Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Fièvre et vie du théâtre sous la Révolution française et l’Empire
- Pages: 337 to 342
- Collection: Encounters, n° 384
- Series: The eighteenth century, n° 29
Résumés
Paola Perazzolo, « “Un frère est un ami donné par la nature”. Les fraternités problématiques de La Mort d’Abel de Gabriel Legouvé »
Créée au Théâtre de la Nation en 1792, La Mort d’Abel de Legouvé s’inspire du poème homonyme de Gessner. Les variantes transmises par un manuscrit de souffleur témoignent pourtant de l’hésitation de l’auteur entre la volonté d’adhérer au modèle et le désir de renouveler l’interprétation augustinienne traditionnelle par la mise en scène d’un Caïn humanisé. Bien avant l’avènement de la « fraternité verrouillée » de 1793, ressortent les apories d’un concept aux facettes ambiguës et multiples.
Mots clés : Legouvé, Gessner, réécriture biblique, tragédie, fraternité, fratricide, Révolution
Gautier Ambrus, « Qu’est-ce qu’écrire une tragédie sous la Terreur ? Poésie et politique dans Timoléon de M.-J. Chénier »
L’interdiction du Timoléon de Marie-Joseph Chénier au printemps 1794 en a fait l’une des rares tragédies de la Révolution rappelée par l’historiographie. La pièce a conservé la réputation d’une œuvre de dissidence contre la Terreur, ce qui a détourné la critique de ses enjeux dramatiques. Interroger cette fausse évidence permet ici d’éclairer la genèse d’une tragédie politique sous la Révolution.
Mots clés : Chénier, Timoléon, Terreur, Robespierre, censure, allusions, culpabilité, fraternité
Éric Avocat, « A Tale of two cities. Politique et éloquence révolutionnaires au prisme du (contre ?) modèle anglais chez Lebrun-Tossa »
Il est difficile d’imaginer pièce plus directement en prise sur la politique révolutionnaire au travail que la comédie de Lebrun-Tossa, La Folie de Georges ou l’ouverture du Parlement d’Angleterre (janvier 1794), exactement contemporaine 338de son référent, et d’un long débat sur l’Angleterre tenu aux Jacobins. Le dramaturge opère une hybridation des cultures politiques des deux nations, tout en élaborant une poétique de la rétorsion qui met au goût du jour le principe du castigat ridendo mores.
Mots clés : Lebrun-Tossa, Angleterre, Georges III, Jacobins, comédie politique, satire, rhétorique
Barbara Innocenti, « Naissance et transformations d’un “nouveau genre”. Les pièces à auteur (1789-1814) »
Centrées sur la représentation de tranches de vie réelles ou imaginaires des Grands Hommes de la République des lettres, les « pièces à auteurs » connaissent un véritable succès sous la Révolution et l’Empire. Certains dramaturges de l’époque transforment les salles de spectacles en « élysées visibles ». Surnommé « le petit Panthéon », le Théâtre du Vaudeville devient le lieu privilégié où écrivains, dramaturges ou comédiens reviennent à la vie pour le plaisir des spectateurs.
Mots clés : Grands Hommes, Panthéon, pièces à auteurs, vaudeville, Révolution, Empire
Stéphanie Fournier, « Le vaudeville, ou l’art de s’adapter aux circonstances »
Art de circonstance dont l’intérêt réside dans la rapidité d’exécution et l’adéquation avec l’actualité, le vaudeville, genre ancien, se renouvelle et revient au goût du jour pendant la période révolutionnaire, gardant sa liberté et sa légèreté même quand il est instrument de propagande des régimes successifs, jonglant entre volonté de faire rire son public, de se moquer des travers d’une époque et nécessité de ne pas déplaire au pouvoir en place.
Mots clés : vaudeville, comique, Révolution, actualité, propagande, censure
Marie-Cécile Schang, « La Cendrillon d’Étienne et Nicolò (1810), une féerie à la mode ? »
L’immense succès de Cendrillon, opéra-comique d’Étienne et Nicolò créé en 1810, est attribué tout au long du siècle au style italien de la musique, à la dimension féerique de l’intrigue et au caractère spectaculaire de la représentation. Ces procédés, s’ils font de Cendrillon une pièce à la mode, servent en réalité un projet dramaturgique plus ambitieux, qui rejoint celui de 339l’opéra-comique d’Ancien Régime : exprimer la nostalgie d’un monde perdu et donner voix à la vérité intime de l’être.
Mots clés : Cendrillon, Étienne, Nicolò, Empire, féerie, théâtre musical, nostalgie, romance
Philippe Bourdin, « Du théâtre patriotique dans le Paris de l’an II »
Quelles sont les thématiques du répertoire patriotique entre septembre 1793 et les lendemains de Thermidor, et comment les auteurs et les directeurs de théâtre s’adaptent-ils aux modes et aux mots d’ordre du jour ? Si deux tiers des pièces de la Terreur relèvent du théâtre politique et un tiers du divertissement, genres, formes et enjeux des pièces militantes varient ; quoique les succès durables soient rares, ce théâtre relaie avec entrain la propagande républicaine.
Mots clés : Théâtre patriotique, Terreur, propagande, répertoire théâtral, politique, Révolution
Virginie Yvernault, « “Un tableau sorti de son cadre” ? Le théâtre de Beaumarchais sous le couperet de la Révolution (1789-1799) »
Cet article s’inscrit contre la tradition critique et historiographique suivant laquelle les pièces de Beaumarchais auraient été négligées pendant la décennie révolutionnaire au profit d’ouvrages qui semblaient plus directement en phase avec les bouleversements politiques. Tout en expliquant les raisons de telles hypothèques, il s’attache à démontrer la grande vitalité du théâtre de Beaumarchais, support d’actualisations et d’interprétations diverses et parfois contradictoires pendant toute la période.
Mots clés : Beaumarchais, Révolution, actualisation, réception, théâtre politique
Jacqueline Razgonnikoff, « Les auteurs classiques du xviie siècle au répertoire des théâtres “nationaux” sous la Révolution : choix et renoncements »
Sous la Révolution, les auteurs du xviie siècle n’ont jamais quitté les premières places du palmarès des représentations : si celles de Racine et de Corneille subissent des fluctuations, Molière reste en tête. Le répertoire est soumis au climat politique et à la présence de comédiens capables de les jouer. Il est donc intéressant d’analyser les raisons de la sélection faite en fonction des événements et des goûts des protagonistes, politiques, comédiens et spectateurs.
340Mots clés : Molière, Racine, Corneille, mise en scène, canon théâtral, patrimoine culturel, Comédie-Française
Clare Siviter, « La tragédie “classique” transformée à l’époque napoléonienne »
Fort importante à l’époque napoléonienne, la tragédie compte pour 44 % des représentations à la Comédie-Française entre 1799 et 1815, dont 50 % de pièces du dix-septième siècle. Cet article analyse les transformations qu’a subies la tragédie « classique », pour remettre en cause ce qualificatif souvent appliqué à des créations de l’époque, souligner sa flexibilité et son caractère problématique.
Mots clés : Racine, Corneille, Empire, réception, censure, tragédie classique, Comédie-Française
Vincenzo De Santis, « La tragédie à Paris en 1809. Débats esthétiques et répertoire théâtral »
1809 représente une année charnière dans l’évolution de l’esthétique dramatique et littéraire, et le conflit entre les partisans de la tragédie « classique » et les auteurs shakespearomanes s’insère ainsi dans un panorama dramatique et critique particulièrement complexe.
Mots clés : Racine, Shakespeare, tragédie, réception, Empire, Comédie-Française
Katherine Astbury, « Répertoires traditionnels et répertoire nouveau sous les Cent-Jours »
Cet article jette un regard nouveau sur le répertoire des théâtres parisiens de mars à juillet 1815 afin de mieux comprendre les enjeux esthétiques pendant cette période intense de l’histoire et cerner la spécificité du « théâtre napoléonien » sous les Cent-Jours, dans toute sa variété.
Mots clés : Napoléon, Cent-Jours, répertoire, patrimoine national, Comédie-Française, genres dramatiques
341Romuald Féret, « L’influence des privilèges ducaux, royaux et impériaux sur l’organisation et la direction des troupes de théâtres »
Suite au décret impérial du 8 juin 1806, l’État assigne aux spectacles un projet culturel ambitieux. Ce contrôle de l’administration sur la création et la vie théâtrale s’inspire du passé et dépasse le cadre national. D’autres États comme la Savoie, imitant le modèle français, ont construit des privilèges théâtraux au cours du xviiie siècle. Les comédiens itinérants, renouant avec leurs habitudes de l’Ancien Régime, ont fortement contribué à façonner un nouveau « privilège » théâtral.
Mots clés : Empire, Savoie, privilèges théâtraux, administration de la vie théâtrale, conflit, législation
Cyril Triolaire, « Programmation et diffusion du mélodrame sur les scènes de province (1800-1815) »
Cet article propose d’évaluer la programmation du mélodrame en province en étudiant les voies plurielles de sa diffusion et l’efficience des circuits et des intermédiaires classiques, le poids du nouveau dispositif impérial du privilège théâtral ainsi que le rôle des directeurs et des comédiens (agissant tels des médiateurs culturels du répertoire).
Mots clés : mélodrame, Empire, théâtre en province, diffusion du répertoire, divertissement, affaires
Thibaut Julian, « Le théâtre à Orléans, Tours et Blois sous la Révolution et l’Empire »
Réunis dans le 13e arrondissement théâtral en 1807, les départements limitrophes du Loiret, du Loir-et-Cher et d’Indre-et-Loire offrent un intéressant terrain d’enquête pour la vie théâtrale sous la Révolution et l’Empire. Dans cette région proche de la capitale, le répertoire est étroitement surveillé et le fonctionnement des troupes réglementé, mais apparaissent des particularités locales.
Mots clés : Orléans, Tours, Blois, Révolution, Empire, répertoire, censure, propagande
342Fanny Platelle, « Répertoires français et allemands dans les théâtres d’Aix la Chapelle et de Trèves pendant la période française (1794-1814). Entre respect des principes républicains et impériaux et divertissement du public »
Dans le répertoire des troupes qui jouent à Aix-la-Chapelle et à Trèves entre 1794 et 1814 prédominent les auteurs contemporains et les genres divertissants. Les directeurs adaptent le répertoire aux conditions politiques, économiques et culturelles des départements de la rive gauche du Rhin. Comme la majorité des spectateurs maîtrise mal le français et s’identifie peu à la culture républicaine, les directeurs privilégient de plus en plus les genres musicaux et spectaculaires.
Mots clés : Aix-la-Chapelle, Trèves, théâtre allemand, répertoire, genres dramatiques, acculturation, transferts culturels
Cyril Triolaire, « Pierre Antoine Redon et Françoise Bonnet. Une direction théâtrale face aux mutations de la vie dramatique, de la fin de l’Ancien régime à l’Empire »
Les portraits croisés de Pierre Antoine Redon et son épouse Françoise Bonnet permettent d’interroger la construction de la carrière professionnelle du directeur de troupe de théâtre entre Révolution et Empire. En questionnant le rapport aux structures économiques et juridiques du monde du spectacle vivant, cet article mesure les liens entre projets esthétiques, gestion financière et engagement politique, mettant en lumière les pratiques partagées d’une profession aux contours pluriels.
Mots clés : Antoine Redon, Françoise Bonnet, directeur de troupe, économie du théâtre
Katherine Astbury, « Réécrire une histoire du théâtre en province. Les Mémoires et confessions d’un comédien de Jean-Edme Paccard »
Cet article analyse les mémoires de Jean-Edme Paccard, acteur de province pendant la Révolution et l’Empire, afin de mettre en relief les conditions de représentation, la pratique théâtrale journalière aussi bien que le désordre qui régnait dans l’activité théâtrale avant les réformes de 1806.
Mots clés : Paccard, acteurs en province, conditions de représentation, Révolution, Empire, entrepreneuriat théâtral
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-08312-2
- EAN: 9782406083122
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-08312-2.p.0337
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-15-2019
- Language: French