Revue Entreprise & Société (ENSO) Appel à contributions
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Entreprise & Société
2020 – 2, n° 8. varia - Pages : 191 à 194
- Revue : Entreprise & Société
REVUE ENTREPRISE & SOCIéTé (ENSO)
Appel à contributions
Centenaire de la parution de
Risk, Uncertainty and Profit de Frank Knight
Sens et portée de l’incertitude Knightienne
Il y a un siècle paraissait Risk, Uncertainty and Profit de Frank H. Knight publié par les presses de l’Université de Chicago. Par cet ouvrage, la question de l’incertitude se trouvait placée au centre de l’analyse économique par celui qui devait devenir un des fondateurs (avec Jacob Viner) de la célèbre et toujours puissante école de Chicago.
On ne peut pas dire que la notion d’incertitude ait perdu de son importance ou de son actualité : le développement des risques majeurs, la question du réchauffement climatique, les réflexions sur la relation entre l’effet papillon et El Niño, la limite de l’assurabilité, les crises boursières de 1987, 2000, et 2008 et enfin – last but not least – la pandémie de la Covid 19 qui bouleverse et met en suspens pour un temps indéterminé le fonctionnement des économies et des sociétés.
Pourtant force est de reconnaître qu’à l’exception de la distinction rabâchée et cependant essentielle entre incertitude et risque, l’œuvre de Knight a été oubliée. Il n’est jusqu’aux hommages posthumes respectueux de ses anciens étudiants (parmi lesquels on compte trois prix Nobel James Buchanan, Milton Friedman et George Stigler) qui ne semblent avoir eu plus pour but de tenir à distance le sens de son œuvre que de montrer sa pertinence et son actualité. C’est ainsi que dans la préface qu’il donne à l’édition du cinquantenaire de Risk Uncertainty and Profit, George Stigler ne trouve rien de mieux à faire que de séparer ce livre en deux parties, la première digne de tous les éloges est consacrée à la théorie de la concurrence parfaite en absence d’incertitude, la seconde 192partie, qu’il eût souhaité voir publiée séparément, étant consacrée à « la concurrence imparfaite à travers le risque et l’incertitude ». Tout ceci au prétexte que cette partie « a peu à voir avec la théorie du profit » (sic) et que « la pleine productivité de cette vision commence à peine à être récoltée par la théorie économique moderne ».
La mise à l’écart de Knight par l’école de Chicago a été d’autant plus efficace que les économistes « non orthodoxes » ne voyaient guère ce qu’ils avaient à apprendre d’un théoricien classique des marchés qui plus est co-fondateur avec Hayek du Mont Pèlerin, ignorants qu’ils étaient du fait qu’en Knight, Hayek avait trouvé un de ses plus redoutables critiques.
C’est dire qu’il est temps, cent ans après la parution de Risk Uncertainty and Profit de rendre compte de l’énigme de sa mise l’écart du savoir commun des économistes et de découvrir ce qu’il semblait vouloir véhiculer, et que les principaux représentants de l’économie « Mainstream » ont soigneusement caché.
La revue Entreprise & Société se propose de publier un dossier thématique à cette occasion, lequel dossier pourra aborder les questionnements suivants.
UNE éNIGME : L’OUBLI DE KNIGHT
Il conviendrait de comprendre pourquoi Knight a été oublié, et surtout pourquoi l’économie « Mainstream » s’est ingéniée à minimiser la portée de son œuvre. Comment, en fin de compte, a-t-on réussi à tenir Knight à l’écart de la réflexion de l’économie sur la décision dans l’incertain ?
Gigantomachie théorique : Knight vs. Hayek
De la fondation du Mont-Pèlerin aux théories du coût du capital, en passant par la conception de la théorie des marchés, Knight et Hayek ont développé des attitudes et des conceptions théoriques opposées. Reconnaître le sens de l’œuvre de Knight, c’est être capable de rendre compte de cette opposition et de ses enjeux.
La théorie de l’entreprise : Knight vs. coase
Dans The Nature of the Firm, Ronald Coase consacre un développement important au point de vue de Knight auquel il s’oppose. Dans son discours Nobel, prix décerné tout particulièrement pour cet article, 193Coase omet de citer Knight, mais préfère se référer à l’œuvre de Hayek. Il s’agira de savoir ce que ces polémiques nous enseignent sur la façon dont l’économie politique traite de l’entreprise.
Ce que Knight nous enseigne
sur la crise du modèle de la concurrence parfaite
La troisième partie de Risk, Uncertainty and Profit, partie intitulée « Imperfect competition through risk and uncertainty » est précédée d’une page qui commence par ces mots : « après tout il semble bien y avoir une sorte d’auto-contradiction hégélienne dans l’idée de concurrence parfaite1 ». Ainsi est introduite au cœur de l’analyse la notion de crise des modèles de la théorie économique. Évaluer l’apport de l’œuvre de Knight suppose que l’on considère avec attention la façon dont il analyse les conséquences d’une telle situation de crise, par exemple dans la façon dont il traite des phénomènes d’assurance et de management.
Knight et l’institutionnalisme en économie
Knight a enseigné les théories des institutionnalistes, dont il est un par ailleurs un lecteur critique. Ce qu’il critique c’est moins la pertinence de leur objet que le défaut de rigueur de leurs concepts et de leur méthode. La question est de savoir dans quelle mesure il est possible de considérer Knight comme le fondateur d’une approche institutionnaliste rigoureuse en économie.
Knight et l’économie du risque
La lecture de Risk, Uncertainty and Profit appelle à adopter une posture critique à l’égard de la confusion opérée particulièrement au 20e siècle entre incertitude et risque, posture qui puisse remettre en cause la dérive techniciste et marchande justement issue de cette confusion, et que l’on pourrait qualifier « d’économie du risque ».
Psychologie, éthique et esthétique
De formation philosophique Knight a consacré de nombreux textes à la question de savoir comment la réflexion sur la psychologie, l’éthique 194et l’esthétique, s’articulent avec la théorie économique qu’ils bordent et qu’ils débordent.
Ces thématiques ne sont pas exclusives les unes des autres, et la liste suggérée ici n’est pas limitative.
MODALITÉS DE PRÉSENTATION
Ce dossier thématique concerne le numéro 10 d’E&S, prévu à l’automne 2021, les propositions d’articles devront être envoyées à la rédaction avant le 10 avril 2021.
Les articles seront évalués selon les critères d’Entreprise & Société. Ils devront suivre les normes de présentation de la revue indiquées à la p. 13 de ce volume ou consultables sur le site de l’éditeur : https://classiques-garnier.com/ojs/index.php/ees/about/submissions. Une journée de recherche sera consacrée en septembre 2021 à la présentation de ce dossier.
Ces propositions sont à déposer sur le site dédié, https://classiques-garnier.com/ojs/ avec copie à l’adresse email de la revue enso.asso@gmail.com et au coordinateur de ce dossier thématique : Romain LAUFER (HEC) – romain.laufer@gmail.com
1 Notre traduction.
- Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
- ISBN : 978-2-406-11416-1
- EAN : 9782406114161
- ISSN : 2554-9626
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11416-1.p.0191
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/02/2021
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français