Établissement de la musique
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre complet. Tome VII
- Pages : 791 à 793
- Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 104
Établissement de la musique
La musique de Charpentier composée pour L’Inconnu a malheureusement été perdue et seuls cinq fragments, liés aux représentations de 1675 et de 1679, ont pu jusqu’ici être retrouvés.
Le premier de ces fragments est la mélodie de l’air de la Bohémienne, « Il faut aimer, c’est un mal nécessaire » [H.454bis], chanté au troisème acte. La musique est notée, à voix seule sans basse, dans un recueil manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France (Rés. Vmf ms 11), daté de 1676, et intitulé Recueil des airs de l’Opera d’Atys. Attribué par le copiste à Charpentier, l’air se trouve aux fo 63vo-64, avec les paroles du premier couplet (nous avons ajouté celles du second couplet).
L’air « Ne fripez poan mon bavolet » [H.499a], pour voix de dessus et basse continue, a pour sa part été ajouté en 1679, lorsque les comédiens ont repris L’Inconnu en remplaçant le divertissement de l’acte V par celui d’une noce de village (initialement tirée du Triomphe des dames). La musique a été publiée par le Mercure galant d’octobre 1680 : c’est cette source que nous avons suivie pour la présente édition. En raison de son succès, l’air a été repris en 1703 par Jean-Claude Gillier dans les nouveaux divertissements de L’Inconnu (on le retrouve transposé en ré majeur dans les sources musicales liées à cette reprise)1.
792L’autre air de la noce de village, « Si Claudine » [H.499b], provient du Triomphe des dames créé en 1676 : il a lui aussi été inséré dans L’Inconnu en 1679, et sera encore repris par Gillier en 1703. Les seules sources dont nous disposons pour cet air sont celles de cette reprise de 1703. Nous avons retranscrit l’air tel qu’il est noté par Ballard dans le Recueil d’airs sérieux et à boire d’octobre 1703 (p. 202), spécialement consacré à l’édition des airs de Gillier pour L’Inconnu. Composée pour voix de basse, la mélodie était doublée à l’unisson par la basse continue (nous avons différencié chacune des deux parties). En l’absence d’une source plus ancienne, nous ne savons pas si cet air se présente sous sa forme originale, ou s’il a subi des retouches par Gillier.
On trouve enfin, dans le volume 17 des Mélanges (Bibliothèque nationale de France, Rés. Vm1 259 (17)), cahier XXIV, aux fo 47 à 51vo, un ensemble de pièces instrumentales répertoriées sous le numéro H.499 dans le catalogue des œuvres de Charpentier. Comme le suggère le titre noté au-dessus de la première pièce de l’ensemble, « ouuerture du Prologue de Acis de linconnu et de galathee », ces pièces ont été composées par Charpentier pour une première œuvre avant L’Inconnu : il s’agit des Amours d’Acis et de Galatée, petite pastorale créée chez des particuliers en 1678. La musique telle qu’elle se présente dans le cahier donne l’ouverture de l’opéra, et plusieurs airs de danses destinés aux deux premières scènes. Les airs de chant étaient notés dans un autre cahier, auquel Charpentier fait plusieurs renvois. Cette ouverture instrumentale a ensuite été réutilisée, en 1679, pour la reprise de L’Inconnu.Le compositeur a également noté, à la suite de ces airs pour Acis et Galatée, une danse de « Satyres », pour le prologue de L’Inconnu, copiée deux fois de suite. On la trouve, sous forme incomplète (seules les huit premières mesures pour le dessus et la basse ont été notées), au fo 51vo, et sous forme complète, à quatre parties, au recto. Cet air des Satyres n’a aucun lien avec le reste des pièces dans le cahier : non seulement la musique est barrée d’un trait de plume (ce qui laisse supposer que Charpentier ne la considérait pas comme faisant partie de l’ensemble des pièces précédentes), mais elle est en outre notée dans la tonalité de do majeur, alors que les pièces précédentes de la deuxième partie d’Acis et Galatée sont en ré mineur. Cette ouverture et cet air des Satyres pour le prologue de L’Inconnu de 1679 sont donnés en annexe.
793Pour l’ensemble de ces cinq fragments, nous avons modernisé les clés (avec indication des clés originales en incipit), et restitué, entre crochets, la nomenclature des instruments et des voix lorsque celle-ci n’était pas indiquée par Charpentier.
1 La musique de Gillier pour L’Inconnu a été éditée dans le Recueil d’airs sérieux et à boire d’octobre 1703 (Paris : Christophe Ballard) et dans l’anthologie des Airs de la Comédie Française (Paris : Pierre Ribou, 1704) sous le titre Divertissements nouveaux de la comédie de l’Inconnu de la composition de Mr Gillier (exemplaires connus : Bibliothèque nationale de France (Musique) : Rés. 1300 ; Bibliothèque nationale de France (Musique) : Rés. 1850 (7) ; Bibliothèque nationale de France (Musique) : Vm Coirault 431 ; Bibliothèque nationale de France (Arts du spectacle) : 8 RF 5899 (6, 1) ; Bibliothèque nationale de France (Arsenal) : Mus. 736 (8) ; Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française : 6R4 ; British Library : Music Collections B.319). Deux copies manuscrites d’André Danican Philidor nous sont parvenues (Bibliothèque nationale de France (Musique) : Rés. 1852 et Bibliothèque municipale de Versailles : Ms 134), et le fonds musical du Grand Théâtre de Bordeaux dispose aussi d’une copie (Bibliothèque municipale de Bordeaux, M1510).
- Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- ISBN : 978-2-406-16692-4
- EAN : 9782406166924
- ISSN : 2261-575X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16692-4.p.0791
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 20/03/2024
- Langue : Français