[Introduction de la deuxième partie]
- Publication type: Book chapter
- Book: Henri de La Tour (1555-1623). Affirmation politique, service du roi et révolte
- Pages: 161 to 162
- Collection: Library of Renaissance History, n° 15
Les années 1574-1591 correspondent au règne d’Henri III et à l’avènement d’Henri IV. Le roi peine à affirmer son autorité sur le royaume et les conflits se multiplient et s’aggravent de la cinquième à la huitième guerre civile, opposant catholiques, protestants et Malcontents. Le croissant protestant est dans un premier temps le principal théâtre d’opérations, puis les combats se déplacent vers le nord et touchent tout le royaume au cours de la huitième guerre civile. Les batailles rangées sont peu nombreuses – on assiste surtout à des prises de villes et de châteaux – et le conflit s’internationalise, les calvinistes étant soutenus par les puissances protestantes et les catholiques par l’Espagne.
En 1574, Henri de La Tour fuit l’Île-de-France par crainte de la répression ordonnée par Charles IX après la conjuration de La Mole et Coconat. En 1591, il est un chef de guerre prestigieux et un diplomate respecté et il épouse Charlotte de La Marck, héritière de la principauté souveraine de Sedan. Entre-temps, il est devenu l’un des chefs de file du parti protestant, ce qui pose la question de sa conversion et des ressorts de son affirmation sociale et politique.
Au cours de cette période, l’action d’Henri de La Tour est mieux connue car les sources sont plus nombreuses. Les imprécisions et le caractère épisodique demeurent cependant : il se convertit en 1575, se rapproche du roi de Navarre, se forme à la culture humaniste, négocie les accords de Nérac en 1578 et part en ambassade en Angleterre, en Hollande et auprès des principautés protestantes du Saint Empire en 1590-1591, sa renommée s’affirme rapidement, comme en témoigne l’écho de ses blessures lors du duel avec Duras en 1578. Cette présentation éclatée du personnage apparaît dans les biographies de ses contemporains, dont Henri IV, et seule l’étude politique et diplomatique d’H. Zuber tente de faire un lien entre ces différentes composantes.
L’accent est d’abord porté sur la période 1572-1577 qui semble constituer une période de maturation à travers son départ, les mutations de ses réseaux face à l’épreuve de la fuite et de la perte de toute protection, sa conversion et sa formation humaniste. La figure du chef de guerre retient ensuite l’attention avec les conditions de sa prise d’armes, 162son mode opératoire et son théâtre d’opérations, les responsabilités qu’il exerce et les conséquences de son engagement militaire. Enfin, on abordera ses relations avec Henri de Navarre ainsi que les étapes et les moyens de son affirmation au sein du parti protestant.