Avant-propos
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Cahiers Louis Dumur
2020, n° 7. Louis Dumur : écrire pour combattre - Auteurs : Dubosson (Françoise), Jacob (François)
- Pages : 9 à 10
- Revue : Cahiers Louis Dumur
AVANT-PROPOS
Ce septième numéro des Cahiers Louis Dumur est spécial à plus d’un titre. Il regroupe d’abord la plupart des communications entendues lors de la journée d’étude organisée le samedi 22 février 2020 par la Société Louis Dumur dans les locaux prestigieux de la Fondation Martin Bodmer, à Cologny, sous le titre « Guerre et paix par la plume : Louis Dumur, écrire pour combattre ». Il reproduit ensuite les discussions menées lors de la table ronde qui a précisément clos cette journée, et où se sont retrouvés les responsables des différentes institutions patrimoniales en charge de documents ou d’archives Dumur. Il vient enfin clore une première décennie d’existence de la Société Louis Dumur et, si n’est pas encore venue l’heure des bilans, peut permettre d’envisager des pistes pour une meilleure connaissance de la vie et de l’œuvre de l’écrivain.
Deux phénomènes sont à cet égard significatifs. Le premier est l’ampleur des éditions ou des publications en cours. Isaac Genoud et l’un des signataires de cet avant-propos achèvent en ce moment même l’édition critique d’Un estomac d’Autriche, dont le manuscrit sera prochainement remis aux éditions Classiques Garnier : rappelons que cette édition s’inscrit dans la série d’événements destinés à nourrir le « projet structurant d’envergure » intitulé ROM.A.N. (« Romans et Archives numériques ») piloté depuis le pôle « Arts et Littérature » du centre ELLIADD de l’Université de Franche-Comté par Pascal Lécroart. Jacques Schroll poursuit de son côté ses travaux en vue de l’édition critique de Nach Paris ! qui devrait être prête dans les deux ans à venir.
Un second phénomène est la teneur voire l’intensité des débats autour de certains thèmes spécifiquement « dumuriens », et dont le présent numéro se fait lui-même l’écho. La question de la neutralité suisse durant la Première Guerre mondiale, celle de l’engagement partisan et de la prévalence nécessaire – selon Dumur – d’une moralité active, quel qu’en fût le coût, dans la vie politique de la nation : autant de sujets sur lesquels les historiens et les historiens de la littérature 10croisent aujourd’hui le fer. Il n’est, pour s’en convaincre, que de lire les articles qui suivent et qui, pour certains d’entre eux, n’hésitent pas à malmener Louis Dumur.
C’est là, paradoxalement, quelque chose dont nous nous réjouissons. Tout, en effet, vaut mieux que le silence qui a, plusieurs décennies durant, laissé dans l’ombre une œuvre appelée à interpeller notre époque : son écriture combative voire combattante avaient pour but de créer les conditions d’une incessante polémique. Gageons donc que la nouvelle décennie qui s’ouvre produise une réflexion plus intense encore, et toujours riche de découvertes, autour de l’œuvre de cet enfant – injustement oublié – de Genève.
Françoise Dubosson
François Jacob