Je me décide, après plus de vingt-cinq ans, à publier cette pièce. Elle a été jouée au Théâtre du Vaudeville le dix-huit novembre mil huit cent soixante et onze. Elle a été sifflée et huée le premier soir, massacrée le lendemain par toute la critique ; elle a eu cinq représentations. Je n’aime pas beaucoup parler de mes ouvrages et je ne les ai jamais défendus. Je ne commencerai pas par celui-là. Je l’ai composé à la hâte, en pleine misère, et dans le grand deuil de l’invasion.
Cette publication si tardive aura peut-être pour elle l’actualité. Le mariage est à l’ordre du jour. Nos auteurs dramatiques reviennent à lui, et y trouvent leur compte. Il est vraiment inépuisable. Il leur fournit encore des situations et des émotions, en même temps qu’il se prête à des discussions interminables. On avait cru un instant que le divorce renouvellerait la littérature dramatique ; on s’est trompé. Le divorce, il faut bien le reconnaître, n’a profité qu’aux vaudevillistes.
J’ai été très heureux de trouver cette Revue où une pièce de ce genre serait en quelque sorte à sa place. Le Palais et le Théâtre sont devenus de véritables frères, et l’on pourrait par moments les prendre l’un pour l’autre.
Nous discutons sur la scène jusqu’à des questions de procédure pendant que nos conclusions dramatiques sont débattues à la Conférence des avocats.
Ai-je besoin de dire, en finissant, que je donne mon ouvrage tel, tel exactement qu’il a été représenté ? Je ne me plaindrai pas qu’on le trouve mauvais. Si quelque partie cependant n’était pas sans mérite, celui qui le remarquerait me ferait plaisir. Il serait le premier.