignement technique, est guidé par une ambition de réforme sociale conjuguée à une expérience d’industriels et de négociants. Leur capacité à lier réalisations locales, débats nationaux et références internationales est au fondement de l’« offre locale » de formation.
François Mathou, « “La moralisation par la distraction”. Jules Siegfried et le Cercle Franklin du Havre »
En 1876, Jules Siegfried crée le Cercle Franklin, un centre d’instruction et de récréation pour les ouvriers havrais. Très innovant dans sa conception, l’établissement suscite un bref engouement de la population locale et de la presse républicaine mais se heurte rapidement au désintérêt des ouvriers en raison de sa programmation inadaptée et de son orientation paternaliste. Dès 1893, il disparaît. Un échec qui révèle les limites de l’approche de la question sociale par Jules Siegfried.
Clémence Poivet-Ducroix, « Le musée des Beaux-Arts du Havre et Jules Siegfried. Chambre d’écho de l’exercice politique »
L’étude des inventaires et des archives du musée des Beaux-Arts du Havre sous les différents mandats électoraux de Jules Siegfried comme maire adjoint délégué à l’instruction publique, puis maire et député du Havre permet d’éclairer la manière dont cet homme, peu sensible à l’art, s’est impliqué dans la gestion de ce musée municipal. Le développement du musée et de ses collections devient à la fois le vecteur d’une politique d’éducation populaire comme le reflet de ses idées, valeurs et priorités politiques.
Claire Saunier-Le Foll, « Julie Puaux-Siegfried, itinéraires d’une femme politique »
Si les observateurs ont mis en avant l’entente au sein du couple Siegfried, il faut souligner la dissymétrie de leurs carrières : la période havraise de Julie n’est marquée que par des affiliations associatives de pure forme. Ce sont ses fonctions au sein du mouvement féministe national qui l’amènent ensuite à se constituer au Havre un fief politique, puis pendant la guerre, un laboratoire de la solidarité féminine internationale, marquant ainsi, par un itinéraire très personnel, une carrière originale.
507Delphine Diaz, « Réunir les familles dispersées. Julie Puaux-Siegfried et la question des enfants réfugiés »
Le Conseil national des femmes françaises, présidé par Julie Puaux-Siegfried, mène à partir de l’hiver 1914 des recherches de civils : l’« Office de renseignement des familles dispersées » recueille des informations sur les enfants séparés de leurs parents en raison du conflit et de l’exode. L’Office devient l’un des rouages essentiels qui permet aux familles de se reconstituer. Julie Puaux-Siegfried joue un rôle décisif dans la prise en considération des enfants réfugiés en temps de guerre.
Christian Topalov, « Affaires de famille. Les Siegfried et les Puaux dans les réseaux réformateurs »
Cette contribution étudie la place de Jules Siegfried, de Julie Puaux son épouse et de leurs fratries respectives dans les réseaux réformateurs de leur temps. La base de données Reform-Paris, qui enregistre les personnes affiliées à 132 institutions, fournit une vision globale du monde réformateur parisien et permet de comparer les affiliations de Jules Siegfried à celles d’autres personnalités majeures, mais aussi celles des femmes et des hommes au sein des parentèles Siegfried-Puaux.
Steve Deboos, « Jules et Julie Siegfried au regard de leurs successions »
Les successions des Siegfried montrent la transition dans la carrière de Jules, d’une vie essentiellement consacrée aux affaires à un mode de vie où les activités politiques et la philanthropie tiennent une place importante en lien avec ses profondes convictions protestantes et républicaines. L’article souhaite aussi éclairer ce milieu familial de grands bourgeois à travers les questions de transmission du patrimoine et des postes de pouvoir dans les entreprises.
Pierre Ardaillou, « Le Havre, le pays de Caux et Jules Siegfried dans les Tableaux d’André. Entre absence et présence »
André Siegfried a tenté en vain, en 1906 et 1910, d’être élu député de la 2e circonscription du Havre. Son échec à placer ses pas dans ceux de son père, élu de la circonscription voisine, fit qu’il n’y eut pas de dynastie politique des 508Siegfried. Si André a fait le choix de ne pas parler du Havre dans son célèbre Tableau politique de la France de l’Ouest de 1913, sa douloureuse expérience électorale y est présente, tout comme dans d’autres écrits, et n’est pas sans influence sur ses analyses.
- CLIL theme: 3378 -- HISTOIRE -- Histoire générale et thématique
- ISBN: 978-2-406-16502-6
- EAN: 9782406165026
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-16502-6.p.0501
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-03-2024
- Language: French