![Économie. Passé, présent, avenir - Introduction à la première section](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/BblMS01b.png)
Introduction à la première section
- Publication type: Book chapter
- Book: Économie. Passé, présent, avenir
- Pages: 819 to 821
- Collection: Library of Economics, n° 45
- Series: 1, n° 23
Introduction
à la première section
L’objet de cette section n’est pas seulement de caractériser et comprendre la mondialisation réellement existante (MRE) qui a cours depuis la fin du xxe siècle. Son objet est tout autant de caractériser et comprendre la crise environnementale qui est à la base de la montée en puissance de la question dite écologique et dont l’aspect occupant le devant de la scène au début des années 2020 est la crise climatique. D’ailleurs nous allons voir qu’on ne peut parvenir à une compréhension satisfaisante de la MRE sans l’envisager comme une composante du contexte général du début du xxie siècle, contexte dont la seconde composante principale est l’avènement de cette crise environnementale – elle est qualifiée d’éco-crise.
Il est courant de considérer qu’il n’y a pas de lien direct entre ces deux composantes, si ce n’est leur concomitance. C’est d’ailleurs la proposition qui sera défendue, en première analyse, à la fin du premier chapitre de la présente section. Pour autant, cette concomitance n’est pas fortuite. Son constat invite à rechercher une troisième entité qui serait en lien systémique avec chacune de ces deux composantes. Telle est la problématique de l’analyse générale qui est menée dans cette section. Son point d’aboutissement est que le troisième terme en question est le modèle « Nation moderne ». D’un côté, ce modèle commande un certain mode de croissance et de développement dont la poursuite est la cause commune de la MRE et de l’éco-crise et, de l’autre, la MRE et l’éco-crise contribuent toutes deux à l’entrée en crise de ce modèle. L’une et l’autre en sont des manifestations, des révélateurs. Elles doivent être comprises comme telles.
Le choix qui est fait est de retenir, comme porte d’entrée dans l’analyse de ce contexte global, la MRE. Il y a à ce choix trois raisons qui vont y être étayées : 1/ elle relève primordialement du domaine du vivre-ensemble des humains dont il est question dans cet ouvrage dès 820lors qu’elle est avant tout d’ordre économique ; 2/ ses incidences sont nettement différenciées entre les pays anciennement développés, ceux qui les rejoignent (la Chine, principalement) et ceux qui sont encore des pays en développement ; 3/ la grande majorité des propos à son sujet passent à côté de ce que la mobilisation de notre grille d’analyse permet d’en dire. Ce n’est pas le cas pour l’éco-crise. En effet, 1/ elle n’a pas que des causes et des conséquences économiques ; 2/ la seule différenciation entre pays concernant ses incidences est celle qui met en jeu leurs caractéristiques et positionnements géographiques physiques respectifs ; 3/ même si son origine anthropique (les activités humaines) est contestée par certains, une compréhension largement dominante de celle-ci s’est progressivement imposée et cette compréhension n’est pas du tout remise en cause par la mobilisation de notre grille d’analyse. Ce que cette mobilisation impose est seulement de la caractériser en distinguant nettement son aspect de nature économique (l’épuisement des ressources naturelles) et son aspect de nature écologique (la profonde détérioration des milieux de vie). C’est la raison pour laquelle elle est qualifiée d’éco-crise.
À partir moment où l’analyse de la MRE est choisie comme porte d’entrée, le fait majeur à prendre en considération est que ses implications diffèrent d’un type de pays à l’autre. À ce titre, trois groupes de pays doivent être distingués, deux types relativement homogènes – les pays du Nord (anciennement développés) et les pays du Sud (encore en développement) – et un troisième groupe intermédiaire sans typicité marquée. D’ailleurs, ces deux types se retrouvent aussi lorsqu’on prend en considération les responsables de l’éco-crise. Le plan retenu pour cette section en découle. Elle comprend trois chapitres. Dans le premier, la MRE et l’éco-crise sont vues du Nord. Seule la MRE est vue du Sud dans le second. Ces deux regards sont conjugués dans le troisième. L’analyse de l’éco-crise est logiquement faite dans ce premier chapitre dès lors qu’elle est comprise comme étant l’effet du type de développement (au sens général du terme) porté par le modèle de la Nation moderne (la première modernité) et que les pays du Sud n’en sont pas responsables. Ainsi, la proposition selon laquelle la MRE et l’éco-crise sont deux composantes distinctes de la crise du modèle « Nation moderne » est défendue à la fin de ce chapitre. Dans le second chapitre, il est question du développement (au sens spécifique à un pays dit en développement) 821à l’âge de la MRE. Il est mis en évidence que l’avènement de cette dernière en modifie profondément les conditions en ne laissant place qu’à une sous-industrialisation dépendante pour les PED. Dans le troisième chapitre, la désindustrialisation couramment constatée au Nord est d’abord caractérisée à la lumière de cette sous-industrialisation dépendante qui a lieu au Sud et de l’industrialisation de la Chine qui apparait comme étant tout à fait spécifique. L’analyse porte ensuite sur le mode d’accumulation mondial à l’œuvre dans le cours de la MRE et, par conséquent, sur la crise de 2008 qui en est un moment essentiel. Cette analyse conduit finalement à se poser une question : faut-il considérer cette crise comme la crise d’installation d’un troisième âge de la première modernité ou l’ouverture d’une longue période de crise ? La réponse qui y est apportée est au moins que ce mode d’accumulation ne peut conduire à réduire les inégalités économiques et permettre une résolution de l’éco-crise, même si la façon dont les néolibéraux de gauche proposent de l’organiser voit le jour.
- CLIL theme: 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
- ISBN: 978-2-406-12899-1
- EAN: 9782406128991
- ISSN: 2261-0979
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12899-1.p.0819
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 06-30-2022
- Language: French