Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Flaubert voyageur
- Pages: 351 to 356
- Collection: Encounters, n° 371
- Series: Nineteenth century studies, n° 40
Résumés
Éric Le Calvez, « Préface »
Flaubert fut un « ermite » mais aussi un grand voyageur. Son premier voyage, en 1840, le mène dans les Pyrénées, le Midi et en Corse. En 1845, c’est un séjour en Italie. En 1847, c’est avec Maxime Du Camp qu’il va en Bretagne. En 1849, il embarque, avec Du Camp encore, pour l’Orient et, en 1858, c’est, le voyage en Algérie et en Tunisie. Cette préface présente les différents voyages de Flaubert, leur importance pour l’œuvre, puis introduit les différents articles rassemblés dans le volume.
Thierry Poyet, « Politique(s) du voyage. Révolutions et circonvolutions chez Flaubert »
Racontant à ses proches ses découvertes ou narrant ses expéditions dans des carnets, Flaubert manifeste la même insatisfaction face à son présent et aux lieux occupés. Ici, il rêve de là-bas et perdu au fin fond du monde, il s’impatiente de retourner à Rouen. Son aventure viatique constitue une longue expérience de la contradiction, et ses politiques du voyage se font expérimentation du nihilisme : la politique de la terre brûlée le séduit tant qu’il est conduit à préférer le retour à l’aller.
Alexandre Bonafos, « Vider tous les horizons. Flaubert à l’épreuve du voyage (1840-1847) »
Oscillant entre une liberté viscéralement désirée et l’ennui provoqué par une pratique touristique déjà trop balisée, les voyages du jeune Flaubert forment une paradoxale recherche de l’échappée. Sous les désillusions ne cesse pourtant de percer l’espoir d’un épanouissement vital à l’appel des horizons. Vécu comme une urgence de l’être, le voyage flaubertien est un rapport intime au monde et une quête existentielle à laquelle répond l’exercice esthétique de l’écriture au retour de la Bretagne.
352Abbey Carrico, « La vaporisité de l’imagination. Le voyage panthéiste de Flaubert dans Pyrénées-Corse »
Cet article explore le voyage de l’écrivain-panthéiste dans Pyrénées-Corse. Le jeune observateur ne maugrée pas « contre le mauvais temps », comme ses compagnons, mais se récrée « de la pluie qui tombait dans les sapins ». Pour lui, afin que l’imagination vaporise, il ne faut pas la satisfaire, mais la laisser « s’élever vers les hautes régions », et il n’est ni sans satire ni sans réalisme. Il est comme ces personnes qui partent « l’encrier rempli » et cherchent à se « donner de l’esprit ».
Jeffrey Thomas, « Flaubert aux arènes »
Lors de sa réussite au baccalauréat à la fin de l’été 1840, Flaubert part en voyage en Corse. Parmi d’autres lieux, il s’arrête à Nîmes et à Arles, deux anciennes villes romaines, où il fait sa première expérience physique avec les vestiges de l’Antiquité. Cette étude met en lumière les dimensions affectives et sentimentales de cette visite, tout en insistant sur l’importance de cette confrontation physique avec les ruines romaines pour la réalisation de son rêve de l’Orient.
Khalid Lyamlahy, « Un désir d’écriture. Flaubert, Barthes et la pratique de la notation dans le Voyage en Italie »
Dans le long voyage littéraire et critique de Roland Barthes, Flaubert a été un compagnon utile, une présence dans l’écriture, jusque dans les derniers cours au Collège de France, sur le chemin qui mène à la Vita Nova. En relisant les fragments du Voyage en Italie de Flaubert à la lumière du projet barthésien de la préparation du roman, cet article montre que dans la notation flaubertienne réside un désir, une volonté, un élan vers le Roman comme pratique absolue de l’écriture.
Christophe Ippolito, « Eurydice en Bécassine dans Par les champs et par les grèves »
Et si c’était moins la surface des choses vues en 1847 qui intéressait Flaubert que la profondeur ouverte dans son récit par la résurrection d’images de la vie d’un lointain passé, dans la lignée de Barante et de Michelet ? Cet 353article envisage la manière dont Flaubert, fort de ses sources documentaires sur l’histoire de la Bretagne, et dans la continuité de L’Éducation sentimentale de 1845, écrit l’histoire dans Par les champs et par les grèves.
Lúcia Amaral de Oliveira Ribeiro, « L’écriture du visible »
Cet article comprend l’analyse d’extraits inédits des carnets du voyage en Orient de Flaubert, de 1849 à 1851. Afin d’étudier la composition de scènes et l’effet visuel qui caractérisent son style, cette contribution établit des rapports entre certains éléments présents dans ces notes et celles de Du Camp, de Fromentin (qui est allé en Algérie pour la première fois en 1846), de Delacroix (lors de son voyage en Algérie et au Maroc en 1832) et l’ouvrage de Gautier sur son voyage en Espagne en 1840.
Asmaa El Meknassi, « Flaubert en Orient »
Flaubert a rêvé d’Orient, depuis son enfance. En 1849, il réussit à s’y rendre en compagnie de Du Camp. Cette expérience viatique constitue un événement qui sera vécu sous le signe de la jouissance. Celle-ci l’a conduit à vivre autrement aussi bien le voyage que le rapport à l’altérité ainsi que le laissent voir ses carnets et lettres d’Égypte. C’est que, au-delà de tout, le voyage lui a permis de mieux se centrer sur soi pour se dépasser et permettre l’éclosion de l’homme des lettres.
Catherine Thomas-Ripault, « La relation de voyage dans les lettres d’Orient de Flaubert. Une écriture de l’intime »
Les lettres d’Orient de Flaubert, qui livrent un discours fragmentaire, instable, fortement marqué par la présence du destinataire et soumis au simple plaisir de la narration, nous incitent à mieux comprendre comment la correspondance permet à l’écrivain de raconter son périple tout en contournant les écueils auxquels se heurte, selon lui, le récit de voyage traditionnel, jugé facile, convenu et ennuyeux.
Vesna Elez, « Le crépuscule à l’Orient d’après la Correspondance de Flaubert »
L’objectif du déplacement de Flaubert en Orient est de superposer les images vues sur ses propres présupposés. Ce voyage est le point d’intersection 354entre quelques mythes personnels et la réalité rencontrée. Cette étude met en relief le mécanisme de cette superposition et isole la notion « mythique » dont Flaubert tâche de s’affranchir : l’image même de l’Orient qui fut un tableau de contrastes, loin d’une entité solide. Flaubert n’hésite pas à représenter un Orient épuisé, allant vers sa fin.
Stéphanie Dord-Crouslé, « Flaubert en Orient : l’anti-touriste ? »
Pendant son voyage en Orient, Flaubert n’a de cesse de se distinguer du touriste. Pourtant, si sa pratique et sa philosophie du voyage l’en éloignent bien, dans les faits, certaines de ses attitudes l’en rapprochent parfois, peut-être parce qu’il n’est ni vraiment un touriste ni seulement un voyageur : c’est un écrivain en devenir dont le périple oriental sera fondateur pour le renouvellement de sa pratique scripturale.
Martine Breuillot, « La Grèce, les Grecs et Flaubert dans le voyage en Grèce »
L’analyse du voyage en Grèce tend à catégoriser les remarques fondées sur des sensations visuelles. En effet, l’œil de Flaubert organise ses observations, fixe des détails, structure et rationalise ses notes. Or, l’écriture est iconographique, en une juxtaposition d’images dont le produit est un panorama construit devant lequel vivent les personnages. Alternent ainsi des images figées touchant à des scènes de genre, et des images animées qui font entrer dans le paysage et avancer le voyage.
Nathalie Petibon, « Flaubert en Italie. De la mort du rêve à la naissance du style »
Le premier voyage de Flaubert en Italie, en 1845, est une déception : ses aspirations romantiques se heurtent à la présence de sa famille. Six ans plus tard, à la fin de son périple oriental, le second séjour italien marque un net changement de posture et témoigne de la manière dont l’écrivain a désormais forgé son système artistique. La confrontation des carnets tenus en Italie montre qu’il s’est délesté de son moi pour se faire « œil », ouvrant ainsi la voie à ses grands romans impersonnels.
355Moulay Youssef Soussou, « Altérité et écriture. Le voyage en Égypte de Flaubert »
Il s’agit ici de l’œuvre dans sa naissance : le texte du voyage en Égypte. L’objectif de cet article est de voir comment Flaubert est parvenu à écrire. L’impersonnalité, le refus de conclure, la relativité de points de vue sont les crédos de l’Art qu’il a restitués en Égypte. La donation salutaire de l’Orient à Flaubert est Kuchiuk-Hanem, comme s’il n’avait eu besoin que de cette rencontre avec la courtisane égyptienne pour que son écriture coulât abondamment : sa danse a excité ses idées esthétiques.
Rosa Maria Palermo Di Stefano, « De la Palestine à Hérodias. La mise en place de la haine »
Les voyages représentent pour Flaubert un immense réservoir auquel l’écrivain a puisé pour la création de son œuvre. Hérodias, par ses anachronismes et ses « fautes », pourrait représenter un catalogue de la méthode flaubertienne et une preuve irréfutable de l’indifférence de l’écrivain à l’égard de la vérité. Partant du voyage en Palestine (1850), cet article met en évidence les profondes transformations subies par des données diverses concernant ce voyage, pour aboutir au Vrai d’Hérodias.
Ôphélia Claudel, « Bas les masques ! Lever le voile sur la méthode in situ de Flaubert. Du Voyage en Algérie et en Tunisie à Salammbô »
Cet article examine l’apport sensoriel vécu par Flaubert tel qu’il est rapporté dans les notes, sur la reconstruction imaginaire de Carthage dans Salammbô. D’après une étude stylistique comparative, on voit comment l’écrivain cartographie Carthage d’un œil d’esthète, captant l’unité orientale à travers les sens, dans une manière de réalisme mystique et une dynamique de voyage fonctionnant sur un procédé de concaténation. Quels visages du « bal masqué de deux mois » révèlent Salammbô ?
Biagio Magaudda, « Flaubert voyageur en Tunisie et en Algérie à travers la Correspondance »
Cette étude se concentre sur le voyage de Flaubert en Tunisie et en Algérie (d’avril à juin 1858) à partir des lettres écrites pendant son séjour documentaire 356pour Salammbô ; elles révèlent des aspects intimes de la personnalité de l’écrivain. Nous retrouvons un Flaubert fatigué, éreinté, triste, inquiet à côté d’un Flaubert enthousiaste, plein d’énergie et de motivation, et encore un Flaubert curieux et contemplatif, charmé de ce qu’il découvre et observe.
Stella Mangiapane : « De l’enquête sur le terrain à l’écriture de fiction dans Bouvard et Pécuchet »
À partir des notes contenues dans les carnets de travail de Flaubert, et en poursuivant la recherche à travers les brouillons de Bouvard et Pécuchet, cette étude analyse comment, dans quelle mesure et par le biais de quelles stratégies d’écriture le matériel documentaire rassemblé par Flaubert pendant ses excursions entre dans l’œuvre en train de se faire, se transforme en matière fictionnelle et se trouve textualisé, parfois presque tel quel, dans le texte définitif du roman.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07241-6
- EAN: 9782406072416
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07241-6.p.0351
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-30-2019
- Language: French