Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Calliope et Mnémosyne. Mélanges offerts à Gilbert Schrenck
- Pages : 399 à 404
- Collection : Rencontres, n° 321
- Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 95
Résumés
Claude-Gilbert Dubois, « La résurrection des morts. Un mythe chrétien et son utilisation dans le dernier livre des Tragiques »
Le dernier livre des Tragiques s’ouvre sur l’annonce de la résurrection des morts, suivant l’ordre des événements de l’Apocalypse. L’exposé s’effectue sous forme didactique pour montrer la vraisemblance de l’annonce, et sous forme épique, pour en présenter la réalisation. Les mythes de résurrection sont une réponse au caractère inéluctable de la mort individuelle, et une satisfaction donnée au désir d’éternité. Son exploitation par d’Aubigné suit la tradition chrétienne, reprise du judaïsme tardif des Pharisiens.
Jean-Raymond Fanlo, « L’“énigme en prophétie”, de Rabelais à Agrippa d’Aubigné »
Le genre de l’« énigme en prophétie » joue sur la double interprétation. Un énoncé énigmatique appelle une interprétation eschatologique, que sape un référent trivial. L’énigme en prophétie du Gargantua décrit les persécutions des justes, celle de Filasse, des combats eschatologiques. Il s’agit du jeu de paume dans le premier cas, de la récolte du chanvre dans le second. Elle met en perspective la filasse d’une petite actualité inconstante et le mystère religieux. Elle condense une double évaluation de l’Histoire.
Marie-Madeleine Fragonard, « Que reste-t-il du combat des ancêtres ? Philippe Le Noir, pasteur à Blain, lecteur de l’Histoire universelle »
Les notes de lecture de Philippe le Noir, pasteur, sont précieuses pour évaluer comment se transmet la mémoire des guerres de religions. Méticuleuses, elles attestent des contacts non systématiques à la génération des combattants. Il a lu l’Histoire universelle d’Aubigné, et même les Tragiques. Mais sa lecture est classificatrice, plus anecdotique qu’idéologique, plus soucieuse des mirabilia que 400de l’histoire. Dans son Histoire de l’Église de Bretagne, ses références à Aubigné deviennent cette fois empathiques.
Eric Surget, « Le tiers sonnet oublié de l’édition princeps de l’Histoire universelle »
Une version rarissime de l’édition de Maillé de l’Histoire universelle, jusqu’à présent jamais recensée ni décrite, comporte dans son Avis au lecteur une leçon différente de la version commune. Le troisième sonnet qui la pare, exhumé en 1877 du fonds Tronchin par Réaume et Caussade, nous invite à revisiter les conditions plutôt chahutées de la publication de ce monument qu’Aubigné souhaitait laisser à la postérité.
Frank Lestringant, « Montaigne, la guerre, les protestants »
Dans le livre III des Essais, Montaigne relit Lucrèce avec les lunettes de saint Augustin. L’un des leitmotive des Confessions est l’adhérence du mal à la nature humaine. Une « expérience » au temps des troubles le confirme : surpris dans son château par un chef huguenot, Montaigne lui fait bon visage – si bon visage que c’est au tour de l’agresseur d’être troublé et de renoncer. La pointe de volupté maligne que Montaigne découvre dans le spectacle des malheurs d’autrui inspirera les moralistes du Grand Siècle.
Olivier Millet, « Le Traité « De imitatione » de Philippe Melanchthon et la querelle du cicéronianisme à la Renaissance. À propos d’une publication strasbourgeoise de 1535 »
Cet article étudie la contribution de Philippe Melanchthon à la querelle humaniste de la Renaissance au sujet de l’imitation de Cicéron en rhétorique. Il constate une transformation du modus operandi littéraire (on passe de la lettre humaniste au traité pédagogique) et un changement de l’horizon idéologique. Il s’arrête sur une publication strasbourgeoise anonyme de 1535. En situant cette publication dans le développement de la réflexion de Melanchthon, il dégage la nature et la signification de ses positions.
401Véronique Ferrer, « Odet de la Noue, poète chrétien »
L’action politique et militaire d’Odet de la Noue, compagnon d’armes d’Henri de Navarre, ami d’Agrippa d’Aubigné, s’accompagna d’une pratique littéraire qui se solda par la composition de plusieurs recueils poétiques, publiés entre 1588 et 1596. Après avoir considéré le versant religieux de son œuvre méconnue, l’étude présente la place de ce poète « par accident » dans le paysage éditorial de la fin du siècle et de mesurer sa participation à l’élaboration d’une littérature protestante.
Mathilde Bernard, « La conversion de Pierre-Victor Palma Cayet ou le règne du scandale. »
Lors de sa conversion en 1595, Pierre-Victor Palma Cayet a provoqué de violentes réactions chez ses anciens coreligionnaires. C’est la campagne orchestrée par les protestants autour de la conversion de l’ancien ministre qui fait l’objet de cet article. Cayet et ses adversaires, dans une joute polémique, se renvoient l’accusation d’être fauteurs de scandale, cause du péché des hommes.
Edith Karagianis-Mazeaud, « Note sur quelques “habillemens” dans le Registre-Journal du règne de Henri III de Pierre de l’Estoile (1574-1589) »
Outre l’« accoustrement » quotidien à Paris et ses modes, Le Registre-Journal de Pierre de L’Estoile s’intéresse aux robes et autres pièces d’habillement sous Henri III. Il révèle que le vêtement joue un rôle participant du tissu-même de l’histoire, exprimant la volonté de pouvoir du souverain autant qu’il cristallise les critiques contre les exagérations des parvenus, des Mignons, des Pénitents et de la Ligue. Caricaturistes et pamphlétaires se déchaînent contre eux, y associant le souverain.
Madeleine Lazard, « La personne de Pierre de l’Estoile dans ses Registres-Journaux »
Les Registres-Journaux ne sont pas des mémoires. Ils ignorent la biographie de leur auteur. Celui de Pierre de l’Estoile relève de cette technique journalistique, enrichie d’une foule documents surtout pamphlétaire. Il enregistre au jour le jour les évènements contemporains et ne dit rien de sa vie personnelle, familiale et professionnelle. La rédaction laisse cependant entrevoir un auteur dont la personnalité, les sentiments et les options politiques apparaissent clairement.
402Martial Martin, « La poétique des libelles dans les Mémoires de l’Estoile »
Connaisseur de la littérature polémique, Pierre de L’Estoile est aussi un théoricien impartial. Les libelles ne sont pas isolés et sont donc rassemblés en volumes, en listes. On peut parler de poétique discontinue du genre. L’Estoile insiste sur la dimension communicationnelle d’un écrit souvent relié à d’autres pratiques orales ou écrites. Proche de la satire, le pasquil, est l’objet d’une attention particulière. Le libelle se diffuse et se juge tout au long de sa dissémination dans le cadre de réseaux.
Daniel Ménager, « Le bruit et la rumeur dans le Journal de Pierre de L’Estoile »
L’Estoile est sans doute le premier diariste à accueillir aussi largement la rumeur dans ses Mémoires-Journaux. « Il était bruit que » : voilà une expression qui revient constamment, avec d’autres qui sont synonymes. L’Estoile les enregistre parce que la rumeur, même si par la suite elle est démentie, a le grand avantage d’avoir existé. Il se comporte non seulement en diariste, mais en véritable historien. La manière dont L’Estoile procède avec elle est une sorte d’hommage de la raison à la folie.
Nancy Oddo, « Le scepticisme de Pierre de l’Estoile »
Dans ses Registres-Journaux, L’Estoile propose un usage personnalisé du scepticisme. En démystifiant les discours religieux, il rappelle la nécessité de la prudence. À partir d’une observation critique, il prône une religiosité civile où la paix du royaume prime sur les sentiments confessionnels individuels, qui, tenus secrets, peuvent consolider et même renforcer les liens sociaux. Le sentiment religieux peut alors préserver paix et tolérance en société.
François Rouget, « Sur les coq-à-l’âne d’Arnaud et de Thony. Circulation manuscrite (P. de L’Estoile, Rasse des Neux) et imprimée (1589) de deux pièces satiriques autour de la Ligue (1585-1589) »
Dans son Journal, Pierre de L’Estoile a réuni deux coq-à-l’âne composés par des auteurs se dissimulant sous les pseudonymes d’Arnaud et de Thony. Ces pièces satiriques, en dialogue, écrites au moment de la Ligue, font état de ses premières répercussions en 1585, dans un discours à la fois codé et discontinu qui dresse un tableau grotesque des principaux acteurs de la Cour. 403Cette étude rappelle la genèse de ces textes, en offre une édition et s’interroge sur l’identité de leurs auteurs.
Élisabeth Schneikert, « Pierre de l’Estoile, Montaigne et le cavalier voltigeur »
L’Estoile et Montaigne relatent chacun une scène spectaculaire, où un cavalier virtuose fait montre de ses talents en voltige. D’emblée, le lecteur est frappé par leur parenté, rapidement il est aussi frappé par la différence des postures occupées par l’un et l’autre des écrivains. L’Estoile ne s’autorise pas le même rêve que Montaigne. La trop grande lucidité de l’homme de robe spectateur du dérèglement de son époque bride l’imaginaire.
Marie-Hélène Servet, « Le Registre-Journal du regne de Henri III de Pierre de l’Estoile. Questions sur la cohésion du texte »
Cet article soumet le premier et le dernier livre du Registre-Journal du regne de Henri III à une analyse de stylistique comparative. L’étude de la dispositio du texte (datations, typographie, intitulés, structuration narrative), en relation avec des textes apparentés, et au fil de la réécriture des manuscrits A et B entre 1580 et 1606, ouvre sur la question du genre du « journal » : le travail de la cohérence et de la cohésion, l’architecture du récit révèlent aussi une conception de l’Histoire.
Nadine Kuperty, « Défaite ou épreuve, au miroir de la rhétorique de Madame de Mornay »
La conférence de Fontainebleau (mai 1600) marque la défaite infligée par Henri IV à son fidèle serviteur, Philippe Duplessis-Mornay. Le roi lui impose une confrontation. Charlotte de Mornay en relate les coulisses dans ses Mémoires, tout comme la disgrâce qui frappe son mari. Charlotte remet en question la notion même de défaite et érige la résilience du couple en triomphe du protestantisme attaqué. Les Duplessis-Mornay diffuseront leur version de l’affaire, mobilisant les réseaux protestants internationaux.
404Claude La Charité, « Blaise de Monluc. Les “Commenteres de cest autre cesar” et l’invention du genre mémorialiste »
S’il le mentionne peu, Monluc a intitulé ses Mémoires Commentaires en référence à César qu’il connaît dans la traduction de Gaguin. Le Romain est un modèle d’invincibilité militaire. Il a remporté 52 batailles sur une longue période. Il est aussi un modèle de vigilance, au cœur de l’humanisme militaire. Elle suppose le relais de l’éloquence. Enfin, il est un modèle d’écriture. Monluc, lu aussi, refuse l’histoire historienne.
François Roudaut, « Un récit de voyage autour du golfe de Pouzzoles en 1568 »
En 1568, un Français, Joseph Catin, effectue un voyage qui le mène de Rome jusqu’aux environs de Pouzzoles. Il consigne son récit, fait cinq ans plus tard, dans un manuscrit, désormais à la bibliothèque San Marco à Venise. La géographie qui l’intéresse est moins physique qu’elle n’est littéraire : cette région est pour lui constituée par les textes de l’Antiquité, et c’est en eux qu’il se promène.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06136-6
- EAN : 9782406061366
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06136-6.p.0399
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/11/2017
- Langue : Français