![Commentaire Vulgate des Métamorphoses d’Ovide. Livres I-V - Introduction](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/MbcMS01b.png)
Introduction
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Commentaire Vulgate des Métamorphoses d’Ovide. Livres I-V
- Pages : 9 à 30
- Collection : Textes littéraires du Moyen Âge, n° 62
- Série : Ovidiana textes, n° 2
Introduction1
Parmi le vaste corpus des adaptations, gloses et allégories écrits à partir des Métamorphoses entre 1100 et 1400, le Commentaire Vulgate est le plus largement diffusé et reproduit2. Rédigé aux alentours de 1260 par un auteur inconnu, dans la région d’Orléans située au nord du centre de la France (probablement dans la cité épiscopale d’Orléans même), le Commentaire Vulgate se compose d’une introduction (accessus), de gloses interlinéaires et d’un commentaire marginal du poème ovidien. L’accessus s’écarte de la liste des sujets d’étude tels qu’ils ont été établis dans l’Antiquité tardive par Servius dans son commentaire sur Virgile et tels qu’ils ont été adaptés par les commentateurs médiévaux de textes littéraires ; il s’en écarte pour se concentrer sur trois sujets d’étude : la thématique, l’intention de l’auteur et le style d’écriture. La glose interlinéaire, ajoutée au poème ovidien, explique le vocabulaire et offre une paraphrase du texte. Le commentaire marginal étoffe la paraphrase, fournit des informations complémentaires ainsi que des références à d’autres auteurs classiques et médiévaux.
LA TRADITION DU COMMENTAIRE VULGATE
AUX METAMORPHOSES
Le Commentaire Vulgate s’appuie sur la tradition exégétique née dans l’Antiquité classique. Ovide, dans la poésie qu’il a écrite en exil, prétend, non sans quelque affectation, avoir brûlé le manuscrit des Métamorphoses avant son départ de Rome3. Pourtant, ce dernier poème a exercé une large 10influence, à divers titres, sur la poésie latine de l’Antiquité tardive. La poésie d’Ovide a inspiré Sénèque et Lucain, poètes à la cour de Néron, ainsi que des auteurs d’épopée tels que Stace et Valerius Flaccus et des poètes de l’Antiquité tardive aussi différents que Dracontius et Venance Fortunat4. Les Métamorphoses étaient étudiées et commentées dans les écoles, peut-être en partie comme un manuel pratique de mythologie. Cependant, peu de preuves manifestes qui attesteraient de ces pratiques scolaires ont survécu. Contrairement à la poésie de Virgile, d’Horace ou aux pièces de théâtre de Térence, aucun ensemble complet de scolies antiques n’est parvenu jusqu’à nous5. En revanche, nous disposons d’une importante preuve du recours à Ovide comme un auteur scolaire : les manuscrits des Métamorphoses qui conservent une série de paraphrases et de commentaires en prose, a priori rédigés pendant l’Antiquité tardive. Ces paraphrases sont réunies sous le nom de Narrationes et ont été faussement attribuées, durant la Renaissance, à l’écrivain chrétien Lactance Placide, qui a vécu au ve siècle6.
Nous ne savons presque rien de la réception textuelle des Métamorphoses entre le vie et le viiie siècle. Mis à part un unique témoin qui rend 11compte de la lecture d’Ovide dans l’Antiquité (un fragment solitaire, vingt-cinq lignes des Pontiques, rédigé au second quart du ve siècle et qui provient probablement d’Italie), aucune copie existante ne peut être datée d’avant le ixe siècle7. Cependant, concernant l’époque carolingienne, nous possédons une preuve documentaire qui atteste d’une lecture scolaire et d’une assimilation littéraire de la poésie d’Ovide. Par exemple, Théodulf, évêque d’Orléans, cite la poésie ovidienne parmi les livres qu’il a lu avec enthousiasme pendant sa jeunesse ; et Modoin, un poète renommé à la cour carolingienne, imite Ovide en prenant le surnom de « Naso8 ». Les Métamorphoses semblent avoir notamment connu un grand succès dans la ville épiscopale d’Orléans, qui était un centre d’étude des classiques relativement florissant, et ce avant la Renaissance du xiie siècle. D’importants manuscrits (du ixe siècle jusqu’au xie siècle) de classiques latins sont associés à cette ville et attestent pleinement de son rôle dans la transmission de la culture classique. Par exemple, un fragment d’un témoin aujourd’hui conservé à Universitätsbibliothek de Leipzig (Rep. 1.4o.74), qui a probablement été écrit à Orléans au ixe siècle, contient de courts extraits tirés des Épigrammes de Martial et des Métamorphoses d’Ovide ; et un manuscrit du ixe siècle initialement situé à Micy, de l’auteur Solin, est par la suite parvenu à Orléans9. Entre la fin du xie siècle et le début du xiie siècle, la poésie ovidienne disposait donc d’un cadre propice à une renaissance majeure.
Les monastères situés en Bavière, particulièrement ceux de Tegernsee et Benediktbeuern, ont constitué de florissants centres pour l’étude des classiques au xie siècle10. En effet, la poésie classique latine, et notamment celle d’Ovide, était largement copiée, étudiée et imitée. La preuve du regain d’intérêt pour Ovide, qui a eu lieu entre la fin du xie et le début du xiie siècle, est si remarquable que certains chercheurs ont suggéré qu’il faut chercher du côté des fondations monastiques du sud de l’Allemagne pour voir apparaître ce regain et non du côté des écoles épiscopales de la 12vallée de la Loire11. Ainsi, de nombreuses copies de la poésie d’Ovide, copies encore existantes et qui datent du début du xiie siècle, trouvent leur origine à Tegernsee. On compte notamment un manuscrit du xiie siècle des Pontiques (München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 19476) et des fragments tirés d’un témoin des Métamorphoses (München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 29208). En outre, d’importants recueils des accessus ad auctores (les introductions aux auteurs médiévaux et classiques rédigées au Moyen Âge) sont nés à Tegernsee12. Les catalogues des monastères du sud de l’Allemagne révèlent une pléthore de manuscrits tirés du corpus poétique d’Ovide, mais certains d’entre eux ont disparu13. Le monastère de Tegernsee détenait ainsi des copies des Métamorphoses, des Remèdes à l’amour, de l’Art d’aimer, des Héroïdes et des Pontiques.
En outre, de nombreux commentaires portant sur la poésie d’Ovide et rédigés au xiie siècle proviennent de Bavière ou de Tegernsee. Les plus importants exemplaires de ces manuscrits sont désormais conservés à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich, sous la côte Clm 4610, Clm 14482 et Clm 1480914. Le témoin Clm 4610, qui date du début du xiie siècle et était jadis au monastère de Benediktbeuren, contient le plus ancien commentaire aux Métamorphoses que l’on connaisse. Il tire la plupart de ses commentaires d’une scolie perdue qu’a rédigée Manegold de Lautenbach, un illustre professeur allemand de la fin du xie siècle. Les codices Clm 14482 et Clm 14809 renferment eux plusieurs commentaires aux Métamorphoses qui attestent du fort intérêt grammatical et mythographique porté au poème. Ces gloses servent à expliquer le texte dans 13son niveau le plus rudimentaire à l’étudiant non aguerri. Par ailleurs, certaines gloses révèlent une tendance à interpréter le poème dans un sens expressément chrétien (voir ci-dessous le chapitre « Le Commentaire Vulgate »). Au vers 1, 2 des Métamorphoses, par exemple, Ovide prie les dieux de l’aider ; le commentateur d’un des manuscrits explique alors ceci : « Il dit ici dieux au pluriel selon l’opinion commune, car il savait qu’il n’y a qu’un seul dieu. » (München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 14482, f. 28r).
Au cours du xiie siècle, les écoles épiscopales de la vallée de la Loire et particulièrement la ville épiscopale d’Orléans sont elles aussi devenues des centres majeurs d’étude des classiques. Des poètes de l’époque évoquent l’importance de la ville dans l’étude des auteurs classiques15 ; par ailleurs deux collections majeures des florilegia (recueils d’extraits tirés des auteurs classiques latins), le Florilegium Gallicum et le Florilegium Angelicum, sont nées à Orléans au xiie siècle16. À l’école épiscopale d’Orléans, trois maîtres ont joué un rôle majeur dans la renaissance de l’étude du corpus poétique d’Ovide. Hilaire d’Orléans, qui a travaillé à Angers et à Orléans, est connu pour avoir commenté Ovide17. Une génération plus tard, Arnoul d’Orléans a rédigé deux commentaires aux Métamorphoses qui allaient avoir une influence majeure sur l’interprétation du poème jusqu’à la Renaissance. Le premier ouvrage, intitulé les Allegoriae, fournit des interprétations évhéméristes, morales et allégoriques pour chaque 14métamorphose. Le second ouvrage, un commentaire grammatical plus traditionnel, s’adresse au lecteur ordinaire qui a besoin de conseils pour la grammaire, la syntaxe et l’arrière-plan du poème. Un long accessus est ajouté au début de ce commentaire ; il présente l’œuvre au lecteur médiéval par le biais de six grandes catégories : la vie du poète, le titre du texte, la thématique, l’utilité de l’œuvre, l’intention de l’auteur et la branche de la philosophie à laquelle elle est associée18. Une génération après Arnoul, le commentateur Guillaume d’Orléans a composé son Versus bursarii, dans lequel il explique presque intégralement le corpus ovidien19.
Les écoles parisiennes ont aussi contribué à l’interprétation du poème d’Ovide. En 1234, l’Anglais Jean de Garlande a écrit, à partir des Métamorphoses, un poème allégorique en vers élégiaques intitulé les Integumenta Ovidii. Dans cet ouvrage, il tente d’expliquer une sélection de métamorphoses d’un point de vue historique, physique, moral ou allégorique20. Jean prétend que son poème allégorique servira de clef pour déverrouiller les sens cachés du texte ; il nous informe qu’il n’allégorisera pas toutes les métamorphoses du poème mais seulement certaines qu’il a choisies. Tout au long du poème, Jean s’exprime, d’un ton enjoué, avec à la fois beaucoup d’allitérations, d’ellipses et d’onomatopées21. Son poème obscurcit souvent la signification d’une métamorphose si 15bien qu’on ne peut la comprendre qu’en ayant recours aux gloses et aux commentaires contenus dans les manuscrits des Métamorphoses copiés entre 1150 et 1250, notamment le commentaire philologique d’Arnoul d’Orléans et l’ouvrage connu sous le nom de Commentaire Vulgate. La forme versifiée du poème allégorique de Jean a exercé une influence durable sur l’interprétation des Métamorphoses tout au long du Moyen Âge tardif. Les Integumenta Ovidii ont quant à eux largement circulé dans non moins de vingt-deux témoins qui s’échelonnent du xiiie au xve siècle22. Par ailleurs, aux xiiie et xive siècles, des vers isolés des Integumenta Ovidii ont été recopiés dans pratiquement tous les manuscrits glosés des Métamorphoses, à côté de la métamorphose concernée.
LE COMMENTAIRE VULGATE :
APPROCHES DU TEXTE
Le Commentaire Vulgate conserve les abondantes gloses aux Métamorphoses rédigées au xiie siècle tout en intégrant un contenu riche et intéressant d’un point de vue littéraire. Le commentateur anonyme a repris de nombreuses gloses plus anciennes, qui proviennent de ses prédécesseurs orléanais Arnoul et Guillaume, et des commentaires conservés dans les manuscrits allemands du xiie siècle (notamment le commentaire conservé à Salzburg, Stiftsbibliothek St. Peter, a.V.4). En outre, les allégories du Commentaire Vulgate réinvestissent constamment les vers correspondants des Integumenta Ovidii. Cependant, ce commentaire comprend aussi une strate de gloses qui ne figure pas dans les autres interprétations du poème ; cette strate manifeste un savant intérêt pour des questions aussi vastes que la structure du poème, la caractérisation de certains personnages, les figures de style, l’usage spécifique de certains mots et l’influence d’Ovide sur les poètes de la Renaissance du xiie siècle, notamment Gautier de Châtillon, Alain de Lille et Bernard Silvestre23.
16Contrairement aux commentaires plus anciens de Guillaume et d’Arnoul, qui étaient traditionnellement transmis comme des commentaires in catena24 (ensembles de commentaires renvoyant à des passages mais indépendants du poème dans son ensemble), le Commentaire Vulgate apparaît toujours sous la forme d’une série de gloses interlinéaires et marginales qui englobent le texte manuscrit des Métamorphoses. Pour un texte anonyme, le Commentaire Vulgate transmis dans les différentes copies est extrêmement stable ; seules de menues variations apparaissent entre les témoins. Un examen de tous les manuscrits existants permet en effet de proposer une édition critique du commentaire et de définir les relations entre les différentes copies25.
Les gloses interlinéaires du Commentaire Vulgate fournissent tout d’abord au lecteur une aide grammaticale et syntaxique à l’analyse du texte. De nombreuses gloses sont utiles pour relever l’emploi d’un cas particulier, comme au vers Met. 1, 49 : la glose interlinéaire propter (à cause de) indique au lecteur que l’ablatif aestv du texte ovidienest un ablatif de cause ; alors que la glose interlinéaire du 1, 30 per indique que l’ablatif gravitate est ici un ablatif de moyen. Un préfixe inscrit au-dessus d’un verbe – comme c’est le cas au 1, 27 où le Commentaire Vulgate glose legit(prit) par elegit (choisit) – suggère qu’Ovide emploie la forme simple du verbe plutôt qu’une forme composée. D’autres gloses interlinéaires visent à clarifier un référent, comme par exemple au vers 1, 7 où le pronom relatif qvemest glosé par le nom uultum. D’autres gloses interlinéaires encore aident à pallier une ellipse ; elles peuvent être rangées dans la catégorie des gloses supplétives26. Au vers 1, 44, la 17glose interlinéaire complète le mot iussit (il ordonna), que l’on trouve au vers précédent mais qui n’est pas répété par Ovide. Enfin, un o au-dessus d’un nom signale au lecteur que le nom est au vocatif (voir, par exemple, Met. 1, 362).
De nombreuses gloses interlinéaires ont pour fonction d’expliquer le sens d’un mot. Dans leur degré le plus élémentaire, ces gloses offrent des synonymes aux mots peu communs employés dans le texte et qui ont pu paraître nouveaux pour un lecteur médiéval. Au vers 1, 23, secreuit (provenant du verbe secerno) est interprété par diuisit ; au vers 1, 71, efferuescere est glosé par lucere ; et au vers 1, 118 le verbe exegit est commenté par diuidit. La glose peut aussi expliquer des allusions complexes, comme par exemple au vers 1, 14, dans lequel le terme inusuel Amphitrites est glosé par magnum mare (la grande mer). Beaucoup de gloses interlinéaires ont pour but de fournir une explication plus complète du texte, comme au vers 1, 42, où le mot liberioris (plus libre) est développée par le commentaire liberiorem meatum habentis (ayant un cours plus libre).
Les gloses interlinéaires présentent aussi des commentaires sur les difficultés textuelles et les anomalies métriques. Les manuscrits des Métamorphoses transmettent souvent une autre lecture d’un mot spécifique du texte ; ces variantes sont habituellement signalées par uel et que l’on doit entendre dans le sens de « ou l’autre lecture possible est ». Ainsi, au vers 89 où le texte des Métamorphoses donne à lire sine uindice (sans vengeur), le Commentaire Vulgate propose une autre lecture : sine iudice (sans juge). Cette technique trouve d’autres exemples aux vers 1, 104 (arbuteos uel arboreos) et 1, 116 (antiqui uel eterni). Pour ce qui est du mètre, au vers 1, 14, avec la glose uersus spondaicus,le commentateur explique que le quinzième pied de l’hexamètre présente un spondée.
Les gloses interlinéaires servent fréquemment à indiquer au lecteur comment la locution d’un vers présente la même idée que la section qui précède ou qui suit. Le commentateur emploie généralement les mots dico ou inquam (dis-je) pour marquer le lien entre les deux idées. Au vers 702, par exemple, il établit le lien entre la conjonction donec (jusqu’à) et ce qui lui précède par la glose interlinéaire fugisse inquam (elle s’enfuit, dis-je, jusqu’à).
18À bien des égards, les gloses marginales traduisent les intérêts pédagogiques que pouvait avoir un maître d’école au début du xiiie siècle. Pour permettre à ses étudiants de retenir les points grammaticaux, syntaxiques et lexicaux essentiels, le commentateur s’en remet aux formules mnémotechniques du Doctrinale d’Alexandre de Villedieu et du Graecismus d’Évrard de Béthune. Aux vers 1, 258 et 1, 302, il cite des vers du Graecismus pour illustrer les diverses significations du verbe ardeo (brûler) et du nom Nereides. Au vers 1, 363 il utilise le Doctrinale pour expliquer l’absence d’élision dans o utinam ; au vers 1, 483 il s’en sert encore pour confirmer que l’adjectif exosus, a, um ne dérive pas d’un verbe. Le Commentaire Vulgate s’appuie sur des travaux plus anciens comme ceux d’Isidore de Séville qu’il convoque pour son savoir étymologique, comme par exemple au vers 1, 275 (le nom Neptune provient de l’expression quasi nube tonans) et au vers 1, 305 (« Tigre tire son nom de sa rapidité car le grec tigris signifie “flèche” en latin. C’est l’animal le plus véloce »).
Les allégories de l’auteur du Commentaire Vulgate dépendent des interprétations de ses prédécesseurs Arnoul d’Orléans et Jean de Garlande, mais il remodèle et adapte avec créativité les premières allégories selon ses intentions propres. Par exemple, l’allégorie du récit des Géants (vers 151-162) interprète le mythe de deux façons : d’abord selon un sens allégorique, puis évhémériste. Le début de la lecture morale du mythe des Géants semble propre au Commentaire Vulgate, même si la lecture évhémériste dérive des Allegoriae 1, 5 d’Arnoul d’Orléans. Comme à son habitude, le commentateur soutient son interprétation en se référant à plusieurs citations d’auteurs du xiie siècle, comme ici Matthieu de Vendôme et l’auteur anonyme du Pamphilus de amore.
D’autres gloses marginales commentent les particularités métriques, bien que la connaissance du commentateur en ce domaine ne soit pas exhaustive. Elles peuvent aussi présenter plus en détail les techniques rhétoriques qu’utilise Ovide pour embellir son poème. Parmi ces techniques, on trouve l’antonomase, l’emploi d’une épithète pour un nom propre (Met. 1, 424 et 1, 779) ; l’emphase, le mode d’expression visant à en dire plus que ce qui est écrit (Met. 1, 452) ; l’épithète, le recours à un adjectif, un mot ou une proposition pour caractériser quelque chose (Met. 1, 25 et 529) ; l’antiptose, la substitution d’un cas par un autre (Met. 1, 1) ; la polysyndète, l’emploi de plusieurs conjonctions (Met. 1, 1915) ; l’asyndète, l’absence de conjonctions (Met. 1, 15) ; la synecdoque, l’emploi de la partie pour le tout (Met. 1, 265, 270 et 332) ; l’hyperbole, une exagération rhétorique (Met. 1, 502-503) ; le pléonasme, une redondance (Met. 1, 637).
Le commentateur prête aussi attention à certains aspects textuels. Cependant, il se contente généralement d’énumérer les possibles variantes d’un passage et ne s’aventure jamais à exprimer celle qu’il préfère, même lorsque qu’une variante s’impose. Ainsi, par exemple, le commentaire marginal du vers 1, 747 propose trois lectures possibles : lanigera (qui porte de la laine), linigera (qui porte du lin) ou Niligena (engendré dans le Nil). Son auteur accorde un même poids à toutes ces variantes, bien que seule la lecture « qui porte du lin » fasse sens. Contrairement à son prédécesseur Guillaume d’Orléans, l’auteur du Commentaire Vulgate ne semble pas conscient du caractère fallacieux de certains vers. Sans se poser de questions, il considère que les vers 700-700a sont authentiques (« Nymphe, ne résiste pas aux désirs de la divinité | qui veut t’épouser ») même si d’autres critiques médiévaux et d’autres auteurs modernes les ont retranchés car ils n’étaient pas d’Ovide.
Selon la tradition d’interprétation des Métamorphoses inaugurée par les glosateurs du xiie siècle, l’auteur du Commentaire Vulgate interprète certains passages du poème dans un sens tout particulièrement chrétien. Ainsi, par exemple, Ovide exprime ne pas savoir avec certitude quel dieu est responsable de la création (1, 32 et 78) ; le commentateur du Vulgate y décèle l’expression d’une connaissance cachée de la religion chrétienne. Au vers 1, 155, il assimile Jupiter, qui mate les Géants par ses foudres, à « Dieu le Père, puisque Dieu anéantit l’orgueil ». Ailleurs il cite l’Évangile selon Matthieu (1, 160-162 et 183) et Ézéchiel (1, 190).
Même si le Commentaire Vulgate peut être considéré comme le fruit de son époque et d’une tradition exégétique, il manifeste néanmoins une sensibilité littéraire que l’on retrouve rarement chez les commentateurs d’Ovide au Moyen Âge tardif. Le commentateur traite largement des aspects du poème (sa structure, le portrait des personnages, le style et les usages d’Ovide), aussi bien que de l’influence d’Ovide sur les auteurs latins du Moyen Âge.
L’un des points les plus discutés de la poétique ovidienne, aussi bien pour le lecteur médiéval que moderne, reste la question de sa structure et de son unité. En qualifiant son poème de « chant perpétuel » (perpetuum 20carmen) au début du poème (Met. 1, 3), Ovide prétend à une certaine continuité dans son récit. Pour l’auteur du Commentaire Vulgate, la métamorphose constitue l’ultime principe unificateur de l’œuvre ; les transitions d’une métamorphose à l’autre sont ainsi soigneusement délimitées. Le commentateur résume brièvement les récits auxiliaires qu’insère Ovide en vue d’arrêter momentanément la progression linéaire du récit et montre au lecteur comment ces digressions sont reliées, par leur thème, à la section en question. Au vers 1, 625, Ovide entame la complexe séquence narrative qui conduit à l’histoire de la mort d’Argus. Mercure y relate le récit soporifique de Pan et de Syrinx, récit qui réussit à clore simultanément toutes les paupières d’Argus alors tombé dans le sommeil. L’auteur du Commentaire Vulgate considère le début de l’histoire d’Argus comme une sorte de digression (Vulg. 1, 624) :
Et quod Argus talis esset quod posset eam seruare ostendit actor dicens centum etc. Vel sic et melius : hic agit de mutacione Mercuriali in pastorem, set a longe ad illud accedit causam prius assignando dicens centum etc.
De même, au livre X des Métamorphoses, Orphée, qui est le narrateur explicite du livre, insère les mythes d’Hippomène et Atalante (Met. 10, 560-704) au sein de l’histoire plus longue de Vénus et Adonis. Dans son sens le plus littéral, cette fable sert de mise en garde : Vénus le souligne elle-même des vers 705 à 707. Le Commentaire Vulgate met soigneusement en évidence ce lien thématique entre les deux histoires (Vulg. 10, 560) :
Et ecce uerba que dixit et in oratione sua intendit Adoni qua de causa odio habeat leones, set a longe incipit scilicet ab Ypomene et Athlanta qualiter auxilio Veneris eam currendo superauit, unde dicit forsitan etc.27
Le Commentaire Vulgate rend aussi compte d’autres techniques secondaires qui permettent au poète d’unifier sa narration. Par exemple, Ovide relie fréquemment le début d’un livre à la fin du précédent. À la fin du premier livre, l’altercation entre Phaéton et Épaphus prépare le lecteur au récit, situé au début du livre II, du voyage de Phaéton jusqu’au palais de son père. Le commentaire du vers 1, 750 fait allusion à ce lien structurel (Prelibacio est prime mutacionis sequentis libri). De même, Ovide fait souvent le lien entre deux livres par le biais d’un personnage qui intervient dans 21l’un et l’autre livre. Ainsi, le dieu Hymen assiste au mariage d’Iphis, à la fin du livre IX, et à celui d’Orphée, au début du livre X. Ovide souligne intelligemment le lien structurel en ouvrant le livre X sur les mots Inde… Hymaeneus. Le commentateur du Vulgate note ceci : Continuatio : ita Himeneus interfuerat nupciis Yphidis et Yantes, inde ex illis nupciis28.
Ovide recourt à une autre technique secondaire pour entremêler les différents fils narratifs du poème : « l’écho verbal » qui permet à une brève référence d’anticiper un épisode suivant ou de revenir sur un épisode précédent. Au livre II notamment, la jeune fille Callisto, après avoir été violée par Jupiter, est métamorphosée en ourse. Ovide termine sur une évocation pathétique (Ov. Met. 2, 494-495) :
ursaque conspectos in montibus horruit ursos
pertimuitque lupos, quamuis pater esset in illis
« Ourse, elle a tremblé devant les ours qu’elle apercevait sur les montagnes et redouté les loups, quoique son père fût au nombre29 ».
L’auteur du Commentaire Vulgate relève soigneusement ces marques d’intertextualité, en distinguant les connections structurelles implicites, comme, dans la glose au vers 2, 495 : Vnde supra : « Fit lupus et ueteris seruat uestigia forme » (Ov. Met. 1, 237).
Il montre aussi comment certaines histoires sont étroitement liées, par des thématiques ou des traits de caractère communs. Par exemple, le mythe d’Orphée et Eurydice et celui de Céyx et Alcyoné développent les thèmes voisins de la dévotion conjugale et de la perte. Orphée et Céyx font tous deux une expérience du deuil assez similaire lorsque le spectre de leur épouse respective se dérobe à leur étreinte (Met. 10, 58-59 et 11, 686-687). Dans la glose marginale au vers Met. 11, 686-687 (manusque | ad discendentem cupiens retinere tetendi « je lui tendis la main alors qu’il se retirait, dans l’espoir de le serrer encore »), le commentateur aide habilement le lecteur à faire le parallèle :
Sicut Orpheo umbra uxoris sue, unde supra : « Brachiaque intendens prendique et prendere captans | nil nisi cedentes infelix attigit auras » (Ov. Met. 58-59)30.
22Le Commentaire Vulgate fait appel à de nombreux auteurs classiques et médiévaux pour illustrer certains parallèles stylistiques et certaines approches poétiques similaires. Beaucoup des auteurs auxquels il se réfère (Horace, Virgile, Lucain, Stace, Juvénal, Théodule, l’auteur anonyme de l’Ilias Latina) font partie intégrante de la tradition scolaire, mais d’autres, comme Pétrone et Valerius Flaccus, sont relativement moins connus31. Le Commentaire Vulgate témoigne aussi de la fréquentation de multiples auteurs de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge : Macrobe, Calcide (qui a rédigé, au ive siècle, le commentaire du Timée de Platon), Servius, Boèce, Isidore de Séville, Gautier de Châtillon, Bernard Silvestre, Matthieu de Vendôme, Barthélemy l’Anglais et l’auteur anonyme de la comédie latine Pamphilus de amore, écrite au xiie siècle.
Peut-être que l’aspect le plus original du Commentaire Vulgate réside dans sa démonstration de l’influence d’Ovide sur les poètes de la Renaissance du xiie siècle, notamment Bernard Silvestre, Alain de Lille et Gautier de Châtillon. Le commentateur fait parfois simplement allusion au parallèle stylistique ou verbal qui rend compte de ce que tel poète médiéval doit à Ovide. Il souligne, par exemple, la similarité verbale entre le vers Met. 1, 204 (nec tibi grata minus pietas, Auguste, tuorum est) et un vers de l’Alexandréide de Gautier de Châtillon : In hoc imitatur magister Galterus Ouidium : « Non fuit Eacide pietas ingrata suorum etc. » (Galt. de Cast. Alex. 9, 545).
D’autres fois, cependant, il est conscient des emprunts les plus subtils que le poète du xiie siècle fait à Ovide. Dans la glose au vers 1, 128, le Commentaire Vulgate attire l’attention sur l’étroite ressemblance verbale entre la description que fait Gautier de la dégénérescence morale de l’humanité et la description ovidienne de l’âge d’argent :
protinus : memoriter tenens uerba Ouidii magister Galterus similia hiis dixit : « Pululat humanum genus et polluta propago. | Decedit uirtus, uicium succedit, adherent | coniugio illicito, pietas rectumque recedunt » (Galt. de Cast. Alex. 4, 195-197).
L’auteur du commentaire Vulgate s’attache à fournir au lecteur médiéval d’Ovide les étymologies de certains mots et les informations 23mythologiques que requiert une bonne interprétation de la fable. Les étymologies qu’il fournit proviennent beaucoup des Etymologiae de l’érudit Isidore de Séville (fin du vie siècle-début du viie siècle). De nombreuses étymologies du Commentaire Vulgate se trouvent aussi dans le Vocabulista, qui aurait été rédigé aux environs de 1050 par le grammairien Papias32. D’autres étymologies ont pu être tirées des Derivationes de Huguccio de Pise, qui a écrit vers 120033.
En ce qui concerne l’arrière-plan mythologique auquel se réfère Ovide, le Commentaire Vulgate s’appuie majoritairement sur des sources conventionnelles, comme les Fabulae d’Hygin et le commentaire sur Virgile de Servius. Le groupe de sources mythographiques connu sous le nom des « Mythographes du Vatican » constitue une autre source importante. Ce nom a été attribué à trois textes édités en 1831 par Angelo Mai à partir d’un manuscrit conservé au Vatican (et réédité par Bode en 1834). Même si la date de rédaction des trois textes est l’objet de quelques conjectures, les savants situent généralement le premier Mythographe du Vatican à la période mérovingienne, le second à l’époque carolingienne et le troisième au xiie siècle. Le Commentaire Vulgate tire aussi probablement certains de ses matériaux mythologiques du Vocabulista de Papias et des scolies qui circulent sur d’autres poèmes ovidiens comme Ibis. Par exemple, le commentaire au vers 1, 516 donne une énumération quelque peu confuse des noms que peut avoir l’île Ténédos :
Tenedos : Cignus filius Neptuni duos habuit filios, Tempnem et Armethem, quorum matre mortua duxit Samandram dominam illam que concubitum a Tempne petiit. Illo autem rennuente in eum culpam transtulit et Armethem, qui fratrem apud patrem excusauit, internuncium ‹esse› finxit. Cignus itaque eos in naue posuit credens eos deperire qui abeuntes ad Leuthofium insulam deuenerunt quam Tempnes rex effectus nomine suo Tenedon apellauit, remota ‘p’ et addita ‘don’.
Servius, dans son commentaire au vers 2, 21 de l’Énéide, en offre une version plus correcte. Il donne ainsi le nom d’« Hémithée » à la sœur de Ténès et celui de « Leucophrys » à l’île avant qu’elle ne soit rebaptisée « Ténédos ».
24Tenedos insula est contra Ilium, quae ante Leucophrys dicta est. Nam Tennes, Cycni filius, infamatus a nouerca, quod cum ea uoluisset concumbere, cultoribus uacuam tenuit : unde Tenedos dicta est. ali dicunt quod se propter supra dictam causam ex ipsa insula in mare praecipitauerit. huius soror Hemithea fuisse dicitur34.
La version du mythe que nous lègue le commentateur Vulgate (avec son lot d’interprétations erronées) est peut-être celle qui a la plus circulé au cours du haut Moyen Âge, car dans le Fabularius qu’a écrit Conrad de Mure autour de 1273 on trouve des informations très semblables à celles que transmet le Commentaire Vulgate35.
RéCEPTION ET INFLUENCE
Le Commentaire Vulgate a exercé une large influence sur la compréhension et la présentation des Métamorphoses d’Ovide durant le haut Moyen Âge et la Renaissance. Il existe aussi bien dans des manuscrits français qu’italiens. Le Catholicon, écrit autour de 1280 par le dominicain italien Jean de Gênes, contient souvent des étymologies identiques à celles que transmet le Commentaire Vulgate. Les interprétations que l’on trouve dans les commentaires des xive et xve siècles doivent également beaucoup au Commentaire Vulgate36. Fausto Ghisalberti, entre autres, a avancé que Dante a peut-être lu Ovide par le biais du Commentaire Vulgate37. Bien qu’il n’ait jamais été imprimé, ce commentaire est resté une référence pendant la Renaissance. Un lecteur a recopié le commentaire 25des vers 1, 1-567 dans le texte des Métamorphoses qu’a imprimé Johannes de Westphalia en 1475 à Louvain (texte qui est en fait une réimpression de l’édition de 1471 imprimée à Rome par Sweynheym et Pannartz). Raphael Regius, l’humaniste vénitien qui a rédigé un commentaire sur les Métamorphoses en 1493 (commentaire qui est devenu une source de référence au xvie siècle) doit beaucoup de ses interprétations au Commentaire Vulgate. En particulier, son exposition des monologues internes de bon nombre des héroïnes des livres VI à X (Scylla, Byblis et Myrrha par exemple) s’appuie amplement sur les commentaires plus anciens du Vulgate38.
Principes d’édition
Notre édition du Commentaire Vulgate repose essentiellement sur la transcription du texte du manuscrit Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 1598 (V)39. Nous avons choisi le Vat. lat. 1598 comme manuscrit de base pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ce témoin a été rédigé à la fin du xiiie siècle, dans le nord de la France ; ainsi, son époque de rédaction et son lieu de production le rapprochent chronologiquement et géographiquement du Commentaire Vulgate. Ensuite, le Vat. lat. 1598 fait partie d’un groupe de quatre manuscrits du Vulgate, appartenant à une même famille, appelée alpha40 : Sélestat, Bibliothèque humaniste 92 (S) ; Wolfenbüttel, Herzog-August Bibliothek, 159 Gud. Lat. (W) ; Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 1598 (V) ; Wolfenbüttel, Herzog-August Bibliothek, 123 Gud. Lat. (X), qui offre une version abrégée du commentaire. Ces quatre témoins partagent pratiquement la même mise en page ; ils ont tous été produits dans la 26deuxième moitié du xiiie siècle dans le nord de la France. Leur version du texte est bien plus lisible et contient beaucoup moins d’erreurs que celle des témoins de la famille beta, qui englobe les autres représentants du Vulgate. Enfin, nous avons choisi le Vat. lat. 1598 comme manuscrit de base dans la mesure où la Bibliothèque du Vatican a mis en ligne une excellente numérisation du manuscrit.
Néanmoins, le choix du Vat. lat. 1598 comme témoin de référence présente un léger inconvénient. Ce texte du Commentaire Vulgate est parfois annoté et corrigé par la main d’un universitaire du xive siècle, qui lisait l’original avec soin et discernement (V2). Ce lecteur tardif a souvent changé très légèrement son modèle, en essayant de clarifier le sens du texte par l’ajout des expressions id est ou scilicet. Mais ce lecteur du xive siècle s’est aussi délibérément interposé en effaçant de longues parties du texte ou en ajoutant de longs passages pour aider à comprendre et rendre plus claire la signification du commentaire original.
Afin de reconstituer les parties du texte que ce lecteur a effacées dans le Vat. lat. 1598, nous avons utilisé deux autres témoins de la famille alpha : Sélestat 92 (S) et Wolfenbüttel 159 Gud. Lat. (W). Dans ce cas, une note de bas de page indique que nous avons reconstruit, à partir de S W, le texte manquant qui a été effacé dans V. Nous n’avons jamais signalé en apparat les lectiones singulares ou les erreurs de S et W. Une autre difficulté réside dans le fait de transposer la mise en page médiévale du Commentaire Vulgate dans une mise en page moderne, conforme à nos éditions imprimées. Dans le manuscrit médiéval, le commentaire se présente comme une série de gloses interlinéaires et marginales qui entourent le texte des Métamorphoses, qui est copié au centre du feuillet. Les gloses interlinéaires sont directement placées au-dessus du mot qu’elles expliquent. Les gloses marginales, plus longues, se situent dans la marge droite ou gauche. Nous avons imaginé une lecture qui d’abord partait de l’explication de la lettre du texte, pour ensuite gloser les notions grammaticales, métriques, rhétorique, mythologiques, culturelles au sens large et arriver finalement à l’explication – le plus souvent moralisante – de la métamorphose.
Pour traduire cette disposition dans un format moderne, nous avons choisi de présenter d’abord les gloses interlinéaires, qui sont signalé par le fait de suivre sur la même ligne le numéro du vers du texte ovidien ; les lemmes glosés sont reportés, selon la graphie du manuscrit V, en 27petites capitales. Quand le texte de V, ou en général celui du texte qui circulait généralement au bas Moyen Âge, est différent de celui imprimé par les éditeurs modernes et notamment par R. Tarrant, nous avons signalé en note de bas de page le renvoi à l’apparat de son édition. Les gloses interlinéaires sont séparées les unes des autres par un point-virgule.
Nous avons ensuite disposé les commentaires marginaux au-dessous des gloses interlinéaires. Pour les gloses avec un rapport étroit avec le texte, les manuscrits donnent dans plusieurs cas le renvoi aux mots d’Ovide glosés, généralement soulignés. Nous avons choisi l’italique pour ces rappels au texte des Métamorphoses. Cependant, si une glose marginale apparaît dans la marge du manuscrit de base sans référence au lemme auquel elle se rapporte, nous avons mis ce lemme entre crochets obliques.
Fig. 1 – Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 1598, f. 11r.
747. Nyligena uel lanigera.
Niligena quasi iuxta Nilum genita de boue in deam. Lucanus : « Nos in templa tuam Romana recepimus Ysin ». Infra in hoc libro : « Ysi, Pharetonium Mareticaque arua Pharonque | que colis et septem digestum in cornua Nilum ».
niligena] V, uel niligena S W.
Nos in templa… Ysin] Lucan. 8, 831. ◊ Ysi… in cornua Nilum] Ov. Met. 9, 773-774
Nous avons également utilisé l’italique pour marquer une variante du texte ovidien présentée par le commentateur, normalement introduite par uel. Nous avons mis entre guillemets simples les termes non latins, dont nous avons toujours gardé la graphie de V. En outre, quand le commentateur cite un texte secondaire ou y fait allusion, nous mettons cette citation entre crochets et reproduisons (sauf rares exceptions) le texte du Vat. lat. 1598, avec ses erreurs manifestes et ses écarts par rapport au texte. L’apparat des sources est placé à la fin de chaque volume, avec rappel au vers ovidien auquel se réfère la glose où la citation est présente. Dans le cas de plusieurs citations dans la même glose, nous avons reporté les premiers et derniers mots de la citation en question. Dans 28le cas de proximité textuelle et non de citation mot à mot, le renvoi à la source est précédé de cf. Les notes aux textes, ainsi que des références plus précises aux sources, ont été rejetées à la fin du dernier volume.
Le but de cette édition est de reproduire le texte Commentaire Vulgate tel qu’il a pu être lu et utilisé au Moyen Âge. Pour cela, nous nous sommes montrés assez conservateurs, en intervenant rarement sur le texte. Nous avons aussi choisi de ne pas corriger à outrance le texte du Commentaire Vulgate ; même quand son auteur semble avoir mal compris le texte ovidien, nous nous conformons à son interprétation.
Enfin, nous avons maintenu l’orthographe du Vat. lat. 1598. Le lecteur habitué au latin classique trouvera ainsi des formes apparemment aberrantes, comme par exemple michi, nichil ou set,l’emploi de e pour la diphtongue ae ou oe, celui de c au lieu du t, le recours aux consonnes simples là où le latin classique aurait une consonne double et inversement. Nous avons aussi conservé l’orthographe du Vat. lat. 1598 pour les noms propres41.
LA TRADUCTION
Traduire des gloses est une opération difficile en raison de la densité et de l’opacité du texte : nombreux sont les cas de polysémie et d’ambiguïté syntaxique ; fréquentes, aussi, sont les formulations elliptiques et les allusions à des références implicites dont l’identification s’avère indispensable pour reconstituer le sens d’un commentaire. Autour d’un seul mot ou d’un seul vers, par ailleurs, se constituent parfois des constellations de gloses interlinéaires et marginales qu’il faut appréhender dans leurs rapports réciproques : nous avons donc décidé de traduire à la fois les gloses interlinéaires et les gloses marginales, en leur accordant 29un intérêt égal. En particulier, nous avons traduit toute glose donnant un surplus de sens par rapport au texte ovidien, en excluant seulement les gloses synonymiques et les variantes du texte ovidien, du reste facilement repérables dans l’édition qui se trouve imprimée en regard. Le Commentaire Vulgate présente nombre de gloses portant sur l’étymologie d’un mot ou sur la construction grammaticale d’un passage : dans ces cas, nous avons choisi de reprendre dans la traduction le texte latin, en le traduisant toujours entre parenthèses, sauf quand la glose elle-même contenait déjà le passage commenté. Nous avons respecté la graphie et le formatage des mots latins, reproduits dans la traduction pour aider le lecteur dans le passage entre édition et traduction. En revanche, nous avons adopté, pour les noms propres, leurs graphies modernes, en suivant généralement celles utilisées par Georges Lafaye dans son édition et traduction des Métamorphoses aux Belles Lettres et de Pierre Grimal dans son Dictionnaire de Mythologiegrecque et romaine.
Notre traduction se veut assez proche du texte latin d’origine : elle est fidèle au style du commentateur, souvent sec, ainsi qu’à ses erreurs. Mais elle veut aussi apporter une aide au lecteur, voire une subrepticia emendatio : sans proposer une paraphrase, nous avons dû intervenir pour expliquer certains passages, surtout dans les gloses grammaticales. En général, nous avons essayé de travailler avec cohérence, mais sans vouloir imposer au texte une cohérence qui lui fait souvent défaut42.
remerciements
Depuis que j’ai découvert le Commentaire Vulgate en tant qu’étudiant à l’université de Toronto en 1980, l’étude de ce texte et de sa transmission ont été au cœur de mes recherches. Je suis particulièrement redevable à Richard Tarrant et à la regrettée Virginia Brown de m’avoir proposé de travailler sur le Commentaire Vulgate pour mon doctorat. Mes premières 30recherches sur le Commentaire Vulgate ont largement bénéficié de l’aide de la Hill Monastic Manuscript Library, de la Tinker Foundation, de l’American Philosophical Society, du Social Sciences and Humanities Research Council of Canada, le Harry Ransom Humanities Research Center at the University of Texas à Austin, et du National Endowment for the Humanities. Durant l’année 2017, le Center for Medieval Studies de l’université de Saint-Louis et son directeur Thomas F. Madden ont aussi été de précieux partenaires. Je suis redevable également à Marjorie Curry Woods, Robin Wahlsten Böckerman, Anna A. Grotans, David Gura, Marylene Possamaï-Pérez, Kathryn L. McKinley, et à Jamie C. Fumo de l’aide qu’ils lui ont apportée dans l’étude du texte et des manuscrits du Commentaire Vulgate. Wendy Watkins, conservatrice au Center for Epigraphical and Palaeographical Studies, a répondu, avec son attention habituelle, aux questions concernant la bibliographie. Antony Kaldellis, qui dirige le département de Classics de l’université de l’État de l’Ohio, a généreusement soutenu ce projet en diminuant ma charge d’enseignement. Le projet a en outre bénéficié de l’examen attentif de William Little qui a parcouru l’intégralité du manuscrit. Enfin, je suis très reconnaissant envers le Medieval Institute Publications de l’université de Western Michigan de m’avoir autorisé à traduire en français (un merci à Prunelle Deleville) des parties de l’introduction de la traduction du livre I du Commentaire Vulgate que j’avais rédigée en 2016 et qui est publiée dans la collection TEAMS.
Frank T. Coulson
1 Traduit de l’anglais par Prunelle Deleville.
2 Cf. F. T. Coulson, « Ovidius », Catalogus Translationum et Commentariorum. Medieval and Renaissance Latin Translations and Commentaries, Toronto, Pontifical Institute of Medieval Studies, à paraître.
3 Ov. Trist. 1, 7, 15-20.
4 Sur l’influence d’Ovide sur les poètes de l’Antiquité tardive, voir (entre autres) : The Reception of Ovid in Antiquity, éd. G. Tissol, S. Wheeler, Arethusa, 35 (2002) ; A Handbook to the Reception of Ovid, éd. C. E. Newlands et J. F. Miller, Malden (MA), Wiley-Blackwell, 2014 ; Ovid in Late Antiquity, éd. F. E. Consolino, Turnhout, Brepols, 2018 ; I. Fielding, Transformations of Ovid in Late Antiquity, Cambridge, Cambridge University Press, 2018 ; Dopo Ovidio. Aspetti dell’evoluzione del sistema letterario nella Roma imperiale (e oltre), éd. C. Battistella et M. Fucecchi, Milano-Udine, Mimesis, 2019 ; cf. aussi la Bibliographie à ce volume.
5 Pour Virgile, nous disposons du monumental commentaire de Servius, pour Horace nous avons le commentaire de Porphyrion et pour les pièces de Térence le commentaire d’Ælius Donatus.
6 Pour une liste des parutions sur les Narrationes, voir F. T. Coulson et B. Roy, Incipitarium Ovidianum. A Finding Guide for Texts related to the Study of Ovid in the Middle Ages and Renaissance,Turnhout, Brepols, 2000, p. 37-40, no 52. A. Cameron (Greek Mythology in the Roman World, Oxford/New York, Oxford University Press, 2004, p. 4-32) essaye de réévaluer la date de rédaction des Narrationes au iie siècle et postule que les Narrationes ont été composées dans la version que l’on connaît et ne proviennent pas d’un commentaire de l’Antiquité tardive. Le travail le plus complet sur les preuves manuscrites est proposé par R. Tarrant, « The Narrationes of “Lactantius” and the Transmission of Ovid’s Metamorphoses », Formative Stages of Classical Traditions : Latin Texts from Antiquity to the Renaissance. Proceedings of a Conference Held at Erice, 16-22 October 1993, éd. Oronzo Pecere et Michael D. Reeve, Spoleto, Centro italiano di studi sull’Alto medioevo, 1995, p. 83-115. Pendant la Renaissance, les Narrationes étaient copiées séparément du texte des Métamorphoses et décrites comme un traité mythologique.
7 Cf. R. Tarrant, « Ovid », in Texts and Transmission. A Survey of the Latin Classics, éd. L. D. Reynolds and N. G. Wilson, Oxford, Clarendon Press, 1983, p. 257-296, part. p. 263.
8 Théodulf d’Orléans, Carm., 45, 18 (éd. E. Dümmler in Poetae Latini Aevi Carolini. MGH Poetae, I, p 445-581).
9 Cf. Texts and Transmission, op. cit. « Orléans ».
10 Pour Tegernsee, cf. C. Eder, « Die Schule der Klosters Tegernsee im frühen Mittelalter im Spiegel der Tegernseeer Handschriften », Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktiner-Ordens und seiner Zweige, 83 (1972), p. 6-155.
11 Cf. P. Dronke, « A Note on Pamphilus », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 42 (1979), p. 225-230.
12 München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 19475. Cf. l’édition de R. B. C. Huygens, Accessus ad auctores. Bernard d’Utrecht. Conrad d’Hirsau : Dialogus super auctores. Leiden, Brill, 1970 ; et S. M. Wheeler, Accessus ad auctores : Medieval Introductions to the Authors (Codex latinus monacensis 19475),Kalamazoo, Medieval Institute, 2015. Voir en général la bibliographie à la fin du présent volume.
13 Les catalogues ont désormais été édités par P. Lehmann et al., dans la série Mittelalterliche Bibliothekskataloge Deutschlands und der Schweiz, München, 1918-1979.
14 Le Clm 4610 a été étudié par C. Meiser, « Über einen Commentar zu den Metamorphosen des Ovid », Sitzungsberichte der Königlichen bayerischen Akademie der Wissenschaften, philosophisch-philologisch- und historische Classe, München, Franz in Komm., 1885, p. 47-89 ; et plus récemment par M. Herren, « Manegold of Lautenbach’s scholia on the Metamorphoses – Are there more ? », Notes and Queries, 51 (2004), p. 218-223 ; cf. aussi R. W. Böckerman, The Metamorphoses of Education. Ovid in the Twelfth-Century Schoolroom,PhD dissertation,Stockholms Universitet, 2016. Pour les éditions des accessus du Clm 14482, cf. K. Young, « Chaucer’s Appeal to the Platonic Deity », Speculum, 19 (1944), p. 1-13.
15 Ces nombreuses références sont recueillies par L. Delisle, « Les écoles d’Orléans au xiie et au xiiie siècle », Annuaire de la Société de l’histoire de France, 7 (1869), p. 139-154. ; L. J. Paetow, « The Arts Course at Medieval Universities », University of Illinois Studies in Language and Literature, 3 (1910), p. 575-581 ; E. Faral, Les arts poétiques du xiie et xiiie siècle, Paris, É. Champion, 1924 ; B. M. Marti, Arnulfi Aurelianensis Glosule super Lucanum, Roma, American Academy in Rome, 1958.
16 Des sections tirées du Florilegium Gallicum sont éditées par R. Burton, Classical Poets in the « Florilegium Gallicum », Frankfurt am Main, Peter Lang, 1983 ; et J. Hamacher, « Florilegium Gallicum » : Prolegomena und Edition der Excerpte von Petron bis Cicero, « De oratore », Bern, Herbert Lang, 1975. Une édition est actuellement en cours par S. Franzoni. Les textes sont commentés par R. H. Rouse, dans l’article « Florilegia and the Latin Classical Authors in Twelfth- and Thirteenth-century Orléans », Viator, 10 (1979), p. 115-164, où il étudie le manuscrit de la bibliothèque de Richard de Fournival, qui aurait une origine orléanaise. Voir aussi R. H. Rouse et M. A. Rouse, « The Florilegium Angelicum : Its Origin, Content, and Influence », Medieval Learning and Literature : Essays Presented to R. W. Hunt, éd. J. J. G. Alexander et M. T. Gibson, Oxford, Clarendon Press, 1975, p. 66-114.
17 Sur les maîtres orléanais voir W. Engelbrecht, « Carmina Pieridum multo vigilata labore / exponi, nulla certius urbe reor : Orléans and the reception of Ovid in the aetas Ovidiana in school commentaries », Mittellateinisches Jahrbuch, 41 (2006), p. 209-226.
18 L’accessus est édité par F. Ghisalberti dans Arnul. Aurel. Allegorie.F. Ghisalberti a proposé l’étude la plus complète de l’accessus et des vies d’Ovide dans « Mediaeval Biographies of Ovid », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 9 (1946), p. 10-59, désormais complétée par F. T. Coulson, « Hitherto Unedited Medieval and Renaissance Lives of Ovid (I) », Mediaeval Studies, 49 (1987), p. 152-207 ; et « Hitherto Unedited Medieval and Renaissance Lives of Ovid (II) : Humanistic Lives », Mediaeval Studies, 59 (1997), p. 111-153. Sur les sources de l’accessus d’Arnoul voir aussi Id., « New Manuscript Evidence for Sources of the Accessus of Arnoul d’Orléans to the Metamorphoses of Ovid », Manuscripta, 30 (1986), p. 103-107.
19 Le commentaire de Guillaume est étudié par H. V. Shooner, « Les Bursarii Ovidianorum de Guillaume d’Orléans », Mediaeval Studies, 43 (1981), p. 405-424. Pour de plus amples recherches, cf. F. T. Coulson, « Ovid’s Transformations in Medieval France (ca. 1100-ca. 1350) », Metamorphosis. The Changing Face of Ovid in Medieval and Early Modern Europe. éd. Alison Keith et Stephen Rupp, Toronto, Centre for Reformation and Renaissance Studies, 2007, p. 33-60.
20 Pour Jean de Garlande, voir en particulier l’édition de F. Ghisalberti, Ioh. de Garlan. Integ. ; L. K. Born, The Integumenta on the « Metamorphoses » of Ovid by John of Garland. First Edited with Introduction and Translation, PhD dissertation, University of Chicago, 1929 ; Id. « The Manuscripts of the Integumenta on the Metamorphoses of Ovid by John of Garland », Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 60 (1929), p. 179-199.
21 Voici des exemples de ce type de vers : Met. 1, 35, uernat uer, estas estuat, auget et estas ; Met. 1, 155, ut serpens serpit pauper set pectore prudens ; Met. 1, 147, uir ualet inuictus et inexorabilis esse ; et Met. 1, 205, Tantalides similis tibi, Tantale, uiuit auarus.
22 Pour une liste complète des manuscrits, voir Coulson-Roy, Incipitarium Ovidianum, op. cit.,p. 101-102, no 333.
23 Cf. F. T. Coulson, A Study of the Vulgate Commentary on Ovid’s Metamorphoses and a Critical Edition of the Glosses to Book One, PhD dissertation, University of Toronto, 1982 ; Id., « MSS. of the Vulgate Commentary on Ovid’s Metamorphoses : A Checklist », Scriptorium, 39 (1985), p. 118-129 ; Id., « Ovid’s Transformations in Medieval France », art. cité, pour une étude plus approfondie.
24 Le terme signifie littéralement un commentaire « enchaîné ». Pour une étude des origines et du développement du commentaire in catena, voir J. O. Ward, « From marginal gloss to catena commentary : the eleventh-century origins of a rhetorical teaching tradition in the medieval west », Parergon, no 13, 1996, p. 109-120 ; et Id., « The catena Commentaries on the Rhetoric of Cicero and their Implication for Development of a Teaching Tradition in Rhetoric », Studies in Medieval and Renaissance Teaching, 6 (1998), p. 79-95. J. O. Ward postule que le commentaire in catena a vu le jour aux xie et xiie siècles pour répondre aux besoins des étudiants en matière de copies des gloses des maîtres ; c’est donc une preuve de l’institutionnalisation de l’enseignement des textes classiques.
25 La relation entre les manuscrits est traitée par F. T. Coulson, Study of the Vulgate Commentary, op. cit.
26 Gernot Wieland a largement écrit sur les types de gloses interlinéaires et leurs fonctions. Cf. en particulier, G. Wieland, The Latin glosses on Arator and Prudentius in Cambridge University Library MS Gg.5.35,Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1983 ; et Id., « Interpreting the Interpretation : The Polysemy of the Latin Gloss », Journal of Medieval Latin, 8 (1998), p. 59-71.
27 V, f. 108r.
28 V, f. 100r.
29 Ovide, Les Métamorphoses, texte établi et traduit par G. Lafaye, Paris, Les Belles Lettres, 1925.
30 V, f. 120r.
31 Sur l’importance du Commentaire Vulgate pour notre connaissance de la circulation du texte de Valerius Flaccus, voir F. T. Coulson, « New Evidence for the Circulation of the Text of Valerius Flaccus ? », Classical Philology, 81 (1986), p. 58-60.
32 Le Catholicon de Balbus, écrit vers 1280 (et donc une génération après le Commentaire Vulgate), contient souvent des étymologies identiques à celles que transmet le Commentaire Vulgate.
33 Voir l’édition des Derivationes par E. Cecchini et al.
34 Servii grammatici qui feruntur in Vergilii carmina commentarii, éd. G. Thilo, Leipzig, Teubner, 1881-1902.
35 Voir A. La Penna, Scholia in P. Ovidi Nasonis Ibin,Firenze, La Nuova Italia, 1959, p. 123. Je dois cette référence à Greg Hays.
36 Voir, par exemple, les commentaires des Paris, BnF, lat. 8010, lat. 8253 et lat. 6363 ; Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Chigi H V 167 et Pal. lat. 1667 ; Napoli, Biblioteca nazionale, IV.F.62.
37 Cette hypothèse est fermement étayée par F. Ghisalberti, « Il commentario medioevale all’Ovidius maior consultato da Dante », Rendiconti dell’Istituto Lombardo, Classe di Lettere e scienze morali e storiche, 100 (1966), p. 267-275. Voir aussi C. A. Robson, « Dante’s Use in the Divina Commedia of the Medieval Allegories on Ovid », Centenary Essays on Dante, Oxford, Clarendon Press, 1965, p. 1-38.
38 Cf. K. L. McKinley, Reading the Ovidian Heroine : « Metamorphoses » Commentaries 1100-1618,Leiden, Brill, 2001, p. 128-129.
39 Les manuscrits du Vulgate sont entièrement décrits dans F. T. Coulson, « MSS of the Vulgate Commentary »,art. cité ; voir aussi la description complète dans E. Pellegrin et al., Les manuscrits classiques latins de la Bibliothèque vaticane, III/1, Fond Vat. lat. 224-2900, Paris-Città del Vaticano, CNRS-Biblioteca Apostolica Vaticana, 1991, p. 182-184.
40 Pour les relations entre les manuscrits, cf. F. T. Coulson, A Study of the Vulgate Commentary, op. cit.
41 L’établissement du texte latin du Commentaire Vulgate a été partagé entre moi-même et Piero Andrea Martina de la manière suivante. J’ai dirigé le travail en établissant les principes de cette édition ; P. A. Martina a été responsable de produire une première transcription du texte latin de notre manuscrit de base, Vat. lat. 1598 (V), ainsi que de réaliser la collation du texte de V avec les manuscrits S W. Ce travail est le fruit d’une collaboration et d’une discussion féconde. Le texte critique des livres 1-2 a été établi par moi-même, celui des livres 3, 4 et 5 par P. A. Martina.
42 La traduction du livre 1 est collective, celle des livres 2-3 est de Clara Wille, celle du livre 4 de Maurizio Busca, celle du livre 5 de Piero Andrea Martina. Les traducteurs remercient Marylène Possamaï-Pérez, Prunelle Deleville et Fanny Maillet pour leur aide, qui a été beaucoup plus qu’une simple relecture stylistique.
- Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
- ISBN : 978-2-406-10729-3
- EAN : 9782406107293
- ISSN : 2261-0804
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10729-3.p.0009
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 29/04/2021
- Langue : Français