Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Histoires, femmes, pouvoirs Péninsule Ibérique (ixe-xve siècle). Mélanges offerts au Professeur Georges Martin
- Pages: 851 to 863
- Collection: Encounters, n° 368
Résumés
Jean-Pierre Jardin, Patricia Rochwert-Zuili et Hélène Thieulin-Pardo, « Avant-propos »
Rares sont ceux qui, animés d’une générosité désintéressée et d’une passion sans faille, créent une véritable « école » et marquent de leur empreinte la carrière et la vie de disciples mus par l’exigence qui leur a été transmise et par la profonde amitié qui les lie. Tel est le cadeau que Georges Martin a offert aux auteurs de cet ouvrage qui tiennent à le remercier chaleureusement en lui rendant hommage à travers ce livre qui voit (enfin !) le jour.
Corinne Mencé-Caster, « Georges Martin, linguiste »
Il est question d’aborder les travaux de Georges Martin sous l’angle de sa contribution à la recherche en linguistique médiévale hispanique. L’article montre que, sans se revendiquer d’aucune école linguistique particulière, Georges Martin a pourtant mis en œuvre, dans l’approche sémiologique qu’il a développée, une « méthodologie » d’analyse qui, par ses orientations lexico-sémantiques, et par son attention permanente au signifiant et aux réseaux de construction du sens, relève d’une démarche de linguiste.
Georges Martin, linguistique médiévale hispanique, sémiologie
Bernard Darbord, « Le pouvoir et la sagesse. Réflexions sur la morale de la fable médiévale »
La présente étude a pour but de délimiter le genre de la fable, de réfléchir sur sa typologie et sur son fondement philosophique, en reprenant essentiellement les travaux de Francisco Rodríguez Adrados et de Gert-Jan Van Dick. Le corpus de la fable est constitué de thèmes essentiellement cyniques qui enseignent une morale faite de simplicité, de modestie et d’humilité. L’article propose dans cette optique cinq grands axes thématiques adaptés à l’ensemble du corpus.
Fable étiologique, fable agonale, Ésope, Libro de los gatos
852Francisco Bautista, « Sobre los primeros textos historiográficos en Hispania después de 711. Las Adnotationes a los Chronica Byzantia-Arabica y su influencia »
Cet article est consacré à l’édition et l’étude d’un texte jusqu’alors inédit, les Adnotationes de la Chronica Byzantia-Arabica, des marginalia dont l’influence sur l’historiographie asturienne (Chronique d’Alphonse III), d’une part, et sur la Chronique mozarabe, d’autre part, est mise en évidence pour la première fois.
Historioriographie, Adnotationes, Chronica Byzantia-Arabica, Crónica de Alfonso III, Crónica mozárabe
Juan A. Estévez Sola, « De nuevo sobre la Continuatio, Sampiro y la pseudo-Silensis »
Une étude systématique de critique textuelle, centrée sur le lexique et la syntaxe du latin utilisé dans les textes, permet à l’auteur de cet article de distinguer les rapports complexes qui unissent la Continuatio de la Chronique d’Alphonse III, la Chronique de Sampiro et la pseudo-Historia Silensis.
Continuatio, Crónica de Alfonso III, Crónica de Sampiro, pseudo-Historia Silensis
Gaël Le Morvan-de Villeneuve, « La Chronica regum Castellae de Jean d’Osma. Permanence du mythe néo-wisigothique à l’heure de l’union castillano-léonaise »
Dans sa chronique, Jean d’Osma renonce à relater les origines wisigothiques de la royauté castillane et semble abandonner l’emploi du mythe néo-wisigothique, source de légitimation des royautés péninsulaires. Néanmoins, il insère deux références aux Wisigoths, l’une, anachronique, et l’autre, apparemment historique, qui contredisent l’idée d’une absence totale de néo-wisigothisme dans le texte et démontrent que l’utilisation du mythe est au service d’une figure royale puissante et restauratrice de la chrétienté.
Jean d’Osma, Chronica regum Castellae, mythe néo-wisigothique, Ferdinand III
Alberto Montaner, « Consideraciones sobre la épica de frontera »
Face à la considération selon laquelle la poésie épique de frontière correspondrait à toute manifestation épique du choc entre des peuples et des cultures, on propose, à partir de poèmes réellement composés dans des zones frontalières, 853de restreindre sa définition à des œuvres remplissant deux conditions : sur le plan de l’expression, la neutralisation de la polarité interne/externe (en privilégiant la description des conflits intérieurs), et sur le plan du contenu, l’expression de l’« esprit de frontière », notamment en ce qui concerne la prise en compte non exclusive de l’autre transfrontalier.
Poésie épique, frontière, Cantar de mio Cid, Mocedades de Rodrigo, Couronnement de Louis, Prise d’Orange, Diyenís Akritis
Aengus Ward, « El buen gobierno en la Estoria de Espanna. El ejemplo de la historia romana »
Ce travail propose une étude de l’Histoire d’Espagne à la lumière de ses contextes internes et externes, afin de vérifier si l’œuvre est cohérente ou non d’un point de vue textuel et politique. À travers l’analyse de la seule section complète du texte conservée dans un manuscrit alphonsin – l’histoire romaine –, et l’examen du rôle de l’exercice du pouvoir et des caractéristiques des gouvernants, on démontre que par leur habileté discursive, les compilateurs alphonsins ont composé une histoire parfaitement cohérente.
Historiographie, Alphonse X, Estoria de Espanna, histoire romaine, pouvoir
Patricia Rochwert-Zuili, « La chronique de Jofré de Loaysa et le molinismo »
Cette étude montre que la chronique de Loaysa ne fut sans doute pas conçue comme une œuvre de propagande « molinienne », même si elle en a certaines des caractéristiques. Ni l’affirmation d’une parfaite continuité du pouvoir, ni la valorisation des actes exemplaires de la chevalerie ne semblent être au centre du récit. Il s’agit bien plutôt, pour Loaysa, de souligner la fidélité de certains sujets, telle que celle des membres de son lignage, et de célébrer le soutien que les archevêques de Tolède apportèrent à la royauté.
Jofré de Loaysa, molinismo, Chronique des rois de Castille, Gonzalo García Gudiel, Gonzalo Díaz Palomeque, Marie de Molina, Ferdinand IV
Julio Escalona, « ¿Un “cartulario milagroso”? Cronología y proyecto en los Miraculos Romançados de Santo Domingo de Silos »
Ce travail revient sur les Miraculos Romaçados, composés essentiellement de récits de libération de captifs de Maures. On y analyse la diachronie de l’œuvre (en particulier ses erreurs de datation) ainsi que les procédés 854d’homogénéisation du récit. Dans les années 1290, des matériaux d’origines diverses y furent réordonnés. L’ordonnancement chronologique de MR et le souci extrême (quasi notarial) du détail laissent ainsi penser qu’il s’agissait d’un dossier destiné à être présenté à Rome, dans le but d’obtenir plusieurs bulles qui furent accordées à Silos en 1297 en reconnaissance des miracles de Santo Domingo.
Miraculos Romançados, Santo Domingo de Silos, miracles, cartulaire, chronologie textuelle
Inés Fernández-Ordóñez, « Actores y autores en la historiografía regia de la Baja Edad Media ibérica. 1200-1450 »
Dans cet article, on classe les informations fournies par les textes historiographiques composés dans l’entourage des cours royales médiévales de la péninsule Ibérique afin de les ordonner dans une taxonomie et d’en tirer des conclusions sur l’identité de celui qui ordonne la composition de l’œuvre (l’actor), celui qui l’écrit (l’autor) et la façon dont l’écriture est autorisée. L’analyse montre que le modèle prédominant est le texte d’inspiration alphonsine. Quand l’actor s’exprime, il s’agit la plupart du temps du roi, et les historiens connus sont généralement des hommes qui sont à son service.
Historiographie, bas Moyen-Âge, actor, autor, chroniques royales
Manuel González Jiménez, « Los otros andaluces. Los moros que no se quisieron ir »
Cette étude est consacrée à l’histoire des mudéjares des anciens royaumes de Jaén, Cordoue et Séville, marquée par le soulèvement de 1264 ; à un « âge d’or » succède une période de crise et de relatif déclin de la population, jusqu’au décret de 1502. On remarque cependant l’absence de toute violence sociale, une situation en contraste avec celle des judéoconvers de la même époque.
Mudéjares, Jaén, Cordoue, Séville, histoire
María del Pilar Rábade Obradó, « Sangre entre los folios. La muerte en El Victorial »
Cette étude entend analyser la représentation de la mort dans le Victorial, chronique chevaleresque destinée à relater la vie et les exploits de Pero Niño, comte de Buelna, contemporain d’Henri III et de Jean II de Castille. Comme 855dans toute biographie de guerrier, la mort violente, en particulier au cours des actions militaires, est celle qui reçoit le traitement le plus développé, et ce, selon l’optique de l’idéologie chevaleresque.
El Victorial, Pero Niño, Gutierre Díaz de Games, mort, biographie chevaleresque
Carlos M. Reglero de la Fuente, « Estructura y proceso de elaboración de la Primera Crónica Anónima de Sahagún »
La structure complexe de la Première chronique de Sahagún est le fruit d’un long processus de création, dont les débuts peuvent être situés dans la première moitié du xiie siècle, époque où se déroulent les faits rapportés, et dont l’apogée date du xve siècle, lorsqu’est rédigé en castillan le manuscrit le plus ancien actuellement conservé. Entre ces deux moments, les différentes parties du texte furent assemblées et divers fragments hagiographiques furent ajoutés. L’utilisation de ces éléments comme sources implique l’absence d’une chronologique linéaire et la présence d’interpolations dans le récit.
Primera Crónica Anónima de Sahagún, Sahagún, moine
Jean-Pierre Jardin, « Les deux juges de Castille étaient trois. Variantes textuelles et variation du sens dans les textes historiographiques. L’exemple de la Suma del Despensero »
L’article s’attache à l’étude de variantes textuelles de la tradition manuscrite de la Suma de reyes dite du grand dépensier souvent jugées aberrantes, issues pourtant du travail silencieux des copistes, quand elles ne sont pas le fruit de la révision du texte par son premier éditeur scientifique. Parmi ces variantes se trouve l’apparente contradiction entre l’annonce (traditionnelle) de l’élection de deux Juges de Castille et la liste de trois noms qui la suit dans deux manuscrits.
Juges de Castille, Laín Calvo, Nuño Rasura, Suma de reyes, Suma del Despensero, variantes textuelles, tradition manuscrite
Marie-Claire Zimmermann, « Pérégrinations et intimité dans l’œuvre poétique d’Ausiàs March (1400-1459) »
Après avoir dressé un panorama des recherches consacrées à Ausiàs March, cette étude propose de nouvelles voies pour l’identification d’une poétique marquienne. Elle examine les manifestations du locuteur dans l’œuvre du 856poète, notamment à travers l’omniprésence corporelle d’un moi implorant Dieu, un moi mouvement qui exprime sa souffrance amoureuse et ses peurs par des images reflétant sa vie intérieure tourmentée, un moi en quête d’un improbable ailleurs et se situant dans un « non-temps » autodestructeur.
Ausiàs March, voix poématique, poétique, corps, intériorité, temporalité
Charles Garcia, « Aurovellito, une femme rebelle de la Tierra de Campos au xie siècle »
Quoiqu’elles n’occupent pas la première place politique et sociale, il est un fait que les femmes sont relativement présentes dans les documents léonais du xie siècle, comme Fronilde Ovéquiz. Sur son mariage, son itinéraire ressemble plus à celui d’un homme qu’à celui d’une femme. Sur le plan juridique, elle participa à de nombreuses opérations de transfert de biens et, donc, à l’activité de la cellule conjugale, ce qui n’est pas anodin pour une femme dans la « mâle » société médiévale.
Femmes, Fronilde Ovéquiz, Aurovellito, Sahagún, pouvoir, autorité seigneuriale
Irene Salvo García, « Mujeres sabias en la historiografía alfonsí. La infanta Medea »
Les femmes savantes païennes sont les protagonistes de nombreux chapitres de la Générale estoire, parmi lesquelles on peut citer les reines et déesses, comme Sémiramis, Niobe et Junon, ou les magiciennes et sorcières, comme Diane, Circée ou Médée. Cette dernière est l’une des figures féminines les plus présentes dans l’œuvre ; elle y reçoit un traitement différent de celui que l’on peut lire dans les sources latines. L’analyse des chapitres consacrés à Médée permet de comprendre non seulement la conception du savoir féminin du roi Alphonse X, mais aussi de percevoir la place qu’occupent la magie et sa pratique dans la construction du récit.
Alphonse X, General estoria, femmes, Médée, magie
Hélène Thieulin-Pardo, « Une infante dans la tourmente. Sur quelques lettres de Constance, épouse de don Juan Manuel »
Cette étude s’intéresse à la correspondance de Constance (1300-1327), fille du roi d’Aragon Jacques II et épouse de l’un des hommes les plus influents du 857royaume de Castille, don Juan Manuel. Elle interroge le contenu de quelques-unes des missives que l’infante, mêlée de par sa position aux conflits qui agitèrent en Castille la minorité d’Alphonse XI et aux actions politiques et diplomatiques de son époux, adressa à son père le roi d’Aragon, en montrant ce que celui-ci dévoile de son rôle d’informatrice et de médiatrice.
Constance d’Aragon, Jacques II d’Aragon, don Juan Manuel, Juan d’Aragon archevêque de Tolède, correspondance, médiation, histoire politique
Rafael Cano Aguilar, « Sintaxis y discurso en las Memorias de Leonor López de Córdoba »
Les Mémoires de Leonor López de Córdoba, texte autobiographique du xive siècle, n’avaient jamais donné lieu à une étude linguistique. La présente étude comble ce manque en démontrant que, malgré la présence d’une introduction rédigée sur le mode du langage administratif, l’œuvre propose un récit vivant qui obéit aux canons du récit médiéval et sert les intérêts de son auteure.
Leonor López de Córdoba, Memorias, autobiographie, linguistique
José Hinojosa Montalvo, « Del lecho a la sepultura. La mujer valenciana ante la muerte en los siglos medievales »
Cette étude présente une analyse des comportements féminins face à la mort dans le royaume de Valence à la fin du Moyen Âge. Elle permet d’interroger les attitudes religieuses et rituelles, la dimension sociale et personnelle, l’amitié et les relations familiales, ainsi que les traditions et les évolutions de comportements. L’analyse des testaments démontre l’absence de différence entre les hommes et les femmes dans l’approche de la mort, comme c’est le cas dans d’autres villes de la Couronne d’Aragon.
Mort, testament, femmes, mentalités religieuses, Couronne d’Aragon
Frédéric Alchalabi, « Les femmes qui gouvernèrent sagement au temps passé. Représentations littéraires du pouvoir politique féminin dans la péninsule Ibérique au xve siècle »
Diego de Valera et Álvaro de Luna sont les auteurs du Tratado en defenssa de virtuossas mugeres et du Libro de las claras e virtuosas mugeres. Les deux écrivains proposent aux lecteurs une galerie de portraits de femmes exemplaires, afin de louer les qualités de ces dernières. Comme dans Le Livre de la cité des dames, ils 858en distinguent plusieurs qui ont su « (gouverner) sagement au temps passé » : Tamaris, Venturia et Tanaquil. Leurs portraits sont analysés, dans ce travail.
Diego de Valera, Álvaro de Luna, Tratado en defenssa de virtuossas mugeres, Libro de las claras e virtuosas mugeres, femmes exemplaires, Tamaris, Venturia, Tanaquil
Sophie Hirel, « La reine veuve et le pape. Présentation et étude des lettres de Marguerite de Prades à Benoît XIII (1412-1416) »
Marguerite de Prades fut la seconde épouse de Martin Ier l’Humain, qu’elle accompagna quelques mois avant la mort de ce dernier en mai 1410. Cette étude met au jour les lettres, encore largement inédites, que cette reine éphémère adressa au Pape Benoît XIII, appui politique majeur de Ferdinand de Trastamare avant que celui-ci ne décide la cessation d’obédience au Papa Luna. Ces lettres, rédigées entre 1412 et 1416, nous invitent à reconsidérer le rôle de la reine veuve dans le paysage politique de son époque.
Marguerite de Prades, Pape Benoît XIII, femmes, histoire politique, correspondance
Michel Zimmermann, « La royauté des comtes de Barcelone. Promotion dynastique ou mythe historiographique ? (xiie-xiiie siècles) »
L’article étudie les conséquences de l’union matrimoniale et dynastique célébrée entre le comte de Barcelone et l’héritière du dernier roi d’Aragon en 1137 sur la représentation postérieure du souverain et sur les pratiques terminologiques des textes juridiques et historiographiques des siècles suivants (xiie-xiiie siècles).
Comtes de Barcelone, Raimond-Bérenger IV, Pétronille, Alphonse II d’Aragon, pouvoir royal, souveraineté, « comte-roi », vertus royales, Gesta comitum Barcinonensium
Hugo Ó. Bizzarri – « La diatriba contra los estados en el Libro de Alexandre »
Dans les strophes 1813-1830, l’auteur anonyme du Libro de Alexandre réalise une satire de la société qui s’inscrit dans un genre littéraire développé à partir du xiie siècle, connu comme les états du monde. La critique de la société contemporaine se trouve déjà dans la source de l’œuvre, l’Alexandreis de Gautier de Châtillon, à qui l’on attribue l’un des plus anciens témoignages 859de ce genre. Dans cet article, on analyse la façon dont l’auteur réadapte la tradition et le rôle que ce passage joue dans l’ensemble du poème espagnol.
Libro de Alexandre, états du monde, diatribe, Alexandreis, Gautier de Châtillon
José Manuel Pérez-Prendes Muñoz-Arraco, « El cuaderno del jurista errante. Algunas notas sobre un antiguo texto de Derecho territorial castellano »
L’article propose une étude détaillée des méthodes de travail, des thèmes et des personnages présents dans le Libro de los fueros de Castiella, que l’auteur considère comme le carnet de notes d’un juriste anonyme et errant. De cette étude naît un panorama du monde social de l’époque plein de vivacité et de couleur.
Libro de los fueros de Castiella, droit territorial castillan, lois, Cortès, fazañas
Fernando Gómez Redondo, « El Libro del tesoro de Brunetto Latini. Recitación y recepción en el molinismo »
Le Libro del Tesoro est une œuvre essentielle à la reconstruction de la pensée littéraire castillane dans le cadre culturel du molinisme. L’article analyse le développement des arts de l’élocution, convertis en support du contenu encyclopédique distribué dans les trois parties de l’ouvrage. Ont été particulièrement valorisés les schémas de récitation, adaptés à l’actio rhétorique, ainsi que les processus de réception qui devaient s’appliquer aux matières premières narratives, tant chevaleresque que sentimentale, développés dans ce contexte lettré.
Libro del tesoro, Brunetto Latini, molinismo, poétique
Carlos Heusch, « La construction de la “naturalité” dans les Parties d’Alphonse X »
Cet article analyse, à la suite de Georges Martin, les concepts de natura et naturaleza dans la terminologie médiévale pour conclure que l’emploi dans les textes alphonsins du concept de naturalité est l’un des apports fondamentaux de la terminologie politique alphonsine. Alors qu’au même moment le nouveau Droit européen cherche à se fonder sur la nature, Alphonse X forge un concept, la naturalité, qui s’en inspire mais qui devient le support majeur du système de dépendances politiques qu’un texte comme les Parties entend mettre en place.
Alphonse X, Sept Parties, naturalité, terminologie politique, droit, dépendance politique
860Jesús Rodríguez Velasco, « Manuscrits revenants »
Dans cet article, l’auteur développe la thèse selon laquelle les textes de lois qui se transmettent matériellement au cours du temps s’apparentent à des « fantômes » qui reviennent, tels les modèles d’une structure juridique passée, pour conditionner le présent et le futur. Il s’intéresse, notamment, à la métaphore alphonsine de la « voix morte » et montre, par ailleurs, comment la poétique et l’esthétique du droit sont des facteurs déterminants dans la transmission et la diffusion des textes.
Alphonse X, textes de lois, poétique, esthétique
María Fernanda Nussbaum, « Los informantes en la Partida II y en los espejos de príncipes del siglo XIII »
Des recherches récentes ont mis en évidence le réseau d’informateurs, la circulation de nouvelles et les protagonistes clandestins qui tiraient les ficelles de la politique médiévale. Le présent travail se centre sur l’analyse du genre des miroirs du prince à travers quelques textes (Calila e Dimna, Libro de los Cien capítulos, Libro de los doze sabios, Secreto de los secretos, Poridat de las poridades et Partidas d’Alphonse X) qui, se faisant l’écho de tous les procédés de l’espionnage médiéval, offrent un panorama éclairant.
Deuxième Partie, miroir de prince, Calila e Dimna, Libro de los Cien capítulos, Libro de los doze sabios, Secreto de los secretos, Poridat de las poridades, Siete Partidas, espions
Mélanie Jecker, « La prudentia regis et sa source averroïenne dans le De preconiis Hispaniae de Juan Gil de Zamora »
Cet article porte sur l’une des principales vertus royales que le franciscain Juan Gil de Zamora, exalte dans la deuxième partie de son traité De preconiis Hispaniae : la prudentia. L’objet de cette étude est d’élucider la nature de la prudentia regis, les rapports qui la rattachent à d’autres vertus intellectuelles également prêtées au souverain, comme la scientia ou le consilium, mais aussi d’identifier les sources philosophiques qu’utilise le Zamoran pour la définir.
Prudence, De preconiis Hispaniae, Juan Gil de Zamora, vertus, scientia, consilium, Liber Nicomachie
861Olivier Biaggini, « Du vassal rebelle au chevalier parricide. Usages et manipulations par don Juan Manuel du concept politique de naturaleza »
Ce travail examine comment le concept juridique et politique de naturaleza (naturalité), tel qu’il a été forgé par les légistes d’Alphonse X, est détourné et manipulé dans les écrits de don Juan Manuel, à la fois dans ses lettres relatives à sa « dénaturalisation » d’avec Alphonse XI, dans ses écrits théoriques (Libro del cauallero et del escudero et Libro de los estados) et, de façon plus indirecte, dans l’exemple du chevalier parricide de la cinquième partie de El conde Lucanor.
Libro del cauallero et del escudero, Libro de los estados, El conde Lucanor, don Juan Manuel, naturalité, chevalier parricide
Julie Marquer, « Traduire pour mieux régner. Inscriptions multilingues sous le règne de Pierre Ier de Castille (1350-1369) »
La coexistence de langues dans l’Alcazar de Séville construit par Pierre Ier de Castille peut être considérée comme une forme de traduction. Mais son but n’est pas de faire en sorte que tous puissent comprendre ce qui est écrit. Il s’agit avant tout d’un procédé rhétorique, d’un instrument symbolique par l’intermédiaire duquel la royauté se pose comme hégémonique.
Pierre Ier de Castille, Alcazar de Séville, pouvoir, inscriptions arabes, symboles, épigraphie
María Concepción Quintanilla Raso, « Gestión privativa y fundación de casa señorial en el ámbito del maestrazgo de Santiago. Un caso de estudio en la “Provincia de León” »
Ce travail aborde la ségrégation de quelques villes de l’ordre de Santiago par les grands maîtres eux-mêmes, ainsi convertis en seigneurs autonomes. Il se centre sur le sud de l’Estrémadure, où, entre autres cas, on étudie le processus par lequel le grand maître García Fernández, sous le règne de Jean Ier, s’est emparé de la seigneurie de Villagarcía pour son lignage, donnant naissance à une nouvelle maison seigneuriale d’Estrémadure, unie au début du xvie siècle à la maison andalouse d’Arcos, dont les titulaires étaient ducs d’Arcos, marquis de Zahara et seigneurs de la maison de Villagarcía.
Ordre de Saint-Jacques de Compostelle, seigneuries, lignage, García Fernández, maison d’Arcos, Villagarcía
862Flocel Sabaté, « Maison et Couronne d’Aragon »
Corona est un substantif qui symbolise le pouvoir royal dans l’Europe médiévale. Dans les territoires sous l’autorité du roi d’Aragon, la fragmentation juridictionnelle, la faiblesse du pouvoir royal et l’incapacité à parvenir à une cohésion territoriale commune favorisent l’emploi de « Couronne d’Aragon », au xive siècle pour indiquer la juridiction royale, au xve siècle pour se référer à l’ensemble régi par la dynastie ou maison d’Aragon, et, finalement, son maintien comme agglutinant de ces territoires.
Couronne d’Aragon, souveraineté, territoires, juridiction royale, maison royale
José Manuel Nieto Soria, « Expresiones de oralidad política a partir de la Crónica de Juan I de Castilla »
Depuis quelques années, les diverses manifestations de l’oralité prennent une importance historiographique de plus en plus marquée, l’importance de l’allocution parlée, tant informelle que solennelle, étant de mieux en mieux reconnue. À partir de l’étude de la chronique de Jean Ier de Castille, écrite par le chancelier don Pedro López de Ayala, l’article analyse quelques-unes des expressions les plus significatives de cette oralité politique dont la présence, dans ce texte, prend tout son sens en relation avec les activités du conseil royal, des cortès, des assemblées du clergé et des ambassades.
Crónica de Juan I de Castilla, oralité politique, Pedro López de Ayala, conseil royal, ambassades, Cortès
Ghislaine Fournès, « Du miroir du prince au miroir du conseiller. Les Epístolas de Diego de Valera »
Ce travail portant sur les lettres envoyées par Diego de Valera (1412-1488) aux souverains qu’il servit, questionne la spécificité de l’écriture épistolaire lorsque le scripteur s’adresse à un roi et entend délivrer, de manière implicite ou explicite, des enseignements et donc des conseils. Il s’agit d’analyser la relation qui s’établit entre les deux pôles de ces échanges in absentium pour, in fine, mieux appréhender ce que fut la fonction du conseil en cette fin du Moyen Âge castillan.
Diego de Valera, correspondance, conseils, enseignement, miroir du prince
863José María García Martín, « Ideología del Liber Iudicum transmitida a la España del XVIII mediante el Fuero Juzgo »
La RAE essaya de fixer un nouveau canon littéraire au xviiie siècle. Quel est le rôle du Fuero Juzgo dans celui-ci ? L’édition en fut avant tout l’œuvre du juriste Manuel de Lardizábal, à l’idéologie hésitante. Son prologue est centré sur trois idées basiques qui proviennent du Liber wisigoth : une nation, un roi et la conception négative du peuple juif. L’auteur n’a pas beaucoup analysé la valeur du Fuero au xiiie siècle, ni son expansion dans toute la moitié méridionale du royaume d’Alphonse X. La clé de cette édition n’est pas fondée sur des critères linguistiques ou esthétiques, mais politiques.
Fuero Juzgo, Manuel de Lardizábal, idéologie
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-08155-5
- EAN: 9782406081555
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-08155-5.p.0851
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 11-20-2018
- Language: French