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Hacker le capitalisme Technocritique de l’innovation numérique
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Études digitales
2020 – 1, n° 9. Capitalocène et plateformes. Hommage à Bernard Stiegler - Auteur : Fourmentraux (Jean-Paul)
- Pages : 261 à 270
- Revue : Études digitales
HACKER LE CAPITALISME
Technocritique de l’innovation numérique1
L’innovation technologique, la démocratisation de l’outil informatique et le développement d’internet ont mis le monde en réseau, ses dirigeants, ses médias, ses multinationales, ses consommateurs, mais également ses forces de contestation, ses révoltes et sa contre-culture2.
Depuis une dizaine d’années, le collectif au nom programmatique disnovation.org propose de prendre le contre-pied du capitalisme et des « propagandes de l’innovation ». Son mode opératoire consiste à décrypter et rendre public les stratégies occultes des plateformes que l’on regroupe volontiers aujourd’hui sous l’acronyme G.A.F.A3. Attentif aux transformations radicales qu’elles produisent sur la société, le collectif propose de re-matérialiser les logiques et protocoles enfouis dans les entrailles des machines : algorithmes, réseaux de neurones, intelligence artificielle, etc.
Le lexique de l’innovation est aujourd’hui l’instrument rhétorique par excellence, il inonde le discours dominant, se déployant depuis les domaines technoscientifiques jusque dans les champs du politique, du management, de l’éducation ou de l’art. Nous posons ainsi l’hypothèse d’une possible « idéologie de l’innovation » appelant à dépasser les contraintes de la vie quotidienne au travers d’artefacts ou de concepts sans cesse renouvelés, 262justifiant l’obsolescence technologique au nom d’une vitalité économique immédiate4.
Le collectif disnovation.org déploie différentes méthodologies – de la profanation au sabotage – qui mettent à l’épreuve la construction interne des objets techniques et l’architecture des réseaux. Il en résulte une série d’œuvres et d’opérations techno-critiques5 qui révèlent les enjeux politiques et écologiques de l’idéologie de l’innovation. L’enjeu est de rendre à nouveau ces technologies discutables, en faire l’objet de débats – en offrant aux citoyens des expériences audio-visuelles, sensorielles et immersives, qui interrogent et déjouent les déterminismes technologiques : erreurs, dysfonctionnements, états limites, seuils de rupture6.
Faire l’expérience de ces dysfonctionnements permet de développer une sensibilité aux états inattendus des machines, ainsi qu’à leur possible résistance lorsque celles-ci ne répondent plus tout à fait aux comportements et injonctions d’usages auxquelles leur programmation les avait assignées7.
L’approche permet également de libérer ces machines8 de leur « mode protégé9 », qui sous couvert d’en assurer la sécurité et inviolabilité, prive les utilisateurs de développer à leur endroit une véritable expertise intellectuelle et pratique.
Il s’agit alors d’apprendre à (ré)ouvrir les « boîtes noires » technologiques qui parasitent souvent le quotidien des usagers du numérique : algorithmes de recommandation, assistants vocaux, systèmes GPS, etc.
263The pirate cinéma :
le peer-to-peer
ou la réappropriation culturelle
Trois écrans plats façon home cinéma ou salle de contrôle diffusent en continu des fragments de films syncopés. Un flux fracassant où se télescopent Tom Cruise dans Oblivion, la chanteuse Miley Cyrus peu vêtue dans son clip porno chic Wrecking Ball, les deux geeks patauds de la sitcom Big Bang Theory ou le dernier épisode de Breaking Bad10.
À l’occasion d’une résidence à la Maison populaire de Montreuil, Nicolas Maigret développe le projet The Pirate Cinema11 qui immerge le public dans une salle de surveillance des flux de données (illégalement) partagés sur le réseau Internet. Sur trois écrans, l’installation scrute et projette des fragments de films téléchargés en temps réel depuis les réseaux d’échanges Peer-to-Peer (P2P) de type BitTorrent. Avec l’aide du développeur Brendal Howell, l’artiste a élaboré un programme qui analyse en temps réel les films les plus téléchargés sur ces réseaux. La projection qui en résulte entrechoque des fragments de films ou des séquences d’images glitchées, toutes géolocalisées par l’adresse IP de leurs émetteurs et destinataires (numéro d’identification attribué à chaque appareil connecté au réseau). Au sommet des écrans, de gauche à droite, on peut en effet lire une suite de chiffre renvoyant au pays de provenance et de destination des 100 films les plus partagés. Les images se succèdent ainsi et exhibent simultanément la vertigineuse circulation des données mondiales (datas) à mesure qu’elles sont interceptées par le logiciel.
264Fig. 1 – The Pirate cinéma, Disnovation.org, Barcelona, 2016. © disnovation.org
The Pirate cinéma déploie ainsi une nouvelle grammaire visuelle, par la composition globale et continue de bribes d’images et de sons issus de vidéos éparses et hétérogènes qui s’associent aléatoirement en un cadavre exquis12. Il en résulte un film sans auteur, sans générique, sans narration, mais qui reflète l’intensité des pratiques et le goût des internautes en matière de téléchargement. Cet agencement de fragments chaotiques et disparates n’est pas sans évoquer la pratique du montage filmique. Mais l’œuvre fait également du public un voyeur d’un nouveau genre, lui offrant une plongée au cœur du réseau par différentes stratégies d’observation et d’écoute des flux numériques.
265Fig. 2 – Prédictive art bot, V.4. Stereolux, Disnovation.org, Nantes, 2017. © disnovation.org
L’œuvre The pirate cinéma est à cet égard ambivalente, comme le sont les usages et pratiques du réseau Internet, en ce qu’elle déploie un « dispositif d’écoute visuelle » (Szendy) qui renseigne sur les habitudes de téléchargements des internautes autant qu’elle alarme sur les dangers de la surveillance généralisée, espionnant et archivant les pratiques des internautes à leur insu :
– D’un côté, on peut y voir une mise en abîme des nouvelles pratiques cinéphiliques amateurs, valorisant l’échange et le partage de films. The Pirate cinéma révèle alors le potentiel de la transmission virale et l’existence de réseaux sociaux alternatifs qui résistent à la surveillance et au contrôle généralisé des médias de l’information et de la communication. L’œuvre propose en effet une archéologie des réseaux peer-to-peer, dont elle révèle les composantes et les rituels, ouverts à des modes inédits de circulation, d’échanges et de partages horizontaux de la culture visuelle. L’artiste ravive ici la vision utopique des premiers temps de l’Internet, appelant à la libre appropriation et mise en commun des idées et des contenus partagés sur la toile. Reprenant à son compte 266les propos du désormais très populaire évangéliste des réseaux P2P, Michel Bauwens, selon lequel :
Le Peer to peer est bien plus que le partage de fichiers. Il s’agit en réalité d’un mode d’organisation des ordinateurs, mais de façon encore plus cruciale, d’un mode d’organisation des individus entre eux. En effet, le Peer-to-Peer est une dynamique relationnelle dans un réseau distribué – un réseau dans lequel chaque individu a la liberté d’agir et la liberté de nouer des relations sans demander la permission […] un réseau qui permet aux individus de produire, de distribuer, de partager, de travailler avec d’autres personnes sans demander la permission13.
The Pirate cinéma déploie à ce titre une archéologie du cinéma de l’ère numérique, rejouant l’idée du montage dans le contexte d’une discrétisation et fragmentation des données « par paquets ». Internet constitue ici le terreau d’une nouvelle « architecture de diffusion » basée sur la combinaison et le collage aléatoire de différents films entrelacés.
– D’un autre côté, en rendant visible l’opération de téléchargement au sens propre (les paquets de données qui transitent d’un serveur à vers une machine client lors du téléchargement), l’œuvre The pirate cinéma alerte également sur les dérives potentielles de l’espionnage et du contrôle de nos vies numériques. Plongé dans cette salle de contrôle, le public fait l’expérience de la surveillance mondialisée en temps réel de l’activité et de la géographie des partages de fichiers peer-to-peer délictueusement échangés sur la plateforme BitTorrent. Au-delà de la dimension voyeuriste du projet on peut sans peine se laisser aller à imaginer les objectifs et usages policiers de telles données à des fins de poursuite et de sanctions à l’égard des internautes aussi bien que des serveurs ainsi repérés.
À cet égard, si The pirate cinema exhibe une esthétique par défaut – de la mécanique du flux et des images glitchées –, le projet met également ce dernier en alerte et éveil son sens critique. On ne peut qu’y voir une volonté de sauvegarde ou d’émancipation des pratiques amateurs du joug de la traçabilité et du contrôle généralisé exercé par les plateformes numériques. Un clin d’œil aussi aux plus vieilles habitudes de partage et 267de circulation des œuvres audiovisuelles et filmiques initiées au temps du VHS et de la bande magnétique.
La projection The pirate Cinéma a en effet été ponctuée entre 2012 et 2014 de rencontres publiques, d’interventions autour de ces questions de réseau, de mode d’échange et d’espionnage digital. Il en a résulté différentes extensions : un site internet14, une installation, des performances et un livre15.
Predictive art bot :
(Dé)jouer les tendances de l’art et du marché
Ces technologies de surveillance, qui mettent Internet sur écoute, peuvent-elles se transmuer en véritables organes de prévision des tendances à venir ? Cela semble le cas dans une autre œuvre de Nicolas Maigret et du collectif disnovation.org intitulé avec un soupçon d’ironie Predictive art bot16. Il s’agit d’un compte tweeter qui affiche quotidiennement sur sa page d’actualités les « titres » de potentielles œuvres d’art du futur. Un algorithme de prédiction surveille les réseaux sociaux et détecte les articles qui y sont les plus partagés. Le dispositif met alors en évidence les mots-clés les plus influents qui s’en dégagent, au sens où ils forment le cœur des nouvelles et des échanges les plus nombreux et fréquents. Faisant l’hypothèse que ces tweets auront un impact probable sur l’imaginaire artistique, Nicolas Maigret s’en saisit pour questionner la puissance des mots-clés, qu’il métamorphose en concepts esthétiques. En coulisse, l’ordinateur est programmé pour combiner ce jargon issu d’articles récemment publiés, dans des magazines spécialisés en art numérique, mais aussi relatifs à d’autres domaines plus politiques tels que l’activisme-hacktivisme, l’économie, la médecine, le transhumanisme.
268Quel est le pouvoir des mots-clés ? Assurément leur valeur quantitativement économique. Mais peut-être aussi leur vertu de prophétie autoréalisatrice ? Au travers du remix automatique de ces mots-clés, l’artiste déploie une vision critique du milieu de l’art qui semble toujours plus épouser les tendances et véhiculer une pensée davantage formatée par des enjeux d’audience ou de publicité que par un souci de mise à l’épreuve critique des clichés et du prêt à penser. On peut y lire également une interrogation sur la place des algorithmes et autres robots (bots) qui régulent toujours davantage nos interactions humaines et nos imaginaires collectifs, allant jusqu’à générer des actions concrètes dont la cohérence confine parfois à l’absurde.
L’œuvre existe d’abord sous la forme d’un compte tweeter. Mais elle donne lieu aussi à des installations qui affichent la création de concepts artistique en temps réel et exposent la dynamique aléatoire et infinie de publications des tweets. Disnovation.org va jusqu’à inciter d’autres artistes à se confronter et parfois à collaborer avec le robot pour imaginer, à partir des tweets les plus déconcertants, amusants ou provocants, la conception de nouvelles œuvres matérialisées sous forme de prototypes, d’ébauches, de brouillons, d’expériences ratées, de projets irréalisables ou de performances live.
Dans ces zones troubles du capitalisme, braconnant sur les terres des propriétaires17, le collectif invente des dispositifs de distorsion et d’émancipation qui empruntent à l’art et à l’hacktivisme ses modes opératoires18. Afin de déjouer l’idéologie capitaliste de l’innovation, il développe des outils générateurs de débat et des pratiques de réappropriation, de débordement et de détournement qui repolitisent le sujet technologique et le libèrent des déterminismes de la course au progrès et de l’obsolescence programmée.
Car cette idéologie de l’innovation permanente conduit inévitablement à une course sans fin et au renouvellement permanent qui 269génère à la fois une quête désespérée et une éthique de la frustration. À cet égard, on peut également voir dans la résurgence de techniques anciennes qu’incarnent les pratiques contemporaines du recyclage, de la rétro-ingénierie et du vintage, des tentatives de résistances à la surproduction et au gaspillage technologique – lorsque ces pratiques ne sont pas instrumentalisées par l’industrie marchande cherchant à en tirer profit pour élargir sa gamme de produits.
Le concept de disnovation semble ainsi résulter d’une double prise de conscience, de ce que l’artiste puisse être amené à jouer malgré lui un rôle de vulgarisateur de l’innovation dont il deviendrait par conséquent un des principaux promoteurs. À l’ère numérique, il est en effet bienvenu et largement encouragé que les artistes célèbrent les performances ou la dimension spectaculaire des technologies, au détriment parfois d’une interrogation sur leur portée politique et sociale. L’art et les artistes, répondant ainsi à l’injonction au numérique, agiraient alors comme des instances d’approbation et de validation des artefacts qu’ils emploient. Il s’agit là d’un possible effet pervers renforcé par le caractère symbolique de l’activité artistique qui par le truchement de l’esthétique permet d’atteindre et de séduire les amateurs d’arts autant que les futurs destinataires des technologies. Le risque de cette dérive, comme nous l’indique Nicolas Maigret, serait que l’art puisse devenir une sorte de communication publicitaire, complémentaire aux modes de communications classiques visant à promouvoir des marques de luxe. Conscient que même lorsque les œuvres revendiquent un caractère critique ou non apologique ne suffit pas toujours à supplanter cette dimension implicite de la validation ou de la sublimation artistique de la technologie.
La disnovation apparaît alors comme une tactique de subversion possible. Une pratique de création irriguée par ce que Sébastien Broca nomme « l’utopie du logiciel libre » défendant une éthique Hacker en rupture avec le capitalisme. Il s’agirait de promouvoir une société « plus ouverte dans son rapport à la diffusion des connaissances, plus collaborative dans son organisation du travail, moins passivement consumériste dans sa relation aux objets techniques19 ». Ce rapport ludique et créatif aux technologies, visant un monde dans lequel l’information et la 270connaissance circuleraient sans entraves, demeure un projet salutaire, bien que symbolique20, pour contrecarrer sur le plan culturel et politique l’hégémonie et le monopole des plateformes numériques (G.A.F.A).
Jean-Paul Fourmentraux
1 Autour du collectif disnovation.org
2 Steven Jezo-Vannier, Contre-culture(s) : Des Anonymous à Prométhée, Marseille, Le Mot et le reste, 2016, Chapitre 1, Page 19.
3 L’acronyme G.A.F.A renvoie aux multinationales du numérique : Google, Apple, Facebook, Amazon.
4 Cf. Nicolas Maigret, Bertrand Grimault, http://disnovation.net/bordeaux.html
5 Cf. François Jarrige, Techno-critiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences, Paris, La Découverte, 2014.
6 Un attachement déjà visible dans les travaux du collectif Art of Failure, co-fondé en 2006 par Nicolas Maigret et Nicolas Montgermont http://artoffailure.free.fr
7 Cf. Jean-Paul Fourmentraux, « Corrupt Machine. Esthétique et politique de la panne numérique », Techniques&Culture, no 72 « En cas de panne », 2019, p. 204-223.
8 Cf. Pierre Braun (dir.), Libérez les machines ! L’imaginaire technologique à l’épreuve de l’art, Les Presses du réel, 2013.
9 Cf. Friedrich Kittler, Mode Protégé, Les Presses du réel, Dijon, 2015.
10 Description de l’œuvre sur le site de l’association Seconde Nature : http://www.secondenature.org/
11 Cf. https://thepiratecinema.com/
12 Le téléchargement de fichiers Torrents n’étant pas un processus linéaire, obtenir un document complet se fait de manière désordonnée et selon un rythme irrégulier qui conduit, dans le cadre de ce projet, au remix de la structure des films et de la continuité temporelle des images et des sons.
13 Cf. l’article en ligne : « P2P And Education : Robin Good Interviews Peer-To-Peer Evangelist Michel Bowens », MasterNewMedia, Juillet 2008 : https://www.masternewmedia.org/p2p_and_education_robin_good_interviews_peer-to-peer/#ixzz5yTsQZr7J
14 Cf. https://thepiratecinema.com/
15 Cf. Nicolas Maigret et Maria Roszkowska, The Pirate Book (A compilation about sharing, distributing and experiencing cultural contents outside the boundaries of local economics, politics, or laws), 2015. Une anthologie sur le piratage de contenus culturels librement téléchargeable – https://archive.org/details/The_Pirate_Book/page/n10 – mais dont on peut aussi faire l’acquisition en version éditée – http://thepiratebook.net.
16 Cf. http://artbot.space
17 Cf. Michel De Certeau, L’Invention du quotidien, t. I, Arts de faire, Paris, U.G.E., coll. 10/18, 1980 : « Le quotidien s’invente avec mille manières de braconner » p. 70. Ces mots employés par de Certeau désignent des formes de résistance face au pouvoir impérieux de l’ordre social : braconnage (investir un lieu qui n’est pas sien), tactique (déjouer l’omniprésence de l’ordre appelé communément « stratégie »), perruque (détourner du temps et du matériel à des fins propres), etc.
18 Cf. Jean-Paul Fourmentraux, L’œuvre virale. Net art et culture Hacker, Bruxelles, La lettre Volée, 2013 ; Jussi Parikka, Digital Contagions. À Media Archaeology of Computer Viruses, New York, Peter Lang, 2007.
19 Sébastien Broca, « Les aventures de l’utopie concrète », dans Utopie du logiciel libre, Lyon, Le passager clandestin, 2018, p. 8.
20 L’histoire ayant montré que le logiciel libre avait en partie échoué quant à son ambition d’autonomie, au moins sur le plan économique.
- Thème CLIL : 3157 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Sciences de l'information et de la communication
- ISBN : 978-2-406-11521-2
- EAN : 9782406115212
- ISSN : 2497-1650
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11521-2.p.0261
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 26/05/2021
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
- Mots-clés : contre-cultures numériques, disnovation, ethique Hacker, socio-anthropologie des techniques