![Commentaire Vulgate des Métamorphoses d’Ovide. Livres I-V - Livre II](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/MbcMS01b.png)
Livre II [Partie II]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Commentaire Vulgate des Métamorphoses d’Ovide. Livres I-V
- Pages : 334 à 427
- Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 62
- Série : Ovidiana textes, n° 2
ipse : non nominat set describit et notat Iouem.
‹ ipse › inuidiose dicit pro se quem orbauerat Iupiter.
Per hoc quod dicit temptat habenas ostendit Iouem adhuc esse insufficientem.
391. patres me et illos1 ; ponat deponat.
‹ orbatura › hic uidetur Ouidius uelle patres qui filios amiserunt orbos debere dici. Infra uero matres orbas cum dicat de Niobe : « Orba resedit | exanimes inter natos natasque uirumque ». Tamen aliter est in uersibus Differentialibus quia pupillus est qui non habet patrem, orphanus qui non habet matrem, orbus qui amisit utrumque et qui amisit oculos. Vnde uersus : « Pupillus patre caret, orphanus est sine matre, | qui caret utroque puer orbus dicitur esse, | lumine priuatus uiolenter dicitur orbus ».
Vel2 dicit patres pluraliter ut ostendat seuiciam Iouis esse maximam.
392. sciet Iupiter ; ignipedvm ignes in pedibus habencium ; expertvs id est comprobatus3 ; eqvorvm solis.
393. non mervisse illum, scilicet Phetonta ; qvi quia ille ; rexerat uel rexerit4 ; illos equos.
395. omnia | nvmina omnes dei ; tenebras eternas.
‹ terris › uel rebus mundanis negando officium.
Ita Phebus dolens de morte filii sui negat se a modo regere currus, omnia uero numina.
396. svpplice humili ; rogant Phebum ; qvoqve etiam ; Ivpiter ipse ; ignes fulminis.
suplice quia supliciter debemus rogare.
397. minas id est more regis minatur illi.
excusat dicens quod coactus misit pro salute omnium rerum ut sic magis solem mitigaret.
Solent enim reges minari, quod innuit magister Galterus : « Te tamen armatum uideant hilaremque caterue | pugnantem precibus monituque minisque tonantem ».
Ita Iupiter et omnes dei orabant Phebum ut officium solitum faceret, colligit.
335lui-même : il ne nomme pas mais il décrit et désigne Jupiter.
‹ lui-même › c’est avec animosité qu’il parle pour lui-même, privé de son fils par Jupiter.
En disant qu’il essaie (de tenir) les rênes il montre que Jupiter, en outre, en était incapable.
391. pères moi et les autres.
‹ destinées à priver › ici on voit qu’Ovide veut que les pères qui ont perdu leur fils soient appelés ‘orbos’ (privés). Plus bas, il est vrai, les mères sont appelées ‘orbas’ (privées) quand il dit de Niobé : « ’Orba’, elle est assise seule entre les corps de ses fils, de ses filles et de son époux ». Pourtant il en est autrement dans les vers des Différences parce qu’on appelle ‘pupillus’ (pupille) celui qui n’a pas de père, ‘orphanus’ (orphelin) celui qui n’a pas de mère, ‘orbus’ (privé) celui qui a perdu les deux et celui qui a perdu la vue. D’où le vers : « Le ‘pupillus’ (pupille) n’a pas de père, l’‘orphanus’ (orphelin) pas de mère, on appelle ‘orbus’ un enfant qui n’a ni l’un ni l’autre de ses parents, et celui qui a perdu la vue de manière violente ».
Ou bien il dit les pères au pluriel pour souligner que la cruauté de Jupiter était immense.
392. il saura Jupiter ; aux pieds de feu ayant du feu aux pieds ; qui a fait l’expérience c’est-à-dire éprouvé ; les chevaux du Soleil.
393. n’avait pas mérité lui, à savoir Phaéton ; qui parce que celui-ci ; ceux-ci les chevaux.
395.
‹ à la terre › ou bien aux choses du monde en refusant son office.
Ainsi Phébus, affligé de la mort de son fils, refuse-t-il dorénavant de conduire le char, mais tous les dieux…
396. suppliante humble ; ils prient Phébus ; jupiter lui-même ; les feux de la foudre.
suppliante parce que nous devons prier en suppliant.
397. des menaces c’est-à-dire qu’il le menace à la façon d’un roi.
il s ’ excuse pour calmer encore plus le soleil, en disant qu’il a été contraint d’envoyer la foudre pour le salut de toutes les créatures.
Les rois ont l’habitude de menacer, ce que signale maître Gautier : « Que les troupes te voient, armé et joyeux, te battre en tonnant des prières, des exhortations et des menaces ».
Ainsi Jupiter et tous les autres dieux priaient Phébus de faire son office habituel : il rassemble…
336398. colligit ad preces et ad minas Iouis ; paventes stupefactos.
399. sevit in illos.
400. sevit repetit ut addat ; enim certe ; natvmobiectat mortem filii sui obicit minando ; impvtat uerberando ; illis equis.
401. at set ; pater omnipotens ; ingencia menia ingentem rotunditatem.
Ita ad petitionem Iouis et aliorum deorum officium solitum sumpserat Phebus, at.
402. labefactvm uacillans.
403. explorat explorando inquirit ; firma stabilia.
404. roboris esse id est retinere suum robur ; terrashominvmqve labores homines laborantes in terris5.
405. respicit uel perspicit, perfecte aspicit.
‹ respicit › uel prospicit, id est procul aspicit quoniam a celo.
Quamuis omnes terras aspiceret, tamen.
406. avdencia propter ignem.
sue dicit uel quia ibi magis colebatur quam alibi, uel quia pars est Crete ubi fuit nutritus, uel quia Calisto que erat de Archadia debebat esse sua.
407. restitvit restaurat.
[ f. 17v ]
408. lesas ustas calore solis ; revirescere iterum uirescere sicut prius.
409. redit Iupiter ; in virgine Calistone ; Nonacrina Archadica.
Nonacrina uocatur Archadia a ‘nonos’ quod est nouem et ‘acros’ quod est mons, quoniam nouem est montibus circumdata.
dum redit histeron proteron, ordo preposterus : prius enim oportet ire quam redire.
Quia ubi amor ibi oculus.
410. ossibvs illius ; ignes amoris.
Notat amoris uehemenciam dicendo sub ossibus.
411. hvivs Calistonis.
‹ non erat huius opus › quasi diceret non intendebat lanificio.
Dicit actor quod officium agebat Calisto dicens non.
412. nec erat opus suum ; variare uariando disponere ; cvi uel huic ; fibvla limbus6 cohercebat vestem.
337398. il rassemble sur les prières et les menaces de Jupiter ; tremblants étourdis.
399. il est en fureur contre eux.
400. il est en fureur il répète et ajoute ; car certes ; il reproche il reproche la mort de son fils en menaçant ; ilimpute en les frappant ; leur aux chevaux.
401. le père tout-puissant ; les immenses remparts l’immense cercle.
Ainsi sur la prière de Jupiter et des autres dieux Phébus avait-il repris son office habituel, mais…
404. être solide c’est-à-dire garder sa solidité ; les terres et les travaux des hommes les hommes travaillant la terre.
405.
‹ il regarde en arrière › ou il regarde au loin, c’est-à-dire il regarde de loin, puisque depuis le ciel.
Bien qu’il regardât toutes les terres, cependant…
406. (n’)osant (pas) à cause du feu.
Il dit sa soit parce qu’il y était honoré plus qu’ailleurs, soit parce que c’est une région de la Crète, où il fut nourri, soit parce que Callisto qui était originaire d’Arcadie devait être sienne.
[ f. 17v ]
408. blessées brûlées par la chaleur du soleil ; reverdir verdir à nouveau comme avant.
409. il revient Jupiter ; sur une jeune fille Callisto ; de Nonacris d’Arcadie.
Nonacris désigne l’Arcadie, d’après ‘nonos’ qui signifie neuf et ‘acros’ qui signifie montagne, parce qu’elle est entourée de neuf montagnes.
pendant qu ’ il revient hystéron-protéron, ordre renversé : il faut d’abord aller et puis revenir.
Parce que là où est l’amour, là est l’œil.
410. Ses os ; les feux de l’amour.
Il souligne la violence de l’amour en disant jusqu’aux os.
411. de celle-ci de Callisto.
‹ ce n ’ était pas son travail › comme s’il disait : elle ne s’intéressait pas au travail de laine.
L’auteur dit quelle fonction avait Callisto en disant non…
412. et ce n’était pas son travail ; varier arranger en variant ; agrafe une bouclefixait son vêtement.
338‹ positas › uel positu7.
413. vitta in signum castitatis ; neglectos incompositos ; capillos illius.
414. modo aliquando ; leve planum ; manv sua ; iacvlvm telum.
‹ leue › « Pro plano lēuis, pro leuitate lĕuis ».
Iaculum dicitur a iaciendo8, telum a ‘telon’ quod est longum, uel a teneo quia tenetur in manu.
415. erat illa ; Phebes Diane ; Menalon mons.
Phebes : Diana dicitur Phebe a ‘Phebo’ uel a ‘phos’ quod est lux, secundum quod Diana pro luna accipitur. Triuia uero dicitur a triuiis ubi colitur uel secundum eius triplicem potestatem, secundum quod est luna in celis, Diana in siluis, Proserpina apud inferos.
416. hac Calistone ; trivie Diane.
Triuia dicitur tribus de causis Diana quod scitur hiis uersibus : « Ima, superna, feras, sceptro, fulgore, sagitta, | terret, lustrat, agit Proserpina Luna Diana ».
Amabatur a Diana Parrasis et erat potens, set.
417. vlterivs medio cursu9, quasi diceret ultra medietatem erat.
Facit actor cronographiam, id est temporis descriptionem. Describit enim tempus in quo Iupiter accessit ad illam et eam deuirginauit, unde dicit ulterius.
418. illa Calisto.
quod nulla simile ibi : « Numquam longo uiolatus ab euo ».
419. exvit Calisto ; hic in isto nemore ; pharetram suam ; lentos flexibiles ; retendit distendit.
421. posita desuper ; pharetram suam ; cervice capite suo.
422. vidit Calistonem fessam labore uenandi ; carentem quia nullus ibi erat cum illa.
Ita Calisto nemus illud intrauit et in terra herbosa accubuit super pharetram et ut, postquam.
423. hoc fvrtvm hunc furtiuum choitum ; inqvit Iupiter.
Quasi diceret : timeone tantum iram Iunonis uxoris mee quod uoluntatem meam non audeam adimplere ?
339413. ruban en signe de chasteté ; négligés sans arrangement ; ses cheveux.
414. Avec sa main.
‹lēue› « ‘Lēuis’ pour lisse, ‘lĕuis’ pour légèreté ».
iaculum (javelot) vient de ‘iaciendo’ (en lançant), ‘telum’ (trait) de ‘telon’ qui signifie (lointain), ou de ‘teneo’ (je tiens) parce qu’on le tient dans la main.
415. était celle-ci ; phébé Diane ; le Ménaleune montagne.
Phébé : Diane est appelée Phébé d’après ‘Phébus’ ou d’après ‘phos’ qui signifie ‘lumière’, selon quoi Diane est prise dans le sens de ‘lune’. Mais elle est appelée ‘Triuia’ d’après ‘triuiis’ (‘carrefours’), lieux où elle est honorée, ou bien selon son triple pouvoir, selon lequel elle est la lune dans les cieux, Diane dans les forêts, Proserpine aux enfers.
416. celle-ci Callisto ; à la déesse des carrefours à Diane.
Diane est appelée ‘Triuia’ pour trois raisons, ce qu’on apprend par les vers suivants : « Les choses d’en-bas, les choses d’en-haut, les bêtes sauvages, avec le sceptre, l’éclat, la flèche, elle effraie, parcourt, agit, Proserpine, la Lune, Diane ».
Elle était aimée par Diane de Parrhasie et elle était puissante, mais…
417. plus que la moitié de son parcours, comme s’il disait il se trouvait au-delà de la moitié.
L’auteur établit une chronographie, c’est-à-dire une description du temps. Il décrit en effet le moment où Jupiter s’approcha d’elle et la déflora, c’est pourquoi il dit plus loin…
418. celle-ci Callisto.
qu ’ aucun comme dans ce passage : « Jamais profané depuis un âge très reculé ».
419. elle détacha Callisto ; ici dans ce bois sacré ; son carquois ; souples flexibles ; détendit relâcha.
421. posée sur ; son carquois ; la nuque sa tête.
422. il vit Callisto fatiguée par le labeur de la chasse ; privée parce qu’il n’y avait personne avec elle.
Ainsi Callisto entra dans ce bois et s’étendit dans l’herbe auprès de son carquois et dès que, après que.
423. ce larcin cette union clandestine ; dit-il Iupiter.
Comme s’il disait : est-ce que je crains tellement la colère de Junon, mon épouse, que je n’ose combler mon désir ?
340Nam10 dicit infra : « Induitur faciem tauri ».
424. ivrgia lites uxoris ; tanti pretii.
rescierit potest esse una pars uel due. Ita : si rescierit, id est si retro11 scierit, id est iterum, sicut alias sciuit et sic una pars ; uel si scierit res et ita sunt due dictiones, id est si scierit furtum.
Cum ita locutus est Iupiter, protinus.
425. protinvs statim.
426. pars existens.
427. ivgis collibus ; de cespite hoc audito.
‹ de cespite › de terra herbosa ubi sedebat.
428. se levat assurrexit domine sue ; nvmen o.
429. avdiat me dicentem talia ; licet quamuis ; ridet Iupiter ; avdit ista uerba.
430. ac uel et ; oscvla ivngit isti Calistoni12.
431. moderata temperata ; a virgine danda dari digna, immo a lectatore.
‹ non moderata › ultra modum lasciua.
432. parantem illam.
‹ qua › ad illum uersum respicit in quo quesierat Iupiter « in quibus ».
433. impedit Iupiter ; amplexv suo ; se esse deum ; sine crimine criminoso choitu ; prodit manifestat.
434. illa contra Iouem pugnat ; contra tamen.
Et sic est mutata de pudica in impudicam.
Et quia illa adeo bene repugnabat Ioui dicit actor aspiceres.
435. Saturnia o Iuno, filia Saturni ; esses si aspiceres.
436. illa qvidem repetit ut addat ; qvidem certe ; pvgnat contra Iouem.
437. qvisve homo ; svpervm summum ; ethera celum ; victor scilicet uoti compos.
uictor : uictoriam de Calistone habens. Vel superum id est superorum, sincopa13.
438. hvic Calistoni ; conscia deflorationis sue.
439. inde a quo nemore ; pedem suum ; referens id est rediens ; pharetram suam.
341Car il dit plus bas : « Il revêtit l’aspect d’un taureau ».
424. querelles disputes de l’épouse ; valent un si grand prix.
rescierit peut être écrit en un mot ou en deux. Donc : si elle sait à nouveau, c’est-à-dire si elle sait en remontant dans le passé, c’est-à-dire à nouveau, comme elle a su une autre fois, et donc c’est en un mot ; ou bien si ‘scierit res’ (elle apprend la chose) et donc ce sont deux mots, c’est-à-dire si elle apprend le larcin.
Après avoir dit cela Jupiter, immédiatement…
427. crêtes collines ; du gazon ayant entendu cela.
‹ du gazon › de la terre couverte de gazon où elle était assise.
428. elle se lève elle se leva pour sa maîtresse ; ô déesse
429. qu’il m’entende dire cela ; il rit Jupiter ; il entend ces mots.
430. il donne des baisers à cette Callisto.
431. modestes mesurés ; à donner par une vierge dignes d’être donnés, bien au contraire par un séducteur.
‹ peu modestes › dépassant la mesure, lascifs.
432. se préparant celle-ci.
‹ dans quelle › se réfère au vers dans lequel Jupiter avait demandé « dans quelles ».
433. il empêche Jupiter ; par son étreinte ; qu’il était le dieu ; (non) sans crime l’union coupable ; se trahit manifeste.
434. celle-ci se débat contre Jupiter ; contre cependant.
Et c’est ainsi qu’elle fut transformée de jeune fille pudique en impudique.
Et parce qu’elle s’était si bien débattue contre Jupiter, l’auteur dit si tu regardais…
435. Saturnienne ô Junon, fille de Saturne ; tu serais si tu voyais.
436. celle-ci, certes il répète et ajoute ; elle se débat contre Jupiter.
437. ou quel homme ; svpervm le plus haut ; l’éther le ciel ; vainqueur c’est-à-dire qui a obtenu ce qu’il voulait.
vainqueur : il a remporté la victoire sur Callisto. Ou bien superum c’est-à-dire ‘superorum’, syncope.
438. à celle-ci à Callisto ; consciente qu’elle a perdu sa virginité.
439. de là de ce bois ; son pied ; reportant c’est-à-dire retournant ; son carquois.
342440. tollere eleuare ; telis suis ; svspenderat in arbore sursum pependerat ; arcvm suum.
Cum egrederetur a silua in qua uirginitatem amiserat, ecce.
441. comitata suis sociabus ; dictinna Diana.
Dictinna : a Dicti ciuitate ubi colitur. Vel a ‘dictin’ grece quod est recte latine.
442. Menalon illud promontorium ; svperba gloriosa.
443. hanc Calistonem ; visam illam ; clamata a Diana uocata ; refvgit retro fugit.
[ f. 18r ]
444. primo principio ; esset lateret ; in illa sub eius specie14.
Ita fugiebat Calisto. Et quare ? Quia ipsa primo.
445. pariter cum Diana ; incedere nobilium est ; vidit Calisto.
Ita primo timebat ne Iupiter esset sub eius specie, set.
446. sensit abesse id est Iouem non esse illuc ; accessit Calisto ; ad harvm nimpharum.
447. qvam quasi diceret multum ; prodere manifestare ; vvltv exteriori habitu15.
Et quia ista pluribus signis ostendebat maculata conscientia uirginitatem suam esse lesam, ideo actor ponit generalem sententiam ut ex ea eliciat specialem dicens, heu etc.
‹ quam difficile est › simile dicit magister Galterus : « O quam difficile est studium non prodere uultu ».
448. ocvlos suos ; attollit erigit ; hvmo ab ; vt sicut ante solebat ante quam deflorata esset.
Ecce quare hoc dixerit.
449. dee Diane ; toto in ; prima sicut solebat esse.
Non est, inquam, iuncta dee.
450. rvbore per, suo16 ; pvdoris sue castitatis.
Pudor pro uirginitate ponitur, quia uirginitas et pudor sese inuicem concomitantur.
‹ lesi dat signa rubore pudoris › quasi diceret : in rubore uultus sui poterat cognosci quod non erat uirgo.
343440. emporter soulever ; ses flèches ; elle avait suspendu elle avait accroché en hauteur, dans un arbre ; son arc.
Comme elle sortait de la forêt où elle avait perdu sa virginité, voici…
441. accompagnée de ses compagnes ; dictynna Diane.
Dyctinna : d’après la ville de Dicté où elle est honorée. Ou du grec ‘dictin’ qui signifie ‘droit’.
442. leMénale le promontoire ; fière glorieuse.
443. celle-ci Callisto ; vue celle-ci ; hélée appelée par Diane ; elle s’enfuit recule en fuyant.
[ f. 18r ]
444. d’abord au début ; qu’il fût qu’il se cachât ; en elle sous son apparence.
Ainsi Callisto s’enfuyait-elle. Et pourquoi ? Parce qu’elle d’abord…
445. également avec Diane ; incedere (s’avancer) c’est la démarche des nobles ; elle vit Callisto.
Ainsi craignait-elle d’abord que ce ne fût Jupiter sous son apparence, mais…
446. elle comprit qu’il était absent c’est-à-dire que Jupiter n’était pas là ; s’approcha Callisto ; d’elles des nymphes.
447. combien comme s’il disait ‘beaucoup’ ; par la mine par l’aspect extérieur.
Et parce que cette conscience tachée montrait par plusieurs signes l’outrage subi par sa virginité, l’auteur utilise donc une sentence générale pour en tirer une sentence particulière,en disant hélas etc.
‹ qu ’ il est difficile › maître Gautier dit de même : « Ô, que l’effort est difficile de ne pas se trahir par son visage ! »
448. Ses yeux ; de la terre ; comme de même qu’elle le faisait avant avant d’être déflorée.
Voici pourquoi il avait dit cela.
449. de la déesse de Diane ; dans toute ; la première comme elle l’était d’habitude.
Elle n’est pas, dis-je, aux côtés de la déesse.
450. Par sa rougeur ; de la pudeur de sa chasteté.
On dit ‘pudeur’ pour ‘virginité’, parce que la virginité et la pudeur ne vont pas l’une sans l’autre.
‹ elle donne des signes de l ’ outrage subi par sa pudeur › comme s’il disait : à la rougeur de son visage on pouvait reconnaître qu’elle n’était plus vierge.
344451. et uel nec ; sentire cognoscere crimen17.
Quasi diceret : nisi Diana esset uirgo posset bene cognoscere illam esse deuirginatam. Vel aliter et ibi legetur nec, et ita : nec pro et et pro non, Diana non poterat sentire nichil18 nisi quod Calisto est uirgo.
452. notis noticiis ; cvlpam crimen ; fervntvr dicuntur.
453. resvrgebant iterum surgebant ; lvnaria lune ; orbe nono nona rotunditate, id est nouem menses erant completi.
Nesciebat culpam Diana et quomodo sciuit exsequitur actor dicens cornua.
454. venatv uel uenatrix ; langvida id est fessa ; flammis calore solis.
dea uenatrix, id est dea uenantium uel uenatus19.
‹ languida flammis › id est grauata per estum.
455. nacta assecuta est ad refrigerium caloris ; de qvo nemore.
456. versabat frequenter uertebat.
uersabat : glomerabat et glomeratus frequenter uertebat20.
Similis erat illi riuo de quo magister Galterus dicit : « Verisque latens sub ueste iocatur | riuulus et longo rigat interiora meatu | garrulus et strepitu facit obsurdescere montes ».
Ita Diana loca inuenit delectabilia, ut postquam.
458. hiis ripis21 ; qvoqve similiter ; procvl longe ; arbiter iudex.
‹ arbiter › qui de nobis iudicet que pulcrior sit, uel qui possit aliquid narrare de nobis uel arbitrari, uel arbiter id est conscius22.
459. svperfvsis super corpora fusis ; tingamvs abluamus ; corpora nostra.
Et quia procul est omnis arbiter, tingamus.
460. parrasis Calisto ; ervbvit pudorem habuit ; cvncte nimphe ; velamina sua ; ponvnt deponunt.
Hoc dicto a Diana ‹Parrasis›.
Parrasis de Parrasia regione.
461. vna ipsa sola, scilicet Calisto ; dvbitanti illi ponere uestem ; adempta ablata est.
adempta est ab aliis nimphis.
345451. et ou bien et non pas ; reconnaître se rendre compte de la faute.
Comme s’il disait : si Diane n’était pas vierge elle pourrait bien reconnaître qu’elle avait été déflorée. Ou bien autrement : on lira nec, et de cette manière : nec pour ‘et’ et pour ‘non pas’, Diane ne pouvait se rendre compte de rien sinon que Callisto était une jeune fille.
453. se relevaient se levaient à nouveau ; lunaire de la lune ; le neuvième cercle la neuvième rondeur, c’est-à-dire les neuf mois s’étaient accomplis.
Diane ne connaissait pas sa faute : comment elle l’apprit, l’auteur le dit en poursuivant avec les cornes…
454. affaiblie c’est-à-dire fatiguée ; par les flammes par la chaleur du soleil.
déesse chasseresse, c’est-à-dire déesse des chasseurs ou de la chasse.
‹ affaiblie par les flammes › c’est-à-dire accablée par la grande chaleur.
455. ayant trouvé elle parvint à un bois frais protégé de la chaleur ; duquel du bocage.
456. tournait et retournait tournait sans cesse.
tournait et retournait : mettait en une boule qui tournait sans cesse.
Il était semblable au ruisseau dont maître Gautier dit : « Caché sous l’habit du printemps badine un petit ruisseau qui gazouille et arrose l’intérieur par sa course incessante et dont le bruit assourdit les montagnes. »
Ainsi Diane trouvait-elle les lieux agréables, quand, après que…
458. ces rives ; aussi semblablement ; arbitre juge.
‹ un arbitre › qui jugerait laquelle de nous est la plus belle, ou qui pourrait raconter quelque chose sur nous ou bien nous juger, ou bien un arbitre c’est-à-dire un témoin.
459. versées sur répandues sur nos corps ; trempons lavons ; nos corps.
Et parce que tout témoin est loin de nous, baignons.
460. la Parrhasienne Callisto ; elle rougit elle eut honte ; toutes les nymphes ; son vêtement ; posent déposent.
Comme Diane avait dit cela ‹la Parrhasienne›…
Parrhasienne de la région de Parrhasie.
461. une elle seule, à savoir Callisto ; à elle qui hésite à déposer son vêtement.
fut enlevé par les autres nymphes.
346462. posita deposita ; patvit patens fuit ; corpore suo ; crimen adulterium suum.
‹ patuit cum corpore crimen › uteri pregnantis scilicet, quia pregnans erat, eam fecisse incestam23.
463. attonite illi ; manibvs suis ; vtervm uentrem grauidum.
464. nec uel ne24 ; fontes istos.
465. Cinthia Diana ; cetv consortio.
‹ Cinthia › a Cintho monte ubi colitur.
Ita de Iouis semine conceperat Calisto et hoc Diane cognito a cetu suo secedere iusserat, matrona.
466. matrona uxor scilicet Iuno25 ; tonantis Iouis.
hoc scilicet Calistonem esse grauidam.
Id est diu erat quod furtum Iouis26 nouerat.
467. -qve pro set ; in id est usque ; ydonea oportuna.
modo : non querit amplius morari.
Quoniam expectabat tempus ydoneum in quo ipsam puniret.
468. cavsa quin ipsam puniat ; pver erat natus.
more dilacionis ad penam sumendam.
‹ Archas › scilicet Archadem natum de pelice sua.
Archas proprium nomen pueri unde dicta est Archadia ; uel Archas patrium nomen sit ab Archadia, eo quod ipse natus fuit in Archadia.
469. pelice Calistone.
Et sic de impudica in puerperam est mutata.
470. simvl postquam ; obvertit contrauertit Iuno.
quo ad quem puerum, uel ad quem locum, uel ad quam rem27.
‹ obuertit seuam cum lumine mentem › id est animum et oculos, quoniam oculos corporales et mentales ad ipsum conuertit.
471. scilicet certe ; hoc solum ; advltera o ; dixit yronice28.
restabat : ad exigendum29 dolorem meum.
adultera : que adulterata es cum Ioue marito meo.
347462. posée déposée ; son corps ; la faute son adultère.
‹ la faute fut découverte en même temps que son corps › c’est-à-dire son sein de femme enceinte, parce qu’elle était enceinte, il fut évident qu’elle avait eu une relation charnelle.
463. À elle interdite ; avec ses mains ; le sein son ventre de femme enceinte.
464. Ces sources.
465. la Cynthienne Diane ; la troupe l’assemblée.
‹ Cynthienne › du mont Cynthe où elle est honorée.
Ainsi Callisto avait conçu de la semence de Jupiter et quand Diane en avait eu connaissance elle lui avait ordonné de quitter sa troupe ; la matrone…
466. la matrone c’est-à-dire l’épouse, Junon ; de Jupiter Tonnant.
cela à savoir que Callisto était enceinte.
C’est-à-dire il y avait longtemps qu’elle avait remarqué le larcin de Jupiter.
467. et pour mais ; dans c’est-à-dire jusqu’à ; approprié propice.
maintenant : elle ne cherche pas à attendre plus longtemps.
Parce qu’elle attendait le moment approprié pour la punir.
468. la raison pour laquelle elle la punit ; un garçon était né.
du retard du délai pour la punir.
‹ Arcas › c’est-à-dire le fils arcadien de sa rivale.
Arcas nom propre de l’enfant dont l’Arcadie tire son nom ; à moins qu’Arcas soit le nom patronymique dérivé du nom ‘Arcadie’, parce qu’il est né en Arcadie.
469. la rivale Callisto.
Et ainsi d’impudique elle fut transformée en jeune mère.
470. elle tourna Junon se tourna vers.
vers vers cet enfant, ou vers ce lieu, ou vers cette affaire.
‹ elle tourna sa pensée cruelle et ses yeux › c’est-à-dire l’esprit et les yeux, parce qu’elle tourna vers lui les yeux du corps et de l’esprit.
471. cela seul ; ô femmeadultère ; elle dit de manière ironique.
il manquait : pour mettre le comble à ma douleur.
femme adultère : qui as une relation adultère avec Jupiter, mon époux.
348Themesis est uersus : « Dat themesim partes in binas dictio secta30 ».
472. fecvnda pregnans ; et ut fieret ; inivria quam tulisti ; partv per.
iniuria quam michi intulisti31.
473. Et ut Iovis ; mei mariti ; testatvm per testem probatum ; dedecvs dedecorosus32 choitus.
Et quia concepisti de marito meo ‹non impune›.
474. nec uel haut ; immvne sine pena ; adimam tollam ; nam quia.
475. qva figura ; tibi places superbis33 ; importvna incongrua ; marito Ioui.
‹ importuna › nullam oportunitatem habens cum indignacione loquitur34.
Placere sibi superbire est.
476. Ita Iuno dixit ; de uel a ; fronte illius.
477. hvmi aduerbialiter ; tendebat illa Calisto.
‹ supplex › suplicans Iunoni ut supplicando eam posset a proposito suo flectere.
478. brachia sua ; horrescere horribilia fieri ; villis id est pilis.
crescere ideo dicit quod ungues ursorum nimis extenduntur extra carnem35.
479. Et ceperunt cvrvari ; manvs sue ; advncos curuos.
Hoc bene commemorat Bernardus dicens de proprietatibus animalium : « Substitit in pectus leo forcior, ursus in ungues, | anguis atrox morsu, dente timendus aper ».
[ f. 18v ]
480.
Et manus ceperunt fungi.
481. Iovi a Ioue ; fieri ceperunt ; deformia turpia, deorsum a forma.
‹ rictu › os est hominis, rictus animalis bruti.
Ita mutata est Calisto, et neue.
482. preces eius ; animos Iunonis ; flectant flectere possint.
483. posse loqvi potentia loquendi ; vox iracvnda iracundiam designans.
‹ minax › minatoria que raucitate sua uidetur minari gentibus et feris.
349Voici une définition de la tmèse : « Un mot séparé en deux parties donne une tmèse ».
472. féconde enceinte ; et pour que fût ; l’injure que tu as faite ; par ton accouchement.
l ’ injure que tu m’as infligée.
473. Et pour que de Jupiter ; de mon époux ; attesté prouvé par un témoin ; le déshonneur l’union honteuse.
Et parce que tu es enceinte de mon époux ‹(ce) n’(est) pas impunément›.
475. par laquelle la beauté ; tu te plais tu t’enorgueillis ; odieuse indécente ; à l’époux Jupiter.
‹ odieuse › sans aucune bienséance ; elle parle avec indignation.
Se plaire à soi-même est faire preuve d’orgueil.
476. Ainsi Junon parla ; son front.
477. à terre adverbial ; elle tendait celle-ci, Callisto.
‹ se prosternant › suppliant Junon pour pouvoir la fléchir et la détourner de sa résolution.
478. Ses bras ; se hérisser devenir horrible.
croître il le dit parce que les griffes des ours sortent beaucoup de la chair.
479. Et ils commencèrent à se courber ; ses mains.
Bernard évoque bien ce fait en traitant les propriétés des animaux : « Le lion est fort par sa poitrine, l’ours par les griffes, le serpent est atroce par sa morsure, le sanglier est redoutable par sa dent ».
[ f. 18v ]
480.
Et ses mains commencèrent à faire office de pieds.
481. pour Jupiter par Jupiter ; commencèrent à devenir ; défigurées laides, au-dessous de la beauté.
‹ gueule › l’homme a une bouche, l’animal sauvage une gueule.
Ainsi Callisto fut-elle transformée, et si non…
482. Ses prières ; le cœur de Junon ; fléchissent puissent fléchir.
483.
‹ menaçante › qui menace, dont le son rauque semble menacer les gens et les bêtes sauvages.
350484. ravco rauce sonante ; fertvr emittitur.
485. manet id est remanet ; facta ursa ; qvoqve certe ; mansit remansit36.
Quantum ad interiorem habitum37.
486. testata id est ostendens ; dolores suos.
gemitu id est habens gemitum pro uoce38.
487. tollit eleuat
qualescumque dicit quia re uera non sunt manus set manuum exprimunt similitudinem39.
488. neqveat quoniam mutata.
ingratum : simile supra de Yo : « Et gemitu et lacrimis et multisono mugitu | de Ioue uisa queri ».
‹ ingratum sentit › immemorem esse sui seruicii.
489. qvociens id est multociens ; sola solitaria ; avsa Calisto ; silva in.
Quasi diceret : multociens ; per hoc probatur que mentem antiquam habebat.
490. domvm suam.
491. qvociens multociens ; saxa loca saxosa ; acta agitata.
Et quia dixerat quod40 in ursam mutata antiquam mentem habebat specialius ostendit de eius miseria dicens ha quotiens.
492. venatrix prius ; venantvm canum.
493. sepe multociens ; oblita quod esset ursa.
494. Et illa vrsa existens ; horrvit timuit.
495. lvpos alios ; pater suus, Lycaon scilicet ; illis lupis.
Vnde supra : « Fit lupus et ueteris seruat uestigia forme ».
496. Lycaonie Calistonis, filie Licaonis scilicet ; ignara nescia ; parenti sue41.
Quoniam nesciebat quod ibi42 esset mater sua, scilicet Calisto.
497. adest presens.
Ita timebat ursas licet ipsa esset fera et ecce, dum in tali errore esset, Archas.
498. feras quia uenator ; seqvitvr Archas ; aptos oportunos uenationi.
351485. devenue ourse.
Quant à la disposition intérieure.
486. témoignantc’est-à-dire montrant ; ses souffrances.
par un gémissement c’est-à-dire avec un gémissement à la place de la voix.
487.
quelles qu ’ elles soient dit-il parce qu’en vérité ce ne sont pas des mains mais elles expriment la même chose que des mains.
488. elle ne peut parce qu’elle est transformée.
ingrat : de même à propos d’Io plus haut : « Par ses gémissements, par ses larmes et ses nombreux mugissements elle semble se plaindre de Jupiter ».
‹ elle pense qu ’ il est ingrat › lui qui ne se souvient pas de ses services.
489. combien de fois c’est-à-dire de nombreuses fois ; seule solitaire ; (n’)ayantosé Callisto ; dans la forêt.
Comme s’il disait : souvent ; par cela il prouve qu’elle conservait son ancienne raison.
490. Sa demeure.
491.
Et parce qu’il avait dit qu’une fois transformée en ourse elle avait gardé son ancienne raison, il montre en particulier son malheur en disant ah, combien de fois.
492. la chasseresse autrefois ; des chasseurs des chiens.
493. souvent de nombreuses fois ; ayant oublié qu’elle était une ourse.
494. Et alors qu’elle était une ourse ; elle fut horrifiée elle eut peur.
495. les loups les autres ; son père, à savoir Lycaon ; ceux-ci les loups.
D’où plus haut : « Il devient un loup et garde des vestiges de son ancienne forme »
496. de la Lycaonienne de Callisto, c’est-à-dire la fille de Lycaon ; de sa mère.
Parce qu’il ne savait pas qu’elle était sa mère, à savoir Callisto.
497.
Ainsi elle avait peur des ours, quoiqu’elle fût elle-même une bête sauvage, et voici que, pendant qu’elle était dans une telle erreur, Arcas…
498. les bêtes sauvages parce qu’il était chasseur ; Arcas suit ; favorables propices pour la chasse.
352499. Erimathidos id est Erimanti montis, patronomicum femininum posuit pro primitiuo.
Erimantus quidam mons est in Archadia.
nexilibus plagis : id est rethibus nexando et intricate factis, modus usitatus uenatoribus.
500. qve mater ; restitit retro stetit ; Archade filio suo.
incidit in matrem : id est casualiter ex improuiso uenit super matrem.
501. similis mater ; ille Archas ; refvgit retro fugit.
Ita stetit illa, ille uero.
Hic ostendit se similem cognoscenti id est tamquam illum cognosceret.
502. immotos non motos ; -qve id est quia ; ocvlos suos ; sine fine incessanter ; tenentem Calistonem matrem suam.
Semper enim aspiciebat eum.
503. nescivs quod esset mater sua ; accedere ad illam.
‹ fugit 43 › timuit quia qui fugit uidetur timere. Vnde fugit pro timuit dicit.
504. vvlnifico uulnus faciente ; fverat Archas ; pectora matris sue ; telo uel ferro44.
Ita timebat Archas matrem suam eum assidue aspicientem, unde fuerat.
505. argvit45id est prohibuit ei ; omnipotens Iupiter ; ipsos matrem et Archada.
‹ nephas › id est nepharium factum46 : erat enim nefas quod matrem uolebat interficere.
Vel nephas id est arcum et sagittas in eodem statu sustulit47.
506. svstvlit sursum tulit ; celeri ueloci ; raptos illos ; inania per aera ; vento per uentum.
celeri : celeriter eos inponenti48.
507. vicina id est proxima ; fecit illos.
Calisto fuit filia Lichaonis, set non illius qui humanas carnes deis apposuit ad comedendum, qui mutatus fuit in lupum, uel poterat bene dici Lichaon quia quilibet rex Archadie uocabatur Lichaon ex consuetudine. Vel alius potest esse Lichaon, quia idemptitas nominis 353499. de l’Érymanthe c’est-à-dire du mont Érymanthe, il a utilisé le nom patronymique au feminin au lieu du nom original.
L’Érymanthe est une montagne d’Arcadie.
avec des filets entrelacés : c’est-à-dire avec des filets fabriqués avec des nœuds et de manière entrelacée, une manière utilisée par les chasseurs.
500. qui la mère ; s’arrêta resta en arrière ; Arcas son fils.
il tomba sur sa mère : c’est-à-dire il arriva sur sa mère par hasard et de manière imprévue.
501. semblable la mère ; celui-ci Arcas.
Elle s’arrêta, mais lui…
Ici elle se montre semblable à quelqu’un qui reconnaît c’est-à-dire comme si elle le reconnaissait.
502. et c’est-à-dire car ; ses yeux ; sans fin sans cesse ; fixant son regard Callisto, sa mère.
Elle le regardait tout le temps.
503. ne sachant pas que c’était sa mère ; s’approcher d’elle.
‹ il fuit › il eut peur parce que celui qui fuit montre qu’il a peur. C’est pourquoi il dit ‘fuit’ pour ‘eut peur’.
504. il était Arcas ; la poitrine de sa mère.
Arcas avait une si grande peur de sa mère qui le regardait sans cesse, qu’il était…
505. le tout-puissant Jupiter ; ceux-ci la mère et Arcas.
‹ sacrilège › c’est-à-dire l’acte impie : car c’était un sacrilège le fait qu’il voulait tuer sa mère.
Ou sacrilège c’est-à-dire qu’il souleva son arc et ses flèches dans cette position.
506. il enleva ceux-ci.
rapide : en les posant rapidement.
507. voisine c’est-à-dire très proche ; il fit ceux-ci.
Callisto était la fille de Lycaon, mais non de celui qui servit à manger aux dieux de la chair humaine, et qui fut transformé en loup ; ou bien peut-être était-il nommé Lycaon parce que tous les rois d’Arcadie étaient appelés Lycaon par habitude. Ou bien cela peut être un autre Lycaon, parce que l’identité du nom produit une méprise, tout comme
354generat errorem, sicut ponit sepe Scillam filiam Phoci loco Scille filie Nisi et e contrario. Vel potest esse Lichaon qui deis apposuit carnes humanas et propter hoc factum est diluuium, set nulli euaserunt preter Deucalion et Pirra. Ad hoc dicendum est quod superius dixerat Iupiter : « Sunt michi semidei etc. ». Istis dederat permanenciam in terris et de talibus poterat esse Lichaon, et etiam filia sua nimpha erat et ita potuit euadere diluuium49.
Partim historice partim allegorice exponitur ista mutatio. Re uera rex Cretensis Calistonem adamauit que uenatrix erat, quod ideo fingitur quia uiriliter laborabat, quam cum ad amorem suum sollicitaret Iupiter, saltem uirginare cum ea impetrauit ita quod nichil intus uicii faceret. Quod cum ipse incepisset paulatim ad rem descendens eam deflorauit, et ita fingitur eam in specie uirginis decepisse. In ursam mutauit eam Iuno, quod ideo fingitur quod partus eam deturpauit : ursa nulla est fera turpior ; Iuno autem dea partus dicebatur et ideo fingitur hoc fecisse. In celo cum filio suo sustulit eam Iupiter, cognoscens [filius] ab eo debuit interfici50, quod nichil aliud fuit nisi quod animauertens peccatum suum et penitens, in celestibus meruit collocari, et filius cum illa, quoniam non separantur ab hominibus opera sua, unde dicit Scriptura : « Opera illorum sequuntur illos ». Et sic moralis est ista mutatio ; intumuit etc.
Ita facti sunt sidera, intumuit.
Accessus est ad mutationem de filia Coronei in cornicem Phebo consecratam et hoc est quod dicit continuando se ad precedencia dicens intumuit etc.
508. intvmvit grauiter doluit ; pelex Calisto que fuerat pelex sua.
509. Thetin deam maris.
510. Occeanvmqve et ad deum marinum.
Et merito descendit quorum quia illorum Thetidis et Occeani reuerentia mouit.
quorum reuerencia mouit | sepe deos : hoc dicit quia dei habuerunt eos in reuerentia ; uel ipsi deos ; uel sicut dei fuerunt moti multociens per preces illorum ita et modo illi per preces Iunonis51.
355on met souvent Scylla, la fille de Phorcus, au lieu de Scylla, la fille de Nisus, et vice-versa. Ou bien cela peut être Lycaon qui servit aux dieux de la chair humaine et c’est pour cette raison qu’il y eut le déluge, mais personne n’en réchappa sauf Deucalion et Pyrrha. À cela il faut objecter que Jupiter avait dit plus tôt : « J’ai des demi-dieux etc. » Il leur avait donné le droit de vivre sur terre de manière permanente et Lycaon était peut-être l’un d’eux, ainsi que sa fille, la nymphe, et ainsi il aurait pu échapper au déluge.
Cette transformation s’explique de façon en partie historique, en partie allégorique. En vérité, le roi de Crète aima Callisto qui était une chasseresse, ce que l’on imagine parce qu’elle travaillait comme un homme ; comme Jupiter cherchait à la séduire, il parvint d’abord à passer du temps chastement avec elle de sorte qu’il n’y avait aucun péché dans cela. Ayant commencé ainsi, il arriva progressivement à l’acte et la déflora, et alors on imagine qu’il l’avait trompée en prenant l’apparence d’une jeune fille. Junon la transforma en ourse, ce qu’on imagine parce que son accouchement la rendit laide : il n’y pas d’animal plus laid que l’ourse ; or on disait que Junon était la déesse de l’accouchement et c’est pourquoi l’on imagine qu’elle avait fait cela. Jupiter l’emporta avec son fils dans le ciel quand il vit qu’elle allait être tuée par lui [le fils], ce qui ne signifie rien d’autre qu’elle reconnaissait son péché et le regrettait, et c’est pourquoi elle mérita d’être placée parmi les dieux du ciel, et son fils avec elle, puisque les hommes ne sont pas distincts de leurs actes, comme le dit l’Écriture : « Car leurs actes les accompagnent ». Et donc cette transformation est morale ; elle s’enfla etc.
Alors ils furent transformés en étoiles, elle s’enfla de colère.
L’auteur est arrivé à la transformation de la fille de Coronée en une corneille consacrée à Phébus et c’est ce qu’il raconte en faisant suite à ce qui précède en disant elle s’enfla de colère etc.
508. elle s’enfla de colère elle était gravement affligée ; sa rivale Callisto qui avait été sa rivale.
509. Téthys la déesse de la mer.
510 Océan le dieu de la mer.
Et c’est avec raison qu’elle descendit, pour lesquels parce quepoureux, pour Téthys et Océan, lerespecta ému…
pour lesquels le respect a souvent ému les dieux : il dit cela parce que les dieux éprouvaient du respect pour eux ; ou bien eux-mêmes pour les dieux ; ou bien tout comme les dieux étaient souvent touchés par leurs prières, de même ils le sont maintenant par les prières de Junon.
356511. deos ut eorum petitioni acquiescerent, nam eis utpote senioribus minores assurgebant ; scitantibvs id est inquirentibus ; infit uel inquit, defectiuum nec plus inuenitur.
512. qveritis uos ; etereis ueniens ; regina ego.
Simile dicit Virgilius : « Ast ego que diuum incedo regina etc. ».
Verba sunt Iunonis ad Thetim et ad Occeanum dicentis queritis, querere potestis, et ita serio uel interrogatiue queritis.
513. assim ecce causa ; pro me loco mei ; altera scilicet Calisto.
514. orbem mundum.
Expulsa sum a celo et altera tenet pro me celum et mencior,id est mendax dicar, nisi.
515. honoratas honorifice locatas ; mea vvlnera id est dolorem meum ; svmmo celo in altitudine celi52.
In summo celo id est in summa parte celi, scilicet in septemtrione. Vnde Virgilius : « Hic uertex nobis semper sublimis etc. ».
[ f. 19r ]
516. stellas nouas illic uideritis inquam illic.
circulus : paralellus articus qui diuidit †australem† frigidum a nostra habitabili. Ille autem in ueritate non est breuissimus omnium paralellorum, immo tantumdem breuis est circulus antarticus, set illum non uidemus. Vnde ita debemus glosare : breuissimus illorum quos uidemus.
517. extremvm in extrema parte linee intelligibilis positum.
Et quia contra nostram uoluntatem stellificati sunt nemo debet me timere et hoc est est uero.
518. vero uel aliquid ; cvr propter quid ; qvis aliquis ; Ivnonem me scilicet53.
519. offensam me iratam ; tremat timeat ; sola inter alias ; nocendo dum nocere puto.
tremat : cum fuerim offensa, quasi diceret : nemo debet timere meam offensam uel me offensam54.
520. qvam vastapotencia nostra est quasi diceret parua, hoc totum dicit yronice.
357511. les dieux pour qu’ils accèdent à leur demande ; car les jeunes se levaient devant eux comme il est naturel devant des personnes plus âgées ; à eux qui veulent savoir c’est-à-dire à eux qui demandent ; elle commence ou dit, verbe défectif qui n’est plus utilisé.
512. Vous demandez ; de l’éther venant ; la reine moi.
De même Virgile dit : « Et moi, la reine des dieux, qui m’avance, etc. »
Ce sont les mots de Junon adressés à Téthys et Océan : vous demandez, dit-elle, vous pouvez demander, et ainsi vous demandez de manière sérieuse ou interrogative.
513. je suis là voici la raison ; pour moi à ma place ; une autre à savoir Callisto.
514. globe terrestre le monde.
J’ai été chassée du ciel et une autre tient le ciel à ma place et je mens c’est-à-dire je serais une menteuse si ne…
515. honorées placées dans une position honorable ; mes blessures c’est-à-dire ma peine ; au plus haut ciel dans les hauteurs du ciel.
Au plus haut ciel c’est-à-dire dans la partie la plus haute du ciel, à savoir au septentrion. D’où Virgile : « Ici le pôle nord est toujours au-dessus de nos têtes etc. ».
[ f. 19r ]
516. des étoiles nouvelles là vous verrez, dis-je, là-bas.
cercle : le parallèle arctique qui sépare la zone †australe† froide de notre zone habitable. Ce parallèle, en vérité, n’est pas le plus court de tous, bien au contraire le parallèle antarctique est tout aussi court, mais celui-là, nous ne le voyons pas. C’est pourquoi nous devons gloser de la manière suivante : le plus courte de ceux que nous voyons.
517. le pôle nord placé à l’extrémité d’une ligne intelligible.
Et parce qu’ils ont été transformés en étoiles contre notre gré personne ne doit plus me craindre et cela c’est maisil y a…
518. Junon c’est-à-dire moi.
519. offensée moi, en colère ; seule parmi les autres ; en nuisant en pensant nuire.
tremblerait : de m’avoir offensée, comme si elle disait : personne ne doit craindre de m’offenser, ou me craindre si je suis offensée.
520. combien notre pouvoir est grand comme si elle disait ‘petit’ : tout cela, elle le dit de façon ironique.
358521. esse hominem habere humanam figuram ; vetvi illam ; sic id est iuuando cum puto nocere ; penas uel penam.
Hic et hec homo dicitur.
522. sontibvs michi nocentibus ; sicmea magna postestas tali modo extollendo quando nocere debeo, yronice.
523. antiqvamfaciem humanam.
uendicet id est reddat et est concessio ex indignatione.
524. detrahat tollat ei ; Argolica id est Greca ; Phoronide id est Yo filia Ynachi filii Phoronei.
525. dvcit ducat ; Ivnone me scilicet.
ducat in uxorem.
Hoc dicit inuidiose : ex nimio enim contemptu dicit hoc quoniam Licaona mutauit Iupiter in lupum.
526. socervm suum55.
sumat : per hoc quassat quod prius dixerat quia dedecus esset iam si haberet tam seuum socerum.
Ita conqueror uobis de Calistone, at56.
527. at set ; contemptvs despectus ; alvmpne uestre, mei scilicet.
‹ alumpne › Iuno dicitur esse alumpna maris quia illa est aer inferior et aquas ad se attrahit per nubes descendentes ad mare et plene aquis ascendunt ad sui recreacionem.
528. gvrgite a uestro ; Triones illas stellas.
gurgite tapinosis est, magne rei humiliacio. Set tapinosis ista per adiectiuum ceruleo eleuatur57.
529. strvpi choitus.
530. pellite a mari ; pelex mea, Calistone scilicet.
pelex : fabulose agit Ouidius hic de signis istis in hoc loco, quod philosophice exponit Bernardus dicens : « Antipodesque suos non inspectura Bootes | descensus supero temptat ab axe breues ».
Ita petit Iuno, dii uero.
531. dii maris Thetis et Occeanus ; annverant dictis Iunonis.
532. liqvidvm purum ; pavonibvs pictis in pennis pauonum.
359521. être humaine avoir une figure humaine ; j’ai interdit à celle-ci ; ainsi c’est-à-dire en aidant quand je pense nuire ; les peines ou la peine.
‘Homo’ (homme) s’utilise au masculin et au féminin.
522. aux coupables à ceux qui me nuisent ; si grand est mon pouvoir en élevant de cette manière quand je devrais nuire, avec ironie.
523. son ancien visage humain.
qu ’ il revendique c’est-à-dire qu’il rende, et c’est une concession faite par indignation.
524. l’Argolie c’est-à-dire la Grèce ; la fille de Phoronée c’est-à-dire Io, fille d’Inachus lui-même fils de Phoronée.
525. il conduit qu’il conduise ; Junon c’est-à-dire moi.
qu ’ il prenne pour épouse.
Elle dit cela par jalousie : elle prononce ces mots avec un très grand mépris, parce que Jupiter a transformé Lycaon en loup.
526. Son beau-père.
qu ’ il prenne : ces mots affaiblissent ce qui a été dit plus haut, parce que ce serait une honte s’il avait un beau-père si cruel.
Ainsi je me plains devant vous au sujet de Callisto, mais…
527. de votre nourrisson, c’est-à-dire de moi.
‹ de votre nourrisson › on dit que Junon est le nourrisson de la mer parce qu’elle est l’air inférieur et attire à elle les eaux qui descendent à la mer à travers les nuages et remontent pleines d’eau pour se régénérer.
528. gouffre de votre ; les deux ourses les étoiles.
du gouffre : c’est une bassesse d’expression, la dévalorisation d’une grande chose. Mais cette bassesse d’expression est relevée par le mot bleu sombre.
529. par l’opprobre la liaison adultère.
530. repoussez loin de la mer ; ma rivale, c’est-à-dire Callisto.
ma rivale : ici Ovide traite de manière fabuleuse le sujet de ces signes du zodiaque, que Bernard expose de manière philosophique en disant : « Le Bouvier qui ne verra jamais ses antipodes, tente la courte descente du pôle supérieur ».
C’est ainsi que Junon fait sa demande, mais les dieux…
531. les dieux de la mer Téthys et Océan ; avaientdonné par signes leur approbation aux mots de Junon.
532. limpide pur ; peints sur les paons sur les plumes des paons.
360Hic dicit Ouidius pauones currum Iunonis trahere ut per hoc notetur superbia qua usa est in comparando pelicem. Auis enim superba est ut alibi dicitur : « Laudatas ostendit auis Iunonia pennas » ; et Bernardus : « Nature ludentis opus Iunonius ales58 ».
Supra : « Accipit hos uolucrisque sue Saturnia pennis | collocat et caude gemmis stellantibus implet ».
533. tam tantum ; novvm nouiter ; ceso occiso ; pavonibvs inquam.
Repetit ut addat tam nuper.
534. qvam quantum ; nvper nouiter ; cvm quamuis59.
Quasi diceret : tam nuper erant picti pauones quam nuper mutatus fuit coruus de albo in nigrum.
535. corve o ; nigrantes nigras.
loquax quia ex loquacitate sua contigit ei malum.
536. argentea alba ad modum argenti.
Bene dico quod de albo mutatus fuit in nigrum ille coruus, nam.
537. eqvaret candore ; sine labe in qualibet sui parte60.
‹ sine labe › non enim dicendum est quod tote sint sine labe, set de illis dicit que sunt sine labe.
538. voce sua.
uigili ab effectu quia fecit Mallium Torquatum euigilare et ciues excitare et ita ducem Senonum repellere61.
Hoc commemorat magister Galterus dicens : « Si non exciret uigiles argenteus anser ».
539. cederet locum daret in candore ; nec cederet ; cigno aui illi.
cigno de quo supra : « Que colat eligit etc. ».
540. lingva garrulitas ; fvit sibi ; et o. lingva.
Quia posset obici quare ita esset mutata ad hoc respondet : lingua.
541.
qui color : secundum magistrum Iohannem construe : color contrarius albo, id est color niger, estnunc in illo, scilicet in coruo, qui, id est in quo et sic qui est ablatiuus, albus color erat prius. Vel aliter : color, id est illud coloratum,
361Ici Ovide dit que les paons tirent le char de Junon pour signaler par là l’orgueil avec lequel elle se compare à sa rivale. C’est en effet un oiseau orgueilleux comme on le dit ailleurs : « L’oiseau de Junon montre ses plumes quand on les loue » ; et Bernard : « Une œuvre de la nature joueuse, l’oiseau de Junon ».
Plus haut : « La fille de Saturne les recueille et les place sur les plumes de son oiseau et recouvre sa queue de gemmes brillantes ».
533. paons dis-je.
Il répète et ajoute très récemment…
534.
Comme s’il disait : la peinture des paons était aussi récente que la transformation du corbeau de blanc en noir.
535. Ô corbeau.
bavard parce que son malheur fut causé par son bavardage.
536. d’argent blanc comme l’argent.
Je dis que le corbeau fut transformé de blanc en noir, car…
537. ilégalait en blancheur ; sans tache à aucun endroit de leur corps.
‹ sans tache › on ne peut pas dire que toutes les colombes soient sans tache, mais il dit de celles-là qu’elles sont sans tache.
538. avec sa voix.
vigilante par l’effet, car la voix des oies fit que Manlius Torquatus se réveilla, que les citoyens se levèrent et que, de cette manière, ils repoussèrent le chef des Sénonais.
Maître Gautier rappelle cet événement : « Si l’oie blanche comme l’argent ne réveillait pas les gardes ».
539. qu’il (ne) cédait (pas) qu’il (ne)donnait (pas) sa place concernant la blancheur ; et ne cédait pas ; au cygne à cet oiseau.
au cygne mentionné plus haut : « Pour y habiter, il choisit etc. ».
540. la langue le bavardage ; fut pour lui.
Parce qu’on pourrait faire une objection en demandant pourquoi le corbeau avait été transformé de cette manière, il répond : la langue.
541.
la couleur : selon maître Jean, il faut construire : color contrarius albo (la couleur contraireau blanc), c’est-à-dire la couleur noire, est nunc (est maintenant) sur lui, c’est-à-dire sur le corbeau, qui, c’est-à-dire sur lequel, et donc qui est à l’ablatif, albus color erat (la couleur blanche était) d’abord. Ou bien autrement : color (la couleur), c’est-à-dire ce qui était coloré, qui, c’est-à-dire 362qui, id est quod coloratum, erat, esse solebat, albus, album, estnunc, in presenti, contrarius, id est contrarium, albo. Vel aliter et tunc fiet ibi simplex relacio sicut ibi : « Mulier que dampnauit saluauit ». Construe ergo : color est nunc contrarius alboqui cuiusmodi62 color erat esse solebat albus.
Similis est ista latinitas : « Mulier que dampnauit saluauit ».
Quomodo coruus mutatus fuit de albo in nigrum per garrulitatem suam ostendit actor incipiens a Coronide et Phebo, quam Phebus interfecit ideo quod de eius adulterio notitiam per coruum habuit, pulcrior etc.
542.
Larissa turris63 est eminentissima in Grecia, unde in Statio : « Donec ab Ynachiis uicta caligine tectis | emicuit lucem deuexa Iunonia fundens | Larisseus apex ».
Larissea :Larissa ciuitas est in Thessalia64.
‹ Choronis › id est Coronei filia secundum quosdam et est patronomicum femininum. Vel Coronis proprium nomen eius est.
543. non fvit aliqua puella ; Hemonia Tessalia ; Delphice o Phebe, a Delpho insula nominate.
certe : mirandi uel affirmandi cum certitudine65.
544. dvm quamdiu ; inobservata id est non seruata.
uel dum casta fuit uel inobseruata id est dum credidit eam esse castam eam amauit, quando timuit, eam obseruauit. Vel ita : uel,pro et, dum fuit casta uel, pro et, et inobseruata, sicut ibi : ille uel ille diu. Vel sic : dum fuit casta uel inobseruata, id est dum fuit incesta. Mulieres quando non seruantur sunt inceste, quasi diceret : dum fuit casta amauit eam, ut ibi « tu es homo uel asinus » pro una parte est uera.
545. advlterivm eius ; latentem qui prius latebat.
Phebeius coruus Phebo consecratus.
546. cvlpam Coronidis.
non exorabilis : nulla oratione reuocabilis, nec prece, nec precio.
363qui, erat (était)colorée, était d’habitude albus (blanc au masculin ou au neutre), est nunc (est maintenant),au moment présent, contrarius (contraire), c’est-à-dire le contraire albo (du blanc). Ou bien autrement, et alors il y a une relation simple, comme ici : « La femme qui damna sauva ». Alors il faut construire : color est nunc contrarius albo (la couleur est maintenant contraire au blanc) qui n’importe quelle couleur erat (était) d’habitude blanche.
De même cet exemple de grammaire : « La femme qui damna sauva ».
L’auteur montre comment le corbeau fut transformé de blanc en noir à cause de son bavardage, en commençant à partir de l’histoire de Phébus et Coronis, que Phébus tua parce qu’il apprit son adultère par le corbeau : une plus belle etc.
542.
La tour de Larissa, en Grèce, est très élevée, d’où chez Stace : « Jusqu’au moment où l’obscurité vaincue abandonnait les demeures d’Inachus, où apparaissaient éblouissantes versant une lumière [sur les pentes de Junon] les hauteurs de Larissa ».
de Larissa : Larissa est une ville de Thessalie.
‹ Coronis › c’est-à-dire la fille de Coronée selon certains, et c’est un patronyme féminin. Ou bien Coronis est son nom propre.
543. il n’y avait pas d’autre jeune fille ; l’Hémonie la Thessalie ; dieu de Delphes ô Phébus, nommé d’après l’île de Delphes.
certes : avec la certitude de l’étonnement ou de l’affirmation.
544.
pendant qu ’ elle fut chaste ou sans surveillance c’est-à-dire tant qu’il crut qu’elle était chaste il l’aima ; quand il craignit, il la surveilla. Ou bien : ou pour ‘et’, pendant qu’elle fut chaste ou pour ‘et’, et inobseruata (sans surveillance), comme dans cette formulation : ‘tel ou tel pendant longtemps’. Ou bien : pendant qu’elle fut chaste ou sans surveillance, c’est-à-dire pendant qu’elle fut impudique. Les femmes, quand elles ne sont pas surveillées, sont impudiques, comme s’il disait : pendant qu’elle fut chaste, il l’aima, comme la phrase « tu es un homme ou un âne » n’est vraie que pour l’une des deux parties.
545. Son adultère ; secrète qui était d’abord cachée.
de Phébus le corbeau consacré à Phébus.
546. la faute de Coronis.
inexorable : qu’on ne peut faire revenir par aucun discours ni aucune prière ni à aucun prix.
364547. dominvm Phebum ; tendebatiter tensum et apertum faciebat ; qvem coruum tendentem ad Phebum.
548.
scitetur ut interroget eum quare eat.
549. avdita a coruo ; dixit cornix coruo.
non utile immo inutile, quia inde debet sequi dampnum tibi.
550. nec sperne noli spernere ; presagia uaticinia.
551. fverim prius ; qvid modo ; vide attende.
‹ meritum require › quomodo merui fieri nigra.
[ f. 19v ]
552. Et bene dico require quia invenies ;nocvisse michi ; fidem fidelitatem meam.
Et uere nocuit fides michi nam quia.
553. Erictonivm proprium nomen ; prolem scilicet sine matre matris officio.
Istud figmentum plenum est sensu mistico. Per Vulcanum humanum habemus ingenium qui Palladem de stupro quotiens apetit illud ad comprehendendum incomprehensibilem Dei sapientiam aspirare presumit. Pallas uero Vulcani spernit concubitum, quia quo plus ad percipiendam Dei sapientiam que attingens a fine usque ad finem nullo clauditur termino nostrum ingenium se audet atollere, eo plus uidetur ab humanis mentibus auolare. Set Vulcanus in terram fundit semen, id est ingenium nostrum in terrenis laboriosum consumit studium et gignit Erictonium, id est terrenum laborem, ‘er’ grece labor latine, ‘tonos’ terra, per quod datur intelligi quod terrena opera laborem generant. Infantis habet faciem atque dracuntinos pedes, per quod datur intelligi quod terrenus labor in primis placidus ad ultimum est nociuus. Per cistam mundum accipe in qua clauditur Erictonius, id est labor terrenus a Pallade, sapientia, que illum tradit tribus filiabus gemini Cycropis, id est fallacie, que sunt Herse, que interpretatur sequens litem et hec est discordia, Aglauros que dicitur sine memoria et hec est ignorancia, Pandrasos que dicitur totum condonans66, id est stulticia. Due commissa tuentur, id est Pandrasos et Herse, set Aglauros sola uidet. Per hoc intelligitur quod sapientia Dei summi laborare uolunt homines in terris
365547. son maître Phébus ; il était en chemin il suivait (un chemin) direct et découvert ; que le corbeau qui volait vers Phébus.
548.
(pour) s’informer pour lui demander pourquoi il y va.
549.apprise du corbeau ; elle dit la corneille au corbeau.
sans utilité au contraire, inutilement, parce que cela doit te causer du tort.
550. les présages les prédictions.
551. j’ai été d’abord ; ce que maintenant ; vois prête attention.
‹ demande mon mérite › comment j’ai mérité de devenir noire.
[ f. 19v ]
552. Et je dis bien ‘demande-moi’ parce que tu trouveras ;a nui à moi ; la loyauté ma fidélité.
Et la loyauté m’a vraiment nui nam parce que.
553. Érichthonius nom propre ; l’enfant à savoir sans mère la fonction d’une mère.
Cette image est pleine de sens mystique. Par Vulcain nous entendons l’intelligence humaine qui, chaque fois qu’il désire sexuellement Pallas, a la présomption d’aspirer à comprendre la sagesse incompréhensible de Dieu. Mais Pallas rejette l’union avec Vulcain parce que, plus notre intelligence ose s’élever jusqu’à la perception de la sagesse de Dieu – qui s’étend d’un bout du monde à l’autre, et n’est limitée par aucune borne –, plus elle semble s’envoler loin de l’esprit humain. Mais Vulcain verse sa semence dans la terre, c’est-à-dire que notre intelligence épuise son zèle laborieux dans les choses terrestres et il engendre Érichthonius, c’est-à-dire le labeur terrestre – ‘er’ en grec, ‘labeur’ en latin, ‘tonos’ la terre –, ce qui donne à entendre que les ouvrages terrestres génèrent le labeur. Il a la tête d’un enfant et les pieds d’un dragon, ce qui donne à entendre que le labeur terrestre est paisible au début, mais nuisible à la fin. Par la corbeille dans laquelle Érichthonius, c’est-à-dire le labeur terrestre, est enfermé par Pallas, la sagesse, il faut entendre le monde ; Pallas l’a confié aux trois filles du double Cécrops, c’est-à-dire de la fourberie ; ce sont Hersé, qui signifie, ‘cherchant le litige’ et qui est la discorde, Aglauros, qui signifie ‘sans mémoire’ et qui est l’ignorance, Pandrosos, qui signifie ‘donnant tout’, c’est-à-dire la stupidité. Deux d’entre elles, Pandrosos et Hersé, veillent sur ce qu’on leur a confié, mais seule Aglauros le regarde. Par cela on entend que par la sagesse du Dieu souverain les hommes veulent travailler sur terre pour 366ut a delectionibus retrahantur, set hoc stulti et a iusticia declinantes non attendunt. Sunt autem quidam qui hoc attendunt, set ignorancia ducti atque immemores paruipendunt. De Erictonii Integumento uersus : « Fertur Erictonius pedibus draco cur quia primus | currus inuenit hiis prior sedet ». Et hoc est acta dee etc.67
Dum Pallas fugeret Vulcanum qui amabat ipsam, Vulcanus emisit semen, quod semen recepit Pallas et abscondit donec natus est inde puer semidraco et semihomo, quem pre pudore clausit in quodam uase uimineo et tradidit eum seruandum tribus uirginibus filiabus Cycropis prohibens ne uiderent quid esset. Et hoc est Pallas Erictonium.
554.
Acteo id est litorali, ‘actim’ grece, litus latine ; inde dicuntur Athene quia site sunt iuxta litus.
555.
gemino quia adinuenit legem matrimonii in quo duo coniunguntur. Vel quia duobus regnis preerat, scilicet Lacedemonio et Ateniensi. Vel quia uirtuosus erat in animo et corpore : nam sapientissimus hominum fuit et fortissimus. Vel quia Centaurus erat.
555a68. confessa uirginibus ; qvid esset quid traderet.
556. dederat illis ; ne scilicet.
557. abdita ego abscondita ; sub fronde densa propter ramos et folia ; ab uel in69.
‹ speculabar › specula est aliqua altitudo ubi fiant excubie, inde speculor, -aris.
558. facerent ille ; commissa id est Palladis depositum.
559. Pandrasos scilicet.
560. Aglavros scilicet ; nodos ciste manv dedvcit id est reserat archam, denodat ; intvs intrinsecus, intra cistam.
nodos uocamus inuolutiones duorum capitum insimul coniunctorum. Vnde in Alexandreide de nodo fatali Asie : « Finibus70 inter se coeuntibus arte latenti | complosisque iterum spatioso tempore nemo | uel reperire caput poterat uel soluere nodos ».
367s’éloigner des plaisirs, mais que les hommes stupides qui se détournent de la justice ne l’entreprennent pas. Certains l’entreprennent pourtant, mais conduits par l’ignorance et l’oubli, ils en font peu de cas. Voici un vers sur Erichthonius tiré des Integumenta : « On dit qu’Erichthonius avait des pieds de dragon, pourquoi ? parce que le premier il inventa les chars sur lesquels il s’assit le premier ». Et cela c’est les actes à la déesse etc.
Pendant que Pallas fuyait Vulcain, qui l’aimait, Vulcain versait la semence ; cette semence Pallas la recueillit et la cacha jusqu’à ce qu’il en naquît un garçon mi-dragon et mi-homme, et par pudeur elle l’enferma dans une corbeille d’osier et le confia aux trois jeunes filles de Cécrops pour qu’elles le gardassent, et leur interdit de regarder ce que c’est.
554.
de l ’ Acté c’est-à-dire situé sur le rivage, ‘actim’ en grec, ‘litus’ en latin ; de là vient le nom d’Athènes parce qu’elle est située près du rivage.
555.
double parce qu’il a inventé la loi matrimoniale qui unit deux personnes. Ou bien parce qu’il était à la tête de deux royaumes, à savoir les royaumes lacédémonien et athénien. Ou bien parce qu’il était vertueux dans l’âme et dans le corps : car c’était le plus sage et le plus courageux des hommes. Ou bien parce qu’il était un Centaure.
555a. confiée aux jeunes filles ; ce que c’était ce qu’elle confiait.
556. elle avait donné à celles-ci.
557. cachée moi, dissimulée ; sous un feuillage épais en raison des branches et des feuilles ; depuis ou dans.
‹ speculabar › (j’épiais) ‘specula’ (lieu d’observation) est un endroit à une certaine hauteur d’où l’on monte la garde, de là vient ‘speculor, -aris’ (épier).
558. feraient celles-ci ; ce qui est confié c’est-à-dire ce que Pallas a déposé.
560. les nœuds de la corbeille elle écarte avec la main c’est-à-dire ouvre le coffre, dénoue ; à l’intérieur au-dedans, dans la corbeille.
on appelle nœuds les enroulements de deux extrémités liées ensemble. D’où on peut lire dans l’Alexandréide à propos du nœud fatal d’Asie : « Les bouts de cordes étant entre eux entrelacés par un art caché et serrés encore plus par la longue durée, personne ne pouvait en trouver l’extrémité ni en dénouer les nœuds ».
368561. infantem superius ; aporrectvm id est explicitum ; drachonem inferius, quia pedes serpentinos habebat.
562. acta Aglauros ; dee Palladis ; pro qvo facto ; michi quia fui fidelis.
563. tvtela sub71.
Cornix dicitur fuisse de72 tutela Palladis, quia Pallas est dea sapientie et in cornicis uolatu et etiam in garritu perpenduntur futura. Set uox Nictimenes uerior est quam uox cornicis, ideo fingitur esse prima in consorcio Palladis et cornix post.
Pallas primo dixit, modo Minerue, nec immerito. Pallas a Pallante, quodam Gigante quem73 in quadam palude interemisse dicitur, appellatur, quod ideo fingitur quod sapientia terrena deprimit. Dicitur etiam Minerua in ethimologia sine morte : ‘myn’ grece sine dicitur latine, ‘neruos’ autem mors, inde Minerua sine morte, quia Dei sapientia non solum est immortalis, set etiam mortales ad immortalia dirigit et sic efficit immortales. Si quis autem premissam interpretationem contradicat, quia frequenter dicitur ‘a’ sine, ‘tanatos’ autem mors, dicimus quod sicut sine et absque in una significatione dicimus et mors et necis et letum et fatum quandoque sub una signficatione, sic Greci ‘a’ et ‘myn’ pro sine, ‘tanatos’74 et ‘neruos’ pro morte dicunt, unde non est75 contradictio, quia Greci fontes sunt, nos autem riuuli.
564. noctis avem noctuam ; volvcres alias.
565. voce garrulitate sua ; qverant sicut ego.
566.
Sciendum est quod quotienscumque inuenitur in auctoribus at76 puto intelligendum est ‘quod tu dices’.
at puto. Ordo : Pallas petiit me ultro, id est sua sponte, me dico non rogantemquicquam tale, scilicet ut essem in eius consortio, putonon, subaudi ‘credis’, id est uix credes quod ipsa me petierit. Vel sic at puto : tu dices quod ego rogata inieci me consortio eius et ideo fui expulsa ; et ego respondeo non, id est non est uerum, quia ipsa petiit me etc., ut prius, 369561. nourrisson dans le haut (du corps) ; étendu c’est-à-dire déroulé ; dragon dans le bas (du corps), parce qu’il avait des pieds de serpent.
562. les actes d’Aglauros ; à la déesse Pallas ; fait pour lequel ; à moi parce que j’avais été fidèle.
563.
On dit que la Corneille était sous la tutelle de Pallas, parce que Pallas est la déesse de la sagesse et que dans le vol de la corneille et également dans son bavardage on évalue le futur. Mais la voix de Nyctimène est plus vraie que la voix de la corneille, et c’est pourquoi l’on imagine qu’elle est la première dans la troupe de Pallas, et la corneille vient après.
Pallas dit-il d’abord, puis de Minerve, non sans raison. Pallas est nommée d’après Pallas, un Géant qu’elle avait tué, dit-on, dans un marais, ce qu’on imagine parce que la sagesse rabaisse les choses terrestres. Elle est également appelée Minerve d’après l’étymologie ‘sans mort’ : le grec ‘myn’ signifie en latin ‘sine’ (sans) ; ‘neruos’ est la mort, d’où Minerve ‘sine morte’ (sans mort), parce que la sagesse de Dieu non seulement est immortelle, mais encore guide les mortels vers les biens immortels et ainsi les rend immortels. Toutefois si quelqu’un contredit cette interprétation, parce qu’on dit souvent ‘a’ pour ‘sans’, et ‘tanatos’ pour ‘la mort’, nous répondons que tout comme nous utilisons ‘sine’ et ‘absque’ avec la même signification et ‘mors’ (mort) et ‘necis’ (meurtre) et ‘letum’ (mort) et ‘fatum’ (destin) parfois avec la même signification, de même les Grecs disent ‘a’ et ‘myn’ pour ‘sans’, ‘tanatos’ et ‘neruos’ pour ‘la mort’, donc il n’y a pas de contradiction, parce que les Grecs sont la source, et nous sommes les ruisseaux.
564. l’oiseau de la nuit la chouette ; oiseaux d’autres.
565. par la voix par son bavardage ; cherchent comme moi.
566.
Il faut savoir que chaque fois qu’on trouve chez les auteurs at puto (mais je pense) il faut comprendre, ‘que tu diras’.
mais je pense. L’ordre est le suivant : Pallas m’a priée elle-même, c’est-à-dire de son propre mouvement, moi, dis-je, qui ne demandais rien de tel, c’est-à-dire que je fasse partie de sa troupe ; je crois, non : sous-entendre ‘tu crois’, c’est-à-dire tu croiras difficilement qu’elle m’a priée. Ou bien mais je pense :tu diras que moi, après qu’on m’a priée, je me suis jointe à sa troupe ; et c’est pourquoi j’ai été chassée ; et moi, je réponds que non, ce n’est pas vrai, parce qu’elle-même m’a priée etc., comme avant, 370et secundum hanc lecturam legitur non quicquam due partes. Vel fiat ibi punctum non ultro, quasi diceret : hoc opones, set ego respondeo quod petiit me non ultro id est sponte mea quod, scilicet quod ipsa petierit me et quod culpa mea non fui expulsa, licet tu queras a Pallade, quamuis sit irata erga me, non negabit. Vel sic at puto : tu dices quod petiit me, id est in consortio suo me habuit non ultro, id est non sua sponte, quia ego me inieci, me dico rogantemtale, scilicet ut eius consortio essem, necquicquam, frustra et non ad utilitatem meam, nam inde fui mutata, etc.
567. licet licitum est tibi ; ut qveras.
568. irata erga me ; irata quod ipsa me petiit.
Dico quod petiit me nec est mirum si me petiit, nam.
569. Phocaica Greca
Phocaica : Phocis ciuitas est in Grecia.
570. regia regis filia
571. nec parenthesis ; contempne o corue ; petebar in uxorem.
Procus est qui petit et refutatur.
572. forma pulchritudo mea ; nam quia ; lentis tardis.
Et uere nocuit, nam.
573. vt sicut ; soleo spatiari ; svmma spaciarer harena in summitate harene spaciando incederem.
574. vidit me ; incalvit amore meo ; devs Neptunus ; vt postquam ; precando me.
576. vim parat uoluit me oprimere,inferre michi ; seqvitvr me densvm sabulo plenum.
577. necqvicqvam quia nichil michi profuit ; lassor fatigor.
molli quia cedebat impressioni pedum.
578. inde postea ; voco inuoco ; contigit mouit ; vllvm aliquem.
579. pro virgine me ; virgo Pallas.
580. tvlit michi ; brachia mea.
581. brachia mea ; plvmis uel pennis77, alis scilicet.
nigrescere :mirum est quod dicit cum eam constet mutatam esse in cornicem albam quia sicut dixit superius cornices erant albe et corui similiter,
371et selon cette leçon il faut lire non quicquam (rien de tel) en deux mots. Ou bien il y a un point, contre mon gré : comme s’il disait : tu objecteras, mais moi je réponds qu’elle m’a priée ; contre son gré, c’est-à-dire àma volonté que, à savoir parce qu’elle m’a priée et que je n’ai pas été chassée par ma faute, tu peux demander à Pallas, bien qu’elle soit en colère contre moi, elle ne le niera pas. Ou bien mais je pense : tu diras qu’elle m’a priée, c’est-à-dire qu’elle m’a eue dans sa troupe ; contre son gré, c’est-à-dire contre sa volonté, parce que je me suis introduite, moi, dis-je, qui demandais une telle chose, à savoir de faire partie de sa troupe, necquicquam (inutilement), gratuitement et sans avantage pour moi, car après j’ai été transformée, etc.
567. tu peux il t’est permis ; que tu demandes.
568. en colère contre moi ; en colère parce qu’elle m’a priée.
Je dis qu’elle m’a priée et ce n’est pas étonnant si elle m’a priée, car…
569. de Phocide Grecque
de Phocide : Phocide est une cité en Grèce.
570. royale la fille du roi.
571. et ne pas parenthèse ; méprise ô corbeau ; on me demandait comme épouse.
Il y a un prétendant qui me prie et que je refuse.
572. aspect ma beauté.
Et elle a vraiment nui, car…
573. j’ai l’habitude de me promener ; je me promenais au bord du sable je marchais en me promenant au bord de la plage.
574. il me vit ; il s’enflamma par amour pour moi ; le dieu Neptune ; en me priant.
576. il se prépare à la violence il voulut me presser,se jeter sur moi ; il me suit ; dense plein de sable.
577. en vain parce que cela ne me servit à rien.
mou parce qu’il cédait sous la pression de mes pas.
578.
579. pour une vierge moi ; une vierge Pallas.
580. elle m’apporta ; mes bras.
581. Mes bras ; avec des plumes ou des pennes, c’est-à-dire avec des ailes.
devenir noir :ce qu’il dit est étonnant, puisque c’est un fait qu’elle fut transformée en une corneille blanche, parce que, comme il l’a dit plus haut, les corneilles étaient blanches et les corbeaux de même, ce à quoi il faut dire 372ad quod dicendum est quod hoc dicit propter radices plumarum quia in qualibet aue, quamuis plume sint albe, tamen radices plumarum nigre sunt. Et hoc dicit ad denotandam maximam ipsius albedinem, primo quia quamuis mutata esset in albam cornicem et haberet plumas albas, tamen nichil erat respectu brachiorum, ita erant alba brachia. Vel dicatur quod mutata fuit in nigram cornicem et ita plana est littera. Vel ut glose dicunt primo mutata fuit in albam cornicem postea de alba in nigram.
582. molibar parabam ut melius possem currere.
reicere : quando componitur ex re- et iacio, -cis, tunc est prima longa ; quando de re- et hicio, -cis, tunc est breuis78.
583. cvtem meam ; fixerat pluma impresserat.
Radicem apellat duram79 partem penne.
584. plangere id est percutere ; nvda a uestibus ; pectora mea.
nuda : immo plumis tecta80.
585.
Quia iam mutate erant illius81 manus et pectora.
586. cvrrebam currere uolebam ; nec vt ante sicut ante retinebat ; pedes meos.
[ f. 20r ]
587. svmma summitate terre ; hvmo ab ; mox postea82.
588. evehor eleuor ; incvlpata casta ; Minerve Palladi scilicet.
inculpata quia uirginitatem non perdideram ; uel inculpata quia postea contigit83.
589. prodest michi ; diro | crimine quia cum patre concubuit.
Accessus est ad aliam mutationem de Nictimene in noctuam et hoc est84quid tamen. Continuatio : licet fui comes Palladi, tamen.
590. Nictimine noctua ; nostro svccessit honori id est si Nictimene facta est auis sicut ego85.
Vel honori : uidebatur enim illam preferre sibi quamuis esset uilior, set hoc dicit tantum ad exprimendum maximum indicium garrulitatis86.
373qu’il dit cela par rapport aux racines des plumes, parce que chez n’importe quel oiseau, même s’il a des plumes blanches, les racines de ses plumes sont pourtant noires. Et il dit cela pour désigner sa très grande blancheur, d’abord parce que bien qu’elle eût été transformée en une corneille blanche et qu’elle eût des plumes blanches, pourtant il n’y avait rien concernant les bras, donc les bras étaient blancs. Ou bien disons qu’elle fut transformée en une corneille noire et alors le texte est clair. Ou bien, comme le disent les gloses, elle fut d’abord transformée en une corneille blanche, puis de blanche en noire.
582. je m’efforçais je me préparais à pouvoir mieux courir.
reicere (rejeter) : quand il est composé de ‘re-’ et ‘iacio, -cis’ (jeter), alors la première syllabe est longue ; quand il est composé de ‘re’ et ‘hicio, -cis’ (frapper), alors elle est brève.
583. Ma peau ; avait fixé avait implanté des plumes.
Il appelle ‘racine’ la partie dure de la penne.
584. nue sans vêtements ; ma poitrine.
nue : au contraire couverte de plumes.
585.
Parce que déjà ses mains et sa poitrine avaient été transformées.
586. je courais je voulais courir ; pas comme avant (ne) retenait (pas) comme avant ; mes pieds.
[ f. 20r ]
587. le point le plus haut la surface de la terre ; du sol ; bientôt ensuite.
588. je suis emportée je m’élève ; irréprochable chaste ; de Minerve c’est-à-dire de Pallas.
irréprochable parce que je n’avais pas perdu ma virginité ; ou bien irréprochable parce que cela arriva ensuite.
589. il est utile à moi ; à cause d’un terrible crime parce qu’elle avait couché avec son père.
Il a abordé une autre transformation, celle de Nyctimène en chouette et cela commence par pourtant à quoi… La suite : bien que je fusse la compagne de Pallas, pourtant…
590. Nyctimène la chouette ; elle nous a succédé dans cet honneur c’est-à-dire si Nyctimène a été transformée en oiseau, comme moi.
Ou bien dans cet honneur : elle (Pallas) semblait préférer celle-ci (Nyctimène) à elle-même (la corneille) bien qu’elle fût plus vile, mais cela il le dit seulement pour exprimer une très forte dénonciation du bavardage.
374« Noctua, nicticorax et bubo nictimineque | nomina sunt auium noctis uespertilioque ».
591. an numquid ; Lesbon insulam illam.
592.
‹ patrium temerasse cubile › id est rem habuisse cum patre.
593. Nictimene scilicet puellam illam ; avis nictimene scilicet ; qvidem certe ; conscia illa ; cvlpe sue.
Istius auis alludit actor nature que87 habet de nocte uolare. Vnde Virgilius in Georgicis : « De culmine summo | necquicquam seros exercet noctua cantus ».
594. conspectvm aspectum hominum ; lvcem diem.
pudorem quem habet quia concubuit cum patre.
Peccauit hec cum patre, et cum grecismo a quo creatum est hoc uocabulum noctua que debet dici a ‘nictin’88.
595. a cvnctis auibus ; expellitvr unde non uolat de die.
celat : quia qui male agit odit lucem.
Moralis est ista mutacio. Re uera Neptunus id est quidam nauta filiam Coronei adamauit ; illa uero garrulitate sua euasit, ideo fingitur mutata esse in cornicem que est auis garula. Set Pallas tenens eam, quod ideo fingitur quia casta erat, expulit eam, qua aue potest intelligi multos perdere bona sua ignorancia sua89.
Hic prosequitur actor de coruo, qui consecratus erat Phebo, mutato de albo in nigrum et hoc est talia.
Ita uolebat cornix reuocare coruum ab itinere cepto et taliadicenti.
596. dicenti cornici ; tibi et non michi ; revocamina per que intendis me reuocare.
Coruus dicitur ales Phebi quia in uolatu corui noscuntur futura et Phebus deus est sapientie. Vel alia causa est, quia coruus uocem suam mutat in septuaginta modis et nulla auis alia, et Phebus inuentor fuit modulorum et ideo dicitur coruus auis Phebi. Ista expositio melior est post, in sequenti pagina.
597. malo ad malum ; omen reuocationis.
375« Chouette, corbeau de nuit, hibou et nyctimène, sont des noms d’oiseaux de nuit ainsi que la chauve-souris ».
591. Lesbos l’île.
592.
‹ qu ’ elle avait profané la couche de son père › c’est-à-dire qu’elle avait eu une relation sexuelle avec son père.
593. Nyctimène c’est-à-dire la jeune fille ; l’oiseau c’est-à-dire Nyctimène ; consciente celle-ci ; de sa faute.
L’auteur fait allusion à cet oiseau, la chouette, qui vole d’habitude pendant la nuit. De là Virgile dans les Géorgiques : « Du haut d’un sommet la chouette vainement exécute son chant tardif ».
594. la vue le regard des hommes ; la lumière le jour.
la honte qu’elle a d’avoir couché avec son père.
Elle a péché avec son père ; avec un grécisme,d’où vientle nom ‘noctua’, qui doit être dérivé de ‘nictin’.
595. de tous les oiseaux ; elle est chassée c’est pourquoi elle ne vole pas pendant le jour.
elle cache : parce que celui qui agit mal hait la lumière.
Cette transformation est morale. En vérité Neptune, c’est-à-dire un marin, aimait la fille de Coronée ; mais elle lui échappa grâce à son bavardage, c’est pourquoi on imagine qu’elle fut transformée en corneille, qui est un oiseau bavard. Mais Pallas, sa maîtresse, ce qu’on imagine parce qu’elle était chaste, la chassa, et par cet oiseau on peut entendre que beaucoup d’hommes perdent leurs biens par leur ignorance.
Ici l’auteur continue avec la fable du corbeau, qui avait été consacré à Phébus, et qui fut changé de blanc en noir, et cela commence par tels…
Ainsi la corneille voulait-elle détourner le corbeau de son chemin et comme elle lui disait cela…
596. À la corneille qui disait ; à toi et non à moi ; ta dissuasion par laquelle tu as l’intention de me détourner.
On dit que le corbeau est l’oiseau de Phébus parce que par le vol du corbeau on connaît le futur et que Phébus est le dieu de la sagesse. Ou une autre raison est que le corbeau a soixante-dix façons différentes de chanter, ce qu’aucun autre oiseau ne fait, et Phébus était l’inventeur des mélodies : c’est pourquoi l’on dit que le corbeau est l’oiseau de Phébus. Cette explication est plus appropriée plus tard, à la page suivante.
597. le présage de ta dissuasion.
376uanum dicit quia ipsum non potuit a suo proposito reuocare90.
598. ceptvm inceptum ; dimittit coruus ; iter suum ; domino Phebo.
599. cvm ivvene quodam ; Hemonio Tessalico ; vidisse se ; coronidam amasiam Phebi.
600. lavrea corona ; delapsa est Phebo ; amantis puelle uel Phebi.
laurea amantis id est Phebi. Vel crimine amantis id est Coronidis.
Lauream fingitur Phebus habere. Sic alludit fabule de Dane, quod est quod Phebus se dixit semper habere laurum, unde supra : « Cui deus : At quoniam coniunx mea non potes esse | arbor eris certe, dixit, mea | semper habebunt | te coma, te cithare, te nostre, laure, pharetre ». Vel hoc dicit quia Phebus deus est poetarum, quod asserit magister Alanus dicens : « Phebe tuo sic, Phebe, tuum perfunde poetam ». Lauream igitur habere dicitur, que est proprie poetarum, unde uersus : « Virginis est sertum, clerique corona, poete | laurea, rex erit hic qui diadema gerit ».
601. deo Phebo ; plectrvm cum quo cantabat.
uultus id est leticia quoniam in uultu apparet bene aliquem esse tristem uel letum.
602. vt sicut ; animvs suus ; tvmida ab effectu ; fervebat estuabat.
Proprietas ire est tumore exurgere, quod affert magister Alanus de interioribus effectibus dicens : « Ignescunt, mentes audacia maior | erigit, exurgunt ire91 ».
603. arma scilicet sagittas ; assveta que consueuerat capere ; arcvm suum.
a cornibus : ab extremitatibus, quia primo flectuntur duo cornua arcus, curuando arcum.
604. illa pectora.
605.
indeuitato quia non potuit uitare92 quin eam interficeret.
606. icta Coronis, percussa a Phebo ; a vvlnere93 suo.
607. candida prius ; pvrpvreo uel puniceo94rubeo.
puniceo id est rubeo ; Peni populi sunt qui inuenerunt colorem rubeum.
377Il dit vain parce qu’elle ne put le détourner de son propos.
598. il (ne) renonce (pas) le corbeau ; son chemin ; à son maître à Phébus.
599. un jeune homme un certain ; d’Hémonie de Thessalie ; qu’il avait vu ; coronis la jeune fille aimée de Phébus.
600. le laurier la couronne ; tomba (de la tête de) Phébus ; de celui quiaimait de la jeune fille ou de Phébus.
le laurier de l ’ amant c’est-à-dire de Phébus. Ou bien la faute de l’amante c’est-à-dire de Coronis.
On imagine que Phébus porte une couronne de laurier. Ici l’auteur fait ainsi allusion à la fable de Daphné ; c’est pourquoi Phébus dit qu’il porterait toujours une couronne de laurier, d’où plus haut : « Le dieu : Puisque tu ne peux être ma femme, tu seras, certes, mon arbre, lui dit-il, mes cheveux, ma cithare et mon carquois te porteront toujours ». Ou bien l’auteur dit cela parce que Phébus est le dieu des poètes, ce qu’affirme maître Alain quand il dit : « […] Arrose, Phébé, ton poète ». On dit donc qu’il a une couronne de laurier, qui est le propre des poètes d’où le vers : « La jeune fille porte la couronne de fleurs, le clerc la tonsure, le poète la couronne de laurier, le roi sera celui qui porte le diadème ».
601. au dieu à Phébus ; le plectre avec lequel il chantait.
l ’ expression du visage c’est-à-dire la joie puisque le visage laisse bien voir si quelqu’un est triste ou joyeux.
602. gonflé par l’effet.
La propriété de la colère est de se gonfler comme une tumeur, ce que rapporte maître Alain quand il dit à propos des états intérieurs : « Les esprits s’enflamment, une grande audace les anime, leur colère s’élève ».
603. les armes à savoir les flèches ; habituelles qu’il avait l’habitude de prendre ; son arc.
depuis les cornes : depuis les extrémités, parce qu’en courbant l’arc, on fléchit d’abord les deux cornes de l’arc.
604. cette poitrine.
605.
inévitable parce qu’il ne pouvait éviter de la tuer.
606. frappée Coronis, transpercée par Phébus ; de sa blessure.
607. blanche d’abord ; depourpre ou bien rouge punique rouge.
punique c’est-à-dire rouge ; c’est le peuple punique qui a trouvé la teinture rouge.
378perfudit ferrum uel Phebus uel Coronis95.
608. dixit illa ; dedisse id est sustinuisse ad ulcionem tuam.
potui id est debui, quia posse est debiti et posse facultatis.
609. peperisse potui id est debui ; dvo ego et puer ; in vna me scilicet.
Quasi diceret : post partum debuisses accepisse de me penam ; duo etc.
Simile Piramus : « Vna duos nox, inquit, perdet amantes ».
610. hactenvs‘dixit’ suple96.
‹ uitam cum sanguine fudit › loquitur secundum illos qui dicunt sanguinem esse sedem anime, unde Lucanus : « Largus cruor expulit hastas | diuulsitque animam » ; et Virgilius : « Purpuream uomit ille animam etc. ».
611. inane id est uacuum ab anima ; letale mortale.
612. penitet penituit penitebat97 ; sero set ; amantem Phebum.
Ita discesserat illa penitet.
Quia ita puniuit amicam suam.
heu sero : compatiendo illi interponit hoc actor.
613. se ipsum ; avdierit crimen amice sue ; exarserit in ira.
‹ quod sic exarserit odit › quia sic motus fuit in ira.
614. odit habet odio ; avem coruum ; crimen criminosum concubitum amice sue.
causam dolendi quia crimen erat causa quare ita doleret, uel sic endiadis98.
615. nec non insuper ; arcvm suum ; manvm suam cum qua sagitauerat.
Simile supra : « Lucemque odit seque ipse diemque ».
616. odit odio habet ; temerariatela id est temere missa et sine consilio ; sagittas suas.
617. collapsam illam mortuam ; fovet amplexando scilicet ; fata mortem.
618. nititvr Phebus ; medicas medicinales ; exercet in illa ; inaniter frustra, quia nichil profuit.
379il teignit le fer, soit Phébus soit Coronis.
608. a dit celle-ci ; avoir donné c’est-à-dire avoir supporté pour ta vengeance.
j ’ aurais pu c’est-à-dire j’aurais dû, parce que ‘posse’ concerne le devoir et ‘posse’ concerne aussi le pouvoir.
609. avoir accouché j’aurais pu c’est-à-dire j’aurais dû ; deux moi et l’enfant ; en une seule c’est-à-dire moi.
Comme si elle disait : tu aurais dû prendre vengeance de moi après l’accouchement ; deux etc.
De même Pyrame : « La même nuit, dit-il, verra la mort des deux amants ».
610. jusqu’ici ajouter ‘dit-il’.
‹ elle perd la vie avec le sang › il suit l’opinion de ceux qui disent que le sang est le siège de l’âme, d’où Lucain : « Un large flot de sang repoussa le javelot et déchira son âme » ; et Virgile : « Il vomit son âme vermeille etc. »
611. vide c’est-à-dire privé de l’âme.
612. il se repent (paradigme) ‘il se repentit’, ‘il se repentait’ ; mais tard ; l’amant Phébus.
Ainsi était-elle morte, il se repent…
Parce qu’ainsi il punit son amie.
hélas trop tard : l’auteur fait cette incise par compassion pour elle.
613. se lui-même ; ila écouté la faute de son amie ; il s’est enflammé de colère.
‹ il déteste s ’ être ainsi enflammé › parce qu’il s’était ainsi mis en colère.
614. l’oiseau le corbeau ; la faute l’union adultère de son amie.
la raison de sa douleur parce que la faute était la raison pour laquelle il souffrait ainsi, ou c’est un hendiadys.
615. et pas moins en plus ; l’arc le sien ; la main la sienne, avec laquelle il avait lancé la flèche.
De même plus haut : « Il déteste la lumière, se déteste lui-même et déteste le jour ».
616. il hait éprouve de la haine ; le trait téméraire c’est-à-dire lancé de manière téméraire et sans réfléchir ; ses flèches.
617. écroulée celle-ci, morte ; il réchauffe à savoir en l’embrassant ; le destin la mort.
618. il s’efforce Phébus ; propre à guérir médicinales ; il exerce sur elle ; inutilement en vain, parce que cela ne servit à rien.
380619. frvstra in uanum ; rogvm ad comburendum illam.
Ita intendebat de morte ad uitam reuocare ; que uero fatauel99 medicamina.
620. vidit Phebus ; svpremis exequialibus ; artvs illius.
« Phebus sanare cupit hanc, set mortis amare | condicio prohibet quod ibi ferre libet ».
621. gemitvs et non lacrimas ; nec enim non quia ; celestia celestium.
tum :certe cum hoc uideret.
622. alto profundo.
[ f. 20v ]
623. havt non ; aliter fit100 ; qvam cvm fit ; et o. ivvenca matre uituli.
Per comparacionem ostendit actor qualiter dolebat Phebus et potest fieri comparatio uel de uitulo gemente et de matre sua gemente propter uitulum suum mactatum101.
624. lactentis id est ubera suggentis ; ab avre percutientis.
‹ ab aure › modum exprimit alicuius ferientis fortiter, in sacrificiis siquidem a dextra parte feriebant ut dextrum esset omen et propitium.
625. discvssit fregit ; claro sonoro.
626. cvm non uel ut tamen102.
Quamuis ita gemuit, tamen103.
ingratos propter ipsum ingratum quia eam interfecerat.
627.
busta 104 id est exequiales honores. Bustum enim est mortui exequialis honor. iniusta quia non erat iustum quod interfecisset eam. Vel iniusta id est ualde iusta. Iustum est enim ut mortuis dentur obsequia105.
Bustum a bustione dicitur. Sunt et alia ad idem pertinencia set sonant diuersa. Vnde uersus : « Sarcophagum dices rodunt carnem quia uermes | a tumeo tumulus dic, a moneo monumentum » ; « Hoc nomen tumba complectitur hec tria dicta » ; « Dantque sepulcra locum defunctis ustio bustum ».
381619. le bûcher pour la brûler.
Ainsi il tentait de la rappeler de la mort à la vie ; ceux-ci en vérité le destin ou la médecine.
620. il vit Phébus ; suprêmes funèbres ; les membres de celle-ci.
« Phébus désire la guérir, mais la condition de la mort amère interdit ce qu’il veut lui apporter. »
621. des gémissements et non des larmes ;
alors :certes, comme il voyait cela.
[ f. 20v ]
623. une jeune vache mère d’un veau.
L’auteur montre par une comparaison comment Phébus souffrait et la comparaison peut se référer au veau qui gémit et à sa mère qui gémit en raison du sacrifice de son veau.
624. qui tète c’est-à-dire suce les mamelles ; de l’oreille de celui quifrappe.
‹ de l ’ oreille › l’auteur explique la manière de quelqu’un qui frappe avec force, puisque pendant les sacrifices ils frappaient du côté droit pour que le présage soit à droite et favorable.
626.
Bien qu’il gémît ainsi, pourtant…
ingrats à cause de lui qui est ingrat parce qu’il l’avait tuée.
627.
bûchers c’est-à-dire honneurs funèbres. Car le bûcher est l’honneur funèbre rendu au mort. injustes parce qu’il n’était pas juste de l’avoir tuée. Ou iniustes c’est-à-dire très justes. Car il est juste qu’on offre des obsèques aux morts.
‘Bûcher’ vient de ‘combustion’. Il y a aussi d’autres choses qui se réfèrent au même domaine, mais ce sont des mots différents, d’où le vers : « On dira sarcophage, parce que les vers rongent la chair, on peut dire ‘tumulus’ (tertre funéraire) d’après ‘tumeo’ (être gonflé), ‘monumentum’ (monument) d’après ‘moneo’ (faire souvenir) ». « Le nom ‘tumba’ (tombe) recouvre les trois sens précédents ». « ‘Sepulcra’ (sépulcre), ‘ustio’ (lieu d’incinération) et ‘bustum’ (bûcher) donnent un lieu pour les morts ».
382628. eosdem in quos lapsa est Coronis.
629.
‹ natum › filium suum Esculapium106.
630. tvlit infantem.
gemini quia Centaurus erat partim homo, partim equs.
631. sperantem in bono ; sibi reddi ; non false set uere ; lingve sue quia uerum dixerat.
632.
‹ coruum › quia mutatus fuit in nigrum qui primo erat albus.
Ista mutatio sic debet exponi : coruus esse Phebo consecratus fingitur quia inter ceteras aues astucior esse perhibetur, quod bene Phebo et sapientie conuenit. Quod autem de albo in nigrum mutari fingitur nichil aliud est quam quod astucia per coruum designata quandoque in bono, quod per album designatur, quandoque in malo, quod per nigrum intelligitur, exercetur ; et sic moralis esse iudicatur.
Hic incipit mutatio de Oechiroe mutata in equam et continuat se per precedencia dicens interea.
633. semifer Chiron, uel semiuir ;stirpis scilicet Phebi ; alvmpno ad opus alumpni107.
semifer dicitur a semi quod est dimidium et ferus, -ri, uel fera, -re.
Innuit Ouidius quod honor sine honere non queratur, quod magister Mattheus sciebat cum sub persona Thobie ait : « Sic queratur honos ut honus restringat honoris108 | delitias honeri cum sociatur honor ».
634. mixto honeri quia pro nutritura ; honore pro dei filio.
Ita acceperat Chiron filium Phebi ad nutriendum et ecce.
635. hvmeros suos.
636. Centavri Chironis ; nimpha quedam ; Caici fluuii.
638. artes paternas artem medicinalem, erat enim Chiron medicus et citharista
639. canebat uaticinabatur.
383628. les mêmes (cendres) dans lesquelles avait disparu Coronis.
629.
‹ le fils › son fils Esculape.
630. il porta l’enfant.
double parce que c’était un centaure, moitié homme, moitié cheval.
631. qui espérait une récompense ; à lui serait rendu ; nonpas fausse mais vraie ; de la langue la sienne, parce qu’il avait dit la vérité.
632.
‹ le corbeau › parce qu’il fut transformé en noir, lui qui d’abord était blanc.
Cette transformation doit être expliquée comme suit : on imagine que le corbeau fut consacré à Phébus parce qu’il est, dit-on, plus astucieux que les autres oiseaux, ce qui correspond bien à Phébus et à la sagesse. Mais le fait qu’on imagine que le corbeau fut transformé de blanc en noir signifie tout simplement que l’astuce, figurée par le corbeau, est pratiquée tantôt dans le bon sens, ce qui est représenté par le blanc, tantôt dans le mauvais sens, ce qui est compris par le noir ; et donc cette transformation est considérée comme morale.
Ici commence la transformation d’Ocyrhoé en jument et l’auteur fait suite à ce qui précède en disant pendant ce temps…
633. moitié animal Chiron, ou bien moitié homme ;de souche c’est-à-dire de Phébus ; de l’élève concernant ce qui est nécessaire pour l’élève.
semifer (moitié animal) vient de ‘semi’ qui signifie ‘moitié’ et ‘ferus, -ri’, ou ‘fera, -re’, ‘animal sauvage’.
Ovide donne à entendre que ‘honor’ (l’honneur) ne doit pas être recherché ‘sine onere’ (sans fardeau), ce que maître Matthieu savait quand il disait par la bouche du personnage de Tobie : « ‘Honos’ (l’honneur) doit être recherché de telle sorte que ‘onus’ (le fardeau) restreigne les délices de l’honneur car l’honneur est associé au fardeau »
634. mêlé au fardeau pour l’éducation ; l’honneur pour le fils du dieu.
Ainsi Chiron avait-il accueilli le fils de Phébus pour l’éduquer et voici…
636. du centaure de Chiron ; nymphe une certaine ; du Caïque le fleuve.
638. les arts paternels l’art de la médecine, car Chiron était médecin et joueur de cithare.
639. elle chantait elle prophétisait.
384Quandoquidem erat uaticinatrix, ergo.
640. vbi postquam ; mente sua ; fvrores id est diuinum spiritum qui faciebat eam furere et uaticinari.
Sicut Phemonoe de qua dicit Lucanus : « Insueto concepit pectore numen ».
641. deo spiritu diuino ; pectore suo.
642. infantem Esculapium ; salvtifer salutem ferens.
‹ salutifer orbi › quia tu poteris ferre opem hominibus per opem medicam. Vel urbi id est Rome antonomasice que domina est tocius mundi quia maxima corruptio aeris erat Rome quando adiectus109 fuit Esculapius de Epidauro opido et tunc cessauit illa corruptio sicut dicet in sequentibus.
644. debebvnt obnoxia erunt ; ademptas perditas.
animas dicit quantum ad artis sue potentiam et non quantum ad rei efficaciam, quia non reduxit ad uitam nisi unum solum, unde subiungit idque semel.
645. fas erit licencia ; semel una uice ; indignantibvs contra uoluntatem deorum.
646. prohiberis sincopa ; avita Iouis aui tui.
auita : Iupiter Esculapium interfecit fulmine nolens ut mortuos resuscitaret. Contigit autem quod Esculapius uidit quemdam pastorem qui interfecerat basilicum qui ex solo uisu gentes interficiebat. Pastor autem sedebat super illum mortuum, inde Hesculapius cepit ammirari et abstulit pastori quemdam piliolum de floribus factum quo ablato cecidit mortuus. Tunc uidens hoc Hesculapius attigit ori eius flores pilioli singulatim et reuixit, unde Iupiter indignatus illum fulminauit et precibus Phebi postea deificatus est.
647.
e deo : dei filius, quia filius erat Phebi ; uel e deo id est e tali qui potenciam dei habebat, scilicet reuocare hominem in uitam110.
648. modo paulo ante ; novabis renouabis.
bis : de homine in cadauer et de cadauere in stellam111.
649. qvoqve similiter.
385Puisqu’elle était prophétesse, alors…
640. délire c’est-à-dire l’esprit divin qui la faisait délirer et prophétiser.
De même Phémonoé dont Lucain dit : « Elle reçut la divinité dans son cœur qui n’en avait pas l’habitude ».
641. par le dieu par l’esprit divin ; dans le cœur le sien.
642. l’enfant Esculape ; salutaire qui apporte la santé.
‹ salutaire pour la terre › parce que tu pourras apporter de l’aide aux hommes avec l’aide de la médecine. Ou bien, par antonomase, pour la ville c’est-à-dire Rome, qui est la souveraine du monde entier, parce qu’il y avait une très grande corruption de l’air à Rome quand Esculape de la ville d’Épidaure fut amené à Rome et alors cette corruption cessa comme l’auteur le dira par la suite.
644.
les âmes il le dit quant au pouvoir de son art et non quant à l’efficacité réelle, parce qu’il ne rappela qu’un seul homme à la vie, c’est pourquoi il ajoute et cela une fois…
645. tu auras lele droit la permission ; une fois une seule fois ; qui s’indigneront contre la volonté des dieux.
646. prohiberis syncope ; du grand-père de Jupiter ton grand-père.
du grand-père : Jupiter tua Esculape de la foudre, parce qu’il ne voulait pas qu’il ressuscite les morts. Il arriva qu’Esculape vit un berger qui avait tué un basilic, un animal qui tuait les gens d’un seul regard. Le berger était assis au-dessus du basilic mort, aussi Esculape conçut-il de l’étonnement : il enleva au berger une coiffe faite de fleurs et quand elle lui fut enlevée, le berger tomba raide mort. Voyant cela Esculape toucha le visage du berger avec les fleurs de la coiffe, une par une, et le berger ressuscita ; alors Jupiter, indigné, frappa Esculape de la foudre ; ensuite, grâce aux prières de Phébus, Esculape fut déifié.
647.
de dieu : fils de dieu, parce qu’il était le fils de Phébus ; ou bien de dieu c’est-à-dire de celui qui avait le pouvoir d’un dieu, notamment de rappeler un homme à la vie.
648. à l’instant peu avant.
deux fois : d’homme en cadavre et de cadavre en étoile.
649.
386Ita dixi de Esculapio quod primo deus, postea fuit112 mortalis, postea fiet deus de mortali. Et tu quoque similiter sicut iste.
650. vt maneas quamuis sis immortalis113.
651. tvnc in tempore illo.
652. sangvine ueneno ; serpentis Ydre scilicet.
recepto : quidam dicunt quod in bello Laphitarum uulneratus fuit Chiron ab Hercule. Alii uero dicunt melius quod Chiron recepit Herculem in domo et cum sagittas eius tractaret una cecidit super pedem eius, quod innuit Ouidius in libro Fastorum : « Dumque senex tractat squalencia tela uenenis | excidit et leuo est fixa sagitta pede. | Ingemuit Chiron traxitque e uulnere telum | ingemit Alcydes Hemonius que puer ».
653. ex eterno scilicet deo ; pacientem mortis id est mortalem.
‹ eterno › eternitas deo conuenit. Vnde uersus : « Eternum sine principio sine fine manebit. | Est sempiternum cum principio sine fine, | perpetuum tenet initium finemque tenebit ».
654. triplices dee Parce ; tva fila resolvent id est tuam uitam rumpent.
tua fila : respicit ad colos Parcarum que filando uitam quorumlibet dispensant, uidelicet Cloto, Lachesis, Atropos. Cloto dicitur euocatio, Lachesis protractio, Atropos sine conuersione : Cloto quia euocat hominem, Lachesis quia protrahit uitam hominis, Atropos quia a morte nulla est conuersio. Vnde uersus : « Res de non esse Cloto deducit ad esse, | tradit eis esse Lachesis, trahit Atropos esse ». Vel sic : « Per ternas metas fatorum ducitur etas, | principium uite moderatur Cloto perite, | ad Lachesim res se uertunt quia seruat in esse | Atropos inmitis ad opus trahit omnia ditis ».
Hec predicta locuta fuerat Oechiroe, set restabat.
655. restabat Oechiroe ; fatis de ; aliqvid nondum totum dixerat de fatorum dispositione.
656. pectoribvs a profunditate pectoris ; genis per.
657. prevertvnt anticipant114 ; vetor ego.
fata quia fatatum erat quod mutarer, set fatum illud me anticipat115. Vel fata mea a me dicta quando dixi multa fata, causa est quare muter.
387Ainsi j’ai dit d’Esculape que, d’abord dieu, il devint ensuite mortel ; puis de mortel il deviendra dieu. Et toi aussi de la même manière que lui.
650. pour rester bien que tu sois immortel.
651.
652. par le sang parle venin ; d’un serpent c’est-à-dire de l’hydre.
reçu : certains disent que pendant la guerre des Lapithes Chiron fut blessé par Hercule. D’autres disent plus justement que Chiron accueillit Hercule dans sa maison et que, comme il manipulait ses flèches, l’une d’entre elles tomba sur son pied, ce qu’Ovide indique dans le livre des Fastes : « Tandis que le vieillard manipulait les traits imprégnés de poisons, une flèche tomba et s’enfonça dans son pied gauche. Chiron gémit et retira le trait de la blessure, l’Alcide gémit, comme le jeune Hémonien ».
653. d’éternel c’est-à-dire de dieu ; sujet à la mort c’est-à-dire mortel.
‹ d ’ éternel › l’éternité convient à un dieu. D’où le vers : « L’Éternité sera sans début ni fin. Le sempiternel a un début et n’a pas de fin, le perpétuel a un début et aura une fin ».
654. les trois déesses les Parques ; trancheront tes fils c’est-à-dire briseront ta vie.
tes fils : cela se réfère aux quenouilles des Parques – qui en filant distribuent la vie de tous –, c’est-à-dire Cloto, Lachésis, Atropos. Cloto est dite ‘appel’, Lachesis ‘prolongement’, Atropos ‘sans retour’ : Cloto parce qu’elle ‘appelle’ l’homme à la vie, Lachesis parce qu’elle ‘prolonge’ la vie de l’homme, Atropos parce que la mort est sans retour. D’où le vers : « Cloto mène les choses du non être à l’être, Lachésis les livre à l’être, Atropos leur enlève l’être ». Ou bien ainsi : « L’âge traverse les trois bornes du destin, le commencement de la vie est réglé habilement par Cloto, les choses se tournent vers Lachésis parce qu’elle les conserve en vie Atropos tire toutes les choses vers l’œuvre du cruel Dis ».
Ces prédictions avaient été prononcées par Ocyrhoé, mais il restait…
655. restait Ocyrhoé ; des destins ; quelque chose elle n’avait pas encore tout dit sur la disposition des destins.
656. de la poitrine du fond du cœur ; les joues le long de.
657. c’est interdit à moi.
les destins parce que c’est le destin qui veut que je sois transformée, mais ce destin me prend par avance. Ou mes destins ceux que j’ai annoncés, quand j’ai prédit de nombreux destins, c’est la raison pour laquelle je suis transformée.
388658. perclvditur ante tempus clauditur.
usus quia non possum loqui.
[ f. 21r ]
659. non fverant michi ; tanti pretii.
‹ non fuerant artes tanti › quia pro eis merear mutari.
660. contraxere adduxere ; mallemnescisse fvtvra quam formam meam perdere.
Et quia per uaticinium merui habere iram deorum116, mallem.
661. svbdvci subtrahi.
662. cibvs id est loco cibi.
663. impetvs impetuosa uoluntas ; cognata patri similia ; pectora in.
‹ cognata › hoc dicit propter patrem suum qui semiequs erat quoniam117 partim habebat formam equinam, partim humanam.
664. tota mutor.
Licet fortasse118 mutari meruerim, tamen.
665. qverele sue.
dicenti id est illa dicente talia, ablatiuus sic. Vel sic : extrema pars querele illius dicentis talia.
666. confvsa id est non bene intelligibilia.
667. nec fuerunt ; qvidem certe.
668. simvlantis alicuius ; certos certe intellectos.
669. edidit illa ; brachia sua mutata in crura.
670. tvm postea119 ; cohevnt coniunguntur ; alligat insimul ; vngves illius.
Vngula non est equorum prout in uersibus Differentiarum habetur120 : « Vngues sunt hominum, uolucrum pariterque leonum, | ungula ceruorum dicitur atque boum ». Tamen dicitur esse equorum, ut dicit Stacius Achilleidos : « Dissueto campo crepuit senis ungula ».
671. perpetvo id est continuo, non fisso scilicet ; levis agilis ; crescit illi ; oris sui.
leuis dicit respiciendo ad animal quod est leue et uelox.
389658. se termine se clôt avant le temps.
l ’ usage parce que je ne peux parler.
[ f. 21r ]
659. ils n’avaient pas été pour moi ; d’un si grand prix.
‹ mes arts n ’ avaient pas été d ’ un si grand (prix)› que je mérite d’être transformée à cause d’eux.
660. faire venir amener ; j’aurais préféré ne pas connaître l’avenir que de perdre ma figure.
Et puisque, en raison de ma prédiction j’ai mérité d’attirer la colère des dieux, je préférerais…
661.
662.
663. une impulsion une volonté impétueuse ; parental semblable à mon père ; en le cœur.
‹ parental › l’auteur dit cela en raison de son père qui était à moitié cheval, puisqu’il avait en partie la forme d’un cheval, en partie d’un homme.
664. toute entière je suis transformée.
Quoique j’aie peut-être mérité d’être transformée, pourtant…
665. des plaintes les siennes.
dicenti (à elle qui disait) : c’est-à-dire ‘illa dicente’ (comme elle disait cela), ainsi c’est un ablatif. Ou bien ainsi : la dernière partie de la plainte ‘illius dicentis’‘de celle qui disait’ cela.
666. confuses c’est-à-dire qui n’étaient pas bien intelligibles.
668. imitant de quelqu’un ; certains bien reconnaissables.
669. elle émit celle-ci ; les bras les siens, transformés en jambes.
670. attache ensemble ; lesongles les siens.
On ne dit pas ‘ungula’ pour les chevaux, voir les vers des Différences : « Les hommes, les oiseaux et aussi les lions ont des des ‘ungues’ (ongles/griffes), les cerfs et les bœufs ont des ‘ungula’ (sabots) ». Pourtant on parle des ‘ungula’ des chevaux, comme le dit Stace dans l’Achilléide : « Le sabot du vieux cheval retentit dans les champs dont il a perdu l’habitude ».
671. continu c’est-à-dire ininterrompu c’est-à-dire sans coupure ; il grandit pour elle ; le visage le sien.
léger dit-il en se référant à l’animal qui est léger et rapide.
390672. longe palle mantelli quam habebat.
673. vt sicut ; crines illius ; colla sua.
674. in dextras abiere ivbas id est mutati sunt in iubas cadentes in dextram partem.
675. vox quia hinnuit ; facies illius, quia equa ; dedervnt ei uel dedere121.
Quia uocata fuit equa et sic mutata est in equam122.
Et ita notat illam equam esse formosam cum dicit illam habere formosas iubas.
Mutatio ista moralis est quod uideri potest ita : Oechiroe ipsa est falsitas que filia fuit Chironis gemini, per quem habetur duplicitas ex qua procedit falsitas, sicut ex patre filia. Mutatur in equam, quia cum Phebo promisisset choitum, illum postea denegauit, quod ideo fingitur quia cum fallaces abutuntur sapientia, se ipsos seducunt. Equa quoddam animal est libidinosum ualde ita quod a uento concipit, unde sic seducit se ; flebat etc.
676. flebat pro mutatione filie sue ; Philereivs heros Chiron, filius Phileres.
Ecce mutatio de Apolline mutato in pastorem, set continuat se per precedencia. Ita mutata fuit Oechiroe in equam heros uero Philereius.
‹ opem › satis est certum quid sit opis in singulari, opes in plurali, et ops, opis, que omnia sciuntur hiis uersibus : « Ops Rea dicetur set nimpha uocabitur Opis | que fuit Ytalice uindex in morte Camille, | auxilium sit opis, set opes tibi diuitie sint | et quandoque tamen auxiliantur opes ».
677. Delphice o Phebe ; nam nec rescindere et uere frustra reuocare.
Delphos insula est in qua colitur Phebus.
678.
Quia non licet alicui deo facere irritum factum alterius dei. Vnde postea : « Neque enim licet irrita cuiquam | facta dei fecisse deo ».
679. aderas presens ; Elin ciuitas ; Messena Messena ciuitas in Sicilia.
680. qvo tempore ; pastoria pellis pastoralis habitus.
391672. de sa longue mantille du voile qu’elle portait.
673. les cheveux de celle-ci ; le cou le sien.
674. la crinière tomba sur la droite c’est-à-dire (ses cheveux) furent transformés en crinière et tombèrent sur la droite.
675. la voix parce qu’elle hennissait ; le visage de celle-ci, parce qu’elle était une jument ; donnèrent à elle.
Parce qu’elle était appelée ‘jument’ et donc elle fut transformée en jument.
Et il signale ainsi qu’elle était une belle jument quand il dit qu’elle avait une belle crinière.
Cette transformation est morale, ce qu’on peut voir de la manière suivante : Ocyrhoé elle-même est la fausseté, qui était la fille du double Chiron, qui représente la duplicité d’où procède la fausseté, tout comme du père procède la fille. Elle est transformée en jument, parce que comme elle avait promis de s’unir à Phébus, elle le repoussa ensuite, ce qu’on imagine parce que quand les hommes trompeurs abusent de la sagesse, ils se séduisent eux-mêmes. La jument est un animal très libidineux de sorte qu’elle conçoit du vent, c’est pourquoi elle se séduit elle-même de cette manière ; il pleurait…
676. il pleurait à cause de la transformation de sa fille ; le héros Philyréen Chiron, le fils de Philyra.
Voici la transformation d’Apollon en berger, mais l’auteur fait suite à ce qui précède. De cette manière Ocyrhoé fut transformée en jument mais le héros Philyréen.
‹ opem › (l’aide) il est bien certain ce que c’est qu’‘opis’ au singulier, ‘opes’ au pluriel, et ‘ops, opis’, toutes choses qui sont connues par les vers : « Rhéa sera nommée Ops, mais la nymphe sera appelée Opis qui fut la vengeresse de la mort de Camille l’Italienne, comprends ‘opis’ comme ‘l’aide’, mais ‘opes’ comme ‘les richesses’ et pourtant ‘opes’ apportent parfois de l’aide ».
677. dieu de Delphes ô Phébus ; car ne pas annuler et vraiment rappeler en vain.
Delphes est une île où Phébus est honoré.
678.
Parce qu’il n’est pas permis à un dieu d’annuler l’acte d’un autre dieu. D’où ensuite : « Car nul dieu ne peut défaire l’œuvre d’un dieu ».
679. tu (n’)étais (pas) là présent ; Élis la cité ; Messine Messine est une cité en Sicile.
680. où à l’époque ; la peau d’un berger l’habit d’un berger.
392Hoc fuit sub Ameto, unde Theodolus : « Mox deitate sua superum spoliatus in ira | Ameti curam pecoris suscepit agendam ».
681. honvs sinistre scilicet.
baculus a bacho dicitur secundum Ysidorum quo homines moti uino solent se apodiare et sic a Bacco dicitur baculus. Ita a baculo per diminuitionem dicitur bacillus.
682. alterivs scilicet dextre ; septenis per septem disparitates uocum.
‹ fistula › quasi diceret : tu tenebas baculum in quadam manu, in alia uero fistulam.
683. dvm amor est cvre dum curas de amore ; mvlcet delectat.
684. incvstodite sine custodia
685. boves tue
‹ Athlantide Maia natus › id est Mercurius filius Maie filie Athlantidis.
686.
arte sua : Mercurius adinuenit quamdam artem per quam fures reddebant se inuisibiles.
abactas : ab aruis prius ductas.
Sic habemus quod Phebus mutatur in pastorem. Per Phebum intelligitur sapientia ; cum autem pastorale officium non possit regi sine sapientia, ideo fingitur mutatus esse in pastorem et ita moralis est ista mutacio ; senserat.
Sequitur de Bato mutato in lapidem continuando se per precedencia dicens senserat.
687. fvrtvm Mercurii.
furtum dicitur a furuo quod est nigrum, inde fures latrones. Versus : « Fur non est latro set tempore qui rapit atro, | claro non atro furatur tempore latro ».
688. vocabat illum senem.
689. Nyli causa metri.
‹ Nyli › pro Nylei patris Nestoris qui rex erat Pili ciuitatis iuxta quam hoc euenit. Vnde supra : « Pilios memorantur in agros | processisse boues ». Quidam peccant dicendo Nili illius fluuii.
393C’était sous Admète, d’où Théodule : « Bientôt dépouillé de sa divinité par la colère des dieux il assuma la garde des moutons d’Admète ».
681. une charge à savoir à la main gauche.
baculus (bâton) vient de Bachus selon Isidore, parce que les hommes qui chancellent à cause du vin s’appuient d’habitude sur un bâton et ainsi ‘baculus’ vient de Bacchus. Ainsi le diminutif ‘bacillus’ (baguette) vient-il de ‘baculus’.
682. de l’autre c’est-à-dire de la main droite ; avec sept à travers sept différents sons.
‹ flûte › comme s’il disait : tu tenais le bâton d’une main et de l’autre une flûte.
683. tandis que l’amour est l’objet de tes soucis pendant que tu t’occupes de l’amour.
685. les bœufs les tiens.
‹ né de Maia, la fille de l ’ Atlas › c’est-à-dire Mercure, le fils de Maia, fille de l’Atlas.
686.
par son art : Mercure inventa l’art avec lequel les voleurs se rendaient invisibles.
détournés : conduits d’abord loin des champs.
Nous avons ici le mythe de la transformation de Phébus en berger. Par Phébus nous entendons la sagesse ; puisque la tâche de berger ne peut être exécutée sans sagesse, de là on imagine qu’il fut transformé en berger et de cette manière cette transformation est morale ; il avait remarqué…
Il continue avec la transformation de Battus en pierre et fait suite à ce qui précède en disant il avait remarqué…
687. le vol de Mercure.
furtum (le vol) vient de ‘furuus’, ce qui est ‘noir’, d’où les voleurs, les brigands. Le vers : « ‘Fur’ (voleur) n’est pas ‘latro’ (un brigand), mais celui qui vole quand il fait noir ; ‘latro’ (le brigand) vole quand il fait clair et non pas quand il fait noir ».
688. il appelait le vieillard.
689. de Nelée pour la métrique.
‹ de Nelée › pour ‘fils de Nelée’, le père de Nestor, qui était roi de la cité de Pylos près de laquelle cela arriva. D’où plus haut : « On rappelle que les bœufs s’en allèrent dans la campagne de Pylos ». Certains commettent l’erreur de dire qu’il s’agit du Nil, le fleuve.
394690. greges armenta ; cvstos existens ; eqvorvm uel equarum.
‹ equorum › nobilium dextrariorum.
691. qvem Batum ; timvit Mercurius ; blanda blandiente ; sedvxit aduocauit.
‹ manu seduxit › fecit enim signum manu sua ut ad se ueniret.
692.
Hospes se habet ad duo, uersus : « Et qui suscipitur et qui me suscipit hospes ».
693. vidisse ea123nega te ; gratia remuneracio ; facto tuo.
‹ gratia › id est ut aliqua gratia reddatur.
694. nvlla immo aliqua124 ; rependatvr soluatur.
[ f. 21v ]
695. dedit uaccam ; accepta illa ; hospes Batus.
696. eas o Mercuri ; privs quam ego.
Lapis dicitur quasi ledens pedem.
697. ostendit ei ; Iovenatvs Mercurius.
Bene dicit simulat quia in rei ueritate non abiit. Vnde illud : « Quod non est simulo, dissimuloque quod est ».
698. mox consequenter125 ; redit ad Batum ; versa id est mutata ; figvra sua.
699. rvstice o ; qvas aliquas ; limite per.
Dicas michi si uidisti.
Limes secundum Ysidorum media strate eminentia pro lapidibus ; ager alio nomine dicitur, historici limitem dicunt.
700. boves uaccas ; fer opem michi ; deme remoue.
‹ deme › id est noli silere furtum.
701. femina femella iuuenca scilicet ; tavro uitulo126.
Dico deme et non sine pretio, quoniam femina.
‹ femina tauro › quia prius unam, modo uero duos.
Superius dixerat : « Tutus eas, lapis ille prius tua furta loquetur », at.
702. at set ; senior Batus ; geminata duplicata ; svbillis ostendentis est.
395690. les troupeaux le gros bétail ; gardien étant.
‹ des chevaux › nobles,des destriers.
691. lequel Battus ; il eut peur Mercure ; câline caressante.
‹ de la main il le tira à part › de la main il lui fit signe de s’approcher de lui.
692.
On dit ‘hospes’ (hôte) pour les deux, voici le vers : « Celui qui est accueilli et celui qui m’accueille est un ‘hospes’ (un hôte) »
693. avoir vu ces bêtes ; nie toi ; reconnaissance rémunération ; pour l’acte le tien.
‹ reconnaissance › c’est-à-dire pour que des marques de reconnaissance te soient données.
694. pas aucune au contraire une.
[ f. 21v ]
695. il donna une vache ; ayant accepté cette vache ; l’étranger Battus.
696. va ô Mercure ; avant que je.
On dit ‘lapis’ (pierre) comme pour dire ‘ledens pedem’ (qui blesse le pied).
697. il montra àlui ; le fils de Jupiter Mercure.
il feint, dit-il, parce qu’en vérité il ne s’en alla pas. D’où ce vers : « ce qui n’est pas, je le feins, et je cache ce qui est ».
698. il revient chez Battus ; de sa figure.
699. ô paysan ; par ce chemin.
Dis-moi si tu as vu.
‘Limes’ selon Isidore est une élévation au milieu de la route avec des pierres ; on l’appelle ‘agger’ d’un autre nom, les historiens l’appelle ‘limes’.
700. des bœufs des vaches ; apporte de l’aide à moi ; dissipe écarte.
‹ dissipe › c’est-à-dire, ne passe pas le vol sous silence.
701. une femelle c’est-à-dire une génisse femelle ; avec le taureau avec le veau.
Je dis dissipe et non sans rémunération, puisque une femelle…
‹ une femelle (ajoutée) à un taureau› parce que d’abord une, mais ensuite deux.
Il avait dit plus haut : « Va-t’en tranquille, cette pierre dénoncera ton vol avant moi » ; mais…
702. le vieillard Battus ; sous celles-ci il les montre.
396merces proprie loqutus est actor. Merces enim est merencium, mers uero uendencium. Vnde uersus : « Merces mercedis de se dat, mers quoque mercis ».
‹ geminata › quia prius unam modo uero duas.
704. Athlanciades Mercurius filius Maie filie Atlantis ; perfide o.
Proditor es mei127 michi, quia dixisti quod nulli hoc furtum reuelares.
‹ risit › propter uerbum Bati.
705. perivra Bati periuri.
706. silicem lapidem ; index ab illo rustico indicante.
Secundum Ysidorum silex est lapis durus ex eo quod inde ignis saliat ita dictus.
707. vetvs de veteri facto.
‹ infamia › id est nomen ueteris infamie.
Moralis est ista mutacio. Batus dicitur de ‘batin’ quod est gradus. Mercurius dicitur deus eloquentie. Per uaccam quam Bato dedit Mercurius debemus intelligere primum gradum eloquentie ; per taurum et uaccam sero datos alios gradus, quos bene recepit ille Batus ; set ignorancia ductus alios gradus perdidit, unde fingitur mutatus esse in lapidem, et ita ad mores spectat ista mutatio. hinc etc.
Hic agit de Aglauro mutata in lapidem. Continuatio : ita mutauerat Batum Mercurius, hinc, id est ab illo loco in quo mutatus fuit Batus.
708. cadvcifer Mercurius ferens caduceum uirgam suam
‹ paribus alis › quia ad hoc ut bene uolet oportet alas esse pares.
709. Monichios Athenienses ; Minerve id est Palladi.
‹ gratam Minerue humum › Hatenas scilicet.
Monichus rex fuit Atheniensis.
710. Lycei id est Archadie.
Arbustum locus est comprehensiuus arborum.
711. forte casu.
illa quando uolabat Mercurius super loca predicta128.
712. vertice suo ; festas festiuas.
397merces (rémunération) :l’auteur a utilisé le mot juste. ‘Merces’ (la rémunération) concerne en effet ceux qui méritent, ‘merx’ (la marchandise) concerne ceux qui vendent. D’où le vers : « ‘Merces’ donne ‘mercedis’, ‘merx’ donne ‘mercis’ ».
‹ doublée › parce que d’abord une, puis deux.
704. le descendant d’Atlas Mercure fils de Maia, fille d’Atlas ; perfide ô.
Tu me trahis pour moi-même, parce que tu m’as dit que tu ne révélerais le vol à personne.
‹ il se mit à rire › à cause des mots de Battus.
705. parjure (le cœur) de Battus parjure.
706. silex la pierre ; dénonciateur d’après le paysan qui avait dénoncé.
Selon Isidore le silex est une pierre dure nommée ainsi parce que le feu ‘saliat’, en jaillit.
707. ancien d’après l’action ancienne.
‹ infamie › c’est-à-dire le renom de l’ancienne infamie.
Cette transformation est morale. Battus vient de ‘batin’ qui signifie ‘degrés’. Mercure est dit le dieu de l’éloquence. Par la vache que Mercure donna à Battus, nous devons entendre le premier ‘degré’ de l’éloquence ; par le taureau et la vache, donnés plus tard, d’autres ‘degrés’, que Battus reçut bien ; mais, poussé par son ignorance, il perdit les autres ‘degrés’, d’où l’on imagine qu’il fut transformé en pierre, et donc cette transformation se réfère aux mœurs. de là etc.
Ici il traite d’Aglauros transformée en pierre. La suite : Ainsi Mercure avait-il transformé Battus, de là, c’est-à-dire de ce lieu où Battus avait été transformé…
708. qui porte le caducée Mercure qui porte son bâton de caducée.
‹ avec ses ailes égales › parce que pour bien voler il faut que les ailes soient égales.
709. de Munychie d’Athènes ; de Minerve c’est-à-dire de Pallas.
‹ la terre chère à Minerve › c’est-à-dire Athènes.
Munychus était roi des Athéniens.
710. du Lycée c’est-à-dire d’Arcadie.
‘Arbustum’ est un lieu planté d’arbres.
711.
ce (jour-)là quand Mercure volait au-dessus des lieux mentionnés.
712. sur la tête la leur ; en fête festives.
398713. coronatis coronis ornatis ; canistris in.
coronatis dicit quia puelle uel uirgines coronabant canistra floribus.
714. inde ab arcibus ; devs Mercurius ; iter suum.
‹ ales › id est in specie alitis mutatus129.
715. agit ducit ; cvrvat iter.
‹ in orbem curuat eundem › quia in circuitu impii ambulant130.
716. vt sicut ; volvcris scilicet ; rapidissima quia de rapina uiuit.
Vtitur actor comparatione ostendens qualiter Mercurius curuabat iter suum.
miluius pro ‘miluus’ et est epenthesis.
717. sacra id est exta que debent comburi in sacrificio.
718. in girvm in circuitum ; nec abire ne alius miluius rapiat illa.
‹ in girum › circa exta de quibus sperat.
719. alis suis.
720. Acteas Atenienses ; Cillenivs Mercurius.
Acteas : Atenienses, et dicuntur Athene ab ‘athanatos’ quod est immortale, quia ibi uigebat antiquitus sapientia que immortalis est. Vel ab ‘actin’ grece, quod est litus latine : iuxta enim litora sunt Athene.
Adaptatio est comparacionis sic, sicuti, est de miluo similiter modo.
721. circinat circuit.
‹ circinat › hoc uerbum tractum est a circino instrumento quem adinuenit Perdix.
722. splendidior plus habens splendoris.
Quia posset surgere questio quare circumdabat illas arces, ideo subiungit quanto etc.
723. Lvcifer stella illa ; Phebe lune.
aurea id est beniuola, quia quidam planete beneuoli sunt, quidam maliuoli.
724. virginibvs aliis ; prestantior in forma ; Herse proprium nomen.
725. erat illa ; decvs honor ; -qve id est.
‹ decus › honor quia comites inde honorabantur, quia legitur : « Cum sancto sanctus eris etc. ».
399713. couronnées ornées de couronnes ; des corbeilles dans.
Il dit couronnées parce que les jeunes filles ou les vierges décoraient les corbeilles avec des couronnes de fleurs.
714. de là de la citadelle ; le dieu Mercure ; le chemin le sien.
‹ ailé › c’est-à-dire transformé en une espèce d’oiseau.
715. il pousse il conduit ; il fait décrire une courbe à son chemin.
‹ il décrit toujours le même cercle › parce que les impies tournent en rond.
716. très rapide parce qu’il vit de rapine.
L’auteur utilise une comparaison pour montrer comment Mercure fait décrire une courbe à son chemin.
miluius pour ‘miluus’ (milan), il y a une épenthèse.
717. le sacré c’est-à-dire les entrailles qui doivent être brûlées pendant le sacrifice.
718. ne pas partir pour qu’un autre milan ne vole pas cette proie.
‹ en rond › autour des entrailles dont il espère s’emparer.
719. des ailes les siennes.
720. d’Attique Athéniens ; du Cyllène Mercure.
d ’ Attique : Athéniens ; Athènes vient de ‘athanatos’ qui signifie ‘immortel’ parce que, dans les temps anciens, la sagesse, qui est immortelle, fleurissait à Athènes. Ou bien d’après le grec ‘actis’ qui signifie en latin ‘le rivage’ : Athènes est en effet située près du rivage.
C’est une adaptation de la comparaison : de même, ainsi, c’est la même chose que pour le milan.
721. il forme un cercle il tourne autour.
‹ circinat › (forme un cercle) ce verbe vient de l’instrument ‘circinus’ (compas) que Perdix inventa.
722.
Parce qu’on pourrait demander pourquoi il tournait autour de cette citadelle, c’est pourquoi il ajoute autant etc.
723. Lvcifer cette étoile ; Phébé la lune.
dorée c’est-à-dire bienveillante, parce que les planètes sont soit bienveillantes soit malveillantes.
724. sur les jeunes filles les autres ; supérieure en beauté ; Hersé nom propre.
725. Elle était ; et c’est-à-dire.
‹ ornement › ‘un honneur’, parce que ses compagnes en étaient honorées, parce qu’on lit : « Avec celui qui est bon tu seras bon etc. ».
400726. forma Herses ; Iovenatvs Mercurius ; pendens ille.
forma propter tam bonam corporis eius dispositionem131.
727. secvs aliter ; cvm fit ; plvmbvm massam plumbeam.
Balearica a Balero insula ubi usus funde primitus inuentus est. Dicitur autem Balearicus, -ca, -cum et hic et hec Balearis et hoc Baleare.
728. iacit impellit132.
uolat non quia uolet, set quia tam cito transit quod uidetur uolare.
incandescit : methaphorice loquitur et est tracta ista metaphora a ferro quia quanto calidius tanto candidius.
729. et qvos quia similiter frigidum est.
730. vertit diuertit ; iter suum ; celo aere ; diversa loca.
Vel relicto dicit quia debebat certe petere celum133.
[ f. 22r ]
731. nec se dissimvlat Mercurius ; forme sue.
‹ nec se dissimulat › id est non accipit aliam formam.
Tantum confidit in pulcritudine sua.
732. qvamqvam quamuis ; pvlcra ‹honesta›134 ; cvra per curam ; illam formam.
Quamuis pulcra sit et decens sine cultu.
733. permvlcet id est comit ; comas suas ; clamidem pallium suum.
‹ pendeat apte › scilicet ne plus pendeat ab una parte
734. collocat ad collum locat135 ; appareat uideatur ; avrvm id est aurifrigium.
735. vt teres et ‘ipse facit’ suple ; dextra manu.
Teres, -tis est longum et planum ut uirga, rotunditas uero est breue et rotundum ut pomum136.
736. talaria sotulares ; plantis suis.
Continuatio : ita Mercurius ueniens ad Hersem se ornauerat.
737. pars secreta diuersa ab aliis partibus ; ebore et testvdine id est eburnea testudine ; cvltos adornatos137.
Hic describit actor domum trium filiarum Cicropis dicens pars.
401726. la beauté d’Hersé ; le fils de Jupiter Mercure ; suspendu celui-ci.
la beauté en raison de l’excellente disposition de son corps.
727. comme le fait ; le plomb une masse de plomb.
Baléare de l’île des Baléares où l’usage de la fronde fut inventé originairement. On dit ‘balearicus, -ca, -cum’ et ‘Balearis’ au masculin et au féminin, et ‘Baleare’ au neutre.
728.
il vole non qu’il vole, mais parce qu’il va si vite qu’il semble voler.
incandescit (il s’embrase) : il utilise une métaphore et il tire cette métaphore du fer car plus le fer est chaud plus il est blanc.
729. et ceux que parce qu’il est également froid.
730.Son chemin ; différents lieux.
Ou bien quitté parce qu’il devait, certes, regagner le ciel.
[ f. 22r ]
731. il ne se cache pas Mercure ; de labeauté la sienne.
‹ il ne se cache pas › c’est-à-dire qu’il ne prend pas une autre figure.
Tellement il se fie à sa beauté.
732. belle ‹honorable› ; par soin grâce au soin ; celle-ci la beauté.
Bien qu’il soit beau et bien fait sans soin.
733. il lisse c’est-à-dire il peigne ; les cheveux les siens ; la chlamyde son manteau.
‹ qu ’ il tombe comme il faut › c’est-à-dire qu’il ne soit pas plus long d’un côté.
734. il arrange il place sur son cou ; apparaisse paraisse ; or c’est-à-dire orfroi.
735. pour qu’elle soit polie ajouter ‘il fait lui-même’ ; dans sa droite samain.
‘Teres, -tis’ signifie long et poli comme une baguette, mais la ‘rotunditas’, la rondeur, en revanche, est courte et ronde comme une pomme.
736. les talonnières les souliers ; les plantes de pied les siennes.
La suite : ainsi Mercure s’était-il paré en venant chez Hersé.
737. partie secrète séparée des autres parties ; en ivoire et écaille c’est-à-dire en écailles d’ivoire ; parées ornées.
Ici l’auteur décrit la demeure des trois filles de Cécrops en disant une partie…
402738. qvorvm thalamorum ; Pandrase o ; dextrvm possederas.
739. Aglavros illa puella ; levvm sinistrum ; medivm thalamum ; Herse alia puella.
740. qve scilicet Aglauros ; tenvit habuit ; levvm sinistrum ; notavit percipit.
Per hoc notat ipsam habere primum thalamum quantum ad introitum domus.
741. dei Mercurii ; citarier id est citari, id est inquirere, paragoge.
‹ ausa est › quasi diceret : inquisiuit quo nomine uocatus esset deus : magna enim fuit audacia.
Athlantis Pleionesque : Mercurius filius fuit Maie, Maia uero filia fuit Athlantis et Pleiones et ita patet quod Mercurius nepos fuit eorum.
743. neposego svm Mercurius ille.
744. patris mei, Iouis scilicet.
Ita quesierat ab eo aduentus sui causam, ideo subiungit nec fingam.
745. nec fingam id est non mentiar quare ueni ; sorori tue, Herse scilicet.
tantum : quasi diceret : sicut uolo uerum fateri de causa aduentus mei, ita uelis esse fidelis erga sororem tuam et ita uelis esse matertera mee prolis.
746. prolis quam generabo in Herse ; matertera quasi mater altera ; dici uelis.
747. Herse soror tua ; me mee ; faveas ut michi ; oramvs te.
Ita dixerat Mercurius.
748. aspicit Aglauros ; hvnc Mercurium ; abdita secreta Palladis scilicet Erictonium138.
749. Aglavros illa puella139.
750. ministerio pro consensu stupri ; ponderis avrvm id est magnum pondus auri.
Flauam uocat Mineruam propter oliuam que consecrata est ei cuius oliuum flauum est.
751. postvlat querit a Mercurio ; cogit illum.
interea : donec aurum haberet, uel ut melius apareat quod postulat140.
interea : cum recepisset aurum, fecit illum recedere a domo sua141.
403738. desquelles des chambres ; ô Pandrose ; celle de droite tu avais pris possession.
739. Aglauros cette jeune fille ; du milieu la chambre ; Hersé une autre jeune fille.
740. celle-cic’est-à-dire Aglauros.
Par cela il signale qu’elle avait la première chambre par rapport à l’entrée de la maison.
741. du dieu de Mercure ; citarier (s’informer) c’est-à-dire ‘citari’, c’est-à-dire se renseigner : paragoge.
‹ elle osa › comme s’il disait : elle demanda de quel nom le dieu était appelé : c’était en effet une grande audace.
d ’ Atlas et de Pléioné : Mercure était le fils de Maia, Maia était la fille d’Atlas et de Pleioné et donc il est évident que Mercure était leur petit-fils.
743. je suis le petit-fils Mercure.
744. du père le mien, à savoir Jupiter.
Ainsi lui avait-elle demandé la raison de sa venue, et c’est pourquoi il ajoute je n’inventerai pas…
745. je n’inventerai pas c’est-à-dire je ne mentirai pas sur la raison de ma venue ; pour la sœur la tienne, c’est-à-dire Hersé.
seulement : comme s’il disait : de même que moi je veux dire la vérité sur la raison de ma venue, de même toi, sois fidèle envers ta sœur et accepte d’être la tante de ma descendance.
746. la descendance que j’engendrerai avec Hersé ; la tante pour ainsi dire une deuxième mère ; être nommée veuilles.
747. Hersé ta sœur ; sois favorable envers moi ; nous te prions.
De cette manière avait parlé Mercure.
748. elle regarde Aglauros ; celui-ci Mercure ; les chosescachées le secret de Pallas à savoir Érichthonius.
749. Aglauros cette jeune fille.
750. pour ce service pour consentir à l’opprobre ; un poids d’or c’est-à-dire un grand poids d’or.
Il appelle Minerve la ‘blonde’ en raison de l’olive qui lui est consacrée, dont l’huile est blonde.
751. elle demande elle demande à Mercure ; elle oblige celui-ci.
en attendant : jusqu’à ce qu’elle reçoive l’or, ou bien pour rendre plus évident ce qu’elle demande.
en attendant : bien qu’elle eût reçu l’or elle lui fit quitter sa maison.
404752. ad hanc Aglauron ; dea bellica Pallas ; lvminisorbem endiadis.
Cum autem Aglauros uellet depellere Mercurium a domo, dea bellica.
753.
‹ tanto motu › id est tanto pectoris incussu.
754. pectvs suum ; pectore suo.
755. svbit in memoriam uenit ; hanc Aglauron uel Palladem142 ; arcana secreta sua.
Egida : clipeum tectum corio Almatee capre que Iouem nutriuit in Creta : ‘egle’ grece, capra latine, inde egis, -dis. Almatea est proprium nomen uirginis cuius fuit capra.
756. tvnc in tempore illo.
757. contra data federa unde supra : « Et legem dederat etc. ».
‹ data federa › quia legem dederat sua ne secreta uiderent.
758. Et subit Palladi ingratam143 illam.
ingratam : quia quamuis munus accepisset, tamen non adquieuit precibus dei et ideo appellat eam ingratam, id est immemorem beneficii accepti.
‹ sorori › quia abstulit ei tam felix coniugium144.
759. ditem diuitem ; poposcerat Mercurium.
‹ auro › et ita innuit eam aurum accepisse. Vel sumpto : si sumpsisset145.
760. protinvs statim ; sqvalentia aspera et immunda ; tabo putredine.
Declinatur tabi, tabo, plus non inuenitur ; tabes uero totum declinatur. Vnde magister Alexander in Doctrinali : « Tabes declina, non dat tabi nisi tabo ». Tabi proprie est labes que prouenit ex intermissione.
761.
Topographia utitur actor describens domum Inuidie obseruando debitas proprietates et conueniencias146.
Hoc totum est poeticum.
405752. vers elle Aglauros ; la déesse de la guerre Pallas ; lvminis orbem (le cercle des yeux) c’est un hendiadys.
Mais comme Aglauros voulait chasser Mercure de la maison, la déesse guerrière…
753.
‹ d ’ un si grand mouvement › c’est-à-dire avec un si grand ébranlement de la poitrine.
754.
755. Il lui revient en mémoire ; celle-ci Aglauros ou Pallas ; ce qui est caché son secret.
Égide : le bouclier couvert de la peau de la chèvre d’Amalthée qui nourrit Jupiter à Crète : ‘egle’ en grec, en latin ‘capra’ (chèvre), de là ‘egis, -dis’. Amalthée est le nom propre de la jeune fille à qui appartenait la chèvre.
756.
757. contre les accords conclus d’où plus haut : « Et elle avait donné l’ordre etc. ».
‹ les accords conclus › parce qu’elle leur avait donné l’ordre de ne pas regarder son secret.
758. Il vient à l’esprit de Pallas, qu’elle est ingrate.
ingrate : parce que, bien qu’elle ait reçu le présent, elle ne consentit pourtant pas aux prières du dieu et c’est pourquoi il l’appelle ingrate, c’est-à-dire oublieuse du bienfait reçu.
‹ à sa sœur › parce qu’elle la privait d’un mariage aussi heureux.
759. elle avait demandé à Mercure.
‹ l ’ or › et il indique ainsi qu’elle avait reçu l’or. Ou bien reçu : si elle avait reçu.
760. souillée désagréable et sale ; depus de pourriture.
On décline ‘tabi, tabo’ (pus), les autres cas ne se trouvent pas. ‘Tabes’ (consomption) en revanche se décline à tous les cas. D’où maître Alexandre dans le Doctrinale : « Décline ‘tabes’, mais ‘tabi’ ne donne que ‘tabo’ ». ‘Tabi’ est une ‘labes’ caractéristique qui provient d’une discontinuation.
761.
L’auteur fait une topographie quand il décrit la demeure d’Envie en respectant les propriétés et les convenances nécessaires.
Tout cela est poétique.
406Merito dicitur domus Inuidie in imis uallibus, quia in uilioribus habet morari inuidia. Vnde Virgilius : « Liuor, inhers uicium, mores non exit in altos ».
762. abdita abscondita ; sole claritate.
carens : quia numquam amore Dei nec proximi feruet.
763. tristis domus, dico ; qve talis.
ignaui : ab effectu, quia nos reddit ignauos.
764. vacat careat ; caligine obscuritate.
igne : simile dicit actor infra descriptionem de domo Famis faciens147 : « Est locus extremis Scicie glacialis in horis | triste solum, sterilis, sine fructu, sine arbore tellus, | frigus inhers illic habitat pallorque tremorque ».
765. hvc ad domum Inuidie ; virago Pallas, quasi uiriliter agens.
766. enim quia.
Bene dico constitit et non ingressa est nec, quia Pallas est dea sapientie et numquam sapientia intrabit in animam maliuolam nec in hominem subditum peccatis.
[ f. 22v ]
767. extrema cvspide extremitate cuspidis.
fas,ut dicit Ysidorus, « lex est diuina, ius lex humana, transire per alienum fas est, non enim ius est ».
768. concvsse a Pallade ; videt Pallas ; intvs in domo ; edentem comedentem.
769. viciorvm alimenta svorvm id est sui ipsius que uiciosa est.
770. visa illa ; ocvlos suos ; avertit Pallas ad aliam partem uertit.
771. pigre uel prigra148 ; semesarvm in parte esarum.
Inuidia enim est insidiatrix uerba nociua et dolosa proferens unde acculeum fingitur habere cum quo pungat sicut serpens.
Artificiose proprietates inuidie describit actor dicens pigre etc.
pigre :notat segniciem inuidie. Est enim uelox ad malum faciendum, pigra autem ad bonum. Vel pigre dicit quia ex quo aliquis cepit inuidere uix desinit.
407On dit avec raison que la demeure d’Envie se trouve au fond d’une vallée, parce qu’Envie s’attarde dans les esprits plus vils. D’où Virgile : « L’envie, ce vice qui paralyse, n’atteint pas les esprits supérieurs ».
762. de soleil de lumière.
privée : parce qu’elle n’est jamais animée par l’amour de Dieu ni du prochain.
763. triste je disla maison ; laquelle telle.
engourdissant : par l’effet, parce qu’il nous engourdit.
764. de ténèbres d’obscurité.
de feu : plus bas l’auteur fait une description similaire de la demeure de la Faim : « Il est un lieu au fond de la Scythie glaciale, sol désolé, stérile et sans fruits, terre sans arbres où vivent le Froid gourd, la Pâleur, le Frisson ».
765. ici à la maison d’Envie ; l’héroïne Pallas, qui, pour ainsi dire, agit virilement.
766.
Je dis bien elle s’est arrêtée et non pas ‘elle est entrée’, et non…, parce que Pallas est la déesse de la sagesse et la sagesse n’entrera jamais dans une âme malveillante ni dans un homme voué aux péchés.
[ f. 22v ]
767.
fas (le licite),comme le dit Isidore, « est la loi divine, ‘ius’ (le droit) est la loi humaine : traverser la propriété d’autrui est licite selon la loi divine mais est contraire au droit humain ».
768. frappées par Pallas ; elle voit Pallas ; à l’intérieur dans la maison.
769. aliments de ses vices c’est-à-dire d’elle-même qui est vicieuse.
770. ayant vu celle-ci ; ses regards ; Pallas détourne elle tourne dans une autre direction.
771. à moitié dévorés mangés en partie.
Car l’Envie est une semeuse d’embûches qui profère des paroles nuisibles et trompeuses c’est pourquoi l’on imagine qu’elle a un aiguillon avec lequel elle pique comme le serpent.
L’auteur décrit avec art les propriétés de l’Envie en disant paresseusement etc.
paresseusement :il signale la lenteur de l’Envie. Elle est rapide à faire le mal, lente en revanche pour faire le bien. Ou bien il dit paresseusement parce que les raisons qui font concevoir de l’envie ont du mal à prendre fin.
408semesarum : quia mala operacio ad finem potest nullatenus deuenire149.
772. inherti propter ipsam inhertem.
773. vt postquam ; deam Palladem ; forma propter ; armis propter.
‹ decoram › erat enim decenter armata.
774. ingemvit inuidia ; dee Palladis ; dvxit uel traxit,ypallage.
‹ uultum › uultus enim dee pulcherrimus fuit causa ut suspiraret.
Vnde illud : « Inuidus alterius rebus macrescit opimis ».
Vnde quidam : « Inuide, macrescis cum bona crescere scis ».
775. ore suo ; toto est.
Describit personam eius actor dicens pallor etc.
776. nvsqvam est ; acies oculorum ; dentes illius150.
‹ nusquam recta › quasi diceret : in obliquo semper respicit, quia inuidia dicitur ab inuidendo id est contra uidendo. Inuidi enim obliquo lumine illos aspiciunt quibus inuident, unde et de Nerone qui inuidus et superbus erat dicit Lucanus latenter reprehendens eum ei aplaudendo : « Vnde tuam uideas obliquo sidere Romam ».
Quattuor sunt quorum quodlibet suo gaudet ospitio151, quod scitur ita : « Ligna theredo terit, liuent rubigine dentes, | inficit erugo segetes ferrugoque ferrum ».
777. pectora sua ; felle ueneno ; lingva sua.
‹ suffusa ueneno › quia uenenosa et aspera profert uerba.
778. abest ab illa ; qvem ille risus ; dolores alicuius.
Nisi contigit eam ridere uiso dolore.
779. nec frvitvrsompno quasi diceret : est sine requiete ; vigilantibvs ab effectu ; excita commota.
Inuidia est egritudo animi ex felicitate alterius proueniens que nocet naturaliter inuidenti.
Glosa est de hoc quod dixerat nec fruitur, quasi diceret : semper est curiosa152.
409à demi dévorés : parce qu’un mauvais travail ne peut nullement aboutir à une fin.
772. lent parce qu’elle est elle-même lente.
773. la déesse Pallas ; en raison de sa beauté ; à cause de ses armes.
‹ parée › car elle était armée avec bienséance.
774. elle gémit Envie ; de la déesse de Pallas ; tirail y a une hypallage.
‹ le visage › car le visage de la déesse, d’une extraordinaire beauté, était la raison de ses soupirs.
D’où le vers suivant : « L’homme envieux maigrit quand il voit prospérer les biens d’autrui ».
D’où un auteur : « Homme envieux, tu maigris quand tu sais que les biens s’accroissent ».
775. sur le visage le sien ; est dans tout (son corps).
L’auteur décrit le personnage en disant la pâleur etc.
776. N’est nulle part ; le regard des yeux ; ses dents.
‹ droit dans nulle direction › comme s’il disait : elle regarde toujours de travers, parce qu’Envie tire son nom de ‘invidendo’ (en regardant de travers) c’est-à-dire ‘en regardant contre’. Les envieux en effet regardent d’un regard oblique ceux qu’ils envient, c’est pourquoi aussi Lucain parle de Néron qui était envieux et orgueilleux et cache ses reproches sous des louanges quand il dit : « De là, que ton astre jette un regard oblique sur Rome qui t’appartient ».
Il y a quatre parasites qui profitent de leur hôte, ce qu’on sait par ces mots : « Le ver use le bois, le tartre noircit les dents, la teigne infecte la moisson, la rouille le fer ».
777. le cœur le sien ; la langue la sienne.
‹ imprégnée de venin › parce qu’elle prononce des paroles vénéneuses et désagréables.
778. est éloigné d’elle ; lequel ce rire ; les douleurs de quelqu’un.
Si ce n’est qu’il arrive qu’elle rie à la vue de la douleur.
779. elle ne jouit pas du sommeil comme s’il disait qu’elle est privée de repos ; vigilants par l’effet ; éveillée agitée.
L’envie est une maladie de l’esprit qui provient du bonheur d’autrui et nuit naturellement à la personne envieuse.
Cette glose se réfère à ces mots : elle ne jouit pas, comme s’il disait : elle est toujours soucieuse.
410780. ingratos displicentes ei.
781. svccessvs bonos euentus ; vna pariter.
Quoniam inde redditur anxia unde subiungit carpit etc.
carpit felices, carpitur propter felicitatem. Vel carpit maledicendo et carpitur successus uidendo.
Iuxta illud : « Iustius inuidia nichil est, nam protinus ipsum | auctorem inuadit153 excruciatque suum ».
782. svpplicivm dolendo de successibus hominum ; illam Inuidiam.
Licet dixerim Inuidiam tam turpis forme existentem, tamen154.
« Mens domus Inuidie, Pallas sapientia, sermo | Aliger, Aglauros inuida facta lapis155 ».
783. Tritonia Pallas.
‹ Tritonia › a Tritone palude.
784. infice o Inuidia corrumpe ; tabe tva inuidia tua.
785. sic opvs est oportet quod ita facias ; ea de qua tibi dico ; avt non.
786. fvgit a domo Inuidie.
‹ impressa hasta › quasi diceret percussit terram cum hasta sua156.
787.
‹ obliquo lumine › quia inuidus numquam recto lumine illa quibus inuidet intuetur.
788.
successorum : secundum quosdam hic est antitosis, casus pro casu, successorum pro ‘successibus’. Vel loquitur secundum morem Grecorum qui carentes ablatiuo ponebant genitiuum.
789. indolvit intus in animo.
Spineum baculum dicitur habere Inuidia propter cogitationes prauas quas habet in corde suo, que pungunt cor eius tamquam essent spine.
790.
‹ nubibus atris › inuoluta caligine quia ubi est inuidia ibi est quedam obscuritas157.
791. qvacvmqve parte158 ; proterit ualde calcat.
792.
411780. non désirés qui ne lui plaisent pas.
781. les succès les bons événements ; ensemble également.
Parce que l’angoisse vient de l’endroit où elle domine, elle déchire etc.
elle déchire les gens heureux, elle est déchirée à cause du leur bonheur. Ou bien elle déchire en maudissant et elle est déchirée en voyant les succès.
Selon ce vers : « Il n’y a rien de plus juste que l’envie, parce qu’elle envahit sur-le-champ son auteur même et le torture ».
782. le supplice en souffrant des succès des hommes ; celle-là Envie.
Bien que j’aie dit qu’Envie était d’une apparence si laide, pourtant…
« L’esprit est la demeure d’Envie, Pallas est la sagesse, le dieu ailé est l’éloquence, l’envieuse Aglauros est transformée en pierre ».
783. Tritonienne Pallas
‹ Tritonienne › du nom du lac Triton,
784. infecte ô Envie, corromps ; de ton pus de ton envie.
785. il le faut il est nécessaire que tu agisses ainsi ; celle dont je te parle.
786. elle s’enfuit de la maison d’Envie.
‹ ayant enfoncé sa lance › comme s’il disait : elle frappa la terre avec sa lance.
787.
‹ d ’ un regard oblique › parce que l’envieux ne regarde jamais d’un regard direct les choses dont il est envieux.
788.
des succès : selon certains il s’agit ici d’une ‘antiptosis’, l’utilisation d’un cas pour un autre, le génitif successorum pour le datif ‘successibus’. Ou bien il parle selon l’usage des Grecs qui, n’ayant pas d’ablatif, utilisaient le génitif.
789. elle s’affligea intérieurement, dans son cœur.
Envie, dit-on, a un bâton plein d’épines à cause des mauvaises pensées qu’elle a dans le cœur, qui piquent son cœur comme des épines.
790.
‹ de nuages noirs › entourée de ténèbres car là où est l’envie, il y a de l’obscurité.
791. à n’importe quel endroit ; elle écrase elle piétine gravement.
792.
412‹ summa cacumina 159 › quia « summa petit liuor » : semper enim melioribus inuidetur.
794. pollvit inficit ; Tritonida Atheni‹ensem›.
‹ polluit › quia semper inuidus detrahit hominibus.
‹ arcem › et non tangit nec immerito quia in sapientibus inuidia minime habitat quod intelligitur per arcem Palladis que dea est sapientie.
795. festa festiua.
ingeniis opibusque id est artibus liberalibus que exercebantur antiquitus apud Athenas160.
796. tenet retinet ; qvia ideo161 ; nil lacrimabile cernit totum uidet letabundum.
‹ nil lacrimabile › unde supra : « Risus abest nisi quem etc. ».
Ita uenerat Inuidia ad Athenas ubi erat tanta delectacio, set.
797. intravit Inuidia.
798. ivssa Palladis.
Ferrugo proprie dicitur ferri, sicut habuistis supra in uersibus illis : « Ligna teredo terit ».
799. precordia Aglauri ; sentibvs spinis.
‹ sentibus implet › id est stimulis inuidie pungentibus ad modum sentium, de sentio, -tis
800. picevm illud uirus.
‹ nocens uirus › id est inuidiam nocentem et uenenosam.
801. dissipat diuidit.
Merito dicuntur infundi uerba ueneni in pulmone, quia per illum habetur locutio iuxta illud : « Cor sapit et pulmo loquitur etc. ».
802. lativs quam deberent, suple
Quasi diceret : ne celaret amplius causam mali sui, germanam etc.
[ f. 23r ]
803. germanam suam, Hersem scilicet.
‹ sororis › quia deum habebat maritum.
804.
coniugium prout dicit Ysidorus « est legitimarum personarum inter se copulandi et coniungendi legitime nupcie. Coniugium dictum quia 413‹les plus hauts sommets› parce que « la jalousie gagne les hauteurs » : en effet elle envie toujours ceux qui sont meilleurs.
794. Tritonienne athénienne
‹ elle souille › parce que l’envieux toujours dénigre les hommes.
‹ la citadelle › et elle ne la touche pas, et non sans raison, parce que l’envie ne réside pas chez les sages, ce qu’on entend par la citadelle de Pallas qui est la déesse de la sagesse.
795.
les talents et les richesses c’est-à-dire les arts libéraux qu’on pratiquait à Athènes autrefois.
796. elle tient elle retient ; elle ne voit rien qui attire les larmes tout ce qu’elle voit est empli de joie.
‹ rien qui attire les larmes › d’où ci-dessus : « Elle ne rit pas sauf sur celui que etc. ».
Envie était ainsi venue à Athènes où il y avait tant de plaisir, mais…
797. Envie entra.
798. les ordres de Pallas.
On dit que la rouille est propre au fer, comme vous l’avez lu plus haut dans les vers : « Le ver use le bois… ».
799. les entrailles d’Aglauros ; deronces d’épines.
‹ elle emplit d ’ épines › c’est-à-dire des aiguillons de l’envie qui piquent à la manière des épines, ‘sentium’ de ‘sentio, -tis’ (sentir).
800. de poix ce poison.
‹ un poison nuisible › c’est-à-dire l’envie nuisible et vénéneuse.
801.
On dit avec raison que les mots se répandent comme du venin dans les poumons, parce que c’est grâce aux poumons que nous pouvons parler, d’après le vers : « Le cœur sait et le poumon parle etc. »
802. plus largement ajouter ‘qu’elles devraient’.
Comme s’il disait : pour qu’elle ne cache pas plus longtemps la cause de son mal, la sœur etc.
[ f. 23r ]
803. Sa sœur à savoir Hersé.
‹ de sa sœur › parce qu’elle avait un dieu comme mari.
804.
le mariage, comme le dit Isidore, « est le droit acquis par les noces de vivre ensemble et de s’unir entre personnes remplissant les conditions 414coniuncti sunt uel a iugo quo in nupciis copulantur, ne possint resolui aut per aliquem separari ».
805. facit apud se fingit ; omnibus qvibvs ; irritata prouocata ; dolore quia mente puniebatur.
‹ irritata › « Irrĭtat euacuat, irrītat prouocat iras ».
806. anxia sollicita.
Cycropis :Aglauros filia Cycropis, patronomicum femininum.
807.
‹ miserrima › Ysidorus : « Miser proprie est qui totam162 felicitatem amisit ».
808. liqvitvr deficit ; vt sicut ; incerto tepido163.
incerto :id est non multum calenti quia tunc paulatim et non continuo liquescit.
809. bonis propter ; Herses sororis sue.
810. spinosis spinis obsitis
‹ spinosis herbis › id est existentibus inter spinas.
811. qve herbe ; neqve non ; -qve set.
leni tepore id est igne tepido leniter cremante illas.
812. volvit optauit ; ne qvicqvam tale scilicet tantam felicitatem sororis sue.
‹ sepe › adeo fuit anxia.
813. rigido crudeli ; parenti Cicropi.
814. in adverso anteriori164 ; venientem si ueniret.
denique : post multas animi sui passiones.
815. devm Mercurium ; cvi Mercurio165.
816. desine precari me ; dixit Aglauros.
iactanti dupliciter potest legi : iactanti id est perdenti, quia nichil proficiebant ei uerba sua adultoria. Vel iactanti id est cum tanta defluentia proferenti166 preces, ac si haberet illas pro uilibus rebus, quia res uiles iactamus et de quibus non curamus.
817. hinc ab isto loco.
‹ hinc › scilicet quod non mouearis nisi me repulso.
818. stemvs ego et tu ; Cillenivs Mercurius.
415légales. On parle de coniugium, parce qu’ils sont coniuncti (unis), ou bien à cause du iugum du ‘joug’ par lequel ils sont réunis lors des noces, de telle sorte qu’ils ne puissent être déliés ou séparés par personne ».
805. elle fait elle imagine en elle-même ; toutes les choses par lesquelles ; par la douleur parce qu’elle était punie par ses propres pensées.
‹ irritée › « ‘Irrĭtat’ (il annule) : il vide ; ‘irrītat’ (il irrite) : il provoque la colère ».
806.
de Cécrops :Aglauros, la fille de Cécrops, patronyme féminin.
807.
‹ la plus malheureuse › Isidore : « Le malheureux est proprement celui qui a perdu tout bonheur ».
808. incertain tiède.
incertain :c’est-à-dire qui ne chauffe pas beaucoup parce qu’alors (la glace) fond peu à peu et non de manière continue.
809. À cause du bonheur ; d’Hersé sa sœur.
810. épineuses couvertes d’épines.
‹ des herbes épineuses › c’est-à-dire qui poussent parmi les épines.
811.qui les herbes.
d ’ une douce tiédeur c’est-à-dire quand un feu tiède les brûle doucement.
812. rien de tel à savoir la grande félicité de sa sœur.
‹ souvent › elle était si anxieuse.
813. inflexible cruel ; au père à Cécrops.
814. à l’encontre audevant ; qui venait s’il venait.
enfin : après beaucoup de souffrances morales.
815. le dieu Mercure ; à qui à Mercure.
816. cesse de me prier ; elle dit Aglauros.
iactanti peut être lu de deux manières : iactanti (à lui qui jetait) c’est-à-dire ‘qui perdait’, parce que ses paroles trompeuses ne lui servaient à rien. Ou bien iactanti c’est-à-dire ‘à lui qui proférait’ un si grand flot de prières comme s’il ne leur accordait aucune valeur, parce que nous ‘jetons’ les choses sans valeur et dont nous ne nous soucions pas.
817. de là de cet endroit.
‹ de là › c’est-à-dire que tu ne bougerais pas, sauf si tu m’en chasse.
818. tenons-nous moi et toi ; du Cyllène Mercure.
416819. celatas uel celesti167 ; fores domus ; virga caduceo.
Ita Mercurius aperuit fores, at pro set.
821. flectitvr sinodoche ; ignava ab effectu.
‹ nequeunt grauitate moueri › nam incipiebat iam in lapidem mutari.
‹ ignaua › secundum Ysidorum ignauus dicitur ignarus uie, rationis et uite168.
822. se attollere erigere ; trvnco in corpore.
823. genvvm suorum ; riget durescit ; per vngves illius.
Phisicum est hoc, quia extremitates quorumlibet membrorum cicius frigescunt quam cetere partes et sic incipiebat iam mutari.
824. sangvine eius.
825.vt sic ; malvm scilicet.
‹ immedicabile › non quia sit immedicabilis, set quia uix potest sanari.
cancer : notandum quod Cancer pro signo facit in genitiuo Cancri, Theodolus : « In Cancro solis ». Dicitur tamen in Grecismo quod cancer pro morbo masculini generis est et facit cancri pro pisce et signo facit Canceris. Set hoc non tenet uersus, quia pro signo inuenimus in Cancro. « Est cancer morbus, est signum Cancer in astris. | Preterea cancer est notus in equore piscis, | sic dicunt multi, set sic poterit uariari. | Cancer de morbo, de signo, pisce marino | dicitur equiuoce, genus est hic uoxque secundae | pro morbo, reliquis hoc cancer canceris apte », pisci scilicet et signo. Set hoc solet argui, alio modo dicitur : « Cancer habet morbum signum piscemque notare. Canceris est morbi casus notare cancrique duorum. Pisci uel signo dabis hic hoc addito morbo ».
826. illesas incorruptas ; viciatispartibus.
827. sic tali modo ; letalis hyems mortale frigus ; pavlatim successiue.
‹ letalis hyems › id est mors frigida.
417819. les portes de la maison ; la baguette le caducée.
Ainsi Mercure ouvrit la porte, at pour ‘set’ (mais).
821. on plie synecdoque ; engourdies par l’effet.
‹ ne peuvent être bougées à cause de l ’ engourdissement › car elle a commencé à se transformer en pierre.
‹ ignaua › (engourdies) selon Isidore on dit ‘ignauus’ (engourdi) pour ‘ignarus’‘ne connaissant’ ni le chemin, ni la raison, ni la vie.
822. se lever se redresser ; avec le buste c’est-à-dire le corps.
823. De ses genoux ; est raide durcit ; par ses ongles.
Cette transformation est physique, parce que les extrémités de tous ses membres se refroidissent plus vite que les autres parties et ainsi elle commençait déjà à se transformer.
824. Son sang.
825. C’est-à-dire le mal.
‹ incurable › non que ce soit incurable, mais parce qu’on peut difficilement le guérir.
cancer : Il faut noter que ‘Cancer’, le signe du zodiaque, fait au génitif ‘Cancri’, Théodule : « ‘In Cancro’ (dans le Cancer) du soleil ». Pourtant on dit dans le Grecismus que ‘cancer’ au sens de la maladie, est du genre masculin et fait au génitif ‘cancri’, alors que pour le poisson et pour le signe du zodiaque le génitif est ‘canceris’. Mais la métrique du vers ne donne pas cela, puisque nous trouvons ‘in Cancro’ pour le signe du zodiaque. « ‘Cancer’ est une maladie, ‘Cancer’ une constellation parmi les astres. En outre ‘cancer’ (le crabe) est connu comme poisson de mer. C’est ce que disent beaucoup de personnes, mais cela pourrait varier comme suit : on dit ‘cancer’ pour la maladie, pour le signe du zodiaque et pour le poisson marin, par équivoque : le genre est masculin et de la deuxième déclinaison pour la maladie ; le genre est neutre, et le génitif correct est ‘canceris’ pour les autres », à savoir pour le poisson et le signe du zodiaque. Mais le neutre est souvent controversé, on dit d’une autre manière : « On notera ‘cancer’ pour la maladie, le signe du zodiaque et le poisson. On notera le génitif ‘canceris’ pour la maladie, et ‘cancri’ pour les deux autres. Pour le poisson ou le signe du zodiaque tu utiliseras le genre masculin, le genre neutre tu ajouteras à la maladie. »
826. Des parties corrompues.
827. l’hiver meurtrier le froid mortel ; peu à peu successivement.
‹ l ’ hiver meurtrier › c’est-à-dire le froid de la mort.
418828. et id est ; respiramina scilicet arterias per quas emittit spiritus.
830. vocis habebat iter id est si uellet loqui non poterat.
831. ora eius ; dvrverant in lapidem ; signum ymago.
‹ sedebat › sic notat quod mutata est in lapidem.
832. lapis in quem mutata erat ; sva mens Aglauros.
‹ nec lapis albus › quia sicut mens sua erat nigra, sic et lapis in quem mutata est.
Diximus supra quod sunt quidam qui attendunt quare Deus dedit hominibus laborare, quod intelligimus per Erithonium Cycropidibus datum a Pallade ; set ignorancia ducti atque immemores paruipendunt, quod intelligimus per Aglauron que dicitur hic mutata esse in lapidem nec immerito ; tales enim et tam ignorantes rationem habent lapideam, et sumpto etiam auro Mercurium expellunt, quia nichil in se boni retinentes cum mediante labore donum sapientie receperint, quod intelligimus per aurum datum a Mercurio, nichil memorie commendantes efficiuntur amisso sapientie dono per suam duritiam ignorantes. Quid est quod Mercurius Herses querit coniugium set expellitur ab Aglauro nisi quod facundia sequentes litem ut eos concordet ad se trahit ? Set Aglauros que est obliuio, id est ignorantia, res tractatas nititur extinguere et obliuioni tradere, set a Mercurio mutatur in lapidem, id est per facundiam ignorantes et immemores dure mentis et lapidee cognoscuntur esse : preualent enim res memorande nec omnino possunt deleri obliuione, et sic est moralis ista mutatio ; has ubi etc.
Hic agit de mutacione Iouis in taurum et hoc est has etc. Continuatio : ita mutauerat Mercurius Aglauron, has etc.
833. mentisqve prophane quoniam inuidebat ei et sorori
uerborum quoniam dixerat : « Hinc ego me non sum nisi te motura repulso, etc. ».
‹ prophane › prophanus ‘procul a fano’ dicitur, quia eum templi sacrificiis non licet interesse secundum Ysidorum.
419828. les voies respiratoires c’est-à-dire la trachée-artère par laquelle s’exhale le souffle.
830. la voix (n’)avait (plus) d’issue c’est-à-dire que si elle voulait parler elle ne le pourrait pas.
831. Son visage ; s’était durci en pierre ; une statue une image.
‹ elle était assise › il indique ainsi qu’elle fut pétrifiée.
832. la pierre en laquelle elle s’était transformée ; son âme Aglauros.
‹ non une pierre blanche › parce que, comme son âme était noire, la pierre qu’elle était devenue (l’était) aussi.
Nous avons dit plus haut que certains veulent savoir pourquoi Dieu a fait travailler l’homme, ce que nous entendons par Érichthonius que Pallas avait confié aux filles de Cécrops ; mais guidées par l’ignorance et l’oubli elles en font peu de cas, ce que nous entendons par Aglauros qui, dit-on, fut transformée en roc comme elle l’avait mérité. Des personnes si ignorantes ont une raison de pierre et même après avoir reçu l’or elles chassent Mercure, parce qu’elles ne retiennent rien de bon en elles, bien que moyennant le travail elles aient reçu le don de la sagesse, ce que nous entendons par l’or donné par Mercure, elles ne réalisent rien qui mérite d’être transmis à la mémoire, parce qu’après avoir perdu le don de la sagesse, elles sont ignorantes par dureté. Mais que veut dire le fait que Mercure cherche à obtenir le mariage avec Hersé, mais qu’il soit chassé par Aglauros, sinon que l’éloquence attire ceux qui poursuivent une querelle, pour qu’elle les mette d’accord. Mais Aglauros, qui est l’oubli, c’est-à-dire l’ignorance, s’efforce d’effacer les sujets traités, et de les condamner à l’oubli, mais elle est transformée en roc par Mercure, c’est-à-dire que par l’éloquence on reconnaît les ignorants sans mémoire et aux cœurs durs comme la pierre. En effet ce qui est digne de mémoire l’emporte et ne peut être détruit par l’oubli, et donc cette transformation est morale ; après que etc.
Ici il parle de la transformation de Jupiter en taureau et c’est ce qui commence à ces etc.Suite : ainsi Mercure avait transformé Aglauros, ces etc.
833. de son âme impie parce qu’elle l’enviait et enviait sa sœur.
de ses mots puisqu’elle avait dit : « Je ne bougerai pas d’ici avant de t’avoir chassé, etc. ».
‹ profane › on appelle ‘prophanus’ (profane) ‘procul a fano’ (loin du temple), selon Isidore, celui qui n’a pas le droit de participer aux sacrifices du temple.
420834. Athlantiades Mercurius ; terras id est Athenas.
‹ dictas a Pallade terras › dicuntur ab ‘athanatos’ quod est immortalis. Pallas uero dea est sapientie, que sapientia immortalis est.
836. hvnc Mercurium ; genitor Iupiter ; fassvs quod amaret Europam.
‹ fassus › inter fateor et confiteor est differentia, unde169 uersus : « Confiteor sponte, fateor delicta coactus ».
seuocat una est dictio, id est seorsum ab aliis uocat, uel ad se uocat.
837. nate o.
838. delabere ad terram deorsum labere.
‹ solito › sicut solitus es properare.
[ f. 23v ]
840. svspicit sursum aspicit ; Sydonida terram suple170.
Sydonida accusatiuus grecus est, uel Sydonia nominatiui casus, et dicitur figuratiue171, sicut dicitur : uocant hunc hominem Vullermus nomine.
Que tellus est a sinistra parte Maie matris tue que est una de septem Pleiadibus, que stelle sunt in fronte Tauri. Tyrii enim uident Maiam et alias Pleiades a sinistra parte, quasi diceret : pete Tyrum uel172 Sydonem.
841. hanc tellurem.
‹ pete › quasi diceret : Sidoniam petas que est sub Pleyade, id est sub Maia stella illa.
842. regale regis Agenoris.
Armentum ut dicit Ysidorus uel quia sit armis aptum uel quia his in armis utimur. Alii dicunt armenta tantum intelligi ab arando quasi aramenta.
843. dixit Iupiter ; expvlsi a Mercurio ; iamdvdvm notat nimiam eius uelocitatem.
dixit et sine responsione facta sunt ea que dixit, quia non licet minori respondere maiori persone, set iussa sua173 adimplere.
421834. le descendant d’Atlas Mercure ; les terres c’est-à-dire Athènes.
‹ les terres nommées d ’ après Pallas › (Athènes) vient de ‘athanatos’, ce qui veut dire ‘immortel’. En vérité Pallas est la déesse de la sagesse, laquelle sagesse est immortelle.
836. celui-ci Mercure ; le père Jupiter ; (n’)ayant (pas) avoué qu’il aimait Europe.
‹(n’)ayant (pas) avoué›entre ‘fateor’ (j’avoue) et ‘confiteor’ (je confesse) il y a une différence, d’où le vers : « Je confesse de mon plein gré, j’avoue une faute parce que j’y suis contraint ».
seuocat (il appelle à part)en un seul mot, c’est-à-dire, il appelle à l’écart des autres ou bien il appelle à soi.
837. Ô mon fils.
838. descends glisse en bas vers la terre.
‹ habituel › en te dépêchant comme tu en as l’habitude.
[ f. 23v ]
840. lève ses regards dirige ses regards vers le haut ; Sidonienne ajouter ‘la terre’.
‘Sydonida’ est un accusativus grecus et ‘Sydonia’ est le cas du nominatif, et s’utilise au sens figuré, comme quand on dit : ils appellent cet homme (accusatif) par le nom Guillaume (nominatif).
Ce pays se trouve à gauche de Maïa, ta mère, qui est l’une des sept Pléiades, étoiles qui se trouvent au front du taureau. Car les Tyriens voient Maïa et les autres Pléiades sur leur gauche ; c’est comme s’il disait : « Rends-toi à Tyr ou à Sidon. »
841. ce pays.
‹ rends-toi › comme s’il disait : rends-toi à Sidon qui se trouve au-dessous de la Pléiade, c’est-à-dire au-dessous de l’étoile Maia.
842. royal du roi Agénor.
On dit ‘armentum’ (le troupeau de gros bétail) selon Isidore soit parce qu’ils sont bons pour les armes, soit parce que nous les utilisons pour obtenir des armes. D’autres disent que l’on comprend seulement les bovins par ‘armenta’, de ‘arando’ (labourer), presque ‘aramenta’.
843. Jupiter dit ; chassés par Mercure ; déjà il décrit sa très grande célérité.
il dit et ce qu’il dit fut exécuté sans réponse, parce qu’il n’est pas permis à un inférieur de répondre à une personne supérieure, il doit seulement accomplir ses ordres.
422Iuuencus dicitur quia iuuet174 homines in terra colenda.
844. ivssa a Ioue ; vbi in quibus ; filia Europa ; regis Agenoris.
846.
‹ morantur › morari possunt, quoniam ex amore sequitur humilitas, ex maiestate exaltacio.
non bene : ponit actor generalem sententiam ut postea inde possit elicere specialem.
Non bene conueniunt Venus et Mars, si sociantur discordes fiunt nec in una sede morantur175.
847. gravitate auctoritate.
Modo elicit specialem pro qua premisit generalem.
848. ipse uel ille176 ; devm deorum.
ille sonat in laudem.
‹ trisulcis › propter tres fulminis proprietates, nam flat, urit et findit.
849. ignibvs fulminibus.
850. mixtvs ipse ; ivvencis cum.
851. obambvlat circumcirca ambulat.
852. qvippe uel certe ; color suus ; nivis simile niui in albedine.
Loquitur modo actor de pulchritudine tauri dicens quippe, quid mirum si dico formosus.
853. Avster ille uentus mollis.
854. colla illius ; armis ab177 humeris illius.
palearia sunt pelles que dependent a collis boum que fluitant huc et illuc ad modum palearum.
Thori sunt replicationes carnium in collo bouis.
855. cornva illius ; parva sunt ; qvidem certe ; qve talia ; contendere probare.
contendere : certando dicere uel affirmare.
857. mine sunt ; lvmen est ei178, eius aspectus.
‹ nulle mine › nulla179 minarum signa.
Cum naturaliter taurus habet trucem uultum.
858. vvltvs eius ; nata Europa
423On dit ‘iuuencus’ (bouvillon) parce qu’il ‘iuuet’ (aide) les hommes à labourer la terre.
844. ordonnés par Jupiter ; la jeune fille Europe ; du roi Agénor.
846.
‹ ils (ne) demeurent (pas)› c’est-à-dire il (ne) peuvent demeurer, parce que de l’amour naît l’humilité, de la majesté l’orgueil.
pas bien : l’auteur énonce d’abord une idée générale pour ensuite pouvoir en tirer une idée particulière.
Vénus et Mars ne vont pas bien ensemble ; si on les associe, des discordes s’ensuivent et ils ne demeurent pas en un même lieu.
847. dignité autorité.
Maintenant il introduit l’idée particulière pour laquelle il avait cité l’idée générale.
848.
ille a un sens laudatif.
‹ à trois pointes › en raison des trois propriétés de la foudre, car elle souffle, brûle et fend.
849. avec les feux les foudres.
850. mêlé lui-même ; aux génisses.
851. il va et vient il se promène tout à l’entour.
852. Sa couleur ; de neige semblable à la neige par sa blancheur.
Maintenant l’auteur parle de la beauté du taureau en disant certes : quoi d’étonnant si je dis beau.
853. l’Auster ce vent doux.
854. Son cou ; des bras de ses épaules.
palearia (les fanons) sont les peaux qui pendent du cou des bœufs et flottent de-ci de-là à la manière des balles de paille.
Les muscles sont les replis de chair au cou du bœuf.
855. Ses cornes ; sont petits ; il est vrai certes ; celles telles ; affirmer prouver.
soutenir : dire en disputant ou bien affirmer.
857. Il y a des menaces ; son œil, son aspect.
‹ aucune menace › aucun signe de menaces.
Alors que par nature le taureau a une mine farouche.
858. Sa mine ; la fille Europe.
424Ita uultus eius pretendebat pacem, miratur etc.
859. qvod ideo ; tam sit formosvs.
‹ prelia nulla › quia pacificus erat.
860. contingere illum.
Mirabatur primo Europa quod tam formosus sit taurus et tam mitis, set.
861. mox postea ; porrigit extendit ; ora illius.
862. gavdet Iupiter sub specie tauri latitans ; amans quia180 ; dvm donec ; sperata volvptas de qua spem habebat.
Cum ita porrigeret Europa herbas tauro gaudet.
863. manibvs Europe ; cetera choitum scilicet.
864. nvnc aliquando ; allvdit ipsi puelle ; viridi uiridente ; exvltat frequenter salit.
865. nvnc id est aliquando ; latvs suum ; nivevm album ; deponit uel demitit181 ; harenis maris.
866. pavlatim successiue ; metv dempto uirgini ; pectora sua ; prebet Iupiter.
867. modo aliquando ; cornva sua.
‹ uirginea › uirginis Europe.
‹ sertis › quia ipsa coronabat eum.
868. regia regis filia.
quoque similiter, sicut audebat eum tangere.
869. nescia illa, dico
‹ tauri › Iouis in taurum mutati.
Ita uirgo ausa est ascendere super taurum, cum.
870. cvm uel tum ; devs recedens ; passim uel sensim, paulatim182.
871. in vndis uel in altum id est in mare183.
falsa uestigia pedum : ypallage quantum ad adiectiuum, id est uestigia falsorum pedum, quia re uera non erat bos, uel quia primo prelibauit undam parum cum pede. Dicit falsa quia non credebat quod ulterius uellet transire184.
425Son visage exprimait la paix, elle s’étonne etc.
859. Qu’il soit si beau.
‹ aucun combat › parce qu’il était paisible.
860. toucher celui-ci.
D’abord Europe s’étonnait que le taureau soit si beau et si doux, mais…
861.Son museau.
862. ilse réjouit Jupiter caché sous l’aspect du taureau ; aimant parce qu’(il aimait) ; la jouissance espérée celle qu’il espérait.
Comme Europe tendait des herbes au taureau il se réjouit…
863. aux mains d’Europe ; le reste à savoir le coït.
864. maintenant parfois ; il joue avec la jeune fille ; verte verdoyante ; il bondit il sautille.
865. maintenant c’est-à-dire parfois ; son flanc ; de neige blanc ; sur le sable de la mer.
866. peu à peu successivement ; après avoir dissipé la peur chezla jeune fille ; son poitrail ; il présente Jupiter.
867. Ses cornes.
‹ de vierge › de la jeune fille Europe.
‹ avec des couronnes › parce qu’elle l’ornait de couronnes.
868. royale la fille du roi.
aussi de même, comme elle osait le toucher.
869. ne sachant pas je dis celle-ci.
‹ du taureau › de Jupiter transformé en taureau.
Ainsi la jeune fille osa-t-elle monter sur le dos du taureau, quand…
870. le dieu s’éloignant.
871. dans les flots ou bien au large c’est-à-dire en pleine mer.
les empreintes trompeuses de ses pas : hypallage pour ce qui concerne l’adjectif, c’est-à-dire les empreintes des pieds trompeurs, parce que, en vérité, ce n’était pas un bœuf, ou bien parce que, d’abord, il tâta un peu l’eau avec le pied. Il dit falsa‘trompeuses’ parce qu’elle ne pensait pas qu’il voudrait aller plus loin.
426872. inde postea ; vlterivs ultra mare ; eqvora id est planitiem.
‹ equora › similiter alibi habetur equore pro planitie, ut185 in Alexandreide : « cursuque uolucri | puluereo repetit spaciosos equore campos ».
873. predam Europam ; relictvm quod reliquerat.
874. dextra manu ; altera manus ; dorso tauri.
Mutacio ista sic debet exponi : re uera Iupiter rex Cretensis Mercurium, id est quendam uirum sapientem et facundum, misit ad Europam, Agenoris filiam, qui per facundiam suam eam ad litus uenire fecit ubi Iupiter in naue tauri formam habente uel nomen eam transportauit per mare in Cretam, et ideo in taurum mutari fingitur. Solent enim naues impingi figuris animalium uel nominibus appellari et sic moralis est hec mutacio186. « Iupiter Europam rapuit rate ; taurus in illa | pictus erat, nauis nomine taurus erat ».
[ f. 24r ]
875. sinvantvr repelluntur ; flamine uenti ; vestes eius187.
Precedencia subsequentibus ita possumus continuare : Iupiter in taurum se mutauerat et Europam trans mare portauerat et ex ea natus est Minos.
427872. plus loin au-delà de la mer ; les plaines c’est-à-dire la surface plane.
‹ les plaines › de même à un autre endroit il y a ‘plaines’ pour ‘surface plane’, comme dans l’Alexandréide : « D’une course rapide il rejoint les vastes champs dans la plaine poudreuse ».
873. la proie Europe ; quitté qu’il avait laissé.
874. De la main droite ; de l’autre main ; sur le dos du taureau.
Cette transformation doit être interprétée de la manière suivante : en vérité Jupiter, le roi de Crète, envoya Mercure, c’est-à-dire un homme sage et éloquent, auprès d’Europe, la fille d’Agénor ; Mercure par son éloquence la fit venir au rivage d’où dans un bateau ayant la forme ou le nom d’un taureau Jupiter la transporta à travers la mer jusqu’en Crète, et c’est pourquoi l’on imagine qu’il s’était transformé en taureau. Car on avait la coutume de peindre des images d’animaux sur les bateaux ou bien de les appeler par des noms d’animaux et donc cette transformation est morale : « Jupiter enleva Europe sur un bateau ; un taureau était peint dessus, le bateau s’appelait ‘taureau’ ».
[ f. 24v ]
875. ils ondulent sont soulevés ; par le souffle du vent ; ses vêtements.
Nous pouvons faire suite à ce qui précède de la manière suivante : Jupiter s’était transformé en taureau et avait emporté Europe à travers la mer et d’elle naquit Minos.
1 illos] S W, in ras. V.
2 uel] S W, in ras. V.
3 comprobatus] S W, exprobatus ex comprobatus V2.
4 uel rexerit] V, om. S W.
5 homines laborantes in terris] S W, in ras. V.
6 limbus] S W, in ras. V.
7 cf. Tarrant in app.
8 iaciendo] S W, in ras. V.
9 cursu] S W, in ras. V.
10 nam] S W, in ras. V.
11 retro] S W, in ras. V.
12 et uel ac] S, in ras. V, ac uel et W. ◊ isti] S W, in ras. V.
13 uel… sincopa] S W, in ras. V.
14 lateret] S W, om. V. ◊ sub eius specie] S W, om. V.
15 exteriori habitu] S W, in ras. V.
16 suo] S W, in ras. V.
17 crimen] S W, in ras. V.
18 nichil] S W, aliquid in ras. V2.
19 uenantius uel uenatus] S W, in ras. V.
20 S W, in ras. V.
21 ripis] S W, in ras. V.
22 S W, in ras. V.
23 uteri pregnantis scilicet] S W, in ras. V (ut uid.). ◊ incestam] W, incestum ut uid. S, adulterium in ras. V2.
24 uel ne] S W, in ras. V.
25 scilicet iuno] S W, in ras. V.
26 furtum iouis] S W, in ras. V.
27 uel ad quem… rem] S W, in ras. V.
28 certe] S W, in ras. V. ◊ yronice] S W, in ras. V.
29 exigendum] S W V ante corr.
30 S W, in ras. V.
31 S W, in ras. V.
32 dedecorosus] W, decorosus V S.
33 superbis] S W, in ras. V.
34 cum indignacione loquitur] S W, in ras. V.
35 extra] S W, ultra in ras. V2.
36 id est remanet] V, uel tamen S W. ◊ ursa] S W, in ras. V.
37 S W, in ras. V.
38 S W, in ras. V.
39 set m. exprimunt] V, licet m. exprimant S W.
40 quod]in ras. V2, quoniam S W.
41 sue] S W, in ras. V.
42 ibi] S W, in ras. V.
43 cf. Tarrant in app.
44 uel ferro] S W, in ras. V.
45 cf. Tarrant in app.
46 factum] S W, in ras. V.
47 uel] S W, in ras. V.
48 inponenti] S W, in ras. V.
49 S W, in ras. V.
50 ab eo debuit interfici] S W, in ras. V.
51 uel ipsi… iunonis] S W, in ras. V.
52 in altitudine] S W, in ras. V.
53 cf. Tarrant in app.
54 meam offensam] S W, in ras. V.
55 suum] S W, sibi ex suum V2.
56 S W, in ras. V.
57 set… eleuatur] S W, in ras. V.
58 S W, in ras. V.
59 quamuis] S W, in ras. V.
60 in qualibet sui parte] S W, in ras. V.
61 euigilare… excitare… repellere] S W, euigilari… excitari… repelli in ras. V2.
62 cuiusmodi] S W, in ras. V.
63 turris] S W, in ras. V.
64 thessalia] W S, in ras. V.
65 S W, in ras. V.
66 condonans] S W, con in ras. V.
67 de erictonii… etc.] S W, in ras. V.
68 cf. Tarrant in app.
69 sub] S W, in ras. V. ◊ uel in] S W, in ras. V.
70 finibus] V W, funibus ut uid. S (quod est melius).
71 sub] S W, in ras. V.
72 de] S W, in ras. V.
73 quem] S W, quam ut uid. V.
74 tanatos] tatos V S W, na s. l. V2.
75 non est]fort. V2, cesset S W.
76 at] S W, in ras. V.
77 plumis uel pennis] V, pennis S W.
78 S W, in ras. V.
79 duram] S W, om. V fort. in ras.
80 tecta] V, tecta et cooperta S W.
81 illius] S W, in ras. V.
82 postea] S W, in ras. V.
83 uel… contigit] S W, in ras. V.
84 est] S W, om. V.
85 id est… ego] S W, in ras. V.
86 S W, in ras. V.
87 que] S W, quoniam ut uid. V2.
88 S W, in ras. V.
89 tenens eam… ignorancia sua] S W, in ras. V.
90 S W, in ras. V.
91 affert] S W V ante corr., asserit V2. ◊ ignescunt] S V2, tumescunt W.
92 potuit uitare] S W, in ras. V.
93 cf. Tarrant. in app.
94 pvrpvreo uel puniceo] V, pvniceo S W.
95 S W, in ras. V.
96 dixit] S W, locuta est in ras. V2.
97 penituit penitebat] S W, in ras. V.
98 uel sic endiadis] S W, in ras. V.
99 fata uel] S W, in ras. V.
100 fit] S W, in ras. V.
101 et potest fieri… mactatum] S W, in ras. V.
102 cvm non uel ut tamen] V, vttamen S W.
103 S W, in ras. V.
104 cf. Tarrant in app.
105 obsequia] S W, exsequie ex obsequia V2.
106 S W, in ras. V.
107 ad opus alumpni] S W, in ras. V.
108 honoris] V2, honores S W.
109 adiectus] S W, adductus ex adiectus V2.
110 S W, in ras. V.
111 homine] S W, in ras. V. ◊ stellam] S W, in ras. V.
112 fuit] S W, fiet ex fuit V2.
113 quamuis] S W, in ras. V.
114 prevertvnt anticipant] S, pervertvnt anticipant W, me vertvnt V (anticipant in ras.).
115 set fatum… anticipat] S W, in ras. V.
116 deorum] S W, in ras. V.
117 post quoniam ras. V, quoniam quandoque S W.
118 fortasse] S W, in ras. V.
119 postea] S W, in ras. V.
120 ungula… habetur] S W, in ras. V.
121 ei uel re] S, ei uel de W, in ras. V.
122 et sic… equam] S W, in ras. V.
123 ea] V fort. post corr., armenta S W.
124 immo] S W, in ras. V.
125 consequenter] S W, in ras. V.
126 uitulo] S W, in ras. V.
127 mei] S W, in ras. V.
128 quando] S W, in ras. V.
129 mutatus] S W, in ras. V.
130 S W, in ras. V.
131 S W, in ras. V.
132 impellit] V fort. post. corr., expellit S W.
133 S W, in ras. V.
134 honesta]ras. V, ivsta honesta S, ivsta honesta cura W.
135 ad collum locat] S W, in ras. V.
136 rotunditas… rotundum] S W, in ras. V.
137 adornatos] S W, ad in ras. V.
138 palladis] S W, in ras. V.
139 illa puella] S W, in ras. V.
140 S W, in ras. V.
141 S W, in ras. V.
142 uel palladem] S W, in ras. V.
143 cf. Tarrant in app.
144 abstulit] S W, in ras. V.
145 uel… sumpsisset] S W, in ras. V.
146 conueniencias] S W, conuenientencias V.
147 faciens] S W, om. V (similem ex simile V2ut uid.).
148 pigre uel pigra] S, pigre V, pigra uel pigre W.
149 nullatenus] S W, in ras. V.
150 oculorum] S W, om. V. ◊ illius] S W, om. V.
151 gaudet] V S W, nocet s.l. V2. ◊ ospitio]ut uid. V (s s.l.), epiteto ut uid. S, optatiuo W.
152 S W, in ras. V.
153 inuadit] S W, ledit in ras. V2, fort. rodit.
154 S W, in ras. V.
155 S W, in ras. V.
156 cum] S W, in ras. V.
157 est quedam obscuritas] S W, in ras. V.
158 quacumque parte] V, quocumque loco W, quocumque loco uel quacumque parte S.
159 cf. Tarrant in app.
160 opibusque] S W, in ras. V.
161 ideo] S W, in ras. V.
162 totam] S W, magnam in ras. V2.
163 tepido] S W, in ras. V.
164 anteriori] S W, in ras. V.
165 mercurio] S W, in ras. V.
166 proferenti] W, proferendi V S.
167 cf. Tarrant in app.
168 ignarus… uite] S W, in ras. V.
169 unde] W S V2, om. V.
170 terram supple] W S, illam tellurem V2in ras.
171 dicitur figurative] W S, ponitur nominaliter dub. V2in ras.
172 tyrum uel] W S, in ras. V.
173 sua]s.l. V, celeriter W, om. S.
174 iuuet] W S, iuuat ex iuuet V2.
175 V, om. W S.
176 ipse uel ille] V, ille iupiter W S.
177 ab] W S, in ex ab V2.
178 ei] W S, in ras. V.
179 nulla] V S, nullarum W.
180 quia] W S, om. V.
181 id est aliquando] V, om. W S. ◊ deponit uel demitit] V (demitit fort. ex demisit V), deponit uel demisit S, demisit uel deponit W,
182 uel tum] W S, om. V. ◊ recedens] W S, in ras. V. ◊ passim uel sensim paulatim] V, sensim paulatim W S.
183 uel in altum id est in mare] W S, in ras. V.
184 re uera… transire] W S, in ras. V.
185 alibi] W S, in ras. V. ◊ ut] W S, in ras. V.
186 animalium… ista mutacio] S W, om. V.
187 repelluntur] S W, om. V. ◊ eius] W S, om. V.
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN : 978-2-406-10729-3
- EAN : 9782406107293
- ISSN : 2261-0804
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10729-3.p.0334
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 29/04/2021
- Langues : Latin, Français