Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Delphes et la littérature d’Homère à nos jours
- Pages : 469 à 474
- Collection : Rencontres, n° 358
- Série : Littératures antiques, n° 2
Résumés
Jean-Marc Luce, « Introduction »
Les points de contact entre Delphes et la littérature sont nombreux : oracles, récits mythiques, hymnes produits à Delphes même, à l’occasion des Jeux pythiques, des Sôtèria, ainsi que des nombreuses fêtes qui avaient lieu dans le sanctuaire d’Apollon (théoxénies, pythaïdes, etc.). Il y eut aussi sur Delphes une littérature en prose, souvent savante, des fables et des proverbes. Après l’Antiquité, le site a continué à inspirer poètes et écrivains, notamment depuis les grandes fouilles françaises commencées en 1892.
Michel Briand, « Delphes dans les Pythiques de Pindare. “… près du nombril central de notre mère aux beaux arbres” (Py.IV.73-74) »
Les références à Delphes sont une composante fondamentale des Pythiques et de leur pragmatique narrative ou spectaculaire. D’une part en tant que lieu de la victoire obtenue et célébrée « dans les vallons de Pythô », origine d’une gloire qui se répand, par la performance poétique, dans tout le monde grec. D’autre part en tant que domaine d’Apollon, garant des Jeux, maître des oracles et protecteur des athlètes. Et les énoncés gnomiques des Odes sont empreints de valeurs réputées delphiques.
Pascale Brillet-Dubois, « Philodamos et Delphes »
Le Péan à Dionysos de Philodamos de Scarphée, exécuté lors de Théoxénies, a été inscrit sur une stèle aux côtés d’un décret de proxénie accordée par la cité de Delphes au poète et à ses frères, et de ce qui semble être une dédicace. Ces constatations permettent de renouveler la réflexion sur la figure de l’hospitalité : Apollon Pythien et Dionysos, la cité de Delphes et le dieu, les célébrants des Théoxénies, enfin le poète lui-même. On s’interroge aussi sur le sens qu’avait le fait de graver l’hymne.
470Christophe Cusset, « La présence de Delphes dans la poésie hellénistique »
Chez quelques poètes hellénistiques (Lycophron, Apollonios de Rhodes, Callimaque, Théocrite, Euphorion) dont les intérêts sont plus nettement orientés vers les nouvelles capitales hellénistiques de l’Orient méditerranéen, il est néanmoins possible de mesurer l’écho que l’on peut encore trouver de l’oracle de Delphes. Alors que chez certains auteurs, l’importance du site delphique semble remise en question, chez d’autres il reste un centre de référence dans le culte d’Apollon.
Pierre Alain Caltot, « Espace de l’ambiguïté et poétique de l’équivoque. Delphes dans la Pharsale de Lucain »
Une étude du vocabulaire de l’ambiguïté dans le passage sur Delphes de la Pharsale révèle que Lucain a décrit l’oracle comme un espace du secret et du double qui le rend insaisissable. La langue de l’oracle elle-même, étant polysémique, se révèle insaisissable pour les personnages comme pour les lecteurs, et occasionne, par leur proximité formelle ou métrique et par l’usage des amphibologies, une contamination entre la parole de la Pythie et celle du poète pour affirmer leur statut commun de uates.
Claire Vieilleville, « Regards impies dans les temples de Delphes et de Memphis »
En replaçant, dans une approche littéraire, le temple d’Apollon au sein de l’économie du roman, aux côtés de celui d’Isis et de Pan, on s’aperçoit que l’exercice du regard à l’intérieur du sanctuaire est problématique : le prêtre grec voit la Pythie à un moment interdit ; à Memphis, des femmes orientales adressent des regards impies aux prophètes égyptiens. Mais à Méroé, seuls les Gymnosophistes pénètrent dans le temple : sa sacralité s’en trouve préservée.
Francesco Massa, « Démons, folie et possession. La construction de l’imaginaire delphique chez les auteurs chrétiens (iie-ve siècles) »
Grâce à l’étude de plusieurs textes chrétiens de Clément d’Alexandrie, d’Origène, d’Eusèbe de Césarée et de Théodoret de Cyr, on peut dégager les modifications de l’imaginaire chrétien sur Delphes au cours des siècles. L’oracle y apparaît comme un lieu peuplé de démons, constituant un défi pour 471la nouvelle religion qui construisait son identité en se présentant comme une alternative aux religions traditionnelles de l’Empire.
François Lefèvre, « Delphes chez Diodore. Un site de premier ordre vu par un auteur de second rang ? »
La Bibliothèque historique offre les inévitables consultations de la Pythie, à peu près dépourvues d’originalité si ce n’est qu’elles peuvent jouer un rôle dans la composition du récit. Le passage du livre XVI relatif à la découverte de l’oracle est plus remarquable, mais l’intérêt essentiel de notre auteur concerne la guerre phocidienne au ive siècle, notamment les nombreuses données factuelles et chiffrées qu’il fournit, avec une posture morale plus nuancée qu’on ne pourrait le penser à première vue.
Anne Jacquemin, « Les silences éloquents de Pausanias à Delphes »
Pausanias est l’une des grandes sources sur Delphes et la source essentielle pour ce qui est des monuments du sanctuaire. Malheureusement ses lecteurs ont souvent oublié qu’il ne se donnait pas pour but l’exhaustivité, mais qu’il opérait un choix en fonction du critère de l’intérêt et l’ont accusé d’erreurs, de négligences, alors qu’il aurait fallu conclure que ses priorités n’étaient pas les mêmes que celles des archéologues du xixe ou du xxe siècle.
Antoine Contensou, « Delphes dans la Bibliothèque d’Apollodore »
Ce travail porte sur l’image de Delphes dans la Bibliothèque d’Apollodore. La réalité physique du sanctuaire n’intéresse pas l’auteur ; Delphes, par ses oracles ou par les épisodes qui s’y déroulent, est dans le texte le garant de l’ordre voulu par les Olympiens. Il est impossible d’affirmer que la Bibliothèque soit liée aux récits racontés dans le sanctuaire. On constate in fine que l’ouvrage procède à une patrimonialisation de Delphes, dont il fait l’un des symboles de la culture grecque éternelle.
Françoise Frazier, « Delphes dans les Dialogues Pythiques de Plutarque. Un “lieu inspiré” »
Dans les dits dialogues pythiques, Delphes est bien autre chose qu’un simple cadre littéraire ou même qu’un lieu historique : il est le lieu du Dieu, 472un lieu emblématique du double mouvement, de Dieu vers l’homme et de l’homme vers Dieu, un lieu de médiation où Dieu se sert du sensible pour faire signe, où l’homme, pour sa réflexion philosophique comme pour sa vie morale, s’appuie sur le sensible pour se tourner vers le divin, un lieu inspiré.
Nicolas Kyriakidis, « Les parasites du dieu ? L’image des Delphiens dans la littérature antique »
À partir de l’exploration de trois thèmes (la rapacité, la vénalité et la lâcheté des Delphiens), un voyage dans l’image littéraire des Delphiens chez les auteurs de l’époque archaïque à l’époque hellénistique nous montre que celle-ci est plus complexe que ne peut le laisser croire une partie des jugements des auteurs modernes. Tour à tour protégés du dieu et bénéficiaires du sanctuaire, les citoyens de Delphes subissent, dans les représentations, l’ambivalence qu’il y a à être trop près du divin.
Georges Rougemont, « L’oracle de Delphes. Littérature et réalité »
L’image traditionnelle, et probablement légendaire, de la consultation de l’oracle – la Pythie en délire, prophétisant sous l’influence d’un souffle inspirateur surgi de la terre –, inconnue de toute la littérature grecque pré-hellénistique, et qui, même à l’époque impériale, n’est pas unanimement admise, revêt des formes diverses et souvent contradictoires. Elle paraît inspirée par les théories que certains philosophes hellénistiques, stoïciens surtout, avaient développées à propos de la divination.
Jean-Marc Luce, « Delphes et l’aspective »
L’aspectivité est un concept usuel en égyptologie qui définit les caractéristiques de la construction de l’image avant le développement de la perspective telle que l’ont développée les Grecs de l’époque classique. Ce concept peut aussi servir à analyser certains textes littéraires. Cet article propose donc une lecture aspective de la temporalité dans l’Hymne homérique à Apollon et une lecture aspective de l’espace chez Pindare et dans les chœurs d’Euripide.
473Marguerite Champeaux-Rousselot, « Byron à Delphes. Du lettré au poète, en passant par l’observateur et l’archéologue »
Ses études l’ayant détourné de la Grèce, Lord Byron fut de façon imprévue un des premiers à se rendre sur le Parnasse et à Delphes. Il livre un témoignage de valeur, en particulier pour l’archéologie, de Castalie, grâce à des notes prosaïques insérées dans ses poèmes écrits dans l’enthousiasme né de la puissance impressive et définitive de ce lieu. Ses écrits, puis sa mort, réactivèrent l’image de Delphes, mais comme un paysage qui s’impose et parle, incitant tout autant à l’intériorité qu’à l’action.
Jean-Yves Laurichesse, « Les “dimanches à Delphes”. Grèce provençale et Provence grecque chez Jean Giono »
Jean Giono appelait ses « dimanches à Delphes » les journées qu’il passait dans sa jeunesse, alors qu’il était employé de banques, à lire dans les collines les grands textes grecs qui ont constitué sa première culture personnelle. Il s’agit de montrer en quoi cet intertexte a été déterminant pour l’écrivain, l’aidant à inventer son « sud imaginaire », loin de tout régionalisme « provençal », dans une continuité heureuse entre ses lectures et les paysages qu’il avait sous les yeux.
Dimitra Giotopoulou, « Revisiting Delphi. From Palamas to Seferis »
Dans la poésie de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle l’image de Delphes a subi maintes transformations en raison de son caractère polysémique. Entre les deux voix majeures de la poésie grecque que sont Palamas, le chef-de-file des poètes de la génération des années 1880, et Séféris, le poète emblématique de la génération des années 1930, Sikélianos a formulé une vision politique/poétique personnelle de Delphes comme centre du monde, reprise, sous forme satirique, par Karyatakis.
Athanasia Psalti, « Delphes dans l’œuvre d’Angelos Sikelianos. La contribution de la littérature à la protection du patrimoine culturel »
En 1927 et 1930, Angelos Sikelianos et son épouse Eva Palmer ont organisé les fêtes delphiques lors desquelles se rassembla toute une partie de l’intelligentsia européenne, mais qui furent aussi des moments de promotion 474d’une « idée delphienne », visant à la paix dans le monde et au dialogue des cultures. Le site devenait ainsi le lieu d’un projet humaniste dont la culture grecque antique était le lieu d’accueil, ce qui n’est pas sans importance dans l’histoire de notre politique de conservation.
Sylvain Perrot, « L’image de Delphes dans les compositions musicales, de l’Antiquité à nos jours »
En partant des deux hymnes gravés sur le Trésor des Athéniens, on peut mettre en évidence les mots-clefs du poème, soulignés par les figures mélodiques et rythmiques, qui définissent les spécificités pythiques. À la fin du xixe siècle, Delphes réapparaît dans des œuvres musicales, tantôt sous la forme d’un souvenir littéraire mis en musique, tantôt dans l’évocation des ruines ou encore sous la forme d’harmonisation des deux hymnes ou de pièces originales s’en inspirant.
Malou Haine, « L’Apollonide, drame musical de Leconte de Lisle et de Franz Servais »
Le compositeur belge Franz Servais (1846-1907) et le poète parnassien Leconte de Lisle (1818-1894) ont œuvré, de 1877 à 1894 à l’élaboration d’un drame musical inspiré de la tragédie grecque Iôn d’Euripide qui se déroule à Delphes. Au cours de sa longue genèse que documentent une correspondance et deux versions du livret, de nombreuses modifications ont été apportées au texte, à la demande du compositeur. L’œuvre, montée à Karlsruhe en 1899 après la mort du poète, n’a connu qu’un succès d’estime.
Jean-Marc Luce, « L’Ion d’Euripide et L’Apollonide de Franz Servais »
L’Apollonide de Leconte de Lisle et Franz Servais est une adaptation de l’Ion d’Euripide. Les auteurs sont restés assez fidèles, notamment dans l’intrigue, à leur modèle, mais ont changé le nombre des personnages et ont remplacé les récits et les descriptions par des scènes en direct et par des décors de scène. Il s’ensuit une scénarisation générale rendant l’œuvre plus spectaculaire, avec une première version publiée (1888) plus archéologique que la seconde (1899).
- Thème CLIL : 4030 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Langues anciennes
- ISBN : 978-2-406-07430-4
- EAN : 9782406074304
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07430-4.p.0469
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 04/09/2018
- Langue : Français